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Après 2 ans d’exercice en hôpital, Maxim Challiot ne s’y est pas retrouvé. Fuite du personnel, conditions de travail compliqués, crise des hôpitaux… Il a fait le choix du changement pour préserver sa santé. Il est maintenant médecin spécialisé en médecine physique et réadaptation et médecine préventive et sociale dans une structure médico-sociale. Un changement qui lui permet de s’épanouir dans sa vie professionnelle comme personnelle.

Prendre soin des professionnels de santé, c’est d’ailleurs son fer de lance. Il est délégué régional à l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS). Elle agit autour de deux piliers : accompagner et prévenir.

Rencontre avec un médecin passionné et engagé !

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Transcription
00:00Manque de collègues, manque de personnel soignant.
00:02Je n'arrivais pas à être le médecin que je m'étais promis d'être.
00:05Au bout d'un moment, j'avais un conflit de valeurs.
00:07Je me disais, je ne fais pas du bon travail, ça me frustre.
00:09Et je suis allé voir ailleurs.
00:18Ça va bien.
00:19Un peu fatigué parce que j'ai une petite éma qui a six mois aujourd'hui.
00:22J'arrive à prendre soin de moi et plutôt pas mal d'énergie aujourd'hui.
00:25J'ai fait deux ans en tant que PH contractuel.
00:31J'ai eu un peu une désillusion de mon parcours au milieu hospitalier
00:35parce que par le manque de moyens,
00:36je n'arrivais pas à être le médecin que je m'étais promis d'être.
00:39Manque de collègues, manque de personnel soignant.
00:42Au bout d'un moment, j'avais un conflit de valeurs.
00:44Je me disais, je ne fais pas du bon travail, ça me frustre.
00:46Et je suis allé voir ailleurs, entre guillemets, dans le médico-social.
00:49Je suis médecin dans une association.
00:52Il y a un service d'insertion professionnelle
00:55de patients ayant une cérébro-lésion,
00:58des patients jeunes traumatisés crâniens
01:00qui, à la suite de leur traumatisme crânien,
01:01ont un important handicap social, cognitif, invisible
01:05qui leur ne permet pas de reprendre ou prendre une activité professionnelle.
01:08Donc on les accompagne vers un projet de vie,
01:11se reconnecter socialement
01:12et trouver éventuellement un boulot qui leur correspond,
01:15adapté à leur situation.
01:17Un autre parti, c'est un secteur grand handicap.
01:19Donc c'est des adultes qui vivent en institution.
01:25Aujourd'hui, quand je termine ma journée à 17h,
01:27je n'ai pas une tonne de choses auxquelles je pense.
01:29Je ne suis pas obligé de retravailler le soir,
01:31de revoir mes comptes rendus, de revoir mes dossiers.
01:34Je trouve qu'en termes de séparation vie perso, vie pro, ça change.
01:41Ce qui me plaît, c'est le temps qu'on a pour faire des choses.
01:45Ce qui me plaît, c'est le temps long.
01:47Quand je rentre en contact avec les patients,
01:50c'est vraiment une rencontre en profondeur.
01:52Je peux prendre le temps, je n'ai pas de diagnostic à faire.
01:54Je les rencontre, je rencontre leur entourage,
01:56leurs ressources personnelles et périphériques.
02:03Ça a commencé quand j'étais interne à Montpellier.
02:06J'ai participé à un groupe de méditation, MBSR, donc 8 semaines.
02:10Après avoir participé pour moi-même,
02:12j'ai contribué au montage d'un programme
02:14dans le but de réduire le stress chez les internes.
02:16Ça m'a apporté beaucoup de satisfaction d'avoir des retours des internes qui m'ont dit
02:20« tu as bien fait de me motiver à faire ce programme,
02:22je me sens beaucoup plus acteur de mon stress. »
02:25En 2020, il y a eu la crise Covid.
02:26J'ai participé à des groupes d'entraide sur Facebook notamment.
02:29Je voyais des collègues en soirée ou le week-end
02:33que je pouvais revoir la semaine dans mon groupe que j'avais formé,
02:36en larmes, qui le week-end me disaient « tout va bien dans le meilleur des mondes ».
02:39En fait, ça n'allait pas du tout.
02:41Il y avait une appréhension énorme quant à enchaîner le nombre de gardes
02:44parce qu'on n'était pas assez nombreux.
02:46Et là, je me suis dit « il y a un truc qui ne va pas,
02:48j'avais envie de le crier sur tous les toits. »
02:54On a fait une thèse d'exercice sur la qualité de vie des médecins généralistes libéraux en 2024.
03:00Et bien, c'est catastrophique.
03:01Il y a une perte de sens, il y a un épuisement professionnel,
03:05une impossibilité de combiner la vie au cabinet et la vie personnelle.
03:10Il y a plein d'autres problèmes comme la consommation de médicaments, de stupéfiants.
03:15Je me suis toujours dit « pourquoi il n'y a que très peu de médecins
03:17qui ont eux-mêmes un médecin traitant ? »
03:19Être son propre médecin, ce n'est pas une bonne idée.
03:25C'est une association qui a deux, voire trois grands axes.
03:29Un, c'est d'accompagner les soignants et les professionnels de la santé
03:32en difficulté par une plateforme 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
03:36Il y a un numéro vert, il y a une application.
03:38Et il y a aussi une démarche de prévention par des ateliers qui s'appellent les IJAD,
03:42des ateliers en ligne de gestion du stress, de gestion des conflits,
03:45mais aussi de management, de communication non-violente.
03:51Il y en a une quarantaine par jour.
03:53Et en aval des appels, il y a une hiérarchisation des prises en charge
03:57avec des consultations anonymes avec des psychologues,
04:00mais aussi, si besoin, des établissements partenaires pour une hospitalisation.
04:05Et il y a tout un réseau qu'on appelle le réseau national des RPS,
04:08avec des médecins, des psychologues, des professionnels de la santé
04:11qui aident leurs collègues sur tout le territoire.
04:17Je pense que pendant les études, d'avoir vécu la crise Covid
04:20qui a duré un petit moment a entraîné, de fait, une remise en question,
04:24des questionnements chez les étudiants sur ce qu'ils veulent faire, ce qu'ils ne veulent pas faire.
04:29Il y en a beaucoup qui priorisent leur qualité de vie.
04:32Et je pense qu'ils ont raison, parce que prioriser sa qualité de vie au travail,
04:35c'est améliorer la qualité du soin.
04:40Déjà, je ne travaille pas trop.
04:42Je travaille trois jours, trois jours et demi par semaine.
04:45J'aime bien méditer, et notamment entre midi et deux, ça m'arrive de faire des siestes.
04:50J'apprends à, parfois, ne rien faire pendant quelques minutes pour descendre la pression.
04:57J'ai une bonne tension. Par contre, j'ai des troubles de l'attention.
05:00En un mot, oui.
05:01Des fois, je m'éparpille, mais l'attention, non, ça va, je la suis et c'est assez correct.
05:08Soigner les soignants.

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