C'est une offensive de plus en plus intense qui inquiète les autorités à quelques jours des élections européennes et à deux mois des Jeux Olympiques : les ingérences russes contre la France. Cyber-attaques contre des ministères, piratages d'infrastructures ou encore propagations de fausses informations sur les réseaux sociaux, les services secrets russes multiplient les actes hostiles dans l'hexagone. Leur objectif : influencer les opinions publiques notamment sur le conflit en Ukraine. "Ingérences russes, la guerre secrète", une enquête de Quentin Baulier, Clément Granon et Benoit Chevalier.
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00:00 Pour la présidentielle de mars, la Russie a refusé l'accès à son territoire aux observateurs de l'OSCE,
00:05 l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe,
00:08 qui supervise habituellement les scrutins dans toute l'Europe.
00:12 Elle a préféré inviter plus d'un millier d'observateurs venus du monde entier.
00:16 L'ONG allemande EPDE en a identifié 128, dont 13 français, le plus gros contingent.
00:23 Pour le Kremlin, c'est une méthode efficace, inviter des responsables politiques occidentaux,
00:32 d'abord pour qu'ils disent du bien des élections en réalité frauduleuse,
00:35 et aussi pour nouer des liens et cultiver ces réseaux dans l'Union Européenne.
00:41 Dans la liste des observateurs amis de Moscou, Cyril Gaucher donc,
00:45 mais aussi l'ancien sénateur Emery de Montesquieu,
00:48 le militant antisémite d'extrême droite Ivan Benedetti,
00:52 l'influenceur complotiste Frank Pengam,
00:55 ou l'ancien journaliste Christian Roll, envoyé dans la région de Karsonne en Ukraine annexée.
01:01 Lui aussi va accorder une interview à RT, gilet pare-balles sur le dos,
01:05 pour vanter la vie démocratique dans une zone pourtant sous occupation militaire.
01:11 Mon sentiment est qu'il y a plus de démocratie ici que en France, par exemple.
01:18 Et je sens que quand je vois les gens autour, dans les centres,
01:26 je sens qu'ils sont heureux, comme si c'était un nouveau genre de liberté.
01:30 Dans les bureaux que j'ai pu visiter, les gens n'avaient pas la peur au ventre.
01:35 Pardon de le dire. Pardon de le dire.
01:37 Voulez-vous que je vous mente ? Vous me payez combien pour que je vous mente ?
01:40 Soyons clairs, allons jusqu'au bout.
01:45 Parce que la réalité, elle est là. La réalité, elle est là.
01:48 Vous savez, je suis quelqu'un de très libre.
01:50 Ceux qui me connaissent et qui parfois me craignent un peu le savent,
01:53 je ne suis pas quelqu'un qu'on instrumentalise ou qu'on utilise comme ça.
01:55 Ce n'est vraiment pas mon style.
01:59 Est-on instrumentalisé quand on est observateur invité ?
02:02 Nous avons posé la question à l'un d'entre eux, Thierry Mariani,
02:06 eurodéputé RN, connu pour ses positions pro-russes.
02:11 Plusieurs fois invité en tant qu'observateur pour valider des élections
02:19 organisées par le Kremlin, en Ukraine occupée notamment.
02:23 Est-ce qu'on a le risque d'être instrumentalisé par la puissance invitante
02:28 quand on est observateur dans ces conditions-là ?
02:29 Bien sûr. C'est évident. Bien sûr, oui.
02:33 Mais tout le monde, attendez, on est dans un contexte de guerre
02:36 où tout le monde utilise tout le monde et instrumentalise tout le monde.
02:40 Les observateurs qui étaient sur place ont certainement vu
02:42 des élections bien organisées là où ils étaient.
02:44 Mais je le répète, il y a des milliers de bureaux.
02:47 C'est un régime à minima autoritaire, je ne sais pas si on peut…
02:50 Oui, bien sûr que oui, c'est un régime autoritaire.
02:52 Il y a un mois plus tôt, M. Navalny était mort en prison.
02:56 Il y a de nombreux opposants politiques qui sont en prison.
02:59 Est-ce que c'est vraiment…
03:00 Finalement, si ça ne change pas grand-chose, de toute façon,
03:02 au résultat final, est-ce que c'est très utile
03:04 de se faire instrumentaliser par un régime autoritaire comme ça ?
03:07 D'abord, c'est toujours intéressant à titre personnel
03:08 d'aller voir comment ça se passe.
03:10 Deuxièmement, vous êtes instrumentalisé avec vos déclarations.
03:13 À vous d'être modéré ou d'être équilibré dans vos déclarations.
03:18 Faux observateurs, désinformation, hacking,
03:22 la Russie cherche à faire vaciller l'opinion publique par tous les moyens,
03:26 en particulier ces derniers mois,
03:28 pour saper le soutien occidental à l'Ukraine.
03:31 Mais avec quel succès ?
03:34 Malgré un soutien qui reste important vis-à-vis de l'Ukraine,
03:38 on a quand même des franges de l'opinion publique
03:41 qui changent progressivement de positionnement
03:45 par rapport à ce qu'on pouvait observer dans les mois après 2022.
03:48 La Russie essaie vraiment de jouer sur ça et d'amplifier ses mouvements.