• il y a 4 mois
Avant l’arrivée de la Covid, Emily Hallifax était une gymnaste acrobatique accomplie, championne de France et des rêves plein la tête. Mais la pandémie est passée par là, a redessiné sa vie et sa carrière. Depuis 2021, et sur les conseils de Maxine Eouzan, ancienne gymnaste et plongeuse de haut niveau, le plongeon a pris la place de la gym. Un choix payant. Trois ans plus tard, la Brocoise née à Nice est qualifiée pour les Jeux. Elle sera en lice le 31 juillet sur l’épreuve synchronisée à 10 mètres avec sa partenaire Jade Gillet. Un parcours riche qu’elle a raconté sur notre plateau.

Bluffante de maturité, ses premiers JO lui serviront à prendre de l'expérience. "Paris, ce n'était pas prévu", reconnaît-elle.

Jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris-2024 (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre), nous vous présentons, tous les quinze jours, un athlète azuréen qualifié ou qui espère se qualifier. ‘‘Les Yeux dans les Jeux’’ est à retrouver sur tous nos supports numériques (Youtube, Facebook...) et notre site internet : www.nicematin.com

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Sport
Transcription
00:00Musique
00:28Salut à tous, bienvenue dans ce nouveau numéro des yeux dans les jeux,
00:32l'émission de Nice Matins consacrée aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
00:37Vous le savez, on s'intéresse dans cette émission à la préparation de nos
00:41athlètes azuréens pour ces Jeux Olympiques et Paralympiques donc.
00:45Et comme d'habitude, avec moi en plateau, Romain Laronche, journaliste au service
00:49des sports de Nice Matins. Salut Romain.
00:51Salut Christophe, alors aujourd'hui, on va parler plongeon avec notre invité
00:55qui se nomme Émilie Halifax, 18 ans, licenciée à l'Olympique Nice Natation.
01:01Merci, Émilie, de venir parler plongeon avec nous aujourd'hui.
01:04Avec plaisir. Merci à vous.
01:05Alors, il y a plein de petites coutumes dans cette émission,
01:07et l'une d'elles, c'est que Romain,
01:08justement, va faire pour commencer une courte présentation de toi.
01:12Merci, Émilie, d'être présente sur le plateau.
01:14Donc, tu as 18 ans.
01:15Tu es née à Nice.
01:17Tu es licenciée à l'ONN, un club présidé par ton grand-père, Jean Monod.
01:22Tu as grandi au Broc, dans une famille de sportifs,
01:26puisque ton père est gymnaste et skieur, ta mère est nageuse,
01:30et tu as touché à plein de disciplines.
01:32Il y a eu la natation, l'escalade, le ski,
01:35mais c'est en gymnastique, d'abord artistique,
01:38avant d'être acrobatique, à partir de l'âge de 10 ans que tu vas briller.
01:42Tu décrocheras notamment des titres de championne de France
01:45avec ta coéquipière Lola Boston et même une deuxième place en Coupe du Monde.
01:50Là, c'est lors de la saison 2019-2020.
01:53Mais la Covid va bouleverser vos plans.
01:56Vous êtes contrainte d'arrêter la gymnastique.
01:59À ce moment-là, c'est un petit monde qui s'écroule.
02:02Heureusement, tu rebondiras assez vite,
02:05notamment grâce au conseil de Maxime Ehouzan,
02:08qui avait remporté Koh-Lanta en 2021,
02:11et qui a un peu le même parcours que toi, qui te réorientera vers le plongeon.
02:15C'est un choix payant, puisque moins de trois ans plus tard,
02:19te voilà qualifiée pour les Jeux de Paris.
02:22Tu seras le 31 juillet au jeu avec ta coéquipière Jade Gillet
02:26en plongeon à 10 mètres synchronisé.
02:29Tout est bon ? Tout est dit.
02:31Parfait. On va commencer par la base.
02:33Tu vois, on l'a dit, 18 ans.
02:35Et j'ai une question toute simple.
02:37Comment, à 18 ans, on vit, Emilie, le fait d'être sélectionnée
02:40pour les JO à la maison à Paris ?
02:43Eh bien, écoute, c'est une question qui m'est très souvent posée.
02:47On le vit bien, finalement, on ne se rend pas compte.
02:49J'ai une vie de sportive de niveau depuis l'âge d'aller 10 ans.
02:54Donc, les années passent sans vraiment savoir quel âge j'en ai.
02:58Là, j'y passe avec les années.
03:00Et finalement, je suis heureuse de faire les jeux à Paris à 18 ans.
03:03J'ai même parfois l'impression que je suis un peu vieille
03:05pour faire mes premiers jeux à 18 ans.
03:07Tu fais très mature, c'est vrai.
03:09C'est gentil, ça, c'est le fait d'être partie de la maison tôt.
03:12Voilà, quand on part tôt de la maison à 12 ans,
03:15en fait, on devient mature rapidement.
03:17Et faire mes premiers jeux à 18 ans, c'est très positif
03:21parce que ça veut dire que je peux faire pas qu'une Olympiade
03:23et peut-être trois Olympiades.
03:25Alors, tu as été gymnaste avant d'être plongeuse.
03:28En trois ans, tu es devenue l'une des deux meilleures dans ta discipline.
03:33Comment ça s'explique ?
03:34C'est parce qu'il y a beaucoup de similitudes entre les deux disciplines ?
03:38Alors, ma première année, elle était extrêmement dure.
03:40Donc, je prends quand même 15 centimètres à les deux mois.
03:44Donc, ma première année, je fais que du un mètre.
03:46Le plongeon, alors, j'ai rapidement aimé ça,
03:49mais pas comme je peux aimer le plongeon aujourd'hui.
03:52La première année a été très dure.
03:54La deuxième année, je rentre à l'INSEP,
03:56là où, du coup, je peux enfin commencer le trois mètres.
03:58Physiquement, je vais très bien.
04:00Niveau physique, on est au top.
04:02Et je commence le dix mètres en janvier.
04:04Donc là, ça fait un peu plus d'un an que je fais du dix mètres.
04:06Et en fait, je me suis amusée à dix mètres
04:09parce que j'étais prévue à faire que du trois mètres.
04:11Ils m'avaient dit non, mais toi, tu seras une plongeuse de trois mètres.
04:13Et l'assistant coach m'a, il s'est amenagé qu'il me dit
04:16bon, amuse-toi un peu à dix mètres, on essaye.
04:18Et en fait, c'est venu tout seul.
04:19Très rapidement, je suis quelqu'un qui n'a pas peur de la hauteur.
04:22Depuis toute petite, papa, il m'a emmenée faire des canyoning.
04:25On sautait à dix mètres.
04:27Et en fait, je n'ai pas eu peur.
04:28J'ai commencé à m'amuser et en fait, c'est venu naturellement.
04:31C'était ma dernière année junior parce que je commence quand même
04:34le plongeon assez tard.
04:36Et ma dernière année junior, je devais faire que les cheveux d'Europe junior.
04:39Et finalement, en janvier, ils m'ont dit bon, allez, on essaye de faire
04:41les cheveux du monde et les cheveux européens en synchro avec Jade.
04:45Et on voit ce que ça donne.
04:46Et en fait, on se qualifie et c'est venu naturellement.
04:50Il y a des aspects qui sont similaires, que ce soit dans la gym acrobatique
04:53ou dans le plongeon.
04:55C'est ça qui fait que ces deux disciplines se connectent.
04:56C'est peut être l'aspect artistique.
04:58Finalement, c'est plus l'aspect du visuel dans l'espace.
05:02Notre vision dans l'espace en gymnastique, forcément, on voit en l'air
05:05pour pouvoir bien atterrir.
05:06Surtout que toi, tu étais la voltigeuse, la personne qui est au dessus.
05:10Et donc, on garde cette même chose en plongeon.
05:13Finalement, on voit aussi en l'air.
05:15Il y a une petite différence, c'est qu'on arrive par la tête et pas par les pieds.
05:19Et on a ce travail à sec avant d'aller dans l'eau qui est similaire à la gym.
05:22Finalement, on fait des saltos.
05:24Pareil, on fait du trampoline.
05:26Et donc, ça, c'est pareil que la gym, finalement.
05:28Et donc, j'avais déjà ces bonnes bases qu'un plongeur doit apprendre
05:31quand il est petit, finalement.
05:33Donc, en fait, j'arrive avec des bonnes bases de gymnaste.
05:35Mais par contre, tout le travail dans l'eau est à faire.
05:37Les entrées à l'eau, par exemple, ma première année,
05:39je pense que j'ai fait que des entrées à l'eau, donc faire un plongeon simple.
05:43J'en ai fait pendant un an avant de pouvoir enfin faire des saltos.
05:47Comment tu as vécu cette période loin de la famille ?
05:49Quand on a 13, 14 ans, on est une adolescente, on n'est pas construite encore.
05:53Comment tu as vécu ça ?
05:53Tu dis, voilà, forcément en gagnant en maturité,
05:56mais il a fallu que tu vives aussi dans des familles d'accueil, etc.
05:58qui ont accepté de te recevoir pour que tu puisses mener ton projet.
06:01On imagine que ça n'a pas toujours été simple non plus.
06:03La première année, elle était très dure.
06:04C'est vrai qu'on passe de la Côte d'Azur en banlieue parisienne.
06:08Donc la première année, c'était très dur pour moi ou pour ma mère.
06:12C'était quelque chose de pas évident.
06:14Puis c'était de la gymnastique à haut niveau.
06:16Ce n'est pas facile.
06:17Les entraînements sont durs.
06:19Vraiment, j'étais à deux avec ma coéquipière et c'est vrai qu'on se pousse un peu.
06:24Donc la première année, elle était dure parce que je suis des études quand même à côté.
06:28J'étais en quatrième.
06:31Donc voilà, l'adaptation était dure.
06:33Puis en plus, en gym, je ne rentrais pas très souvent à la maison.
06:35Je rentrais une fois tous les mois.
06:37Papa montait souvent à Paris parce que j'ai fait quelques crises d'angoisse
06:40ma première année pour le temps de m'adapter.
06:43Il faut comprendre.
06:44Le 31 juillet à 11 heures, ce sera votre entrée dans les Jeux olympiques,
06:49dans la piscine flambant neuve de Saint-Denis.
06:53Qu'est ce que vous pouvez espérer à Paris pour ces Jeux olympiques?
06:57Alors mon objectif, ce serait de faire un record de points à Paris.
07:02Pour moi, Paris, c'est de l'expérience.
07:04Premier jeu qui n'était pas prévu de base.
07:07Voilà, officiellement sélectionné avec Jade.
07:11On sait qu'on n'a peut être pas l'opportunité de faire une médaille.
07:14Ce n'est peut être pas pour cette année.
07:15En tout cas, on vise 2028 et 2032 pour sûr, en individuel aussi.
07:19Donc voilà, en synchro, on s'est fixé l'objectif de faire un record de points
07:23et ce serait l'idéal.
07:25Vous êtes jeunes toutes les deux, donc vous avez le temps devant vous
07:28pour les prochaines Olympiades. Exactement.
07:31Par rapport justement aussi à ces Jeux en France,
07:34est ce que c'est le rêve d'une vie?
07:36Finalement, c'est plus que le rêve d'une vie.
07:39C'est extraordinaire.
07:41Qui peut dire qu'il a fait les Jeux dans son pays?
07:45Ce n'est pas seulement faire les Jeux, c'est dans son pays.
07:47C'est tous les 100 ans, donc il faut arriver la bonne année.
07:50C'est franchement, c'est inimaginable.
07:53Je pense qu'on se rend compte vraiment quand on le dit,
07:55parce qu'on dit tu vas faire les Jeux, ouais.
07:57Mais quand les personnes me disent tu vas faire les Jeux en France,
07:59là tu te dis ouais, ouais.
08:01En fait, je vais faire les Jeux en France.
08:03OK, je vise LA après, je vise l'Australie en 2032.
08:07Mais avant tout ça, je fais quand même les Jeux chez moi.
08:09Ma famille, tout le monde peut venir parce que bon,
08:12LA, ça va être un peu loin.
08:13Là, il y a toute ma famille et puis c'est notre pays.
08:15On est entouré de...
08:18C'est comme une grande famille finalement, la France.
08:19Et on va être chez nous.
08:21Une expérience unique.
08:22C'est clair.
08:23Alors tu es brocoise, mais ça fait quelques années
08:25maintenant que tu vis à Paris ou en région parisienne.
08:28Quels liens tu entretiens avec cette ville ?
08:30Est-ce que tu apprécies la vie parisienne ?
08:34La vie parisienne, alors du coup, mes premières années à Bois-Colombe,
08:38c'était dur parce que finalement, on est un peu...
08:40On est vraiment en banlieue, on n'est pas très près du centre.
08:42Et puis j'étais jeune, donc je sortais pas trop.
08:44J'avais un peu peur de sortir finalement toute seule.
08:47Et puis j'ai grandi là-bas.
08:49J'ai commencé à vouloir sortir avec les copines et tout.
08:51Et en fait, je le vis très bien.
08:53Finalement, maintenant, je suis à l'INSEP.
08:54Donc on est toute la semaine à l'INSEP.
08:56Le week-end, on n'a qu'une envie, c'est d'aller au restaurant dans Paris.
09:00Sortir, même visiter.
09:01On fait les touristes tous les week-ends, alors que j'y vis depuis 14 ans, 13 ans.
09:06Donc voilà, c'est juste...
09:07Je vis une vie de touriste là-bas.
09:09Et tes coins préférés alors ?
09:11Ça restera la Tour Eiffel, je pense que...
09:13En plus, mes copines, à chaque fois, me disent « on n'a jamais été ».
09:15Je dis « si, on a été ».
09:16Et puis une par une, je les emmène,
09:18alors qu'elles vivent à Paris depuis plus longtemps que moi.
09:20Donc la Tour Eiffel.
09:21Après, je reste souvent à Saint-Germain.
09:23Vraiment vers Notre-Dame, c'est mon coin idéal.
09:26Ça sera peut-être un petit avantage à Paris.
09:27Au moins, tu n'auras pas d'appréhension.
09:30Tu connais les lieux, la piscine.
09:31Vous avez fait un test-event là-bas.
09:34Ça s'est bien passé ?
09:35Ça s'est extrêmement bien passé.
09:37Première compétition individuelle en France.
09:39Deuxième compétition individuelle au total.
09:42En synchro, on fait notre record de points.
09:44Donc ce record qu'il va falloir taper au jeu.
09:46Il est de combien, on peut le dire ?
09:47Là, il est à deux...
09:49Je ne me rappelle pas.
09:50Deux soixante, deux cinquante-huit, peut-être ?
09:52Voilà, deux cinquante-huit.
09:54On visait deux soixante et on a fait deux cinquante-huit.
09:56Au jeu, on va essayer d'attraper les deux quatre-vingt.
09:59Et en individuel, record de points aussi.
10:01Je me classe parmi les meilleures au monde.
10:04Il y en a quelques-unes derrière moi qui sont qualifiées au jeu.
10:08Devant moi aussi, qui sont qualifiées au jeu.
10:10Je me classe cinquième d'une finale.
10:13Et record de points, deux quatre-vingt-neuf, c'était magique.
10:17C'est la première fois qu'on avait un public français.
10:19Première compétition internationale en France dans cette piscine olympique.
10:24Pas un gros public, mais gros public.
10:27On n'a pas autant de public qu'au cheval de France, par exemple.
10:30Donc, expérience inoubliable.
10:32Et un petit point technique de votre discipline,
10:34qu'est-ce qui est le plus dur ?
10:35C'est de travailler sans plongeon ou la synchronisation avec sa partenaire, dans votre cas ?
10:42Finalement, on travaille dans le même centre.
10:43Donc, on a les mêmes bases, on a la même technique.
10:46Donc, le plus dur, finalement, c'est d'effectuer son plongeon en individuel.
10:50Parce qu'on compte, c'est elle qui compte.
10:52Je lui dis « prête », elle commence à compter.
10:54Un, deux, trois, et au « et », en fait, on part.
10:57Donc, forcément, on sera synchro.
10:59Après, c'est chacune, il faut rentrer le plongeon.
11:01Il n'y a pas de doute, en tout cas.
11:02Vous savez très bien que l'une comme l'autre,
11:04vous allez faire les mêmes gestes au même moment.
11:06Voilà.
11:07Comment on t'explique que malgré ton jeune âge
11:09et malgré une maigre expérience à la base du plongeon,
11:12tu sois performante aussi vite ?
11:13On te retrouve au jeu quelques années après tes débuts.
11:15C'est un peu fou comme trajectoire.
11:17Je pense que le secret, c'est juste d'être passionnée.
11:19J'ai été passionnée par la gym,
11:22c'est ce qui m'a tirée vers le haut.
11:23Et par le plongeon, je suis passionnée.
11:25Le matin, je me réveille, je suis motivée,
11:26j'ai envie d'aller à l'entraînement.
11:28Le soir, je regarde des vidéos de plongeon.
11:30C'est juste de m'amuser.
11:33En fait, je m'amuse quand je fais du plongeon.
11:35Je n'ai pas de stress.
11:36Même en compétition, je n'ai pas de stress.
11:37En gym, je pouvais vomir avant d'aller sur le praticable.
11:39Là, je n'ai pas de stress parce que je sais que je vais m'amuser
11:42et je sais que je vais donner le meilleur.
11:43J'ai un super accompagnement de mes coéquipiers,
11:45mais mon entraîneur aussi, elle est toujours là pour moi.
11:48Et c'est grâce à elle que je fais du 10 m aujourd'hui.
11:51Je te coupe, mais ton esprit, j'ai l'impression, est plus léger.
11:55Tu dis « avant, je vomissais, aujourd'hui, ce n'est plus le cas ».
11:58Tu es vraiment plus en détente sur le plongeon.
12:00C'est comme ça que tu expliques que du coup, ça performe très vite pour toi.
12:03C'est ça.
12:04Prendre du recul en fait, surtout.
12:07Je ne pense pas à l'échec.
12:08Je pense plus à la performance et à m'amuser.
12:11Et puis si le plongeon est loupé,
12:12c'est juste qu'à l'entraînement, il faut en faire plus finalement.
12:15Je garde quand même un esprit de gymnaste.
12:20Je garde le truc de « il faut beaucoup s'entraîner pour performer ».
12:23Mais en fait, je m'entraîne beaucoup, mais en m'amusant à chaque fois.
12:26Forcément, il y a des entraînements qui vont moins bien,
12:28mais on se relève de ces entraînements.
12:30On revient le lendemain encore plus motivé pour réussir ce plongeon.
12:33Le plongeon, c'est un instanté.
12:35La gym, c'était 2 minutes 30 sur un praticable.
12:38Là, je sais que j'ai cinq plongeons.
12:39Si j'ai cinq plongeons, je vais m'amuser et je vais faire ce que je sais faire.
12:43C'est une question que sans doute beaucoup de gens te posent,
12:45mais il n'y a pas d'appréhension quand on est à 10 mètres au bord de la piscine.
12:49À quelle vitesse on pénètre dans l'eau d'ailleurs ?
12:51Nous, on ne ferait pas.
12:53On arrive à peu près à 70 km heure dans l'eau.
12:55Donc 70, ça a quand même un sacré impact.
13:00Je n'avais pas d'appréhension jusqu'au jour où j'ai pris un plat.
13:04Je suis arrivée vraiment parallèle à l'eau.
13:07De un an qui a suivi quand même jusqu'en septembre,
13:11j'avais un peu plus d'appréhension à 10 mètres.
13:12Sur ce plongeon, les autres, ça allait.
13:14Mais c'est passé depuis septembre et j'ai de nouveau plus d'appréhension
13:18parce qu'il faut quand même garder en tête que de base, je n'ai pas peur de la hauteur.
13:22C'est quelque chose où en fait, je n'ai pas peur du vide.
13:25Je vais me lancer sans hésiter.
13:26Je ne vais pas réfléchir en fait.
13:28Mais je sais qu'il y a certains plongeurs à 10 mètres
13:30qui ont cette appréhension dont tout le monde parle.
13:33Le saut dure deux secondes à peu près ?
13:35Oui, à 10 mètres, on est vers les deux secondes.
13:38On ne l'a pas dit, comment va se passer l'épreuve olympique ?
13:40Cinq sauts, c'est ça ?
13:41C'est ça, on passe sur cinq sauts, donc deux sauts faciles
13:44qui ont tous les deux un coefficient de 2.
13:45Peu importe le plongeon que les équipes présentent,
13:48c'est tous la même difficulté.
13:49Et après, on a trois plongeons difficiles.
13:51Ok.
13:52Concernant les vidéos que tu regardes,
13:54tu en parlais tout à l'heure, tu t'inspires des meilleurs forcément.
13:56Est-ce que les meilleurs, ce sont forcément les Chinois que tu regardes ?
14:00On va le dire, ils ont pris 12 des 24 médailles qui étaient en jeu au jeu de Tokyo,
14:03ce qui est énorme.
14:04Ils prennent tout ce qu'ils peuvent prendre.
14:05C'est une énorme nation du plongeon.
14:07C'est eux un peu l'inspiration, ceux à suivre ?
14:09C'est la nation phare du plongeon.
14:11C'est une inspiration, mais souvent quand on regarde des vidéos,
14:14pour s'inspirer, on regarde des gens qui nous ressemblent.
14:16Des gens qui nous ressemblent physiquement, techniquement parlant.
14:20Donc, on regarde, moi je regarde aussi beaucoup les Américaines,
14:24les Anglaises, les Italiennes.
14:27Il y a une Italienne que j'aime beaucoup aussi.
14:29Donc, on ne regarde pas forcément les Chinois
14:31parce que quand on regarde les Chinois, on sait que ça va être la perfection.
14:33Et nous, on cherche le petit détail qui nous manque pour devenir un peu meilleure.
14:38Et c'est en devenant un peu de plus en plus meilleure
14:40qu'en fait, on va devenir parfaite.
14:42On espère devenir un jour parfaite comme les Chinois.
14:44C'est l'objectif final.
14:47Ils sont meilleurs, les Chinois,
14:48parce qu'aussi, peut-être, ils ont plus de structures pour s'entraîner.
14:52Tu disais tout à l'heure,
14:53t'es obligé de partir en Allemagne pour trouver un plongeon à 10 mètres.
14:57C'est clair, ils ont les structures et puis ils ont le bon nombre de personnes.
15:01C'est le sport phare là-bas.
15:03En France, malheureusement, ce n'est pas notre sport phare.
15:05Donc, on n'a pas les structures qui vont avec.
15:07Forcément, on a très peu de plongeurs en France.
15:10Voilà, maintenant, je pense qu'après les Jeux,
15:12on va devenir une nation un peu plus connue dans le plongeon.
15:16Après les Jeux, j'espère que ça va se développer un peu plus.
15:21Grâce aux infrastructures de Saint-Denis.
15:23Grâce aux infrastructures de Saint-Denis et puis même le fait qu'il y ait les Jeux en France.
15:27Je pense que les personnes vont plus regarder les Jeux.
15:30Les Français, je parle notamment, ils vont regarder peut-être les Jeux.
15:33Et mine de rien, le plongeon, c'est quand même un sport assez impressionnant.
15:37Quand j'en parle avec des gens dans la rue, ils me disent
15:39« les Chinois en synchro, c'est incroyable au jeu ».
15:42Mais regardez aussi, en France, on a des Français extraordinaires aussi.
15:46À 3 mètres, on a de très bons Français.
15:48On n'a jamais autant parlé de plongeon depuis l'inauguration de la piscine.
15:51Exactement. Cette inauguration, ça nous a fait aussi un bon buzz,
15:55mine de rien, parce que ça fait parler du plongeon.
15:57Certes, ça ne fait pas parler du plongeon du bon côté.
16:00Mais en fait, Alexis, il a tourné ça dans le sens où c'est arrivé, c'est arrivé.
16:04On va l'expliquer. Inauguration du centre à Saint-Denis, du centre aquatique.
16:08Alexis Jandard, un plongeur, glisse malheureusement devant le président.
16:11Et ça a fait le buzz. Même lui, on a rigolé. Il a eu une super attitude avec ça.
16:14Et du coup, ça vous a amené aussi une certaine notoriété, un œil neuf sur votre discipline.
16:19En fait, les personnes qui se sont intéressées à Alexis, ils ont rigolé.
16:22Mais en fait, je pense que tous, après, ils ont regardé.
16:24Mais c'est quoi le plongeon, en fait ? C'est quoi qu'il devait faire ?
16:26Ils ont été bien sûr plus loin.
16:27Voilà, c'est ça. Parce qu'ils se sont dit « ok, il a loupé ».
16:29Mais qu'est-ce qu'il a loupé ? Parce qu'en fait, on ne sait pas ce qu'il aurait dû faire après.
16:32Donc, les gens, ils ont été chercher sur Internet.
16:34Et je pense qu'après, ils ont trouvé « ah, mais c'est ça le plongeon ».
16:36Parce que même nous, après le buzz d'Alexis, certains, ils ont pris des abonnés.
16:39On s'est dit « bah, c'est pas nous, on n'a pas glissé, nous, il ne s'est pas passé ».
16:43Mais en fait, c'est juste que les personnes s'intéressent, mine de rien.
16:45Et puis, Alexis, il a fait de nombreux plateaux télé suite à ça, où il explique.
16:48Finalement, c'est un des meilleurs plongeurs français.
16:51Enfin, c'est quelqu'un qu'on respecte dans le monde du plongeon.
16:54Donc voilà, c'est un bon buzz, mine de rien.
16:57Il aurait fait le saut parfait, on en aurait moins parlé.
16:59Exactement.
17:00Et malheureusement.
17:01Voilà, c'est malheureux, mais c'est vrai.
17:03Par exemple, est-ce qu'on a parlé des synchros ou des polos qui étaient là à l'inauguration ?
17:07On n'en a pas parlé.
17:08Moins, c'est sûr.
17:09On reparle de ton parcours.
17:12Juste après les Jeux de Paris, mi-août, tu pars aux Etats-Unis, dans l'Alabama, l'université d'Auburn.
17:18C'est le grand saut.
17:19Qu'est-ce que tu vas faire là-bas, alors ?
17:21Pour moi, c'est le rêve américain.
17:24C'est le rêve que j'ai depuis toute petite.
17:25J'avais ce rêve en gymnastique, déjà.
17:27Donc là-bas, je vais faire mes études, les études d'architecture et de design.
17:32Et je vais m'entraîner, bien évidemment.
17:34C'est le goal numéro un.
17:35C'est pour ça que je pars là-bas.
17:37C'est eux qui m'ont contactée.
17:38Donc je vais faire, bien évidemment, les compétitions universitaires.
17:40Mais je garderai en priorité tous les rassemblements France et les compétitions avec l'équipe de France.
17:46Tu pars avec Jade ou toute seule, vraiment ?
17:48Non, je pars toute seule.
17:49Et donc, tu auras une coéquipière là-bas aussi ?
17:51Alors, en compétition universitaire, il n'y a pas de synchro.
17:54Donc, c'est vraiment pour moi, pour le coup, que je pars, pour ma performance individuelle.
17:59Et bien évidemment que je continuerai le synchro avec Jade.
18:02Même là, cette année, on ne s'est pas beaucoup entraîné en synchro.
18:05Finalement, on s'entraîne vraiment avant les compétitions.
18:07Donc, ça ne va pas changer beaucoup.
18:09Donc, je garderai cette paire de synchro avec Jade quand même.
18:12Alors, on a une petite surprise pour toi.
18:14Il va falloir que tu regardes l'écran juste en face de toi.
18:16Il y a quelqu'un qui te connaît très, très bien,
18:18qui justement a une question concernant ton avenir aux Etats-Unis.
18:22Coucou ma sœur, j'ai une question pour toi.
18:25Est-ce que tu as peur de partir aux Etats-Unis ?
18:27Parce que moi, en revanche, je suis trop contente.
18:29Au moins, je vais pouvoir venir te voir et visiter les Etats-Unis.
18:32Alors, c'est Lucie, ta petite sœur qui a 12 ans et qui est toute mignonne justement.
18:37Qu'est-ce que tu as envie de lui dire à Lucie ?
18:38Est-ce qu'il y a une petite appréhension ?
18:40Déjà, ça met les larmes aux yeux parce que…
18:42Mince, ce n'était pas l'objectif.
18:43Non, mais de joie.
18:44C'est que je ne l'entends pas souvent dire qu'elle a hâte que je parte aux Etats-Unis.
18:47Parce que pour elle, c'est dur.
18:48Quand je suis partie de la maison à 12 ans, c'était très, très dur pour elle.
18:52C'est vrai que quand je suis partie, elle avait 6 ans, 5 ans.
18:55Donc, elle ne m'a pas beaucoup vue.
18:57Et là, de partir aux Etats-Unis, elle ne fait que me dire
18:59« mais tu vas revenir bilingue anglais, tu n'as plus le pouvoir de parler français ».
19:02Je dis « mais tu as déjà papa à la maison qui parle anglais »
19:04parce que du coup, papa est anglais.
19:06Tu as un papa anglais, oui.
19:07Et voilà, c'est loin, c'est un autre continent.
19:10Ce n'est pas Paris-Nice.
19:12Donc, je vais rentrer moins souvent.
19:14Je vais peut-être rentrer une fois par an.
19:15Donc, pour moi, je suis très contente.
19:17Mais pour elle, je sais que c'est dur.
19:19Donc, ça me fait très plaisir de la voir qu'elle dit…
19:21Il y a de la fierté dans son regard.
19:23On voit qu'elle est très, très fière de sa grande sœur.
19:25Un petit peu d'appréhension alors du coup quand même ?
19:27C'est un saut dans l'inconnu.
19:29Mais bon, tu vas gérer ça, je pense.
19:30Mais il y a peut-être une petite appréhension quand même.
19:32Finalement, je pense que l'appréhension va venir après les Jeux.
19:36J'ai tellement de choses là qui vont se passer.
19:38Il y a les Jeux de Europe, les Jeux de France, puis les Jeux.
19:40Que je n'y pense pas vraiment pour l'instant.
19:42Dès que j'y pense, c'est que de la joie.
19:44C'est que je vais partir aux Etats-Unis, j'ai des copains là-bas que je connais.
19:47J'ai un entraîneur super aussi que j'ai appris à connaître.
19:50Donc pour l'instant, je n'ai pas cette appréhension.
19:53Mais une fois dans l'avion, je vais me dire en fait, je ne rentre pas tout de suite là.
19:57Je pars pour un moment, je ne parlerai qu'anglais.
20:00Et je ne reviendrai pas à ma famille avant Noël peut-être.
20:04Donc, je pense que ce sera là-bas l'appréhension plutôt.
20:06Juste pour finir, ce projet d'architecte d'intérieur, ça colle vraiment à ta fibre artistique.
20:12Pourquoi ce choix-là d'être architecte d'intérieur ?
20:15Explique-nous brièvement avant qu'on passe justement à d'autres questions avec Romain
20:20parce qu'on en a encore quelques-unes.
20:22C'est ce côté minutieux que j'ai.
20:25Je suis quelqu'un de très minutieux, très créatif.
20:30On a envie de dire que je suis introvertie quand je fais ça
20:33parce que je suis capable de rester à la maison, juste faire ça,
20:36juste dessiner, faire des bracelets, des petits trucs.
20:39C'est une passion que j'ai depuis toujours mine de rien.
20:42Quand je suis investie dans quelque chose, je vais le faire jusqu'au bout.
20:45Et ça va être parfait.
20:47Le petit détail, c'est la perfection.
20:51Ta maman dit en rigolant, elle peut être psychopathe.
20:54On me le dit souvent que je suis psychopathe sur certains détails.
20:58Il y a un micro truc, je vais vouloir directement le corriger.
21:02Je me suis épanouie l'année dernière.
21:05J'ai visité une école d'architecture, mais aussi de design dans la fashion.
21:10Et c'est deux choses que j'aime beaucoup.
21:13J'ai fait quelques jours avec eux et je me suis dit,
21:16c'est ça que je veux faire finalement.
21:18Pas dormir pendant quatre heures, mais c'est pas grave.
21:20C'est incroyable.
21:21Ton père est anglais.
21:23Du coup, tu as grandi dans une double culture.
21:26Est-ce que ça t'aide avant d'envisager ce départ aux Etats-Unis ?
21:29J'imagine que tu es bilingue déjà.
21:31C'est peut-être ce qui te rassure aussi avant d'aller dans l'Alabama ?
21:34Je pense que c'est ce qui me rassure.
21:36On a un nageur français là-bas à Auburn.
21:39Quand j'ai été visiter l'université, lui était complètement en panique.
21:42Il n'en pouvait plus.
21:43En fait, c'est une vraie opportunité.
21:45Même à l'école, depuis que je suis toute petite,
21:47de parler anglais quand on part en compétition.
21:49Je peux échanger avec les étrangers.
21:51Par exemple, Jade, quand on est en compétition,
21:53quand on a une interview en anglais, elle me dit, parle.
21:56Ou même quand on est sur les plateformes avec les autres plongeurs,
21:59je peux échanger.
22:00Parfois, elle se retient.
22:01C'est qu'elle a envie de parler aux gens.
22:03Elle a envie d'être quelqu'un de sociable.
22:05Mais en fait, elle a peur parce qu'elle sait
22:07qu'elle ne serait peut-être pas en mesure de répondre.
22:09C'est moins naturel chez elle.
22:10C'est ça.
22:11Tu vas aider Jade justement à parler anglais.
22:14Je l'aide.
22:15Il n'y a pas de souci sur ça.
22:16Émilie, merci beaucoup.
22:17Avec plaisir.
22:18C'est déjà terminé.
22:19Mais c'était un vrai plaisir en tout cas.
22:21Et puis, garde cette énergie parce qu'elle va te servir encore longtemps.
22:23Merci également à toi, Romain.
22:25Merci à vous.
22:26Merci aussi à vous de nous avoir suivis.
22:28Merci également en régie à ces aides précieuses
22:30à la réalisation de cette émission,
22:32qui sont Franck Fernandez, Philippe Bertigny,
22:34Chloé Voirgaard et également Karine Bottier.
22:37Merci de nous avoir suivis.
22:39Vous le savez, on va se retrouver dans 15 jours
22:41avec un nouvel invité.
22:42D'ici là, portez-vous bien.
22:43Salut.
22:44Bye bye.
22:58Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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