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00:00L'éducation sexuelle à l'école est-elle en pleine dérive ?
00:03Ces programmes tuent le temps de l'enfance.
00:06Il a été l'objet de coups de pression de la part de l'association réactionnaire,
00:09de la droite, d'extrême droite,
00:11alors que pour Elisabeth Borne qui le présente, il est absolument indispensable.
00:15À Libé, on a pu consulter ce programme d'éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité
00:20qui est au cœur d'une vive bataille idéologique
00:22et aujourd'hui, ce qu'on vous propose, c'est de le décrypter.
00:25C'est que c'est un projet woke.
00:26Alors est-ce qu'il est vraiment trop woke, comme certains ont pu le dire ?
00:29Quelle est la part de désinformation dans toute cette affaire ?
00:31Et est-ce que ce programme, il répond à des besoins réels au sein de l'éducation nationale ?
00:36L'enfant n'est pas un petit adulte.
00:37Quand on lui parle de consentement, il ne peut pas le comprendre.
00:39C'est inaccessible à son développement.
00:41Toutes ces questions, on y répond dans cette discussion.
00:43Et pour le faire, on accueille trois invités.
00:47Je vais commencer par toi Marlène, puisque tu es juste à côté de moi.
00:49Marlène Thomas, tu es journaliste et Libération, spécialiste pour des femmes, etc.
00:51Et tu as beaucoup travaillé sur le sujet.
00:52Tout à fait, bonjour tout le monde.
00:54Et avec nous, on a également Cécile Bourgnieuf.
00:56Tu es également journaliste et Libération.
00:58Tu as aussi beaucoup travaillé sur le sujet.
01:00Salut Cécile.
01:01Salut.
01:01Et à ta droite, on a Amandine Berton-Schmidt.
01:04Alors, tu es directrice adjointe du Centre d'information sur les droits des femmes et des familles.
01:10Non, Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles.
01:14Je l'ai noté pour être sûre de correctement le dire.
01:16Et notamment avec cette structure, vous organisez des interventions au sein des écoles autour de l'éducation sexuelle.
01:23Je voudrais commencer avec vous Marlène et Cécile.
01:27Pourquoi est-ce que ce programme, il est aussi terrifiant pour une partie de la classe politique ?
01:32Il est terrifiant parce qu'il y a déjà des précédents.
01:35En somme, ils savent très bien qu'en se lançant dans ce projet de programme,
01:39ils vont faire face à une minorité a priori,
01:44mais qui est une minorité conservatrice, réac, mais extrêmement bruyante.
01:48Et dès qu'on parle d'éducation à la vie sexuelle et affective,
01:51on pense forcément aux ABCD de l'égalité,
01:54qui était un projet de programme d'éducation aux stéréotypes sexistes
02:00qui était porté par la ministre des droits des femmes de l'époque, Najat Vallaud-Belkacem.
02:06On n'en était qu'au stade de l'expérimentation.
02:08Alors, j'ai noté autour de 600 classes qui étaient concernées par l'expérimentation.
02:14Voilà, exactement.
02:15Et donc, une expérimentation.
02:17Et au final, il y a eu une grosse mobilisation des réseaux d'extrême droite,
02:24de droite aussi, que ce soit du côté politique ou au niveau de collectif.
02:29Ça avait mené aux journées des retraits de l'école,
02:33sous l'impulsion de Farida Beghoul,
02:35qui avait été suivie, je crois, par une centaine d'établissements ou quelque chose comme ça.
02:41Et donc, cette offensive là, très forte, avait suffi à faire reculer le gouvernement
02:47qui avait donc annulé, au final, ce projet de programme
02:50qui était vraiment juste un programme de lutte contre les stéréotypes de genre.
02:53Et c'est à partir de là qu'en fait, on a commencé à...
02:58Enfin, qu'il y a eu beaucoup de fantasmes sur ce qu'on allait apprendre aux enfants à l'école,
03:02parce que c'était destiné là, de la materne de la scène 2.
03:07Donc, évidemment, les plus petits, c'est quelque chose qui crispe beaucoup de familles
03:11qui ont beaucoup de fantasmes, se disent de quoi on va parler à nos enfants ?
03:17Est-ce qu'on va leur apprendre à se masturber, etc. ?
03:19Parce qu'en fait, ils pensent qu'on va apprendre les pratiques sexuelles adultes à des enfants.
03:26Alors, ce n'est pas du tout le cas, on en parlera après.
03:29Mais c'est à partir de là, effectivement, comme Zemarlène,
03:31qu'on a commencé à beaucoup en parler et qu'il y a eu notamment cette notion,
03:36dont on parlera après, d'une théorie du genre qui est montée de plus en plus
03:44dans le discours de nombreuses familles relayées par des politiques.
03:50Merci beaucoup de regarder cette vidéo.
03:51S'il vous plaît, abonnez-vous à la chaîne YouTube de Libération.
03:54Sachez que c'est une discussion qui est enregistrée en direct.
03:56On fait ça tous les lundis et tous les mercredis sur la chaîne Twitch de Libération.
04:00Donc, si ça vous plaît, vous pouvez nous rejoindre en direct.
04:02Et en attendant, je vous souhaite un bon visionnage.
04:05Toi, Amandine, dans l'organisation pour laquelle tu travailles,
04:08est-ce que tu as vu passer des critiques autour de ce programme,
04:11autour de l'éducation sexuelle, qui t'ont particulièrement marquée ?
04:14Oui, alors peut-être en préalable, c'est quand même important de dire
04:17que je représente la fédération des CIDFF,
04:19donc les centres d'information sur les droits des femmes.
04:21Mais nous, en tant que fédération, on appartient aussi à un groupe d'associations
04:25qui s'est formé en collectif.
04:27C'est un collectif qui s'appelle
04:29le Collectif pour une véritable éducation de la sexualité.
04:31Et je le précise parce que nous, CIDFF,
04:34on fait des interventions sur le terrain tous les jours.
04:38Mais au sein de ce collectif, il y a aussi le planning familial,
04:41la Fédération Solidarité Femmes, CIDACTION,
04:44plein d'associations dont c'est vraiment le quotidien
04:46d'intervenir dans les établissements scolaires
04:48sur l'égalité entre les filles et les garçons,
04:50la prévention des discriminations et évidemment,
04:53l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.
04:56Donc, je parle évidemment au nom des CIDFF,
04:59mais avec moi, il y a aussi ce collectif d'une vingtaine d'associations
05:02et je pense que c'est important de le dire.
05:04Et ça donne du poids à ce que je dis,
05:07puisque évidemment, sur le terrain, on les a vus.
05:09Et quand je dis nous, encore une fois,
05:11c'est vraiment les professionnels et les militantes
05:13qui interviennent au sein de nos associations,
05:15qui font face à un certain nombre de résistances.
05:19On se le disait juste avant l'entretien,
05:23c'est des campagnes d'affichage, par exemple,
05:25au moment où un établissement prévoit un programme
05:30un peu ciblé sur le sujet ou une conférence sur le sujet.
05:33Les fameux tracts des associations réactionnaires que vous mentionnez,
05:35le Syndicat de la Famille, qui ont en plus...
05:38Le Syndicat de la Famille, c'est l'ex-manif pour tous.
05:41Exactement, on pourrait parler des heures de ce nouveau vocable,
05:46avec une communication très forte, très impactante,
05:49complètement désinformationnée, avec beaucoup de bêtises,
05:54mais qui marque les esprits
05:56et qui crée des situations de tension dans les établissements.
05:58Donc, nous, Centre d'information droit des femmes,
06:01on nous fait remonter très régulièrement des situations de tension
06:04au moment de ces interventions.
06:05Mais évidemment, le cas du planning familial,
06:08les collègues duquel le planning familial nous disent qu'il n'y a pas une semaine
06:11sans que leurs bénévoles ou leurs professionnels
06:14assistent à des situations vraiment de remise en cause des interventions
06:20et de situations de tension vraiment très difficiles.
06:24Il y a toute une bataille idéologique autour de ce programme.
06:27Est-ce qu'on peut refaire un peu concrètement
06:31comment ces derniers mois se sont déroulés vis-à-vis de cette bataille idéologique,
06:34notamment parce qu'hier, vous avez sorti, Marlène et Cécile,
06:36un long papier pour décrypter tout ce qui s'est passé.
06:40Concrètement, qu'est-ce qui s'est passé autour de cette bataille idéologique
06:42et autour du programme, autour de l'éducation sexuelle ?
06:45En fait, il faut déjà redire que normalement,
06:49ces séances sont obligatoires à l'école, de la maternelle, au lycée,
06:55depuis plus de 20 ans.
06:57Depuis 2001.
06:59Et donc, c'est dans la loi et donc c'est censé être appliqué
07:01avec trois séances annuelles.
07:03Mais dans les faits, ça ne l'est pas fait par manque de moyens,
07:07parce qu'il n'y a pas d'heures dédiées, il n'y a pas assez de...
07:09Et donc, ce n'est pas fait.
07:12Et donc, au moment où Papandia était au ministère de l'Éducation,
07:14elle a dit, il faut un programme, il faut quelque chose de plus défini
07:18pour rassurer aussi les enseignants, avoir un cadre.
07:21Voilà, tout simplement.
07:22Sauf qu'après, il y a eu une valse de ministre,
07:25on a perdu du temps, etc.
07:26Et puis, au moment où on a eu la version du programme en novembre,
07:32donc c'était une version travail, en fait.
07:35Là, il y a des groupuscules,
07:39des conservateurs de la droite catholique et pas que,
07:45qui ont beaucoup agi sur les réseaux sociaux,
07:49en dénonçant le fait qu'il y avait la notion d'identité de genre,
07:53qu'on apprenait aux enfants à se masturber, par exemple.
07:56Enfin voilà, il y a beaucoup de désinformation.
07:58Et tout ça, ça a eu un relais médiatique sur les chaînes,
08:02notamment de Bolloré, pour beaucoup,
08:04c'est news, aussi dans le JDD,
08:07où on a parlé des dangers de l'éducation sexuelle, etc.
08:10Et ça a eu aussi un relais politique,
08:13et qui est loin d'être anodin,
08:15puisque c'était le ministre éphémère LR, Alexandre Portier,
08:20qui lui a carrément dit que le programme en l'état n'était pas acceptable
08:26et qui a parlé de la notion d'identité de genre.
08:29Donc tout ça, évidemment, a alimenté encore des fantasmes
08:33qui dataient, comme disait Marlène, déjà de l'époque des ABCD de l'égalité,
08:38avec une théorie qui n'existe pas, puisqu'on en reparlera.
08:43Le fameux truc de la théorie du genre, qui est beaucoup sorti.
08:46C'est ça, c'est qu'en fait, la théorie du genre,
08:49je ne sais pas si Marlène, tu voulais davantage l'expliquer ou pas,
08:52mais en tout cas, le genre est abordé,
08:55parce que le genre, c'est une construction culturelle, sociale.
08:59Voilà, donc c'est la notion de genre qui est adoptée.
09:03Et le but n'est pas de nier qu'il y a des différences entre filles et garçons.
09:11Ce n'est pas ça, c'est que les enfants soient rassurés sur le fait
09:16que s'ils ne se sentent pas filles ou garçons, qu'ils ne soient pas inquiets de ça.
09:20Il y a mille façons d'être une fille,
09:22il y a mille façons d'être un garçon et mille façons d'être ni l'un ni l'autre.
09:25Oui, et du coup, Marlène, pour rentrer dans ce détail de la théorie du genre,
09:29concrètement, c'est un amoncellement de polémiques autour de ce programme
09:33et de cette théorie du genre. Qu'est-ce que c'est, la théorie du genre ?
09:36Donc à la base, la théorie du genre, ça naît de l'Église catholique,
09:39du Vatican, il y a vraiment très longtemps, et qui serait donc,
09:43ils pensent que la théorie du genre, ce serait un déni du sexe biologique
09:47et donc de la binarité du masculin et du féminin.
09:50Et en cassant cette binarité-là, qui leur tient évidemment très à cœur,
09:56ça engendrerait, selon eux, un chaos identitaire.
09:59Donc la fin de la différence des sexes,
10:01la généralisation éventuelle de la transidentité,
10:04et ça menacerait donc notre équilibre social où l'homme domine
10:07et dans lequel chacun, homme-femme, doit rester à sa place,
10:12malgré le fait que ce soit vraiment le lit des inégalités et des violences.
10:15Alors du coup, ça, c'est vraiment un faux concept monté de toutes pièces,
10:19qui n'a aucune réalité scientifique.
10:21En revanche, ce qui existe bien, elle le disait Cécile juste avant,
10:25c'est que la notion de genre existe bel et bien,
10:28et c'est une construction issue des sciences...
10:29C'est un concept qui est issu des sciences humaines et sociales.
10:33Les études de genre sont apparues autour des années 70
10:36et sont un apport vraiment interdisciplinaire et primordial
10:40à notre compréhension de notre vie en société, en fait,
10:43en tant qu'être humain, et du coup, en dehors de ces cases très binaires.
10:48Et voilà, donc le genre est une notion hyper importante
10:52et en découle aussi, évidemment, la notion d'identité de genre,
10:54qui est très importante pour évoquer cette fluidité, en fait,
10:59qu'il peut y avoir entre ces faux carcans créés,
11:02socialement et culturellement, du féminin et du masculin,
11:05qui est très important pour les personnes trans, pour les mineurs trans.
11:10Et non, là, j'avais quelques chiffres sur les mineurs trans
11:14qui sont vraiment plus à risque de suicide que les autres.
11:19Donc, il y avait une étude qui était réalisée par l'Académie américaine de pédiatrie.
11:22Il y avait plus de 56% des jeunes transgenres
11:24qui ont eu des idées suicidaires au cours de leur vie
11:27et 31% qui ont fait au moins une tentative de suicide.
11:30Donc, vraiment, c'est des chiffres qu'il faut rappeler.
11:33En fait, quand on parle d'identité de genre à l'école,
11:36c'est des questions déjà que peuvent se poser par curiosité aussi,
11:39de toute manière, par exemple, des collégiens ou des lycéens
11:42pour arriver à comprendre cette distinction entre le sexe biologique et l'identité de genre.
11:47Mais évidemment, ça concerne de premier chef des mineurs
11:50qui peuvent se poser des questions sur leur réelle identité de genre,
11:54peuvent vraiment être dans un mal-être profond
11:57et pour qui il faut apporter des réponses
11:59et qu'il faut prendre en compte et ne pas mettre de côté.
12:02Ce programme, ce n'est pas juste un programme d'éducation sexuelle
12:05tel qu'il est présenté par Elisabeth Borne.
12:07C'est un programme d'éducation sexuelle et de relationnel.
12:11Je me suis un peu exagérément du nom exact.
12:13C'est éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.
12:16D'ailleurs, dans la dernière mouture, ce qui est intéressant,
12:18et c'était aussi une façon de donner des gages
12:21pour réassurer qu'on allait bien aborder les choses de manière progressive,
12:25l'intitulé du programme a été un tout petit peu modifié.
12:27C'est-à-dire que pour l'élémentaire, donc école élémentaire maternelle,
12:32on parle d'éducation relationnelle et affective.
12:35Et ensuite, à partir du collège, le sexuel a été rajouté.
12:39Mais on a envie de dire que c'est un peu du bon sens.
12:41Mais au moins, là, ça a clarifié les deux.
12:43Mais comme tu le disais, c'est bien plus que ça, je pense que...
12:46Et ça fait lien avec ce que tu viens d'expliquer sur c'est quoi la prétendue théorie du genre
12:50et qu'est-ce que ça veut dire dans notre analyse de la société
12:53et le changement qu'on veut voir arriver.
12:56Quelque part, moi, des fois, j'ai envie de me dire un petit peu en me plaisantant
12:59que oui, ils ont raison d'avoir peur.
13:01Parce qu'en effet, à travers ces séances-là,
13:03on crée des espaces de discussion, de remise en cause,
13:07de développement de l'esprit critique.
13:08Donc, ça va au-delà de la question de je compare le volume d'heures
13:12SVT, maths et éducation, enfin, appelons-la éducation sexuelle.
13:18C'est à chaque âge de la vie, on va proposer aux élèves
13:22de s'interroger sur eux-mêmes, de s'interroger sur leurs relations aux autres.
13:27Comment je me suis construit ? Comment je me construis ?
13:29Comment j'interagis avec mes semblables ?
13:34C'est quoi l'amour ?
13:35Enfin, c'est vertigineux, en fait.
13:39Donc, si on le faisait déjà, ce serait bien, mais ce n'est pas suffisant.
13:44Et on voit bien que d'ailleurs, en ouvrant ces espaces-là,
13:46on pourra rentrer un peu plus dans le détail de ce qu'on y fait.
13:49Mais souvent, on met en parallèle.
13:51Oui, mais c'est du temps qu'on ne fait pas des maths et du français.
13:54C'est quand même aussi un truc qu'on entend beaucoup.
13:57Ben oui, mais justement, c'est une éducation d'abord à l'épanouissement.
14:00Et quand on est épanoui, j'ai tendance à penser
14:03qu'on apprend mieux les maths et le français aussi.
14:06Et on le voit d'ailleurs, un certain nombre d'études montrent que
14:08dans les établissements qui ont mis en place vraiment des projets transversaux
14:11sur ces sujets, c'est un climat scolaire qui est beaucoup plus apaisé
14:14et on apprend mieux.
14:15Des fois, on a vraiment l'impression d'enfoncer des portes ouvertes
14:20avec certains arguments qu'on porte.
14:21Mais je pense que c'est quand même important de le dire.
14:24Et qui peut avoir peur de l'épanouissement ?
14:26Beaucoup de gens, apparemment.
14:28Je voulais arriver à une question pour toi, Amandine.
14:31C'est aujourd'hui, concrètement, les interventions autour de l'éducation sexuelle
14:36dans les écoles.
14:37Comment ça se passe ?
14:39Alors, très concrètement, on le disait, la loi, elle existe depuis 2001.
14:43Et puis même avant la loi, ces questions ont toujours eu leur place,
14:48pas suffisamment, mais toujours leur place dans l'espace scolaire.
14:52Je pense que c'est important aussi de faire un mini bilan de 2001.
14:56Il y a à peu près 15% des élèves du primaire
14:59qui ont eu ces fameuses trois séances tous les ans.
15:02Moi, ça me paraît énorme, mais en l'occurrence, c'est bien peu.
15:06Et 20% au collège et au lycée.
15:08Donc, on voit bien que le compte, il n'y est pas du tout.
15:11On va dire que les interventions sur ces sujets,
15:14elles se répartissent entre ce qui se fait au sein de l'établissement
15:17par l'équipe éducative et les enseignants et les enseignantes.
15:20Donc souvent, profs de SVT, heures de vie de classe, infirmières scolaires.
15:25Et les séances que nous, on porte, associations,
15:29donc les centres d'information sur les droits des femmes, notamment,
15:33avec, on sait bien que ces deux entrées,
15:38à la fois ce qui est porté par le monde enseignant et éducatif
15:41et ce qui est porté par les associations, sont très complémentaires.
15:43Moi, je peux parler plus facilement de notre partie associative
15:47qui, de fait, est un apport extérieur et qui permet de faire un pas de côté.
15:54On parle peut-être plus facilement de sujets intimes
15:57avec un intervenant ou intervenante extérieure qu'avec sa prof de maths.
16:00Je pense que c'est là aussi, c'est un peu du bon sens.
16:03L'idée pour les associations que nous sommes, c'est d'ouvrir des espaces de dialogue,
16:09créer un espace de discussion sur des sujets précis,
16:12donc à la fois faire de la prévention sur des sujets
16:15et à chaque fois en conformité avec les âges.
16:17Mais là, on va dire que si tu me poses une question assez générale,
16:21le plus courant, c'est quand même quatrième, troisième.
16:23Donc, dans ces espaces-là, c'est faire de la prévention notamment des IST,
16:29mais pas que.
16:30Et aussi, l'ambition, c'est vraiment de créer une éducation au consentement.
16:34Quels sont mes droits, mes devoirs ?
16:39C'est quoi être en relation ?
16:42On sait très bien aussi, et on le voit tous les jours,
16:44que les jeunes dans ces espaces-là ont dix mille questions.
16:47Donc, est-ce que je suis normale ?
16:49Est-ce que ça, j'ai le droit ?
16:51Est-ce que ça, j'ai pas le droit ?
16:53Ça part toujours de leurs questions, c'est ça ?
16:55Oui, le plus souvent, chaque association a ses petits trucs et ses outils
17:01et sa façon de faire,
17:03mais on est vraiment sur une dynamique d'horizontalité.
17:08Ça serait complètement contre-productif.
17:11Le plus souvent, on est des associations d'éducation populaire
17:14et donc c'est important pour nous de partir de la parole des concernés.
17:17Et on sait très bien que sur des sujets aussi intimes que ceux-là,
17:21ça ne marcherait pas.
17:21En gros, c'est bien ça le problème d'ailleurs.
17:25Et il me semble que ça marche.
17:29Un des facteurs qui nous fait penser que ça fonctionne,
17:31c'est qu'à la fin des interventions,
17:33il y a toujours des retours qui sont extrêmement positifs.
17:38Autre donnée tangible,
17:40c'est que les élèves vont souvent voir l'intervenante ou l'intervenant
17:46pour dire, en fait, moi, j'ai besoin de vous parler de ça.
17:48Donc faire remonter, signaler une situation de violence,
17:52approfondir un sujet.
17:53Donc là, on se dit, là, on a réussi.
17:56On sait que ça fonctionne aussi quand l'équipe éducative derrière
17:59vient nous dire, une séance, c'est bien,
18:01mais en fait, on voit bien l'ampleur du...
18:03On se rend compte que c'est un vrai sujet et qu'il faut qu'on aille plus loin.
18:06Donc, pourquoi pas organiser une formation, etc.
18:08Ou toucher d'autres classes.
18:11Mais je pense que c'est vraiment important de montrer que...
18:16Et le débat, c'est énormément focalisé là-dessus sur...
18:20On va parler de sexe, vous l'avez mieux dit que ça.
18:22Alors qu'en fait, encore une fois,
18:24on crée des façons de questionner, des façons de réfléchir.
18:29Et on aide aussi.
18:33Je pense qu'il ne faut pas oublier que dans nos classes,
18:36dans les classes, il y a un élève sur dix qui est ou qui a été victime d'inceste.
18:42Alors, de manière générale.
18:44Donc, il y a aussi ces situations gravissimes qu'il faut prendre en charge.
18:49Les chiffres du ministère de l'Intérieur de 2023
18:52nous montrent qu'on a plus de 200 000 viols par an.
18:58C'est des sujets qu'il faut traiter, en fait.
18:59Donc, qu'est-ce qu'un viol ?
19:02Il y a des situations de protection, d'identification.
19:05Et ces espaces-là, ils viennent répondre à ces nécessités-là.
19:09Parce qu'en fait, ce qu'il faut expliquer, c'est que le programme,
19:12il a quand même un objectif très important, comme je disais.
19:15C'est qu'il faut armer les enfants contre les violences dont ils peuvent être victimes.
19:21Malheureusement, aux violences sexuelles.
19:24Et pas seulement, c'est aussi apprendre à se connaître,
19:29à connaître son corps, à connaître les autres, à accepter la différence,
19:32à lutter contre les stéréotypes, les discriminations.
19:35Le but, c'est aussi de promouvoir l'égalité entre les garçons et les filles.
19:38Enfin, tout ça, c'est que des valeurs qui font qu'on apprend à faire société.
19:41C'est aussi ça, le but de l'école.
19:44C'est des choses très basiques.
19:45Je voudrais soulever quelques petites choses dans le chat,
19:46parce que notamment, on a eu Ducati et Macaron,
19:49qui a posté un message que je trouve intéressant.
19:50En tant que maman d'un garçon qui va rentrer en maternelle,
19:52je suis totalement pour, il faut que ce soit réalisé par des intervenants
19:55qui maîtrisent le sujet, car je doute du niveau de formation sur ce sujet des enseignants.
19:59Il y a d'autres messages que vous nous partagez dans le chat
20:01autour du fait que c'est excessivement important, notamment en école.
20:06CM2, vous disiez qu'il y a déjà des jeunes filles qui ont leurs règles.
20:09Donc, c'est des questions à évoquer.
20:11Du coup, pour répondre un peu à tout ça,
20:14est-ce qu'on peut commencer à rentrer sur le cœur de ce programme ?
20:17Qu'est-ce qu'il y a vraiment dedans ?
20:19Et comment il a évolué au fil du processus législatif ?
20:23Je voulais juste faire une remarque avant,
20:25pour reprendre sur ce que disait Ducati et Macaron sur les victimes et ou agresseurs,
20:29et ce que disait Cécile à l'instant.
20:30On parlait du consentement et de la lutte contre les violences.
20:35Moi, je sors de plusieurs mois d'un procès à Avignon,
20:38dont je pense que tout le monde a entendu parler,
20:40les procès des viols de Mazan,
20:42où on a vu 51 hommes de tout profil, de toute profession, de tout âge défiler
20:48et qui, pour beaucoup, plaidaient un viol sans intention
20:53et ne savaient pas, pour un certain nombre d'entre eux, ce qu'était un viol.
20:57Donc, c'est quand même important de le rappeler dans ce cadre-là.
21:02Alors, évidemment, il y en a qui font exprès devant une cour de justice
21:06de dire qu'ils ne savent pas ce que c'est un viol.
21:07Je pense qu'il y a vraiment un problème à la base de compréhension
21:11de ce qu'est le consentement,
21:14de vraiment comment on aborde une relation intime avec une femme ou un homme,
21:18peu importe, mais que de mettre au cœur ce consentement-là,
21:22ce n'est vraiment pas une évidence.
21:24Et on l'a vu dans tous leurs propos et la culture de viol
21:26qui était déversée devant cette cour de justice pendant des mois.
21:30Et alors, est-ce que dans le fond, ce programme, il répond à ces questions-là ?
21:33Justement, la notion de consentement, elle est en fait dans tout le programme.
21:37En fait, elle est centrale, elle occupe tout parce que ça démarre de la maternelle.
21:42En fait, on apprend ça aux enfants avec des questions comme...
21:47En fait, il faut qu'ils apprennent à dire stop ou non.
21:51Quand, par exemple, on leur demande
21:52est-ce que je peux m'asseoir à côté de toi ?
21:54Est-ce que je peux te prendre la main ?
21:55Voilà, c'est clairement des exemples qui sont montrés dans le programme.
21:59Voilà, qui n'engagent pas grand-chose,
22:01mais qui permettent de faire comprendre aux enfants
22:03qu'on n'oblige pas l'autre à faire ce dont on a envie de faire,
22:07même pour jouer, juste.
22:09Même toucher les cheveux de son camarade, lui demander avant.
22:13Exactement, voilà.
22:15Et en fait, cette notion de consentement, elle occupe tout le programme.
22:19Et après, c'est vraiment progressif en fonction de l'âge.
22:23Alors, ils insistent bien sur la maturité de l'élève
22:27parce que c'est ce qui inquiète beaucoup les détracteurs.
22:29Mais par exemple, en maternelle, évidemment, on ne parle pas de sexualité.
22:33Ce n'est pas la sexualité à proprement parler.
22:35C'est qu'on apprend à nommer les différentes parties de son corps
22:38parce que c'est important.
22:40On apprend à identifier ses émotions.
22:42Là aussi, c'est important de comprendre quelles sont les différentes émotions.
22:44Puis on les outille.
22:45En maternelle, on a aussi des situations très concrètes de partage d'intimité.
22:50Enfin, je ne sais pas, tout le monde se rappelle la sieste,
22:53les toilettes sans aucune séparation.
22:55C'est aussi important d'outiller les enfants et les adultes qui les entourent
22:58sur, en fait, qu'est-ce qui se joue là ?
23:02Qu'est-ce que j'ai le droit de faire, pas faire ?
23:05On voit bien aussi les chiffres de victimation de l'Éducation nationale
23:08montrent qu'il y a un nombre impressionnant d'enfants
23:10qui sont victimes des habillages forcés en primaire, par exemple.
23:15C'est hyper important, du coup, en maternelle, de dire
23:17oui, on est tous aux toilettes, mais ça, c'est mon espace, ça, c'est mon corps.
23:22Et donc, on les initie au consentement.
23:23On leur explique que sur l'égalité garçon-fille, par exemple,
23:28c'est le fait d'expliquer que nos goûts,
23:31les activités qu'on fait, les jeux qui nous plaisent
23:34ne sont pas déterminés par le fait qu'on soit un garçon ou une fille.
23:37Et puis après, c'est aussi leur apprendre qu'il faut aussi
23:42qu'ils identifient les adultes de confiance et qu'ils apprennent
23:46à distinguer ce qu'on peut garder pour soi, le secret d'une situation de danger.
23:51Parce que ça, c'est les premières notions qui sont quand même indispensables.
23:54Et aussi, les différentes formes de famille, parce que forcément,
23:58oui, ils connaissent ça à l'école, de toute façon.
24:00Donc, c'est important de les identifier, de les nommer,
24:03parce qu'il n'y a aucun tabou.
24:05Et puis en plus, après, ça évolue au fil de l'âge.
24:09Donc en primaire, pareil, on apprend les mêmes choses,
24:14la connaissance du corps, le consentement.
24:16On travaille sur le genre à partir du CE1,
24:19sur la puberté aussi, pareil, CE1.
24:22Après, sur les règles aussi, les mensurations, le cycle mensuriel,
24:26à partir du CE2, les violences sexistes et sexuelles.
24:30Voilà, on démarre ça aussi en primaire.
24:32Et oui, c'était pour rebondir sur ce que tu disais sur les règles,
24:36dans l'article qu'on a fait avec Cécile et qui est sorti aujourd'hui dans le journal.
24:41On a pu voir parmi les témoignages d'enfants supposément traumatisés
24:45qui étaient relayés par des collectifs de parents réacs.
24:49Donc là, je crois qu'en l'occurrence, c'étaient les mamans louves, il me semble.
24:52Où il y avait un témoignage d'une mère qui s'inquiétait,
24:56qui se plaignait que sa fille de 9 ans en CM1 ait subi, je cite,
25:00une intervention d'une infirmière scolaire sur le sujet des règles notamment,
25:05et qu'il avait été question aussi des érections,
25:08de comment ça se mettait en place.
25:11Sauf que, avant de pouvoir me corriger si je me trompe,
25:14mais les pubertés précoces peuvent survenir,
25:16et donc les règles chez les petites filles, les jeunes filles autour de 8-9 ans.
25:22Quant aux érections, pour les petits garçons,
25:25il y a des érections réflexes dès le plus jeune âge.
25:28Donc c'est assez important de pouvoir comprendre
25:29quels mécanismes neurobiologiques se mettent en place.
25:33C'est ça qui fait peur, d'expliquer que c'est des mécanismes neurobiologiques.
25:39C'est juste outiller les enfants pour comprendre ce qui se passe dans leur propre corps.
25:43Ça n'a aucun lien avec toute excitation sexuelle à ces âges-là.
25:48C'est juste une compréhension de son corps et des mécanismes qui se mettent en place.
25:52Je trouve que ce qui est intéressant aussi de souligner,
25:55c'est qu'il y a plein de choses intéressantes dans ce programme,
25:59mais finalement, elles sont aussi complètement en cohérence
26:03avec tout ce que met l'éducation nationale en place depuis des années.
26:06Alors, évidemment, plein de précautions sur le manque de moyens et sur le papier.
26:12Mais c'est quand même intéressant de dire que sur le papier,
26:15il y a tout un tas de circulaires, de plans d'action, de lutte contre le harcèlement.
26:20Le paquet qui est mis sur les plans de lutte contre le harcèlement inclut,
26:24pas suffisamment à notre goût, mais inclut de travailler intensément
26:29sur la lutte contre les violences sexistes, homophobes, transphobes.
26:36Les plans de lutte pour l'égalité filles-garçons.
26:40Il y a tout un tas de mesures, lutte contre les discrets au sens très large,
26:44qui fait partie du cœur du programme du ministère de l'Éducation nationale.
26:48Donc, c'est aussi très artificiel de dire que ça sort du chapeau,
26:52alors même qu'il n'y a vraiment quand même, encore une fois,
26:55pas assez de moyens, pas assez d'interventions, etc.
26:58Mais en tout cas, sur le papier, ce programme s'inscrit bien dans une logique.
27:03Encore une fois, c'est écrit sur tous les frontons de nos écoles.
27:06Liberté, égalité, fraternité, il serait temps que l'égalité
27:10soit vraiment un axe fort de travail dans l'école.
27:13Et je crois qu'en tout cas, sur le papier, c'est le cas.
27:15Et pourquoi aussi à l'école ?
27:17Parce qu'il faut bien se mettre en tête que toutes les familles
27:20n'abordent pas ces sujets-là.
27:22Il peut y avoir des très, très forts tabous dans les familles
27:26pour parler même des règles, sans parler même de sexualité,
27:29même de ces mécanismes naturels qui surviennent à plus ou moins
27:33jeune âge chez des jeunes filles.
27:34Donc, il y a besoin d'avoir ce rôle central de l'école
27:37pour apporter ces connaissances nécessaires dans l'appréhension
27:40de leur vie, tout simplement, de leur vie d'enfant,
27:43puis d'adolescent et d'adulte.
27:45Ce n'est pas seulement aussi que ça peut être tabou dans certaines familles,
27:49mais c'est aussi parce qu'il y a des familles qui ne savent pas
27:51comment l'expliquer tout simplement à leurs enfants
27:53parce qu'elles n'ont pas reçu cette éducation-là.
27:55C'est juste, ce n'est pas simple à aborder avec des enfants.
27:59Donc, autant avoir des professionnels qui sont là.
28:03Et puis, ceux qui font beaucoup de bruit pour contester ce programme
28:07font oublier ceux qui sont très contents.
28:09Et je pense que c'est souvent aussi ce décalage qui existe de parents
28:14qui ont vraiment besoin aussi de se dire
28:16« moi, je vais apporter un discours ou pas, parce que je ne le sens pas.
28:19Et donc, j'ai besoin de m'appuyer sur l'école pour le faire.
28:21Et l'école, sa fonction première, c'est quand même d'apporter du savoir,
28:25de former des futurs citoyens et citoyennes.
28:27Je crois que sur les deux cas, en déconstruisant,
28:29en apportant un savoir scientifique sur le corps
28:32et aussi en éveillant les consciences des citoyennes et citoyens
28:37que sont les élèves en classe, elle remplit, à ce titre, ces deux missions.
28:41Et je voulais juste rebondir sur ce que tu disais
28:43sur les parents qui ne se sentent pas armés
28:45et où la famille n'est pas forcément un lieu de dialogue.
28:48Mais même au-delà de ça, je pense qu'il ne faut pas oublier
28:51que dans un certain nombre de cas, le procès de Mazan nous l'a indiqué.
28:56Le foyer, le privé, les féministes le disent depuis de nombreuses années,
29:01le privé est un lieu où la violence, et notamment sexiste et sexuelle,
29:07s'exerce.
29:08Et donc, si l'école ne joue pas son rôle de protection,
29:12eh bien, elle fait mal son travail.
29:18Un enfant qui est victime d'inceste, de viol ou d'agression sexuelle
29:20toutes les trois minutes, il faut le rappeler.
29:23Trois enfants par classe.
29:24Et peut-être, pour que ce soit plus clair, tu peux t'expliquer aussi,
29:26à partir du collège, là, on commence vraiment à parler de sexualité,
29:30mais encore aussi de toutes les notions de consentement, etc.
29:33Bien sûr.
29:34Et puis, je pense que c'est complètement illusoire de penser
29:36que l'école serait étanche à ces sujets.
29:38Enfin, si on doit prendre un sujet vraiment d'actualité,
29:42de toute façon, c'est des sujets qui sont à la bouche de tous les ados.
29:45Enfin, là aussi, j'enfonce une porte ouverte dans toutes les cours.
29:51Si vous prenez n'importe qui dans la rue et que vous lui demandez
29:54quels sont les deux insultes les plus entendues dans les cours de collège
29:57en France, c'est putes et pédés.
30:00Ça, c'est vraiment un truc qui dure depuis des années.
30:02Si ça vous intéresse, je vous invite à lire les travaux d'Isabelle Clair,
30:04qui est une sociologue, qui a notamment travaillé là-dessus.
30:07C'est les deux figureaux pour soi.
30:09Au collège, les garçons doivent montrer absolument qu'ils ne sont pas homosexuels
30:13et les filles doivent montrer qu'elles ne sont pas des putes.
30:14Et donc, donnez des gages de ça.
30:16Eh bien, si on n'outille pas les élèves à analyser justement
30:19ce qui se joue là à travers les insultes,
30:21et je suis en train de perdre le fil de la question.
30:23Mais oui, je dis truc d'actu en ce moment.
30:27Et je pense que vous avez fait un article là-dessus.
30:29Dans les cours d'école, c'est si tu bouges, t'es gay.
30:32Voilà, c'est des sujets qui sont imprégnés de toute façon de la vie scolaire,
30:36des cours d'école, dans les cours, à l'extérieur.
30:38Donc, à nous, associations professionnelles,
30:43vie éducative et enseignante, à reprendre la main sur ces sujets
30:47pour outiller nos élèves et sortir de ces schémas
30:50tellement limités et tellement discriminatoires.
30:53Pour terminer sur ce programme,
30:55j'ai notamment noté quelques questions dans le chat
30:57de certaines personnes qui se demandent si,
30:59concrètement, est-ce que c'est des intervenants
31:01qui devront venir faire ces cours ?
31:03Est-ce que ça va être assuré par les enseignants ?
31:05Comment est-ce que ça va se passer ?
31:07Notamment, c'était Mini Marine, je crois, qui demandait ça,
31:09qui s'inquiétait du fait que certains profs ne sont pas
31:11aussi bien formés que des intervenants sur ces questions-là.
31:13Comment est-ce que ça va se passer ? Est-ce qu'on le sait ?
31:15Là, ce qui est intéressant, c'est que là, en l'occurrence,
31:18ce qui va passer au Conseil supérieur de l'éducation cet après-midi,
31:20c'est un programme.
31:21Donc, le programme, en l'occurrence, par définition,
31:23ce sont les personnels de l'éducation nationale qui l'appliquent.
31:25Donc, les enseignants, les enseignantes,
31:27mais aussi les personnels vie scolaire ou socio-éducatif.
31:30Donc, si on parle du programme, c'est l'éducation nationale, point.
31:34Nous, associations spécialisées intervenant dans les établissements
31:38sur ces sujets, on porte très, très fort,
31:41et avec beaucoup de partenaires aussi,
31:43dans notre collectif pour une véritable éducation à la sexualité,
31:45il y a aussi des organisations qui représentent
31:48les professionnels de l'éducation nationale,
31:50on porte la complémentarité de nos actions.
31:53Donc, pour répondre à la question de la personne,
31:56c'est évidemment, dans le cadre du programme,
31:58les enseignants, les enseignantes, majoritairement,
32:00mais si on veut que ça marche,
32:03il y a tout un tas de choses à faire,
32:06déjà, pour leur intervention propre,
32:08et nous, on estime qu'il faudrait au moins
32:11une intervention extérieure pour une intervention interne,
32:15si je puis dire.
32:17Parce qu'on le dit, ça ne crée pas les mêmes dialogues,
32:20on n'utilise pas les mêmes outils,
32:22on n'a pas les mêmes apports,
32:24et puis, nous, on assure un suivi, finalement,
32:27de ce qui peut se passer.
32:29Évidemment, ce sont des associations à gré
32:31qui interviennent, ça, c'est évident.
32:33Oui, il y a beaucoup de fantasmes autour de ça.
32:35Et oui, quand on parlait des détracteurs,
32:38il y a eu aussi, après la sortie d'Alexandre Portier au Sénat,
32:41il y a eu une tribune qui a été signée par 100 sénateurs ALR
32:44qui parlait d'associations militantes, justement.
32:47Plus concrètement, ça disait que les interventions,
32:49dans le cadre des cours d'éducation sexuelle,
32:51en fait, c'était des associations militantes,
32:53c'était là où sortait le mot banni,
32:55les wokistes.
32:57Donc oui, effectivement, tu réponds quoi à ça ?
32:59Je réponds déjà que je tranquillise tout le monde
33:02sur le fait qu'on est toutes agréées
33:05par l'éducation nationale.
33:07C'est toujours intéressant de rappeler
33:09que l'agréement, ce n'est pas du tout anodin.
33:11L'agréement, c'est un arrêté signé par le ou la ministre
33:14de l'éducation nationale.
33:16Et l'arrêté, il est signé à la fin d'une procédure
33:19qui est très longue, où nous, associations,
33:21devons montrer tout un certain nombre de garanties
33:25qui montrent que, un,
33:27on est compatibles avec les principes
33:31et les programmes de l'éducation nationale.
33:33Deux, on a une certaine force de frappe
33:35pour travailler avec un certain nombre d'académies.
33:37Enfin, c'est très lourd.
33:39Ça ne se fait pas du jour au lendemain.
33:41Toutes les associations ne sont pas agréées.
33:43Et nous, on trouve que c'est bien normal de l'être.
33:45On serait bien mal à l'aise que n'importe quelle association,
33:48et notamment celle qui nous attaque,
33:50puisse entrer dans les établissements
33:52comme elle pourrait le faire.
33:54Donc, l'agréement, c'est vraiment une garantie.
33:56Et nous, les associations spécialisées
33:58sur ces questions, on est agréées
34:00dans 99 % des cas.
34:02Et ce qui est intéressant, pardon,
34:04c'est le retournement de l'argumentaire.
34:06C'est-à-dire qu'il y a un retournement
34:08de l'argumentaire, c'est-à-dire que
34:10nous, on n'a pas de problème avec le militantisme.
34:12Alors nous, Centre d'information sur le droit des femmes,
34:14on est plutôt, on est même carrément,
34:16une association professionnelle.
34:18Nos collègues sont des salariés.
34:20Ils sont salariés par l'association.
34:22Au planning, c'est un peu des deux.
34:24C'est des militantes aussi.
34:26Et on est des professionnels, mais on est aussi militantes
34:28parce qu'on porte un certain nombre de valeurs.
34:30Mais je pense que c'est important
34:32de mettre l'accent, que ce soit sur le côté militant
34:34ou bénévole ou salarié,
34:36sur l'engagement très fort et les valeurs très fortes
34:38qu'on porte. Et l'inversion, en fait,
34:40elle est terrible parce que, du coup,
34:42le militantisme en vient
34:44à avoir une connotation négative
34:46alors même que le fanatisme
34:48des idées est plutôt
34:50du côté des tracteurs
34:52où là, on a vraiment un discours, on le disait,
34:54fantasmé,
34:56désinformé
34:58et pas porté
35:00par l'institution. Donc,
35:02en l'occurrence, c'est important de rétablir le fait
35:04que nos associations, elles s'inscrivent dans un cadre,
35:06elles sont agréées
35:08et elles sont en complète complémentarité
35:10avec les actions du ministère.
35:12Amandine parlait de
35:14fanatisme et quand, justement,
35:16les associations sont accusées de militantisme
35:18alors que ça devrait être loué,
35:20le militantisme, de se battre pour des causes,
35:22on peut se poser la question de qui milite vraiment
35:24quand, en fait, ces associations
35:26et ces collectifs-là militent contre
35:28la loi, du coup, contre la loi de
35:302001. Donc, oui, il faut renverser
35:32le paradigme mais garder le tableau dans le bon sens,
35:34je pense. Je voudrais re-rentrer dans un sujet
35:36qu'on a un petit peu évoqué, c'est
35:38comment est-ce que
35:40ça se passe au sein des écoles, des collèges
35:42et des lycées sur ces questions
35:44relationnelles, éducation sexuelle, etc.
35:46Est-ce que vous avez des exemples
35:48qui montrent que ce programme
35:50éducation sexuelle est
35:52éminemment important et nécessaire
35:54au sein des écoles et des collèges et des lycées ?
35:56Plus on commence tôt,
35:58plus on touche d'élèves,
36:00notamment sur une classe d'âge
36:02ou dans le temps, plus
36:04on a un climat scolaire
36:06qui est apaisé. Je pense que
36:08toutes les associations et tous les
36:10chefs d'établissements et enseignants
36:12pourront le dire,
36:14il y a un effet de masse, en fait.
36:16Ce sont des sujets qui sont au long cours,
36:18donc travailler ces questions quasiment
36:20quotidiennement permet
36:22de se voir avancer. On ne va pas changer
36:242000 ans de domination patriarcale
36:26en cinq minutes. Donc, moi, je crois
36:28vraiment que de travailler sur la durée
36:30et sur avoir
36:32un effet de masse, ça joue vraiment
36:34sur la qualité de vie
36:36et de l'enseignement
36:38dans les établissements scolaires.
36:40Je pense qu'il y a un chiffre qui est aussi
36:42très important, c'est quand même
36:44la prévention aussi
36:46des IST,
36:48on le voit bien,
36:50faire ces séances, ça sauve des vies, en fait.
36:52Il y a une enquête récente
36:54de CidAction qui montrait des
36:56représentations affolantes
36:58d'une augmentation croissante
37:00de jeunes gens qui pensaient que
37:02le CidA pouvait se transmettre par la salive.
37:04Je ne sais pas si vous avez cette étude en tête,
37:06mais qui est sortie, il me semble, en 2023.
37:08Faire de l'éducation
37:10à la sexualité, c'est aussi outiller
37:12très concrètement
37:14sur ces questions-là
37:16et protéger
37:18des jeunes gens au moment
37:20de leur entrée dans la sexualité.
37:22Donc, oui, l'impact concret,
37:24ça sauve des vies,
37:26ça améliore le climat scolaire
37:28et ça prévient tout un certain
37:30nombre de violences et de comportements nuisibles.
37:32Et tout à l'heure,
37:34on parlait de l'identité de genre,
37:36de la transphobie en particulier,
37:38mais évidemment, c'est ultra essentiel
37:40ce programme et ces séances
37:42pour les luttes globales contre
37:44l'LGBT-phobie. Les rapports de
37:46SOS Homophobie montrent, je crois
37:48que c'était celui de l'année dernière, montraient qu'il n'y a
37:50jamais eu autant d'actes LGBT-phobes.
37:52Donc, au lieu de
37:54c'est très contre-intuitif, on pense qu'on va vers
37:56le progrès, que les personnes sont de plus en plus tolérantes.
37:58Au contraire, il y a un backlash énorme.
38:00Ce backlash touche évidemment les violences faites aux
38:02femmes, mais elle touche évidemment les violences
38:04faites aux personnes LGBT qui sont aussi particulièrement
38:06vulnérables. Parce qu'en fait, les associations
38:08conservatrices
38:10qui s'opposent à ce programme,
38:12elles veulent limiter l'école
38:14à son rôle juste
38:16d'instruction.
38:18Apprendre à lire, à écrire, à compter.
38:20Comme si l'école n'avait pas un rôle
38:22d'éducation. Mais en fait, l'école, elle ne cherche
38:24pas non plus à se substituer au rôle
38:26des parents. Ce n'est pas ça, l'idée.
38:28Mais c'est juste de les
38:30accompagner dans ce rôle éducatif.
38:32On en revient à ce qu'on disait au début, c'est que de toute façon,
38:34le rôle de l'école, c'est aussi d'apprendre aux
38:36enfants à vivre ensemble, à faire société,
38:38à s'accepter tels qu'ils sont
38:40et à être tels qu'ils sont.
38:42Prenons au mot
38:44en fait, là, ça fait
38:46beaucoup d'années quand même qu'on nous renvoie aux
38:48valeurs de l'école, aux valeurs de la République.
38:50Mais prenons-les au mot. Dans ces valeurs,
38:52il y a liberté, égalité, fraternité.
38:54On aimerait bien mettre Adelphité, mais c'est
38:56notre sujet.
38:58Déjà, faisons-le. Et ce
39:00programme-là, il me paraît aller
39:02dans le sens de cette mise en application de nos
39:04valeurs. Je vais juste dire qu'en fait,
39:06Elisabeth Borne, dans
39:08ce qui est présenté, la dernière version
39:10du texte qu'on a vu, elle
39:12répond à la philosophie du programme
39:14tel qu'il a été imaginé
39:16au départ,
39:18tel qu'il a été travaillé.
39:20En revanche, il y a des choses qui ont été
39:22retirées justement
39:24face à cette offensive réactionnaire.
39:26Bon, c'est les notions
39:28d'identité de genre. Elle existe toujours,
39:30cette notion-là, mais elle a été retirée quand même
39:32un certain nombre de fois. On est passé de
39:34c'est mentionné neuf fois au lieu de
39:36un peu plus de dix-sept fois auparavant.
39:38Donc, ce n'est pas anecdotique.
39:40Et surtout, il y a des mots qui ont
39:42disparu, bon, voilà. Mais surtout,
39:44il y a le fait que
39:46on précise que l'école
39:48ne cherche pas à se substituer au rôle des parents.
39:50Là, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, justement, parce qu'il y a
39:52cette inquiétude-là de certaines
39:54familles. Et en plus de ça,
39:56qu'on doit prévenir à l'avance
39:58des séances et
40:00du contenu de ces séances.
40:02Sauf que la crainte, et ça,
40:04c'est nouveau, ça, ça a été rajouté, et c'est
40:06loin d'être un détail parce qu'en fait,
40:08la crainte des enseignants, c'est que justement,
40:10ils aient des familles qui
40:12décident de retirer leurs enfants de ces séances, comme ça arrive
40:14par ailleurs déjà.
40:16Et donc,
40:18pourquoi mentionner ça ? Pourquoi le faire
40:20alors que dans les autres...
40:22Si on considère que c'est un
40:24programme, au même titre que les mathématiques,
40:26le français, etc., on prévient pas
40:28à l'avance les familles de, il y aura
40:30le cours sur
40:32tel sujet aujourd'hui, à telle heure.
40:34Voilà, ça se passe pas comme ça. Donc, pourquoi
40:36prévenir ? C'est justement
40:38ce qui inquiète les enseignants,
40:40les syndicats enseignants,
40:42qui disent qu'on va se retrouver avec
40:44la même situation qui s'est passée au moment,
40:46peut-être, on sait pas, mais
40:48des ABCD de l'égalité, où il y a eu
40:50des retraits d'enfants de
40:52l'école. Et d'ailleurs, les
40:54collectifs de parents, dont on parlait tout à l'heure,
40:56sur lesquels on a travaillé avec
40:58Cécile, fournissent même des dispenses
41:00déjà toutes faites, avant même, du coup,
41:02ce programme, pour permettre
41:04de retirer leurs enfants
41:06de l'école en cas de séance.
41:08Parfois, certains établissements
41:10décidaient déjà d'informer,
41:12ce qui n'était pas du tout une obligation,
41:14pas du tout le cas de tout le monde.
41:16Mais oui, ça donne comme un droit de regard,
41:18alors qu'on le rappelle, en plus de ce que disait Cécile,
41:20la scolarité, elle est obligatoire, et ça fait partie
41:22du programme. C'est une loi qui
41:24impose ces séances trois fois par an.
41:26Il n'y a pas de raison
41:28qu'il n'y ait pas accès
41:30et qu'au final, les parents, en plus,
41:32choisissent pour les enfants, dans ce cas-là.
41:34Je voulais simplement vous demander
41:36c'est quoi la suite, littéralement, pour ce programme ?
41:38Là, les syndicats vont
41:40déposer des amendements pour dire
41:42ça ne va pas, il faut changer ceci, cela.
41:44Mais après,
41:46c'est la ministre de l'Éducation,
41:48Elisabeth Borne, qui a le dernier mot
41:50avant que ce soit publié au journal officiel
41:52pour une application à la rentrée 2025.
41:54Pour nous, la suite,
41:56c'est plutôt le programme, c'est bien,
41:58mais comment on le met en œuvre ?
42:00Donc,
42:02si on devait résumer ça en quelques idées,
42:04c'est un, la formation.
42:06Si les enseignants
42:08et les enseignantes, les personnels,
42:10ne sont pas formés,
42:12ils auront beau connaître le programme sur le bout des doigts,
42:14ça ne leur indiquera pas
42:16comment faire et on sait très bien que
42:18vu les effectifs
42:20actuels dans les établissements,
42:22vu les
42:24peu de temps de formation disponibles,
42:26quand on va en formation, ça veut dire
42:28un prof non remplacé, donc on sait très bien
42:30que les possibilités de formation des personnels
42:32sont limitées,
42:34et formation, c'est aussi des moyens,
42:36donc les moyens sont en ce moment très limités
42:38à l'éducation nationale, donc nous,
42:40notre première priorité, c'est formation, formation, formation,
42:42enfin depuis longtemps, et puis
42:44la deuxième, c'est quid des associations
42:46qui vont venir en renfort de la déclinaison
42:48de ce programme, qui,
42:50le plus souvent, interviennent non financées
42:52par l'éducation nationale,
42:54dans un contexte budgétaire qui est
42:56extrêmement contraint pour le monde associatif féministe,
42:58c'est un vrai sujet, en fait.
43:00Pourquoi nous interviendrons de manière experte
43:02sur ces sujets dans les établissements,
43:04alors même qu'on n'est absolument jamais
43:06rémunérés pour le faire, et alors même que
43:08nous, toute association,
43:10refusons tous les ans au moins
43:12autant d'interventions que nous en faisons.
43:14Donc le besoin, il est là,
43:16donc la question, encore une fois, des moyens,
43:18des moyens, des moyens.
43:20Merci beaucoup pour tous ces éclairages.

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