• l’année dernière
La France a accusé ce mardi la Russie d'être derrière une vaste opération d'ingérence numérique à travers notamment la publication de faux articles de grands quotidiens français hostiles à l'Ukraine. Le ministère des Affaires étrangères est en "lien étroit" avec ses alliés "pour mettre en échec la guerre hybride menée par la Russie", a expliqué la ministre. 

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Transcription
00:00 -D'une première chose, c'est que l'hybridation de la conflictualité,
00:04 on ne la découvre pas aujourd'hui.
00:05 Ça fait plusieurs années qu'on travaille dessus,
00:07 y compris au sein de la doctrine d'emploi des forces armées.
00:10 Donc, sans ne le découvrir pas...
00:12 -Hybridation, ça veut dire quoi exactement dans ce contexte ?
00:14 -Le fait qu'il y ait d'une part...
00:16 Oui, dans ce contexte, ça signifie qu'il y a d'une part
00:18 une guerre avant la guerre.
00:20 Et donc, ça, c'est la guerre hybride,
00:22 qui est dans une temporalité longue
00:24 et qui peut éventuellement faire basculer
00:26 d'une basse intensité à une haute intensité, la guerre.
00:30 Comme on a vu, alors, par exemple,
00:33 le Donbass, des années de guerre hybride,
00:35 et pif, paf, la guerre en Ukraine.
00:36 -On est dans la guerre sur Internet,
00:38 grâce à la propagande qui nous prépare,
00:41 et après, elle devient une guerre bien réelle.
00:43 -Voilà. Et dans cette guerre avant la guerre,
00:45 on n'a pas toujours conscience de ce qui se passe.
00:47 On peut en avoir conscience, effectivement,
00:49 lorsqu'il y a une cyberattaque, etc.,
00:52 mais parfois... Enfin, ce que je veux dire,
00:53 c'est que de nos jours, par exemple...
00:54 -Vous nous dites que c'est ce qui préserve les armes.
00:56 -C'est ce qui est avant les armes.
00:58 -Ca peut être un moment de bascule,
00:59 alors pas toujours.
01:01 C'est pas parce qu'on a des cyberattaques en France
01:02 qu'on va se retrouver en guerre,
01:03 mais ça peut être une guerre avant la guerre.
01:05 Et toutes les actions qui sont non militaires
01:09 pendant cette guerre hybride,
01:10 mais qui sont utilisées pour contourner
01:12 la puissance de l'adversaire et l'affaiblir
01:15 sur ce qu'on considère être ses talons d'Achille,
01:18 ses faiblesses,
01:20 ça, on en a parfois conscience,
01:22 ce qu'après... Je pense notamment au fait
01:24 que bon nombre, finalement, de contrats passés
01:26 par les Russes pendant des années en Europe de l'Ouest
01:30 sont, en fait, a posteriori,
01:32 des instruments de décrédibilisation
01:34 de personnalités, de corruption de leur réputation,
01:37 parce que, en fait, ce sont des personnes
01:40 qui, par la suite, sont, je dirais,
01:42 sources de défiance au regard des opinions publiques.
01:45 -Ce que vous dites est très grave.
01:46 -Oui, c'est très grave.
01:48 Et par ailleurs, après, il y a la guerre dans la guerre,
01:50 ce qu'on vit là maintenant,
01:52 c'est-à-dire que nous, la France,
01:53 nous n'avons pas la guerre sur notre sol,
01:55 on n'a pas la guerre de feu,
01:56 mais dans les deux milieux de guerre
01:58 qui sont les plus importants à l'heure actuelle en Ukraine,
02:00 la guerre terrestre, le milieu terrestre
02:02 et le milieu informationnel cyber,
02:05 nous, on est attaqués.
02:07 -Oui, sauf que là, pardonnez-moi,
02:09 c'est quasiment une guerre entre pays,
02:11 c'est-à-dire qu'on attaque et on dénonce la Russie.
02:13 Notre ministre des Affaires...
02:15 Vraiment, s'il y a quelqu'un qui pèse chacun de ces mots,
02:17 ce sont bien nos ministres des Affaires étrangères,
02:20 mais elle accuse la Russie, en fait,
02:22 d'un acte, on va dire, qu'on pourrait assimiler
02:25 d'une façon ou d'une autre à un acte de guerre,
02:27 en tout cas, une agression.
02:29 -Oui, c'est une agression, c'est...
02:31 Disons que la particularité de la guerre hybride,
02:33 enfin, l'une des particularités,
02:34 c'est que c'est mené par des acteurs qui sont...
02:37 Des acteurs réguliers ou irréguliers,
02:38 que c'est mené par le terme d'action licite ou illicite,
02:43 mais ce qui est intéressant,
02:45 c'est que dans l'analyse qui est faite par les Russes,
02:47 c'est la faiblesse des sociétés occidentales,
02:50 parce que nous serions des sociétés affaiblies
02:53 parce que, déjà, affaiblies par la démocratie,
02:56 la démocratie, ça permet le débat,
02:58 le débat, ça nuit à la cohésion nationale,
03:00 donc la démocratie, c'est pour les faibles.
03:03 Par ailleurs, nous serions, là, peut-être un petit peu plus justement,
03:07 des sociétés affaiblies par la crise économique,
03:09 affaiblies par la crise migratoire,
03:11 et également, et j'en reviens à mon idée de guerre avant la guerre,
03:15 nous sommes aussi des sociétés affaiblies, déjà,
03:17 par une certaine influence russe qui dure depuis des années.

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