• il y a 6 mois
Xerfi Canal a reçu Sylvain Bureau, professor à l'ESCP Business School, Scientific Director of the Improbable Chair by Galeries Lafayette, Head of the Art Thinking Network, pour parler de la reprise de contrôle.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Sylvain Bureau. Bonjour.
00:09Sylvain Bureau, vous êtes professeur à ESCP Business School, vous êtes directeur de la
00:14chaire Improbable Galerie Lafayette et vous avez conçu le séminaire Improbable. C'est
00:21un truc absolument génial dont j'ai beaucoup beaucoup entendu parler et on m'a dit il faut
00:25absolument que tu croises un jour ou l'autre Sylvain Bureau. Donc ça y est, on y est,
00:29enfin. Comme quoi parfois l'improbable devient probable. Il y a une formule que j'aime beaucoup
00:34pour qualifier votre séminaire. Quand le probable devient inacceptable, comment créer de l'improbable.
00:40Ça c'est la raison d'être du séminaire. Et qu'est-ce que ça parle aujourd'hui ? Qu'est-ce
00:45que ça parle ? Alors on va creuser un peu tout ça ensemble. Premier temps, vous nous dites attention,
00:49il faut passer de VUCA à PUCA. Alors VUCA, qu'est-ce que ça veut dire déjà ? Alors beaucoup
00:55d'entre vous, je pense, ont déjà entendu parler de cette acronyme. Il faut remonter quelques années
01:00en arrière à la fin de la guerre froide. En fait, l'armée américaine se retrouve dans un contexte
01:04beaucoup plus complexe parce qu'il n'y a pas juste l'ennemi URSS. Et donc il y a cette acronyme VUCA,
01:09volatile, un certain, uncertainty en anglais, complexe et ambiguë. Et donc on est face à un
01:15environnement militaire en fait où tout change très vite. On a du mal à être dans des prédictions,
01:20à attribuer des relations de causalité. Et donc l'armée américaine essaye de faire évoluer ses
01:26modalités d'action. On n'est plus dans une planification de très long terme et donc on
01:30bascule sur ce qu'on appellera l'agilité. Et cet univers VUCA, en fait, progressivement se diffuse
01:36bien au-delà du contexte militaire et vient irriguer tout un tas de contenus stratégiques
01:42managériaux. Et ça ne se fait que s'amplifier depuis qu'on a connu la crise 2008, Covid, etc.
01:49Donc ce monde VUCA, il existe, il existe toujours. Je ne suis pas là pour le remettre en question,
01:53mais je suis là pour dire que parfois, dans certains contextes, cette logique me semble
02:00très problématique, voire absurde en fait. C'est-à-dire qu'il y a des dynamiques qui sont
02:05extrêmement probables. On a beaucoup de connaissances sur ces dynamiques-là et donc avoir
02:12cette vision totalement incertaine me semble un peu problématique en fait. Donc on a, avec
02:17différents collègues, notamment le professeur Amy Whittaker, qui est une collègue de New York
02:22University, et ma collègue Ranger Jamin, qui est à ESCP, proposé cet autre acronyme VUCA,
02:29qui donc est probable. Donc en fait, il y a tout un tas de trajectoires probables qui peuvent être
02:35considérées comme inacceptables avec la subjectivité des acteurs qui regardent ces dynamiques. On est
02:42dans un monde toujours plus corrélé, parce qu'en fait les intelligences artificielles nous
02:46permettent de mettre à jour des corrélations existantes et de jouer avec des corrélations
02:51qu'on a pu constituer avec l'analyse de données toujours plus grande en fait. Et un monde toujours
02:56plus artificiel, parce qu'en fait vous n'avez pas un espace sur Terre où il n'y a pas un bout de
02:59plastique, un poêlement internel, etc. Donc ça c'est une réalité qui est finalement assez facile
03:04à caractériser. Pour prendre quelques exemples concrets sur ces trajectoires-là, vous pouvez
03:09trouver des articles de recherche des années 90 qui expliquent que l'enneigement dans plein de
03:14moyennes montagnes françaises va disparaître, et effectivement ça disparaît. Et donc vous avez
03:19dans ce phénomène climatique ou de biodiversité des trajectoires connues depuis plusieurs dizaines
03:24années, les connaissances sont assez établies, on est sur des corrélations, enfin tout ça est
03:30finalement sans surprise. Alors c'est un peu parfois sinistre comme perspective, et d'ailleurs
03:34des auteurs comme Michel Houellebecq aiment à rappeler ce probable désastreux. Et donc la
03:42question que j'avais en fait c'est plutôt que de tout en remettre à l'incertain, non, on peut
03:49justement regarder en face le probable du monde. Évidemment la question c'est qu'est-ce qu'on peut
03:54faire quand on est dans ce monde pucat ? Bien sûr, j'avais envie de dire, les rapports du GIEC qui
03:59ne datent pas d'hier, le premier c'était 1979, et tout se confirme malheureusement, et ça s'affine
04:04de plus en plus. Voilà, vous avez tout ce rappel au rapport Midos 72, ce qui est intéressant c'est
04:11qu'un papier sorti en 2014 qui utilise le modèle de Midos, enfin du rapport Midos, donc fait par
04:18des chercheurs du MIT, et regarde les données qui ont été produites depuis, et en fait le modèle
04:24fonctionne très bien, donc j'allais dire fort heureusement pour les scientifiques, fort
04:29malheureusement pour notre humanité qui constate en fait effectivement une trajectoire très
04:33problématique pour l'être humain. Passé de VUCA à PUCA, vous avez posé vous-même la question,
04:38la question c'est qu'est-ce qu'on peut faire ? On se posera la question dans une autre émission.
04:43Merci à vous. Merci beaucoup.

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