• il y a 5 mois
La tête de liste PS-Place Publique Raphaël Glucksmann est l'invité de la matinale spéciale sur France Inter, à moins d'une semaine des élections européennes. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-03-juin-2024-8150152

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00:00 Et dernière semaine de campagne pour les élections européennes.
00:03 Dimanche, ce sera le vote.
00:05 Et dans cette ultime ligne droite, France Inter vous propose trois nouvelles matinales grand format,
00:11 à chaque fois autour d'une tête de liste.
00:13 Aujourd'hui Raphaël Glucksmann, demain Valérie Ayé, mercredi Jordan Bardella.
00:18 Vous connaissez maintenant le programme.
00:21 Question sur le programme et l'actualité avec Yael Ghosn,
00:24 puis des gros plans sur l'écologie, l'international et l'économie.
00:28 Après 9h, deux jeunes électrices nous rejoindront.
00:32 Elles votent pour la première fois aux européennes et ont des questions très précises à poser à la tête de liste.
00:38 Amis auditeurs, je ne vous oublie pas, vous aurez la parole au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:46 Raphaël Glucksmann, bonjour.
00:48 Bonjour.
00:48 Et merci d'avoir accepté notre invitation.
00:51 Vous êtes donc tête de liste PS Place Publique, eurodéputé sortant.
00:56 Après l'entretien avec Yael Ghosn, place donc aux spécialistes et aux éditorialistes du 7-10.
01:02 Célia Kirey vous interrogera sur la protection de la nature.
01:06 Pierre Aski sur la position de rempart que vous voulez incarner contre l'extrême droite au Parlement européen.
01:13 Et Dominique Seux sur la dette française et ses conséquences en Europe.
01:16 Mais d'abord, une question, une question rituelle de ces matinales spéciales.
01:21 Réchauffement climatique, guerre en Ukraine, élections présidentielles incertaines aux États-Unis en novembre prochain.
01:29 Ces européennes du 9 juin prochain sont-elles les plus importantes depuis que ce scrutin existe en 1979 ?
01:37 Oui, ce sont les élections européennes les plus importantes de l'histoire.
01:41 Vous savez, je sillonne la France et partout, dans toutes les villes, tous les villages où je vais, je répète la même chose.
01:47 Ces élections sont finalement les élections qui vont déterminer si l'Europe existe ou n'existe pas.
01:53 C'est la question de Hamlet, en fait, qui nous est posée le 9 juin 2024.
01:57 Être ou ne pas être.
01:58 Mourir ou ne pas mourir, dit Emmanuel Macron.
02:00 Mourir ou ne pas mourir.
02:02 Vous parlez comme lui.
02:03 La guerre en Ukraine vise nos démocraties et branle l'architecture de sécurité européenne.
02:10 La perspective de l'élection de Donald Trump que vous avez mentionné le 5 novembre 2024
02:14 risque de nous laisser seuls face à cette guerre, seuls face à Poutine.
02:17 La catastrophe climatique s'accélère et la droite européenne a fait du pacte vert,
02:22 c'est-à-dire de tout ce que nous avons fabriqué, construit, obtenu dans les 5 dernières années de mandat,
02:28 le bouc émissaire de tous les problèmes européens et entend détricoter ce pacte vert.
02:32 Et puis, il y a cette vague d'extrême droite qui balaie le continent européen.
02:37 Et en fait, on se rend compte aujourd'hui que tout, mais tout autour de nous et en nous,
02:42 tout ce qu'on pensait être acquis s'avère extrêmement fragile.
02:46 Et donc, ces élections vont être des élections déterminantes pour l'ensemble des européennes et des européens.
02:52 C'est vraiment la question de la survie de la démocratie.
02:54 C'est vraiment la question de la paix ou de la guerre sur le continent européen
02:57 qui sont posées aux électrices et aux électeurs.
03:00 Une élection européenne, on vous entend.
03:02 Jordan Bardella, lui, appelle à un vote sanction contre Emmanuel Macron
03:06 afin de l'obliger à dissoudre l'Assemblée nationale.
03:09 De son côté, Jean-Luc Mélenchon dit le 9 juin, c'est pas une élection européenne,
03:13 c'est le premier tour de la présidentielle 2027.
03:16 Il a dit ça le 14 mars.
03:17 Est-ce que ce 9 juin, c'est aussi une élection de mi-mandat ?
03:20 Aussi éventuellement un vote sanction contre Emmanuel Macron ?
03:23 Aussi un premier rendez-vous avant 2027 ?
03:26 C'est d'abord une élection européenne.
03:29 Et moi, j'ai fait ce pari qui est un peu étrange en France, qui est de parler du sujet de l'élection.
03:34 Et le sujet de l'élection, c'est quelle Europe nous voulons construire ensemble.
03:39 Et donc, au début, quand j'ai dit "moi je vais faire une campagne centrée sur l'Europe",
03:42 tout le monde est venu me voir pour me dire "mais t'es fou, l'Europe, ça ennuie tout le monde".
03:47 - Vous n'êtes pas tout seul à parler d'Europe dans cette campagne ?
03:51 - Moi, j'ai parlé d'Europe depuis des mois, partout.
03:55 De l'Europe et de la transformation écologique, de l'Europe et de la solidarité sociale,
03:58 de l'Europe et de la guerre qui ébranle le continent.
04:02 Et vous savez quoi ? Ça passionne.
04:04 Ça passionne les sujets européens, quand on les connecte à des problèmes qui impactent directement les gens.
04:08 Et donc, la dynamique qu'on a créée pendant cette campagne,
04:11 c'est d'abord une dynamique qui est fondée sur le fait qu'on s'adresse à l'intelligence des électeurs.
04:14 En France, on fait comme si il n'y avait qu'une seule élection,
04:17 qui était l'élection présidentielle sans cesse rejouée.
04:19 C'est une pré-présidentielle, c'est une post-présidentielle,
04:21 c'est une présidentielle bis, c'est une présidentielle terse, j'en sais rien.
04:24 Non, c'est d'abord une élection européenne qui va décider de l'avenir du continent européen.
04:29 Mais oui, il y a forcément dans une élection, une dimension de sanctions,
04:33 de sanctions sur toutes les réformes iniques qui ont été passées par le président de la République,
04:38 la réforme des retraites, la loi immigration,
04:40 tout cela, moi j'en entends parler quand j'interagis avec les gens.
04:43 - On a appris hier soir que le président de la République serait l'invité
04:46 des journaux de 20h de TF1 et de France 2, jeudi soir.
04:51 Donc, ce temps de parole doit-il être affecté à la liste de Valérie Ayé ?
04:55 Les Républicains, la France Insoumise s'insurge, vont saisir l'Arkham sur ce point ?
05:01 Et vous, Ravel Glucksmann, allez-vous le faire aussi, saisir l'Arkham ?
05:05 - L'Arkham qui est le gendarme de l'audiovisuel ?
05:07 Probablement, mais ce que je voudrais, c'est qu'on se rende compte quand même.
05:11 À trois jours du scrutin, le président de la République va convoquer l'ensemble des médias
05:17 pour parler, s'il parlait seulement des commémorations,
05:21 du débarquement, du 80e anniversaire et de l'importance que ça a dans notre histoire,
05:25 moi je ne vois aucun problème à cela, évidemment.
05:28 Mais ils annoncent déjà qu'il va évoquer la situation internationale
05:31 et qu'il va parler des Européennes.
05:33 Mais à trois jours du scrutin, dans quel pays européen ça pourrait se passer comme ça ?
05:36 - Ce n'est pas sa fonction de président, tout simplement ?
05:38 - Chez aucun de nos voisins, on aurait le chef d'État qui convoque l'ensemble des médias
05:43 pour faire de la propagande électorale à trois jours du scrutin.
05:47 - Ce n'est pas l'ensemble des médias ?
05:48 - C'est le JT de TF1, le JT de France 2, France Info,
05:52 c'est quand même assez massif et c'est assez inédit en Europe,
05:56 il n'y a qu'en France que ça fonctionne comme ça.
05:58 Mais moi ce que je veux dire...
06:00 - Donc vous saisirez l'Arkham aussi ?
06:01 - Je veux surtout m'adresser aux électrices et aux électeurs, et aux auditrices et aux auditeurs.
06:06 Ne vous laissez pas kidnapper cette élection.
06:09 Dans six jours, vous avez la possibilité de renverser la table
06:14 et de sortir de ce duel entre Macron et Le Pen qui nous fait suffoquer.
06:18 Je veux dire, il y a six mois, on donnait notre liste à dix points d'écart avec la liste macroniste.
06:24 Et aujourd'hui, on est à un point de cette liste.
06:27 Et dans six jours, le 9 juin, vous pouvez mettre en deuxième position
06:33 une liste qui prône la solidarité sociale, l'humanisme, l'écologie.
06:38 Vous pouvez mettre fin à ce duel mortifère qui vous fait suffoquer.
06:43 Vous qui avez protesté contre la réforme des retraites,
06:45 vous qui n'avez pas supporté le fait de voter la loi immigration avec l'extrême droite.
06:49 - C'est un scrutin national, Raphaël Guggenheim.
06:50 - Mais il y a une dimension nationale, il y aura un impact national.
06:54 - Si vous ne doublez pas Valérie Ayé d'ici dimanche, ce sera votre échec ?
06:59 - Il y a une tentative d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal de kidnapper cette élection
07:04 et de faire rejouer sans cesse ce duel face à l'extrême droite.
07:08 Nous, ce que nous avons montré depuis le début de cette campagne,
07:10 c'est qu'il y avait une autre voie.
07:12 Et que le 9 juin au soir, en allumant sa radio, on pourra entendre que face à l'extrême droite,
07:18 l'alternative, ce sera une force de gauche humaniste et pro-européenne.
07:22 Et pas sans cesse la redite de la Macronie qui nous met, nous, dans une situation d'otages à chaque fois.
07:28 - Alors, venons-en Raphaël Glucksmann à votre programme.
07:31 338 propositions, on ne va pas pouvoir toutes les passer en revue.
07:36 Laquelle est la clé de toutes les autres ?
07:42 Est-ce par exemple le sceau fédéral que vous appelez de vos voeux ?
07:47 Par exemple, la suppression du droit de veto des États membres au Conseil de l'Union européenne,
07:52 ce qui reviendrait à abolir la règle de l'unanimité, aujourd'hui obligatoire, en matière de politique étrangère,
07:59 de défense ou de fiscalité.
08:01 Est-ce que ça, vous l'assumez ?
08:03 Est-ce que vous assumez que la France puisse ou doive renier une part de sa souveraineté
08:09 au nom de l'intégration européenne ?
08:11 - J'assume de construire l'Europe jusqu'au bout.
08:15 Mais vous savez, tout ce débat sur le sceau fédéral, sur les institutions,
08:20 tout cela n'est pas le sens du projet.
08:22 Tout cela, c'est au service d'un projet.
08:25 Et le projet, c'est l'émergence de la puissance écologique européenne.
08:30 C'est l'émergence d'une puissance européenne qui voit dans la transformation écologique
08:35 l'horizon ET l'instrument de son déploiement.
08:39 Et moi, ce que je veux, c'est que l'Europe s'affirme comme une puissance,
08:43 qu'on arrête avec cette impuissance qui mine nos démocraties.
08:47 Et donc, la mesure principale, la clé de voûte, c'est tout notre projet
08:51 sur la transformation écologique et sur le protectionnisme
08:55 qu'il faut imposer aux frontières de l'Union européenne.
08:58 - On va y revenir. 2030, c'est une date importante dans votre programme.
09:01 Vous voulez en 2030 un grand traité de réunification du continent européen.
09:05 Texte, vous écrivez, qui constituerait une avancée fédérale et de démocratisation.
09:10 Qu'est-ce que c'est que ce traité que vous appelez de vos voeux ?
09:13 - Nous sommes à un moment clé de notre histoire.
09:16 Face à notre destin, nous avons comme perspective historique
09:20 la réunification du continent européen.
09:23 Mais si on veut faire l'élargissement, ça ne peut pas se faire
09:27 à fonctionnement constant de l'Union européenne.
09:29 Il faut des changements profonds dans les pays candidats et en Europe.
09:33 Et donc, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut assumer ce moment,
09:36 ne pas le mettre sous le tapis, ne pas faire cela en douce
09:39 et au contraire, en faire un moment constituant pour l'Europe.
09:42 - Soyez au concret, vous faites référence à l'Ukraine.
09:44 - Oui, à l'Ukraine et aux autres pays candidats, mais d'abord à l'Ukraine.
09:47 Et donc, ce qu'il faut faire, c'est faire de ce moment un moment constituant.
09:51 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce qui ne fonctionne pas,
09:54 quand on est l'otage des pays qui sont des paradis fiscaux en Europe
09:59 et qui empêchent toute réforme fiscale,
10:02 eh bien, il faut supprimer leurs droits de veto.
10:04 De la même manière, quand on est face à Vladimir Poutine
10:07 et qu'on se retrouve tous à subir le chantage de Viktor Orban
10:12 parce qu'il a un droit de veto sur les sanctions qu'on décide,
10:14 eh bien, ce n'est pas possible que l'Europe s'affirme comme puissance.
10:18 Et donc, si on veut faire contrepoids à la Chine, aux États-Unis,
10:22 si on veut reprendre en main notre destin,
10:23 si on veut imposer des règles au multinational,
10:25 si on veut cesser le dumping social, le dumping fiscal,
10:29 eh bien, il faut assumer de passer à une Europe
10:32 où la décision se prend à la majorité.
10:35 - Sur l'Ukraine, vous soutenez le pays depuis l'attaque par la Russie.
10:41 Le pays, son armement, son adhésion à l'Union Européenne.
10:45 Est-ce que vous entendez par ailleurs, Raphaël Glucksmann,
10:49 les inquiétudes qu'un nouvel élargissement ferait peser,
10:53 notamment sur notre agriculture ?
10:55 C'est l'insoumis François Ruffin qui a mis le sujet sur la table
10:59 dans une lettre ouverte qu'il vous avait adressée.
11:02 Je le cite, « Vous voudriez qu'on rempile avec 44 millions d'Ukrainiens,
11:06 avec un salaire moyen à 373 euros, avec des agro-holdings
11:10 qui règnent sur les terres. Il faudrait approuver à nouveau,
11:13 au nom des valeurs que je partage, de solidarité, de la paix,
11:17 sans examen, des conditions matérielles, sans garantie. »
11:20 Est-ce que vous l'entendez, cette critique ?
11:22 Est-ce qu'elle vous fait réfléchir ?
11:24 - Mais j'entends les inquiétudes face à l'élargissement.
11:27 - Et alors, vous leur répondez quoi ?
11:28 - Et c'est pour ça que l'élargissement ne se fera pas sans réforme
11:33 des politiques structurelles de l'Union Européenne.
11:36 À politique agricole constante, l'élargissement à l'Ukraine
11:41 serait un désastre pour nos agriculteurs.
11:43 Mais nous, nous prenons la refonte de la politique agricole commune.
11:46 Cette politique agricole commune, elle est déjà en elle-même
11:49 injuste et anti-écologique, parce qu'elle subventionne l'hectare,
11:53 parce qu'elle subventionne la taille des exploitations
11:57 et qu'elle favoriserait les méga-fermes ukrainiennes.
11:59 Mais si nous faisons une réforme de la politique agricole commune
12:02 pour subventionner l'emploi et l'utilité écologique,
12:05 l'intégration de l'Ukraine sera un dolor.
12:07 Mais l'intégration de l'Ukraine, ça passe aussi par des réformes en Ukraine.
12:09 Le fait qu'il change les normes de production,
12:12 qu'il change les règles sociales en Ukraine.
12:14 Et vous savez, moi j'ai été à Kiev plusieurs fois pendant la guerre.
12:17 Et sous les bombes, j'ai vu la Rada, le Parlement ukrainien
12:20 en train de passer les réformes, justement pour préparer l'adhésion.
12:23 Et c'est cela qui fera que l'adhésion sera un succès,
12:25 que l'élargissement sera un succès.
12:27 C'est que l'Ukraine se sera transformée
12:28 et que l'Europe se transformera dans ce processus.
12:31 Et il faut répondre à cette mission historique,
12:34 qui est celle d'assurer la stabilité et la paix sur notre continent.
12:37 Et ça passe par l'intégration de l'Ukraine,
12:39 ça passe par la réunification du continent européen.
12:41 Raphaël Luxman, eurodéputé sortant,
12:43 revenons rapidement sur vos votes, qui ont pu surprendre.
12:46 Vous n'avez pas voté le pacte Asile-Immigration,
12:48 vous vous êtes abstenu sur une partie du plan de relance,
12:51 vous avez voté contre la loi européenne sur le climat.
12:53 Ce qui fait dire au Premier ministre Gabriel Attal
12:55 que vous êtes l'arbre qui cache la nupèce.
12:59 Vous lui répondez quoi ?
13:00 Que je suis au cœur de la social-démocratie européenne
13:03 et que je suis au cœur de sa refonte.
13:05 Vous n'êtes pas cohérent avec les votes du groupe auquel vous appartenez.
13:07 Je ne suis pas cohérent avec 95% des votes.
13:10 Sur la loi climat, c'était le manque d'ambition,
13:14 le fait qu'on révise les objectifs à la baisse.
13:16 Sur le pacte Asile-Immigration, c'est le fait que vous allez m'inviter dans deux ans
13:19 pour rediscuter d'un pacte Asile-Immigration,
13:20 puisque celui-ci ne répond en rien ni à l'indignité, ni au cas au migratoire,
13:24 et qu'il y a eu des discussions extrêmement profondes dans notre groupe
13:26 et qu'une grande partie de notre groupe a voté avec moi sur ce texte.
13:29 Donc en fait, je suis au cœur des débats qui sont vraiment historiques.
13:33 J'aimerais que nos éditeurs comprennent ce qu'on est en train de faire
13:36 avec la social-démocratie européenne.
13:37 Et oui, ça ne va pas sans tension et sans débat au sein de cette social-démocratie européenne.
13:40 On est en train de lui faire épouser le logiciel de l'écologie politique.
13:45 Et de cette rencontre entre la social-démocratie,
13:47 la tradition social-démocrate et l'écologie politique,
13:50 eh bien naîtra l'offre politique qui sera l'offre dominante à gauche en Europe
13:57 et qui fera face de manière cohérente à l'autre offre politique
14:01 qui a aujourd'hui le vent en poupe et qui est celle du repli nationaliste.
14:04 Et êtes-vous l'arbre qui cache la nupesse ?
14:07 Écoutez, vous avez vu cette campagne ?
14:09 Moi, j'assume les divergences extrêmement profondes
14:13 qui nous séparent des insoumis et de Jean-Luc Mélenchon.
14:17 Je suis celui qui les assume.
14:18 Je suis l'arbre qui ne cache rien du tout.
14:20 Moi, ce que je suis en train de faire, c'est de créer un nouvel espace politique.
14:24 Un espace politique d'ailleurs qui se distingue sur le fond et sur la méthode.
14:29 Je cite Mendes France et Blum pour le rejet de la violence,
14:33 pour la quête de vérité, pour le refus de la fake news,
14:36 pour le refus de cette brutalisation permanente du débat public.
14:40 Je suis un arbre qui ne cache rien d'autre que sa propre sincérité et son propre projet.
14:45 Raphaël Glucksmann, tête de l'ISPS Place Publique,
14:49 est l'invité de cette matinale grand format.
14:51 Il est 8h37.
14:57 C'est Célia Kyr et spécialiste environnement à la rédaction de France Inter
15:02 qui vous interroge maintenant Raphaël Glucksmann sur la protection du vivant.
15:06 Bonjour Raphaël Glucksmann.
15:07 Bonjour.
15:08 Vous prenez une révolution écologique européenne avec 90 mesures sur l'écologie,
15:13 un gros chapitre, une Europe pour la biodiversité, un acte 2 du pacte vert.
15:18 Parlons justement de la protection des terres.
15:20 Vous dites qu'il y a urgence à agir pour cesser de détruire la nature et les écosystèmes,
15:25 agir pour protéger le vivant.
15:26 Première question un peu française.
15:28 L'autoroute très contestée entre Toulouse et Castres, la 69.
15:32 Carole Delga, la présidente de région, y est très attachée.
15:35 Vous, vous êtes contre ce projet.
15:37 Est-ce que ce sujet fait grincer des dents ?
15:39 Est-ce qu'il faut par exemple un moratoire sur de nouveaux projets autoroutiers en Europe ?
15:43 Moi j'ai déjà donné mon avis depuis longtemps sur la 69
15:47 et je pense que ce sont des projets qui appartiennent à une autre époque
15:52 et qui d'ailleurs ont été décidés il y a extrêmement longtemps.
15:55 Mais simplement ce n'est pas un sujet européen la 69.
15:59 Donc ce qu'il faut c'est lutter pour que l'on passe des grands projets autoroutiers
16:05 et d'ailleurs qu'on permette aussi une redistribution
16:08 entre les sociétés qui gèrent les autoroutes et les sociétés d'aviation et le train.
16:12 Parce que nous notre projet c'est une grande Europe du train
16:16 avec une possibilité de taxer le kérosène, de taxer les sociétés autoroutières
16:21 pour faire en sorte que nous développions les moyens de transports propres en Europe.
16:26 Justement vous dites moins d'autoroutes, plus de trains,
16:28 effectivement un ticket climat pour rendre les prix du train plus attractifs
16:31 en les finançant par une taxe sur le kérosène des avions.
16:34 Est-ce que vous pensez vraiment que les lobbies de l'aérien
16:36 ne vont pas continuer à s'opposer bec et ongle à cette taxe et à la rendre impossible ?
16:41 Mais bien sûr qu'ils vont le faire.
16:42 Mais comment vous allez faire ?
16:43 C'est pour ça qu'il faudra des gens qui sont capables de leur tenir tête.
16:46 La transformation écologique elle ne se fera pas sans léser certains intérêts.
16:51 Ça ne se fera pas sous l'applaudissement généralisé de l'ensemble des acteurs économiques.
16:55 Mais il faudra assumer de fixer un cap et de s'y tenir.
17:00 C'est ce qui nous manque aujourd'hui.
17:02 C'est ce qui nous manque quand le président de la République parle de pause réglementaire
17:06 alors même que tous les scientifiques nous expliquent que la catastrophe climatique s'accélère.
17:09 C'est ce qui nous manque.
17:10 Vous savez, moi j'ai été beaucoup dans les fermes pendant cette campagne
17:13 et j'ai le souvenir de Laure Clavo et Alexandre Soubachi
17:18 qui m'ont dit quelque chose, deux éleveurs dans le limousin, qui m'ont dit
17:21 "Mais nous on est prêts à faire cette transformation écologique.
17:23 Mais ce dont on a besoin c'est d'un cap clair.
17:27 Les politiques ils peuvent changer d'avis toutes les trois semaines.
17:30 Mais nous, si on engage les fonds, si on s'endette pour modifier nos modes de production,
17:35 eh bien nous on a besoin de visibilité à 20, 30 ou 40 ans.
17:39 Et donc oui, il y aura des lobbies qui seront contre mais on tiendra choc.
17:42 Justement, on parle d'agriculture avec un autre sujet très sensible, les méga-bassines.
17:46 Elles sont contestées en France par les hydrologues, les défenseurs de la biodiversité.
17:50 Parfois certains projets sont même contraires à des directives européennes sur l'eau par exemple.
17:55 Quelle est votre position ? Est-ce que l'Europe doit encore plus encadrer ces méga-bassines ?
17:59 Oui, l'Europe doit encadrer ces méga-bassines et surtout les textes qui sont déjà votés doivent être appliqués.
18:04 Et ça ne veut pas dire qu'on est contre toutes les retenues d'eau, bien sûr.
18:07 Mais il y a là une question qui est une question essentielle.
18:11 Et au-delà de cela, il y a aussi la question de l'Europe de l'adaptation au changement climatique.
18:17 Et moi, je veux en faire un sujet central.
18:20 Il faut créer une agence européenne de l'adaptation au changement climatique.
18:24 Il faut lutter de toutes nos forces contre le dérèglement.
18:27 Mais il faut aussi anticiper les catastrophes.
18:29 Et il y a une institution que j'ai visitée en Finlande qui est justement une institution chargée d'anticiper les catastrophes,
18:35 d'anticiper les dérèglements liés et en particulier à la question de l'eau.
18:39 Il faut la généraliser à toute l'Europe et se coordonner pour cela.
18:43 On porte notamment un régime de catastrophes naturelles à l'échelle européenne.
18:48 Sur la politique agricole commune, vous voulez la reprendre.
18:50 Vous proposez que les subventions aux agriculteurs dépendent justement du bon respect de l'environnement.
18:56 Est-ce que ça peut passer après le vent de révolte agricole de ces derniers mois ?
19:00 Ça doit passer, mais ça dépend d'un rapport de force politique.
19:02 Ça dépend des majorités politiques qui seront issues des élections le 9 juin.
19:06 Mais cette politique agricole commune actuelle n'est ni socialement juste pour les agriculteurs,
19:11 ni écologiquement intéressante. Elle est même dangereuse.
19:15 C'est-à-dire qu'on subventionne les grandes exploitations céréalières de la bosse et on laisse de côté les petits paysans.
19:22 80% des subventions à l'échelle européenne sont captées par 20% des exploitations,
19:29 en particulier celles qui sont connectées à l'agro-industrie et à l'agrochimie.
19:33 Moi ce que je veux, c'est que quand on vote une subvention publique, et là on parle d'un tiers du budget européen,
19:39 ça corresponde aux objectifs qu'on se fixe. C'est ça le rôle d'une subvention publique.
19:43 Corriger les inégalités, corriger les incohérences et les impasses du marché.
19:47 Or là, ce que fait la subvention publique actuelle, c'est de renforcer les incohérences et les inégalités.
19:52 Et donc il faut passer de la subvention à l'hectare à la subvention à l'emploi et à l'utilité écologique.
19:57 Un dernier mot, comment vous conciliez adaptation du modèle agricole au changement climatique,
20:01 et des prix planchers, et aussi la fin du mois ? C'est-à-dire comment on nourrit la population ?
20:06 Aujourd'hui, le système actuel, c'est un système où le consommateur ne s'y retrouve pas parce qu'il y a de l'inflation alimentaire,
20:12 et où le producteur ne s'y retrouve pas parce qu'il n'arrive pas à vivre de sa production et de son travail.
20:17 Et nous ce que nous proposons, c'est de passer d'une politique agricole commune à une politique agricole et alimentaire commune,
20:22 pour s'occuper de toute la chaîne. Parce qu'en fait sur cette chaîne, il y a des gens qui font des marges.
20:26 Il y a des gens qui font des marges, et il va falloir encadrer ces marges, rendre transparente la formation des prix.
20:31 Et ça, ça s'encadre à l'échelle européenne. Et donc nous, nous arriverons avec un projet qui va être posé sur la table
20:38 dès le début du mandat, et qui sera central. Parce qu'en fait, vous pouvez faire toutes les déclarations que vous voulez,
20:43 toutes les lois climat que vous voulez, toutes les lois sur la protection de la nature que vous voulez,
20:47 tant que vous n'utilisez pas le budget européen dans un sens qui correspond aux objectifs que vous fixez,
20:51 et bien en réalité, ce que vous faites, c'est des zigzags, et vous perdez les gens, et vous leur donnez le tournis.
20:56 - Merci Célia Kihiré. On retrouve maintenant Pierre Haski, qui vous interroge, Raphaël Glucksmann,
21:02 pour commencer, sur cette idée de rempart contre l'extrême droite.
21:07 - Bonjour. C'est ce que vous avez dit, effectivement, dans votre meeting de Marseille.
21:10 Vous vous êtes présenté comme un rempart contre la poussée attendue de l'extrême droite dimanche prochain.
21:15 Qu'est-ce que ça signifie, rempart ? Quelle traduction politique concrète dans le jeu politique européen ?
21:21 - Ça signifie que la force politique qui est la mienne au Parlement européen, les sociodémocrates,
21:26 et bien nous serons les leaders de la résistance à la vague d'extrême droite qui s'abat sur nos nations.
21:32 Cela signifie que nous sommes la seule grande force politique européenne à ne pas tergiverser face à l'extrême droite.
21:38 Vous avez vu ce qui s'est passé aux Pays-Bas. Les libéraux, les alliés d'Emmanuel Macron, ont porté au pouvoir,
21:43 M. Wilders, l'extrême droite xénophobe et poutinophile de M. Wilders.
21:48 Et bien nous, nous prenons des engagements extrêmement clairs.
21:50 Et tous les leaders sociodémocrates européens ont signé l'appel de Paris que j'ai lancé,
21:54 et qui consiste à dire une chose extrêmement simple.
21:57 À chaque tentative d'alliance avec l'extrême droite, d'une formation politique nationale, ou locale, ou européenne,
22:05 et bien nous exclurons cette formation de notre groupe,
22:08 et nous appelons les libéraux et les conservateurs qui, eux, sont en train de porter l'extrême droite partout en Europe,
22:14 au pouvoir, à s'engager de la même manière.
22:17 Et au Parlement européen, nous serons inflexibles.
22:19 Nous serons la force qui résistera, qui protégera le soutien à l'Ukraine que l'extrême droite essaiera d'empêcher,
22:25 qui protégera toutes les avancées écologiques contre lesquelles l'extrême droite lutte,
22:29 qui protégera les avancées sociales contre lesquelles l'extrême droite lutte.
22:32 Ce sera notre force politique qui sera la leader de cette résistance.
22:36 Est-ce que ça signifie que vous refuserez d'entrer ou de soutenir une majorité avec Mme Mélanie,
22:41 la chef du gouvernement italien, par exemple, comme le propose ou le suggère la présidente sortante de la commission Angela Merkel ?
22:47 Et bien nous, contrairement à Renew, Renaissance, Mme Ayer, nous, nous avons une position qui est absolument, extrêmement, totalement claire.
22:58 Elle a été très claire aussi, Valérie, concernant les libéraux néerlandais dont vous parliez.
23:02 Elle ne contrôle pas son groupe et elle a dit "on verra le 10 juin". Moi j'attends de voir le 10 juin.
23:05 Moi je pense qu'il y a des élections le 9 juin et qu'on prend des décisions avant d'aller au vote, pas après d'aller au vote.
23:10 Parce qu'en réalité, elle ne contrôle pas son groupe et moi je m'attends à ce qu'il y ait des compromis.
23:15 Et bien chez nous, il n'y aura aucune compromission.
23:17 Vous savez, il y a eu une formation, une formation sociale démocrate qui a envisagé,
23:22 qui a envisagé une alliance avec l'extrême droite.
23:25 Et bien j'ai été celui, au sein du Parlement européen, au sein de notre groupe,
23:28 qui a porté l'attaque contre cette formation et on l'a exclue.
23:32 Et on l'a exclue alors même que ça nous fait perdre des voix.
23:34 Parce qu'en fait, mieux vaut perdre des voix au Parlement européen
23:38 que de perdre ses principes, que de perdre sa cohérence, que de perdre un avenir même politique à long terme.
23:42 Donc moi ce que je dis, c'est que nous serons nous inflexibles.
23:45 Il n'y aura pas de coalition avec nous si jamais il y a Madame Mélanie.
23:48 Parce que je vous rappelle quand même que dans le groupe de Madame Mélanie, c'est Éric Zemmour.
23:52 Donc si on me dit que ce n'est pas l'extrême droite, moi j'aimerais bien qu'on m'explique.
23:55 - Mais alors quelle majorité soutiendrez-vous ? Parce que le jeu politique européen est très complexe, il n'est pas comme le jeu national.
24:01 - Nous on va obliger les autres à choisir. On va obliger les libéraux et les conservateurs à choisir.
24:07 Ce sera soit une coalition pro-européenne, soit vous vous alliez avec l'extrême droite
24:14 et vous nous trouverez devant vous à chaque étape.
24:18 Que ce soit sur l'écologie, que ce soit sur le droit des femmes, que ce soit sur les droits sociaux,
24:22 que ce soit sur les droits des minorités, l'état de droit, la politique étrangère.
24:25 Vous nous trouverez devant vous en résistant et nous vous bloquerons.
24:30 Parce que nous ne cèderons rien, ni sur le fond, ni sur la forme.
24:35 Parce que moi je les vois au Parlement européen.
24:37 C'est sûr que quand ils viennent chez vous, les dirigeants d'extrême droite, ils sont très présentables,
24:41 ils font des sourires, ils mangent des chewing-gums sur TikTok et ça fait plaisir à tout le monde.
24:45 Mais moi je les vois au Parlement européen.
24:47 Je les vois s'opposer à chaque loi qui permet de défendre les européennes et les européens.
24:51 Je les vois, je les vois même dans leur éthos, dans leur attitude,
24:55 multiplier les fake news directement inspirées de Vladimir Poutine.
24:58 Je les vois insulter les gens.
25:01 Et je me dis que face à cela, il est temps de rétablir une digue.
25:06 Et cette digue, ce sera nous.
25:08 Sur un autre sujet chaud du moment, Gaza,
25:11 est-ce que vous êtes favorable à des sanctions européennes contre Israël,
25:15 notamment la suspension du traité d'association qui est sur la table aujourd'hui ?
25:20 Il y a dans cet accord d'association entre l'Union européenne et Israël,
25:25 une clause qui s'appelle la clause des droits humains.
25:28 Eh bien oui, il faut l'activer et suspendre cet accord d'association
25:31 puisque la réduction au cendre de la bande de Gaza,
25:34 eh bien ce n'est pas une violation des droits humains, je ne sais pas ce que c'est.
25:37 Et donc il y a un moment où il faut faire beaucoup plus de pression
25:40 que ce qui est fait jusqu'ici sur le gouvernement Netanyahou
25:43 et sur ses alliés d'extrême droite pour dire "ça suffit".
25:46 Et l'Europe ne peut pas rester à thône et à faune face à la réduction au cendre de la bande de Gaza.
25:52 Jean-Luc Mélenchon a écrit sur son blog ce week-end
25:55 que l'antisémitisme reste résiduel en France.
25:58 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse ?
26:00 Pas du tout. Pas du tout. C'est tout sauf résiduel.
26:04 Il y a une montée de l'antisémitisme et il y a des Juifs en France,
26:08 et d'ailleurs ailleurs en Europe, qui ont peur.
26:10 Et donc vouloir minorer cette montée de l'antisémitisme,
26:13 à mon avis, c'est une catastrophe.
26:15 Il faut y faire face et il faut clairement dire
26:19 ça ne passera pas.
26:22 Pas simplement les violences physiques, mais aussi les attaques verbales.
26:27 Et moi je le dis là, de manière très nette, très claire,
26:31 toute forme aujourd'hui de brutalisation du débat public,
26:35 tout clin d'œil répugnant, toute forme d'appel aux plus bas instincts
26:41 est profondément irresponsable.
26:44 On doit être intraitable et inflexible.
26:47 Et que répondez-vous au procès de timidité qu'on vous fait sur la question palestinienne ?
26:53 Mais quelle timidité ?
26:55 Que vous font les insoumis.
26:57 Mais que me font les insoumis, qui utilisent cela dans le but de leur campagne électorale ?
27:02 Moi j'ai été extrêmement clair, je n'ai pas tergiversé une seconde
27:07 pour condamner les attentats terroristes, abjects,
27:11 de l'organisation terroriste Hamas le 7 octobre.
27:14 Mais je n'ai pas tergiversé une seconde non plus
27:17 pour condamner la réduction enceinte de la bande aux gays,
27:19 pour condamner les crimes de guerre israéliens,
27:21 pour condamner l'extension infinie des colonies en Cisjordanie
27:25 où il n'y a pas le Hamas, où il y a l'autorité palestinienne.
27:28 Je n'ai pas non plus tergiversé une seconde pour dire une chose.
27:31 Le moment est venu de montrer aux Palestiniens qu'ils vont avoir un Etat
27:35 et que leurs droits seront enfin respectés.
27:38 Il n'y a chez moi aucune timidité depuis le début.
27:42 Il y a au contraire une immense clarté que je ne retrouve pas, par contre,
27:46 chez ceux qui m'accusent de timidité.
27:48 Merci Pierre Aschy.
27:50 Et à vous Dominique Seux, vous souhaitez interroger Raphaël Glucksmann
27:55 sur les finances publiques.
27:58 Oui, bonjour Raphaël Glucksmann.
27:59 Bonjour.
28:00 Je voudrais parler avec vous des finances publiques
28:02 après la décision de S&P, Standard & Poor's,
28:04 de dégrader la note de la dette publique française.
28:07 Et je dois être honnête, j'ai été assez surpris
28:10 de l'absence de tout communiqué de presse, de messages, d'un tweet
28:13 pour féliciter le gouvernement français.
28:15 Après tout, la NUPES, le Parti Socialiste, vous défendez depuis assez longtemps
28:20 l'idée que les critères européens sur le déficit public, sur la dette publique
28:24 sont assez stupides et qu'il ne faut pas les respecter.
28:27 Donc, quand la France laisse dériver ses comptes,
28:30 qu'une agence américaine montre qu'elle n'est pas contente...
28:33 Je reconnais votre sens de l'humour et de votre ironie.
28:36 Vous devriez dire "bravo". Donc on a été un peu surpris.
28:38 Non, on ne dit pas "bravo" quand il y a des déficits.
28:40 On dit une chose, par contre, moi je dis une chose, en tout cas, je parle en mon nom.
28:43 C'est que Standard & Poor's ne fait pas la pluie le beau temps en économie
28:48 et que par ailleurs, ils ont quand même donné un triple A à Lehman Brothers
28:52 quelques semaines avant l'effondrement qui a précipité le monde entier dans la crise.
28:55 Les agences de notation, ce n'est pas non plus la Bible pour les croyants.
29:00 Donc, il y a un immense problème de déficit, oui.
29:04 Et ce problème de déficit, on a deux manières de s'attaquer à ce problème de déficit.
29:08 Le gouvernement, Emmanuel Macron, quand ils font face à un déficit, qu'est-ce qu'ils font ?
29:14 Eh bien, ils s'attaquent aux chômeurs.
29:17 C'est exactement ce qui est en train de se produire.
29:20 Ils s'attaquent aux chômeurs. Donc ils s'attaquent aux plus faibles.
29:24 Ils vont faire des économies sur le dos des plus faibles.
29:27 C'est cela le macronisme. C'est être fort avec les faibles.
29:31 Donc comment est-ce qu'on résume le problème ?
29:34 Excusez-moi, mais c'est à chaque fois la même histoire.
29:38 C'était le cas sur la réforme des retraites.
29:41 À nouveau, on s'en prend aux faibles. Là, c'est le cas.
29:44 Ça veut dire que quand on a un problème de déficit, on va cibler les chômeurs, les plus précaires.
29:51 Et moi, je vous le dis, nous, on incarne une voie opposée.
29:55 Vous ne souhaitez pas plus de déficit ?
29:58 Vous ne dites pas qu'il faut une politique de relance des déficits ?
30:01 Nous, on se demande autre chose.
30:03 C'est la manière de baisser les déficits publics qui pose problème notamment en France.
30:07 On se demande autre chose.
30:09 Pourquoi dans notre pays, les dividendes sont-ils moins taxés que le travail ?
30:15 Pourquoi sur le continent européen, on a des multimillionnaires et des milliardaires
30:20 qui en taux d'imposition réel par rapport à leur fortune, payent moins d'impôt que les classes moyennes ?
30:28 Et les classes moyennes, ce que nous proposons, parce que nous sommes sérieux, voyez-vous,
30:33 parce que nous, nous voulons des finances à l'équilibre, nous proposons d'aller chercher l'argent là où il est.
30:38 Et c'est pour ça que nous proposons, au cœur de notre projet, un impôt sur les multimillionnaires et sur les milliardaires
30:45 à l'échelle du continent européen qui pourrait rapporter, selon les fiscalistes, jusqu'à 200 milliards d'euros.
30:50 Ce n'est pas, monsieur Seux, ce n'est pas une lubie gauchiste.
30:54 C'est une idée qui est soutenue par le FMI, cette organisation terriblement gauchiste,
31:00 et par même le Financial Times.
31:03 Vous avez évoqué il y a un instant l'assurance chômage.
31:06 Ce que souhaite faire le gouvernement, en tout cas c'est lui qui dit comme ça,
31:09 c'est ramener l'indemnisation du chômage en France à ce qui se fait dans tous les pays voisins.
31:14 C'est vrai que quand on parle des finances publiques, on se dit,
31:19 au fond, est-ce que le parti socialiste français est sur la même ligne que les gouvernements sociodémocrates en Allemagne ou en Espagne
31:26 qui, eux, ont une politique de, entre guillemets, vous guillemettez les guillemets, de sérieux budgets ?
31:31 Ben oui, ils sont à 3% du déficit cette année.
31:33 Oui, et ils ont rétabli l'impôt sur la fortune, monsieur Seux.
31:36 Oui, oui, qui concerne, de tête je crois, moins de 10 000 personnes.
31:42 Oui, mais en fait, ils ont été chercher...
31:45 Qui rapportent un milliard d'euros.
31:46 De l'argent, oui, et à l'échelle européenne, si on fait notre projet, ça peut rapporter jusqu'à 200 milliards.
31:51 Mais moi, ce que je veux qu'on comprenne...
31:52 Sur l'assurance chômage, le gouvernement dit "je ramène au niveau de ce que font tous les pays autour de nous les indemnisations du chômage".
32:00 Déjà c'est faux, maintenant ce sera plus dur, si on suit cette réforme,
32:05 mais surtout, il n'y a aucune preuve, déjà, que ça relance l'accès à l'emploi.
32:11 Et derrière, ce n'est pas ça la raison.
32:14 Vous le savez, puisque c'est face au déficit qu'ils ont annoncé cette troisième mesure.
32:19 Et moi, je ne supporte plus, je ne supporte plus,
32:22 que quand on est face à une question de déficit, le premier réflexe,
32:26 le premier réflexe, ce soit de s'attaquer aux plus précaires.
32:30 Mais vous savez, c'est exactement la même chose à l'échelle européenne avec Emmanuel Macron.
32:34 Finalement, on a en France et en Europe le même projet.
32:39 Être fort avec les faibles, être faible avec les forts.
32:42 Emmanuel Macron, c'est celui qui a essayé de bloquer jusqu'au bout la directive sur les travailleurs ubérisés,
32:48 les travailleurs d'Uber qui visaient à donner des droits à ces gens qui sont des millions,
32:54 et qui sont aujourd'hui les forçats, les journaliers du XXIème siècle.
32:58 Et c'est Emmanuel Macron qui s'y est opposé.
33:00 Quand on porte la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, des entreprises,
33:04 et bien c'est Emmanuel Macron, qu'est-ce qu'il fait ?
33:06 Il cherche jusqu'au bout, et d'ailleurs il l'obtient, à exempter la finance, les grandes banques de cette loi.
33:13 Et donc à chaque fois, on se retrouve face à un pouvoir français
33:16 qui prend le parti des intérêts les plus puissants dans notre société.
33:20 Est-ce que le fait que la France soit sanctionnée par une agence de notation
33:25 et qu'elle ait une situation de finances publiques nettement plus dégradée que la plupart des pays européens,
33:30 est-ce que ça va amoindrir son influence en Europe ?
33:34 Est-ce que ça rend très difficile la capacité de la France à défendre l'idée d'emprunt européen ?
33:39 La France avait défendu les 750 milliards d'emprunts européens.
33:43 Est-ce que la France, dans les années qui viennent, 3 années qui viennent, pour la fin du quinquennat,
33:47 va se trouver en situation délicate là-dessus ?
33:49 Raphaël Guzman, dernière réponse avant les auditeurs.
33:52 Je ne vais pas vous dire que c'est une bonne nouvelle pour l'influence de la France en Europe.
33:56 Mais ça ne devra pas empêcher de pouvoir porter à l'échelle européenne
34:00 un emprunt mutuel, collectif, sur par exemple la question de la défense.
34:04 Nous devons investir 100 milliards dans la défense, mais pas dans 3 ans,
34:08 dans les semaines et les mois qui viennent.
34:11 Et moi je peux vous dire qu'il y aura une majorité au Parlement européen
34:14 pour pousser pour cet emprunt.
34:16 Parce que ce que nous avons fait face à la pandémie,
34:18 ce que nous avons fait face au virus,
34:21 nous devons pouvoir le faire face à la guerre.
34:23 Et c'est un sujet vital.
34:25 De la même manière, on est en plein décrochage aujourd'hui.
34:28 Je ne sais pas si vous vous rendez compte, on est en plein décrochage
34:30 vis-à-vis des États-Unis et de la Chine sur la question des industries vertes.
34:33 Et donc il va falloir investir.
34:35 Protéger nos productions.
34:37 Juste une seconde, j'étais avec les dirigeants de l'entreprise Sistovi
34:41 qui produisait des panneaux solaires.
34:43 C'était une entreprise florissante.
34:45 Ils se sont fait ratiboiser par une concurrence chinoise
34:47 qui a divisé les prix par 4.
34:49 Et qu'est-ce qu'ils m'ont dit, les dirigeants de Sistovi,
34:51 quand ils ont dû mettre la clé sous la porte ?
34:53 « Il faut des droits de douane de 100% ! »
34:55 Faites ce que les Américains et les Canadiens font en Europe.
34:59 Arrêtez de nous sacrifier en France.
35:01 Arrêtez de nous sacrifier.
35:03 Soyez capables de défendre nos productions.
35:05 Comme le font les Américains qui taxent à 100% les produits chinois
35:08 quand il y a une menace.
35:10 Et les Canadiens à 235%.
35:12 Vous savez ce que font les Européens ?
35:14 Ils les taxent à 15%.
35:16 On est incapables de défendre nos productions.
35:18 Et bien désormais, nous, on portera la défense des productions européennes.
35:22 Et la fin de cette indolence, de cette impuissance européenne
35:26 qui nous conduit à la ruine.
35:28 Merci Dominique Seux.
35:30 Et la matinale continue avec les auditeurs de France Inter.
35:33 Jean-Noël, bonjour, vous nous appelez de Paris.
35:37 Soyez le bienvenue…
35:39 Pardon !
35:41 J'ai voulu parler tellement vite que j'ai mangé tous mes mots.
35:43 Allez-y, on vous écoute.
35:45 Oui, merci.
35:47 En deux mots, vous avez beaucoup clarifié des choses ce matin.
35:51 J'aimerais que vous reclarifiez quelque chose.
35:53 Vous avez terminé votre meeting au Zénith jeudi soir
35:57 en disant que vous seriez toujours présent après les élections
36:00 et en faisant référence quand même à ce qui se passait en France.
36:03 Et en même temps, dimanche, vous avez semblé mettre un petit peu LFI.
36:07 Est-ce que vous pourriez reclarifier les choses
36:10 en reprisant quelle est votre position
36:13 et de ne pas ostraciser finalement l'électorat de LFI
36:16 dont vous avez peut-être besoin ?
36:18 Finalement, ça revient aussi à vous poser cette question.
36:20 Vous avez cité Blum, Jaurès, Blum et Mandès
36:25 et vous vous arrêtez un petit peu à Mitterrand.
36:27 Vous ne citez pas Mitterrand qui a quand même été l'artisan de l'Union de la gauche.
36:30 Ou François Hollande d'ailleurs.
36:32 Merci Jean-Noël.
36:34 Je précise avec une question d'Anne.
36:36 Lorsque je m'engage, nous dit-elle, j'aime le faire à long terme.
36:39 Vous engagerez-vous pour la présidence de la République ?
36:42 Voilà, les deux auditeurs, Jean-Noël et Agnès.
36:45 Raphaël Glucksmann, réponse rapide.
36:48 Alors déjà, merci beaucoup pour votre question.
36:50 Nous, dans nos réunions publiques,
36:53 il y a des gens qui ont fait des choix extrêmement différents
36:56 aux élections présidentielles.
36:58 Il y a des gens qui ont voté Jean-Luc Mélenchon,
37:01 d'autres Yannick Jaldeau, d'autres Anne Hidalgo, d'autres Emmanuel Macron même.
37:04 Et qui là se retrouvent sur un cap qui est extrêmement clair
37:07 et qui leur permet de ne sacrifier aucune partie d'eux-mêmes.
37:10 Moi, je ne parlerai pas là d'accord d'appareil.
37:13 Moi, ce que je veux, c'est que le cap clair qu'on a fixé
37:16 qui, oui, s'inscrit dans ce rapport à la violence que posait Blum
37:20 et dans ce rapport à la vérité et à l'intégrité que posait Mendes France,
37:25 je veux que ce cap clair perdure.
37:27 Et je serai, après le 9 juin, le garant que ce cap sera maintenu.
37:33 Il n'y aura pas de retour en arrière.
37:35 Je serai inflexible là-dessus.
37:38 Et je m'engagerai, oui, pour qu'émerge cette perspective d'une gauche
37:42 qui pourra gouverner, gouverner pour transformer la société.
37:45 D'une gauche qui s'est refondée, qui s'est refondée dans la transformation écologique.
37:49 D'une gauche sans compromission, sans moleste, mais sans doute.
37:52 Vous dites non à la présidentielle ?
37:54 Mais écoutez, s'il vous plaît, je vous en supplie, là, on est le 9 juin.
37:59 On est à six jours du 9 juin, pardon, j'anticipe.
38:03 Laissez-moi construire cette chose.
38:05 Il y a une dynamique qui est extrêmement belle, qui est en train de naître.
38:08 Et ne précipitons pas les choses.
38:11 Il y a une dynamique extrêmement forte qui se dessine.
38:14 Et moi, ce que je veux, c'est que les gens puissent voter le 9 juin.
38:17 Non seulement un vote efficace, mais un vote de cœur, par adhésion,
38:22 sans avoir rien sacrifié d'eux-mêmes.
38:24 Ceux qui sont attachés à la solidarité sociale, à la transformation écologique
38:27 et à la démocratie et à l'Europe, peuvent voter en accord avec eux-mêmes.
38:32 Ils peuvent voter heureux, Nicolas Demorand.
38:33 C'est extrêmement important de voter heureux.
38:35 Oui, vous le dites.
38:37 Merci Raphaël Glucksmann.
38:39 On vous retrouve dans quelques instants.
38:41 Vous restez avec nous.
38:42 On sera rejoint par deux jeunes électrices dans une poignée de minutes,
38:47 juste après les dernières infos.

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