Avec Claire Bretton, fondatrice de Underdog
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, oser entreprendre, Thomas Binet.
00:04 Bonjour Thomas Binet.
00:05 Bonjour Jean-Marie.
00:06 L'aventure de l'entreprise, comme tous les dimanches, avec vous à 9h30 sur Sud Radio.
00:09 On parle de quoi aujourd'hui ?
00:10 Je vais vous parler de la conserverie de la Belle-Ilois, ça sera ma saga de la semaine.
00:14 On recevra Claire Breton, co-fondatrice d'Underdog, qui reconditionne du gros électromagent.
00:19 Autre ménager, je vais réussir à vous le dire.
00:21 On va parler reconditionnement, donc seconde vie des produits, obsolescence programmée
00:25 et entrepreneuriat.
00:26 Et puis je vais terminer en vous proposant la semaine de 4 jours, bonnes ou mauvaises
00:30 idées.
00:31 On va voir ça tout de suite.
00:32 Mais avant ça, comme chaque semaine en partenariat avec le magazine Entreprendre, on raconte
00:35 la saga de la semaine consacrée à cette entreprise d'excellente boîte de conserve
00:39 bretonne, c'est la Belle-Iloise.
00:41 Oui, parce que tout commence Jean-Marie en 1932 à Quiberon quand Georges Hillyet, âgé
00:46 de 22 ans et issu d'une famille de pêcheurs, ouvre sa conserverie de poissons.
00:50 Alors à cette époque, Quiberon contracte 14 conserveries.
00:53 Il démarre son entreprise avec des conserves de sardines, dont deux recettes devenues historiques
00:58 dans l'entreprise.
00:59 Les sardines Saint-Georges à l'huile d'olive et les sardines la Belle-Iloise à l'huile
01:04 d'arachide.
01:05 Il ira jusqu'à imaginer le décor sur ces boîtes de conserve et en 62, il va créer
01:09 sa première soupe de poissons bretonne.
01:11 Ce lancement marquera le début de la diversification de la gamme de produits.
01:14 Mais c'est en 67 que l'entreprise va prendre un virage en créant son premier magasin au
01:18 moment même où l'émergence de la grande distribution se fait en France.
01:22 Il s'affranchit ainsi de tous les circuits de distribution classique.
01:25 Deux de ses cinq enfants reprennent la direction de l'entreprise en 72 et commencent à accélérer
01:30 le développement de la Belle-Iloise.
01:31 Vous avez aussi les conserves de filets de macro à la moutarde.
01:33 Excellent, je vous les recommande mon cher.
01:35 Et justement, comment le développement de la Belle-Iloise va s'articuler ?
01:38 Ils veulent maîtriser leur distribution.
01:40 Donc ils vont ouvrir de nombreuses boutiques, au total 9 sur l'littoral armoricain à cette
01:45 époque et se lancer au début des années 80 dans la vente à distance de leurs conserves.
01:49 A la fin des années 90, le développement du réseau de boutiques sort de Bretagne avec
01:53 des implantations dans les pays de la Loire, en Normandie, dans le sud-ouest et sur la
01:56 côte méditerranéenne.
01:57 En 2011, on comptera 50 boutiques en France et c'est la même année que Caroline Hillyet
02:02 prendra la direction de l'entreprise.
02:03 Et alors on a quelques chiffres aussi pour résumer la Belle-Iloise aujourd'hui ?
02:06 Un chiffre d'affaires de 65 millions d'euros dont 22% réalisés sur la sardine, 90 magasins
02:12 en propres, 170 références quand même de produits et 92 ans d'existence.
02:17 Tenez bon pendant 8 ans et puis on les réinvite pour le 100.
02:19 Exactement.
02:20 Voilà, tout de suite.
02:21 Accueillons le témoin de la semaine.
02:22 Elle dirige et elle fonde même une entreprise qui est beaucoup plus jeune.
02:25 C'est Claire Breton, notre invitée, co-fondatrice d'Underdog.
02:28 Elle donne une deuxième vie à votre vieux lave-linge ou votre vieux lave-vaisselle,
02:32 en quelque sorte.
02:33 C'est du reconditionnement de gros électroménagers.
02:35 Bienvenue Claire Breton, vous êtes l'invitée de Thomas Binet.
02:37 Merci, bonjour.
02:38 Bonjour à vous.
02:39 On va s'intéresser à votre parcours dans un instant, mais tout d'abord d'où vient
02:42 l'idée de votre entreprise Underdog ?
02:44 Alors, Underdog, on l'a fondée sur un constat très simple, c'est qu'aujourd'hui, chaque
02:48 année en France, on jette 10 millions d'appareils gros électroménagers.
02:51 Donc je parle de frigo, de lave-linge, de sèche-linge, de lave-vaisselle, des gros
02:54 appareils.
02:55 Donc c'est colossal, c'est un énorme gâchis.
02:57 Et sur ces 10 millions d'appareils jetés, seulement 3 sont reconditionnés aujourd'hui.
03:00 Donc c'est tout petit.
03:01 Quand on compare au smartphone, aujourd'hui on a 30% du marché qui est reconditionné,
03:05 les voitures à 70%.
03:06 Donc on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire et qu'il fallait créer un
03:09 acteur qui reconditionne ces appareils.
03:11 - Est-ce que vous réparez à peu près combien de produits par mois ?
03:14 Pour vous donner une idée ?
03:15 - Nous aujourd'hui, on a fêté un an il y a quelques mois, on reconditionne 600 appareils
03:21 par mois.
03:22 - Alors c'est peu par rapport à ce que vous disiez, effectivement.
03:25 Mais ça laisse entendre aussi toute la possibilité que ce marché représente.
03:28 - Exactement.
03:29 Nous, on est le premier acteur dédié vraiment reconditionnement de gros appareils électroménagers.
03:33 Donc on est au tout début de la construction de la filière.
03:36 Il y a une vraie filière à construire en France, des vrais potentiels.
03:39 Et donc le potentiel est énorme.
03:41 - Alors une question que tout le monde se pose et que je vais être le porte-parole aujourd'hui
03:45 pour vous la poser.
03:46 Toutes les pièces dont on a besoin pour reconditionner, elles n'existent pas forcément si les produits
03:50 sont anciens.
03:51 Comment vous faites ?
03:52 - Alors aujourd'hui, il y a de plus en plus de directives pour que ces pièces-là soient
03:55 conservées.
03:56 Donc il y en a beaucoup qui sont disponibles.
03:57 Et d'autres qu'on va démanteler sur des machines qu'on va recevoir.
04:01 Donc on fait aussi du démantèlement de pièces détachées.
04:03 Et comme ça, on a notre propre stock et on ne manque pas.
04:06 - Donc avec 2-3 lave-vaisselles, on a fait un nouveau.
04:08 C'est ça à peu près l'idée ?
04:09 - C'est grosso modo ça.
04:10 - D'accord.
04:11 Alors vos produits sont reconditionnés et garantis donc 2 ans et les prix peuvent aller
04:14 jusqu'à -50% quand même sur le neuf.
04:17 C'est une grosse promesse.
04:18 Comment vous faites pour tenir ça ?
04:19 - Eh bien nous, on a décidé d'avoir notre propre centre de reconditionnement.
04:23 Donc on est basé à Nantes, pas très loin de la belle Lille Oise.
04:26 Et on a nos propres techniciens.
04:28 Donc on a un centre de reconditionnement qui fait 2700 mètres carrés.
04:31 Donc nos techniciens, ils vont à la fois réparer la machine et changer toutes les
04:34 pièces d'usure qu'ils peuvent parfois avoir vécues.
04:39 Et donc ce qui nous permet de nous garantir ces produits 2 ans et de tenir le modèle
04:43 derrière.
04:44 - Est-ce que vous avez d'autres avantages que vous laissez entendre à vos clients face
04:47 à cette offre que vous proposez ?
04:48 - Bien sûr.
04:49 Nous, on a voulu vraiment s'aligner sur les services du neuf.
04:51 Donc aujourd'hui, tous nos produits sont livrés et installés partout en France.
04:55 Ils sont effectivement garantis 2 ans et moins chers.
04:57 Mais quand vous allez sur notre site, vous avez une expérience qui est aussi qualitative
05:00 que nos concurrents du neuf.
05:02 - Alors j'en ai parlé au lancement.
05:04 On a parlé du...
05:05 Vous savez, on en a souvent parlé dans les années passées.
05:07 L'obsolescence fameuse, l'obsolescence programmée, qui revient à la réduction volontaire de
05:11 la durée de vie d'un appareil afin d'en accélérer le renouvellement.
05:14 Alors comment vous analysez ce phénomène ?
05:16 Vous laissez entendre que ça s'est un peu cadré, mais c'est aussi une belle opportunité
05:20 pour vous en fait.
05:21 - Alors pour nous, reconditionnaires peut-être, mais on a quand même l'ambition de se dire
05:25 qu'on va pousser la durée de vie des produits.
05:28 Donc nous, on veut que le marché soit beaucoup plus raisonnable là-dessus.
05:31 Effectivement, l'obsolescence programmée, elle diminue de plus en plus.
05:34 Nous, on va récupérer des modèles qui parfois ont cinq, huit ans d'existence et qui ont
05:38 des défaillances techniques qui sont plus ou moins récurrentes.
05:42 L'idée, c'est quand même de travailler un jour en collaboration avec les fabricants
05:46 pour aussi leur donner du feedback sur ces machines-là et pour que ces défaillances
05:50 n'existent plus.
05:51 - Alors on va s'intéresser maintenant à l'entrepreneuse que vous êtes.
05:54 Vous avez fait une grande école de commerce, vous avez travaillé chez Vipi, ex-vente
05:57 privée, pour ceux qui ont la mémoire qui remonte aussi loin.
05:59 Est-ce que l'entreprenariat vous a toujours animé ou c'est un déclic à un moment donné
06:04 qui s'est produit ?
06:05 - Ça m'a toujours animé.
06:06 Moi, je viens d'une famille d'agriculteurs, d'artisans.
06:09 C'est les premiers entrepreneurs et les plus grands entrepreneurs en France.
06:13 Donc, créer des choses, ça m'a toujours passionnée.
06:16 Moi, j'ai créé ma première entreprise en 2016, donc une entreprise d'intelligence
06:19 artificielle qui s'appelait daco.io que j'ai revendue effectivement à Vipi.
06:23 Et au sein de Vipi, en parallèle plutôt, j'ai créé Saumon nos commerces qui était
06:27 une association qui venait en aide aux petits commerçants pendant le Covid avec mon mari
06:31 Mathieu Mor.
06:32 Et ensuite, j'ai créé Recycle, donc toute la partie seconde main à l'intérieur de
06:38 Vipi.
06:39 Donc, on peut dire que ça m'anime un petit peu l'entrepreneuriat.
06:41 - Si je vous entends bien, avant de créer Underdog, vous aviez déjà quelque part expérimenté
06:45 la démarche au sein de Vipi.
06:47 C'était un beau laboratoire pour vous et ça vous a donc du coup donné envie de vous
06:52 installer à votre compte.
06:53 - Exactement.
06:54 Et j'ai vraiment appris et compris comment marchait l'économie circulaire au sein de
06:58 Vipi avec les forces de Vipi, la force logistique, la force opérationnelle.
07:01 Et c'est ce qui m'a poussée à passer à l'acte avec Underdog et notamment associé
07:06 avec deux anciennes Vipi, donc Léa Deferroski et Laura Chavigne.
07:10 - Alors, ça vous a donné envie, vous venez de nous le dire, mais dans le même temps,
07:12 ça ne vous a pas fait un peu peur aussi parce que vous venez de le dire aussi, Vipi, c'est
07:16 une grosse machine.
07:17 Il y a des infrastructures, il y a des services transversaux.
07:19 Tout ça, ça vous aide à développer un business.
07:21 Et pour autant, vous décidez de partir à votre compte.
07:24 Forcément, l'entrepreneuriat, c'est une forme de solitude, même si on a des associés,
07:28 comme vous l'avez dit.
07:29 - C'est une forme de solitude, mais c'est aussi une forme de liberté de créer le modèle
07:32 qu'on a envie de créer pour changer cette partie du monde.
07:35 - C'est la liberté ?
07:36 - Oui.
07:37 - C'est ça que vous avez recherché ?
07:38 - Oui.
07:39 - Gérer votre temps aussi ?
07:40 - Alors, on le gère un peu moins quand on est entrepreneur que salarié.
07:44 - On n'en a plus.
07:45 - On n'en a plus, exactement.
07:46 - Oui, parce que les nouvelles générations, on laisse entendre souvent que la gestion
07:49 de la vie personnelle, la vie professionnelle, c'est ça qui les anime pour être entrepreneur.
07:52 Est-ce que c'est aussi ça qui a été votre mobile ?
07:54 - Alors, je ne suis pas sûre qu'en étant entrepreneur, c'est plus facile à gérer
07:58 l'équilibre pro-perso.
07:59 - Je n'ai pas dit que c'était plus facile.
08:01 C'est ce qui motive souvent.
08:02 - Moi, je trouve que ce qui motive, c'est que quand on est entrepreneur, on a vraiment
08:06 la possibilité de créer des modèles qu'on considère être justes et qui manquent aujourd'hui
08:11 dans le monde dans lequel on est.
08:12 Et donc, j'ai envie de dire, on a une responsabilité sociétale d'y aller et de créer ce modèle-là.
08:19 - Une ultime question pour vous, Claire Auton.
08:21 Vous avez levé 3,8 millions d'euros en 2023.
08:24 Pour quelles raisons avez-vous eu besoin de cette somme et pour en faire quoi ? Parce
08:29 qu'à la limite, votre activité ne laisse pas forcément entendre cette nécessité
08:32 de lever de fond.
08:33 - Alors, il y avait deux faits.
08:35 Le premier, c'est qu'on n'a pas vraiment le temps de prendre le temps de développer
08:39 ce modèle-là.
08:40 Il y a une urgence climatique.
08:41 Donc, il faut apporter une réponse rapide.
08:43 Et le deuxième, on a vraiment fait le choix d'ouvrir notre centre de reconditionnement.
08:46 Donc, comme je disais, on a un gros atelier de 2700 m2.
08:49 Il faut des CAPEX pour pouvoir le financer.
08:50 Et ensuite, on a fait le choix de distribuer nos produits, de créer une marque, d'investir
08:55 en marketing pour passer le message du reconditionnement.
08:58 Donc, on vend tout sur notre plateforme underdog.shop.
09:00 Et ça, c'est des investissements marketing.
09:02 - Et pour aller plus vite.
09:03 - Exactement.
09:04 - Merci à vous.
09:05 - Merci.
09:06 - Et à vous également.
09:07 C'est très spécial que vous avez cofondé cette entreprise underdog qui reconditionne
09:11 du gros électroménager.
09:12 Tout de suite, on parle d'organisation du travail à l'intérieur de l'entreprise.
09:16 Bruno, le spécialiste des fournitures et de l'équipement pour les professionnels présentes.
09:21 Sud Radio, oser entreprendre, les essentiels de l'entrepreneuriat.
09:27 Vous en avez entendu parler la semaine de 4 jours.
09:30 4 jours de travail sur 7, justement.
09:32 Est-ce que c'est un phénomène sociétal qui a commencé, qui est évoqué de plus en plus ?
09:36 - Oui, Jean-Marie, vous avez aimé l'année 35 heures.
09:38 Vous allez adorer probablement.
09:40 - J'ai commencé après moi.
09:41 - Mais c'est ça.
09:42 Mais dans le même temps, est-ce que vous allez adorer la semaine de 4 jours ?
09:44 La question court quand même dans les couloirs des entreprises.
09:48 Et justement, il y a une étude qui a été faite par Talent Trends qui a interrogé 70
09:53 000 professionnels à travers 37 pays quand même.
09:55 Et le résultat est sans appel.
09:57 80% des interrogés sont favorables à travailler un jour de moins par semaine, considérant
10:01 que cela améliorerait significativement leur bien-être.
10:04 Et 70%, ils affirment vouloir privilégier leur équilibre de vie à leur réussite professionnelle.
10:10 - On en parlait justement.
10:11 Et puis, comme vous le dites, le résultat ne fait pas un pli.
10:13 Concrètement, ça veut dire qu'on ne travaillerait plus le vendredi ou le lundi et qu'on ferait
10:17 des week-ends de 3 jours ?
10:18 - Et bien non.
10:19 Et surtout pour un matinalier comme vous, mon cher Jean-Marie.
10:21 - Je ne sais pas ce que c'est, moi.
10:22 - Mais voilà.
10:23 Non, il y a des formes diverses qui peuvent être retenues.
10:26 D'abord, il faudra se mettre d'accord sur le fait de savoir si ce serait une semaine
10:30 de 4 jours ou une semaine en 4 jours.
10:32 Ce n'est pas tout à fait la même chose.
10:34 Dans le premier cas, on diminue le nombre d'heures hebdomadaires pour conserver la même
10:38 durée quotidienne au travail, avec ou non d'ailleurs baisse de rémunération.
10:41 Dans le cas de la semaine en 4 jours, on augmente la plage horaire quotidienne.
10:46 - Exactement.
10:47 Alors on saisit l'intérêt pour le collaborateur.
10:48 Mais du point de vue de l'entreprise, c'est avantageux ou pas ?
10:50 - Il y a effectivement des raisons de l'envisager pour un employeur.
10:53 Au moment où les recrutements sont complexes, cela peut permettre d'attirer et aussi de
10:57 fidéliser des talents.
10:58 Alors, ça doit améliorer normalement la productivité des salariés, car il a quand
11:02 même été démontré que travailler moins en temps permettrait de travailler mieux.
11:06 Les collaborateurs sont plus impliqués, concentrés et efficaces.
11:10 En dernier point, cela améliore le bilan carbone car moins de trajet professionnel
11:14 équivaut à moins de pollution.
11:15 - Oui, ça, ça sert toujours comme prétexte.
11:17 Et on en est où de l'expérimentation ?
11:19 - Le Premier ministre, en début d'année, est revenu sur le sujet en indiquant vouloir
11:22 inciter les administrations publiques à tester le format.
11:25 Une société lyonnaise, LDLC n°1 du high-tech et du matériel informatique français, l'a
11:31 mis en place depuis 2021 et évoque des résultats très encourageants.
11:35 C'est à suivre.
11:36 - On verra ça, justement.
11:37 Merci beaucoup Thomas.
11:38 Restez avec nous.
11:39 On va se retrouver dans un instant pour "Osez investir".
11:40 On va parler de financement de l'investissement locatif.