À 31 ans, Youssef Benzamia est en guerre avec le chrono. Le Niçois a quatorze jours pour valider les minima (1’44’’70) et décrocher son ticket sur 800 m pour les Jeux Olympiques de Paris (26 juillet-11 août).
Pour lui, rater cette grande fête « est impensable » mais la concurrence est rude puisque Benjamin Robert, Gabriel Tual et Yanis Meziane ont déjà signé le temps exigé.
Avec un record en 1’46’17’’, l’enfant des Moulins, licencié au Nice Côte d’Azur Athlétisme part de très loin. Mais le champion de France en salle Élite à la hauteur en 2018 croit en son étoile. "Il suffit parfois d'un déclic" confie-t-il dans notre dernier numéro des "Yeux dans les Jeux".
Jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris-2024 (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre), nous vous présentons, tous les quinze jours, un athlète azuréen qualifié ou qui espère se qualifier. ‘‘Les Yeux dans les Jeux’’ est à retrouver sur tous nos supports numériques (Youtube, Facebook...) et notre site internet : www.nicematin.com
Pour lui, rater cette grande fête « est impensable » mais la concurrence est rude puisque Benjamin Robert, Gabriel Tual et Yanis Meziane ont déjà signé le temps exigé.
Avec un record en 1’46’17’’, l’enfant des Moulins, licencié au Nice Côte d’Azur Athlétisme part de très loin. Mais le champion de France en salle Élite à la hauteur en 2018 croit en son étoile. "Il suffit parfois d'un déclic" confie-t-il dans notre dernier numéro des "Yeux dans les Jeux".
Jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris-2024 (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre), nous vous présentons, tous les quinze jours, un athlète azuréen qualifié ou qui espère se qualifier. ‘‘Les Yeux dans les Jeux’’ est à retrouver sur tous nos supports numériques (Youtube, Facebook...) et notre site internet : www.nicematin.com
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Vous regardez les yeux dans les jeux avec la caisse d'épargne Côte d'Azur,
00:04partenaire premium des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
00:07Salut à tous, bienvenue dans ce nouveau numéro des yeux dans les jeux,
00:30l'émission de Nice Matin, vous le savez désormais, consacrée aux Jeux Olympiques
00:34et aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. C'est une émission qui s'intéresse à la
00:40qualification de nos athlètes pour ce grand rendez-vous planétaire. Avec moi aussi,
00:45vous avez l'habitude en plateau, Romain Laronche, journaliste au service des sports de Nice Matin.
00:49Salut Romain. Salut Christophe.
00:51Alors aujourd'hui, on parle athlétisme et 800 mètres plus particulièrement avec un
00:55athlète de 31 ans licencié au Nice Côte d'Azur Athlétisme, c'est Youssef Benzamia.
01:01Salut Youssef. Salut, merci de m'avoir accueilli.
01:04Bah avec plaisir, avec plaisir. Et pour commencer, là aussi, c'est une tradition dans cette émission,
01:09c'est Romain qui va faire une courte présentation de toi.
01:11Youssef, merci d'être venu sur le plateau. Comme l'a dit Christophe, tu fais du 800 mètres,
01:17tu vas essayer de te qualifier pour les Jeux de Paris. Tu es né à Nice, tu as 31 ans et
01:22l'athlétisme pour toi ça dure depuis très longtemps. Tu as commencé à 11 ans, toi qui
01:28viens des Moulins, tu étais tout proche du stade Charles Hermann. C'était presque une évidence,
01:33tu as accroché tout de suite avec l'athlétisme. Exactement, c'est ça. Donc j'ai commencé
01:38l'athlétisme en 2004. Donc à la base, je faisais du foot et du karaté. Donc je faisais plusieurs
01:43sports. J'aimais le sport. Et du coup, un jour, l'entraîneur de l'équipe de foot, il voyait que
01:52j'étais vraiment super rapide et il voulait que je fasse de l'athlétisme. Donc il m'a inscrit.
01:57Et en fait, j'ai accroché directement à l'athlétisme. C'est un sport, on va dire,
02:02individuel. Donc j'aime bien vouloir me surpasser et ne pas être impacté par la performance des
02:09autres. Donc vraiment, je suis quelqu'un d'individualiste et j'ai vraiment accroché
02:14à l'athlétisme. Et en fait, directement, j'ai voulu tout le temps me surpasser. J'avais déjà
02:20cet objectif de vouloir faire les Jeux olympiques. Donc dès 2004. Et voilà.
02:26Alors ton parcours a commencé d'abord par le saut en hauteur. En 2011, tu es sélectionné pour les
02:33championnats d'Europe junior. En 2018, tu obtiens même le titre de champion de France en salle chez
02:40les seniors. Mais après un petit détour par le 400 mètres haut, tu optes finalement pour le 800
02:45mètres. Là, on est fin 2020 et il viendra une progréssion très rapide de 8 secondes en peu
02:52de temps. Tu as signé ton meilleur temps, c'est 1h46 17. C'était à Marseille l'été dernier. Les
02:58minimas sont fixés à 1h44 70. Maintenant, on est dans la dernière ligne droite pour les Jeux de
03:04Paris. L'objectif, c'est d'accrocher ce temps avant le 30 juin. Exactement. J'ai un parcours
03:10qui est vraiment assez atypique. J'ai touché à pas mal d'épreuves différentes. Et là, c'est
03:17incroyable. Quand j'avais préparé les Jeux olympiques de Tokyo, j'étais vraiment à une
03:21seconde. Christopher avait suivi le parcours où je partais vraiment de rien du tout. En fait,
03:27je voulais faire absolument les Jeux olympiques à Tokyo et alors que je n'avais jamais couru de
03:32800 mètres. Et à ma première course, j'ai fait 1 minute 50. Ensuite, 1 minute 47. Puis après,
03:391 minute 46 où Christopher avait vu la course. C'était vraiment incroyable. Les minimas sont
03:48fixés à 1h44 70. On est dans la dernière ligne droite pour les atteindre. Il faudra les réaliser.
03:55L'objectif, c'est de les réaliser avant le 30 juin. Exactement. Le 30 juin, c'est la limite pour se
04:00qualifier pour les Jeux olympiques. Pour l'instant, j'ai fait trois meetings où c'était vraiment pas
04:05mal. Je suis au niveau de mon record. 1 minute 44, 1 minute 50 à peu près. Je repars sur deux
04:11semaines où je vais refaire un cycle de travail pour ensuite me permettre, entre le 8 juin et le
04:1730 juin, d'envoyer encore un niveau supplémentaire où je vais pouvoir me rapprocher de 1 minute 44.
04:24Donc, j'aurai un meeting à Strasbourg, puis après au meeting de 3. Je pense qu'à ces deux
04:30compétitions, je vais pouvoir me rapprocher des minimas et pouvoir peut-être me qualifier.
04:35Tu le dis, tu tournes autour de 1 minute 46, 1 minute 50 en ce moment. Il y a cet objectif des minimas,
04:43mais il y a aussi peut-être l'objectif d'une place aussi, aller chercher au championnat de
04:47France. On sait que ça compte aussi. C'est une échéance importante, obligatoire, avant de
04:51participer aux Jeux olympiques ou aux championnats du monde chaque année. Il y a aussi toujours cet
04:56objectif de finir dans les 3 peut-être. Raconte-nous un peu ce point-là aussi du règlement.
05:02Voilà, exactement. En France, en athlétisme, c'est vraiment très compliqué de se qualifier,
05:07surtout dans les épreuves où le niveau fait partie des meilleurs mondiaux, comme le 800 mètres en
05:12France. On a à peu près 6 athlètes qui ont le niveau pour pouvoir se qualifier ou qui sont
05:18proches de se qualifier comme moi. En gros, ce qu'il faudra faire, c'est se rapprocher le plus
05:26possible des minimas, voir les faire si c'est possible. J'aimerais bien les faire. Si on fait
05:31les minimas, forcément, on pourra être prioritaire. Mais là où tout se jouera,
05:35ce sera au championnat de France, le 28 juin. Il faudra faire dans le top 3. Si on fait dans
05:42le top 3, forcément... Minima plus top 3, il y a quand même de bonnes chances d'y être.
05:47Exactement, c'est ça. Mais l'avenir, c'est quand même de gagner, même si c'est dur. Tout est
05:51possible. L'objectif, c'est que tu t'aligneras au championnat de France pour gagner. Voilà,
05:56c'est l'objectif de tout athlète. D'ailleurs, Christopher l'avait suivi en 2019. J'étais
06:04vraiment à la rue à l'entraînement. Je n'arrivais même pas à sauter à 1,80 m donc je faisais de la
06:10hauteur. Il m'avait appelé, je me rappelle, le mercredi. C'était 5 jours avant les championnats
06:15de France Elite à Saint-Etienne. Il m'a appelé pour savoir si je visais le podium au championnat
06:20de France. Et à ce moment-là, je n'y pensais même pas du tout. Je me suis dit, je vais au
06:24championnat de France, je vais faire mes dernières élites parce que je savais qu'après ça, j'allais
06:28arrêter la hauteur. Et en fait, le fait qu'il m'ait demandé si je visais le podium, ça m'a
06:35donné un éclair dans mon cerveau et je me suis dit que c'est ce que je dois faire. Il faut
06:40absolument que je vise ce podium-là. Et il m'avait appelé la veille de la course, la veille de la
06:45finale. En plus, quand j'ai fait la série pour me qualifier en finale, d'un coup, je sentais que
06:52j'avais quelque chose à jouer. Et le lendemain, j'avais galéré sur les sauts, enfin sur les
06:58barres qui étaient basses. Et d'un coup, éclair de génie, je passe tous mes sauts avec 10 cm au-dessus.
07:04Tout peut se passer en fait, c'est ça que tu nous expliques.
07:06Voilà, exactement. En fait, on pense que tout est perdu. Et en fait, il suffit d'un déclic et
07:12en fait, on se retrouve parmi les meilleurs. Tout est possible.
07:15Justement, tes coachs le disent depuis un moment. Tu as le niveau pour descendre ce chrono,
07:22t'approcher d'une 45, mais il manque cette fameuse course référence. C'est ce que tu penses toi aussi ?
07:27Voilà, exactement. En fait, sur la première année où j'ai fait du 800 mètres, j'ai eu une course
07:33qui était incroyable. Donc celle de Nice où Gabriel Chual fait les minimas pour les Jeux
07:37Olympiques de Tokyo. Au meeting Nicaïa, ouais.
07:39Voilà, au meeting Nicaïa. Et ce jour-là, c'était incroyable. En fait, j'avais juste à suivre ce qui
07:44se passait devant moi. Il y avait la wave light où je voyais que les minimas, ils étaient juste
07:48devant moi. La wave light, pour expliquer aux gens, c'est une petite lumière qui permet
07:52de donner l'allure, la bonne allure pour faire ou alors des minimas ou un record du monde. C'est
07:55quelque chose qui est en train de se développer dans le milieu de l'athlétisme.
07:58Voilà, exactement. En fait, on se rend compte que c'est une aide technologique qui est vraiment
08:02incroyable. Pour le lièvre, c'est super parce qu'il peut imposer une allure qui est monotone,
08:08donc il n'y a pas d'accélération ou de décélération. Mais pour les athlètes aussi,
08:12c'est incroyable. C'est que quand le lièvre n'est plus là, on peut encore voir la lumière et se
08:15dire que le chrono que je veux faire, il est juste là et il faut absolument tenir cette lumière.
08:21Cette wave light, on l'a souvent dans les grands meetings dans lesquels il faut réussir à rentrer.
08:26Et on a aussi l'émulation avec les grands athlètes, ce qui fait courir vite aussi. C'est
08:30ce qui fait que quand on a le bon meeting et la bonne course, on peut aussi améliorer son record
08:34et se rapprocher de minima. C'est ça qui est intéressant.
08:36Ce n'est pas uniquement une performance personnelle, ça dépend du contexte. Il
08:39faut des athlètes qui courent vite pour courir vite aussi.
08:42Exactement, c'est ça. En fait, le 800 m, c'est une épreuve où on a besoin d'émulation,
08:47on a besoin d'athlètes qui sont forcément plus forts que nous pour pouvoir se coller
08:51derrière leur roue et ensuite peut-être exploser son record.
08:55Donc là, ce week-end en Belgique, il y a un athlète belge. Moi, j'ai couru en série 2
09:00parce que je n'avais pas le niveau requis pour courir en série 1. Et cet athlète-là,
09:04il a battu son record d'une seconde. Il est passé de 1'45.60 à 1'44.40.
09:10Donc, il a battu son record d'une seconde et 20 centièmes sur une course où il sentait
09:16que c'était la bonne et tout est possible. Justement, tu parles de record battu de manière
09:22assez incroyable. C'est ce qui s'est produit entre septembre 2020 et juin 2021. Tu vas
09:28battre ton record sur cette période-là de 8 secondes 30. Tu commences à 1'54, tu termines
09:32en 1'46 à Nice, on l'a dit. Comment tu as vécu cette période où tu vois le chrono qui
09:39descend ? C'est quoi ? C'est de l'excitation ? Je ne sais pas ce qui s'est passé. En fait,
09:46j'étais insouciant. En fait, j'avais tellement cet objectif de vouloir faire Tokyo, c'était faire
09:52les Jeux olympiques. C'est le rêve de tout athlète. Et en fait, je me suis mis cet objectif
09:55et je me suis dit vraiment, le but, c'est de se rapprocher le plus possible d'une 1'45 alors
10:00que je n'avais même pas encore couru de 800 mètres. Et à chaque course, je n'étais jamais
10:03satisfait. Je me suis dit que tout est possible et chaque course, je les prenais. Et en fait,
10:09j'avais juste à suivre ce qu'il y avait devant moi et à chaque fois, j'avais une course qui était
10:14avec un niveau plus élevé. Et à chaque fois, j'arrivais à suivre les personnes qui étaient
10:19devant moi et je battais mon record. Mais ce jour-là où j'ai fait une 1'46, je m'en souviendrai
10:24toute ma vie. C'était extraordinaire comme sentiment, même si je me rappelle dans la course,
10:30je voyais la Wavelight qui était juste devant moi sur une 1'45. Et si j'avais tenu cette Wavelight,
10:35j'aurais fait les JO de Tokyo et c'est quand même un petit regret. Mais cette année, j'ai vraiment
10:41envie de ne pas passer à côté de ça, surtout que c'est à Paris. C'est une fois dans une vie.
10:47Alors l'avantage ou l'inconvénient, c'est que dans ta discipline, tu l'as dit tout à l'heure,
10:53c'est très relevé. Il y a trois garçons qui ont déjà réalisé les minima sur 800 mètres. C'est
10:59Benjamin Robert, Gabriel Tual et Yannis Meziane. Est-ce que ce n'est pas la discipline la plus
11:05relevée de l'athlétisme aujourd'hui, les 800 mètres ? Les 800 mètres, c'est l'épreuve la plus attendue
11:12au Championnat de France. Chaque année, le niveau augmente et chaque année, c'est l'épreuve
11:18la plus attendue. Donc si j'arrive à me qualifier dans l'épreuve qui est la plus attendue et là où
11:25le niveau est le plus relevé, sachant que je n'en fais que depuis 4 ans, du 800 mètres,
11:30donc ce serait vraiment extraordinaire. Je vais tout donner pour pouvoir y parvenir.
11:35Je te dis Jeux Olympiques, Stade de France et Youssef Benzamia sur la piste. C'est quoi ? C'est
11:41le rêve d'une vie, c'est parfait ? C'est l'accomplissement de tous les sacrifices que
11:45j'ai fait depuis petit. J'ai fait des études d'ingénieur. Forcément, mon père ne voulait pas
11:51que je fasse beaucoup de sport. Il préférait que je fasse ingénieur comme lui l'a été. J'ai
11:55mis beaucoup de personnes à dos dans ma vie pour pouvoir faire ces sacrifices-là dans le sport et
12:02j'avais toujours cette idée qu'un jour, je pourrais parvenir à faire les Jeux Olympiques. Là,
12:08j'en suis tout proche. Il reste un mois à donner et je vais tout donner. Le fait que ce soit à Paris
12:13en France, c'est encore plus fort. Exactement. C'est à domicile, donc c'est impossible à rater.
12:19C'est comme Margot Chevrier qui est actuellement en rééducation. La perchise qu'on a reçue sur ce
12:24plateau. Elle a les niveaux requis pour se qualifier et je ne pense pas qu'elle voudra
12:29rater cette opportunité. Elle s'est gravement blessée. On lui souhaite
12:31beaucoup de courage d'ailleurs. On espère que ça va le faire. Les timings sont courts,
12:34mais on espère vraiment qu'elle va se qualifier Margot et si elle nous regarde, en tout cas,
12:39on la salue. Tu as fait un choix fin 2022, c'est de quitter Nice. Tu t'es entraîné depuis pas mal
12:44d'années pour aller en Montpellier dans le groupe de Bruno Gagère qui est un coach renommé sur le
12:50800 mètres. Il est notamment le coach de René Lamotte qui a été trois fois vice-championne
12:55d'Europe dans sa carrière, ce qui n'est pas rien. Avec le recul, j'ai l'impression que ce choix,
12:58c'était peut-être le bon pour toi. Je te sens épanoui, je sens que ça progresse,
13:02ça travaille bien avec Bruno. C'est un peu ce que tu ressens aussi, tu as fait le bon choix.
13:05Exactement. Sur les deux premières années où j'ai fait du 800 mètres à Nice, le seul point
13:12négatif qu'il y avait, c'est que je m'entraînais tout seul. Forcément, s'entraîner seul au début,
13:17c'est bien quand on a l'épanouissement sur la découverte d'une nouvelle discipline. Mais avec
13:22le temps, c'est dur quand même de souffrir tout seul. J'ai décidé d'aller à Montpellier,
13:27rejoindre Bruno Gagère. Franchement, je suis épanoui. J'ai un groupe qui me tire vers le haut,
13:34j'ai un coach aussi qui me tire énormément vers le haut. Et franchement, Montpellier,
13:39c'est une belle ville aussi. Même si je suis niçois, j'ai grandi à Nice, j'aime beaucoup Nice.
13:43Ça reste le sud.
13:44Ça reste le sud. Donc en vrai, je suis quand même content. Et surtout que c'est à trois heures d'ici,
13:49je peux souvent venir à Nice pour voir ma famille. Pour moi, ce que j'ai mis en place, c'est parfait
13:56par rapport à ce que je recherche pour progresser, pour réussir dans ma vie.
14:00Vous avez besoin d'une dynamique de groupe, de te confronter à d'autres athlètes sur cette distance-là.
14:06Exactement. Et en plus, j'ai fait des statistiques et le groupe que j'ai, c'est le groupe le plus fort en France.
14:13Parmi tous les groupes qu'il y a de 800 mètres, on a quand même un athlète qui court une 45,
14:19et on est trois athlètes en une 46.
14:21C'est Anicet Kozart avec qui tu traînes.
14:22Voilà, Anicet Kozart. Il a battu ce record ce week-end.
14:25Exactement, il fait une 45, lui. C'est là où on parle qu'il était dans une bonne course.
14:28C'est la course qui était parfaite.
14:30Il y avait Gabriel Tuel notamment, d'autres athlètes de haut niveau.
14:32Et lui a pu justement aller chercher ce chrono-là de référence, ce qui te manque pour l'instant.
14:37Exactement. J'ai vu la course en direct juste avant ma course à Bruxelles.
14:41Et en fait, c'est là où je me suis rendu compte que c'est une course qui était incroyable.
14:45J'aurais aimé y participer.
14:47Malheureusement, en France, on ne peut pas mettre plus de quatre athlètes français.
14:51Donc, je n'ai pas pu être pris.
14:53Mais peut-être là, dans les quelques jours qui arrivent, j'arriverai à avoir cette course-là.
14:59Alors, si on peut revenir sur ton parcours, qui est quand même atypique en athlétisme.
15:03Donc, tu as été champion de France du saut en hauteur.
15:07Tu t'es essayé au 400 mètres haut.
15:09Et avant de basculer sur le 800 mètres, qu'est-ce qui t'a poussé vers le demi-fond ?
15:15En fait, ce n'était pas vraiment prévu depuis le départ.
15:18En gros, depuis que je suis petit, j'avais fait du 400 mètres haut.
15:22C'était en 2010.
15:24Et cette année-là, Stéphane Diagana avait vu que j'avais fait 53 mètres au 400 mètres.
15:29Donc, j'avais fait quatrième français.
15:32Alors qu'à la base, j'ai fait ça parce que j'étais blessé.
15:35En gros, je ne pouvais pas faire du saut en hauteur.
15:37Mais je pouvais courir et pas céder.
15:39Donc, j'ai décidé de faire ça juste pour le fun.
15:42Et au final, je me retrouve parmi les meilleurs français sans entraînement.
15:45Donc, j'ai quand même gardé ça dans le coin de ma tête.
15:48Je me suis dit qu'un jour, si jamais j'étais lassé de la hauteur, du saut en hauteur,
15:53je me mettrais sur le 400 mètres haie.
15:55Donc, j'ai décidé en 2020 de me mettre au 400 mètres haie.
15:58Je suis passé par le 400 mètres en salle parce qu'on ne peut pas faire des haies en salle.
16:03En fait, j'ai fait rapidement mon record sur 400 mètres, donc 48 secondes,
16:06ce qui est plutôt pas mal avec si peu d'entraînement.
16:09Et en fait, sur un test 600 mètres que j'avais fait à l'entraînement,
16:13je me suis rendu compte que c'était bizarre de faire 1 minute 20 sur 600 mètres
16:18et ne pas avoir d'acide lactique dans les jambes.
16:22Et en fait, mon coach m'a dit pourquoi ne pas tester le 800 mètres.
16:26Donc, il y a eu le confinement et juste après le confinement,
16:28je me suis entraîné sur un peu du long, j'ai fait des footings.
16:32À la base, je ne courais pas, je ne faisais jamais de footing pour faire du saut en hauteur.
16:35Donc, je passais vraiment du rien au tout.
16:39Et ensuite, j'ai fait un stage au Kenya.
16:41Et là, j'ai découvert le monde du demi-fond et j'étais vraiment épanoui.
16:46Ça a pris chez toi, tu as réussi à y arriver.
16:49Je suis tombé amoureux du demi-fond, de courir, tout ça.
16:53Alors qu'à la base, je n'aimais pas courir.
16:55Et en fait, Christopher l'avait suivi, il m'avait appelé après ce stage au Kenya.
16:59Et c'est là où je lui ai dit que mon but, c'est de viser les Jeux de Tokyo,
17:03alors que je n'avais pas encore couru vraiment à un chrono.
17:05Je valais que 1 minute 52, encore à ce moment-là.
17:08Et ensuite, après, 1 minute 50, 1 minute 47, 1 minute 46, rapidement.
17:13Et là, j'ai compris que c'était mon épreuve.
17:15À la base, tu es issu des Moulins.
17:17C'est un quartier qui n'est pas toujours bien vu, malheureusement.
17:22Mais aujourd'hui, on a l'impression que toi, tu es un exemple pour ce quartier-là.
17:25Est-ce que tu le vis comme ça, pour les jeunes de ce quartier dit difficile, réputé difficile ?
17:31Est-ce que tu as toujours peut-être même de la famille là-bas ?
17:34Comment tu te perçois par rapport à ce quartier où tu as grandi ?
17:37Est-ce qu'on peut dire que tu es peut-être un exemple aujourd'hui ?
17:40Après, j'ai grandi au quartier, mais rapidement.
17:43On a déménagé vers Cocade, juste au-dessus des Moulins,
17:48vers quand j'ai passé au CE1, donc c'est assez jeune.
17:54Mais j'ai quand même grandi, j'étais à l'école maternelle.
17:58J'ai encore pas mal d'amis qui habitent là-bas.
18:00Sur le côté exemple, est-ce que tu te perçois comme ça
18:02ou c'est un peu trop gros, un peu trop grand par rapport à ce que tu viens d'expliquer ?
18:06Pour moi, je n'ai pas grandi assez longtemps.
18:08Je pense que si j'étais resté jusqu'à l'âge de 15-16 ans,
18:12j'aurais pu me dire que je suis un exemple du quartier.
18:15Mais à part avoir des amis, je vais rarement aux Moulins.
18:20Je sais que mes amis habitent là-bas.
18:23J'ai beaucoup d'amis là-bas et je respecte mes amis.
18:27Mais je ne peux pas dire que je suis un exemple
18:29parce qu'eux, ils ne vont pas dire que je fais partie du quartier.
18:33Ok, je comprends l'idée.
18:35Je ne vais pas remédier à quelque chose si eux, ils ne me considèrent pas comme…
18:38C'est très honnête de ta part.
18:41Ils savent que je suis né et que j'ai grandi dans le quartier,
18:44mais je n'ai pas grandi avec eux et je n'ai pas fait des choses avec eux.
18:47Donc, forcément, je ne peux pas me revendiquer
18:49comme certains rappeurs qui disent « c'est mon quartier » et tout ça.
18:52Moi, je ne peux pas le dire parce que…
18:53Il t'a manqué quelques années encore aussi dans ce quartier.
18:55Je pense que je devrais rester peut-être 5-6 ans de plus.
18:57L'adolescence, tout ça, c'est le moment charnière un peu.
18:59Parce que quand on a moins de 10 ans,
19:02c'est difficile de se revendiquer de cette manière-là.
19:07Je suis honnête.
19:09Bien sûr, c'est très bien.
19:09Après, ça ne veut pas dire que je n'aime pas le quartier.
19:11Les choses sont claires, absolument pas.
19:13Ça reste mon quartier, c'est là où j'ai grandi.
19:14Donc, forcément, il y a une attache.
19:16Mais je ne peux pas dire que je me revendique de ce quartier.
19:19Ça marche.
19:20On a une petite surprise pour tous nos invités.
19:22Un proche, quelqu'un que tu connais très bien,
19:24a souhaité te poser une petite question.
19:26Il va juste falloir que tu regardes l'écran qui est juste en face de toi.
19:29Salut Youssef, une petite question à plusieurs entrées.
19:33D'abord, combien d'années encore comptes-tu courir ?
19:36Et sur quelle distance ?
19:38Parce que je sais que ça change assez souvent.
19:40De spécialité en athlétisme pour toi.
19:44Et que comptes-tu faire après cette carrière qui sera déjà bien riche ?
19:49À bientôt.
19:51Alors, c'est Bruno Gagert, ton coach,
19:53que tu vas retrouver très vite sur la piste à Montpellier
19:56pour vous entraîner ensemble.
19:58Alors voilà, comment tu vois l'avenir
20:00et notamment sur quelle distance pour commencer ?
20:02Alors, déjà cette année,
20:04on a décidé de mettre un peu plus l'accès sur un peu plus long,
20:08c'est-à-dire faire du 800 mètres et aussi du 1500 mètres.
20:12Donc l'année dernière, on a fait une préparation plutôt 400-800 mètres,
20:15même si à l'avance, j'avais dit à Bruno que je n'étais pas d'accord,
20:18mais que je n'avais pas le choix pour rejoindre son groupe.
20:20Donc j'ai accepté,
20:22en sachant que je savais que je n'allais pas énormément progresser.
20:25Donc cette année, il a accepté,
20:26parce qu'il voit que j'ai des capacités sur le 1500 mètres.
20:31Donc là, cette année, c'est 800 mètres,
20:32mais à partir de l'année prochaine,
20:34je vais essayer d'avancer un peu plus
20:37et me rapprocher vers le 1500 mètres.
20:39Donc tu te tournes plutôt sur le 1500 mètres pour l'avenir ?
20:42Voilà, exactement.
20:42Là, d'abord, t'essaies.
20:43Mais là, pour l'instant, c'est 800 mètres.
20:44Pour Paris, c'est 800 mètres, il n'y a pas de 1500 mètres.
20:46Cette année, peut-être je vais faire une course sur 1500 mètres,
20:49histoire de peut-être faire un peu,
20:51me rapprocher des 338, 337 mètres.
20:53Je pense que c'est ce que je vaux actuellement.
20:54D'accord.
20:55Mais voilà, les minima, c'est 333 mètres.
20:58Il faut quand même une grosse préparation pour les faire.
21:00Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on suit 333 mètres.
21:03Et pour rebondir sur la question de ton coach,
21:05tu te vois continuer jusqu'à quand ?
21:06Est-ce que Los Angeles t'aura 35 ans ?
21:09Est-ce que c'est dans un coin de ta tête ?
21:10100 %, c'est exactement dans ma tête.
21:14Pour moi, je pense que je peux tenir jusqu'à 2028, au minimum.
21:18Je sais que cette fraîcheur, je pourrais la garder aussi longtemps.
21:20Après, on ne sait pas si on est là demain.
21:22Oui, mais est-ce que c'est ton projet ?
21:24En gros, pour les quatre prochaines années,
21:26je sais que pour moi, l'athlétisme, c'est encore là.
21:30Et ta vie future, une fois l'athlétisme terminé,
21:33est-ce que tu as déjà des idées de pistes de reconversion ?
21:3531 ans, on l'a dit, c'est à la fois déjà bien avancé dans la carrière sportive,
21:40mais ce n'est pas non plus un âge canonique où on parle de retraite dès demain.
21:43La preuve, c'est que tu te projettes.
21:44Est-ce que malgré tout, tu as déjà des idées de reconversion ?
21:47J'ai une vie vraiment atypique,
21:50c'est-à-dire que j'ai touché à beaucoup de choses différentes.
21:52J'ai fait des études d'ingénieur,
21:55mais je ne dirais pas que c'est par dépit,
21:57mais c'est un peu pour faire plaisir à ma famille
21:59parce qu'ils voulaient vraiment que je fasse des études.
22:03En gros, j'ai passé un bac S où je n'ai pas tout donné pour l'avoir,
22:08mais j'étais obligé de le faire pour pouvoir avancer dans ma vie.
22:12Et les études d'ingénieur, c'est bien,
22:15mais ce n'est pas quelque chose qui m'avait vraiment intéressé.
22:17Pour moi, dans la vie, il faut faire quelque chose qu'on aime.
22:20Alors, qu'est-ce que tu ferais, toi ?
22:21J'ai bossé en hôtellerie pendant quatre saisons au Grand Hôtel du Cap Ferrat.
22:26C'est quand même un hôtel qui est un des meilleurs dans le monde.
22:29Et j'ai bien aimé ce milieu où on côtoie pas mal de personnalités
22:34ou de personnes vraiment très riches.
22:36Et je pense que peut-être finir dans la conciergerie de luxe,
22:39c'est quelque chose qui m'intéresse,
22:41où je sais que je retrouverai cette adrénaline qu'il y a dans le sport.
22:44C'est-à-dire qu'en gros, tout se fait à la dernière seconde
22:47et on doit répondre à des demandes impossibles,
22:50mais qu'on peut rendre possibles.
22:52T'as besoin de challenge.
22:53Voilà, exactement.
22:53S'il n'y a pas de challenge, je suis ennuyé.
22:55Voilà, c'est ça.
22:55En fait, moi, je ne peux pas avoir un travail monotone.
22:57C'est-à-dire que tous les jours, c'est la même chose.
22:59Alors que dans ce milieu-là,
23:01la journée, elle est tout le temps différente, tous les jours.
23:04Et j'ai pu goûter un peu à ce milieu
23:05et je trouve que c'est quelque chose que je me retrouve
23:08et qui se rapproche un peu de ce que je fais.
23:10Bon, avant ça, on se voit peut-être à Paris, quand même.
23:13J'espère, c'est l'objectif.
23:15Pour aller à Paris,
23:17on a trouvé une transition un peu grosse, mais un autre challenge.
23:21Il paraît que tu préfères courir avec tes anciennes pointes
23:24qu'avec les chaussures en carbone.
23:28Alors que les chaussures en carbone sont censées améliorer
23:30quelques dixièmes pour les athlètes.
23:32C'est le cas, alors ?
23:33C'est vraiment un sujet.
23:35Jusqu'à aujourd'hui, ça me tracasse tout le temps.
23:37C'est vraiment une prise de tête que j'aurais aimé éviter dans ma vie.
23:41Chaque saison, j'ai l'impression que tu essayes les pointes en carbone
23:44et tu reviens toujours au classique.
23:46En fait, j'ai essayé d'analyser un peu.
23:48Là, ça fait quand même 2021, 2022, ça fait 4 ans.
23:52Chaque année où j'essaye de comprendre un peu ce système-là de carbone.
23:56Et je pense que moi, je fais partie des athlètes
23:58qui ont un pied qui est très réactif.
24:01C'est-à-dire que grâce aux seins en hauteur,
24:03j'ai pu développer une qualité de pied qui est vraiment intense.
24:08Et en fait, je pense que le carbone,
24:10ça me ralentit.
24:13J'ai l'impression que ça me ralentit quand je cours avec.
24:15C'est-à-dire que le rebond, il est d'une manière
24:17qui est désavantageuse pour moi.
24:21D'accord.
24:22Surtout quand je suis lactique.
24:23Ça perturbe tes sensations un peu.
24:25Voilà, exactement.
24:25En fait, je n'arrive pas à ressentir le bon timing au sol
24:29pour pouvoir avoir du gain avec le carbone.
24:33Là, je cours.
24:34J'ai recouru ce week-end sans carbone
24:36et les sensations que j'ai eues, c'était exceptionnel.
24:39Donc, pour moi, je pense que je vais continuer la saison sans carbone.
24:42Ton record personnel, tu l'as fait sans carbone ?
24:44Exactement, sans carbone.
24:45Bon, il y a peut-être une piste à explorer sur la piste, justement.
24:48C'est un jeu de mots.
24:49Merci, vas-y Youssef.
24:52Donc voilà, ce qui est dommage pour moi,
24:54c'est qu'il y a certains athlètes qui sont énormément avantagés avec le carbone
24:58parce qu'ils n'ont pas forcément les qualités de pieds que d'autres personnes ont.
25:02Et il y a d'autres personnes où ça va les désavantager.
25:04Donc, je trouve que c'est quelque chose,
25:07une nouveauté technologique qui ne met pas tout le monde sur la même table.
25:13Oui, c'est rassurant si on se dit qu'une certaine manière,
25:16on peut aussi avoir des résultats avec des points classiques
25:19à l'heure où la technologie des fois est mise en avant
25:22au détriment aussi de l'aspect technique pur et la qualité de l'athlète.
25:26Donc, c'est bien aussi d'avoir ce regard.
25:28Après, les chaussures avec lesquelles je cours,
25:30il y a quand même une mousse qui est un peu réactive.
25:32Donc, ce n'est pas du sans carbone pur,
25:35comme à l'époque où les baskets, c'était des sandales quasiment comme été.
25:39Ça reste quand même un avantage,
25:41mais pas autant que certaines personnes qui utilisent le carbone.
25:44Merci Youssef, je pense que ça s'est bien passé.
25:47Tu étais bien à l'aise.
25:48En fait, il me faut un petit temps de concentration.
25:51Moi, je suis comme le diesel, je mets du temps à démarrer.
25:53Merci également à toi Romain.
25:54Merci Christophe.
25:55Merci à vous également de nous avoir suivis.
25:57Merci aussi en régie à Philippe Bertigny,
26:00Franck Fernandez,
26:01Chloé Wargare et Karine Beautier
26:03pour leur aide précieuse à la réalisation de cette émission.
26:05Vous le savez désormais, on se retrouve dans 15 jours.
26:08D'ici là, portez-vous bien.
26:09Bye bye.
26:21C'était Les Yeux dans les Jeux avec la Caisse d'épargne Côte d'Azur,
26:24partenaire premium des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.