• il y a 6 mois
Spécialité souvent méconnue et peu choisie par les étudiants, la gériatrie fait pourtant le bonheur de Bruno Oquendo. À la tête d’une unité de gériatrie à orientation neuro-psycho-gériatrique, il s’occupe de patients de plus de 75 ans, polypathologiques. Un choix qu’il ne regrette pas puisqu’il lui permet de prendre en charge un patient dans sa globalité, entouré d’une équipe de différents professionnels de santé.

Soucieux du bien-être de nos ainés, Bruno Oquendo a créé le compte @le_geriatre sur les réseaux sociaux. Il y donne aux personnes âgées, mais aussi et surtout aux proches, des informations sur le grand âge et des conseils sur le mieux vieillir.

Recherche, exercice au quotidien, fin de vie, médiatisation, une Consult' riche, à l'image de son exercice.

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Transcription
00:00Les gériatres, on dit souvent que le but, ce n'est pas d'ajouter des années de vie,
00:04mais de la vie aux années.
00:13Je l'ai découvert en sixième année de médecine, vraiment c'était mon dernier stage.
00:17C'est très enrichissement humainement, mais aussi il y a un côté de prise en charge globale du patient.
00:22Le patient n'a pas une problématique, mais une multitude de problématiques,
00:25et donc il faut savoir quand est-ce qu'on va actionner les bons leviers au bon moment.
00:29Et en plus de ça, paradoxalement, la gériatrie, c'est la spécialité la plus jeune
00:34parmi toutes les spécialités médicales, et donc il reste beaucoup, beaucoup de choses à découvrir.
00:42Malheureusement, en fait, on a une communication qui est un peu cata.
00:45On nous choisit, je crois, avant, avant dernier à l'internat.
00:52La gériatrie, c'est une spécialité qui se découvre,
00:55et bien souvent, en fait, les externes qui passent en gériatrie,
00:58ils ont une vision totalement différente de cette spécialité après être passé dedans.
01:02Donc il y a quand même un gros problème d'image,
01:03où on pense que la gériatrie, ça s'assimile un peu à la fin de vie,
01:07alors que pas du tout, dire qu'un gériatre s'occupe de la fin de vie,
01:10c'est comme dire qu'un pédiatre ne s'occupe que des nourrissons, que des bébés,
01:14ce qui est absolument faux, c'est juste une toute petite partie de la prise en charge.
01:17Bien souvent, en fait, on a cette vision qui est partagée par certains confrères
01:22qui ne voient pas cet intérêt de la gériatrie.
01:24Ce qui est intéressant, c'est que quand on est un gériatre dans un autre service,
01:27par exemple dans un service de chirurgie orthopédique ou en cardiologie,
01:32les patients âgés meurent moins.
01:37Moi, je m'occupe d'unités de gériatrie à orientation neuropsychogériatrique.
01:41Je m'occupe de patients qui viennent des urgences,
01:44mais également de patients qui viennent de services de neurovasculaire,
01:48de services de neurochirurgie, et des patients qui ont des troubles collectifs sévères.
01:52Ils ont tous plus de 75 ans et ils ont plusieurs pathologies en même temps.
01:56Sur ma journée type, c'est vraiment prendre en charge les patients avec les entaires,
02:02avec mes collègues, vraiment dans leur globalité.
02:04Et surtout, ce qui est très important, c'est d'échanger avec d'autres paramédicaux.
02:08On a dans l'équipe des kinésithérapeutes, des psychologues, des assistants sociaux,
02:13des psychomotriciens, des ergothérapeutes.
02:20Il y a le côté humain.
02:21Nos patients nous racontent leur vie, nous transmettent beaucoup de conseils, beaucoup d'idées.
02:25Également, moi, j'adore la recherche.
02:28Et donc, il reste tout à trouver.
02:30Chaque jour, on a des nouveaux projets de recherche, effectivement, ciblés sur les personnes âgées.
02:38En ce moment, en fait, on est en train d'étudier une filière neurogériatrique,
02:43c'est-à-dire une filière pour laquelle on a des patients qui viennent de neurovasculaire,
02:47qui vont ensuite en gériatrie, et étudier quelle est la plus-value de cet ensemble.
02:53Et puis également, des études sur les traitements pour la maladie d'Alzheimer,
02:57voir ce qui existe.
02:58Et puis surtout, là, en ce moment, je fais une revue de la littérature sur un médicament en particulier.
03:03C'est intéressant de voir s'ils sont efficaces,
03:06quelle est la plus-value de ces médicaments et quels sont les risques de ces médicaments également.
03:13Je ne dirais pas que ce soit les oubliés de la médecine.
03:15Je dirais surtout que, en fait, pendant très longtemps, et ça se fait encore dans beaucoup de pays,
03:25au bout d'un certain âge, on dit qu'il n'y a pas besoin d'aller chercher beaucoup plus loin.
03:28Par exemple, la gériatrie, ça n'existe pas dans tous les pays.
03:31Ça existe dans certains pays asiatiques, où il y a des distances de vie assez longues,
03:36en Europe, aux États-Unis, au Canada, au Brésil,
03:39et c'est en train de se former dans la plupart des autres pays.
03:42Et c'est encore au stade de début.
03:43La prise en charge des personnes âgées a été oubliée pendant longtemps, y compris en France,
03:47puisque ce n'est qu'avec la grande canicule de 2011
03:51qu'en fait, ça a été une vraie problématique qui a été mise en avant
03:55et que la gériatrie a pu être relevée.
03:57Elle ne peut être choisie par les internes que depuis 2018.
04:04Tout a débuté lorsque je me suis cassé le coude à l'escalade.
04:08Du coup, j'étais cloué au lit pendant un petit moment et je me suis bien scrollé.
04:12Je me suis dit, en fait, on ne parle pas des personnes âgées,
04:14on ne parle pas de la médecine des personnes âgées,
04:16et il y a pas mal de fake news qui circulent.
04:18Donc, pourquoi ne pas parler de la gériatrie ?
04:21Et surtout, parler d'un côté comment bienveillir
04:25et également comment accompagner nos personnes âgées.
04:31Je me sers de ce que mes patients, et surtout les familles de mes patients, me demandent.
04:34Lorsque je vais faire une vidéo sur un sujet, je vais pouvoir toucher beaucoup plus de gens.
04:38J'aime bien un peu le côté humoristique, faire quelques vidéos sur l'hôpital, sur mon quotidien.
04:43Je suis également sur ma vie à l'hôpital.
04:49Je n'ai pas peur de vieillir.
04:50J'ai peur de vieillir en mauvaise santé.
04:53D'ailleurs, les gériatres, on dit souvent que le but,
04:55ce n'est pas d'ajouter des années de vie, mais de la vie aux années.
05:00L'idée, c'est le patient de 80 ans qui est en perte d'autonomie,
05:03on va essayer de regagner cette autonomie
05:05et faire en sorte qu'ils vivent le maximum de temps le mieux possible.
05:12C'est important parce que quand ça arrive, bien souvent, on nous dit qu'on n'en a pas parlé.
05:17Rien que le fait d'en parler, d'en discuter, effectivement,
05:19bon, là, c'est pour aller vers des lois, pour mieux cadrer les choses, et ça, c'est très bien,
05:23mais rien que le fait qu'on en parle fait que peut-être que des gens qui nous regardent aujourd'hui
05:28vont aller vers leurs parents, leurs grands-parents, et leur dire,
05:31il faudrait qu'on en parle. Qu'est-ce que toi, tu veux ?
05:36Un chemin de milieu commence toujours par un premier pas.
05:39Au médecine, c'est important parce qu'il y a toujours une montagne devant nous.
05:42On a du mal à faire ce premier pas en avant et à reporter tout le chemin.

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