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A deux jours des élections européennes, l'eurodéputée Nathalie Loiseau répond aux questions de Bérengère Bonte

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00:00Bonsoir Nathalie Loiseau. Bonsoir Bérengère Bronte.
00:03Eurodéputée sortante horizon, candidate en cinquième position sur la liste de Valérie Ayer,
00:07Volodymyr Zelensky vient d'arriver à l'Elysée pour un entretien officiel avec Emmanuel Macron.
00:12Vous l'avez vu ce matin, non pas à l'Assemblée mais à l'Accueil aux Invalides.
00:18Qu'est-ce que vous avez senti aujourd'hui compte tenu de la situation, de la tension et des menaces grandissantes de Moscou ?
00:28Comment vous l'avez senti, vous qui l'avez vu plusieurs fois ?
00:30C'est un dirigeant exceptionnel, c'est quelqu'un qui est à la fois extrêmement concentré,
00:34quand il vient quelque part, quand il vient en France, quand il va aller en Allemagne ou en Suisse,
00:38il sait pourquoi il vient, il sait ce qu'il attend, il est très concentré sur son objectif
00:43et en même temps c'est quelqu'un qui a une grande sensibilité, qui est facilement ému,
00:48qui partage facilement son émotion, c'est ce qui fait qu'il garde le soutien des Ukrainiens
00:54en dépit de la dureté de la guerre, en dépit des pertes, en dépit des sacrifices que font les Ukrainiens.
01:00Ils ont confiance dans ce dirigeant-là.
01:02Il y a du découragement aussi ?
01:04Non, pas de découragement, de l'inquiétude, parce que ce qui se passe sur le front est dur, c'est très dur pour l'Ukraine.
01:11Et heureusement qu'on est, nous, Européens, Français, à la hauteur du soutien à l'Ukraine.
01:18Je dis découragement parce que, notamment l'idée de cette coalition pour envoyer des instructeurs,
01:24portée notamment par la France, ne fait pas l'unanimité, Joe Biden notamment l'a dit.
01:29Est-ce qu'il repart satisfait ? Est-ce qu'il repart avec ce qu'il voulait ?
01:32Alors, je suis certaine que les annonces qui ont été faites hier par le Président de la République
01:37avaient été discutées longuement précédemment avec le Président Zelensky.
01:41Vous voulez dire les mirages ?
01:42Les mirages, la formation d'une brigade,
01:45et l'installation en Ukraine d'une filiale de l'entreprise KNDS
01:51pour fabriquer des munitions, pour faire la maintenance des canons César aussi.
01:56Ça a beaucoup plus de sens de le faire à proximité du front
02:00que de renvoyer à chaque fois des canons qui sont à la fois très efficaces
02:05mais qui ont besoin d'être entretenus en dehors d'Ukraine.
02:08Donc, de ce point de vue-là, la France est au rendez-vous.
02:11Et moi, je dois dire que je suis fière qu'on fasse notre part de l'effort nécessaire
02:17pour les Ukrainiens, mais aussi pour notre sécurité.
02:20Certaines oppositions qui étaient présentes, et on parlera peut-être des autres après,
02:24mais ce matin au discours, disent qu'ils ont entendu, notamment Fabien Roussel,
02:27un appel à la Troisième Guerre mondiale. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
02:30Alors, j'ai pourtant de l'estime pour Fabien Roussel,
02:34comme d'ailleurs pour beaucoup d'adversaires politiques.
02:37Mais là, je trouve qu'il joue avec les peurs.
02:41On parle d'armes, on parle d'avions, on parle de formation des hommes.
02:44Oui, c'est-à-dire ce que l'on doit à un pays partenaire qui est agressé.
02:48N'oublions jamais d'où vient l'agression.
02:51N'oublions jamais qu'à chaque fois que nous annonçons un renforcement ou une accélération de notre aide,
02:57il y a beaucoup de gesticulation du côté de la Russie.
03:00Il y a beaucoup de tentatives pour manipuler notre opinion publique.
03:05Mais nous ne sommes pas co-belligérants avec l'Ukraine.
03:09Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie.
03:11La Russie est agressive avec nous.
03:13Et si Fabien Roussel doit s'emporter sur quelque chose, c'est sur l'attitude de la Russie.
03:17L'arrestation au Moscou de cet humanitaire français,
03:20accusé d'avoir collecté des informations sur les activités militaires russes,
03:24vous y voyez-vous un acte de représailles de la Russie justement contre la France ou de provocation ?
03:28C'est un exemple de tout ce que tente Vladimir Poutine
03:32qui, depuis février 2022, s'était convaincu que les occidentaux, que les démocrates étaient faibles.
03:39Et donc il essaye de manipuler nos opinions pour faire peur.
03:43Malheureusement, parfois, il trouve de l'écho dans notre classe politique
03:46qui reprend un peu vite ses efforts pour essayer de nous effrayer.
03:51On sait que depuis hier, il y a une fausse une du magazine Le Point qui circule en ligne,
03:57qui est fabriquée en Russie,
03:59et qui dit voter pour la droite et l'extrême droite parce que c'est voter pour la paix.
04:04On voit bien ce que Vladimir Poutine a en tête,
04:08et on voit bien ce dont il pense qu'il pourrait être ses alliés.
04:12Tout ça, ce sont des tentatives d'intimidation, de division, d'affaiblissement de nos opinions.
04:17Parce que la France est aujourd'hui l'ennemi numéro un, l'expression la plus galvaudée de la Russie en Europe ?
04:22Non, parce que dans l'idée de Vladimir Poutine, la France pourrait être un maillon faible.
04:27Parce qu'il y a une extrême droite qui est haut dans les sondages et qui a toujours été proche de la Russie.
04:35Aujourd'hui, elle essaye de dire le contraire, mais avec beaucoup de malaise et beaucoup de maladresse.
04:39Parce qu'il y a une partie de la gauche aussi qui a toujours eu certaines complaisances vis-à-vis de la Russie.
04:45Et parce que Poutine a investi dans des relais d'influence, dans des relais de propagande,
04:52chez des politiques français depuis des décennies.
04:56Donc il continue à appuyer en se disant qu'avec un peu de chance, ça pourrait craquer.
05:00Vous parlez des politiques français, lesquels ?
05:02Quand Thierry Mariani préside une association qui s'appelle le Dialogue Franco-Russe,
05:06qu'il était invité permanent de Russia Today, qu'ensuite il a été invité de ce média...
05:12Vous parlez du passé, vous parlez d'aujourd'hui ?
05:14Voice of Europe, ce média qui a fait l'objet d'une enquête de la part des services tchèques,
05:20où non seulement des personnalités européennes d'extrême droite se sont exprimées,
05:24mais il y a le soupçon que de l'argent a circulé.
05:27Il n'y a pas énormément de politiques français qui sont allés, mais M. Mariani était au rendez-vous.
05:33Et il est sur la liste de M. Bardella.
05:35Juste un mot sur le discours de l'Assemblée de ce matin, dans un hémicycle à moitié vide ou à moitié plein.
05:41Est-ce que vous entendez que cette invitation à quelques heures de la fin de la campagne,
05:46qui était très centrée sur la défense, sur l'Ukraine, cette campagne,
05:50est-ce que vous entendez que ça puisse avoir été perçu comme une tentative d'instrumentalisation ?
05:55Est-ce que c'était le meilleur moment, finalement, honnêtement ?
05:58Mais franchement, fallait-il suspendre notre soutien à l'Ukraine pour faire plaisir à quelques têtes de liste de l'opposition ?
06:05Non, mais le recevoir dans quelques jours ou dans quelques semaines, ça garantissait peut-être un hémicycle et une unanimité dont il avait besoin.
06:10Il était invité...
06:12Écoutez, je pense que l'extrême gauche et l'extrême droite auraient trouvé un autre prétexte.
06:17Quelques-uns étaient là, mais la plupart ont été indignes, indignes de leur mandat.
06:24Quand des électeurs français vous ont confié un mandat, vous siégez dans l'hémicycle quand un chef d'État étranger est là.
06:30Si vous ne siégez pas, vous lui montrez votre hostilité.
06:33Moi, j'aurais voulu qu'on s'élève, qu'il y ait quelque chose de transpartisan dans l'accueil qu'on fait à un démocrate
06:40qui lutte pour un pays agressé par un pays autoritaire.
06:44Je pense que ces absents ont montré leur petitesse, ils n'ont pas été à la hauteur de l'événement.
06:51La campagne s'achève ce soir avec des sondages qui y placent à peu près tous.
06:54La liste de Bardella autour de 32-33 et la vôtre autour de 15-16.
06:57Hier soir, Emmanuel Macron a mis en garde contre une minorité de blocage du Parlement européen.
07:02Quand on sait les disparités de toutes ces listes d'extrême droite à travers l'Europe, franchement, est-ce que vous pensez que c'est un argument crédible ?
07:07Est-ce qu'il y a un risque de blocage ?
07:09Elles n'ont pas grand-chose en commun sauf l'envie de ralentir, de bloquer les décisions européennes.
07:15Ils ont toujours voté contre. Contre tout ce qui a servi les intérêts des Français.
07:20En ordre dispersé ?
07:22En ordre dispersé parce que nous étions puissants, parce que nous sommes encore maintenant centraux.
07:28A chaque fois que les intérêts de la France, que les intérêts des Français sont en jeu, nous sommes là pour les porter et pour faire gagner les intérêts des Français.
07:37Ce groupe central auquel j'appartiens, auquel j'ai eu l'honneur d'amener 23 députés européens français en 2019, dans une belle campagne.
07:46Il a été au service des Français du premier au dernier jour.
07:49Pour le plan de relance, pour les vaccins, pour éviter que des emplois ne disparaissent, que des commerces ne ferment,
07:56pour être en soutien à l'Ukraine, pour créer une défense européenne digne de ce nom, pour réindustrialiser.
08:02Nous avons été au rendez-vous tout le temps.
08:05Les oppositions ont raté tous les grands rendez-vous du service aux Français.
08:09Et je le dis à mes compatriotes aujourd'hui, le vote d'humeur, le vote de c'est pas grave, le vote de je me fais plaisir.
08:16La période de réserve commence ce soir.
08:18Les Français ont 24 heures pour réfléchir dans le calme, dans le silence.
08:22Et c'est important qu'ils réalisent qu'ils peuvent être soit centraux en Europe, soit marginaux.
08:27Merci Nathalie Loiseau, merci d'avoir été l'invité politique de France Info.
08:30Merci.

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