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00:00 *Musique*
00:05 Et bienvenue dans ces informés un peu spéciaux sur France Info.
00:08 Au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le Président de la République,
00:13 un pari risqué pour le pouvoir en place.
00:15 C'est la question qu'on se pose ce matin dans ces informés XXL.
00:18 Jusqu'à 10h sur France Info.
00:20 Bonjour Renaud Delis.
00:20 Bonjour Salia.
00:21 La nuit a été courte, mais vous êtes en retard.
00:23 Absolument.
00:23 Et bienvenue à nos informés du jour.
00:25 Agathe Lambret du service politique de France Info.
00:27 Bonjour Agathe.
00:28 Bonjour.
00:28 Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:31 Bonjour Salia.
00:31 Frédéric Seyss qui est à votre côté de la rédaction internationale de Radio France.
00:35 Bonjour.
00:36 Et Brice Tinturier, délégué général d'Ipsos France, notre partenaire.
00:40 Bonjour Brice.
00:40 Bonjour.
00:41 Merci à vous tous d'être avec nous ce matin pour décrypter cette actualité, ce bouleversement dans la vie politique Renaud.
00:46 Et oui, une dissolution de surprise en gammon de cette année hier soir,
00:49 peu après 21h par le chef de l'État.
00:51 Donc à peine une heure après la lourde défaite de Valérie aux élections européennes,
00:55 très nettement devancée.
00:57 Elle recueille un petit peu moins de 15% du suffrage par Jordan Bardella,
01:00 la tête de liste du RN qui lui dépasse 31% des voix.
01:04 Une dissolution surprise que personne ou presque n'avait vu venir,
01:08 qui a donc suscité évidemment des réactions extrêmement violentes,
01:13 parfois même de façon très brutale.
01:15 C'est le cas du François Ruffin, le député de la France insoumise de La Somme.
01:20 Écoutez, on a un taré à la tête de l'État là.
01:22 C'est un pyromane de la République.
01:24 Et moi, ça ne me fait pas peur de remettre mon mandat en jeu.
01:27 Il n'y a pas de souci, on va y retourner.
01:29 Mais là, ce qui va se passer,
01:31 c'est que qu'est-ce qui reste face au Rassemblement national ?
01:33 Les macronistes vont se prendre une deuxième raclée.
01:36 C'est tout.
01:37 – Alors on voit en tout cas des propos extrêmement violents de François Ruffin,
01:42 des réactions extrêmement surprises de l'ensemble du monde politique
01:46 à l'annonce de cette dissolution par Emmanuel Macron,
01:49 le chef de l'État qui dit vouloir obtenir de la clarté.
01:52 Il dit d'ailleurs ce matin avoir confiance dans le jugement qu'émettront les Français
01:55 lors du premier tour qui se déroulera le 30 juin,
01:58 le deuxième tour d'initiative étant programmé le 7 juillet.
02:01 Rappelons qu'aujourd'hui, la majorité a subi un lourd revers hier.
02:06 Agathe Lambret, est-ce qu'Emmanuel Macron peut espérer,
02:10 en une campagne aussi courte, à peine trois semaines,
02:13 renverser ce rapport de force ?
02:15 – C'est ce qu'il souhaite en tout cas,
02:17 mais même dans la majorité, en réalité, peut y croire.
02:20 Mais c'est vrai qu'Emmanuel Macron, avec cette dissolution surprise,
02:25 veut d'abord renouer avec l'audace.
02:28 Et il se dit que, comme d'habitude, comme il l'a toujours fait,
02:32 il a un lien avec les Français et il peut convaincre.
02:37 Donc évidemment, c'est lui qui va faire cette campagne,
02:40 mais c'est extrêmement risqué.
02:42 Pour l'instant, Brice Tintorier en parlera mieux que moi,
02:44 mais c'est plutôt l'ERN qui est donné en tête.
02:46 Donc Emmanuel Macron qui avait dit qu'il lutterait contre l'ERN,
02:49 prend le risque de donner les clés du pouvoir au Rassemblement national,
02:53 avec le risque aussi que cette dissolution passe pour une dissolution tacticienne.
02:57 Parce qu'on voit bien ce que nous disent les éléments de langage de la majorité,
03:02 c'est avec cette dissolution, on a pris tout le monde de court,
03:05 on va tuer la NUPES qui n'arrivera pas à se reconstituer,
03:08 on tue Glucksmann qui venait de lever un espoir à gauche,
03:11 sur une ligne d'indépendance, et le lendemain de ce score de Glucksmann,
03:16 la première question que se pose de la gauche, c'est de recréer la NUPES,
03:19 on tue les LR qui n'ont pas voulu prendre leurs responsabilités,
03:22 et potentiellement, on met aussi en danger le Rassemblement national
03:25 qui n'est pas prêt à gouverner, et s'il gouvernait,
03:28 et bien peut-être que ce serait que les masques tomberaient,
03:30 et que ce serait l'échec aussi du ERN.
03:32 - Etienne Girardin, est-ce qu'on est sur une tactique de génie là,
03:34 ou alors un suicide collectif de la majorité ?
03:37 C'est la question qui se pose.
03:38 - L'avenir le dira.
03:39 En tout cas, Paris, extrêmement risqué, ça on peut le dire.
03:43 Paris vertigineux, parce que pour la première fois,
03:49 une élection a lieu alors que le RN vient d'enregistrer une victoire électorale.
03:55 En clair, ça va être la première fois sous la Ve République
03:58 que l'extrême droite est en position de pouvoir gouverner.
04:02 Pour ça, c'est très risqué.
04:05 En même temps, on en revient à une petite musique
04:08 qui a toujours été celle d'Emmanuel Macron,
04:11 c'est "moi je ne fais pas de la politique comme les autres,
04:14 je ne fais pas de la politique comme on en a fait pendant 30 ans
04:17 avant que j'arrive sur la scène".
04:18 - Tu casses les codes.
04:19 - Je casse les codes, et j'en reviens à une vision
04:23 plus verticale et plus gaullienne de la Ve République,
04:28 en redonnant la parole aux électeurs.
04:31 C'est pour ça que je m'étonne quand même des discours qui disent
04:36 "c'est irresponsable".
04:37 On est en démocratie, redonner la parole aux gens, aux citoyens,
04:42 ça ne peut pas être irresponsable en soi.
04:44 C'est peut-être risqué du point de vue des électeurs,
04:49 des défenseurs d'Emmanuel Macron,
04:52 mais c'est les électeurs qui trancheront.
04:54 Et c'est une façon aussi de mettre le peuple français
04:57 face à un choix très solennel.
05:00 On a voté une élection intermédiaire pour le RN,
05:03 maintenant, ça va être vraiment le destin de la France
05:06 qui va se jouer dans 20 jours, dans 20 et 27 jours.
05:10 - Campagne expresse.
05:12 - À le donner à la France.
05:13 - Cette fameuse clarté, Renaud, que recherche le Président.
05:15 - Justement, mettre le peuple français face à sa responsabilité,
05:17 disiez-vous à l'instant, Étienne Girard,
05:18 mettre aussi l'ensemble du monde politique,
05:20 d'ailleurs droite et gauche, face à leur responsabilité,
05:22 on voit bien que c'est l'intention du chef de l'État, on l'a compris.
05:24 Dès hier soir, lorsque Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères,
05:27 est en charge du parti Renaissance,
05:30 a indiqué qu'il ne souhaitait pas présenter de candidats
05:33 face aux candidats de droite ou de gauche,
05:36 susceptibles de s'entendre en quelque sorte avec la majorité sortante.
05:40 Une stratégie qui a été développée ici même, sur ce plateau,
05:42 il y a quelques minutes lors du débat qui opposait Jean-Philippe Tanguy,
05:46 le député RN de la Somme, à Clément Beaune.
05:49 Clément Beaune, évidemment un fidèle macroniste,
05:51 ancien ministre et député jusqu'à hier soir de Paris,
05:54 mais d'ores et déjà en campagne pour essayer de se faire réélire.
05:58 - Parce que chacun doit prendre la mesure de la gravité de la situation.
06:00 Ce qu'on vit là, c'est inédit, tout le monde l'a dit.
06:02 On ne peut pas dire "c'est inédit, c'est extraordinaire,
06:04 l'extrême droite est à 40%" et faire comme avant.
06:06 Et donc, je le dis aussi aux socialistes et aux écologistes,
06:08 si tout le monde veut faire comme avant et dire "c'est la faute à Macron,
06:11 c'est la faute à machin", etc., on met la République en grand danger.
06:15 - On met la République en grand danger, c'est ce que disait Clément Beaune
06:17 pendant l'8-30, Brice Tinturier.
06:20 Chacun doit prendre ses responsabilités.
06:22 - Oui, mais il y aura une clarification, ça c'est tout à fait évident.
06:26 Les LR vont probablement dire qu'ils continuent à y aller de leur côté.
06:30 On ne sait pas s'il y aura une coalition et sous quelle forme
06:33 entre la France insoumise et le PS.
06:35 C'est probable. Donc, il y aura une clarification.
06:37 L'enjeu, ce n'est pas tellement ça.
06:38 Une fois qu'on aura clarifié, qu'est-ce qui peut se passer d'un point de vue électoral ?
06:42 D'un point de vue électoral, le pari, il est plus que risqué.
06:45 Vous avez un RN qui est en pleine dynamique.
06:48 Vous avez une Macronie qui est quand même défaite sur les européennes.
06:54 Et on voit mal pourquoi les choses s'inverseraient ou se tempéreraient
06:57 de manière extrêmement nette en trois semaines.
06:59 Donc, le risque, c'est soit de provoquer une majorité relative,
07:02 mais forte en faveur du RN, soit une majorité absolue.
07:06 Alors, il y aura eu clarification.
07:07 - Justement, Brice Naturé, quand on entend Clément Beaune à l'instant
07:10 sur ce risque, ce pari fait par Emmanuel Macron,
07:13 est-ce qu'il ne repose pas, peut-être, peut-être, sur une illusion,
07:16 une double illusion, d'une part sur la peur que peut encore susciter
07:19 éventuellement l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir ?
07:21 Est-ce que cette crainte existe toujours aujourd'hui ?
07:24 Et est-ce qu'elle peut effectivement conduire les autres forces politiques
07:27 à s'entendre pour lui faire barrage ?
07:28 Et d'autre part, est-ce que le chef de l'État ne s'illusionne pas aussi,
07:31 ne sous-estime pas aussi, peut-être, l'effet répulsif
07:34 que lui-même, aujourd'hui, suscite dans une large frange de l'opinion ?
07:37 - Vous avez tout à fait raison et on est au cœur de la question.
07:40 Ce qu'on a vu en 2022, c'est que le Front républicain,
07:42 en réalité, n'avait pas fonctionné, qu'il s'était profondément affadé.
07:46 Est-ce que vous croyez vraiment qu'aujourd'hui,
07:48 des électeurs de la France insoumise vont voler au secours
07:51 des électeurs d'un candidat à renaissance qui serait opposé
07:54 au Rassemblement national ?
07:56 - On peut quand même en douter, vu le niveau de rejet
07:58 qu'il y a d'Emmanuel Macron et vu ce qui s'est déjà produit.
08:02 Alors l'idée que ce serait beaucoup plus grave
08:03 et que comme ça, on provoquerait un vote utile,
08:06 c'est une pure spéculation.
08:08 En réalité, on ne sait pas si on aura des triangulaires ou pas.
08:10 Le raisonnement du chef de l'État, je crois que c'est de se dire
08:13 qu'effectivement, il y aura plus de circonscriptions
08:16 où il y aura un duel renaissance versus le Rassemblement national
08:20 qu'en 2022, parce que la gauche pourrait être plus fragmentée.
08:24 Mais un, c'est un pari très risqué et deux, les reports,
08:27 c'est ce que vous soulignez avec raison,
08:29 risquent de ne pas être bons en faveur des candidats à renaissance.
08:31 - Il y a une ambiguïté quand même, Frédéric Seyss,
08:33 sur le discours de renaissance depuis hier soir.
08:36 Ce matin, Clément Beaune nous disait "moi, pour moi,
08:40 le Rassemblement national et LFI, en fait, il faut les combattre
08:43 tous les deux. Donc, parce que LFI est responsable
08:46 du désordre à l'Assemblée nationale."
08:48 Est-ce que ce n'est pas dangereux pour la majorité
08:50 de tenir ce genre de discours ce matin ?
08:52 - Oui, d'ailleurs, c'était le discours même hier soir,
08:53 dès hier soir d'Emmanuel Macron, qui était quasiment
08:56 le premier chef de campagne du parti macroniste
08:58 qui repart à l'assaut de l'Assemblée.
08:59 Il disait "oui, le Rassemblement national, attention,
09:03 c'est en gros la lèpre de l'extrême droite."
09:05 Mais il y a aussi eu le chaos à l'Assemblée nationale.
09:07 Il faisait évidemment référence à LFI, à la bordélisation,
09:10 comme on l'a dit dans les semaines et dans les mois passés.
09:13 Le mot de clarification, moi, il me semble extrêmement peu
09:16 adapté à la situation, parce que clarification, déjà,
09:19 ça n'est pas clair. Effectivement, cette stratégie de dire
09:21 "on va aider, nous, les macronistes, les candidats
09:23 qu'on juge républicains, selon quels critères, comment ?
09:26 Et puis même, si vous dites "tel candidat PS,
09:29 on va l'aider parce que pour nous, il est républicain",
09:31 rien n'empêche le dit candidat PS, une fois qu'il aura été élu,
09:34 de tout de même retourner avec la nupesse siégée avec.
09:37 Donc l'opération sera totalement ratée pour les macronistes.
09:40 Et puis, clarification sur l'Assemblée qui vient,
09:43 rien n'est moins sûr. Si vous avez une Assemblée à venir
09:46 à partir du 7 juillet, où il y a 200 députés
09:49 Rassemblement national, un gros bloc Rassemblement national,
09:51 mais qui n'a pas la majorité, que vous avez 150,
09:54 et l'Unupes et le reste qui se répartit entre les macronistes,
09:57 la droite et quelques écologistes, vous aurez une Assemblée
10:00 qui sera relativement ingouvernable, avec aucune possibilité
10:03 de dégager des projets clairs pour la France.
10:05 On essaie de tirer les enseignements de la déclaration
10:07 du président de la République hier, la dissolution
10:10 de l'Assemblée nationale. On s'arrête une petite minute.
10:12 Le temps du Fil info de Mathilde Romagnon à 9h16,
10:14 et on revient après.
10:15 Les législatives anticipées auront les conséquences
10:19 les plus lourdes de la Ve République, déclare ce matin
10:22 le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
10:24 Emmanuel Macron a dissouillé l'Assemblée nationale.
10:27 De nouvelles élections auront lieu le 30 juin
10:30 pour le premier tour et le 7 juillet pour le deuxième tour.
10:33 Dissolution décidée après le score historique du RN
10:36 aux européennes hier. 31,4% dévoient, 14,6% pour la majorité
10:42 présidentielle menée par Valérie Ayé, Raphaël et Glucksmann.
10:46 Et sa liste PS Place publique obtient 13,8% des suffrages.
10:50 Ce matin, le Parti socialiste appelle la gauche à constituer
10:53 un front populaire contre l'extrême droite.
10:56 Les Républicains, eux, refusent tout accord de coalition
10:59 avec le parti présidentiel.
11:01 Un procès pour homicide involontaire s'ouvre aujourd'hui
11:05 à Rennes, celui du commissaire Grégoire Chassin.
11:08 Il dirigeait l'opération de police pendant laquelle est mort
11:11 Steve Maia Canisso à Nantes. Le jeune homme s'est noyé
11:14 en 2019 lors de la fête de la musique.
11:17 Au championnat d'Europe d'athlétisme à Rome, hier,
11:20 la française Alice Finault a bien remporté la médaille d'or
11:24 aux 3000 mètres stiples. Elle avait été disqualifiée
11:26 dans un premier temps avant d'être finalement sacrée.
11:29 De retour sur le plateau des informés spéciale
11:43 dissolution de l'Assemblée nationale, avec Agathe Lambret
11:46 du service politique de France Info, avec Kétienne Girard,
11:49 rédacteur en chef à L'Express, Frédéric Seyss
11:51 de la rédaction internationale de Radio France,
11:53 et Brice Tinturier, directeur général délégué
11:56 de l'institut Ipsos, Renaud Delis, Marine Le Pen
11:59 a réagi dès hier soir à la dissolution.
12:01 Et oui, s'il y en a une qui évidemment était doublement
12:03 réjouie hier soir, c'est bien Marine Le Pen.
12:06 D'abord à cause du succès de l'hélice du Rassemblement
12:08 national conduite par Jordane Bardella.
12:10 Et puis, elle la réclamait, elle en rêvait.
12:14 Emmanuel Macron l'a fait, il a donc dissout
12:16 l'Assemblée nationale et Marine Le Pen se dit prête à gouverner.
12:20 Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français
12:23 nous font confiance lors de ces futures élections législatives.
12:27 Nous sommes prêts à redresser le pays,
12:30 prêts à défendre les intérêts des Français,
12:33 prêts à mettre fin à cette immigration de masse.
12:37 Alors rappelons que pour les élections législatives
12:39 qui se déroulent donc le 30 juin et le 7 juillet,
12:41 pour qu'un candidat puisse se qualifier au second tour,
12:43 il doit recueillir au moins 12,5% des électeurs inscrits.
12:47 Au regard du rapport de force sorti des urnes hier soir,
12:50 ça veut dire qu'un candidat RN devrait être présent
12:53 dans la quasi-totalité des circonscriptions au second tour,
12:56 mais qu'il pourrait y avoir très, très peu,
12:58 voire pas du tout de triangulaire au regard de l'abstention.
13:02 Dans cette configuration, est-ce que le Rassemblement national
13:05 peut espérer une majorité relative,
13:07 voire une majorité absolue ?
13:09 D'ailleurs, pour mémoire, en 2017,
13:12 En Marche a obtenu une très nette majorité absolue,
13:14 349 députés, après avoir obtenu un peu plus de 32% des voix
13:18 au premier tour législative.
13:19 Oui, mais c'était dans la foulée de la présidentielle
13:21 et d'une première présidentielle gagnée à l'époque par Emmanuel Macron.
13:24 Et là, on est dans la foulée d'une victoire du RN,
13:26 hier soir, dans les européennes.
13:27 Mais d'une victoire aux européennes.
13:29 Non, simplement, vous avez aussi souligné un point
13:31 qui est un point d'incertitude important,
13:33 c'est le nombre de triangulaires.
13:34 On ne peut pas exclure qu'il y ait une mobilisation forte
13:36 à ces élections législatives
13:38 et que le seuil de 12,5% des inscrits
13:40 pour pouvoir se maintenir au second tour
13:42 soit atteint dans beaucoup plus de circonscriptions
13:45 que ce qu'on avait eu en 2022.
13:47 Donc, il y aura une équation et une problématique supplémentaire
13:51 encore plus complexe avec le nombre de triangulaires.
13:52 Donc, Christophe Chanturier, vous aviez fait des simulations,
13:54 me semble-t-il, il y a quelques mois, justement,
13:55 sur les élections législatives en 6e.
13:57 On avait fait en décembre des simulations électorales
13:59 qui nous donnaient à l'époque, pour le RN,
14:02 entre 243 et 305 sièges.
14:04 Donc, on était... - En décembre dernier, là.
14:06 On était bien loin des élections, quand même.
14:08 - On était entre une majorité relative, mais forte,
14:10 et peut-être même une majorité absolue.
14:12 Et en décembre dernier, la dynamique du RN
14:15 n'était pas aussi puissante qu'aujourd'hui.
14:17 Et on avait un recul, un tassement des LR,
14:20 un recul de Renaissance,
14:22 un recul de la Nupes également.
14:25 Donc, on voit mal ce qui bouleverserait
14:27 substantiellement ce rapport de force,
14:29 sauf si les alliances se faisaient différemment
14:32 et si le nombre de triangulaires, tout à coup,
14:34 remontait.
14:35 - Il est question d'alliances à gauche.
14:37 On voit que ça discute depuis hier soir.
14:39 Possibilité aussi d'alliances à la droite,
14:42 à l'extrême droite, à Gat-Lambray ?
14:43 On a vu Marion Maréchal-Le Pen hier
14:46 tendre la main à Jordan Bardella,
14:48 à Marine Le Pen.
14:49 - On est à la barbe d'Éric Zemmour,
14:51 qui en était fort mari, parce que, oui,
14:53 il n'a pas cessé de critiquer le RN.
14:56 Mais pour remonter sur ce que disait Brice Tinturier,
15:00 c'est vraiment, là, un saut dans le brouillard
15:02 le plus total, parce que l'issue aussi
15:05 de ces législatives, selon que le Rassemblement
15:07 national a une majorité relative ou absolue,
15:10 si jamais le Rassemblement national a une majorité,
15:14 va aussi bouleverser l'Assemblée nationale et la suite.
15:17 Est-ce que Marine Le Pen pourra gouverner
15:19 avec une simple majorité relative ?
15:21 Est-ce que Marine Le Pen est capable de gouverner ?
15:24 On sait qu'elle a le cercle des Horaces
15:26 avec des hauts fonctionnaires.
15:27 On sait que le RN n'est pas le FN de l'époque.
15:30 Mais est-ce qu'elle aura les troupes,
15:33 le vivier pour nommer un gouvernement,
15:35 pour avoir des conseillers parlementaires ?
15:37 Et puis, juste, dernière chose, Emmanuel Macron,
15:39 en prétendant tirer les leçons de ce scrutin
15:42 et écouter les Français, renoue quand même aussi
15:45 un peu avec des vieilles ficelles,
15:46 parce que finalement, tout en redonnant la parole
15:49 aux Français, ils ont refait le match des Républicains
15:52 contre les Nationalistes.
15:54 C'est le retour du champ républicain
15:56 avec Stéphane Séjourné qui dit
15:57 "on ne présentera pas de candidats
15:59 devant les candidats républicains",
16:00 alors qu'il y a quelques semaines,
16:01 Gabriel Attal lui-même disait que l'arc républicain,
16:04 c'était toute l'Assemblée nationale, LFI et RN compris.
16:07 Donc avec une stratégie aussi floue,
16:09 prétendant remettre de la clarté,
16:11 ce n'est pas forcément non plus très bien parti.
16:13 Étienne Girard ?
16:15 Sur l'alliance supposée, demandée,
16:18 entre Reconquête et RN...
16:19 L'union des droites ?
16:20 Jamais de la vie.
16:22 Parce que le...
16:22 Marine Le Pen, on n'en a pas besoin,
16:23 c'est ce que vous voulez dire.
16:24 Exactement.
16:25 C'est que dans le contexte,
16:27 le RN, son seul objectif,
16:29 c'est d'apparaître aux yeux des Français
16:31 comme un parti apte à gouverner.
16:34 Faire une alliance avec le parti
16:36 le plus à droite, à l'extrême droite,
16:39 pour gagner 5 ou 6%,
16:41 ce n'est pas du tout dans les priorités stratégiques
16:44 du RN.
16:45 Ils sont de toute façon,
16:47 là où ils peuvent gagner,
16:48 ils seront qualifiés
16:50 pour le second tour des législatives.
16:52 Pour eux, il y a une seule élection,
16:54 c'est le 7 juillet,
16:55 il faut battre leur adversaire
16:57 ou leurs deux adversaires
16:58 au second tour des législatives.
16:59 Et pour ça,
17:00 il faudra empêcher une mobilisation très forte,
17:03 donc apparaître comme des notables de centre droit
17:06 qui ne sont pas du tout dangereux
17:07 et qui sont aptes à gouverner.
17:09 Et pour le coup, les reports
17:10 des électeurs éventuels de Reconquête
17:13 sur le second tour
17:14 devraient être bons
17:15 pour le candidat du RN.
17:17 Donc l'alliance dès le premier tour
17:18 n'aurait pas grand intérêt pour Marine Le Pen.
17:19 Et du surcroît effectivement,
17:20 puisqu'il faut 12,5% des inscrits
17:22 pour atteindre le second tour.
17:23 On ne voit pas bien
17:23 quel candidat Reconquête serait en mesure
17:26 d'être présent au deuxième tour des législatives
17:27 et d'imposer une triangulaire
17:28 qui pourrait être dangereuse
17:29 pour le RN.
17:31 Ça, c'est ce qui s'organise
17:32 entre les extrêmes-droites siamoises,
17:35 en quelque sorte.
17:35 Mais la gauche aussi
17:37 essaye de s'organiser
17:38 au lendemain de ce coup de teneur.
17:40 Après s'être considérablement déchirée
17:42 tout au long de la campagne
17:43 des élections européennes,
17:43 eh bien les Insoumis et les socialistes
17:46 reprennent langue en quelque sorte.
17:47 Ce matin, sur l'antenne de France Info,
17:50 Manuel Bompard,
17:51 le coordinateur de la France Insoumise,
17:53 appelait à un retour de Lyon-la-Gauche
17:55 et même plus précisément
17:57 à un retour de la NUPES.
17:59 Notre proposition, elle est très claire.
18:01 On l'a mise sur la table
18:02 encore une fois depuis plusieurs mois.
18:04 Nous avons un programme,
18:05 celui de la NUPES,
18:06 avec lequel 151 députés
18:08 ont été élus à l'Assemblée nationale.
18:09 C'est ce programme qui est arrivé en tête
18:11 du premier tour des dernières élections législatives.
18:14 Donc le rassemblement autour de ce programme,
18:16 il est simple à faire.
18:17 Mais il faut pour cela
18:18 que ceux qui, ces derniers mois,
18:20 ont tenté plutôt de s'en détourner,
18:21 de s'en éloigner,
18:23 reviennent d'un certain point de vue
18:24 à une forme de clarté sur les engagements
18:26 que nous avons défendus
18:26 devant les électrices et les électeurs.
18:28 Le rassemblement, c'est donc simple
18:30 à écouter, Manuel Bompard.
18:31 C'est le programme de la NUPES,
18:32 donc avec, voire derrière, les Insoumis.
18:35 Pas si simple,
18:36 à propos de ceux qui s'en sont écartés,
18:38 selon Manuel Bompard.
18:39 Pas si simple à écouter Olivier Faure,
18:41 qui souhaite lui aussi
18:42 à nouveau une alliance à gauche,
18:44 mais peut-être pas tout à fait la même.
18:45 Olivier Faure, le patron d'UPS.
18:48 J'appelle ce matin
18:49 à la constitution d'un front populaire
18:51 contre l'extrême droite
18:53 C'est pas le nouveau nom de la NUPE,
18:54 c'est ce que nous devons faire aujourd'hui.
18:56 Nous sommes dans une nouvelle séquence.
18:59 Une nouvelle séquence, donc,
19:00 qui ne serait pas tout à fait
19:02 la répétition de la NUPES.
19:03 Ça, ce sont les discussions d'État-major,
19:05 en quelque sorte, d'appareil de parti.
19:08 Est-ce que ça reflète d'ailleurs
19:10 les attentes des électorats de gauche,
19:12 Brice Stinturier ?
19:13 C'est là où on est dans une situation
19:14 quand même très différente de 2022,
19:16 parce que même en faisant l'hypothèse
19:17 qu'il y ait une coalition qui se monte
19:19 entre la France insoumise,
19:21 les écologistes et le Parti socialiste,
19:23 les électeurs, eux, ont quand même évolué.
19:26 Par rapport à 2022,
19:27 les ruptures qui se sont opérées
19:29 entre la France insoumise et le Parti socialiste,
19:31 elles sont réelles.
19:32 Si Raphaël Luxman a obtenu le double,
19:35 plus du double du score de 2019 qu'il avait fait,
19:37 et s'il est devant la France insoumise,
19:39 c'est qu'il y a bien eu chez les électeurs
19:41 des choses qui, dans la stratégie
19:42 de la France insoumise,
19:43 leur ont déplu.
19:44 Je parle des électeurs de gauche.
19:46 Donc, il peut y avoir une coalition partisane.
19:48 Ça ne veut pas dire pour autant
19:50 que les électeurs vont suivre,
19:51 comme un seul homme, cette coalition.
19:54 D'autant plus que Raphaël Luxman
19:55 a fait campagne en disant
19:56 "moi, je veux la rupture avec la France insoumise".
19:58 Alors, à quoi il peut ressembler
19:59 ce front populaire de la gauche ?
20:01 Et c'est vrai qu'il insiste sur une notion
20:02 qui est la gauche pro-européenne.
20:04 Il l'a encore redit hier soir,
20:05 il l'a encore redit ce matin,
20:06 Raphaël Luxman.
20:07 Et c'est évidemment un message
20:08 adressé à LFI.
20:10 Pour Raphaël Luxman,
20:10 LFI ne fait pas partie de sa gauche à lui.
20:12 Alors, à première vue,
20:14 on pourrait se dire "c'est facile,
20:15 la gauche, ils n'ont qu'à se mettre
20:16 autour d'une table, parler, après tout,
20:17 il y a un danger du Rassemblement national.
20:19 C'est le moment de s'allier
20:21 sans aucune condition".
20:22 Mais après, le diable est,
20:23 comme d'habitude, dans les détails.
20:25 Vous allez réinvestir les députés sortants.
20:27 Là-dessus, pas de problème.
20:28 150 personnes qui vont se représenter,
20:30 qui sont plus ou moins connues
20:31 dans leurs circonscriptions.
20:32 Mais dans toutes les autres circonscriptions,
20:34 qui est-ce qui doit prendre la domination ?
20:36 J'allais dire, qui est-ce qui doit avoir
20:37 le plus de candidats ?
20:38 Et c'est là que se pose la question,
20:39 la clé de répartition, entre guillemets.
20:41 Est-ce que c'est celle d'hier soir,
20:43 avec un parti socialiste qui est devant,
20:45 qui est la première force à gauche ?
20:47 Ou bien, est-ce que c'est comme
20:48 lors des élections législatives précédentes,
20:50 le rapport de force de 2022,
20:52 avec un Jean-Luc Mélenchon,
20:53 qui, à l'époque, était quasi-hégémonique,
20:55 avec 22% des voix ?
20:56 Et on imagine mal l'un des deux camps
20:58 lâché là-dessus.
21:00 C'est d'ailleurs peut-être pour ça
21:01 que François Ruffin,
21:02 lui parle de "front populaire",
21:03 comme ça, on ne parle plus de "nupes",
21:04 on ne parle plus d'accords électoraux.
21:05 Et on y va tous ensemble.
21:06 - Agathe Lambré ?
21:08 - Sans oublier Agathe Lambré,
21:08 un climat de campagne
21:09 qui a quand même été particulièrement violent,
21:11 entre les socialistes d'un côté,
21:12 les insoumis de l'autre,
21:13 sur fond de guerre à Gaza, en particulier.
21:15 - Oui, parce que Frédéric Sleiz
21:16 disait que le diable était dans les détails.
21:19 Moi, je dirais qu'il est aussi
21:20 dans les fondamentaux.
21:21 Après la campagne que l'on vient de vivre,
21:23 les différences tellement fondamentales
21:26 que l'on a vues entre le Parti socialiste
21:28 et la France insoumise.
21:30 Hier soir, encore,
21:31 les manifestants qui s'étaient rassemblés
21:33 place de la République pour protester
21:34 contre le score du Rassemblement national
21:36 et la dissolution,
21:37 criaient "Israël assassin,
21:39 Glucksmann complice".
21:41 Je ne vois pas une seconde
21:42 comment, après la campagne de Raphaël Glucksmann,
21:44 qui a tout été construit
21:45 autour de la rupture,
21:47 en expliquant que ça ne pourrait plus jamais
21:49 redevenir comme avant,
21:49 qu'il y avait des gauches irréconciliables,
21:52 le lendemain, le surlendemain,
21:55 Olivier Faure peut balayer tout cela
21:57 et aller pactiser avec la France insoumise.
21:59 Quel désaveu pour Raphaël Glucksmann,
22:01 pour sa campagne,
22:01 quel désaveu pour les électeurs
22:03 qui ont voté pour Raphaël Glucksmann.
22:05 Peut-être que l'alliance
22:06 qui pourrait se nouer aujourd'hui,
22:08 c'est une alliance sans les insoumis.
22:11 Le problème, c'est que le Parti socialiste
22:12 n'est pas en position de force pour la créer.
22:14 Mais Olivier Faure aimerait que cette alliance
22:16 se fasse autour de ses idées,
22:17 donc potentiellement sans la France insoumise,
22:19 avec les écologistes
22:20 et puis les insoumis de bonne volonté
22:22 le rejoindraient.
22:22 Je vois Frédéric Seyre qui fait la grimace.
22:24 Effectivement, c'est probable.
22:25 Ça veut dire être absent du second tour
22:27 dans beaucoup d'endroits.
22:28 Bien sûr, mais c'est pour ça que c'est difficile.
22:29 Mais en tout cas, il y a une intention,
22:30 j'imagine, et Emmanuel Bonpard,
22:33 lui, prétend vouloir faire une alliance
22:36 équilibrée en respectant
22:38 toutes les individualités.
22:39 Mais il demande une alliance sur la nupèce.
22:41 Et la nupèce, c'était quoi ?
22:42 C'était l'hégémonie de Jean-Luc Mélenchon.
22:43 Donc c'est... Voilà.
22:44 Alors qu'Olivier Faure ne dit pas d'alignement,
22:46 juste une petite info coulisse,
22:47 puisque tous les deux étaient l'invité
22:48 de la matinale de France Info.
22:49 Olivier Faure, Emmanuel Bonpard,
22:50 ils se sont croisés dans les couloirs.
22:52 Ils se sont serrés la main.
22:53 Ça faisait longtemps qu'on ne les avait pas vus
22:55 se serrer la main.
22:56 Bon, bah à voir maintenant si ça va aller plus loin
22:58 que le serrage de main.
22:59 En tout cas, merci à vous, la dissolution.
23:00 On continue d'en parler sur France Info.
23:03 à tout de suite.

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