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Transcription
00:00 En Iran, sept mois après la mort de Marsa Amini, cette jeune kurde iranienne morte
00:04 en détention pour un port du voile jugé inapproprié.
00:07 Les exécutions sont en nette hausse.
00:09 C'est ce que devraient montrer les chiffres du rapport annuel sur la peine de mort en
00:13 Iran que vous publiez demain avec Iran Human Rights.
00:16 Raphaël Chenuit-Lazan, vous-même, vous êtes directeur général de l'association Ensemble
00:20 contre la peine de mort.
00:21 Merci d'être avec nous.
00:23 Ces exécutions, elles ont continué d'augmenter en 2022 dans un pays qui pourtant en fait
00:28 déjà un recours abondant.
00:30 Oui, on a noté 2022 année record des exécutions.
00:35 Il faut revenir à 2015 pour avoir autant d'exécutions dans ce pays.
00:40 Et à l'époque, l'Iran avait une politique de lutte contre la drogue massivement centrée
00:45 sur la peine de mort pour lutter contre la drogue.
00:50 Donc ça note quoi ? Ça note vraiment une utilisation de la peine de mort de manière
00:55 politique dans le cadre des manifestations que l'on voit dans le pays depuis six mois.
00:59 La peine de mort, c'est un instrument dissuasif pour les autorités, utilisé par les autorités
01:05 à destination des manifestants ?
01:06 Les exécutions en général ont toujours été un outil politique dans les mains du
01:11 régime de la République islamique d'Iran depuis sa naissance, depuis 1979.
01:16 Dans les années 80, il y a eu des milliers d'exécutions, soit légales, soit extrajudiciaires.
01:22 La peine de mort n'a jamais été dissuasive.
01:24 La peine de mort s'adresse surtout à la population pour intimider et pour dire combien
01:31 ils ont la masse et le droit de vie et de mort sur chacun des citoyens.
01:35 On le voit vis-à-vis des manifestations, on le voit vis-à-vis des minorités ethniques
01:40 qui bordent tout le pays et on le voit vis-à-vis de chacun des citoyens et des citoyennes.
01:45 Des minorités ethniques surreprésentées dans ces exécutions.
01:49 30% des exécutions concernent notamment des prisonniers.
01:52 Balouch, une ethnie qui pourtant ne représente qu'entre 2 et 6% de la population.
01:56 C'est parlant, les chiffres que vous donnez qui sont dans notre rapport annuel sont impressionnants.
02:02 On peut ajouter aux Balouch les Kurdes ou les Awaz ou les Azeris.
02:08 Toutes ces minorités qui bordent le pays, qui font partie de la mosaïque iranienne,
02:13 sont certaines fois aussi des minorités qui portent des revendications, si ce n'est
02:18 indépendantistes, autonomistes, mais en tout cas des revendications politiques.
02:22 Et la seule manière de les réprimer, c'est la peine de mort.
02:24 Ce que j'allais vous demander justement, y a-t-il une volonté délibérée du régime
02:27 de sévir particulièrement au sein de ces minorités ? Ou bien est-ce parce que les
02:32 foyers de rébellion se trouvent, de contestation se trouvent aussi dans ces régions, ce qui
02:36 fait la particularité de ce mouvement ?
02:38 Ce qu'on voit en Iran, c'est très clairement l'utilisation de la peine de mort pour réprimer
02:43 dans l'œuf, dès le départ, toute velléité.
02:46 On ne parle pas d'indépendance, mais on parle d'indépendance ou d'autonomie linguistique.
02:49 On parle d'avoir une langue qui existe, d'avoir des traditions.
02:52 On est sur une répression massive.
02:56 Mais il n'y a pas que les minorités ethniques, il y a aussi les autres minorités, et en
02:59 premier lieu, les femmes.
03:00 Le mouvement en Iran, c'est un mouvement qui a été porté par des femmes, et par
03:05 une d'entre elles, une kurde.
03:06 Elle s'appelle Jinah Marsa Amini.
03:08 Elle est le symbole de la prise de conscience de tous les Iraniens.
03:13 Et les femmes sont surreprésentées dans les couloirs de la mort.
03:17 Alors peut-être pas dans les exécutions, où on a à l'heure actuelle 16 femmes qu'on
03:22 a pu identifier comme dans les exécutions.
03:25 Il faut rappeler que seuls 12% des exécutions ont été officialisées par les autorités.
03:32 C'est ce que j'allais vous demander.
03:33 Comment établissez-vous vos chiffres ? Est-ce que les autorités, évidemment, communiquent
03:38 sur ces exécutions ? Et quelles sont vos autres sources d'informations ?
03:41 Très peu. 12%.
03:43 C'est 75 exécutions officiellement annoncées par les autorités iraniennes.
03:48 Les autres, on va les chercher cas par cas, nom par nom.
03:51 Parce qu'aujourd'hui, les prisons iraniennes sont bondées.
03:56 Il y a des gens partout.
03:57 Et les choses se savent.
03:59 On peut avoir les informations.
04:01 On sait quand on a des exécutions massives dans telle région ou dans la fameuse prison
04:06 d'Evin à Teheran.
04:08 Des femmes, des minorités ethniques.
04:10 Y a-t-il aussi des mineurs parmi ces exécutés ?
04:12 Tous les ans, il y a des mineurs.
04:13 Cette année, nous en avons répertorié trois au moins.
04:16 A chaque fois, je dis au moins parce que nous ne sommes pas sûrs d'avoir tous les
04:19 chiffres exacts.
04:20 Nous avons vraiment été au fond.
04:22 Trois mineurs qui sont exécutés.
04:25 Des femmes, vous l'avez dit, c'est important de rappeler aussi que beaucoup de ces femmes
04:30 sont accusées de meurtre pour avoir été violées, pour avoir soit aussi de meurtre
04:35 sur leur mari parce que le divorce est impossible.
04:37 Le mariage des enfants est souvent pratiqué en Iran.
04:41 Le droit des femmes, on retrouve le droit des femmes dans la question de la peine de
04:45 mort aujourd'hui encore dans le pays.
04:47 La communauté internationale s'est émue de ces pratiques.
04:50 Est-ce que cela a eu le moindre impact sur le rythme de ces exécutions ?
04:54 Peut-être pas tout de suite.
04:57 Mais je pense et je crois fondamentalement, et ensemble contre la peine de mort, on y
05:01 croit, que c'est en mettant la pression au niveau de l'État français, au niveau
05:06 de l'Union européenne, mais aussi au niveau des Nations unies, qu'on arrivera à des
05:10 résultats.
05:11 L'Iran ne souhaite pas être au banc des Nations unies.
05:14 Sinon, elle aurait fait comme la Corée du Nord, elle se serait mis à l'écart.
05:17 Elle fait partie des nations.
05:19 Elle est un membre à part entière des Nations unies.
05:24 Il y a un rapporteur spécial sur les droits de l'homme en Iran.
05:27 Il faut qu'il puisse rentrer dans le pays.
05:29 Il n'a jamais pu mettre les pieds dans le pays pour faire son enquête.
05:32 Il y a une mission d'enquête qui a été tout dernièrement nommée par les Nations
05:38 unies.
05:39 Il faut qu'il puisse rentrer.
05:40 Et il faut donc que chacun d'entre nous, de nos dirigeants, puisse mettre la question
05:45 des droits de l'homme et de la peine de mort en particulier au cœur des relations diplomatiques
05:51 avec le pays et que ça ne soit pas que des questions ni nucléaires, ni économiques,
05:56 ni commerciales.
05:57 Merci Raphaël Chenuit-Lazan d'avoir été avec nous.
06:00 Je rappelle que vous publiez donc demain ce rapport au nom de votre association Ensemble
06:04 contre la peine de mort et avec Iran Humane Rights.
06:07 Merci beaucoup d'avoir été avec nous.

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