• il y a 4 mois
Rencontre bande dessinée autour de Golden Path, ma vie de cascadeuse de Baptiste Pagani. Avec dessin en direct de l'auteur, animée par Xavier Guilbert, spécialiste BD. Samedi 22 juin 2024 au Forum des images.

Le cinéma hongkongais vu à travers les yeux d’une apprentie cascadeuse, fascinée par les films de kung-fu. Retour sur un album pétri de références à Hong Kong, conçu comme une déclaration d’amour à cette péninsule cinéphile.

Dans le cadre de la thématique Portrait de Hong Kong.
Infos : https://www.forumdesimages.fr/portrait-de-hong-kong

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Transcription
00:00:00Bonjour à tous, merci Anne pour l'introduction, bonjour l'assiste, bonjour Xavier, bonjour
00:00:13tout le monde.
00:00:14Donc on va faire cette rencontre autour de The Golden Pass, ma vie de cascadeuse, qui
00:00:21est un livre, je l'ai découvert, je pensais qu'il était plus récent, mais en fait qui
00:00:25date de 2019.
00:00:26J'avais juste listé les dernières choses que tu as pu produire, donc la dernière série
00:00:31en cours c'est Arcade Club qui est depuis, j'ai cherché, c'est 2022 c'est ça ?
00:00:35C'est ça qui est terminé, qui est en 3 tomes terminé.
00:00:38Sur un scénario d'Aurélien Ducoudret si je ne me trompe pas.
00:00:41Et puis les Larmes d'Ashora qui est quelque chose qui était, où là tu es tout seul
00:00:45aux commandes.
00:00:46Tout à fait.
00:00:47Et je voulais juste pour établir peut-être le contexte, parler du label 619, puisque
00:00:54c'est quelque chose auquel tu es rattaché, puisque c'est publié chez Ankama, c'est
00:01:02ça ?
00:01:03Dans le label 619, c'est un label assez particulier, c'est un collectif d'auteurs qui, si je
00:01:08suis allé sur leur site, se présentent, alors il faut lire, c'est art et design et comic
00:01:12book.
00:01:13Et moi, ce que j'en connaissais, c'était une vision de pop culture, mais une pop culture
00:01:20plutôt américaine, notamment au travers de l'anthologie qu'ils ont qui s'appelle Doggy
00:01:25Bag, dans laquelle tu es présent, tu es présent dans le numéro 12, c'est celui où il y a
00:01:29marqué prison.
00:01:30Le 11 en effet, c'est dans le tome 11 de Doggy Bag, oui c'est le 11, j'ai dû me planter.
00:01:38Donc dans lequel c'est une histoire d'anthologie, on voit bien l'influence du pulpe américain,
00:01:45des contes.
00:01:46Les contes de la crypte, oui tout à fait.
00:01:49Il y a une autre anthologie dans laquelle tu apparais aussi, qui est une anthologie pilotée
00:01:54par Mathieu Bablé, qui est Midnight Tales.
00:01:57Tout à fait, qui est des histoires courtes sur le même format que Doggy Bag, mais plus
00:02:03axées sur la sorcellerie et la sororité entre les sorcières, etc.
00:02:07Donc voilà, moi je suis sur le tome 3, qui est un tome spécial Japon, et j'illustre
00:02:13la partie Hiroshima, pendant la bombe justement, de cette histoire.
00:02:21Ce qu'on voit bien avec la couverture, parce que la couverture, vous avez ce qu'on appelle
00:02:24le dôme de la bombe, qui est le seul bâtiment qui reste debout après l'explosion de la
00:02:30bombe.
00:02:31En fait la bombe explose à 300 mètres au-dessus du bâtiment, c'est un bâtiment fait en
00:02:34brique et en métal, qui fait qu'il va rester, tout le reste est soufflé.
00:02:38Je crois qu'il y a un employé qui était au sous-sol, qui a rien eu du tout, qui était
00:02:42au bon endroit au bon moment, si on peut dire, dans une vie qui est complètement dévastée.
00:02:46Et aujourd'hui c'est le musée, c'est un endroit assez particulier, le mémorial.
00:02:53Pour terminer sur les aspects de ce qu'il y a dans le Label 619 aujourd'hui, il y a
00:03:01cette nouvelle anthologie qui est le Reader, pour l'instant tu n'es pas dedans ?
00:03:05Pour l'instant je ne suis pas dedans, je suis dans le prochain à sortir cette année.
00:03:09Dans lequel on reprend à nouveau ce même système, très Tales from the Crypt, très
00:03:13eerie, creepy, bref, toute cette culture amérindienne.
00:03:16Et pourquoi je pose cette question-là ? C'est-à-dire que Golden Pass, c'est une autre culture
00:03:19dans laquelle ça s'intègre.
00:03:21Oui.
00:03:22On a d'autres auteurs, je pense justement à Mass Frontier, Guillaume Saint-Jean, qui
00:03:28est une des références, qui sont aussi peut-être du côté de Hong Kong, du côté animé avec
00:03:32un dessin assez chibi.
00:03:33Comment est-ce que tu vas ta place là-dedans ? Comment tu t'es retrouvé dans Golden
00:03:39Pass, dans le label 619 ?
00:03:40C'est marrant parce que j'ai toujours eu tendance à penser que moi, Golden Pass, je
00:03:45n'aurais pas pu le faire éditer chez d'autres maisons d'édition.
00:03:49C'est un projet assez particulier et qu'on pourrait qualifier de niche parce que ça
00:03:54parle non seulement du cinéma hongkongais, mais ça parle du cinéma hongkongais, d'action
00:03:59et sur une période très définie, c'est-à-dire 90-2000.
00:04:03Ça, c'est des choses qui peuvent rentrer un peu dans l'ADN du label, à savoir de parler
00:04:08de choses, de la culture du genre en général, quels qu'ils soient, pas forcément que américains
00:04:14même si la base des productions du label 619, ça tourne autour des productions de
00:04:19Ron, qui est très influencé, et Lou Chalibre, et Gangster Américain, Coatwest, tout ça,
00:04:26mais ça vise à étendre un petit peu, de parler de plein de sujets très différents
00:04:30et de cultures très précises.
00:04:32Et il y a une affection justement de partager un peu de cette culture à un plus grand nombre,
00:04:39à quelque chose de plus, on va dire, mainstream.
00:04:42C'est pour ça qu'on en reparlera peut-être après avec le livre, il y a plein de choses
00:04:47qui, dans The Golden Path, si vous n'avez jamais regardé de films d'action hongkongais,
00:04:52c'est pas grave, vous pouvez en apprendre beaucoup grâce au livre justement.
00:04:56On met un point d'honneur en général à amener les gens vers les univers qu'on veut présenter.
00:05:01Il y a cette idée que c'est une culture facile d'accès, c'est-à-dire que c'est
00:05:06une culture qu'on propose, low reader, pour prendre le plus récent, c'est un mélange
00:05:12de texte, de mise en page, de fausses publicités, et il y a cette idée que finalement, il n'y
00:05:18a pas besoin d'apprendre des choses pour réussir à en avoir l'action, c'est immédiat,
00:05:26il y a quelque chose de direct, un plaisir direct, on retrouve aussi des schémas qui
00:05:30sont aussi très intégrés dans notre consommation narrative, je dirais, l'histoire courte
00:05:38avec une chute, l'histoire courte horrifique avec une chute, qui boucle, des choses comme ça.
00:05:42Avec un twist, en effet, le but, je parle au nom du label en général, on n'est pas
00:05:50dans une démarche documentaire, donc on n'est pas dans le déroulé de faits historiques,
00:05:56on reste sur de la fiction, mais la fiction est créée à partir d'univers qui existent
00:06:02déjà et d'univers que les gens ne connaissent pas forcément, dans l'occurrence, c'est
00:06:05le cinéma hongkongais, mais ça reste une fiction, on en parlera après, mais les personnages
00:06:10dedans ne sont pas les vrais acteurs et actrices de la période, mais on sert d'un univers
00:06:18particulier pour raconter l'histoire qu'on a envie de raconter, et voilà, à l'instar
00:06:23de ce qu'a fait par exemple Guillaume avec PTSD, Guillaume St-Gelain, qui a raconté
00:06:28l'histoire d'une ancienne soldat de guerre, qui revient après une guerre, il parle justement
00:06:38du PTSD à travers un univers qui est très proche de Hong Kong, de la même manière.
00:06:42Après, tu dis, il n'y a pas la volonté d'être documentaire, il y a quand même
00:06:47une forme de… c'est quelque chose qui vous habite, si je prends l'ensemble de
00:06:53619, parce qu'il n'y a pas de documentaire, en même temps il y a Short Story, qui est
00:06:58fait par Ren et Florent Modot, si je ne me trompe pas, qui est un documentaire, ou du
00:07:05moins un document très précis sur la mort d'Elizabeth Short, qui est le Black Dahlia,
00:07:12et dans lequel il y a la volonté d'être le plus proche possible de la réalité et
00:07:17de réhabiliter ce personnage qu'on a toujours présenté comme étant finalement une victime
00:07:22normale puisque c'était une mauvaise fille, que finalement c'était un peu de sa faute
00:07:25s'il s'était retrouvé comme ça.
00:07:27Le Black Dahlia, juste pour info, c'est le crime, c'est un des crimes des années
00:07:3250 américaines qui a vraiment marqué énormément la psychologie américaine, il y a le livre
00:07:39de James Ellroy, le Black Dahlia, et Ellroy, si vous n'avez pas lu, je vous conseille
00:07:44de lire My Dark Places, qui est son autobiographie, dans laquelle il revient sur l'origine de
00:07:49sa fascination pour le Black Dahlia, parce que sa mère est tuée, peut-être par le
00:07:53même tueur, je ne sais plus si c'est quelques mois avant ou après, mais disons il y a quelque
00:07:59chose, et on y retrouve un petit peu le même dispositif qu'il y a dans Short Story, c'est-à-dire
00:08:05la sorte de réhabilitation de quelqu'un qu'on avait vu comme étant finalement une
00:08:08mauvaise fille qui méritait ce qui lui était arrivé, pour au contraire le montrer comme
00:08:12quelqu'un de fragile, qui était véritablement victime d'une atrocité.
00:08:16Et pourquoi je parle de ça ? Parce que je trouve qu'il y a un peu ce même genre de
00:08:20chose dans ton livre, on va essayer d'explorer ça, parce que sous le couvert de Faire une
00:08:25fiction, je trouve qu'il y a beaucoup d'aspects documentaires dedans, et j'ai commencé par
00:08:29un aveu, on s'est appelés pour préparer cette rencontre, et puis je commence à parler
00:08:34de Golden Pass, et puis tu me dis, non mais en fait c'est The Golden Harvest, et je ne
00:08:40suis pas signifiant, je suis marqué spécialiste BD, donc j'ai cette carte-là, donc brusquement
00:08:45j'ai découvert que j'étais passé à côté complètement de beaucoup de choses, donc
00:08:49j'ai relu le livre, j'ai repassé, effectivement, donc une fois qu'on le voit, voilà, le Golden
00:08:54Pass, c'est le titre, et voici, donc c'est Orange Sky, Golden Harvest, c'est l'une des...
00:09:04C'est l'un des studios majeurs du cinéma de cette époque, qui succède à, il ne succède
00:09:10pas vraiment, mais il est fondé par deux anciens de la Shaw Brothers, à savoir Raymond
00:09:17Shaw et Leonard Ho, une troisième personne dont j'ai oublié le nom, je suis désolé,
00:09:22qui montent leur studio, donc après la Shaw Brothers, et c'est un studio qui ne fonctionne
00:09:27pas exactement de la même manière que la Shaw Brothers, qui fait moins de films, qui
00:09:30est voué à faire des films un peu plus, entre guillemets, un peu plus qualitatifs,
00:09:35enfin moins, c'est moins l'usine, et moi c'est les films qui m'ont vraiment...
00:09:40Alors ça s'étend de, que je ne dise pas de bêtises, c'est fondé en 70 et ça finit
00:09:45en 2003, enfin ils existent toujours mais ils ne produisent plus de films à partir
00:09:48de 2003, et moi c'est la période de leur production qui va du milieu des années 80
00:09:53à fin 90 qui m'intéresse, ils ont produit énormément de films, en particulier il y
00:09:58a ceux de Bruce Lee, mais ce n'est pas ceux dont parle le livre, et c'est surtout, ils
00:10:03ont produit beaucoup de films de Jackie Chan en fait, moi Jackie Chan il est vraiment au
00:10:07centre du livre The Golden Pass, à savoir que je fais un distinguo entre deux périodes
00:10:12du cinéma d'action hongkongais, il y a la période on va dire très traditionnelle avec
00:10:16beaucoup de gens en costume dans des décors avec des chorégraphies martiales très très
00:10:24millimétrées etc, un contre un, il y a une rythmique presque un peu dense où tout
00:10:28le monde fait le style de la grue, le style du tigre etc, tout ça, et ce qu'on appelle
00:10:34le modern day qui sont plus les films dans lesquels s'est illustré Jackie Chan, qui
00:10:41sont en général des films policiers, avec de l'action dedans, avec des chorégraphies
00:10:45beaucoup plus dynamiques où c'est un contre dix, et beaucoup d'utilisation de décors
00:10:51de hangars etc, et surtout énormément de comédies mis dedans, et moi c'est toute cette
00:10:56partie là dont je suis très très fan, donc c'est une partie très très petite du cinéma
00:11:01d'action hongkongais, mais à laquelle je voulais rendre hommage via ce livre, via
00:11:06The Golden Pass, d'où le logo que j'ai retourné sur le côté pour faire le logo
00:11:12des studios Golden Pass, dont voilà le titre du livre etc.
00:11:15Une fois qu'on commence à voir, enfin il faut que tu me donnes cette clé là, on s'en
00:11:20rend compte.
00:11:21Je me suis rendu compte, il y avait beaucoup de jeux comme ça, il y a Eagle Chan qui est
00:11:26Jackie Chan, il y a Shamowang qui est Sam Wong, il y a ensuite même lorsqu'il y a une
00:11:33autre maison de production qui est Asia Films, c'est Media and Entertainment si je ne me
00:11:41trompe pas.
00:11:42Donc il y a ce truc, et puis il y a des moments où on se retrouve, j'ai commencé à faire
00:11:47des journalistes et puis j'ai abandonné, mais il y a des noms qui reviennent et dont
00:11:50on ne parle pas très rapidement, il y a Billy Chunks et Isabella Chunks si je ne me trompe
00:11:54pas, ou quelque chose comme ça, il y a Marth qui est Marth, oui qui est Marth, on en parlera
00:12:02peut-être après quand on verra les différents portraits d'acteurs dont je me suis inspiré,
00:12:06mais pour en venir par rapport au côté documentaire, quand je disais qu'on ne faisait pas du documentaire,
00:12:11c'est que la volonté de base des livres n'est pas une volonté documentaire, c'est-à-dire
00:12:14qu'on n'est pas là juste pour raconter un déroulé Wikipédia ou autre chose, on raconte
00:12:20une histoire, par contre là où j'ai parlé de Ron qui est à l'origine du label 619,
00:12:26il est comme pas mal d'autres auteurs là-bas, intransigeant avec les détails, il faut qu'on
00:12:29y croit.
00:12:30Donc c'est-à-dire que si vous faites Hong Kong, si vous dessinez Hong Kong, vous devez
00:12:35être impeccable sur le sens de conduite par exemple, vous devez être impeccable sur
00:12:46les rues, sur les choses, même sur les panneaux que vous écrivez en arrière-plan, il ne faut
00:12:50pas que ça raconte n'importe quoi, il ne s'agit pas justement de faire n'importe quoi
00:12:53avec ça et d'emmener les gens dans notre voyage, donc autant être le plus réaliste
00:12:58entre guillemets possible, même si on y reviendra peut-être, il y a des choses sur lesquelles
00:13:03je n'ai pas été pile poil comme il faut dessus, mais bon, il n'y a rien de scandaleux
00:13:10non plus.
00:13:11Donc puisqu'on parle de personnages aussi, j'ai lu que parmi les autres idées qui étaient
00:13:19à l'origine de ça, c'est la découverte d'un personnage particulier qui est l'actrice
00:13:24Yukari Yoshima, qui est aussi connue sous le nom de Cynthia Luster.
00:13:29Oui, tout à fait, en Occident, elle est connue sous le nom de Cynthia Luster.
00:13:33Alors je dis qu'elle est connue, elle n'est vraiment pas connue du grand public, c'est
00:13:37une actrice, c'est une cascadeuse qui a commencé, je crois que son tout premier rôle, c'est
00:13:44dans la série Bioman, quand on était gamin, elle joue le rôle d'une méchante, elle
00:13:48a un costume ridicule dedans, et Farrakat exactement, pour ceux qui...
00:13:53On la voit juste en bas à gauche, ici.
00:13:57Donc c'est une actrice sino-japonaise, qui a fait partie de la JAC, la Japan Action Club,
00:14:09je crois que c'est ça, le club de cascadeurs et cascadeuses monté par Sony Chiba au Japon,
00:14:15et qui est devenue une figure emblématique du cinéma d'action hongkongais des années
00:14:2290, dans des très bons rôles, comme dans des rôles très très mauvais, sur l'éventail
00:14:31d'images que vous avez, il y a des films absolument inregardables dedans, je pense notamment à
00:14:37tout en haut à gauche, vous avez Story of Riki, où elle joue le rôle d'un homme dedans,
00:14:42et qui est un film extrêmement mauvais, qui est chroniqué sur Nannerland, pour vous dire,
00:14:48mais bref, je me suis beaucoup inspiré de cette actrice, pas physiquement, le physique
00:14:54que je l'ai pris sur une autre actrice pour mon héroïne, mais pour sa carrière et son
00:14:59histoire, parce qu'il y avait véritablement quelque chose que j'avais envie de raconter
00:15:04à force de lire des articles sur cette actrice, et pendant, je fais une petite aparté, j'ai
00:15:16eu une grande période où j'ai habité dans le 13ème arrondissement, et dans le 13ème
00:15:21arrondissement, on pouvait trouver ce qu'on appelle des VCD, je sais pas si vous avez
00:15:24connu les VCD, chez Musica, et chez Musica, vous aviez pour 2,50€, vous aviez un film
00:15:31complet qui tenait sur 2 CD en qualité absolument dégueulasse, de 250p par 300, peut-être,
00:15:36je sais pas, qui était évidemment des trucs pirates, qui n'étaient pas terribles, mais
00:15:41moi j'ai pu refaire toute ma culture de cinéma asiatique, en tout cas de cinéma, surtout
00:15:47d'action, de cinéma de karaté, etc, tout ça, à cette époque-là, comme ça, et à
00:15:53force de, je sais pas, je devais regarder ou acheter 2 à 3 films par jour, à un certain
00:15:58moment, donc j'ai l'impression d'avoir vraiment tout vu, et la chose qui m'est venue, enfin
00:16:03c'est ça, c'est que je revoyais très très souvent les mêmes acteurs, très souvent,
00:16:06je revoyais les Dick Wayne, les Billy Joe, les, bah évidemment Jackie Chan, je revoyais
00:16:11les Yukari Oshima, je voyais les Joyce Godenzie, Agnes Aurelio, etc, plein de cascadeuses et
00:16:19de cascadeurs, et je m'étais aperçu que les acteurs, selon leur physique et leur capacité
00:16:26martiale, et leur trait physique, ils étaient cantonnés très très souvent au même rôle,
00:16:34c'est-à-dire que quand vous jouiez un méchant, vous jouez un méchant dans tous les films,
00:16:38parce que vous avez une tête de méchant, mais ça c'est valable dans le cinéma, même
00:16:42hollywoodien je pense, on a du mal véritablement à se défaire du physique, et moi ça m'a
00:16:46inspiré justement cette histoire de Golden Pass, comment rendre, pour la BD, comment
00:16:52rendre hommage à ce cinéma-là, je voulais raconter l'histoire d'une fille, qui s'appelle
00:16:57Jeanne A, dans la bande dessinée, qui est prise sur des tournages de la Golden Pass
00:17:05pour ses capacités physiques, mais qui n'est cantonnée qu'à jouer des hommes, qu'à jouer
00:17:09des personnages très physiques, et surtout qu'à jouer des méchantes, et tout l'intérêt
00:17:14du livre, c'est qu'elle va essayer, par divers moyens, de jouer dans des rôles, d'être
00:17:19le premier rôle, de devenir presque une pop star, parce qu'il faut savoir aussi qu'à
00:17:25l'inverse, dans les films hong kongais de l'époque, les Maggie Chung, les Moon Lee,
00:17:33pleins d'actrices, Anita Mui, c'étaient également des actrices de kung fu, qui étaient
00:17:41chanteuses, qui étaient modèles, tout à l'inverse, quand on jouait des premiers rôles,
00:17:47on avait accès à toute une espèce de stardom, et moi j'ai voulu que mon personnage
00:17:51essaie de briser ces codes là pour devenir quelqu'un d'autre, et accéder peut-être
00:17:58à plus de...
00:17:59Donc je trouvais que ça faisait un très très bon point de départ pour raconter quelque
00:18:07chose, et parler non seulement du cinéma, non seulement du déterminisme et des rôles
00:18:11qu'on vous fige sur le physique, et accessoirement aussi de parler de la condition de la femme
00:18:17au cinéma, les rôles ne vous sont pas donnés, ne sont pas exactement les mêmes, quel que
00:18:22soit votre physique, plus vous êtes mignonne, plus vous avez accès à pas mal de choses,
00:18:27donc il y avait tout ça qui se mélangeait un petit peu, et je voulais raconter ça,
00:18:30et ça se cristallise à travers ce personnage de Jin Ah, et ça c'est l'actrice qui s'appelle
00:18:37Ah Chi Chun, qui est une actrice, j'ai envie de dire mineure parce qu'elle n'a pas joué
00:18:45dans énormément de films, mais qui a joué à chaque fois que des méchantes, il n'y
00:18:50a pas un film où elle joue le rôle d'un bon personnage, et c'est une actrice qui
00:18:59me fascinait beaucoup à l'époque, même si on ne l'a pas vue jouer dans beaucoup
00:19:03de choses, et je me suis basé sur elle pour le physique de mon personnage, pour son visage, etc.
00:19:12Oui, cette image là c'est une capture de tes pages Pinterest, il y en a d'autres ici,
00:19:23sur des documentations, et puis aussi sur à nouveau des personnages, des acteurs,
00:19:31qui est la base de Joseph Wang, si je ne me trompe pas, qui est le méchant de la deuxième
00:19:38partie du bouquin, qui lui aussi a le physique tiré d'un acteur qui s'appelle Yuan Hua,
00:19:44qui est un acteur que j'adore, qui joue dans ses rôles les plus connus chez nous,
00:19:47ça va sûrement être dans les Stephen Show, dans justement Kung Fu Hustle, mais qui est
00:19:54un acteur véritablement mythique du cinéma d'action hongkongais, qui a un physique très
00:20:00particulier, qui est un excellent artiste martial, et surtout qui a un sens de la comédie,
00:20:04et c'est un acteur que j'adore, et malheureusement il joue dans ma bande dessinée le rôle d'une
00:20:11ordure infâme, mais il fallait bien que je mette des traits sur certains personnages.
00:20:20Donc oui, pour en revenir un petit peu à ces tableaux Pinterest, en bande dessinée,
00:20:27j'ai entendu deux versions, deux définitions de la bande dessinée, il y a quelqu'un qui m'a
00:20:31dit un jour que c'était le storyboard de luxe, parce que c'était la manière de pousser
00:20:35véritablement un storyboard, etc, et quelqu'un d'autre m'a dit que c'était le cinéma du pauvre.
00:20:39Je trouve que les deux versions sont très très justes sur beaucoup de choses, dans le sens où
00:20:44moi j'adhère à ces deux définitions, dans le sens où en effet vous êtes aux commandes de tout,
00:20:49vous êtes réalisateur quand vous faites une bande dessinée, donc c'est vous qui choisissez les
00:20:52costumes, qui choisissez les décors, qui choisissez l'éclairage, choisissez la photo,
00:20:56et aussi qui choisissez votre casting. Et moi, ce que je vous montre là avec le Pinterest,
00:21:01c'est littéralement mes fiches de casting en fait, vous choisissez qui va jouer tel ou tel
00:21:06personnage, même quand vous écrivez des choses de fantasy ou des choses comme ça,
00:21:11vous êtes quasi obligé de prendre des références, surtout au label 619 où on est très très
00:21:18influencé par le cinéma plus que par la BD en elle-même, on prend très très souvent des
00:21:24modèles chez des personnages qui existent, et moi avec le cinéma hongkongais, j'avais qu'à me
00:21:30servir entre guillemets, parce que j'en avais vu des centaines et des centaines d'acteurs auxquels
00:21:35soit j'avais envie de faire référence, soit j'avais envie de prêter des traits, parce que je trouvais
00:21:38que ça marchait très très bien avec certains personnages.
00:21:43Alors ce que tu dis sur des acteurs qui seraient limités à certains rôles, alors moi ça me fait penser à Osamu Tezuka,
00:21:50donc grande figure du manga, inventeur du manga moderne si on veut aller très vite,
00:21:55donc grande figure de l'après-guerre et qui va réétablir, remettre en place une dynamique sur le manga au Japon,
00:22:01et en fait Tezuka, il a ce qu'on appelle le star system, c'est-à-dire qu'il a, du moins dans la première partie de sa carrière,
00:22:07des personnages qui sont toujours les mêmes, le but c'est une efficacité narrative, le fait que quand vous ouvrez un Tezuka,
00:22:13vous reconnaissez immédiatement les personnages, et il a un star system, et on avait fait une expo sur lui,
00:22:19et on avait trouvé, il y avait un document dans lequel il listait ses différents personnages en expliquant quel type de rôle,
00:22:25à quel type de rôle ils pouvaient prétendre, quel était leur cachet, et finalement, donc il faisait lui aussi, comme tu le dis,
00:22:32un casting sur la base d'acteurs, en quelque sorte, qui étaient aussi très très limités dans les rôles qu'ils pouvaient prendre,
00:22:39donc il y avait les méchants de service, donc il y a Ham, le docteur Ochanomizu, celui qui a le gros nez,
00:22:46qui est toujours, qui est celui qui crée Astro Boy, si vous connaissez Astro Boy, c'est forcément un gentil,
00:22:52et comme ça, il y avait plusieurs personnages qui étaient très identifiables et qui étaient toujours dans le même rôle,
00:22:58donc c'est assez amusant de voir comment ça, voilà, il y a aussi une forme d'efficacité narrative.
00:23:04Tout à fait, je pense que c'est assez avéré, c'est aussi pour ça qu'on fait ça, mais moi je me mets à la place de justement des acteurs au cinéma
00:23:11qui, eux, souhaitent changer un petit peu ça, je trouve que c'est quelque chose d'assez cruel et d'assez dur,
00:23:16et on parle de cinéma asiatique depuis le début, mais c'est très très souvent, chez des réalisateurs, on va prendre ou Tarantino ou Wes Anderson,
00:23:25vous regardez un Wes Anderson, vous vous apercevez que sur 4 films, vous allez avoir au moins les 3 quarts qui sont le même casting que les films d'avant,
00:23:31ce qu'il y a, c'est que les acteurs vont jouer des rôles souvent très très différents,
00:23:36quand il prend Wayne Wilson pour deux rôles, il va peut-être pas jouer deux fois le même rôle dans les trucs, par contre,
00:23:42ce que j'aime bien avec cette analogie-là, c'est que ça prend vraiment du théâtre, en fait, c'est que les réalisateurs, en tout cas ces réalisateurs-là,
00:23:50sont vraiment comme des réalisateurs, enfin des metteurs en scène de théâtre qui ont leur troupe, qui leur font jouer plusieurs choses,
00:23:58et c'est ce que j'ai retrouvé, peut-être que je l'imaginais un peu fantasmé moi-même, mais avec justement ce cinéma hongkongais,
00:24:04de me dire, tiens, il y avait une équipe de stuntmen qui était très efficace, et bien ils allaient jouer des policiers, des gangsters,
00:24:11des types en costume, on le verra après avec Twelve Condors, des guerriers-héros dans la jungle, enfin pas des guerriers-héros, des soldats pendant la guerre du Vietnam,
00:24:25il y a ce côté un petit peu troupe de théâtre que moi j'aime beaucoup, et ce côté casting en effet, pour ça que c'était très important de rendre hommage à tous ces acteurs-là,
00:24:34au sein d'un seul et même livre, il n'y a qu'un seul personnage où je n'ai pas pris de référence, parce que je n'ai pas pu, mais je vous expliquerai peut-être un petit peu après.
00:24:47Alors, j'ai regardé le livre qui est daté, donc là c'est l'ensemble des pages de livre réparties par les dates et les moments où elles se passent,
00:24:56alors le 2009 est approximatif puisque c'est marqué juste 12 ans plus tard, il n'y a pas une date précise, mais selon le calcul c'est à peu près ça,
00:25:04et ça, ça me fait revenir sur ce que tu dis, tu es toujours là à nous dire, c'est pas documentaire, c'est pas documentaire, en même temps c'est très daté,
00:25:12enfin c'est très daté dans le sens qu'il y a une chronologie qui est très précise, il y a la référence à des événements réels très précis,
00:25:21à un moment effectivement tu parles de Jackie Chan, même si c'est Eagle Chan qui part aux Etats-Unis et que Sham Hoang va faire la même chose,
00:25:29il y a la mention avec la rétrocession chinoise et la suite derrière, donc il y a tous ces éléments-là qui sont quand même des moments très précis,
00:25:37à un moment elle part tourner aux Philippines, il se trouve que Yukari Oshima a eu toute une partie de films qui se passent aux Philippines aussi,
00:25:47elle est mariée avec un producteur philippin,
00:25:49il y a tous ces éléments-là qui finalement posent la question, tu ne cesses de dire que c'est de la fiction, mais en fait c'est vraiment un documentaire avec une couche de fiction par-dessus,
00:26:02tu dis l'importance des détails, c'est une autre manière de raconter l'histoire, l'histoire avec un grand H finalement,
00:26:08en la traitant de la manière la plus rigoureuse qui soit dans l'arrière-plan.
00:26:15En tout cas de coller au plus près au sujet que je veux aborder justement et de ne pas commettre d'impair par rapport à ça,
00:26:23parce qu'encore une fois, je trouve que cette histoire, ce que ça raconte, c'est de base un très bon scénario avec les bons événements au bon moment,
00:26:36la rétrocession à la Chine qui a lieu en 99 si je ne dis pas de bêtises, 97, autant pour moi,
00:26:49qui tombe pile poil à un moment où le cinéma hongkongais change et où ça amène énormément de choses, même en termes de dramaturgie en fait,
00:27:01avec la fin d'un âge d'or du cinéma, le renouveau d'autres choses, avec le fait que tous les réalisateurs d'action partout aux Etats-Unis,
00:27:10en tout cas les plus connus, qu'il s'agisse de John Woo, de Ringo Lam ou de Choy Harc,
00:27:18et donc il y a plein de choses qui étaient déjà dans un scénario et c'est après, quand je dis pas être sur un documentaire,
00:27:28je prends aussi également mes distances parce que j'ai beau m'être documenté beaucoup,
00:27:34par exemple Jackie Chan, je ne le connais pas en vrai, je ne sais pas comment il est,
00:27:37j'en fais un personnage sympathique dans la bande dessinée avec Eagle Chan,
00:27:41mais il y a un faux Godfrey Ho pour ceux qui connaissent, un réalisateur peu scrupuleux,
00:27:49dans mon livre, il y a un personnage qui s'appelle Joseph Wang qui est basé sur lui,
00:27:55mais j'en ai fait vraiment un personnage très très mauvais, et je ne suis pas sûr que Godfrey Ho était aussi mauvais que ça,
00:28:01donc je prends aussi ma distance par rapport au personnage pour ne pas dire tel personnage était comme ci, tel personnage était comme ça,
00:28:11je ne suis pas assez documenté, personne ne l'est par rapport à ça,
00:28:17et surtout pour garder quand même une certaine distance avec le sujet.
00:28:23On a quand même des vues de Hong Kong, je les ai prises, en même temps ce genre de grande image est assez rare,
00:28:34j'ai compté il y a 8 pages qui sont des pleines pages sur l'ensemble du bouquin,
00:28:38il y a 180 pages ou quelque chose comme ça, donc c'est assez peu,
00:28:44donc là on a la fameuse vue quand on traverse la baie des vues,
00:28:50et ensuite quand on va plus précisément sur Golden Harvest ou Golden Pass,
00:28:54il y a ces endroits où on voit, j'ai trouvé les images mais tu me dis que tu en avais beaucoup aussi de ton côté,
00:29:01mais on voit bien comment en dehors de la modification du logo,
00:29:05là on voit bien l'entrée du Golden Pass Studio qui est exactement la même,
00:29:09la même chose pour les studios eux-mêmes, si vous regardez dans l'image qui est tout en haut,
00:29:13on retrouve bien sûr l'entrée, même un peu plus loin on retrouve les numéros de bâtiments B1 à A1 qui se retrouvent dans les choses,
00:29:22donc il y a tout un travail de reconstitution avec toute cette difficulté aussi de retrouver ce qu'était Hong Kong il y a 30 ans.
00:29:30Oui, alors ça c'est la partie un peu amusante, j'ai jamais mis les pieds à Hong Kong,
00:29:37jusqu'à maintenant, j'ai jamais été, et les images de documentation qu'on peut trouver, soit via Pinterest,
00:29:47soit via des sites un peu spécialisés, genre Hong Kong Cinemovies,
00:29:50elles sont très rares en fait, les photos des studios, etc, donc on est obligé de composer avec 3-4 clichés qu'on voit.
00:29:57Si tu peux revenir sur la slide d'avant, ça te dérange pas ?
00:30:02Ou non, même celle d'encore avant, on voit les immeubles, oui voilà.
00:30:06Alors c'est pas vraiment un reproche qui m'a été fait, mais par exemple quand je vous disais qu'il y avait des choses qui m'avaient peut-être un petit peu échappé,
00:30:13c'est que par exemple le Hong Kong des années 80, j'ai fait beaucoup de gratte-ciel dedans, alors qu'à l'époque ça n'avait pas encore poussé comme ça,
00:30:19et ça fait partie d'une des deux plus grosses erreurs que j'ai faites dans la bande dessinée,
00:30:25c'est ça et le fait qu'il y a souvent du ciel bleu et dégagé alors qu'apparemment en Hong Kong il pleut un jour sur deux,
00:30:31très souvent, donc c'est des choses, voilà. Mais après pour la documentation, les choses que j'ai faites,
00:30:37c'est que l'héroïne bouge, elle vient du continent, donc elle habite, elle est un peu paumée, on lui prête un appart de production, etc.
00:30:46en ville, j'ai toujours essayé de m'assurer pour montrer que les trajets qu'elle faisait entre le studio étaient faisables à pied quand on la marchait à pied,
00:30:55et également dans une seconde partie du livre où ça se passe un petit peu moins bien, où elle a vraiment beaucoup de trajets à faire,
00:31:03moins les moyens, etc. où j'ai commencé, je ne sais plus si c'est nommé comme ça, mais je crois que j'ai commencé à la loger à Kowloon,
00:31:11ça ressemble beaucoup à Kowloon, mais je ne sais plus géographiquement, mais j'ai fait attention de regarder ça et pour ça j'ai utilisé Google Street View,
00:31:22donc j'ai fait beaucoup de Google Street View, beaucoup de captures, je me suis baladé beaucoup dans Hong Kong à pied, virtuellement,
00:31:27comme quoi il y a quand même certains outils modernes qui sont vraiment très très pratiques.
00:31:31Peut-être fut un temps dans la bande dessinée, je ne sais pas où, à l'époque où l'âge d'or de la bande dessinée, où on filait des contrats mirobolants,
00:31:38on m'aurait pendant six mois dit, va à Hong Kong, va faire des croquis, maintenant ce n'est plus du tout le cas,
00:31:45vu les avances qu'on a en BD et vu la situation à peu près globale du milieu, maintenant c'est, t'as Google, t'as Google Images, tu te débrouilles avec,
00:31:53mais ce n'est pas une raison justement pour faire un travail peu précis, et non seulement il y a en effet Street View, il y a des recherches d'images,
00:32:03et surtout la partie la plus importante c'est les films en fait, les films, vous apercevez que si vous faites un screenshot toutes les deux minutes,
00:32:11vous pouvez reconstituer Hong Kong, c'est très souvent tourner dans les mêmes coins, très souvent tourner dans les mêmes parcs,
00:32:16dans les mêmes, des fois, entrepôts qui sont un peu en dehors de la ville, etc., donc on peut reconstituer vraiment énormément du Hong Kong,
00:32:24et en tout cas, comme j'aime à le croire, donner un peu l'illusion qu'on connaît un peu la ville, alors que ça reste entre nous, mais pas du tout, je n'y ai jamais mis les pieds.
00:32:35Tu parles de cinéma, justement une bonne transition, puisqu'il y a du cinéma qui est représenté dans l'ouvrage à plusieurs reprises,
00:32:46alors j'ai pris cette séquence de quatre planches, parce que quand tu mets en scène le cinéma, tu passes dans un mode storyboard,
00:32:54avec ce côté, alors c'est un petit peu plus grand que le cinémascope, très forcé, j'ai vérifié, tu es sur du 2, c'est quasiment 3.1 et pas du 2.63,
00:33:05donc c'est très très forcé, mais donc il y a cet élément-là, il y a en plus le bord noir pour les pages, tu prends quand même cette structure-là,
00:33:15je crois pour aussi quand il y a des, dès qu'on est dans une scène de tournage, elle n'est peut-être pas, on n'est peut-être pas dans le cadre du film,
00:33:22mais pour montrer quand même, il y a quelques moments où on voit ça, on le retrouve aussi, alors je me posais la question,
00:33:27puisque tu m'envoies aussi quelques extraits de tes carnets, donc voilà un carnet et voilà les planches que ça donne ensuite,
00:33:34il y a aussi une sorte de facilité de couper en quatre la page du carnet, ça c'est un carnet de quelle taille en plus ?
00:33:42C'est un carnet à 5.
00:33:44Oui, qui est en plus, alors là on ne le voit pas, parce que je pense que c'est le scan qui est réglé comme ça, il y a des petits carreaux qu'on voit sur d'autres,
00:33:51c'est ton mode de travail, et d'ailleurs je vous ai posé la question par rapport à ça, ça ce n'est pas la première étape ?
00:33:59Si, ça c'est le storyboard, c'est ce qu'on appelle le storyboard, c'est la toute première étape du...
00:34:05Pas d'écriture avant ?
00:34:07Il y a le script en effet, mais la première étape graphique, c'est celle-ci, celle du storyboard, donc c'est un dessin à main levée,
00:34:13où vous voyez les visages, les choses comme ça, on ne se prend pas vraiment la tête, alors moi je le détaille beaucoup,
00:34:19je suis un angoissé de nature, et j'aime bien dès le début que ce soit très précis, ce qui peut être un piège,
00:34:25parce qu'après vous vous enfermez dans votre narration et dans votre mise en scène à des choses qui pourraient un petit peu évoluer,
00:34:31c'est une étape extrêmement importante, et là pour le coup je vais vous reparler un petit peu du label 619,
00:34:37et de la relation que j'ai eu avec Ron, qui assurait le suivi éditorial de ce livre,
00:34:43c'est comme ça que vous échangez en fait, sur votre mise en scène, sur ce que vous allez faire,
00:34:47c'est une des meilleures previews que vous pouvez donner à votre éditeur,
00:34:51et lui qui va, alors vous voyez, il y a un commentaire en jaune par-dessus,
00:34:57qui est un commentaire de Ron, qui m'avait fait un retour sur mon storyboard au début,
00:35:01alors là on voit également bien le côté carnet à petits carreaux,
00:35:07les propositions qu'on a vues ensemble à partir de cet échange de storyboard,
00:35:13il y a eu deux choses qui sont vraiment hyper importantes pour le livre,
00:35:17la première en effet c'est ce que tu disais sur le cinémascope de certaines scènes,
00:35:21c'est lui qui m'a suggéré de faire ça pour qu'on voit vraiment la différence entre ce qui se passe derrière la caméra et devant,
00:35:27moi à la base c'était beaucoup plus flou dans ma bande dessinée,
00:35:31je voulais que les frontières soient plus floues entre les deux,
00:35:35mais lui trouvait que c'était beaucoup plus efficace si on segmentait véritablement comme ça,
00:35:43sachant qu'à un moment dans le livre, j'en dis pas plus, mais ça devient un tout petit peu plus flou,
00:35:47il y a une séquence en particulier où on a ce traitement là, mais pas exactement,
00:35:53parce que la vie de l'héroïne commence à se mélanger avec sa carrière,
00:35:57et l'autre, d'autant plus important, vous voyez tous les filactères en jaune,
00:36:01tout ça c'est de la voix off, parce que c'est l'héroïne elle-même qui raconte son aventure,
00:36:09qui raconte sa carrière, et ça c'est une proposition, au début moi il y avait pas ça dans mes premiers SG de storyboard,
00:36:15c'était des séquences muettes, et je trouvais que le bouquin allait trop vite,
00:36:19et qu'on s'attachait peut-être pas assez au personnage, et Ron m'a dit,
00:36:23dans ce cas là, mets une voix off, elle va raconter des choses qui ne se passent pas à l'écran,
00:36:27ou en tout cas dans les cas de BD, ça va permettre un peu plus d'empathie par rapport au personnage,
00:36:33et surtout tu pourras raconter beaucoup de choses sur les techniques et les us et coutumes
00:36:37du cinéma hongkongais via cette voix off de personnage, et c'est comme ça qu'on a essayé,
00:36:41et je pense que ça a transfiguré véritablement le livre, il aurait pas du tout été comme ça
00:36:45s'il n'y avait pas eu cet échange au début, donc oui le storyboard au tout début,
00:36:47pour moi c'est l'étape la plus importante, si votre storyboard est réussi,
00:36:51votre bande dessinée sera réussie, quel que soit le niveau d'ancrage, de couleurs,
00:36:57de détails que vous mettez après, si la bande dessinée principalement,
00:37:03ça aussi ça a rapport avec le cinéma, si votre narration elle est bonne,
00:37:07la BD elle est bonne, il n'y a pas d'artifice qu'ils peuvent sauver,
00:37:11et au contraire si le storyboard est pas bon, ben voilà.
00:37:15C'est marrant que tu aies eu cette inquiétude d'un livre qui se lit trop vite,
00:37:19parce que c'est quand même un livre à nouveau de 180 pages,
00:37:21dans lequel globalement il y a une narration qui est assez dense, je disais tout à l'heure,
00:37:25les splash pages, qui est le truc américain où on se fait plaisir,
00:37:29où l'artiste, on met plein la vue sur une page, voire sur une double,
00:37:33toi t'en as huit en tout et pour tout, et elles ont un rôle très fort,
00:37:37puisqu'il y en a dedans, il y a notamment celle-ci qui est le début de la première partie,
00:37:43celle qui est à, on le voit ici, il y a marqué première partie à Jean,
00:37:48il y a deuxième partie avec Jane Ha qui répond à celle-là,
00:37:52et puis il y a les deux vues de Hong Kong que j'ai mises, et puis il y a d'autres,
00:37:56il y a aussi deux pages noires qui ont un intérêt,
00:38:00elles sont à la fois là pour des questions de mise en page,
00:38:03parce qu'il y a des pages qui sont sur des pages de droite,
00:38:06qui doivent être sur des pages de droite, et donc il faut une page qui soit en face,
00:38:11mais qui dans la narration vont être une ponctuation des deux parties,
00:38:14d'ailleurs il y en a une dans chaque, il y a deux pages noires qui répondent,
00:38:22l'une étant la fin, correspond à une sorte de trois petits points,
00:38:26donc ce que je veux dire c'est que tu as une narration qui est quand même très tendre,
00:38:30c'est un livre qui prend du temps à lire, donc c'est marrant cette inquiétude que ça aille trop vite.
00:38:35Je pense qu'elle est légitime cette inquiétude pour tous les auteurs de BD,
00:38:39c'est-à-dire que quand vous faites un livre, moi je fais 181 pages en une année et demie,
00:38:43en moyenne, et encore je vais assez vite, j'ai un rythme assez soutenu,
00:38:47quand vous passez un an et demi sur une bande dessinée, et heureusement on vous dit
00:38:52j'ai dévoré ton bouquin, il m'a fait une soirée, vous vous dites
00:38:56ça a été hyper vite, disons que j'ai bossé un an et demi,
00:38:59donc moi il y avait toute cette angoisse que j'avais par rapport à ça,
00:39:02même si au contraire, je préfère largement qu'on me dise ça,
00:39:05que j'ai dévoré ton livre, j'ai dû faire une pause à un moment,
00:39:08je préfère qu'on me dise ça, que j'ai pas réussi à finir ton livre,
00:39:11c'était une purge. Il y a toujours ce côté-là où on passe tellement de temps
00:39:18à produire, quand on fait la couleur, le scénario, les dialogues, la mise en page,
00:39:23on sait très bien que la lecture d'une planche de BD, ça se fait moi-même,
00:39:30j'en ai lu des BD très très vite, alors que le dessinateur a passé des années
00:39:35sur chaque planche, donc oui, je suis pas là non plus pour que les gens
00:39:46passent trois heures et demie sur chaque case, non plus, ça reste un truc de dessinateur ça.
00:39:52Tu parlais tout à l'heure de Kowloon, c'est vrai que la case qui est tout en haut
00:39:57fait beaucoup penser aux images qu'on peut avoir des fameuses cités
00:40:02où c'est mûré, où c'est extrêmement intense.
00:40:05Kowloon qui n'existe plus je crois maintenant, ça a été rasé.
00:40:07Oui, la fameuse cité.
00:40:09C'est dans les années 90, c'est ça.
00:40:16Et oui, ça c'est une autre partie du...
00:40:19Je vais pas vous spoiler le livre si vous ne l'avez pas lu, mais Golden Pass
00:40:24c'est vraiment calé sur la technique un peu scénaristique de narration
00:40:28qui s'appelle le Rise and Fall, c'est-à-dire Rocky, c'est-à-dire Scarface,
00:40:33moi c'était pas mal d'influences, vous avez un personnage qui monte très haut
00:40:37et qui redescend, et c'est comment il monte et comment il redescend en fait.
00:40:41C'est les deux pans d'une carrière, moi il est en deux parties,
00:40:43la première partie s'appelle, je vais essayer de pas en dire trop,
00:40:46la première partie s'appelle...
00:40:51Hajin, ouais c'est ça.
00:40:53La deuxième c'est...
00:40:54La deuxième c'est Jane A, c'est son nom international.
00:40:56Donc ça correspond à ces deux parties de carrière.
00:41:00J'en dis pas plus, mais en effet il y avait une narration
00:41:06qui me semblait assez évidente à faire par rapport à ça,
00:41:09et qui encore une fois sont des techniques scénaristiques
00:41:13qui sont utilisées vraiment beaucoup, très souvent au cinéma.
00:41:19Après il y a quelques planches où il y a plusieurs étapes,
00:41:22donc il y a cette étape toujours sur ton carnet de notes,
00:41:27la première étape, avec éventuellement les remarques de Ron,
00:41:30et puis ensuite des mises au propre j'imagine.
00:41:35Oui, alors la deuxième partie c'est du croquis,
00:41:37si je peux vous parler un tout petit peu de ma technique de travail
00:41:40qui est un peu compliquée, un peu...
00:41:43Il y a des auteurs qui font tout à l'ordinateur,
00:41:45il y en a qui font tout en traditionnel, moi je fais vraiment un mix des deux,
00:41:48je suis pas tout seul à faire ça, mais mon storyboard est fait dans un...
00:41:51En tout cas pour cette BD là, il est fait dans un carnet,
00:41:54ce carnet est scanné, à partir de là je fais mes croquis sur l'ordinateur,
00:41:58enfin sur Photoshop, où là j'en profite justement pour prendre des références
00:42:03avec des immeubles, des choses comme ça, pour vraiment caler un peu un dessin,
00:42:06j'imprime ce croquis, que j'ancre moi-même pour avoir des originaux,
00:42:10et puis avoir une étape toujours un peu...
00:42:13Et ensuite je re-scanne pour pouvoir passer de la couleur,
00:42:16pour mettre la couleur à l'ordinateur.
00:42:18Le tout étant qu'à la fin on remarque pas vraiment le truc,
00:42:21et c'est pour ça que j'ai une colo qui rappelle vaguement l'aquarelle,
00:42:24en tout cas sur mes planches.
00:42:27Et voilà, donc c'est un petit peu fastidieux parce qu'il y a du scan,
00:42:30maintenant, enfin pour les dernières BD que j'ai faites, surtout celles de jeunesse,
00:42:33je suis vraiment intégralement sur un iPad dessus,
00:42:36mais je sais que je vais revenir progressivement aussi à réintégrer
00:42:39un petit peu de traditionnel dans mon dessin,
00:42:42ne serait-ce parce que j'en ai marre d'avoir les yeux flingués à cause des écrans d'ordinateur,
00:42:46et puis parce que c'est toujours très très chouette
00:42:49de recomposer avec les accidents
00:42:52que peuvent promettre un peu des outils traditionnels.
00:42:58Si vous ne connaissez pas la bande dessinée,
00:43:01il y a plein d'auteurs comme ça qui ont des techniques
00:43:04complètement frappadingues quand on y réfléchit,
00:43:07pour justement aller chercher à ces accidents.
00:43:13David Van Der Bellen qui fait Fritz Haber,
00:43:16qui est une grande fresque historique,
00:43:19fait des collages pour reconstituer des images d'historique
00:43:22qu'il va dessiner ensuite, et pour ça il utilise de l'acide
00:43:25sur du linéoléum, c'est très bien pour dessiner,
00:43:28c'est à 15 ans le truc.
00:43:31Il y en a d'autres, je crois que c'est Marion Fayolle,
00:43:34qui imprime ses textures sur une vieille imprimante à aiguilles
00:43:37pour les découper et les recoller sur ses dessins.
00:43:40Il y a la garde à l'âne, qui est faite intégralement
00:43:43avec de l'eau mis à la pipette sur une planche,
00:43:46et ensuite il met de l'encre dedans et l'encre colore.
00:43:49Il dessine parfois sur rhodoïd aussi,
00:43:52je connais des gens qui travaillent sur rhodoïd,
00:43:55mais sur du plastique un peu épais,
00:43:58en dessinant des deux côtés avec du pastel gras
00:44:01et puis en griffant derrière.
00:44:04Et puis il y a un bouquin qui s'appelle
00:44:07« L'âne rouge » de Michael Mathis,
00:44:10qui est un bouquin sur Charleroi, je crois,
00:44:13une ville belge qui est réalisée uniquement avec le sang de bœuf
00:44:16sur calque récupéré dans les abattoirs de la ville
00:44:19pour faire un portrait de la ville.
00:44:22C'est pour montrer la diversité des approches des auteurs.
00:44:25Donc finalement tu es assez normal.
00:44:28Oui voilà, moi je fais juste Photoshop
00:44:31et je n'ai sacrifié aucun animal pour faire ça.
00:44:34Le fait de redessiner, d'encrer,
00:44:37ça te permet de récupérer quoi ?
00:44:40Il y a plein de choses, je ne vais pas rentrer dans les considérations techniques
00:44:43parce que ça peut être un peu lourd.
00:44:46Moi quand j'utilise maintenant l'ordinateur,
00:44:49c'est pour avoir quelque chose d'assez solide
00:44:52et surtout pour la solidité du dessin préparatoire.
00:44:55C'est-à-dire que les immeubles, je peux revenir en arrière
00:44:58si j'ai fait des fautes dans la perspective,
00:45:01je peux recaler, resizer des choses,
00:45:04même dans mes compositions, etc.
00:45:07Par contre le jeter d'un ancrage fait,
00:45:10alors moi c'est au stylo bic que sont faits mes ancrages,
00:45:13je n'ai jamais vraiment réussi à retrouver ça
00:45:16directement sur ordinateur.
00:45:19Comme c'est très numérique, ça simule des choses
00:45:22au lieu qu'il y ait les véritables accidents qu'on a dessus.
00:45:25Et puis il y a simplement d'avoir un rapport par rapport à une planche
00:45:28et aussi d'avoir des planches originales à la fin,
00:45:31ce qui est intéressant aussi quand on va faire des expositions
00:45:34ou dans des galeries.
00:45:37Donc le tout est intéressant.
00:45:40Je peux faire une petite aparté parce qu'on parlait un peu des personnages
00:45:43en revenant juste sur la slide d'avant.
00:45:46Vous avez un personnage important de la bande dessinée
00:45:49qui est un des personnages principaux qui s'appelle Tiger Khan
00:45:52qui est le personnage à chapeau que vous avez en haut à droite
00:45:55qui est un acteur, acteur producteur dedans.
00:45:58Lui, il n'est inspiré par aucun acteur.
00:46:01Je n'ai pas réussi du tout à lui trouver de modèle physique
00:46:04directement. J'avais cherché du côté de Wang Jiangli
00:46:07et de Wang Yinzik qui sont des... Pardon, je prononce très très mal
00:46:10le chinois.
00:46:13Mais ce sont des acteurs qui sont réputés pour faire des méchants
00:46:16tout le temps. Mais au niveau du physique,
00:46:19ça ne m'allait pas et j'ai fini par lui donner les caractéristiques
00:46:22d'un personnage de Monkey Punch, de Lupin
00:46:25qui s'appelle Jigen
00:46:28qui est un personnage
00:46:31que je trouvais hyper...
00:46:34vraiment qui avait une silhouette très très
00:46:37marquante et du coup il a ces caractéristiques là.
00:46:40Donc c'est marrant parce que lui, je me suis inspiré pour une fois
00:46:43d'un autre personnage de bande dessinée, de manga pour le coup,
00:46:46plutôt que d'un véritable acteur. C'est vraiment l'unique...
00:46:49l'une des exceptions de ce livre, ce personnage là.
00:46:52Et c'est également un des personnages que j'ai préféré dessiner.
00:46:55Enfin préféré dessiner.
00:46:58C'est un personnage qui est attachant parce que dès le départ c'est
00:47:01une sorte de...
00:47:04Dès le départ c'est un bon vivant,
00:47:07c'est le type qui est un peu aigriard
00:47:10mais qui finalement est celui qui joue le moins de rôle.
00:47:13C'est le mec sympa.
00:47:16Elle arrive et elle joue
00:47:19le rôle d'un mec
00:47:22puis elle l'emmène et puis elle dit
00:47:25viens avec moi mon garçon. Mais je ne suis pas un garçon, je suis une fille.
00:47:28Oh garçon, fille, on s'en fout.
00:47:31Il s'en fout jusqu'à la fin du livre
00:47:34et c'est lui qui a entre guillemets
00:47:37on va dire peut-être les réflexions philosophiques
00:47:40sur toutes les questions qu'elle se pose. Il n'a pas les réponses
00:47:43il a ses réponses à lui, à savoir que lui
00:47:46dans la bande dessinée il est cantonné à des rôles
00:47:49de méchant toute sa vie mais lui il est complètement
00:47:52ok avec ça. Il lui dit bah oui c'est comme ça
00:47:55voilà.
00:47:58Il lui prodigue pas mal d'autres conseils après
00:48:01je vous en dis pas plus si vous n'avez pas lu le livre
00:48:04mais c'est un personnage important, c'est un personnage que j'ai bien aimé
00:48:07c'est un personnage qui a plein de défauts aussi, qui fait que la fête
00:48:10en boîte de nuit, qu'on retrouve
00:48:13dans des étapes pas possibles, dans des barras striptease
00:48:16etc. Mais c'est un personnage qui n'est pas lisse
00:48:19et qui est intéressant.
00:48:28Je vais mettre cette scène là pour la question de la représentation
00:48:31des moments d'action, même si on en a vu beaucoup avant
00:48:34mais c'est quelque chose dans lequel t'as pris
00:48:37un plaisir à essayer de
00:48:40ou est-ce que ça a amené des problèmes qui étaient des problèmes intéressants
00:48:43à essayer de résoudre, de savoir comment représenter ça
00:48:46puisqu'en fait on passe d'un médium
00:48:49le cinéma où il y a quelque chose qui avance
00:48:52à la bande dessinée où finalement c'est le lecteur
00:48:55qui va avancer et donc c'est à toi de l'emmener, de lui donner
00:48:58envie de passer à la case d'après. Donc la question de la représentation
00:49:01notamment de ces scènes d'action
00:49:04Moi c'est quelque chose qui me fascine, le combat
00:49:07de toute façon, les arts martiaux, j'adore dessiner ça
00:49:10je trouve qu'on peut raconter énormément de choses autres
00:49:13que de la castagne bête et méchante via le combat
00:49:16via les positions des personnages
00:49:19leur comportement, leur langage corporel
00:49:22c'est quelque chose que j'aime beaucoup
00:49:25Je cherche plus récemment
00:49:28pas à m'en séparer mais à diluer peut-être un petit peu ça pour pas
00:49:32dans la caricature de l'auteur qui fait que du combat
00:49:35je sais que ça peut mettre pas mal de gens sur le côté
00:49:38si on se dit Baptiste Pagani, c'est que de la baston
00:49:41j'ai pas envie que les gens pensent
00:49:44que parce qu'il y a du combat dans les oeuvres que je fais
00:49:47c'est forcément des cérébrés et nanar
00:49:50mais par contre je trouve que c'est très important
00:49:53de raconter plein de choses via le combat
00:49:56et du coup moi j'ai aucun problème, c'est peut-être même les choses
00:50:00il y a plein de choses qui me font peur de dessiner
00:50:03en dessin, les véhicules, les animaux
00:50:06les chevaux en particulier
00:50:09dans ma BD d'après les lames d'Ashura
00:50:12il y a des chevaux par centaines, je sais pas du tout pourquoi j'ai fait ça
00:50:15je sais pas, j'avais voulu me prouver quelque chose
00:50:18c'était une tannée
00:50:21là pour Hong Kong
00:50:24là j'avais toutes les références qu'il me fallait
00:50:27dans quel film, quel personnage mettait tel coup de pied
00:50:30à tel moment, j'avais aussi des cadrages
00:50:33qui étaient déjà tout fait à certains moments
00:50:36de savoir si on peut revoir peut-être des slides
00:50:39où il y a des trucs de cinéma, alors ça c'est dans un nanar
00:50:42elle joue dans des nanars à un moment
00:50:45celle-ci, vous voyez
00:50:48cette planche-là
00:50:51qui est juste au-dessus, c'est tiré
00:50:54c'est réinterprété, mais c'est tiré d'un film qui s'appelle
00:50:57Wheels on Mills, où il y a un affrontement entre Jackie Chan
00:51:00et Benny Urquidez dans le vrai film, là je l'ai remis dessus
00:51:03et les cadrages, c'est des cadrages quasiment intégrales du film
00:51:06parce que c'est des cadrages qui sont très bons
00:51:09pour ceux qui connaissent un peu le cinéma de Jackie Chan
00:51:12les vieux films
00:51:15je peux parler pas de vous
00:51:18ces premiers films, ceux qui sont
00:51:21au début des années 80, il y a des films qui réalisent
00:51:24comme le Marin des Mers de Chine, comme Poly Story, etc
00:51:27et c'est des films que je trouve vraiment très bien réalisés
00:51:30la caméra est super bien posée
00:51:33il y a très peu de cut
00:51:36ça c'est quelque chose auquel vous n'êtes peut-être pas forcément au courant
00:51:39mais si vous prenez un film d'action
00:51:42allez, on va essayer de pas tracher les films d'action modernes tous
00:51:45mais un film avec des acteurs
00:51:48qui ne sont pas vraiment cascadeurs de base
00:51:51on va prendre, je sais pas, Tekken avec Liam Neeson
00:51:54Tekken, vous avez une séquence de combat, il y a à peu près 28 cuts
00:51:57en une minute, enfin même pas en une minute, en 10 secondes
00:52:00il y a un truc qui est très connu sur internet, c'est Liam Neeson qui saute par dessus une palissade
00:52:03c'est cuter 7 ou 8 fois juste le fait qu'il saute par dessus
00:52:06les films de Jackie Chan, comme c'était des cascadeurs
00:52:09qui étaient prêts à tout, qui étaient extrêmement entraînés
00:52:12qui avaient tous fait l'opéra Pékin, qui étaient prêts à se fracasser
00:52:15à travers des vitres, des tables, etc, en fait la caméra
00:52:18vous pouvez la poser et filmer en plan fixe
00:52:21tout comme dans un Charlie Chaplin, tout comme dans un Buster Keaton, il s'en revendique
00:52:24lui-même de dire ça, et du coup ça vous fait des plans cinématographiques
00:52:27qui sont véritablement impeccables, et que moi
00:52:30j'ai quasiment pas réussi à retrouver récemment
00:52:33à quelques exceptions près, à savoir tous les films
00:52:36faits par des anciens cascadeurs, les John Wick, les Atomic Blonde
00:52:39tous ces films, ce renouveau du film de cascadeurs maintenant
00:52:42des films qui sont déjà cinématographiquement vachement plus intéressants
00:52:45mais en tout cas les films de la Golden Harvest
00:52:48et ces films là, il y a véritablement des...
00:52:51moi j'ai pu me régaler en prenant des screenshots
00:52:54en disant ça c'est parfait, j'ai déjà ma case, j'ai déjà le film
00:52:57le film est comme ça, et en plus ça lui rend hommage
00:53:00et je m'en aperçois, vous voyez le plan, c'est pas pour m'envoyer des fleurs
00:53:03non plus, j'en suis pas, mais le plan où la tête
00:53:06de la cascadeuse fracasse une vitre en premier plan, c'est un véritable
00:53:09plan d'un film, c'est un plan de polystorie
00:53:12que j'ai repris, et en fait je trouve que ce plan
00:53:15il marche bien, que ce soit en dessin ou en film
00:53:18donc voilà, l'un dans l'autre
00:53:21pour en revenir à la question, je me suis vraiment beaucoup
00:53:24éloigné du sujet, pour en revenir à la question de base
00:53:27non c'est vraiment quelque chose qui m'a pas du tout fait peur
00:53:30et au contraire, je leur demande encore maintenant
00:53:34Alors une des choses qu'il y a aussi
00:53:37puisqu'il y a toujours cette idée de ne pas faire un documentaire
00:53:40mais finalement d'expliquer plein de choses sur le sujet
00:53:43ça ce sont trois planches qu'il y a dans la première partie
00:53:46qui sont des planches explicatives
00:53:49donc c'est Tricks for Action Flicks
00:53:52et qui vont être suivies dans la deuxième partie
00:53:55et on voit bien comment ici on est avec le logo du Golden Path
00:53:58et ici on est avec de généralement
00:54:02de Gen Films, le Tricks for Action Flicks
00:54:05qui sont avec un code couleur différent
00:54:08avec une tonalité et un sujet qui est différent aussi
00:54:11donc il y a cette volonté toujours de très pédagogique
00:54:14Oui voilà, c'est pour accompagner mais encore une fois
00:54:17il y a en effet ce côté documentaire
00:54:20parce qu'on veut coller au sujet
00:54:23mais c'était pas le but premier du livre
00:54:26la première partie c'est Tricks for Action Flicks
00:54:29qui veut dire petites astuces pour des films d'action
00:54:32ça vous explique plein de choses qui sont évidentes
00:54:35quand on connait un petit peu le cinéma d'action congais
00:54:38les câbles, l'utilisation des câbles, ceux qui n'en utilisent pas
00:54:41l'utilisation de mettre de la magnésie de gymnaste
00:54:44sur ça c'est un truc qui a inventé par exemple Jackie Chan
00:54:47de mettre de la poudre sur les points pour quand on tape
00:54:50on voit les impacts, les impacts restent à l'écran
00:54:53on voit comment on prédécoupe certains meubles
00:54:56parce que quand le cascadeur se fracasse dedans
00:54:59il se fasse moins mal
00:55:02Spoiler aussi, ils se font extrêmement mal très souvent
00:55:05parce que chuter de 8 mètres avec juste un petit coussin dans le dos
00:55:08qui est lui-même caché par un costume
00:55:11je sais pas comment on fait pour ne pas finir en chaise roulante
00:55:14il y a beaucoup d'abnégations dans ce qu'il faisait
00:55:17mais il y a aussi plein de petits détails
00:55:20que je trouvais très intéressants à raconter
00:55:23dedans, comment on utilise des câbles
00:55:26pour dynamiser certaines scènes
00:55:29comment certains en abusent
00:55:32ça me permet d'expliquer autre chose aussi
00:55:35qui est peut-être le truc le plus fantasque
00:55:38de la bande dessinée
00:55:41Jeanne Ha, l'actrice, la cascadeuse, elle joue des rôles d'hommes
00:55:44dedans, elle double des hommes
00:55:47en réalité ça s'est quasi jamais produit
00:55:50ce qui se produit c'est très souvent l'inverse
00:55:53c'est-à-dire que des premiers rôles féminins
00:55:56étaient doublés par des mecs, très souvent
00:55:59parce que certaines actrices étaient soit assurées
00:56:02ou justement avaient des carrières de pop star en cours
00:56:05ou elles ne venaient pas de l'opéra de Pékin directement
00:56:08donc elles assuraient pas l'intégralité
00:56:11en tout cas les cascades les plus dangereuses
00:56:14elles ne les assuraient pas jusqu'au bout
00:56:17elles assuraient quand même 100 à 200 fois plus de cascades
00:56:20qu'une actrice occidentale
00:56:23à l'époque c'était quand même des actrices très rodées
00:56:26donc ça explique plein de choses
00:56:29comment on se débrouille pour arriver à fabriquer ça
00:56:32et la seconde partie qui est juste après
00:56:35qui concerne ces tricks for cheap fix
00:56:38donc ces petites astuces pour des films pas chers
00:56:41et là ça vous explique l'envers du décor
00:56:44comment faire 3 films à partir d'un seul tournage
00:56:47de comment piéger des acteurs
00:56:50avec des contrats litigieux
00:56:53de comment cramer son studio pour toucher l'assurance
00:56:56et comment quitter le pays en cas d'accident
00:56:59c'est un peu plus parodique
00:57:02je me suis beaucoup basé sur des choses que j'ai lues
00:57:05sur le site qui s'appelle Nan Arland
00:57:08que vous connaissez peut-être tous
00:57:11c'est une série vraiment hallucinante
00:57:14de réalisateurs d'escrocs
00:57:17même si chez Nan Arland
00:57:20c'est toujours des escrocs un peu plus sympathiques
00:57:23que la personne qui est dans la bande dessinée
00:57:26je trouvais ça très marrant de faire le contrepoint
00:57:29d'expliquer aussi comment on fabrique des nanars
00:57:32à la chaîne
00:57:35parce que ça a été très important
00:57:39Ces pages-là
00:57:42viennent rythmer le récit
00:57:45il y a deux parties
00:57:48je reviens à nouveau avec ces découpages
00:57:51du bouquin
00:57:54dans lequel on a des chapitres de facto
00:57:57qui se mettent en place
00:58:00avec à chaque fois en entrée une affiche
00:58:03et à la fin une de ces fiches techniques
00:58:07et les deux chapitres que j'ai mis
00:58:10sont ceux qui se terminent par la fameuse page noire
00:58:13que je n'ai pas mise ni pour l'un ni pour l'autre
00:58:16et celui qui est sur la fin
00:58:19qui est une sorte de trois petits points
00:58:22pour la suite de conclusion
00:58:25ça c'est pour le fun de rythmer comme ça
00:58:28à quel moment tu te dis
00:58:31là c'est le bon endroit pour faire une sorte de virgule
00:58:35je vais mettre aussi les fameuses affiches
00:58:38à quel moment ça arrive ça ?
00:58:41je trouvais justement que de présenter
00:58:44la vie d'une cascadeuse via sa filmographie
00:58:47c'était une bonne idée
00:58:50donc j'ai chapitré tout en fonction des films qu'elle faisait
00:58:53bon comme mauvais
00:58:56et ça fait une espèce de double partie
00:58:59assez évidente avec les très bons films au dessus
00:59:02et les très mauvais en dessous
00:59:05sauf le tout dernier
00:59:11sans raconter la fin
00:59:14donc je trouvais ça assez évident
00:59:17parce que tous les films dans lesquels elle joue
00:59:20ça correspond à plein d'étapes dans sa vie
00:59:23à la progression de sa carrière
00:59:26et à sa volonté
00:59:29dans les premiers films
00:59:32dans le project A
00:59:35elle est même pas présente sur l'affiche
00:59:38à partir du deuxième film
00:59:41elle est présente sur l'affiche mais en perso extrêmement secondaire
00:59:44elle commence à avoir un rôle un peu plus important
00:59:47à partir de 12 condors
00:59:50et à la fin avec good cop bad cop
00:59:53elle est programmée pour être l'héroïne principale
00:59:57de films nettement moins prestigieux
01:00:00que je vous laisserai découvrir si vous n'avez pas encore lu la bande dessinée
01:00:03et donc je trouvais ça assez logique
01:00:06et ça m'a permis en plus de faire appel à un ami
01:00:09qui m'a fait ces superbes illustrations d'affiche
01:00:12un illustrateur qui s'appelle Gabriel Romane
01:00:20alors ça c'était une image que tu avais donnée
01:00:23oui ça c'est une de mes collections de VCD
01:00:26que j'ai encore à mon bureau
01:00:29et j'ai réussi à identifier ça
01:00:32avec le truc très bizarre que le project A
01:00:35c'est une affiche japonaise
01:00:38l'affiche chinoise n'a rien à voir
01:00:41c'était pour les briefings à mon ami illustrateur
01:00:44donc Gabriel Romane je lui ai dit
01:00:47il dessine de manière assez photoréaliste
01:00:50donc il a pu fabriquer
01:00:53ces images à partir de briefings
01:00:56que je lui donnais
01:00:59de mélanger pas mal d'éléments
01:01:02que je lui donnais pour faire des affiches originales
01:01:05sur des films qui n'existent pas au final
01:01:11la volonté de mettre
01:01:14les fiches qu'on a vues auparavant
01:01:17donc on comprend le dispositif narratif
01:01:20qui représente ces affiches
01:01:23qui rythment un petit peu et qui suit son évolution
01:01:26mais ces choses là, à quel moment ça vient de se dire
01:01:29tiens j'ai envie, ou est-ce que c'est
01:01:32j'en ai un peu plus, je vous le mets
01:01:35j'ai ça, j'ai envie de le mettre
01:01:38un petit peu à nouveau comme ce projet
01:01:41qui n'est absolument pas un documentaire
01:01:44je vais mettre une dernière chose
01:01:47c'est ce qu'il y a à la fin
01:01:50qui est cette sorte de playlist
01:01:53si le bouquin vous a plu
01:01:56voilà ce que vous pouvez voir
01:01:59parce qu'en gros ce sont les films dont je me suis inspiré
01:02:02ça je pense que c'est mon passage au Label 619
01:02:05qui a conditionné ça
01:02:08parce que j'ai été très impressionné de travailler dans les Doggybags
01:02:11qui sont entrecoupés d'articles
01:02:14par exemple, l'histoire que j'ai faite
01:02:17le 30 pass que j'ai fait dedans, c'était sur une prison en Haïti
01:02:20avec des histoires de vaudous
01:02:23et la bande dessinée est intercalée
01:02:26entre un article sur l'état de Haïti
01:02:29l'état des prisons
01:02:32l'état carcéral
01:02:35l'état des prisons à Haïti
01:02:38le vaudou, c'est sorti en 2017
01:02:41donc c'était le vaudou en 2017
01:02:44je trouvais ça très intéressant
01:02:47ça on en revient aussi à la peur que les gens aillent trop vite
01:02:50avec les bandes dessinées, rajouter du texte aussi
01:02:53rajouter des éléments pour
01:02:56continuer à aller un petit peu plus dans l'univers
01:02:59c'est, comment dire, quelque chose
01:03:02qui est une volonté de ma part
01:03:05quand vous achetez votre bande dessinée, vous en avez pour votre argent
01:03:08parce qu'il y a quelque chose d'assez complet sur lequel on peut rester assez longtemps
01:03:11c'est pas simplement
01:03:1470 pages qu'on lit comme ça en un quart d'heure
01:03:17et la filmographie sélective à la fin, c'était très important
01:03:20parce que je dois tellement à tous ces films là
01:03:23à partir desquels j'ai fabriqué ce livre
01:03:26que je pouvais que les citer à la fin
01:03:29et surtout pour encourager un peu les gens
01:03:32s'ils ont aimé la bande dessinée
01:03:35à se défaire un petit peu de l'image cliché qu'ils peuvent avoir
01:03:38du cinéma d'action hongkongais
01:03:41je sais très bien que pour le bon nombre de gens
01:03:44les films de Broussey, c'est des bruitages un peu ridicules
01:03:47c'est des criées, c'est beaucoup de bagarres
01:03:50en fait, ces films là, il y a beaucoup d'autres choses
01:03:53et les films que j'ai sélectionnés, non seulement ce sont des films avec d'excellentes chorégraphies de combat
01:03:56mais surtout aussi des fois des histoires très bien racontées
01:03:59un très bon jeu d'acteur, une bonne photo
01:04:02une bonne réalisation, il y a des films là-dedans
01:04:05par exemple Listerne Condor, je le trouve très très bon, Millionnaire Express aussi
01:04:08The Grand Master évidemment
01:04:11de Carway, Drunken Master 2 est très très beau aussi
01:04:14il y a plein de films à regarder
01:04:17qui sont Miracles aussi, qui s'appelle chez nous
01:04:20Big Brother, merci Fabien
01:04:23qui est vraiment des films en costume
01:04:26d'époque, avec de la comédie mais pas trop lourdingue
01:04:29il y a plein de choses en fait qui peuvent amener
01:04:32à se dire, ah mais en fait j'ai vu un bon film, avec de très bons combats dedans
01:04:35mais de très bons films, les deux ne sont pas
01:04:38forcément à dissocier
01:04:41la seule limite étant, on en discutait avant la rencontre
01:04:44ensemble, la difficulté parfois à avoir accès
01:04:47à certains films, notamment tout ce qui est film classique
01:04:50que ce soit chinois, japonais, coréen ou autre
01:04:53les catalogues modernes c'est très difficile
01:04:56c'est parfois difficile de trouver tout ça
01:04:59tout à fait, je racontais justement
01:05:02avant qu'un soir avec un ami on s'est
01:05:05mis en tête de chercher ce qu'il y avait en film
01:05:08sur les divers catalogues qu'il y avait
01:05:11on n'a rien trouvé, on a fini sur un Jean-Claude Van Damme
01:05:14qui était réalisé par Genoux, donc ça restait
01:05:17un film presque hongkongais
01:05:20c'était quand même un très mauvais film, très drôle mais très mauvais
01:05:23alors moi j'ai terminé
01:05:26un petit peu avec tout ça, puisque je pense qu'on a vu
01:05:29plein de choses, sauf si tu estimes qu'il y a quelque chose
01:05:32qu'on n'avait pas vu, alors on avait discuté au départ
01:05:35de ce que tu dessines en direct, sachant que tu m'as dit
01:05:38quand je dessine je ne parle pas
01:05:41soit tu peux montrer un petit peu tes techniques
01:05:44puisque tu as amené, et si vous avez des questions
01:05:47on va voir comment on peut gérer à la fois les questions
01:05:50le dessin en même temps, ça vous va ?
01:05:53on va faire ça
01:05:56j'ai un micro ici qui marche, vous m'entendez ?
01:05:59je vais pouvoir essayer de faire un peu les deux
01:06:02donc ça veut dire que si vous avez des questions vous pouvez, c'est le moment
01:06:05alors je peux faire les deux, c'est simplement que je disais
01:06:08que c'est du mal à me concentrer, je suis un mec
01:06:11malheureusement je ne peux pas faire deux choses en même temps
01:06:14des fois c'est soit je dessine, soit je parle
01:06:17ça peut ne pas être très fluide
01:06:20mais on va essayer au maximum
01:06:23bonjour, je vais poser ma question avant que vous commenciez à dessiner
01:06:26je suis là
01:06:29vous parliez de...
01:06:32vous utilisez les techniques modernes, la palette graphique
01:06:35et que vous aimez bien revenir au traditionnel
01:06:38moi je me suis rendu compte
01:06:41à mon humble niveau, je dessine aussi sur tablette
01:06:44qu'on chope des réflexes sur tablette, notamment à pouvoir zoomer dans l'image
01:06:47on fait un personnage en pied
01:06:50et puis on veut faire le visage un peu plus en détail, donc on zoom dans l'image
01:06:53et quand on en revient au carnet de croquis
01:06:56on ne peut plus faire ça
01:06:59et c'est très perturbant, et flopper l'image
01:07:02pour voir si on ne s'est pas trompé, on ne peut plus faire ça
01:07:05je ne parle même pas du ctrl z
01:07:08c'est un drame de ne plus avoir le ctrl z
01:07:11et ça ne vous fait pas un peu peur
01:07:14de perdre un peu en maîtrise du dessin
01:07:17de prendre des mauvaises habitudes
01:07:20qui fait que donner un retour en arrière au traditionnel
01:07:23va devenir beaucoup trop compliqué ?
01:07:26non, parce que ça se réapprend quand même très vite
01:07:29au final, j'avais posé la question
01:07:32je cale le micro
01:07:35j'avais posé la question
01:07:38j'ai un ami, auteur de bande dessinée
01:07:41qui s'appelle Merwan Chaban
01:07:44qui est l'auteur de Mechanic Celeste, de La Source etc
01:07:47qui fait désormais toutes ses planches à l'aquarelle
01:07:50intégralement
01:07:53et je lui avais dit, ça me terrorise comment tu fais pour ne pas te planter
01:07:56comment tu fais quand tu te plantes ?
01:07:59il me dit, c'est simple, je ne me trompe plus
01:08:02je trouvais que c'était une bonne...
01:08:05donc il ne faut plus se tromper, il faut être assez sûr de ce qu'on fait
01:08:08mais non, il n'y a jamais rien qui est irratrapable en bande dessinée
01:08:11si vous ratez un dessin ou une case, vous la refaites
01:08:14et comment dire...
01:08:17c'est juste des...
01:08:20c'est pareil, il y a une...
01:08:23comment dire...
01:08:26une image qu'on a de penser
01:08:29que l'ordinateur fait forcément gagner du temps
01:08:32en fait il y a des gens qui vont plus vite en dessinant en traditionnel
01:08:35que sur ordi, ça ne veut rien dire
01:08:38la seule chose qui compte en fait, c'est comme vous allez avoir
01:08:41180 planches à faire, 200 ou même une centaine de planchers
01:08:44la seule chose c'est de vous sentir bien dans le process
01:08:47dans le processus de ce que vous faites
01:08:50parce que littéralement se taper un an et demi de travail
01:08:53ou comment dire...
01:08:56ou 180 planches à faire dans la souffrance
01:08:59je ne le souhaite à personne
01:09:02donc il faut vraiment prendre la chose avec laquelle vous êtes
01:09:05le plus...
01:09:08le plus à l'aise
01:09:11ça reste un marathon la bande dessinée
01:09:14il y a beaucoup de choses à faire sur du long terme
01:09:17et donc autant être le plus à l'aise avec ce qu'on fait
01:09:20possible, voilà.
01:09:24Tu disais sur Golden Pass
01:09:27quand tu nous décrivais ta manière de travailler
01:09:30il n'y a pas un moment entre la page 150 et 160
01:09:33où ce système de je dois imprimer, j'ancre etc
01:09:36et je remets la couleur, ça t'a posé un problème
01:09:39où tu t'es dit je vais échanger, je vais tout recommencer parce que ça sera plus facile ?
01:09:42Non, heureusement ça ne m'est pas arrivé
01:09:45à la page 160, il y a des tests qu'on fait au début
01:09:48quand on envoie un dossier à l'éditeur, on teste
01:09:52et puis ensuite c'est venu
01:09:55rencontrant d'autres gens, voyant comment ils bossaient
01:09:58je me suis dit tiens, j'ai peut-être essayé de travailler
01:10:01de cette manière
01:10:04en général on se débrouille pour que tout soit calé au début
01:10:07et qu'on reste collé à une technique
01:10:10et ne surtout pas changer en plein milieu
01:10:13je sais que ça arrive à certains dessinateurs
01:10:16mais de base
01:10:19il vaut mieux éviter
01:10:23Bonjour
01:10:26est-ce que c'est important d'avoir eu ce retour de Run
01:10:29pour ce bouquin ? Je l'ai entendu plusieurs fois dans l'interview
01:10:32j'ai l'impression que ça fait partie de son approche
01:10:35de mettre un peu à l'étrier sur des jeunes auteurs
01:10:38les aider, de leur faire des retours
01:10:41de faire ce travail d'éditeur via ce qu'ils ont fait sur Doggy Bags
01:10:44mais aussi sur d'autres bouquins, maintenant j'ai l'impression qu'il y a
01:10:47aussi dans cette approche-là avec Rue de Sèvres
01:10:50et le Label 119
01:10:53Oui, c'est un truc qui est commun au Label
01:10:56qui vient de Run à la base et il y a un véritable travail
01:10:59de suivi éditorial
01:11:02qui est très important
01:11:05et qui est un
01:11:08travail d'accompagnement
01:11:11pour les jeunes auteurs, peut-être des fois ceux qui sont un peu plus
01:11:14je confirme aussi qu'il y a très souvent des échanges entre les auteurs du Label
01:11:17pour savoir si le script est bon, comment ça va être perçu
01:11:20sans non plus que ce soit trop invasif
01:11:23moi ça n'a jamais été invasif le travail de Run
01:11:26c'était simplement comment je vois, comment je pourrais améliorer
01:11:29ce que tu as fait, etc.
01:11:32moi j'ai trouvé que c'était que des bonnes idées, et en effet moi c'était ma première BD
01:11:35il y en avait déjà plusieurs à son actif, donc moi je choisis de faire confiance en général
01:11:38si j'avais pas été d'accord
01:11:41je ne l'aurais pas fait
01:11:44c'est des choses très importantes et je trouve même que c'est un travail
01:11:47que je n'ai pas retrouvé des fois chez d'autres éditeurs
01:11:50c'est plutôt la question, je la retournerai à l'inverse
01:11:53et pourquoi ce n'est pas le cas dans d'autres maisons d'édition
01:11:56la différence également c'est que Run est un auteur
01:11:59est un dessinateur, et c'est assez rare aussi d'avoir des maisons d'édition
01:12:02où l'éditeur
01:12:05est lui-même ou était lui-même un dessinateur
01:12:08ça change vraiment beaucoup de choses
01:12:18Pour ceux qui peuvent reconnaître
01:12:21je dessine l'héroïne Jean A
01:12:24qui est inspirée d'un film qui s'appelle
01:12:27My Lucky Stars, pour ceux qui connaissent
01:12:30en français c'est Le Flic de Hong Kong
01:12:33qui est un film assez moyen
01:12:36qui a beaucoup de comédie potache
01:12:39un peu lourdingue comme on en faisait à l'époque
01:12:42mais avec d'excellents combats
01:12:45d'excellents scènes de combat dont une avec une actrice
01:12:48qui s'appelle une cascadeuse également japonaise
01:12:51comme Yukari Yoshima qui s'appelle Michiko Nishiwagi
01:12:54et qui est également un peu bodybuildeuse
01:12:57et je me suis beaucoup inspiré
01:13:00de ce personnage et de cette actrice
01:13:03pour dessiner cette scène qu'il y a dans Golden Pass
01:13:06qui est une scène assez marquante
01:13:12où encore une fois Jean A joue le rôle d'une méchante
01:13:18Quand tu dessines tu mets de la musique, tu mets de la radio ?
01:13:21Des podcasts beaucoup, pas mal d'émissions de jeux vidéo
01:13:24je vais pas vous mentir
01:13:27des podcasts, des émissions, des twitchs de temps en temps
01:13:30ça occupe beaucoup
01:13:33des documentaires artés
01:13:36il y en a eu un sur Jackie Chan il n'y a pas très longtemps
01:13:39je ne sais pas si vous l'avez vu
01:13:42beaucoup de documentaires
01:13:45je suis très souvent au casse
01:13:48je partage un atelier avec des camarades
01:13:51qui font de la BD, certains d'autres
01:13:54il y a des architectes, des designers produits etc
01:13:57il y a beaucoup de gens qui sont au téléphone tout le temps
01:14:00on fait beaucoup de réunions
01:14:03c'est très important d'être au casse
01:14:06et d'écouter des choses pour se concentrer
01:14:09sur ce qu'on est en train de faire
01:14:12moi c'est mon cas pour le coup
01:14:15Bonjour j'ai une question
01:14:18moi en ce moment je suis en étude d'animation
01:14:21et on me dit très souvent que pratiquer certains sports
01:14:24ça aide vachement à comprendre
01:14:27la manière dont on peut transmettre
01:14:30les mouvements dans le dessin
01:14:33ma première question c'était si vous pratiquez les arts martiaux
01:14:36ou pas ?
01:14:39pas du tout, j'ai fait un an de Viet Vodao avec un ami
01:14:42qui était prof, ça m'a beaucoup plu
01:14:45mais je n'ai jamais vraiment continué
01:14:48parce que je crois que le club a fermé entre temps
01:14:51je me suis jamais battu de ma vie
01:14:54j'ai peur des coups, j'aime pas la violence
01:14:57c'est assez contradictoire par rapport au fait
01:15:00de dessiner tout le temps du combat
01:15:03mais oui, en effet
01:15:06pratiquer ou au moins aller voir des gens qui pratiquent en vrai
01:15:09depuis le début je vous dis très souvent
01:15:12que je fais la pause sur des films
01:15:15mais rien ne vaut aller regarder
01:15:18des entraînements de Taekwondo, Kung-Fu
01:15:21Tai-Chi, même j'ai envie de dire d'autres sports
01:15:24par exemple le golf, vous pouvez aller regarder du golf
01:15:27il n'y a rien de plus compliqué à dessiner qu'un swing de golf
01:15:30parce qu'on tord vraiment le corps dans tous les sens
01:15:33avec le bassin, par contre ça vous fait comprendre
01:15:36pas mal de choses sur
01:15:39le transfert de force
01:15:42vous êtes étudiante en animation
01:15:45là j'ai fait une année de préparation
01:15:48à l'atelier de Sèvres
01:15:51en cinéma d'animation
01:15:54donc l'année prochaine je vais étudier en première année
01:15:57à l'école Émile Col
01:16:00le sport en général
01:16:03un des trucs le plus important c'est de comprendre
01:16:06les transferts de poids, les transferts de force
01:16:09quand tu dessineras un personnage
01:16:12je prends un exemple vraiment bidon
01:16:15un footballeur qui met un coup de pied dans un ballon
01:16:18le limite le plus important
01:16:21c'est pas comment le pied touche le ballon
01:16:24ou quel est l'angle
01:16:27c'est simplement comment sont positionnés les bras
01:16:30comment est positionnée la tête
01:16:33pour donner de la force dans des choses
01:16:36il faut transférer du poids
01:16:39le golf c'est vraiment un des meilleurs exemples
01:16:42pour ceux qui ont déjà fait du golf
01:16:45quand vous arrivez à frapper une balle correctement
01:16:48c'est à dire une fois sur 200
01:16:51quand ça passe vous apercevez que la balle vous l'envoyez à des kilomètres
01:16:54alors que vous n'avez pas forcément forcé plus que ça
01:16:57et ça c'est la magie du transfert de poids et de force
01:17:00et ça je pense que c'est un des principes d'animation
01:17:03si tu arrives à mettre ça dans l'énergie de tes personnages
01:17:06ça fera des très bonnes animations
01:17:09et des choses où on y croira
01:17:12moi c'est à chaque fois ce que j'essaie de faire
01:17:15quand je dessine des mouvements de Kung Fu
01:17:18vous voyez ce que je vous disais
01:17:21je suis en train de parler sérieusement et j'ai pas avancé du tout mon dessin
01:17:24donc c'est vraiment l'enfer
01:17:27comme quoi je suis vraiment incapable de faire deux choses en même temps
01:17:30merci pour ce conseil
01:17:36sachant que j'ai jamais fait d'animation
01:17:39je suis de formation, je suis storyboarder
01:17:42mais dans la publicité
01:17:45j'ai jamais eu la chance de travailler dans les studios d'animation
01:17:48ou alors très peu pour des courts métrages
01:17:51je vais vous stopper encore
01:17:54pas de problème
01:17:57moi j'ai pas lu la BD
01:18:00mais en voyant un peu les screenshots
01:18:03j'ai trouvé que la colorisation un peu aquarelle
01:18:06moi m'a fait penser pas mal aux premières pages
01:18:09colorisées qu'il peut y avoir dans Ghost in the Shell
01:18:12c'est très gentil merci
01:18:15il y a pire comme comparaison
01:18:18mais en même temps c'est pas une aquarelle
01:18:21très pastel
01:18:24il y a quand même des couleurs qui sont assez marquées, assez fortes
01:18:27ça m'a évoqué ça et finalement
01:18:30vous avez un style de dessin
01:18:36qui a une petite fragilité je trouve
01:18:39et qui m'évoque aussi un peu le dessin
01:18:42je suis désolé j'ai bouffé son nom
01:18:45Chiro
01:18:48je sais pas si c'était une référence pour vous
01:18:51Chiro c'est un des dessinateurs favoris
01:18:54merci déjà pour cette comparaison
01:18:57le côté fragile du dessin chez Chiro
01:19:00je le vois pas vraiment parce que moi je trouve que c'est vraiment un dessinateur
01:19:03excellentissime et extrêmement solide
01:19:06au contraire je le vois pas du tout
01:19:09en fait c'est pas péjoratif quand je dis fragile
01:19:12c'est-à-dire qu'il y a de pas forcément faire de la ligne claire
01:19:15oui je le vois il y a ce côté un petit peu crayonné
01:19:18et puis s'il y a une petite erreur de symétrie
01:19:21c'est pas très grave
01:19:24on y gagne en humanité, en dynamisme
01:19:27c'est pas forcément volontaire que j'ai repris cette chose là
01:19:30mais je suis vraiment très influencé
01:19:33ça fait partie des dessinateurs qui m'influencent le plus
01:19:36avec peut-être Yoshitaka Amano
01:19:39le chara designer des Final Fantasy
01:19:42qui a un dessin lui aussi
01:19:45dans un style où en effet on a l'impression
01:19:48que même s'il y a des choses qui sont fausses c'est pas grave
01:19:51c'est pas le but du dessin que tout soit parfait
01:19:54moi je suis un peu dans cette mouvance là
01:19:57le problème quand vous êtes dans cette
01:20:00d'assumer cette position là
01:20:03c'est qu'après vous êtes pas à l'abri
01:20:06de critiques
01:20:09de la part de gens qui consomment de la BD
01:20:12de manière à peu près traditionnelle et normale
01:20:15de dire ah bah le dessin il est pas fini
01:20:18on peut vous coller cette étiquette de
01:20:21ah c'est pas très bien dessiné
01:20:24moi c'est quelque chose avec laquelle j'essaie de me débattre un peu
01:20:27parce que j'ai envie de m'améliorer évidemment
01:20:30mais j'ai pas non plus envie de changer
01:20:33de sacrifier le côté
01:20:36spontané de mon dessin
01:20:39le côté presque première intention des fois
01:20:42pour aller dans quelque chose, si je dessine mieux
01:20:45ça va faire quelque chose d'un peu plus figé
01:20:48et au final peut-être on va s'embêter, moi je vais m'embêter
01:20:51surtout le spectateur va s'embêter
01:20:54donc il y a un entre deux à trouver là dedans
01:20:57c'est presque le chemin que je cherche
01:21:00en tout cas en dessin
01:21:03et je cherche à m'améliorer un peu dans ce sens là
01:21:06mais également dans les critiques positives et négatives que j'ai eues
01:21:09c'est que oui des fois certaines cases peuvent être un peu inégales
01:21:12tout est au service de la narration et ça ça me fait plaisir
01:21:15moi c'est vraiment la chose qui importe le plus
01:21:18je préfère avoir un livre qui se raconte très très bien et qui se lit très très bien
01:21:21et qui soit des fois un petit peu moins poli chose en tournure
01:21:24que l'inverse, qui a un dessin parfait
01:21:27mais au final la BD est un art book
01:21:30et on s'en fiche de la narration
01:21:33donc peut-être que ça je tiens ça
01:21:36de dessinateur comme Chirot en effet
01:21:40Je trouve amusant la référence à Chirot
01:21:43parce qu'en tant que lecteur de bande dessinée
01:21:46moi je pense à Akira d'un côté
01:21:49au tomo et puis Chirot effectivement
01:21:52dans lequel pour les deux je trouve il y a un vrai choc de la ville
01:21:55et Hong Kong c'est le choc de la ville
01:21:58c'est une ville qui a pendant un moment été coincée
01:22:01qui a construit, ça grouille
01:22:04il fait une température, il fait une chaleur effroyable
01:22:08quand on est à Hong Kong avec 90% d'humidité
01:22:11c'est insupportable
01:22:14et puis surtout une ville qui s'échelonne
01:22:17entre le bord de la baie qui est extrêmement riche
01:22:20et puis on monte et ça devient pauvre
01:22:23moi je suis allé à Hong Kong et on commence sur le bord
01:22:26et on avance un petit peu avec mon ego boost
01:22:29et on est tombé sur un marché chinois où vous avez de la viande
01:22:32qui est posée comme ça sur les états, il n'y a pas un frigo en vue
01:22:36vous avez des gens qui sont en train de couper les poissons en deux
01:22:39il y a le coeur qui bat encore, il y a quelqu'un qui est en train de laver des anguilles
01:22:42dans un seau, le seau, l'eau elle est noire
01:22:45c'est quelque chose d'assez fascinant
01:22:48et j'ai cette vision d'un vélo qui était garé
01:22:51c'était un vélo pour trimballer des bonbonnes de butane
01:22:54vous voyez les grosses bonbonnes, en fait il y en avait deux devant
01:22:57deux derrière et une posée
01:23:00et on se dit on est à 200 mètres au plus bas
01:23:03il y a des gens qui sont en train d'essayer de vous vendre
01:23:06des Patek Philippe ou des montres
01:23:09forcément authentiques
01:23:12au milieu des banques
01:23:15des plus grandes banques du monde
01:23:18et puis vous arrivez là et là vous avez un type qui va visiblement livrer
01:23:21des bonbonnes de butane avec son vélo
01:23:24il y a ce contraste qui est absolument fascinant
01:23:27je peux comprendre la fascination
01:23:30en tant que dessinateur c'est quelque chose
01:23:33il y a des scènes et des micro-scènes toutes les 5 minutes à dessiner
01:23:36après quand on parle de et Otomo et de Chiro
01:23:39je les mets vraiment tous les deux à l'opposé
01:23:42justement en termes de dessin
01:23:45Otomo c'est quelqu'un que j'adore, qui est mythique
01:23:48Akira c'est mythique, mais c'est trop mythique et c'est trop parfait
01:23:51du coup c'est presque quelqu'un qui ne me donne pas envie de dessiner
01:23:54tellement c'est parfait, tellement c'est inégalable
01:23:57je suis beaucoup plus attiré par des planches de Chiro
01:24:00moi c'est peut-être mes dessinateurs préférés
01:24:03ceux qui me disent, ah tiens, vas-y
01:24:06c'est faisable de dessiner comme eux, mais s'il y a de l'encouragement
01:24:09Otomo ça encourage absolument pas
01:24:12parce que c'est presque trop de pression
01:24:15on sent presque trop l'atelier, c'est parfait en tout point
01:24:18il n'y a zéro faute nulle part
01:24:21et ça reste vraiment un dessinateur mythique
01:24:24tout comme Miyazaki
01:24:27enfin non, Miyazaki c'est autre chose encore
01:24:30mais dans ce côté dessinateur parfait
01:24:33moi je suis des fois moins attiré par ça
01:24:36des fois je préfère avoir des choses un peu plus fragiles
01:24:39mais qui laissent une porte ouverte
01:24:42là où il y a certains dessinateurs
01:24:45où ils vous expliquent, moi j'ai fait ça
01:24:48ce sera la norme, tellement c'est fort
01:24:51ça me donne un peu moins envie
01:24:57j'ai l'impression aussi que cette imperfection
01:25:00c'est quelque chose que tu apprécies beaucoup dans le cinéma de Hong Kong
01:25:03oui, tout à fait
01:25:06beaucoup moins lisse
01:25:09sur certains points comme je disais
01:25:12il y a des films que je vais adorer
01:25:15un de mes réalisateurs hongkongais favoris c'est Johnny To
01:25:19je ne suis pas sûr que ce soit ses meilleurs films
01:25:22qui soient mes préférés, je ne sais pas comment expliquer
01:25:25peut-être que dans la filmographie la plus connue qu'il y a
01:25:28c'est Élections 1 et 2 qui sont considérés comme des films
01:25:31les plus présentables à Cannes
01:25:38Élections 1 et 2 qui est un film merveilleux
01:25:41mais un de mes films favoris de Johnny To c'est Pity You
01:25:44qui est un film qui est véritablement loin d'être parfait
01:25:47il y a tellement de choses hyper généreuses dans ce qu'il raconte
01:25:53j'ai ce côté aussi où un artiste
01:25:59il faut toujours montrer que ce soit un peu accessible
01:26:02au contraire, je trouve que les gens les plus forts
01:26:05c'est ceux qui me donnent envie de faire comme eux
01:26:08alors que c'est impossible d'être aussi fort qu'eux
01:26:11mais il y a au moins ce côté
01:26:14et la transmission de choses
01:26:17si on montre quelque chose de techniquement parfait et d'hermétique
01:26:20au final à quoi ça sert ?
01:26:23je ne suis pas du tout en train de dire qu'Akira ça ne sert à rien
01:26:26c'est tout l'inverse
01:26:29mais ça c'est un rapport purement perso
01:26:32que j'ai avec l'art en général
01:26:38et le dessin
01:26:41on est arrivé à un terme
01:26:44et tu es attendu pour une dédicace
01:26:47si vous voulez continuer à échanger avec Baptiste
01:26:50il va y avoir une dédicace à côté
01:26:53tenue par les gens de l'excellente librairie Superhéro
01:26:56Baptiste, merci beaucoup
01:26:59de t'être prêté à l'exercice
01:27:02merci à vous pour votre écoute
01:27:05merci d'être venu
01:27:08et je vous souhaite de plus en plus de choses dans le programme lié à Hong Kong
01:27:11merci Xavier

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