Face à l'actualité politique très chargée de ces dernières semaines, la santé mentale des Français est directement impactée. Le docteur Kierzek nous donne ses conseils pour mieux gérer ses angoisses.
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00:00Mon cher Docteur Kiersek, toute cette actualité mine les Français,
00:03quelles que soient leurs opinions d'ailleurs.
00:05Je ne les invente pas, vous avez envoyé beaucoup de messages
00:07pour dire qu'en ce moment, c'était un peu dur avec les mauvaises nouvelles
00:09qui s'enchaînent depuis des mois et des mois.
00:11Il y a les élections, mais pas que.
00:15Comment on fait pour s'en préserver ?
00:16C'est sympa quand vous dites des mois, parce qu'on pourrait dire des années quand même.
00:18Covid, l'Ukraine, le Proche-Orient, là, les élections avec un climat.
00:21Avec les gilets jaunes, tout ce qui était pesant et tout ce qu'on a besoin de prendre sur les épaules.
00:25Il y a un climat et on voit que la campagne, elle est beaucoup sur les peurs
00:27et tout ça, ça pèse et ça nous met dans un état de stress chronique.
00:30Alors heureusement, il y a des dessinateurs de presse,
00:32il y a des choses avec de l'humour, on arrive à prendre un peu de distance.
00:36Mais en fait, ce stress chronique, on en a des symptômes qu'on n'identifie pas toujours.
00:39Alors nous, on le voit dans les cabinets ou aux urgences, ce stress chronique,
00:42ça peut être une fatigue, ça peut être des difficultés d'endormissement,
00:45mais ça peut vraiment se manifester par ce qu'on appelle des troubles somatiques.
00:48C'est votre corps qui, à un moment donné, va parler des maux de tête, des vertiges,
00:52des palpitations, votre tube digestif qui ne va pas bien.
00:54Oui, ça peut être effectivement un prurite.
00:57Et puis, plus on pousse sur ce stress chronique,
00:59plus on a de l'irritabilité, un sentiment d'impuissance ou de désespoir.
01:04Et on peut même arriver à une espèce d'isolement, on évite les interactions sociales.
01:09Et ce n'est pas toujours évident.
01:10Alors, parfois, on fait le lien avec le stress chronique,
01:12mais parfois, on ne fait pas le lien avec le stress chronique.
01:15Et donc, c'est important quand même de rattacher ces symptômes.
01:17Évidemment, de consulter et d'éliminer quelque chose de somatique que le corps va bien.
01:22Et après, une fois qu'on a rattaché à cet état de stress chronique,
01:24il faut essayer de prendre un peu de recul sur les événements.
01:27Gaël, quand on est sondeur, on a tout ça à la fois en ce moment ?
01:29Comment ça se passe pour vous ?
01:30Non, mais c'est exactement ce qu'on voit dans les sondages sur l'angoisse des Français
01:35depuis maintenant, effectivement, deux ans.
01:36Le moral qui est défaillant, enfin, c'est vraiment inquiétant.
01:40Et puis, quand on est sondeur, on apporte les mauvaises nouvelles.
01:43Justement, comment on fait quand on sent vraiment que l'angoisse nous gagne
01:47pour limiter les effets de l'anxiété ?
01:49On prend un peu de recul.
01:50Se tenir informé, c'est bien.
01:51En revanche, on peut limiter l'information, on peut limiter la consommation d'informations.
01:55Moi, j'ai un truc, c'est-à-dire que vous regardez télé le matin,
01:57vous avez des journaux toutes les 30 minutes, c'est bien.
01:59Ce n'est pas la peine de se dépasser en continu, si vous voyez ce que je veux dire,
02:03sur certains médias qui sont vraiment en boucle sur les sujets.
02:07Il faut se décentrer aussi.
02:08Quand il y a une activité anxiogène, on va plutôt se décentrer de cette activité
02:12et aller sur une autre activité un peu plus sympa.
02:14Ou être utile, avoir un sentiment d'utilité.
02:17Par exemple, on peut s'engager dans des associations.
02:19Il y a toujours des gens malheureux qui ont besoin d'aide.
02:21Cela peut permettre non seulement de se reculer de l'actu,
02:24mais en plus d'avoir ce sentiment d'utilité.
02:26On va gérer le stress.
02:27Vous savez que je suis un grand adepte de l'auto-hypnose.
02:29On a des petites applications gratuites d'auto-hypnose, de méditation,
02:32de ce que vous voulez, de sport, de musique.
02:34Et ça, c'est important.
02:35Et puis la fameuse routine, parce que si on est scotché devant sa télé,
02:38on rumine, on a ses pensées qui tournent en boucle dans la tête,
02:41on dort mal, on a une mauvaise alimentation, on est sédentaire.
02:44C'est l'inverse de la routine qu'il faudrait.
02:45Il faut au contraire essayer de bien dormir.
02:47Donc on coupe un peu la télé, on s'alimente correctement,
02:50moins de sucre, moins de gras et on bouge.
02:52Et ça, c'est extrêmement important.
02:53Et puis, si vraiment, ça dépasse le cadre de ce qui est acceptable,
02:56si vous sentez que ça ne va pas,
02:57allez consulter un professionnel de santé, votre médecin généraliste,
02:59par exemple, qui est le bon interlocuteur,
03:01pour essayer de faire la part des choses entre ce qui est psychologique,
03:04un peu lié à l'angoisse ou ce qui est lié à votre corps.
03:07Il y a aussi ceux qui en question, sans rien dire.
03:09Par exemple, les enfants, les ados, qu'est-ce qu'il faut faire avec eux ?
03:12Comment il faut les surveiller ? Comment on gère tout ça ?
03:15Pour les ados, les enfants,
03:16l'idée, c'est de renforcer un peu ce sentiment de sécurité.
03:18Ils se sentent en insécurité.
03:20Plus c'est anxiogène à l'école, avec les discussions avec les camarades,
03:24quand on allume la télé.
03:25Ça va être la guerre.
03:26Il va faire 65 degrés dans dix ans et peut-être qu'on n'aura pas de travail.
03:30Il faut justement essayer de les rassurer.
03:31On les rassure comment ? En maintenant une routine rassurante.
03:34Le fait d'avoir des horaires réguliers,
03:36de faire des activités en commun avec sa famille.
03:38Tout ça, ça participe à un cadre qui est rassurant.
03:40On va aussi les encourager à avoir un dialogue.
03:43On va discuter avec.
03:44On va les encourager à avoir une expression de leurs inquiétudes,
03:47parce que parfois, ils vont garder pour eux.
03:48L'idée, c'est de pouvoir dialoguer autour de ce qu'on voit à la télé,
03:52mais ce qu'on peut lire aussi.
03:54Attention aux réseaux sociaux, attention notamment pour les ados.
03:56Il y a beaucoup de choses qui tournent.
03:58On a vu qu'il y a des fake news, mais il y a aussi des informations anxiogènes.
04:01Et puis, là aussi, on va limiter l'exposition aux médias.
04:03Je crois que c'est vraiment important.
04:04Et puis, tout ce qui est activité créative, le dessin ou autre.
04:07Mais ça, c'est super parce que ça leur permet non seulement d'exprimer des choses.
04:12D'exprimer, il y a un côté un peu cathartique, vous savez,
04:16à sortir des choses par le dessin.
04:18Et puis surtout, ça leur permet de créer, de faire autre chose
04:20et de favoriser des interactions sociales qui sont positives.
04:22L'idée, c'est de voir des gens, mais de les voir pour des choses qui sont positives.
04:25Et si vraiment, ça ne va pas.
04:26Et si votre enfant a plus de 3 ans, il y a un dispositif qui a été élargi
04:29qui s'appelle Mon soutien psy.
04:31Vous savez, c'était quelques séances chez un psychologue.
04:35Et depuis le 15 juin, il y a une première consultation chez le psy.
04:37Vous allez sur mon soutien psy.amélie.fr.
04:41C'est gratuit, c'est le site de l'assurance maladie.
04:43Il y a une première séance qui est une séance d'évaluation.
04:45Et puis après, il peut y avoir de 1 à 11 séances prises en charge
04:49pour les plus de 3 ans.
04:50Et ça peut être un coup de pouce intéressant quand ça ne va pas.
04:53En tout cas, on ne prend pas tout ça à la légère.
04:54Merci beaucoup, docteur.