JO 2024 : Alexis Jandard, de l'ombre à la lumière

Le Point

il y a 5 mois

En une seule chute, Alexis Jandard, plongeur français de 27 ans, est devenu la coqueluche de tout un pays. En inaugurant la piscine olympique de Saint-Denis, quelques semaines avant le début des Jeux Olympiques de Paris 2024, le français est tombé. Des images qui ont fait le tour de la planète. D'abord raillé, Alexis Jandard a su retourner la situation en réagissant avec humour et auto-dérision.

Désormais en pleine lumière, celui qui cumule 15 médailles internationales et un titre de champion d'Europe en 3m synchronisé est une énorme chance de médailles pour Paris 2024. Il y voit également l'occasion de faire connaître son sport, peu connu du grand public.

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Transcription

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00:00Et là ma mère m'appelle en pleurs et me disant ça y est tu vas pas participer aux Jeux Olympiques, tu t'es blessé.

00:05Alors je fais wow non stop, là on va arrêter tout de suite, on va dédramatiser un peu la situation parce que moi je vais bien.

00:10Je m'appelle Alexis Jeandard, j'ai 27 ans, je suis membre de l'équipe de France de plongeon depuis 10 ans et je participe aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

00:18Je me souviens de la première fois où j'ai sauté, en tout cas j'ai sauté très haut, c'était à 10 mètres à Strasbourg.

00:24Bon je venais de commencer le plongeon, j'étais en stage de troisième donc je devais avoir peut-être 14 ans.

00:29Et là vraiment j'ai ressenti quelque chose de très très fort, l'impact à 10 mètres était impressionnant.

00:33En fait on est un peu comme un oiseau un peu libre de faire ce qu'on veut.

00:37Bon la chute est toujours assez rapide, ça dure quelques secondes à peine.

00:41Tous les sens sont mis à rude épreuve, l'ouïe, la vue, même le toucher.

00:48Moi j'écoute la planche, je regarde l'eau, on fait jouer, les automatismes du corps et c'est pour ça qu'on s'entraîne autant.

00:55C'est pour laisser le corps parler lui-même plutôt que de réfléchir en plongeant parce qu'on n'a vraiment pas le temps donc on pose le cerveau en général.

01:15Un plongeur je pense qu'avant tout c'est quelqu'un de casse-cou, c'est quelqu'un qui est courageux.

01:21Comme on dit courageux mais pas téméraire, il faut savoir prendre des risques mais sans être inconscient de ce qu'on fait.

01:28On a une seconde et demie, deux secondes en l'air pour effectuer un maximum de rotation.

01:33L'entraînement de plongeon il est sur trois thématiques.

01:37La musculation qui va être de renforcement musculaire pour préparer le corps à l'entraînement.

01:41La dimension comme on dit à sec donc ça va plus être de la gymnastique, du trampoline, du plongeur mais sur des tapis.

01:47Et après dans l'eau on va travailler le 1m, le 3m, le 5m, le 7m, le 10m.

01:52On va évoluer sur toute l'hauteur pour plonger par la tête.

01:54Et les entrées à l'eau de travail subaquatique qui va être la finalité du plongeon où vous savez souvent on dit il ne faut pas d'éclaboussures.

02:01Et ben voilà c'est typiquement ça qu'on travaille.

02:03Je pense que j'ai toujours rêvé les Jeux, là où j'ai eu un déclic c'était aux alentours de 10 ans.

02:07Les Jeux de Pékin ont vraiment été un déclic pour moi.

02:11J'ai regardé cette cérémonie d'ouverture à travers la petite boîte grise et je pense que là j'ai dit moi je veux prendre repart à ça.

02:19J'ai vu la cérémonie d'ouverture avec Tony Stanguet qui tenait le drapeau.

02:22Tous les athlètes de la délégation française derrière qui le suivaient et j'ai dit je veux y aller, c'est ça que je veux faire.

02:28Tokyo c'était ma première expérience olympique donc la réalisation et l'aboutissement d'un rêve et de ce pourquoi on s'était battu toute notre carrière sportive.

02:37Cette Olympiade à huis clos sans spectateurs où on devait venir 5 jours avant et repartir 24 heures après notre compétition.

02:45Elle a un goût amer quand même et pour moi mais aussi je pense pour d'autres sportifs.

02:50Je pense que Paris 2024 c'est l'opportunité et une chance pour nous de se venger un petit peu de cette compétition qui a été très bien menée mais avec un arrière goût d'aigreur.

03:01Ça m'est quand même passé au dessus parce que c'était le rêve d'un gosse, le rêve d'une vie et c'est pour ça qu'aujourd'hui même si j'attends Paris avec impatience, je suis fier d'être passé par là.

03:10Je prétendais faire une finale, je suis rentré en demi-finale, j'ai fait une erreur en demi-finale qui ne m'a pas permis d'aller en finale mais j'ai revu mon concours il n'y a pas très longtemps en vidéo.

03:19Je suis super fier de ce que j'ai fait, ça a été l'aboutissement de mon travail et aujourd'hui on continue notre route avec de nouveaux objectifs.

03:26C'était une première expérience, Paris 2024 sera la deuxième et je l'espère en grande pompe.

03:31J'avais déjà Paris 2024 en tête après les Jeux de Tokyo, c'était peut-être un peu trop rapide, j'aurais peut-être dû prendre une pause.

03:38J'ai eu pas mal de blessures pendant la salle de l'Olympiade de 3 ans.

03:41Ces blessures ont été bénéfiques, je l'ai pris du pompier, les résultats sont force entière.

03:45Je me suis fait opérer de l'épaule en 2022, au mois de janvier-février 2022.

03:50Quatre-cinq mois après on était sur le podium mondial, l'Intimate Event avec Jade Gillet.

03:55La semaine qui a suivi cette médaille, je me suis fait rupture du tendon d'Achille.

03:59Et l'année d'après on fait triple médaillé aux Jeux Européens et après la médaille aux Championnats du Monde avec Jules Bouyer qui sera mon partenaire synchro pour les Jeux de Paris.

04:07Donc voilà, que de bon augure pour la suite.

04:09Alors avril 2024, un mois très particulier, ça a été la chute.

04:17Ce qui s'est passé c'est que j'ai pas eu trop le temps de réfléchir parce que le spectacle continuait.

04:20Moi j'avais plusieurs plongeons à faire derrière pendant le spectacle, il a fallu faire le bilan plus tard.

04:25Derrière j'ai reçu quand même beaucoup d'appels, beaucoup de messages en me disant mais qu'est-ce qui s'est passé, on te voit partout.

04:31Et là ma mère m'appelle en pleurs et me disant ça y est tu vas pas participer aux Jeux Olympiques, tu t'es blessé.

04:36Alors je fais waouh non stop, là on va arrêter tout de suite, on va dédramatiser un peu la situation parce que moi je vais bien.

04:42Qu'est-ce qui s'est passé sur la planche, c'est des choses qui arrivent.

04:44Et donc j'ai pris mon téléphone, j'ai fait une story sur les réseaux sociaux.

04:48Sachez une chose c'est que j'ai glissé, non j'ai pas glissé mais j'ai eu une petite faiblesse sur la jambe, ça m'a fait chuter.

04:54J'ai chuté devant le président, j'ai chuté devant la France entière.

04:57Je reçois des messages, c'est pas possible.

04:59Puis amusez-vous, c'est le moment de me vanner parce que là franchement je mérite de ouf.

05:04Aujourd'hui les projecteurs sont rivés sur le plongeon français et aussi sur mes futures performances.

05:12Donc tant mieux, moi je le prends avec le sourire, je pense que c'est une bonne opportunité de faire parler de notre sport et de notre discipline.

05:19C'est aussi notre travail de faire parler de nous, donc oui l'emploi du temps est assez chargé maintenant avec les médias.

05:25Mais j'ai des gens autour de moi et je suis très bien entouré pour gérer ça.

05:28Je pense que quand on a l'opportunité de le faire, c'est bien de se prêter au jeu.

05:33On a toujours été dans l'ombre de beaucoup de choses et à juste titre, peu de moyens, peu de plongeurs, peu d'entraînement, peu de compétition.

05:40Des règles qui sont très subjectives, difficiles à être entendues par le grand public.

05:44Moi je suis un des rares à accepter cette ombre.

05:46Pour autant quand on est dans la lumière, je pense que c'est bien de pouvoir en parler.

05:50Les gens s'y intéressent, les gens sont curieux.

05:52Et j'espère que pour la suite, il y a une génération qui soit un peu fascinée par ça et qui puisse faire perdurer notre sport dans l'avenir.

06:00En espérant que je n'ai pas fait de ça pour rien.

06:10Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org