Législatives : "Quand il y a des enjeux, les Français se mobilisent"

  • il y a 4 mois

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00:00et nous pouvons déjà vous donner un premier chiffre, Brigitte.
00:02Oui Raphaël, le chiffre de la participation de notre partenaire Ipsos Talent
00:09pour cette soirée, ce premier tour des élections législatives anticipées, 65,5%.
00:17On va regarder par rapport à 2022, premier tour des élections législatives 2022, 47,5%.
00:26Pierre Latry, on est 18 points au-dessus du chiffre de 2022 d'il y a deux ans,
00:31ce qui montre un très fort regain de participation, de mobilisation de la part des Français.
00:36Oui absolument, on a vu en toute la campagne un intérêt très important pour ces élections législatives,
00:41beaucoup plus important qu'en 2022, évidemment c'est lié au contexte très particulier,
00:46ça a suivi une dissolution, ce n'est pas après une élection présidentielle
00:49ou depuis l'inversion du calendrier, depuis les élections de 2002,
00:53les élections législatives arrivent après l'élection présidentielle
00:55et donc elles viennent en général confirmer le résultat,
00:57donc ça suscite un intérêt moindre et une abstention plus forte.
01:00Là évidemment il y a beaucoup plus d'enjeux, il y a une possibilité d'alternance
01:04et du coup ça crée un intérêt très important chez les Français
01:07et donc on voit cette importante hausse de la participation.
01:10Il faut rappeler qu'en 2022 le chiffre était aussi particulièrement bas.
01:13Oui absolument, c'était le record sur les dernières années,
01:16donc voilà, effectivement on avait des chiffres de plus en plus bas
01:20élection législative après élection législative et là ça vient inverser complètement la tendance,
01:23mais encore une fois c'est dans un contexte qui est très différent.
01:25Et quelle référence on pourrait avoir dans l'histoire des premiers tours des élections législatives ?
01:30Sans doute 1997, puisqu'il y avait aussi une dissolution,
01:33où le taux de participation était à 68% au premier tour, donc un peu supérieur,
01:36mais enfin on est quand même dans des participations assez proches
01:39et donc on voit effectivement quand il y a une dissolution et qu'il y a un enjeu important,
01:42ça remobilise les Français sur ces élections.
01:45Que traduire un tel niveau de mobilisation, un tel sursaut aux infos ?
01:49Justement l'importance pour les Français d'aller voter,
01:53c'est-à-dire qu'ils ont ce droit et aujourd'hui ce droit, ils s'en servent.
01:57Alors soit effectivement pour, ils se mobilisent, on va dire,
02:02soit par l'espoir de l'alternance pour certains, soit par peur pour les autres.
02:08Mais c'est la capacité en tout cas de faire état de son droit de vote,
02:12sa volonté de changer, parce qu'on est à un moment effectivement de basculement.
02:17Je crois qu'on ne pourra pas, il me semble, mais vous me dites si je me trompe,
02:21qu'on ne pourra pas comparer avec les autres dissolutions et autres législatives.
02:25Un, parce que c'était, les présidents pouvaient se représenter,
02:28ce qui n'est pas le cas d'Emmanuel Macron.
02:31Et puis la référence, effectivement, il y a 97 sur la participation,
02:38mais aussi 2002 où Jean-Marie Le Pen est arrivée qualifiée pour le second tour.
02:44La décision d'Emmanuel Macron de dissoudre a surpris, les Français ne l'attendaient pas,
02:49beaucoup même l'ont fortement critiquée, pourtant on les voit se mobiliser.
02:51Aujourd'hui, c'est tout le paradoxe.
02:53Oui, alors justement, les Français, en tout cas, si on regarde l'Ipsos par exemple,
03:01elle n'est pas comprise à 56 %, donc il y a un climat quand même totalement d'incompréhension
03:08chez les Français, ce que ce sont pourtant effectivement,
03:12c'est le paradoxe, qui pourtant se sont déplacés.
03:16Jean Garrigue, on voit que là, les Français ont saisi finalement l'enjeu
03:20qui était devant eux avec cette élection.
03:23Ça veut dire qu'il y a un regain d'intérêt aussi pour la politique,
03:26pour la chose publique, ils savent se mobiliser ?
03:28Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu un véritable fossé entre les Français et la politique,
03:34un fossé entre les Français et la manière dont fonctionne aujourd'hui le système politique.
03:40On voyait bien que les élections législatives étaient devenues de plus en plus
03:44des élections de validation de l'élection présidentielle,
03:47notamment depuis la révision de 2000.
03:49Il faut bien voir que les élections législatives, elles ont des forts taux de participation
03:53quand les Français ont l'impression qu'il va se passer quelque chose,
03:56que quelque chose de fort est en jeu.
03:58Ce n'est pas un hasard si l'élection des législatives qui ont eu le plus fort taux de participation,
04:04c'est très loin, c'est en 1936, parce qu'en 1936, vous aviez Front populaire
04:09contre ce qui s'appelait à l'époque d'ailleurs un Front républicain, la droite conservatrice.
04:13Et cette menace fasciste qui planait à l'époque...
04:16Plus récemment, en 1997, en 2002, quand il y a eu des enjeux, les Français ont répondu très vite.
04:21Quand il y a eu des enjeux, les Français se mobilisent, ce qui prouve bien,
04:24mais tout le monde le sait, nous sommes un peuple politique,
04:26on est intéressé par la chose politique.
04:30Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a ce qu'on appelle la fatigue démocratique,
04:34il y a depuis des années une coupure, une rupture du pacte de confiance entre les Français et leurs élus,
04:41et donc ça entraînait ces phénomènes d'abstention.
04:43Mais là, vous avez ce phénomène de dramatisation,
04:45qui est entraîné par une dissolution surprise, quelque chose qu'on n'attendait pas.
04:50Ça, c'est le premier élément.
04:51Deuxième élément, un combat front contre front.
04:55D'un côté, un rassemblement national qui combat l'extrême-gauche et la Macronie,
04:59de l'autre côté, ce nouveau Front populaire qui se reconstitue en quelques jours,
05:04pour combien de temps, c'est une autre affaire,
05:06et puis vous avez, au cœur de ça, un jeu central qui est totalement déboussolé
05:12par une décision qu'ils n'attendaient pas de leur leader, c'est-à-dire d'Emmanuel Macron.
05:17Donc tous ces éléments-là font une dramatisation terrible sur fond de crise,
05:21sur fond de perception de crise économique, de ce qui se passe en Ukraine, etc.
05:27Donc vous avez tous les éléments pour qu'il y ait justement ce redressement de la participation.
05:33Anne-Charlene Bézina, décision inattendue du président de la République
05:37sur fond de tripartition de la vie politique qui rend particulièrement difficile,
05:40il faut bien le dire, la lecture et l'anticipation de ce que va donner ce scrutin.
05:45Ce sont là les ingrédients d'un sursaut de cette mobilisation, d'après vous ?
05:49Sûrement, mais je crois aussi qu'on fait mentir ici un vieux dogme politique
05:53qui consiste à dire qu'il ne faut pas trop solliciter souvent le peuple aux urnes
05:56parce qu'il s'essouffle, en quelque sorte.
05:58Eh bien, les Français nous montrent aujourd'hui que non.
06:01Ça fait à peine deux ans qu'on a eu une élection législative.
06:04Ça fait quelques semaines que nous avons eu une élection européenne
06:07et pourtant les Français savent être au rendez-vous.
06:10Je rejoins largement ce qui a été dit sur la scénarisation,
06:12c'est-à-dire qu'au fond, quand les enjeux sont présents,
06:15quand quelque chose se joue réellement, eh bien on n'a pas ce gap de la participation.
06:20Il ne faut pas oublier que depuis l'inversion de notre calendrier, depuis 2000,
06:23les législatives sont vécues comme des élections de confirmation,
06:26comme des élections, finalement, qui favorisent la reconduction
06:30par absence, finalement, d'enjeux.
06:32La campagne est très courte, elle est généralement avalée par l'enjeu présidentiel
06:37et ici, l'idée qu'au bout de deux ans, on redonne la parole au peuple,
06:41eh bien finalement, ça les amène à choisir leur destin.
06:44La constitutionnaliste que je suis est aussi particulièrement sensible
06:48au fait que cette dissolution, elle est tout à fait inattendue,
06:51elle intervient dans un moment qui est tout à fait inattendu aussi.
06:55On l'avait dit, cette dissolation pourrait arriver depuis le départ, depuis 2022
06:59et là, cette idée qu'il y a un moment qui était relativement creux
07:02pouvait faire craindre dès le départ qu'il y ait justement une absence de participation.
07:06On avait pu, même dans les partis politiques,
07:07se compter un petit peu sur le fait qu'étant donné qu'on suivait une européenne,
07:11on était à l'aube de l'été, eh bien il y aurait peu de participation.
07:14Donc ça prouve au fond que les Français sont bourrés de surprises aussi
07:17et que cet enjeu a marqué l'opinion.
07:19Finit la crise de la représentativité dont on parle depuis des années pourtant ?
07:23Alors, ce qui est sûr, c'est qu'au vu de l'ajout de politique
07:26qui va sûrement se jouer à l'issue de ces urnes,
07:28il y aura une forte légitimité du parti qui sortira vainqueur
07:32de ce deuxième tour des législatives
07:34parce que la participation ayant connu ce sursaut,
07:37ça prouve que c'est véritablement la voix des Français qui aura été entendue.
07:40L'érosion de la base élective a longtemps permis des mal élus,
07:46des présidents décriés, etc.
07:49Et c'est vrai qu'ici, on aura affaire à une Assemblée nationale
07:53particulièrement légitime en termes de base électorale
07:56dans tout le territoire.
07:57C'est toutefois, on a une majorité qui sort effectivement de ces urnes.
08:02C'est-à-dire qu'on a pu dire de 2022 qu'il s'agissait d'une Assemblée nationale fracturée,
08:07mais par défaut parce que les Français ne s'étaient pas suffisamment mobilisés.
08:10Alors que si, ici, fracture il y a, elle sera vraiment choisie.
08:13Ça sera un choix assumé.
08:14Pierre Latry, donc ce chiffre de la participation, 65,5 %,
08:18on le rappelle, Ipso, ce talent avec plus 18 points par rapport à 2022,
08:25à qui elle peut profiter cette participation ?
08:27Est-ce qu'elle peut se répartir entre les différents blocs
08:30ou est-ce qu'elle peut profiter à un parti plutôt qu'à un autre ?
08:33Ça, on ne peut jamais vraiment savoir en fait.
08:34Ça peut effectivement être un sursaut de mobilisation dans un camp
08:38comme dans un autre ou dans les trois camps.
08:40Ce qui est certain, c'est que ça a un impact énorme sur le scrutin des législatives,
08:43notamment en termes de qualifications pour le second tour.
08:46Mais ça peut profiter vraiment aux trois blocs.
08:49On ne peut pas dire à l'heure actuelle que ça va avantager un camp ou un autre.

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