La Consult’ d’Élisabeth Hubert : « Il faudrait montrer plus précocement dans les études de médecine les possibilités offertes par la médecine hors de l’hôpital »

  • le mois dernier
Et si l’hôpital du futur, c’était le domicile ? Au fil des années, l’hospitalisation à domicile se démocratise de plus en plus. Des soins qui auparavant pouvaient exclusivement être réalisés à l’hôpital, peuvent maintenant s’effectuer à la maison ou dans un EHPAD. Tout cela grâce à des équipes formées et à un matériel et des technologies en perpétuelle évolution. C’est en tout cas ce que propose et défend la FNEHAD, fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile. Les 280 établissement d’HAD qu’elle regroupe ont permis de réaliser en 2021 plus de 90% des journées d’HAD.

Des actions que la fondation défend régulièrement auprès des pouvoirs publics. Objectif : faire connaitre ce mode de soins, auquel le personnel soignant et les patients ne pensent encore trop peu, et obtenir plus de moyens pour le déployer davantage.

Pour en parler, nous avons rencontré la présidente de la fédération, Élisabeth Hubert. Elle livre son regard de soignante, mais également d’ancienne ministre de la Santé et de l’Assurance maladie.

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Transcript
00:00On est dans un pays qui est encore hospitalo-centré.
00:02Qu'on raisonne d'abord hôpital, je mets un patient dans un lit.
00:06Exactement comme il y a 50 ans, quand j'ai appris la médecine.
00:08Il faut changer ce paradigme.
00:18C'est une fédération d'établissements d'hospitalisation à domicile.
00:22C'est une fédération hospitalière qui a donc une responsabilité
00:25d'être l'interlocuteur sur les sujets de l'hospitalisation à domicile
00:28des pouvoirs publics.
00:30Développer et de mieux faire connaître l'hospitalisation à domicile.
00:33Et puis nous avons les 281 établissements qui font l'hospitalisation à domicile
00:37en France, dans tous les territoires, qui sont nos adhérents.
00:40Et nous sommes bien évidemment chargés d'en défendre les intérêts
00:43auprès des pouvoirs publics.
00:48C'est par exemple en ce moment d'avoir le bonheur d'avoir à peu près tous les jours
00:52des réunions avec le ministère de la Santé sur le futur modèle de financement
00:56des établissements de santé, sur la façon dont vont pouvoir être organisées
01:00certaines dotations, dont peuvent éventuellement se modifier
01:03certains types d'activités de soins.
01:05Et puis au niveau local, nous sommes aussi les interlocuteurs
01:09des agences régionales de santé et des collaborateurs de celles-ci.
01:15Prendre en charge des patients à leur domicile.
01:18Ce domicile, c'est leur maison.
01:20Cela peut être aussi un établissement médico-social.
01:23Je pense à un épargnement de soins de longue durée.
01:26Je pense à un EHPAD ou je pense à un établissement d'accueil des handicapés.
01:29Nous prenons en charge des patients qui, si nous ne développons pas ces soins,
01:33ils seraient à l'hôpital.
01:34Un patient qui est en soins palliatifs, c'est une grosse part de notre activité,
01:39qui dit « ok, je vais mourir, je veux que ce soit chez moi.
01:41Je veux que les soins que vous me faites ou la surveillance que vous êtes en train
01:45de me délivrer, tout ça, ok, ça peut être fait à domicile.
01:48Ce que je suis en train de dire peut être fait aussi par des professionnels
01:51de l'ambulatoire, par des professionnels libéraux.
01:53Nous, nous sommes le stade au-dessus.
01:55Quand la demande plus de professionnels, aussi des traitements intraveineux,
01:59de médicaments qui sont des médicaments spécifiques à l'hôpital.
02:02Et puis aussi, quand il y a éventuellement besoin d'une réponse
02:06à toute heure du jour et de la nuit.
02:11Pour le patient d'abord, c'est qu'il est chez lui, il est dans son univers.
02:14Il a aussi des garanties.
02:15Nous sommes certifiés comme établissement de santé,
02:17c'est-à-dire qu'on contrôle la qualité que nous délivrons.
02:20Et puis la sécurité, nous avons des conditions de fonctionnement
02:23qui nous obligent à avoir des professionnels médecins salariés,
02:26des professionnels soignants, infirmières ou aides-soignantes,
02:29des assistantes sociales, des psychologues.
02:31Pour nos prescripteurs, pour les établissements de santé,
02:34c'est tout simplement qu'on peut assis arrêter de parler en lit
02:36si on ne garde pas un patient le week-end,
02:39alors qu'on sait qu'il pourrait être chez lui en toute sécurité
02:41parce qu'il serait accompagné et suivi.
02:44Eh bien, le problème de « j'ai pas assez de lit, j'ai pas assez de personnel »
02:48se résout, j'ai tendance à dire, naturellement.
02:53La territorialité générale, elle est présente.
02:56Est-ce que pour autant, c'est connu ? Non.
02:58C'est de faire en sorte qu'elle soit mieux connue,
03:00bien évidemment du public, mais aussi des professionnels soignants.
03:03Les médecins, qu'ils soient à l'hôpital, qu'ils soient médecins traitants,
03:07ils aient le réflexe de se dire « tiens, je vais peut-être m'envoyer mon patient à l'hôpital
03:11ou je vais peut-être le sortir plus vite, tiens, pof, HAD ».
03:13Mais c'est aussi les infirmières, c'est aussi les kinés, c'est aussi le pharmacien.
03:17Et puis aussi s'adresser au grand public pour lui dire
03:19« il faut que vous disiez au médecin qui va vous dire
03:22« je vais encore vous garder 3 jours, 5 jours, 7 jours, etc. »
03:25de lui dire « docteur, moi je ne veux plus, je veux sortir. »
03:32J'ai cessé mon exercice médical professionnel il y a 30 ans.
03:35Et à l'époque, nous ne connaissions pas, c'est vrai,
03:38mais surtout nous ne faisions pas la même chose.
03:40Tous les 10 ans, on a abordé un cycle différent.
03:41Aujourd'hui, on prend beaucoup plus de malades atteints de cancer,
03:44on prend beaucoup plus de malades atteints de grosses maladies neurodégénératives
03:48qui sont extrêmement dépendants, mais qui néanmoins, dans un bon nombre de cas,
03:51valent être au domicile.
03:53Et ça, il y a 20 ans, on m'aurait dit « mais c'est faisable au domicile ».
03:56Je leur ai dit « mais vous n'y pensez pas,
03:58un respirateur artificiel au domicile, mais comment faire, etc. »
04:01Les technologies, les médicaments ont changé.
04:05Et aujourd'hui, c'est le numérique,
04:06c'est la capacité à faire une téléconsultation à distance.
04:13Il faut bien le reconnaître que depuis une grosse quinzaine d'années,
04:16on est plutôt accompagné par les pouvoirs publics.
04:18Ce dont nous aurions besoin, c'est que,
04:20beaucoup plus précocement, dans les études de médecine d'infirmière,
04:23on montre les possibilités qui sont offertes aujourd'hui
04:26par la médecine hors de l'hôpital.
04:28On est dans un pays qui est encore hospitalo-centré.
04:31On raisonne d'abord « hôpital »,
04:32exactement comme il y a 50 ans, quand j'ai appris la médecine.
04:35Il faut changer ce paradigme.
04:37Aujourd'hui, le sujet qui est le nôtre est un sujet organisationnel.
04:41Et que les pouvoirs publics doivent impérativement
04:44amener le monde libéral à plus travailler avec l'hôpital,
04:48à travailler avec ceux comme nous qui sont en hospitalisation à domicile.
04:52On est dans un pays qui est très conservateur en termes d'organisation.
04:57C'est vrai pour plein d'autres choses, mais en organisation des soins.
05:01Et le rôle des politiques est en la matière capitale.
05:04Il est essentiel.
05:05C'est la posture, c'est le discours qui doit être un élément important.
05:09Et ce n'est pas toujours ce que l'on entend, y compris encore à l'heure actuelle.
05:12Jamais rien céder, jamais renoncer et toujours s'engager.

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