Category
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:08Bienvenue sur le plateau des informés, votre rendez-vous de décryptage de l'information, c'est dur à dire ça, décryptage de l'information
00:14à la radio France Info et sur le canal 27 de la TNT avec moi, deux informés, ce matin, Julie Marais-Lecomte,
00:21chef du service politique de France Info, merci beaucoup d'être avec nous et autour de la table,
00:26Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs, rédacteur en chair à L'Express, merci beaucoup Sylvain.
00:32On va revenir sur cette déclaration qui fait l'effet d'une petite bombe quand même dans la majorité présidentielle,
00:37pour autant qu'elle existe encore, puisque c'est hier soir, Édouard Philippe chez nos confrères de LCI
00:43qui justement remet en question cette notion même de majorité présidentielle.
00:48C'est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle, il l'a dissout,
00:52c'est pas moi qui suis parti, c'est pas les frondeurs ou défrondeurs qui l'auraient énervé.
00:56Très bien, on passe à autre chose. Et autre chose, ça peut pas être exactement la même chose qu'avant.
01:00Donc c'est créer une nouvelle majorité parlementaire qui fonctionnera sur des bases différentes de l'ancienne majorité présidentielle.
01:05Et j'y suis prêt, et c'est ce que j'essaie de construire, et c'est pour ça que j'en parle avant le premier tour,
01:09pour avoir une chance de le réaliser après le second.
01:11Alors pourquoi a-t-il tenu ses propos ? Est-ce que ça illustre la colère de la plupart des ténors,
01:15cadres et élus de la majorité, ou peut-être une nouvelle stratégie, une main tendue ?
01:19C'est évidemment toutes ces questions qui se posent.
01:22Julie Marais-Lecomte, Edouard Philippe dit toujours être libre et loyal,
01:26on se rend compte que là, il va même un tout petit peu plus loin quand même.
01:28Et surtout, on se rend compte que ça fait une semaine qu'il précise son propos,
01:32qu'il mâchonne cette déclaration-là. Parce qu'en réalité, si on lisait entre les lignes,
01:40très vite, il a dit ça, Edouard Philippe.
01:44Je me souviens juste, lundi, il disait « le président a dissout la majorité présidentielle ».
01:48Là, il dit « il a tué », c'est plus explicite.
01:50Là, c'est très explicite, mais en réalité, effectivement, il a fallu un petit peu de temps,
01:54j'imagine, pour que la formulation lui vienne en bouche.
01:58Mais oui, effectivement, Emmanuel Macron a tué la majorité,
02:03c'est ce que tous les macronistes se sont dit le soir de la dissolution,
02:09d'un point de vue purement factuel.
02:11Et puis, il a tué la majorité parce qu'en réalité, il a tué,
02:15il a dissout ce qui faisait le ciment entre les macronistes depuis 2007,
02:23la confiance envers le président.
02:25C'est vraiment ce qui s'est écroulé le soir de la dissolution,
02:31ce qui s'est irrémédiablement effrité,
02:34parce qu'on se demandait souvent ce qu'était le macronisme,
02:36ce qui faisait que En Marche, puis La République En Marche, puis Renaissance
02:41tenaient ensemble. En réalité, c'était Emmanuel Macron.
02:44C'est-à-dire, le point commun à des marcheurs qui, en 2017,
02:48étaient souvent des néophytes, c'était Emmanuel Macron.
02:51Parce qu'ils avaient confiance en lui.
02:53Souvenez-vous, les députés Playmobil, à l'arrivée,
02:57lors de la première législature à qui on reprochait d'avoir le doigt
03:01sur la couture du pantalon, qui avaient du mal à penser par eux-mêmes,
03:04en fait, ils se contentaient de répéter ce qu'avait dit Emmanuel Macron
03:08parce qu'il lui faisait une confiance absolue,
03:10parce qu'il avait figure quasiment de guide.
03:13Et cette confiance-là, elle a disparu le soir de la dissolution.
03:17Julie Marie Lecomte.
03:18S'il m'encourage, est-ce que ça veut dire que quand il a dissous l'Assemblée,
03:21Emmanuel Macron a aussi dissous le macronisme ?
03:24C'est un petit peu ce que semble dire Édouard Philippe.
03:27Alors, on connaît ses talents de pédagogue.
03:29Il avance effectivement prudemment et il pose son discours,
03:32mais il s'installe clairement dans l'après Macron.
03:34Et quand il renvoie, par exemple, à l'épisode des Frondeurs,
03:37c'est une allusion à la chute de François Hollande.
03:40Il dit pas exactement où il veut aller, mais il se pose quand même en recours.
03:45En recours pour la majorité, puisqu'il dit
03:47s'il faut une autre majorité, je suis là.
03:51Et de toute façon, l'ancienne majorité est morte
03:53et la prochaine fonctionnera différemment.
03:55Donc il ouvre une autre page.
03:57On ne sait pas très bien encore ce qu'il va écrire sur cette page.
03:59Mais il a tourné la page.
04:00C'est-à-dire qu'en fait, il se projette non pas 2027,
04:03comme on l'imaginait encore ces derniers mois.
04:05Là, il se projette à...
04:06Il peut servir avant, oui.
04:07À juillet prochain ?
04:09C'est-à-dire après les résultats de l'élection législative.
04:13Donc il a dû accélérer son mouvement, très clairement.
04:15Il a forcément changé sa stratégie.
04:17Tous les partis politiques et tous les responsables politiques
04:19ont dû changer de pied après cette dissolution.
04:21Dans son cas, là, il montre sa responsabilité.
04:24Je suis là.
04:25Et il ne peut pas en dire beaucoup plus,
04:26parce qu'il faut attendre les résultats des élections.
04:28Les informer.
04:29On se retrouve dans un instant,
04:30juste après le Fil Info de Claire Chez Caglini.
04:32Il est 9h10 sur France Info.
04:34L'extrême gauche a été un marchepied évident
04:36pour l'extrême droite, selon Ror Bergé.
04:38Pour la ministre pour l'égalité homme-femme,
04:40invitée de France Info ce matin,
04:42le bloc central doit donc être un rempart aux RN et à LFI.
04:46On n'est pas là pour rendre des comptes au MEDEF,
04:48s'énerve Éric Ciotti.
04:49Pour le patron des patrons,
04:50le grand oral de Jordan Bardella et de son nouvel allié,
04:53député sortant des Alpes-Maritimes,
04:55n'a pas permis de lever les doutes
04:57sur l'abrogation ou non de la réforme des retraites.
05:00Les réseaux d'éducation prioritaire réduit à peau de chagrin
05:03l'interdiction de porter le voile
05:05pour les accompagnatrices de sorties scolaires
05:07et le renvoie des élèves perturbateurs
05:09dans des centres spécialisés.
05:11Mesure du RN détaillée dans les échos
05:13par le spécialiste éducation du parti,
05:15Roger Chudeau.
05:16Un acteur unique en son genre
05:18qui a inspiré et diverti le monde
05:20durant des décennies.
05:21L'hommage de Joe Biden à Donald Trump,
05:23pardon, à Donald Sutherland,
05:26l'interprète des 12 salopards
05:28et du dictateur dans Hunger Games
05:30est décédé à 88 ans.
05:38Les informés, Jean-Rémi Baudot.
05:44Retour sur le plateau des informés
05:46avec Sylvain Courage de L'Express
05:48et Julie Marie Lecompte,
05:50de l'Obs, bien évidemment,
05:52et Julie Marie Lecompte de France Info.
05:56Julie, Sylvain le disait à l'instant
05:59que chacun, à cause de cette dissolution,
06:01a dû revoir ses stratégies,
06:03y compris au sein de la majorité.
06:05Et on voit même certains
06:06qui étaient évidemment très proches du président,
06:08comme le Premier ministre Gabriel Attal,
06:10jouer aussi une forme d'émancipation.
06:13C'est la même chose.
06:14En deux temps, avant-hier soir,
06:16puis hier lors d'une conférence de presse
06:19qu'il a tenue officiellement
06:21pour présenter le programme,
06:23mais en réalité un programme
06:24qu'on connaissait déjà dans les grandes lignes
06:26et il n'y a pas eu de mesure nouvelle.
06:28Qui en réalité était à un moment
06:30où il a délivré un message très politique
06:32avec ce fameux « choisissez-moi ».
06:35Et là, on est dans une rupture quasi institutionnelle
06:39et puis politiquement dans une réinvention
06:42de ce que va être,
06:44si jamais cette majorité tient,
06:46si jamais Gabriel Attal, entre guillemets,
06:48en sort vivant,
06:49de ce que va être sa relation avec le président.
06:54Les premiers ministres collaborateurs,
06:57c'est fini.
06:58C'est ce que dit Gabriel Attal en précédent.
07:00Donc c'est-à-dire que le président,
07:01dans tous les cas, il ressort affaibli ?
07:03Oui, Emmanuel Macron ressort affaibli de toute façon.
07:06Quand même, il garderait une forme de majorité.
07:08En tout cas, Emmanuel Macron qui a souvent dit,
07:10y compris aux Français,
07:11qu'il allait travailler autrement,
07:12qu'il allait changer sa politique.
07:15Là, c'est son premier ministre qui lui dit
07:18« Maintenant, entre nous, ça va changer ».
07:21Et Emmanuel Macron, la veille, lui dit
07:23« Je garde, dit dans la presse quotidienne régionale,
07:27je garderai Gabriel Attal s'il reste premier ministre. »
07:31Le soir même ou le lendemain,
07:33Gabriel Attal dit « Oui, mais t'auras un premier ministre
07:35qui aura été choisi par les Français comme toi, en fait. »
07:38Dans les deux cas,
07:39qu'il s'agisse d'Edouard Philippe ou de Gabriel Attal,
07:42il y a la question des législatives,
07:45mais il y a surtout la question de la presse,
07:46c'est-à-dire qui sera le leader de ce qui restera de la Macronie.
07:51Si le macronisme trépasse,
07:54il restera peut-être quand même un groupe de députés
07:57et un flambeau à reprendre.
08:00Et du coup, on voit aussi une espèce de compétition,
08:02on le sait, entre Gabriel Attal et Edouard Philippe.
08:05Edouard Philippe, sa tentation naturelle,
08:07c'est d'essayer de raccrocher les Républicains
08:11qui ont quand même résisté fermement à l'appel du pied
08:14de Jordan Bardella et Marine Le Pen,
08:16puisque Eric Ciotti est quand même très isolé
08:17dans sa tentative d'alliance.
08:19Donc il y a là aussi une autre poche à fédérer
08:23et c'est peut-être ça que vise Edouard Philippe
08:25quand il dit « Il faudra coordonner autrement nos groupes,
08:29notre majorité ».
08:30Alors majorité, c'est encore bien hypothétique, mais en tout cas...
08:32En fait, c'est un peu la question que je voulais vous poser,
08:34parce que là, on est en train de faire de la...
08:35Tu penses encore au-delà, en réalité, Edouard Philippe ?
08:37On est un peu en train de faire de la politique fiction,
08:39parce que si on regarde quand même les sondages actuellement,
08:41qui est en premier dans les sondages ?
08:43C'est la Rassemblement National,
08:44donc potentiellement c'est Jordan Bardella, Amatignon,
08:47et donc tous les scénarios qu'on est en train de décrypter,
08:52n'existent pas.
08:53Oui, non, parce que la politique fiction, les sondages,
08:57il y a 577 campagnes.
08:59La question, c'est qui aura une majorité absolue ou pas.
09:03Et a priori, ce que semblent dessiner, y compris les enquêtes d'opinion,
09:09pour l'instant, il n'y a personne, notre majorité relative,
09:14mais ce qu'imagine Edouard Philippe...
09:15Et ça, moi, ça m'a frappé, pareil, dès la semaine dernière.
09:18C'est-à-dire que quand on appelait des cadres d'horizon
09:22ou des proches d'Edouard Philippe
09:23pour essayer de décrypter ses premières déclarations,
09:25sur sa volonté, justement, de bâtir, lui, une nouvelle majorité.
09:31Je me souviens avoir dit à quelqu'un, une nouvelle majorité présidentielle.
09:34Et la personne, au bout du film, a répondu, non, pourquoi présidentielle ?
09:38Donc, en réalité, Edouard Philippe, il est en train de se dire
09:42que lui peut être le barycentre d'une nouvelle majorité
09:47avec des gens qui ne seraient pas nécessairement les macronistes actuels.
09:53Assez naturellement, on pense à des gens qui viendraient de la droite.
09:56La vraie question qui se pose avec Edouard Philippe,
09:58c'est sa capacité, éventuellement, et s'il en a besoin,
10:01à aller chercher une gauche libérale à qui il ne parle pas du tout.
10:06Oui, évidemment qu'il pense à...
10:08Après, il pense à son positionnement en cas d'élection présidentielle.
10:11Alors, on sait qu'il y en a une, forcément, dans trois ans,
10:13peut-être avant, parce que la situation est quand même celle d'une crise de régime
10:17qui pourrait s'aggraver.
10:19Et donc, il sort de la sphère du macronisme pour dire,
10:25voilà, moi j'existe et c'est le président qui a décidé d'en terminer avec cette histoire.
10:30C'est comme une rupture. Il acte la rupture entre eux.
10:33Et effectivement, il se replace en pensant à sa propre étoile,
10:38à sa propre candidature, dans la perspective de ce qui vient.
10:41Mais comme nous tous, il ne sait pas très bien ce qui vient.
10:43Il faut aussi le souligner.
10:45Sachant que quand on discute avec des membres de la majorité,
10:47on comprend qu'il existe des contacts, évidemment pas officiels,
10:51pas des contacts de parti, mais entre des membres de la majorité
10:54et des personnalités de la gauche.
10:56Donc, il y a quand même des choses qui se passent en coulisses.
10:58Oui, parce qu'en réalité, si aujourd'hui, tout le monde parle publiquement du premier tour,
11:07tout le monde pense également à ce qui va se passer entre les deux tours,
11:11mais aussi à ce qui se passera après le deuxième tour
11:14et qu'on pourrait appeler un troisième tour.
11:16Et ça, c'est vrai dans tous les cas.
11:17En fait, je voudrais juste qu'on clarifie ça, parce que nos auditeurs doivent se dire
11:20que tout ça, c'est de la tambouille et les gens sont en train de nous vendre des listes,
11:24les partis sont en train de nous vendre des listes
11:26et des regroupements politiques qui vont voler en éclat au soir même.
11:30L'image que ça renvoie de la politique est quand même un peu particulière.
11:33Ces regroupements sont liés au mode de scrutin.
11:37Le scrutin a deux tours, une est nominale.
11:39Ça pousse au rassemblement pour essayer de franchir le premier tour
11:42et constituer une majorité.
11:43Ces rassemblements, ils visent à produire une majorité à l'issue de cette élection.
11:47S'il n'y a pas de majorité à l'issue de cette élection,
11:49le troisième tour, ça va être des détractations
11:52pour essayer de constituer une majorité et de nommer un gouvernement.
11:56Et puis, je crois que pour comprendre pourquoi ça n'est pas seulement de la tambouille,
12:00il faut revenir à la question initiale.
12:04La question, y compris celle qu'Emmanuel Macron a voulue que les Français se posent,
12:08c'est est-ce que vous voulez ou non être gouverné par le Rassemblement national ?
12:13Dans cette optique-là, effectivement,
12:16la Macronie a probablement sous-estimé la capacité de la gauche à se rassembler
12:20dans ce qui reste un fond de ce qu'on pourrait appeler une forme de réflexe antifasciste.
12:25Je pense que si des membres du Rassemblement national entendent ça,
12:29ils vont se faire des...
12:31Pas beaucoup à leur plaire.
12:33Mais en fait, c'est ça qui a animé la gauche.
12:36Et c'est comme ça qu'on réussit à avoir une alliance
12:39qui va de Jean-Luc Mélenchon à François Hollande,
12:41alors qu'ils ont des divergences absolues sur un certain nombre de sujets.
12:46Donc, la gauche se réunit, d'une manière et avec une solidité et une rapidité
12:51qui a surpris le camp Macron.
12:54Et puis, de l'autre côté, on a Éric Ciotti qui emmène une partie des Républicains
12:58ou pas avec Jordan Bardella.
13:04Et dans cette dynamique-là, Emmanuel Macron qui se dit
13:09qu'on va être écrasé entre deux blocs
13:11et qui surjoue une stratégie de choc des blocs
13:16en disant « moi je suis le vote utile ».
13:19Mais cette stratégie de fracturation-là,
13:23effectivement, elle présente un risque.
13:25C'est qu'à terme, les gens vont...
13:28Au moment où il faudra probablement constituer
13:30une forme de gouvernement d'union nationale dans un troisième tour,
13:35les gens risquent de se dire « oui, ça ressemble à la tambouille politique ».
13:39Or, c'est ça qui va se passer.
13:40C'est parce que la question posée, c'est
13:42« le Rassemblement National peut-il arriver au pouvoir ? »
13:45Faut-il, à un moment donné, réussir à constituer
13:48un gouvernement d'unité, d'union nationale ?
13:52Et ça, c'est le troisième tour.
13:53Et en réalité, ces équilibres-là, on ne les aura pas avant le dimanche 7 juillet au soir.
13:59On se retrouve dans un instant.
14:00Il est 9h20, vous êtes sur Les Informés.
14:02Et il est l'heure du fil info de Claire Chicaglini.
14:06Une résurrection dont le prêt à porter.
14:08La marque Camailleux fera sa réapparition en magasin et en ligne fin août.
14:12Elle a été rachetée par Cellio.
14:14Camailleux avait été liquidé il y a près de deux ans.
14:16Deux mille salariés avaient été licenciés.
14:18Marine Le Pen accuse l'ultra-gauche.
14:21Soutien dès les filles.
14:22Hier matin, un candidat RN a été bousculé et insulté sur un marché de Saint-Étienne.
14:26Hervé Breuil a reçu de l'eau et de la farine.
14:28La candidate insoumise dément toute présence de ses militants sur place.
14:32Priorité faite à Kiev.
14:34Washington va privilégier l'Ukraine pour ses envois de missiles antiaériens.
14:38Leur livraison sera donc retardée pour les autres pays.
14:41Le road-foot, les bleus face au orange.
14:44Premier choc pour l'équipe de France après sa victoire sur l'Autriche.
14:48Face aux Pays-Bas, les hommes de Didier Deschamps peuvent valider leurs billets pour les huitièmes de finale.
14:52Coup d'envoi à 21h.
14:57France Info.
15:02Les informés.
15:04Jean-Rémi Baudot.
15:06Monsieur de retour sur le plateau des informés avec Julie Marie Lecomte,
15:09chef du service politique de France Info et Sylvain Courage,
15:11directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
15:15On va parler d'antisémitisme avec cette question.
15:17Comment mieux protéger les Français juifs ?
15:20Il y a eu un nouveau rassemblement hier pour contrôler l'antisémitisme.
15:25Comme la veille après la révélation d'un nouveau crime antisémite,
15:28le viol d'une fillette de 12 ans par deux adolescents de 13 ans,
15:33mis en examen pour violents réunions, menaces de mort et violences antisémites.
15:37On sait que ces faits se sont déroulés samedi à Courbevoix en région parisienne.
15:40Drame qui a été condamné par les responsables politiques de toute étiquette
15:43mais qui pèse évidemment sur cette campagne électorale
15:46alors que certains insoumis, dont Jean-Luc Mélenchon,
15:48ont été accusés ces derniers mois d'avoir tenu des propos flirtants avec l'antisémitisme.
15:54Je voudrais vous faire écouter ce que dit Yonatan Harfi, le président du CRIF.
15:58C'était hier chez nos confrères de France Inter.
16:01Les Français juifs vivent cette assignation à la question d'Israël,
16:06à la question du conflit israélo-palestinien,
16:09comme quelque chose d'extrêmement douloureux
16:11qui les expose, qui leur met une cible dans le dos
16:13et la France Insoumise, en conscience, sachant cela,
16:17choisit de mettre la question palestinienne au cœur de toutes ces prises de parole médiatiques
16:23et notamment durant la campagne des Européennes.
16:25Nous appelons à un bloc républicain qui rejette ces extrêmes.
16:28Il y a des alternatives à cette opposition entre une extrême gauche antisémite
16:32et une extrême droite nationaliste et populiste.
16:35Parce que nous savons dans l'histoire juive ce que le populisme peut coûter.
16:40Nous savons à quel point il n'a jamais été un rempart contre l'antisémitisme,
16:43quoiqu'en disent aujourd'hui les dirigeants du Rassemblement National.
16:46Yonatan Harfi, président du CRIF, c'était hier sur France Inter.
16:50Alors, comment apaiser ce débat public ?
16:52Comment mieux protéger les juifs de France ?
16:54La question est évidemment posée, Sylvain Courage, du Nouvel Obs.
16:57C'est vraiment la question de ce débat public qui est lourd, disons-le,
17:02et qui est tendu, notamment sur les questions d'antisémitisme.
17:05Alors, pour éviter que les choses ne s'aggravent,
17:08il faut évidemment s'intéresser à ce qui s'est passé à Courbevoie
17:12et essayer de comprendre ce qui s'y est passé
17:14et condamner les responsables qui sont d'une jeunesse
17:19incroyable, c'est un fait divers, très singulier.
17:23Donc il faut éviter d'analyser la situation nationale
17:27à partir de ce qui s'est passé à Courbevoie.
17:29Mais c'est quelque chose qui reflète, c'est un crime qui reflète quelque chose.
17:33Oui, bien sûr, ça reflète quelque chose, mais il faut bien le nommer,
17:36comme dirait Albert Camus, c'est-à-dire qu'il faut rester sur ce sujet-là,
17:41aller au fond de ce problème,
17:44la jeunesse des criminels supposés,
17:49la jeunesse de la victime, l'environnement, etc.
17:52Vraiment enquêter, comprendre.
17:55Et puis l'autre recommandation, c'est de ne pas importer directement
17:59le conflit israélo-palestinien.
18:01Alors, c'est aussi plus facile à dire qu'à faire.
18:04Mais c'est vrai que tout ce qui contribue à importer cette violence,
18:09à l'installer dans les esprits,
18:12ça ne peut avoir que des effets délétères.
18:15C'est un sujet qui doit concerner tous les responsables politiques
18:19et toutes les associations confessionnelles.
18:21Parce que cette résurgence d'un discours antisémite
18:23et de ces crimes antisémites,
18:25de tous ces actes antisémites qui progressent depuis des mois,
18:27il y a quand même un lien avéré entre ce qui se passe au Proche-Orient
18:31et aussi une forme de libération de la parole,
18:33d'une parole antisémite en France.
18:35Bien sûr, et souvenez-vous, juste après les attentats du 7 octobre,
18:40l'attaque du Hamas, il y avait eu quand même une grande manifestation.
18:43On était dans, disons, la gestion républicaine du sujet.
18:47Mais il y avait déjà des gens qui s'étaient mis en marche.
18:49Et là, ils devraient réfléchir à ce qu'ils ont fait.
18:51Je pense évidemment à la France Insoumise,
18:54qui a, dès le départ, utilisé quand même cette affaire
18:57pour attirer l'attention, polariser, diviser.
19:00C'est une stratégie qui est assumée.
19:01Donc là, il y a un problème.
19:03Et ensuite, effectivement, il faut considérer
19:05qu'il y a des gens qui sont de confession juive en France,
19:08mais ils sont français.
19:09Et en France, il n'y a pas de guerre entre le Hamas et l'armée israélienne.
19:16On est en France.
19:17Donc vraiment, cette question de créer un barrage
19:22à l'importation de ce conflit, c'est vraiment l'urgence.
19:25Il y a donc une réponse policière, une réponse judiciaire.
19:28Et le gouvernement parle d'une réponse éducative.
19:30Emmanuel Macron a notamment demandé qu'il y ait des temps d'échange
19:34sur la question du racisme et de l'antisémitisme dans les écoles.
19:37Julie Marie Lecompte, on a l'impression que tout ça...
19:39C'est un risque qui doit déjà exister.
19:41Tout ça arrive bien tard.
19:42On a l'impression que le remède, là, à ce qui s'est passé,
19:45est un petit peu dérisoire.
19:46Autant, je suis souvent assez sceptique
19:48quand systématiquement on se tourne vers l'école
19:52comme celle qui serait capable d'immédiatement régler
19:57ou qui serait coupable d'avoir laissé prospérer
20:01un certain nombre de problèmes ou ne pas avoir su les prévenir.
20:05Autant, pour le coup, oui, là, il y a une vraie question d'éducation.
20:12On est dans l'histoire, dans l'éducation civique.
20:19Même si Emmanuel Macron a présenté ça au Conseil des ministres
20:24dans des conditions un peu compliquées,
20:26alors que l'année scolaire est finie,
20:28de toute façon, cette proposition-là ne pourra pas avoir le jour.
20:32Elle a laissé les professeurs des écoles et les professeurs assez sceptiques.
20:38Ceci dit, ce qui m'a frappée dans la façon dont vous avez posé la question,
20:42c'est que peut-on faire pour rassurer les Français de confession juive ?
20:46Je crois que vous avez dit ça.
20:47Les juifs de France, oui, peut-être.
20:49Les Français juifs, mais face à ce qui s'est passé à Courbevoie,
20:53comment rassurer les Français tout court ?
20:55Enfin, là, on a probablement perdu...
20:59Mais on ne peut pas décorreler totalement ce qui s'est passé.
21:01Ce n'est pas n'importe quel crime, ce n'est pas n'importe quel viol qui s'est passé à Courbevoie.
21:05Quand j'étais petite, à l'école, j'ai appris la Shoah comme étant un sujet universel
21:17qui nous touchait tous, qui nous concernait tous,
21:20indépendamment de la confession de chacun.
21:24Et juif ou pas juif, ce qui s'est passé à Courbevoie concerne tous les Français
21:30et inquiète tous les Français.
21:32C'est cette universalité-là qu'il faut retrouver.
21:35Et c'est probablement aussi pour ça qu'Emmanuel Macron, à raison,
21:40se tourne vers la question éducative.
21:43Sylvain Courreges ?
21:44Oui, je rejoins tout à fait ce qui vient d'être dit.
21:46Le danger, c'est la communautarisation des sujets.
21:51Si la France a réussi quelque chose dans le domaine de la tolérance religieuse
21:58et de la coexistence pacifique entre des religions et des groupes différents,
22:04c'est justement par les valeurs universelles.
22:06C'est pour ça qu'il faut traiter ce fait divers comme un crime,
22:09comprendre les motivations, les motivations avancées,
22:12les problèmes psychologiques aussi qu'il peut y avoir derrière.
22:15On voit bien qu'il y a une épaisseur d'explications à trouver.
22:21Le résumer tout de suite à une affaire d'affrontement communautaire,
22:25c'est vraiment réducteur.
22:27Merci beaucoup Sylvain Courreges, directeur adjoint de la rédaction du Nouveau Labo.
22:31Je voudrais qu'on voie la une de l'ops de cette semaine,
22:34la République assiégée.
22:36Qu'est-ce qu'on trouve dans le magasin de cette semaine ?
22:38On trouve un diagnostic de ce qui se passerait si le RN gouvernait la France,
22:41c'est-à-dire un changement de paradigme, nous semble-t-il,
22:44et une rupture avec des grands principes républicains.
22:46On vient d'en parler.
22:47Sylvain Courreges.
22:48Julie Marie Lecompte, merci beaucoup,
22:50chef du service politique de France Info.
22:51On vous retrouve évidemment avec tout votre service sur France Info.
22:55On se retrouve les informations de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bourde.