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Bien qu’en difficulté, la commune du Gard maintient nombre de services à la population et un riche réseau associatif. La gauche y a recueilli les deux tiers des voix aux européennes du 9 juin.

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Transcription
00:00Je ne comprends pas qu'il y ait du Front National et tout.
00:02Même dans des terres historiquement de gauche,
00:04le Rassemblement National gagne du terrain.
00:06Parce que les gens ils sortent pas, ils rentrent, c'est dans leur machine,
00:09dans leur téloche.
00:11Ils bourragent, bourragent, bourragent, bourragent.
00:13Dans les zones rurales, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen
00:16fait des scores de plus en plus importants.
00:18Nous avons eu premièrement la fermeture des mines,
00:20deuxièmement nous avons eu l'échec des entreprises de reconversion.
00:24On s'est rendu dans une petite commune de campagne du sud de la France,
00:27complètement désindustrialisée.
00:30C'est toujours pareil, c'est toujours la même routine.
00:33Il n'y en a que pour les gros et les petits, qu'est-ce qu'on va faire ?
00:36Cette ville historiquement communiste résiste à l'extrême droite,
00:39alors que tout le département, ou presque,
00:41a déjà basculé vers le Rassemblement National.
00:44On a voulu comprendre pourquoi ces Français font encore confiance à la gauche.
00:54Je viens d'arriver dans une des communes les plus pauvres de France.
00:58Je suis à la Grande Combe, dans le Gard.
01:01Dans les années 60, ici, c'était une grande cité minière,
01:04il y avait plus de 14 000 habitants, une grosse activité économique.
01:07Sauf que depuis, les mines, elles ont fermé.
01:10Aujourd'hui, à la Grande Combe, il n'y a plus que 5 000 habitants environ,
01:13et surtout un taux de chômage de plus de 40 %.
01:18Pour bien comprendre l'évolution de la Grande Combe,
01:20je suis d'abord allé voir l'ancien maire de la ville, membre du parti communiste.
01:23Il s'appelle Patrick Malavieille, ou Mala pour ceux qui le connaissent,
01:27c'est-à-dire presque tout le monde.
01:29C'est une commune que j'habite depuis 1964.
01:32J'ai occupé les fonctions de maire pendant plus de 30 ans.
01:35Je lui ai demandé pourquoi, ici, rien ne semble enrayer le déclin économique de la ville.
01:39Nous avons eu premièrement la fermeture des mines,
01:42deuxièmement, nous avons eu l'échec des entreprises de reconversion,
01:45et donc aujourd'hui, c'est ça qu'il faut regarder.
01:48Quand on explique à longueur de journée
01:50que vos problèmes viennent de vos voisins qui sont d'origine étrangère,
01:55ça finit par entrer par les têtes.
01:57Or, par exemple, si je prends la Grande Combe,
01:59ce ne sont pas les étrangers qui prennent le travail aux Français d'origine, comme on dit,
02:04c'est tout simplement des politiques publiques qui n'ont pas été au niveau.
02:07Plusieurs projets ont quand même vu le jour ces dernières années à la Grande Combe,
02:10par exemple l'installation d'un centre d'insertion vers l'emploi,
02:13ou encore l'arrivée d'une maison médicale.
02:16Pour l'ancien maire, c'est assez clair,
02:18les conséquences de ce travail politique de terrain se retrouvent dans les urnes.
02:21L'électorat local reste fidèle à la gauche jusqu'à présent,
02:24le parti communiste est arrivé en tête ici lors des élections européennes avec 29%,
02:28la présence de Patrick Malavieille sur la liste a forcément joué.
02:34Le député sortant ici,
02:35réinvesti par le Nouveau Front Populaire pour les Législatives Anticipées,
02:38est insoumis, mais c'est la dernière circonscription à gauche du département.
02:42Et ça, forcément, ça inquiète l'ancien maire et ceux qui le soutiennent.
02:45Là, d'ici dimanche, il faut voir les jeunes.
02:47Mais je les vois tous les jours, je leur dis.
02:50Et là, tu dises,
02:52bon, mais je m'en bats les couilles, je ne vote pas.
02:53Je dis, mais c'est dans l'intérêt de tous.
03:00Ça ne m'apporte rien.
03:02Je dis, mais ça ne fait rien, va à l'urne.
03:04Comme tu regardes, chaque jour,
03:06le pradèle des petits patins, c'est l'ARM.
03:09C'est l'ARM.
03:11Parce que les gens, ils ne sortent pas, ils sont là-bas.
03:15Ils sont entrés dans leur machine, dans leur téloche.
03:19Ils bourragent, bourragent, bourragent, bourragent.
03:21Ils leur mangent le cerveau avec une paille.
03:29Les grands combiens que j'ai rencontrés sur le marché
03:31m'ont confirmé la très grande popularité de leur ancien maire.
03:34C'est un des facteurs du succès de la gauche ici.
03:36Mais ils l'expliquent aussi par l'importance du passé minier de la ville.
03:40Selon eux, cette époque a ancré des valeurs d'entraide
03:42et de solidarité entre les habitants.
03:45C'est toujours pareil.
03:46C'est toujours la même routine.
03:48Il n'y en a que pour les grands.
03:49Et les petits, qu'est-ce qu'on va faire ?
03:51Ici, je pense que ce qui est fort,
03:52c'est qu'il y a une espèce de solidarité.
03:55Et puis les gens fonctionnent ensemble.
03:57Je ne comprends pas qu'il y ait du Front National et tout.
04:00Moi, je suis sûre que je discute avec des gens
04:01qui sont sûrement extrême droite, etc.
04:03Mais il y a une espèce de tolérance, en tout cas.
04:05J'ai l'impression qu'il y a une chouette tolérance
04:07et une chouette mixité entre tous.
04:09Parce que moi, je suis allé à l'école avec à l'origine des Algériens.
04:12Il y avait des Polonais, parce qu'avec l'Emile,
04:13il y avait des Polonais, il y avait des Italiens,
04:15il y avait des Portugais, il y avait des Espagnols,
04:16il y avait des Algériens et tout le monde s'entendait.
04:19Non, non, non, l'immigration, il y a des problèmes,
04:23mais ce n'est pas le problème majeur.
04:24Moi, ça ne me cause aucun problème.
04:26On savait l'immigration, mais on me dit bonjour,
04:29je dis bonjour. Moi, j'en ai connu à côté de moi.
04:31Et j'aime beaucoup ici parce que c'est très international.
04:33Vous voyez, des Kabiles, des Arabes, des Juifs, des Gitans.
04:38Il y a même des Français, des survivants des mines.
04:41On est un pays de mines, avec des immigrés,
04:43avec tout, il y en a une seule chose,
04:45c'est que ça a toujours été la gauche à la Grande Combe.
05:14Alors, avant de quitter le gare, je suis allé voir Mathias Flanc.
05:18Il fait partie de plusieurs assos et il en a récemment fondé une nouvelle.
05:21Du coup, la combine, c'est notre lieu associatif, convivial aux multiples facettes.
05:28On a ouvert il y a un petit peu plus de deux ans.
05:30C'est une asso dans laquelle on fait plein de choses différentes.
05:34Il y a des activités hebdomadaires et mensuelles
05:37et il y a des événements plus ponctuels.
05:39Un des enjeux du lieu, c'est d'être un endroit convivial,
05:43parce que tous les mercredis, on fait une cantine.
05:46Nous, ça nous permet de faire rentrer un peu des sous dans l'asso,
05:50mais c'est beaucoup aussi pour générer un endroit un peu sympathique,
05:55chaleureux, où les gens peuvent se rencontrer, c'est l'occasion de discuter.
05:59C'est toujours le bon moment pour croiser du monde.
06:01Je cherche un artisan ou je cherche quelqu'un qui a telles compétences,
06:05ou rencontrer du monde, se faire des amis.
06:10C'est la convivialité.
06:14C'est ici la Cantinouet.
06:18C'est quoi l'intérêt de créer un lieu comme ça et de le laisser ouvert à tout le monde ?
06:22C'est de faire vivre les vallées, les territoires sur lesquels on est.
06:27Créer des endroits où justement on peut partager des choses,
06:31on peut créer des activités, créer des événements.
06:35Ce tissu associatif contribue à l'entraide et à la création de liens entre les habitants.
06:40Il permet lui aussi de faire perdurer cette tradition du vivre ensemble,
06:44héritée de l'époque minière.
06:46Je sais qu'il va falloir encore fournir beaucoup d'efforts,
06:49apporter beaucoup d'arguments, mener beaucoup d'actions
06:53pour continuer à convaincre et vaincre ce fléau que représente le Rassemblement National.

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