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Transcription
00:00Et notre invité, c'est vous, Kian Abibian. Bonjour.
00:04Bonjour.
00:05Vous êtes cofondateur de We Are The Iranian Students. Merci à vous de nous rejoindre ce matin sur France 24.
00:11On évoquait donc cet anniversaire de la mort de Massa Amini avec notre correspondant en Iran.
00:17Qu'a changé selon vous la mort de cette étudiante ?
00:21Alors cette étudiante, enfin la mort de cette étudiante a marqué un grand changement dans l'histoire de l'Iran
00:26parce que c'était la première fois qu'on avait des manifestations d'une telle ampleur.
00:30Je pense que c'était la première fois depuis très longtemps que le régime a vraiment eu peur de tomber.
00:35Et comme le disait votre correspondant à Téhéran, il y a énormément de choses qui ont changé.
00:40La population a gagné une bataille morale qui n'avait jamais été gagnée auparavant.
00:44Les femmes sortent sans le voile dans la rue, continuent de danser malgré la répression du régime.
00:49La seule chose qui a en soi continué, c'est toujours la bêtise et la méchanceté de ce régime qui n'a jamais cessé
00:55d'inspirer ce président dit réformateur. La violence reste la même envers la population.
00:59Oui, justement, cette mort de Massamini avait provoqué des révoltes inédites en Iran, une grande répression également du régime.
01:07Que reste-t-il de ce combat, de la jeunesse iranienne encore aujourd'hui ?
01:12Alors la jeunesse iranienne, elle continue de rester mobilisée.
01:16Alors si on regarde par rapport aux images que vous diffusez, on n'est plus dans cette phase de grandes manifestations.
01:22Malgré tout, à l'occasion de ces deux ans, les appels se sont multipliés.
01:25De nombreux groupes d'étudiants répartis un peu sur tout le territoire appellent à reprendre la rue,
01:30appellent à l'unité au sein de la population et sont convaincus de leur victoire sur cette dictature qu'est la République islamique.
01:37Oui, et justement, vous l'aviez évoqué, on l'évoquait aussi avec notre correspondant.
01:40Il y a désormais un nouveau président en Iran, Massoud Pezeshkian.
01:44Il est réputé comme étant réformateur.
01:46Mais notre correspondant nous le disait, finalement, les conservateurs ont encore la main dans le pays.
01:50Est-ce qu'on peut attendre du changement ou est-ce que c'est illusoire selon vous ?
01:54C'est 100% illusoire et la raison est assez simple.
01:57Il n'a même pas nommé son propre gouvernement.
02:01Son gouvernement a été nommé par le guide suprême.
02:03Le vote de confiance qu'il a obtenu au sein de l'Assemblée a été obtenu de la part des conservateurs étant donné qu'ils sont majoritaires.
02:09Donc au final, ils travaillent tous ensemble pour un même système.
02:12Certes, il peut faire de grandes et belles déclarations qui ont peut-être pu convaincre quelques personnes qui pensent encore à la piste de la réforme.
02:19Mais le fait que rien n'a vraiment changé, ça fait des semaines que les infirmiers, par exemple, manifestent dans plus de 50 villes dans le pays.
02:26Et pour autant, leurs demandes n'ont jamais été répandues.
02:29Et ça va continuer avec d'autres franges de la population, que ce soit les ouvriers, les boulangers, maintenant les étudiants qui appellent à nouveau à manifester.
02:37Et au final, non, il est toujours dans ce même système de la République islamique au service d'un guide suprême théocratique.
02:43Avec un régime toujours aussi brutal.
02:47Donc est-ce que, de manière plus générale, vous l'avez rapidement évoqué, est-ce que ces manifestations suivant la mort de Marsali, cette révolte même, est-ce qu'elle a affaibli le régime, selon vous ?
02:59Oui, comme je vous disais, la bataille morale a été gagnée.
03:03La République islamique s'est donnée beaucoup de mal pour installer des sortes de verrous dans les esprits des gens concernant leur propre liberté.
03:11Et avec ce mouvement, il y a énormément de barrières qui sont tombées.
03:15On a des exemples assez simples. Au sein des universités, où les cantines étaient séparées entre hommes et femmes, ces barrières n'existent plus,
03:22parce que les étudiants ont cassé ces murs-là et personne n'ose les remettre en place.
03:26On a de plus en plus de femmes qui sortent sans le voile, qui conduisent des motos, des gens qui osent danser et chanter dans la rue.
03:31Bien entendu, il y a toujours des risques. Mais cette nouvelle génération a brisé quelque chose. Elle a changé quelque chose pour toujours.
03:38Est-ce que la jeunesse iranienne aujourd'hui dans le pays est prête à poursuivre ce combat qui a été lancé il y a 2 ans ?
03:45Elle est prête. En l'occurrence, il y a eu plusieurs appels qui ont été faits, plusieurs communiqués qui ont été partagés,
03:52pour tout d'abord souligner le fait qu'ils n'oublieront jamais les crimes commis par le régime et qu'ils ne reculeront plus jamais.
03:59Donc c'est avec la connaissance et la mémoire de ces crimes-là qu'ils vont continuer à avancer.
04:05Ils sont tous déterminés et convaincus par leur victoire. Donc les appels se multiplient, les actions se multiplient, elles changent de forme.
04:11On n'est pas toujours dans des manifestations où on va avoir une confrontation directe avec les forces de l'ordre.
04:16Mais ça se transmet par l'art, ça se transmet par les réseaux sociaux, qui sont un outil extrêmement important contre les dictatures.
04:22Et donc ils vont user de tous les moyens à leur disposition pour pouvoir faire porter leur voix et porter leurs revendications.
04:29Il y a des manifestations qui sont prévues notamment ici en France, à Paris, pour rendre hommage au combat de Massa Amini et plus généralement de la jeunesse iranienne.
04:37Est-ce que cette forme de mobilisation à l'international, est-ce qu'elle peut changer les choses en Iran ?
04:43À vrai dire, le destin de la population iranienne reste entre leurs mains. Donc tout gros changement aura lieu à l'intérieur.
04:51Mais ce que la diaspora peut apporter, c'est une médiatisation, c'est de s'assurer qu'on continue à en parler,
04:56parce que le régime, lui, en Iran, a peur de cette médiatisation. Chaque fois qu'on parle d'eux, ils reculent.
05:01Ils ont peur, ils veulent faire bonne impression sur la scène internationale, ils veulent continuer de signer des accords avec certains pays occidentaux.
05:08Et donc cette médiatisation ne joue pas en leur faveur. C'est là où est le travail de la diaspora, c'est de sensibiliser sur le sujet,
05:14parce que trop peu de personnes sont aujourd'hui au courant de ce qui se passe là-bas.
05:18Donc elle a une tâche dans l'information et une tâche dans la sensibilisation.
05:22Et puis potentiellement, si notre travail le permet, c'est aussi de permettre à nos élus français, européens,
05:29d'aller sanctionner la République islamique, notamment le corps des gardiens de la Révolution.
05:34Et ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup, Kiana Bibian, d'avoir répondu à nos questions ce matin sur France 24.
05:39Je rappelle que vous êtes le cofondateur de We are the Iranian Student.

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