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Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce vendredi, c’est Jacques Weber, pour parler de la pièce "Ranger" actuellement au Théâtre des Bouffes Parisiens.

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

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Transcription
00:00Et c'est un honneur de recevoir ce matin l'un de nos plus grands comédiens, bonjour Jacques Vébert, merci beaucoup d'être là.
00:07Ça commence très fort.
00:09C'est vrai que c'est un honneur, vous allez nous présenter une pièce.
00:11Je dis ça à tous les comédiens qui viennent.
00:13Tous les grands comédiens qui viennent, et il n'y en a pas tant que ça.
00:16Une pièce formidable signée Pascal Rambert, ça s'appelle Ranger, on va en parler dans un instant.
00:21Mais d'abord on va dresser votre portrait sonore, quelques petits sons pour mieux vous connaître. Jacques Vébert, voici le premier.
00:27Ne serais-tu pas un homme à aller faire courir le bruit que j'ai chez moi de l'argent caché ?
00:32Vous avez de l'argent caché ?
00:33Non, coquin ! Dites-moi ça !
00:37Je demande si malicieusement tu n'irais pas faire courir le bruit que j'en ai.
00:41Que nous importe que vous en ayez ou que vous n'en ayez pas, si c'est pour nous la même chose.
00:44Tu fais le raisonneur ? Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles.
00:47Sors d'ici encore une fois.
00:49Eh ben je sors.
00:51Extrait de Lavar, joué à la comédie française avec Laurent Stoker.
00:56C'est lui.
00:57C'est pas moi.
00:59Dans le rôle d'Arpagon.
01:00Merveilleux acteur, Laurent.
01:01Excellent.
01:02Extraordinaire.
01:03Et c'est vrai que c'est la première pièce, Lavar, que vous voyez quand vos grands-parents vous emmènent enfant à la comédie française.
01:09Oui, c'est la fin, le seigneur en scène, le Deus Ex Machina de la fin de Lavar,
01:14comme toutes les fins de Molière généralement,
01:16et qui n'a qu'une phrase,
01:18qu'est ce seigneur Arpagon ?
01:20Qu'avez-vous ? Je vous vois tout ému.
01:22Et là il y avait des grands mouvements de chapeau.
01:24J'étais gamin, j'étais tout enfant.
01:26Et là j'ai dit je fais du théâtre.
01:28Claudel derrière son pilier quoi, tu vois, un truc comme ça.
01:32Et vous vous êtes dit surtout je veux faire ça à la sortie.
01:34Vous l'avez dit à votre frère, je veux faire ça.
01:36Je veux faire ça et c'était terminé.
01:38Renvoyer tous les lycées,
01:40le classique Larousse sous le bouquin de mathématiques, enfin tout ça.
01:44Et vous avez fini par monter Lavar.
01:46Alors vous l'avez mis en scène dès vos dix ans, au scout, c'est ça ?
01:48Absolument.
01:50Bravo, vous êtes très très renseigné.
01:52J'achetais le tissu, je me souviens, c'est Bouchara,
01:56qui était un magasin de tissu de l'époque.
01:58Pour faire les costumes,
02:00avec ma grand-mère,
02:02moi-même pour poudre, c'était compliqué.
02:04Et puis après je l'ai joué, le rôle d'Arpagon,
02:06dans une mise en scène de Martinelli.
02:10Mais beaucoup plus tard.
02:12Je me souviens très bien, c'était effrayant,
02:14puisque nous étions à 150 mètres du Bataclan,
02:16et on était en train de jouer,
02:18on était au théâtre qui est juste à côté,
02:20au DejaZé.
02:22Et ça c'est un souvenir,
02:24un terrible moment.
02:26Et pourquoi avoir attendu aussi longtemps,
02:28pour le jouer vraiment sur une scène ?
02:30Parce qu'on avait joué d'autres !
02:32Ils jouaient beaucoup de Molière,
02:34et puis je pense qu'il faut quand même
02:36avoir de la bouteille,
02:38comme on dit, pour jouer ce rôle.
02:40Et je vous vois avec le livre,
02:42le mise en trope, en livre de poche.
02:44Je crois que ça fait partie de ces espèces d'oeuvres
02:46un peu éternelles,
02:48quoi qu'on peut relire mille fois,
02:50ça s'ouvre de plus en plus.
02:52J'ai peut-être un vague projet
02:54qui me turlupine, mais je ne peux pas en parler trop.
02:56On verra ça.
02:58Autre extrait.
03:00C'était ça.
03:06Les yeux écarquillés de Jacques Weber.
03:08Qu'est-ce que c'est que cette musique ?
03:10C'est une musique de film.
03:12Un film de 1972, Jacques Weber.
03:14Oh là !
03:16État de siège.
03:18C'est un immense souvenir,
03:20parce que figurez-vous
03:22que nous étions là
03:24un an avant que
03:26Pinochet renverse Aliende.
03:28Nous avons vécu
03:30le tournage au Chili
03:32de quelque chose qui se passait en Uruguay,
03:34mais on ne pouvait pas y aller,
03:36puisque c'était un gouvernement
03:38qui était mis en accusation dans le film.
03:40Et c'était
03:42très émouvant
03:44d'être dans
03:46ce pays
03:48qui était en train de se réveiller.
03:50Il y avait des manifestations spontanées.
03:52C'était magnifique.
03:54On pouvait voir Aliende comme ça.
03:56Je me souviens que j'avais dit que je voulais voir le ministre de la Culture.
03:58On passe un coup de fil, salut, comment vas-tu camarade ?
04:00C'était magnifique.
04:02Et de voir après
04:04la Gabgi, mais on le savait,
04:06on était déjà au courant
04:08là-bas, qu'il y avait
04:10plusieurs solutions
04:12mises en place par la CIA,
04:14par M. Kissinger, qui entre parenthèses
04:16avait eu le prix Nobel de la paix,
04:18pour foutre l'air
04:20à Aliende.
04:22Et très émouvant aussi, j'imagine, de vous retrouver
04:24face à Yves Montand.
04:26Ah ben ça c'est énorme, parce que
04:28Yves Montand, d'abord c'était
04:30un monument, et puis
04:32j'ai eu la chance
04:34inouïe par leur fille,
04:36de connaître assez bien
04:38Simone Signoret.
04:40C'est pour moi une des rencontres
04:42les plus belles que j'ai vues.
04:44C'est une des plus grandes dames que j'ai vues
04:46dans mon métier et dans la vie, tout simplement.
04:48C'était des personnages absolument incroyables.
04:50Et à la même époque, vous avez refusé
04:52de jouer dans ce film.
04:58Une comédienne,
05:00une femme qui était très célèbre
05:02dans son métier, qui était Margot Capelier.
05:04Vous savez, c'était un casting woman.
05:06C'est une vieille dame qui a une cigarette
05:08comme ça.
05:10C'était la grande prêtresse
05:12de Dominique Besnéard.
05:14Et je me souviens, elle m'avait
05:16donc proposé le rôle du président,
05:18le rôle que jouait Claude Chirot
05:20aux côtés de De Funès.
05:22Jouer avec De Funès,
05:24et puis Gérard Roury.
05:26Vous refusiez ça de la comédie ?
05:28Parce que j'étais très
05:30engagé politiquement à l'époque.
05:32J'étais un enfant de 68.
05:34Et comme un con,
05:36je dis, non, non, je n'aime pas
05:38ce cinéma. C'est vraiment
05:40tout ce qu'il y a de plus odieux, cinéma bourgeois,
05:42capitalisme, etc.
05:44Toutes les choses légèrement excessives
05:46qu'on pouvait dire à l'époque.
05:48Et elle me dit, je ne sais pas si c'est un film bourgeois,
05:50mais en tout cas, toi t'es un vrai con.
05:54Franchement, François l'avait pas tort.
05:56C'était une erreur considérable.
05:58J'aurais eu la chance de jouer avec ce
06:00monstre absolu.
06:02C'est un film qui est rigoureusement drôle.
06:06Marché ou pas, à la limite,
06:08c'est tant mieux.
06:10Mais quand même, La Grande Vadrouille,
06:12Le Rabi Jacob, tout ça, c'est quand même des
06:14chefs-d'oeuvre dans un style de film
06:16donné.
06:18On va se retrouver dans un instant, Jacques Weber,
06:20pour parler de votre seul en scène rangé.
06:22C'est au Théâtre des Bouffes parisien jusqu'au
06:2429 juin. On en parle dans deux minutes.

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