Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Europe Un Soir, Jules Torres est avec nous, journaliste politique au JDD, Jean-Christophe Gallien, communicant, politologue.
00:06On va s'intéresser à ces désistements, on l'a dit tout à l'heure dans le journal, on est à plus de 210 désistements,
00:13ce qui permettrait moins de triangulaires que prévu, c'est-à-dire une centaine, 110, peut-être 130 triangulaires et peut-être moins encore,
00:21pour faire barrage au RN. C'est le mantra, j'allais dire, assez récent d'Emmanuel Macron,
00:28qui, dans ce barrage au RN, inclut jusqu'à des candidats de la France Insoumise, en tout cas de très à gauche du Nouveau Front Populaire.
00:39Alors, quand on parle de ces désistements et d'une alliance possible entre ce bloc central qui a été mesuré,
00:49qui a voté des lois avec les Républicains dont on vient de parler, et parfois même avec des députés du RN,
00:56parce que c'était, j'allais dire, des mesures de bon sens que d'aller dans ce sens-là et non pas à l'opposition systématique
01:05avec des centaines d'amendements de certains députés de LFI, et bien, quand on pose la question à Gabriel Attal, au 20h de TF1,
01:14de ces désistements au profit du ralliement, voilà ce qu'il répond.
01:17Le risque, c'est que le RN ait une majorité absolue. Aujourd'hui, ni la France Insoumise, ni l'alliance de la gauche ne peut avoir une majorité absolue.
01:25Et donc, il y a un troisième chemin qui est celui d'avoir une assemblée nationale plurielle au sein de laquelle nos candidats sont présents
01:33pour protéger les Français des projets de division. Donc, éviter que le RN ait une majorité absolue, ça passe dans certaines circonscriptions
01:41par des désistements de nos candidats pour empêcher le RN d'avoir cette majorité absolue. Maintenant, désistement ne veut pas dire ralliement.
01:49Voilà, ça c'était hier soir au 20h de TF1, Gabriel Attal. Désistement ne veut pas dire ralliement.
01:54Mais alors, quand on pose la question à Marine Le Pen ce matin sur France Inter, voilà ce qu'elle dit.
01:59Le désistement et les consignes de vote sont le pire des mépris en réalité à l'égard des électeurs.
02:07Je considère que mes électeurs sont intelligents et qu'ils sont libres. Et s'il y a un isoloir, c'est précisément parce que les électeurs doivent pouvoir faire ce qu'ils souhaitent
02:18en leur ramer conscience, déterminer eux-mêmes ce qui leur apparaît le meilleur vote dans un second tour.
02:25Voilà, et notamment sur les consignes de vote. Et quand on réinterroge Gabriel Attal cet après-midi, il a été interpellé par un jeune sur un marché du 15ème arrondissement
02:33sur les appels, on va dire, pas tout à fait clairs au désistement de la Macronie. Voilà ce que répond le Premier ministre.
02:40Vous n'avez pas le droit de laisser le monde à l'extrême droite à des gens qui débutent dans la vie comme moi, monsieur.
02:44Donc là, vous êtes capable de me regarder dans les yeux, moi qui commence ma vie, et me dire que vous ne donnerez pas une voix à l'extrême droite.
02:50Mais c'est ce que j'ai dit dès dimanche soir, monsieur.
02:51Monsieur, c'était très ambiguus ce que vous allez dire. Et au moins d'être honnête, vous allez dire qu'on regarde au cas par cas, ça n'est pas clair, monsieur.
02:58Vous m'écoutez ou pas ?
02:58Oui, bien sûr, je vous écoute.
02:59Madame Tondoli, hier soir, qui a salué les propos qui ont été les miens en disant que c'était extrêmement...
03:02Et alors, le Bruno Le Maire, qu'est-ce qu'il a dit ?
03:04Qu'est-ce qu'il a dit, le Bruno Le Maire ? Vous travaillez avec lui, vous travaillez avec ces gens, monsieur.
03:07Vous avez une responsabilité énorme.
03:08Monsieur, je me suis exprimé très clairement en tant que chef de la majorité.
03:11Ça suit sur le terrain, et nos candidats, en conséquence, font ce qu'il faut faire.
03:15Nos candidats font ce qu'il faut faire, Jean-Christophe Gallien.
03:19C'est vrai que certains ont même regretté des appels, des sommations, qui ont été faites sur le mode, il faut s'en aller.
03:29Il faut refuser l'obstacle, il faut laisser la place.
03:32Donc c'est clair qu'il y a eu quand même un caractère disciplinaire, ce qui reste de l'autorité verticale.
03:37On pouvait s'en étonner et se dire finalement, mais qu'est-ce qui peut tenir aujourd'hui des gens qui ne doivent leur élection,
03:43ou potentiellement leur présence au deuxième tour, qu'à eux-mêmes ?
03:46C'est certainement pas au président de la République, pas forcément à Gabriel Attal non plus, ni à M. Le Maire, ni au maire du Havre, ni je ne sais qui.
03:54Ils le doivent principalement à leur activité de terrain, pour certains au travail qu'ils ont réalisé dans un mandat précédent, et ainsi de suite.
04:01Donc c'est clair qu'il y a une colère, mais qui a été quand même contrainte pour une bonne partie, parce que les résultats sont impressionnants,
04:07et notamment en direction de quelque chose qui a bougé, parce que ce à quoi vous faites référence, c'est le désistement.
04:13Ça existe dans n'importe quelle élection, dans n'importe quel pays démocratique, dans ce type d'élection à deux tours,
04:19où forcément le deuxième tour est un tour, ou entre les deux tours, un premier et le deuxième,
04:23on organise quelque chose qui fait notamment dans un régime parlementaire ensuite une majorité.
04:28Mais là, en l'occurrence, ce qui a bougé, c'est la ligne.
04:30C'est-à-dire que la ligne était déjà très ouverte, on voulait créer un front républicain, avec une motivation qui est effectivement tout contre le RN,
04:39puisque c'était après le premier tour le principal ennemi et le seul ennemi,
04:43mais c'est devenu le principal et le seul ennemi, avec en plus l'idée qu'on ne voulait plus faire simplement un front républicain,
04:50mais du nouveau front populaire, faire un front républicain, inclusif d'une grosse partie de la France Insoumise.
04:56Laquelle France Insoumise, d'ailleurs, a immédiatement dit, par ses responsables, tout en acceptant d'ailleurs.
05:01Oui, c'est ça qui est dément.
05:03Mais ils ne peuvent pas faire autrement. Vous avez demandé à M. Ruffin s'il va refuser le désistement, il va vous dire non.
05:08Alors, il ne va pas l'accepter au sens où il va dire bienvenue, mais en réalité, on est dans un rapport de pragmatisme électoral,
05:14ou en tout cas de cynisme électoral.
05:16Ce cynisme électoral, de mon point de vue, c'est difficile de l'organiser en valorisation ensuite.
05:23Maintenant, ça propose quand même une incertitude pour les électeurs, malgré tout dans l'offre politique.
05:28Incertitude ? Et est-ce que, comme le dit Marine Le Pen, est-ce que ce n'est pas une forme de mépris ?
05:33Je n'ai plus la carte que j'avais hier sous la main, avec cette carte qui était toute violette, la carte de France.
05:39Est-ce que ce n'est pas un mépris envers les électeurs qui ont choisi, quand même, dimanche soir ?
05:44De toute façon, c'est toujours le cas. Les électeurs du RN sont méprisés, quelles que soient les élections, quels que soient les discours.
05:50Moi, je me souviens d'Emmanuel Macron, il y a trois semaines, avant les élections européennes, qui était à Berlin,
05:55et qui a qualifié les électeurs du RN d'extrême droite, donc c'est quand même, là, visiblement, 12 millions de Français.
06:01Mais Jean-Christophe Gallien a dit deux mots très intéressants, c'est à la fois du pragmatisme et du cynisme.
06:06C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron, il a bien compris que, pour empêcher le RN d'avoir une majorité absolue qui soit très large,
06:12il doit faire monter les candidats du Nouveau Front Populaire.
06:14Alors oui, on se dit quand même qu'Emmanuel Macron veut plus de députés LFI à l'Assemblée,
06:19quand on voit ce qu'ont été les députés LFI à l'Assemblée pendant la précédente législature,
06:23on se dit quand même que c'est en effet du cynisme, mais c'est aussi du pragmatisme,
06:27dans le sens où Emmanuel Macron, il n'a pas du tout envie de cohabiter avec l'Oration Nationale, avec Jordan Bardella,
06:32et donc il fait tout son possible pour organiser une potentielle Assemblée Nationale qui soit ingouvernable,
06:39c'est-à-dire sans une majorité du RN, avec à peu près 220-230 députés,
06:43et 140-160 députés LFI du Nouveau Front Populaire, qui ne pourraient rien faire à part mettre le bordel dans cette Assemblée,
06:52ce qu'ils ont fait depuis le début.
06:53Mais il y a quand même une chose qu'il ne faut pas oublier, c'est que là il y a des désistements,
06:57mais on aura 108 triangulaires.
07:00Vous êtes précis.
07:02Je sais.
07:03100 de plus.
07:04Comment est-ce que vous savez que c'est 108 et pas 107 ?
07:07C'est nos calculs.
07:08C'est les calculs du GDD.
07:09Les calculs du GDD.
07:10Il y aura deux quadrangulaires, 108 triangulaires, dont la fameuse dans les bouches du Rhône,
07:14qui est totalement démente d'ailleurs.
07:15Absolument.
07:16Ça veut dire quand même qu'il n'y a personne qui veut lâcher son bout de gras,
07:20y compris dans la Seine-et-Loire également.
07:21Il y en a une très intéressante avec notamment Gilles Platrait qui se maintient.
07:24Et là t'as envie de dire, hé les gars, vous êtes quatre, vous avez oublié qu'il y avait des électeurs derrière ?
07:30Non, ça ne vous choque pas plus que ça ?
07:33Justement, que des candidats se maintiennent dans une quadrangulaire, ça ne me choque pas du tout.
07:36Les électeurs ont voté pour cueillir quatre candidats, ils vont plutôt au bout.
07:39Moi c'est plutôt les désistements qui me choquent.
07:41Mais tout ça pour vous dire qu'il y a donc 100 triangulaires de plus qu'en 2022,
07:45ce qui n'était pas beaucoup, il y en avait 8.
07:47C'est-à-dire qu'on va avoir quand même beaucoup, beaucoup de triangulaires.
07:52Et croyez-moi, 70% des électeurs, c'est un sondage ELAB, disent ne pas respecter les consignes de vote.
07:58Donc on va avoir de grandes surprises.
08:00Mais ça, ça ne m'étonne pas.
08:02On entend des auditeurs sur Europe 1 depuis ce matin et depuis hier matin
08:08qui disent mais arrêtez de nous dire ce qu'on doit voter.
08:12Je suis journaliste politique et je vois les journalistes politiques depuis deux jours faire de l'arithmétique
08:17en disant oui, le Nouveau Fonds Populaire a fait 28 et le candidat du groupe d'Ensemble a fait 28.
08:25C'est le type qui fait l'affaire à 156.
08:28On vit vraiment dans un monde parallèle.
08:30Croire que les électeurs insoumis de la 10e circonscription du Nord
08:35vont voter à 100% pour Gérald Darmanin, le premier flic de France.
08:39Non mais vous vous mettez dans le cerveau des gens.
08:42C'est-à-dire qu'à un moment donné, les journalistes politiques se disent
08:44tiens, je vais me mettre dans le cerveau des gens et je vais penser à leur place.
08:47C'est quand même terrible.
08:48Et surtout, ils pensent à leur place avec un très vieux logiciel.
08:51C'est-à-dire qu'on a un logiciel.
08:53Non, il n'y a aucun électeur, enfin pas en tout cas la majorité des électeurs
08:58qui ont voté pour l'adversaire de François Ruffin
09:00qui vont voter pour François Ruffin qui est un quasi anticapitaliste.
09:04Non, dans aucun moment.