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Xerfi Canal a reçu Aurélien Acquier, professeur, habilité à diriger des recherches à ESCP Business School, pour parler de l'organocène.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Aurélien Ackier, bonjour Julien-Philippe Dany, Aurélien Ackier, professeur ESCP Business
00:13School, coordonnateur avec Julie Maillère, Crème Université de Rennes, IQUB-CRG, École
00:17Polytechnique et Bertrand Vallure, Guillaumion Business School, d'un numéro spécial de la
00:21Revue Française de Gestion, Organisation et Sciences de Gestion à l'épreuve de l'Anthropocène,
00:25d'une introduction de ce numéro spécial, avec une conclusion très forte. La conclusion très
00:32forte c'est qu'il faut peut-être repenser l'Organisation des Sciences de Gestion. Je sais
00:38que vous avez cité entre le point d'interrogation, ou l'absence de point, enfin le point tout court,
00:43ou le point d'exclamation. Moi j'ai envie de dire c'est un point d'exclamation que vous mettez
00:49dans ce papier. Ce qui est sûr c'est que ce qu'on essaye de montrer dans cet article introductif au
00:55numéro spécial, c'est qu'on est devant des enjeux qui sont absolument colossaux pour nos sociétés,
01:02pour nos entreprises, pour nos économies, et que les sciences de gestion, on pourrait aussi
01:09inclure une partie des sciences humaines, parler de l'économie aussi, mais disciplinairement on
01:18est quand même historiquement mal équipé pour traiter de ces sujets. Et donc ce qu'on essaye
01:22de montrer à travers ce numéro spécial et cet article introductif, c'est qu'il y a plusieurs
01:28points de bascule disciplinaires et des sujets qui aujourd'hui sont mal intégrés. Vous tapez fort sur
01:34le champ de la stratégie notamment, vous dites on pense à compétition, avantages concurrentiels,
01:38ressources, etc. Il faut repenser tout ça. Alors effectivement on pourrait avoir des débats. Alors
01:44on n'est pas d'abord, on n'est pas les seuls à appeler à une réflexion sur le corpus de la
01:49stratégie. On peut penser notamment à Alain-Charles Martinet qui dit aujourd'hui, justement à l'heure
01:54de ces déstabilisations planétaires, l'horizon de la stratégie des entreprises ça devrait être la
01:59conception de monde habitable. C'est un mot très fort ça. Au mot stratégicus. Parce que ça signifie
02:06que la conception de monde habitable, ça signifie que la stratégie d'abord doit à la fois parler
02:12d'entreprise, mais aussi parler de société. Et que par rapport à ces enjeux là, on ne peut pas
02:17uniquement regarder et faire de son objet l'entreprise. Et ça pose une question évidemment
02:24très très forte pour les sciences de gestion et l'organisation. C'est quoi, quel est notre objet ?
02:28Et là c'est vrai que pour nous, une des clés, en fait une des opportunités ouvertes par le sujet
02:34de l'anthropocène, c'est de s'appuyer sur une vision de la gestion comme une étude des
02:40rationalisations de l'action collective. C'est-à-dire notre sujet c'est plutôt l'action collective et
02:44les modèles de pilotage de l'action collective, plutôt que de définir notre objet comme
02:50l'entreprise. Donc ça, ça fait partie effectivement des redéfinitions. Un des points, puisque vous
02:56évoquez la constitution de savoir disciplinaire ou sous-disciplinaire, je devrais dire. On le sent
03:02bien, toutes les associations académiques aujourd'hui se saisissent de cette question d'une
03:05façon ou d'une autre. Est-ce qu'il n'est pas le temps de repenser un peu les institutions de
03:09discipline ? Alors je ne sais pas, moi je n'ai pas de propos, enfin je n'ai pas de réponse définitive
03:14du tout. J'ai l'impression quand même que beaucoup y sont prêts. Pardon, je n'ai pas de réponse
03:19définitive du tout à aborder sur ces sujets-là. Je pense que c'est un débat qui est nécessaire et
03:24la question c'est comment est-ce qu'on intègre ces sujets dans le cadre de nos disciplines
03:29académiques et de nos organisations scientifiques ? Bon, ceci étant dit, il y a un point, c'est si
03:35on aujourd'hui aussi par rapport à l'appareillage disciplinaire, des sujets qu'on essaye de pousser,
03:40c'est le fait qu'on est très mal équipé en tant que discipline pour penser les dynamiques du
03:46système Terre, les racines physiques, biologiques des limites planétaires. Et que là, en fait,
03:52on a vraiment besoin d'un travail d'expansion, de renouvellement, de réflexion, de critique
04:00autour de ces éléments-là. Et donc ça, c'est un aspect absolument majeur parce qu'aujourd'hui,
04:07à l'heure où on est rentré dans des systèmes où l'humain déstabilise son propre contexte,
04:14ce qu'on appelle la bonne gestion, ce n'est plus la même chose. On ne peut pas considérer la bonne
04:19gestion comme étant uniquement centrée sur l'optimisation d'une entreprise. On est obligé
04:24de réfléchir systémique. Et penser systémique, ça oblige d'intégrer les répercussions des actions
04:31des entreprises, des systèmes humains sur la biodiversité, la raréfaction des ressources,
04:35le rapport au vivant, etc. Donc là, il y a des stabilisations disciplinaires. Ce n'est pas
04:41seulement à l'intérieur de chaque discipline académique, il en faut aussi de nouvelles. Et
04:46donc, c'est vrai que historiquement, les sciences de gestion, on a été beaucoup alimenté par la
04:51sociologie, l'histoire, l'économie. Il est temps de s'ouvrir aux autres sciences naturelles.
04:57Bien sûr. Tout un programme de recherche absolument considérable,
05:02dont ce numéro spécial donne quelque part le point de départ. Merci à vous.
05:07Merci beaucoup.

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