Adlan Viskhanov, le lutteur niçois, est l'invité des "Yeux dans les Jeux"

  • l’année dernière
‘‘Les Yeux dans les Jeux’’. Voilà le titre de l’émission du service des sports de Nice-Matin consacrée aux JO. Jusqu’aux Jeux de Paris-2024 (26 juillet-11 août), nous vous présentons, tous les quinze jours, un athlète azuréen qui espère se qualifier. Cette semaine, c’est le lutteur niçois Adlan Viskhanov qui se livre. A 21 ans, l’enfant de l’Ariane né au Daghestan rêve d’une première participation aux Jeux. Il espère y décrocher une médaille pour la France, sa terre d’adoption depuis 2008. Il était accompagné en plateau d'Ali Toumi, entraîneur au Lutte Club de Nice (LCN). Un coach qui a permis son éclosion et sa progression dans le Vieux-Nice.

Category

🥇
Sports
Transcript
00:00 Salut à tous, bienvenue dans ce sixième numéro des yeux dans les jeux, l'émission de Nice
00:22 matin consacrée à la préparation des sportifs azuréens pour les Jeux Olympiques de Paris
00:27 2024.
00:28 Et toujours à ma gauche avec moi en plateau Romain Laronche, journaliste au service des
00:32 sports de Nice matin.
00:33 Salut Romain.
00:34 Salut Christophe.
00:35 Une fois n'est pas coutume Romain, nous avons deux invités aujourd'hui avec nous en plateau.
00:39 Alors d'abord tout en blanc aujourd'hui c'est Adlan Vichkanoff, il est double champion de
00:44 France de lutte et il est niçois, licencié au Lutteclub de Nice.
00:48 Il a 21 ans.
00:50 Salut Adlan et merci d'être venu.
00:52 Salut, bonjour.
00:53 A tes côtés on a aussi Ali Toumi qui est éducateur, qui est aussi un détecteur de
00:58 talent du Lutteclub de Nice, une personne importante dans l'ombre peut-être du club,
01:01 on ne le voit pas toujours, mais il est très très influent et très important.
01:04 Merci aussi Ali d'être avec nous.
01:06 Bonjour, merci à vous de nous accueillir.
01:08 Alors pour commencer Adlan, c'est Romain qui va faire une courte présentation de toi.
01:12 Comme l'a dit Christopher, Adlan tu es double champion de France de lutte en titre, donc
01:16 tu as 21 ans.
01:17 Tu es né à Khasavyurt au Dagestan, tu es arrivé en 2008 à Nice, tu avais 6 ans.
01:22 Rapidement tu t'intéresses à la lutte, tu arrives au Lutteclub de Nice à 7-8 ans,
01:28 tu suis tes 3 grands frères qui eux aussi font de la lutte.
01:31 C'est une passion familiale la lutte ?
01:33 Oui, mes frères en faisaient quand ils étaient en Dagestan et du coup ils me l'ont, j'ai
01:41 subi leurs pas en fait dès que je suis arrivé en France.
01:42 Ils m'ont amené dans une salle de lutte qui était le Lutteclub de Nice et ensuite
01:46 je suis tout de suite tombé amoureux de ce sport.
01:49 Les résultats suivent, depuis 3 ans tu es à l'INSEP, donc il y a les 2 titres de champion
01:55 de France senior, mais il y a aussi 3 médailles internationales chez les jeunes et une 7ème
02:00 place au championnat d'Europe senior.
02:02 Tu te rapproches maintenant des tout meilleurs mondiaux ?
02:04 Oui, c'est ça.
02:05 Il y a 2 semaines je suis rentré dans les championnats du monde U23, c'est un peu mal
02:09 passé mais c'est pas grave.
02:12 J'étais dans une catégorie olympique, maintenant je passe dans une catégorie olympique pour
02:16 pouvoir gagner une qualif en mars.
02:18 On va en parler justement de ces différentes catégories olympiques un peu plus tard.
02:24 Il y a une autre chose, les entraîneurs en équipe de France, tes proches, tout le monde
02:29 disait que tu étais programmé plutôt pour les Jeux de Los Angeles.
02:32 Finalement, ça arrive un peu plus tôt que prévu, c'est les Jeux de Paris qui sont
02:37 en ligne de mire parce que tu as une vraie chance de qualification.
02:40 C'est pour ces Jeux que je me prépare, depuis que je suis tout petit et là je suis impatient.
02:45 Il n'y a plus de barrière maintenant aussi, parce qu'il y avait cette histoire de problèmes
02:49 de nationalité, maintenant tu es naturalisé français depuis le mois de mars.
02:52 Je suis français, là il faut juste que je m'entraîne et que je gagne la qualif pour
02:56 être au jeu.
02:57 Tous les feux sont au vert là, ça y est.
02:59 Ali, parle-nous un petit peu de comment tu as découvert Adlan.
03:02 Il a 7-8 ans et il impressionne très rapidement au sein du Lut Club de Nice.
03:08 Comment ça se passe ?
03:09 Je vais faire une petite anecdote.
03:10 Ce n'est pas un gamin qu'on voit très talentueux directement.
03:15 Par contre, comme je l'ai déjà dit, c'est un travailleur acharné.
03:18 Ça veut dire que si tu as 10 Adlan dans la salle, on est tranquille pendant 10-15 ans
03:25 au niveau travail.
03:26 Après, oui, il a…
03:27 Il sait embarquer les autres derrière lui ?
03:28 Il sait embarquer les autres derrière lui, il a un immense respect pour les institutions,
03:33 que ce soit les entraîneurs ou ses collègues, ou même les plus petits qui sont au club
03:38 parce que nous, on a une petite génération qui suit derrière.
03:40 Mais au niveau d'Adlan, c'est son travail acharné.
03:45 En fait, si vous voulez, il y a des jeunes qui percent à l'âge de 13 ans, lui, il
03:50 a percé à 17 ans.
03:51 Oui, ça a été sur le tard.
03:52 Ça a été sur le tard, mais l'année où il perce, je me rappelle, il était dos au
03:56 mur, il était au club.
03:58 Et moi, je lui ai dit, je lui ai dit « tu veux finir champion de France de l'année
04:01 ? » Il me dit « oui ». Je lui ai dit « il faut juste travailler et écouter ».
04:03 Plus sur l'investissement, alors, il te surprend au départ que sur vraiment le talent pur.
04:07 Le talent pur, attention, je ne vais pas te dire, il avait totalement des bases, mais
04:12 si vous voulez, c'est un Ronaldo.
04:16 Ce n'est pas un Messi, mais c'est inné.
04:18 Mais lui, c'est un Ronaldo.
04:20 C'est un Ronaldo, c'est de la force de travail, de travail, de travail, de travail,
04:23 il est arrivé.
04:24 Adlan, on va passer maintenant à ce qui t'attend dans cette année.
04:27 Ça va arriver très vite, Paris, c'est dans quelques mois maintenant.
04:29 Il va y avoir sur ta route un championnat d'Europe à Bucarest en février.
04:34 Et ensuite, ces deux fameux tournois olympiques, d'abord un premier européen en Azerbaïdjan,
04:40 ça, ça va être en avril.
04:41 Et ensuite, un autre, cette fois-ci mondial, en Turquie à Istanbul au mois de mai.
04:45 C'est ça les deux échéances.
04:47 Il va falloir que tu réussisses à avoir un bon classement dans ces deux tournois de
04:50 qualification.
04:51 Il va falloir que je sois dans le top 3 au TQO Europe.
04:55 Et pareil, si je ne me qualifie pas aux Europe, ce sera au monde.
05:00 Par rapport à ça, justement, comment tu te sens toi ?
05:02 J'aimerais me qualifier dès le début, comme ça je suis tranquille après.
05:06 Et sinon, sur ma forme, là, je me sens super bien et je suis impatient.
05:11 Alors tu es 18e mondial chez les moins de 92 kilos, si je ne me trompe pas.
05:16 Mais par contre, ce n'est pas une catégorie qui sera olympique, ce sera moins de 97 kilos.
05:20 Donc ça veut dire qu'il y a un changement physique à opérer.
05:24 Tu es obligé de prendre du poids.
05:25 Oui, là j'ai un programme que mes coachs m'ont fait jusqu'en janvier.
05:32 C'est un programme de prise de poids.
05:35 Quand j'arrive en mars, je suis prêt pour concurrencer dans cette catégorie.
05:40 Ali, tu avais dit dans une précédente interview qu'il avait pris 20 kilos en 4 ans.
05:45 Si vous voulez, comme je l'ai dit, quand il a fait Champion de France en 87, il les
05:48 a fait à 71 kilos.
05:50 Après, il est passé à 79 l'année d'après.
05:53 Et là, il est à 92.
05:54 Ça veut dire qu'en 5 ans, il a pris 4 catégories.
05:59 Donc ces derniers kilos, ça ne devrait pas être très effrayant pour lui.
06:04 Après, ils sont bien suivis à l'INSEP, c'est-à-dire qu'ils sont suivis par des
06:07 nutritionnistes, par des coachs qui sont qualifiés pour ça.
06:10 Et moi, je ne me fais pas de souci pour qu'ils prennent du poids.
06:14 Après, oui, le connaissant un peu plus jeune, qu'on voit la masse que c'est au jour d'aujourd'hui,
06:19 on est surpris.
06:20 Mais moi, je ne suis pas surpris parce que comme je vous dis, c'est exemple, les entraîneurs
06:25 vont lui dire de faire 10 tractions, il va en faire 15, 20.
06:28 Il va toujours pousser.
06:29 Et ça, c'est un petit bémol dans sa préparation que si des fois, il y a du surentraînement,
06:35 peut-être que ça va présager des blessures.
06:38 Là, il te reste combien de kilos à prendre ? Tu me disais en mars, 8-9 kilos à prendre.
06:42 T'en es où ? T'en es à 6, 7 ?
06:44 Là, actuellement, je fais 97 pour la catégorie qui est 97.
06:48 Et j'aimerais bien être à 102, 101, 102 pour pouvoir perdre ensuite.
06:53 Les cadors, ils sont à 100, 105 kilos une fois la pesée là, ils ont ce poids-là,
06:59 ce poids de forme-là, c'est ça dans cette catégorie-là.
07:01 105, il y en a qui peuvent arriver à 110.
07:04 Mais moi, j'aimerais bien à 102, 101, comme ça, c'est parfait.
07:08 Comme ça, je n'ai pas trop de poids à perdre parce que je n'aime pas le régime aussi.
07:11 C'est hyper dur les régimes.
07:14 On n'en a pas forcément parlé encore, mais c'est hyper compliqué.
07:18 Et comment tu gères justement l'alimentation ?
07:20 Qu'est-ce qu'on mange pour espérer accompagner tout ce qu'on fait en salle
07:25 avec l'alimentation pour que ce soit bénéfique et qu'on prenne ce poids ?
07:28 Manger de la viande, du fromage, tout ce qui est fromage et des protes,
07:34 c'est ce que je fais pour prendre du poids.
07:36 Les jeux qui vont arriver, c'est forcément à domicile en France.
07:41 C'est quoi ? C'est le rêve d'une vie ? C'est une question qu'on pose à tout le monde.
07:44 Est-ce que toi, tu t'es, depuis tout gamin, imaginé ce destin olympique
07:47 ou est-ce que ça a mis du temps à germer petit à petit ?
07:50 Non, moi, depuis que je suis tout petit, je veux devenir champion olympique.
07:54 Je veux...
07:55 Parce que c'est déjà la plus grande compétition et j'aimerais bien aller gagner.
08:00 Alors les lutteurs, vous serez bien traités sur le Grand Palais,
08:04 au Champ de Mars, face à la Tour Eiffel.
08:06 C'est un beau cadre, ça, pour la compétition.
08:09 Je n'y ai pas été, mais ça va être magnifique.
08:11 Quel lien tu entretiens, toi, avec Paris ?
08:14 Tu es à l'INSEP, donc tu commences à bien connaître la ville ?
08:18 Oui, un petit peu, mais je ne sors pas trop.
08:21 Je sors rarement de l'INSEP, sinon je suis toujours à l'entraînement.
08:23 Il faudra repérer quand même les lieux.
08:26 Ali, tu es optimiste, toi, sur ces chances de qualification par rapport à ces Jeux-là ?
08:31 Bien sûr, je suis optimiste, parce que qui aurait cru qu'ils seraient là aujourd'hui ?
08:34 Donc, bien sûr, je suis optimiste.
08:36 Après, oui, c'est une catégorie très, très dure.
08:38 Et du passage de junior du 23 à senior, c'est très, très compliqué.
08:44 Il est encore frais, en plus, dans le milieu des seniors.
08:46 Il arrive à peine, quoi.
08:48 Oui, mais après, avec de l'abnégation, c'est un baisonnier, donc tout peut arriver.
08:52 Moi, je suis confiant pour les trois, quatre années à venir.
08:56 Sincèrement, je suis confiant pour lui, parce que c'est un travailleur,
08:59 donc je ne me fais pas de soucis pour lui.
09:00 Ali, je voulais aussi évoquer forcément avec toi le club.
09:03 Aujourd'hui, vous avez 140 licenciés.
09:06 Oui.
09:06 Il y a des vitrines.
09:07 Il y a eu Zéline Khan-Kadhiyev, qui a été deux fois vice-champion d'Europe avant Adelane,
09:12 qui a un palmarès, qui a réussi à sortir des murs, justement, de ce vieux Nice
09:15 et à performer au très haut niveau.
09:17 On a aujourd'hui Adelane, mais pour Los Angeles 2028,
09:20 il y a déjà une génération, petit à petit, tranquillement,
09:23 qui peut-être est en train de progresser, de travailler,
09:26 de peut-être faire ce que fait Adelane, avancer sur sa route.
09:29 Au jour d'aujourd'hui, moi, je suis content d'avoir Adelane au club,
09:33 c'est-à-dire qu'il est pressenti pour faire les Jeux Olympiques
09:35 avec toutes les médailles qu'il a fait.
09:37 Après Zéline, personne n'aurait cru qu'au club, on aurait un...
09:41 Un tel talent aussi vite derrière.
09:43 Un tel talent, et là, derrière, parce que là, l'année dernière,
09:45 on a fini premier club en France chez les jeunes.
09:48 Là, il y en avait trois qui ont été sélectionnés aux championnats d'Europe U15.
09:52 Donc, il y a une bonne petite génération qui suit derrière,
09:54 mais après, moi, je suis toujours là pour rappeler que
09:57 être champion en U13 ou en U15, ce n'est pas être champion en France.
10:00 Il y a des étapes à passer.
10:01 Il y a beaucoup d'étapes à passer, il y a beaucoup de sacrifices.
10:04 On s'est un peu emballé, peut-être.
10:05 Ouais, non, non, moi, je suis toujours pas négatif sur ce point-là,
10:09 mais j'essaie toujours de mettre un petit peu de frein
10:11 et essayer de calmer les ardeurs des jeunes.
10:15 Parce que si les jeunes, ils veulent déjà...
10:19 Ils sont même pressentis, s'il a 15 ans,
10:21 ils veulent déjà faire les qualifs pour ces Jeux-là.
10:24 Non, non, donc il faut calmer les ardeurs de chacun.
10:27 Il faut travailler.
10:28 En tout cas, les jeunes ont un beau modèle avec Adlan.
10:32 Alors, j'ai une petite anecdote.
10:34 J'ai un petit jeune l'année dernière, il n'a rien fait de la saison.
10:38 Et je l'ai pris, je lui ai donné l'exemple de Adlan.
10:40 Il a fini deux fois champion de France en greco et en libre.
10:43 Et c'est pareil, c'est pas quelqu'un de...
10:45 C'est pas inné chez lui, mais c'est vrai qu'Adlan, c'est un moteur,
10:49 c'est un vecteur de réussite par le travail.
10:51 Adlan, comment tu le vises, toi, ce rôle-là d'exemple, maintenant ?
10:54 Au club, je sais que maintenant, je suis, on va dire, le plus grand.
11:00 Plus expérimenté, peut-être ?
11:01 Oui, expérimenté, exactement.
11:03 Et j'essaie de donner l'exemple aux petits jeunes
11:06 pour qu'ils suivent le bon chemin après.
11:10 Ça fait plaisir de se dire qu'aujourd'hui, on a des gamins qui ont envie
11:14 d'être le nouveau Adlan, en tout cas, de suivre ta voie.
11:16 Oui, bien sûr.
11:17 Bien sûr, ça fait plaisir, ça fait toujours plaisir.
11:19 C'est de la pression aussi, d'une certaine manière ?
11:21 Pas de pression, mais je sais que j'ai une responsabilité, on va dire, en quelque sorte.
11:25 Par rapport, justement, aussi maintenant à tes origines,
11:28 on l'a dit, tu viens du Daguestan, tu es né là-bas.
11:30 Il y a quand même une pépinière assez incroyable de lutteurs qui sortent de là-bas.
11:35 Comment expliquer ça ?
11:37 Qu'est-ce qui se passe au Daguestan pour qu'autant de lutteurs
11:39 performent ensuite à très haut niveau ?
11:41 En fait, là-bas, à chaque coin de rue, il y a une salle de lutte.
11:45 Et c'est un peu une culture aussi, c'est culturel.
11:49 Les petits, sur 10 jeunes, il y en a 9 qui font de la lutte.
11:53 C'est un peu dans le sang.
11:57 C'est clairement le sport numéro un.
11:58 Oui, c'est ça.
12:00 Il n'y a pratiquement pas de stade de foot comme on en voit ici,
12:03 mais il y a des salles de lutte de partout.
12:06 Donc les jeunes, ils vont à la lutte, ils n'ont pas le choix.
12:10 C'est quoi ? C'est les parents qui posent peut-être même pas forcément la question,
12:14 s'ils ont un fils ou quoi, c'est "Allez, tu vas faire de la lutte, ça devient naturel,
12:17 c'est un chemin, un cycle naturel".
12:18 Oui, c'est ça, c'est naturel.
12:21 Les jeunes, en fait, dans la famille, dans chaque famille,
12:23 il y a au moins deux, trois frères ou que ce soit le père qui en ont fait avant
12:29 et disent "Viens, on va essayer de la lutte".
12:32 Les jeunes, ils aiment la concurrence, ils aiment la bagarre et tout de suite, ça leur plaît.
12:37 Il y a d'autres sports qui arrivent quand même à vivre un peu dans cette partie-là de l'Europe, du monde.
12:42 Est-ce qu'il y a d'autres sports qui arrivent à émerger où la lutte écrase tout et prend vraiment toute la place ?
12:47 Non, vraiment, la lutte, elle prend toute la place.
12:48 Il y a un petit peu la boxe et le judo,
12:52 mais c'est vraiment un petit pourcentage par rapport à la lutte.
12:56 On revient en France.
12:57 Tu as grandi à l'Ariane, tu as petit à petit aussi pris goût à la lutte dans le vieux Nice.
13:03 Quel lien tu as aujourd'hui avec Nice et avec la France,
13:07 qui ont été ta ville et ton pays d'adoption ?
13:10 La France, elle m'a donné une seconde chance pour pouvoir réaliser mon rêve.
13:15 Et maintenant, t'as envie de lui rendre un peu ce qu'elle t'a donné ?
13:20 Oui, c'est ça, exactement.
13:21 Avec une médaille ou avec des titres de champion du monde d'Europe,
13:24 tout ce qu'on te souhaite, bien évidemment.
13:26 Ça te tient réellement à cœur, ça ?
13:27 Oui, c'est ça, exactement.
13:28 Je veux rendre ce que la France m'a donné et remercier la France de telle façon.
13:33 On s'était aussi demandé si tu avais des idoles.
13:35 C'était une question qu'on avait eue avant l'émission avec Romain.
13:39 Est-ce qu'il y a des garçons qui t'ont un peu inspiré ?
13:41 C'est Lim, au club, quand j'étais jeune et que je le voyais,
13:45 sa première médaille au championnat du monde, c'était magnifique.
13:48 Et sinon, j'ai Bouaissar Saïtiev, il vient de mon village.
13:56 Il est triple champion olympique, six fois champion du monde,
13:58 six fois champion d'Europe.
13:59 C'est une légende de la lutte.
14:01 Et en dehors de la lutte, est-ce que tu as des personnalités, des sportifs ?
14:06 Oui, Cristiano.
14:07 Cristiano Ronaldo, le footballeur.
14:09 Tu aimes le foot aussi ?
14:09 J'aime bien sa façon de motiver les autres et d'aller en avant,
14:15 malgré tous les gens qui le critiquent derrière.
14:19 Tu as fait d'autres sports à part la lutte ?
14:21 J'ai fait un petit peu de foot, mais c'était vraiment vite fait.
14:24 Il y a des gens qui sont aussi importants,
14:26 tu les as évoqués un petit peu rapidement, c'est tes frères,
14:30 Vakit, Vicit et Valide.
14:32 Ils t'ont poussé, tu me disais il y a quelques temps,
14:35 que ce soit à la fois dans le sport ou dans les études.
14:38 Aujourd'hui, tu as peut-être envie de leur dire un petit mot ?
14:40 J'aimerais les remercier pour tout ce qu'ils m'ont fait.
14:44 Je me rappelle quand j'étais petit encore, mon frère m'a dit,
14:48 c'était Vakit, il m'a dit qu'est-ce que tu as envie de faire maintenant ?
14:52 Il faut que tu choisisses.
14:53 A 13-14 ans, il m'avait dit, soit tu choisis les études,
14:57 soit tu choisis le sport.
14:59 Le choix que tu prendras, on sera toujours derrière toi.
15:02 J'ai finalement choisi la lutte.
15:06 Aujourd'hui, tu sens de la fierté de leur part, de leur côté,
15:11 quand ils voient le chemin que tu as parcouru ?
15:14 Oui, ils sont fiers, mais le chemin encore n'est pas fini.
15:18 J'aimerais bien gagner une médaille olympique,
15:21 et après on en rediscutera autour de cette table.
15:23 On était tous les deux à te poser des questions,
15:26 mais il y a une troisième personne qui va te poser une question.
15:28 Ça va être une petite surprise.
15:29 Salut Adlan, une petite question à te poser.
15:31 Comment vis-tu ton développement de carrière sportive,
15:33 d'être passé de sparring à aujourd'hui numéro 1 français dans ta catégorie ?
15:39 Ciao.
15:40 Alors, on va dire qui c'est, c'est Jean-Pierre Scarfon.
15:42 Oui, je sais.
15:43 On explique justement pour les gens qui nous suivent et qui ne le connaissent pas forcément.
15:46 Il est le président du Lutte Club de Nice, lui aussi très important ici pour la lutte.
15:51 Je te laisse répondre à sa question justement.
15:53 Moi, en fait, je savais depuis que je suis petit,
15:55 je savais que j'allais être meilleur, il suffisait juste de bien travailler.
16:00 Je savais que j'allais en être là et j'avais confiance.
16:03 Tu n'as jamais douté en toi.
16:04 C'est dans la tête, tu savais quel chemin tu allais prendre.
16:07 Exactement.
16:08 OK.
16:09 Tu t'es même mis parfois trop de pression, c'est ce que disent certains coachs.
16:12 Ali me l'a expliqué.
16:13 J'ai discuté aussi avec Luc Alampi, qui est un entraîneur de l'équipe de France.
16:17 Parfois, tu t'es un peu aussi coupé les jambes, l'énergie, tout ça,
16:22 parce que tu t'es mis trop de pression sur certaines compétitions.
16:24 Ça va, tu arrives aujourd'hui à mieux gérer ce stress, cette pression ?
16:27 Oui, ça m'est arrivé quand j'étais plus jeune, quand j'avais 17 ans, 16 ans.
16:32 Ça m'est arrivé où j'arrivais pas, j'avais trop de pression,
16:35 parce que je me disais, il faut que je gagne, il faut que je gagne.
16:37 Mais ensuite, au fur et à mesure, quand je suis arrivé à l'INSEP,
16:42 les coachs avaient senti que j'avais encore ce souci.
16:45 J'ai travaillé un peu avec un préparateur mental pendant 3-4 mois.
16:52 J'ai su gérer mon stress et pour l'instant, j'ai pas de stress.
16:56 J'ai cette excitation avant le combat, mais j'ai pas vraiment de stress.
17:00 Le stress s'est transformé en excitation ?
17:02 Oui, c'est ça, exactement.
17:03 Il y a un moment charnière aussi que je voulais évoquer avec toi dans ta carrière.
17:07 C'est une période d'il y a quelques années où tu te dis,
17:10 je vais peut-être arrêter, tu fais des championnats de France Junior,
17:14 on t'attend pour le titre, tu ne gagnes pas, tu passes à côté,
17:17 les coachs te mettent en garde, quelques mois plus tard,
17:19 tu vas chercher le titre cette fois chez les seniors,
17:21 et là, il y a une bascule qui s'opère.
17:23 Parle-moi de cette période où d'un coup, tu te relances et tu te dis,
17:27 OK, j'ai le niveau, ce que je fais, ça n'a pas servi à rien.
17:30 Oui, quand j'ai perdu les France Junior en 2022, je crois que c'était ?
17:37 - 21. - 21, il me semble.
17:39 Non, en 2022. Junior, je perds en 2022 aussi.
17:42 - En 2021 et 2022 ? - Oui, en 2021 et 2022.
17:45 J'étais là.
17:46 C'est plutôt les championnats de France 2022 Junior qui restent dans ma tête.
17:51 Je m'étais dit, si derrière, en fait, un mois après, il y avait les France Senior,
17:55 je me suis dit, si je ne refais pas champion de France Senior,
17:58 j'arrêterai ça.
18:01 Mais je pense que l'anecdote, c'est totalement ça,
18:04 c'est qu'il perd aux championnats de France Junior.
18:08 Je pense qu'il y avait les Europe ou les Mondes Junior.
18:10 Oui, il y avait les Europe Junior.
18:13 Il y avait une compétition après, où ils lui ont dit,
18:16 si tu ne fais pas le titre aux championnats de France Senior,
18:18 - c'était ça le deal. - il était pied au mur.
18:22 Et moi, c'est pour ça que je voulais remercier les coachs,
18:25 parce que malgré ça, malgré qu'ils ne fassent pas le titre,
18:28 - ils lui ont fait confiance. - ils lui ont fait confiance.
18:31 Et ça, au niveau, chez un athlète comme lui ou même d'autres athlètes,
18:36 c'est quasiment impossible.
18:38 - Ça déclenche beaucoup de choses derrière. - Ça déclenche.
18:39 - Tu l'as ressenti comme ça, toi ? - Oui.
18:41 - Ça a été un déclencheur pour toi ? - Oui, c'est ça.
18:44 Le déclencheur que j'ai eu, c'est à partir des France Senior.
18:48 J'ai senti qu'à partir de là, j'étais une autre personne.
18:53 Et j'ai enchaîné avec une médaille aux Europe, aux championnats du monde.
18:58 Ali, la lutte, c'est du physique, bien sûr,
19:00 mais il y a aussi une part mentale.
19:02 En pourcentage, tu l'établis à combien ?
19:04 Je vais te faire une petite boutade.
19:06 Chose que disait le précédent président qui est décédé,
19:11 - il disait pour être... - Monsieur Guillaume.
19:13 Il disait pour être un bon lutteur, il faut être fort comme un hétérophile
19:15 ou fort comme un turc,
19:17 intelligent comme un joueur d'échecs et souple comme un gymnaste.
19:20 Donc, si tu veux, c'est un peu ça la lutte.
19:23 Mais après, au niveau de l'intelligence,
19:25 oui, il y en a, malgré que des fois, on le vanne un peu au club sur deux, trois trucs,
19:30 mais sinon, il est intelligent.
19:32 Et après, chose que je voulais en revenir,
19:34 c'est qu'il y a une de ses médailles, il l'avait annoncée.
19:37 Il m'a dit "tu verras, je vais faire une médaille".
19:39 Celle sur l'année où justement, il est un peu en balance.
19:42 Voilà, cette année-là, je me rappelle, c'est la seule fois,
19:44 sur les trois médailles qu'il a faites,
19:46 c'était la seule fois où il m'a vraiment prévenu, il m'a dit "je vais faire une médaille".
19:50 Et il est passé à ça de la finale, je me rappelle.
19:53 - Il perd contre le Moldove, non ? - Ouais.
19:55 Mais bon, il a ramené sa médaille.
19:56 Ouais, mais après, c'est pas ça.
19:57 C'est qu'après, il a...
19:58 Il faut savoir aussi que derrière, ça bosse.
20:00 Ça bosse énormément à l'INSEP, ils ont une bonne génération avec lui.
20:04 Il a deux camarades qui, à chaque fois qu'ils font des médailles,
20:06 les trois mousquetaires, on les appelle,
20:08 sont les trois à faire des médailles.
20:10 Et voilà, donc, chose où je voulais en revenir,
20:14 c'est qu'ils ont été formés ici.
20:17 Ils sont pas formés en Dagestan, si vous voulez.
20:21 Des fois, il y a même des coachs à un niveau de l'étranger,
20:24 ils sont surpris, ils disent "ouais, mais...
20:26 "Putain, c'est des gars qui ont pas été formés au Dagestan."
20:29 - C'est rare. - C'est rare, ouais, c'est rare.
20:31 Parce que c'est... Voilà, c'est...
20:34 L'école à la française, on continue.
20:37 - Elle existe aujourd'hui. - Elle existe.
20:39 Elle est réputée, reconnue.
20:40 Oui, ça veut dire qu'avant, quand on tombait contre un Russe,
20:43 ou un Turc, ou un Iranien, ils tombaient contre un Français.
20:46 Ah, mais c'est vrai, c'est facile.
20:48 Je parle pas en lutte gréco-romaine ou autre chose.
20:51 Mais c'était rare où maintenant, les Français regardent dans les yeux
20:55 les Russes ou d'autres nations fortes.
20:57 Ça aurait été du gâchis de le voir arrêter sa carrière, quand même.
21:00 Non, mais il aurait pas arrêté, je sais.
21:02 Il connaît le bougre, donc il arrêtera pas.
21:05 Mais maintenant, même si... Chose que je n'espère pas,
21:07 même s'il se qualifie pas, il ira chercher jusqu'à 2000...
21:11 - Jusqu'à... - 2032.
21:12 En Arabie Saoudite.
21:14 - En 2002. - Ouais, 32.
21:16 - Il a l'avenir devant lui. - Je serai là jusqu'en 2032, je pense.
21:19 Ouais, voilà.
21:20 Bon, écoutez, les garçons, merci en tout cas à tous les deux d'être venus.
21:23 L'émission touche déjà à sa fin.
21:25 Merci Adlan.
21:26 Bonne continuation à toi et longue route jusqu'au jeu.
21:28 On croise vraiment les doigts pour que tu ailles nous faire un super résultat
21:31 au tournoi de qualification olympique.
21:33 Merci aussi, Ali, pour ton travail dans les Saoudites Club de Nice.
21:35 - Ça fait des années depuis qu'on se connaît. - Ouais, bien sûr, bien sûr.
21:38 Mais c'est cool en tout cas de t'avoir vu en plateau aujourd'hui avec nous.
21:41 Merci aussi à toi, Romain, d'avoir été là pour m'accompagner dans cette émission.
21:47 Merci également à vous de nous avoir suivis.
21:49 Vous le savez désormais, on se retrouve dans deux semaines avec un nouvel invité.
21:52 Je voulais également remercier en régie Franck Fernandez,
21:55 également Karine Boutier, Chloé Wargard et Philippe Bertigny,
21:59 toujours ces êtres précieuses à la réalisation de cette émission.
22:02 On se retrouve dans deux semaines. Salut, bye bye.
22:04 [Musique]

Recommandée