• il y a 9 mois
Ils risquent la prison mais continuent de défier le pouvoir de Vladimir Poutine. Des anonymes ou des militants de longue date, traqués en permanence par les services de sécurité russes. Une équipe de Ligne Rouge a pu rencontrer à Moscou et à Saint-Pétersbourg plusieurs de ces Russes qui malgré le danger osent encore exprimer publiquement leur opposition à la guerre en Ukraine. 

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Transcription
00:00 Le 28 février 2023, Yegor a jeté des cocktails Molotov
00:06 sur un bureau de recrutement de l'armée.
00:09 Le jeune homme a été arrêté juste après.
00:12 Il a reconnu aussitôt avoir lancé ses bouteilles enflammées sur le bâtiment.
00:17 Un geste d'opposition à la guerre qui s'est répandu ces derniers mois.
00:21 Il y a eu en tout une centaine d'attaques contre des commissariats militaires.
00:25 Depuis, dans le quartier simple et tranquille de la banlieue de Saint-Pétersbourg,
00:35 où vivent ses parents, le temps s'est comme arrêté.
00:40 Ses chaussures d'adolescent l'attendent à l'entrée de sa chambre.
00:52 Tout est resté comme quand Yegor dormait ici en février.
00:56 Et je n'arrive pas à enlever ses affaires.
00:58 Le linge, les draps, tout est resté ici avec l'odeur de Yegor.
01:03 Sa mère, professeure d'anglais, et son père, électricien,
01:11 qui ne parlait jamais de politique, sont tombés des nus.
01:19 Pendant le premier mois, je me réveillais, je vomissais chaque matin.
01:23 Ensuite, nous avons compris que ce n'était pas le moment de baisser les bras.
01:29 Sinon, Yegor n'aura pas de soutien.
01:33 Notre fils est courageux. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être faibles.
01:46 Et Bette, ses parents cherchent à comprendre ce qui a poussé leur fils à agir.
01:50 Et ils pensent que la mort de son oncle Dima,
01:53 parti volontairement combattre en Ukraine, a été l'élément déclencheur.
01:58 Yegor est très sensible dans les épreuves.
02:06 Depuis tout petit, il est très empathique.
02:11 Il a vu notre détresse au sein de notre famille.
02:16 Et il a réalisé que cette souffrance, de nombreuses familles la subissent,
02:22 tout autant côté russe que côté ukrainien.
02:26 Yegor, qui souffre d'une grave maladie du foie, ne regrette pas son geste.
02:36 Comme il l'écrit dans les nombreuses lettres qu'il envoie à sa famille depuis sa cellule,
02:41 c'était selon lui la seule manière de rester un être humain.
02:45 Plusieurs fois ici, je me suis demandé si j'avais peur.
02:48 Et tu sais, je me suis rendu compte que non.
02:51 J'avais peur avant.
02:53 J'avais peur de me lever le matin et de lire les cent péternelles nouvelles de ces victimes,
02:57 chaque jour plus nombreuses.
02:59 Désormais, je n'ai plus peur.

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