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00:00 [Musique]
00:11 Bienvenue dans "Pontuation", le magazine consacré à la littérature, aux livres.
00:17 [Musique]
00:20 Un auteur nous propose une déambulation littéraire à travers l'Odyssée des fils d'Athana.
00:26 On l'a reçu ici pour les deux premiers volumes.
00:29 Il nous vient avec le troisième.
00:31 Le sous-titre c'est "Inoubliable racine", "Histoire de racine".
00:35 Pascal Many, bienvenue dans "Pontuation".
00:38 Bonjour Serge.
00:39 Alors, votre ouvrage il est aujourd'hui disponible chez l'Armattan Cameroun.
00:45 Troisième volume et on voit un camion, la première de couverture, rempli de mobilier, de domestique.
00:56 Alors il s'en va dans quel sens ?
00:59 Il a été renié chez ses oncles et il rentre chez son père, son géniteur.
01:04 Il s'agit de ?
01:06 Qui ne s'est pas occupé de lui dans son enfance.
01:09 Donc il rentre chez son père, le retrouve.
01:14 Alors, j'ai dit tout à l'heure l'introduction, c'est un peu dans la logique "Connais-tu mon beau village ?"
01:19 Est-ce que c'est ça que le lecteur dont le dos va ouvrir les pages, c'est à ça qu'il doit s'attendre ?
01:26 Le héros dépend de l'environnement dans lequel il vit.
01:30 Il vivait en ville, dans un quartier de la ville.
01:33 Maintenant, il va au village et il est obligé de peindre un peu ce milieu.
01:38 Donc c'est une peinture sociale du milieu, dans le nouveau milieu où il va désormais vivre.
01:49 "Connais-tu mon beau village ?" Mais avant ça, il y a eu deux premiers volumes.
01:54 Est-ce qu'on peut revenir un peu sur les deux premiers pour situer le téléspectateur ?
01:59 Mevo et Chakras.
02:02 Surtout Mevo parce qu'il a été poussé par...
02:06 Non, c'est Chakras qui a été poussé par sa maman.
02:09 Parce qu'il a perdu deux frères lors des clavos forcés.
02:12 Donc ils s'en vont du côté du sud-ouest.
02:16 Et ils ont évolué là-bas.
02:19 Malheureusement, à un certain moment...
02:23 Mevo a connu un des pires amoureux.
02:27 On lui a arraché sa femme.
02:30 Il en est tombé malade.
02:33 Il est mort. On l'a inhumé sur place.
02:37 Chakras a senti le danger et a décidé de replier au village.
02:43 Même l'unique fils de Mevo a décidé de replier au village aussi.
02:49 Malheureusement, il n'avait rien à montrer à ceux qui l'attendaient sur place.
02:55 Il a eu la mauvaise idée de remplir une cantine de cailloux, de pierres...
03:03 qu'il a cachées sous le lit.
03:06 Et la superchérie a été découverte.
03:09 Très de honte, il a dû fuir le village, abandonnant son petit Cletus de 4 ans.
03:15 Les villageois se sont réunis, la famille s'est réunie avec tous les autres villageois.
03:22 Ils ont dit qu'on ne pouvait pas abandonner cet enfant.
03:25 Ils l'ont adopté, il est devenu la pupille du village.
03:28 Et tout le monde s'en occupait, lui-même aussi très serviable.
03:33 Et il est devenu un grand homme dans la contrée.
03:38 Lutteur traditionnel, cueilleur de vins de pâles et caddie thérapeute.
03:46 Le jour de son inhumation, naît un enfant, un bébé, qui est du sang de son fils, Bessom.
03:58 Et immédiatement, certains ont prédit Bessom est mort, Bessom est né.
04:02 Et c'est Sebo Somola qui est le héros du troisième roman que vous avez suivi.
04:09 Je voulais rapidement vous soumettre à un exercice.
04:13 C'est le chapitre 1, le début de mon histoire.
04:17 Est-ce que vous pouvez lire à haute voix les trois premiers paragraphes
04:22 pour nous faire entrer en plein dans le récit ?
04:27 Le début de mon histoire. Je m'appelle Mauvon.
04:32 J'ai décidé d'écrire mon histoire le jour de mon arrivée à Athènes.
04:37 Le principal objectif de mon déplacement était de rejoindre mon père.
04:42 J'ai grandi dans l'amertume pour ne l'avoir pas connu dans mon enfance
04:46 et me suis senti dans l'obligation de le retrouver coûte que coûte.
04:50 Ceci n'est pas une autobiographie au sens strict du terme,
04:54 mais il s'agit de quelque part le plus important de ma vie
04:58 pour que mes enfants, par ricochet les générations futures,
05:02 puissent avoir une idée sur ce qu'elle a été.
05:06 En arrivant dans ces villages, j'avais le corps gros et la mine des mauvais jours.
05:11 Malgré la fatigue du voyage, au premier contact avec l'autorité traditionnelle
05:15 et ses notables à la chefferie, l'accueil des autres villageois m'ont réconforté.
05:23 On dirait qu'ils connaissaient tous mon histoire et voulaient à tout prix me donner une bonne impression d'Athènes.
05:28 En réalité, la rencontre avec le chef était très intéressante.
05:33 On entre de plein pied dans "Celui qui rentre au village".
05:38 Il y a comme une aire de reconstitution de la généalogie au fil des pages.
05:46 Il serait malheureux s'il n'avait pas fait ce retour-là,
05:51 de se réconcilier avec lui-même, avec le père, retrouver son repère.
05:57 La généalogie a une place dans cette histoire. Est-ce que vous y pensiez au départ ?
06:02 Non. Quand on raconte une histoire, c'est les techniciens, les critiques,
06:10 qui trouvent des mots à mettre sur cela.
06:17 Je n'y ai pas pensé, mais il a tellement été frustré par ses grands-parents maternels,
06:24 qu'il ne pouvait pas rentrer. Il est passé par plusieurs tribulations.
06:30 Il a même voulu changer de religion, parce qu'il s'est rendu compte que ses co-religionnaires ne l'ont pas soutenu.
06:37 Il voulait être chef du quartier, parce que son grand-père a refusé de le remettre à son géniteur,
06:46 juste parce qu'il voulait un héritier et deux filles.
06:51 Il se disait qu'il fallait qu'il laisse quelqu'un qui puisse faire vivre sa renommée, son héritage.
07:01 Malheureusement, ceux qui sont restés ne l'ont pas vue de cet oeil-là.
07:07 Il devait repartir chercher ses parents. Il a mené des études pour leur faire ne pas aller par hasard.
07:15 Il a préparé.
07:17 Dans la généalogie, je n'y ai pas pensé, mais ça a sa place.
07:21 Quand on retrouve ses frères et soeurs, ses cousins du village, les liens de sang se rôtissent.
07:30 Dans un environnement où la parenté est sacrée, ça a tout son sens.
07:38 On ne peut pas épouser un cousin ou une cousine, parce que vous avez des liens de sang.
07:47 C'est à son importance.
07:49 Oppositions à ceux qui nous suivent.
07:52 Il est accueilli par son grand-père, qui voulait en faire un héritier.
07:58 Mais à la dernière minute, il a mis une seule chose à l'écart.
08:04 La belle famille lui rappelle qu'il n'est pas fils de là.
08:08 C'est là qu'on classe avec l'autre cas de Marcoulos.
08:12 Lui, il a été bien accueilli chez ses oncles.
08:15 Peut-être parce qu'il était fortuné.
08:17 Non, parce qu'il ne cherche pas le poste de chef.
08:19 Une fois qu'on va être un noblie, ça pose un problème.
08:24 Il va rentrer au village.
08:27 Ça règle un problème aussi.
08:29 Vous faites signe ici au problème, à l'aspect social.
08:33 Beaucoup de gens se sont séparés du père et n'ont plus de repères.
08:38 Le père vit seul.
08:40 Sa mère disait que c'était un fainéant.
08:44 C'était un fainéant.
08:45 Vous voyez ce qu'il a fait ?
08:47 Il ne s'est pas marié.
08:51 Il n'a même pas construit de maison au village.
08:56 Il s'est contenté de ce que son père a laissé.
09:00 Il s'est amouraché avec l'ancienne copubule de son père.
09:08 Ce sont les signes de quelqu'un qui ne va pas bien réussir dans la vie.
09:13 Du coup, il était perdu.
09:16 Mais quand son fils est arrivé, il était très content.
09:20 Jusqu'à se vanter en disant que je ne suis pas le pauvre type que vous croyez.
09:25 Vous avez vu mon fils.
09:27 Il n'en a rien fait, mais il a tiré les bénéfices de son arrivée à Tam.
09:34 Dans ce cas, et de retour au pays natal, comment vous viennent les personnages ?
09:42 Alors, les personnages, je ne sais pas.
09:50 C'est là-dedans ?
09:52 Qui vient ?
09:53 Est-ce qu'il y en a un qui est venu dans l'atelier d'écriture ?
09:56 Vous êtes parti de quel personnage pour pouvoir tisser la toile narrative ?
10:02 Je ne peux pas dire avec exactitude comment ça se passe,
10:05 mais je sais seulement que les personnages arrivent.
10:08 Les hésitations, c'est au niveau des noms.
10:11 Est-ce que ces noms correspondent ?
10:14 Par exemple, Kelada, au début, je voulais mettre Kalara,
10:17 mais je me suis dit que ça ressemblait un peu à d'autres Kalara qu'on a vues dans les romans.
10:22 C'est pour ça que j'ai mis Kelada.
10:25 Bon, maintenant, je ne peux pas dire.
10:29 Ça vient, je vais dire comme les autres enfants, ça vient comme ça vient.
10:33 Et j'intègre en essayant de corriger.
10:36 Ici, c'est Mewo qui se raconte ma naissance, mon enfance.
10:43 Quand vous écriviez sur du papier, quand vous faisiez le schéma,
10:48 est-ce que vous avez dit le personnage, évidemment c'est là, central, c'est Mewo,
10:54 le tout dernier.
10:56 Maintenant, on va essayer de construire le schéma de l'action avec quelques autres personnages.
11:03 Quels ont été ceux-là qui ont été utiles à construire cette intrigue ?
11:09 Je dois avouer que ça a été difficile au départ,
11:13 parce que je ne savais pas quel tournure le roman devait avoir.
11:17 Et c'est à la dernière minute que j'ai pensé qu'il faut que je me reparle à la première personne du singulier
11:25 qui s'approprie cette histoire.
11:28 Donc, comme la cam' avait déjà un début avec le volume 1, le volet 1 et le volet 2,
11:39 donc je voyais les personnages qui pourraient être utiles pour la suite,
11:46 pour la narration de Mewo, du jeu de Mewo.
11:50 Ce sont ces personnages-là que j'ai choisis pour faire partie,
11:55 ce qui avait un rôle particulier à jouer, plus ou moins, pour tisser la dernière histoire.
12:01 Autrement dit, il y a une difficulté pour l'auteur que vous êtes
12:05 à construire une histoire en trois temps, trois volumes,
12:10 à avoir la fin dès le début.
12:13 C'est-à-dire que vous avez le premier volume, le deuxième et le troisième,
12:16 quels sont les personnages que vous allez tirer du premier et du deuxième qui vont poursuivre ?
12:21 L'histoire est complète dès lors que le premier personnage meurt,
12:31 et quand l'autre est né, qui sera, qui fera l'objet d'un troisième volume ?
12:38 Le problème a été au niveau du deuxième volume, parce qu'il fallait le meubler.
12:43 Mais toute l'histoire était déjà dans la tête.
12:45 La difficulté, c'était la mise en forme.
12:48 Alors, dans cette histoire qui a des allures de biographie,
12:52 pas d'autobiographie, mais de biographie de Mewo,
12:56 le deuxième personnage qui intervient là, c'est Mama Doudou.
12:59 C'est la génitrice.
13:02 Il y a d'un côté Mewo le père, qui n'a pas joué un grand rôle,
13:06 mais il y a aussi Doudou qui a élevé son enfant toute seule,
13:11 avec le concours de son père.
13:14 Donc, elle a un rôle principal,
13:17 et surtout qu'elle a décidé d'accompagner son fils
13:23 dans son aventure à la rochelle de son père.
13:28 On reste toujours sur le côté un peu, on va dire, familial,
13:33 le côté cœur.
13:35 Mama Doudou et Besomo, ils ne vont pas se remettre ensemble ?
13:39 Non. Non, parce que le temps a passé.
13:44 Les yeux du temps.
13:46 Oui, il n'y a plus de sentiments.
13:49 Et puis, à un certain moment, on dit que l'amour s'entretient.
13:54 Quand il n'y a pas cette liaison pendant longtemps,
13:58 les yeux font leur travail et ça s'émousse, il n'y a plus rien.
14:02 Mais de temps en temps, elle a quand même un peu d'attention,
14:05 à l'endroit de...
14:07 Oui, mais l'attention juste...
14:10 Les femmes, vous le diront,
14:12 il y a des choses qu'elles ne font pas par devoir, pas par amour.
14:15 Donc, elle pouvait lui laver les habits,
14:18 cela n'avait rien à voir avec un quelconque sentiment vis-à-vis de lui,
14:21 c'était fini.
14:23 Et puis, quand il va rentrer au village,
14:26 ce retour, on va dire quoi, il est bénéfique pour lui ?
14:31 Il n'y croyait pas dès le départ.
14:33 Au début, il voulait un gîte, député ou déçu,
14:38 comme il a été chez ses oncles, chez ses grands-parents maternels.
14:43 Alors, quand il se retrouve chez son père,
14:48 il a juste profité d'un concours de circonstances.
14:52 La conférence qu'il a animée sur les temps scolaires,
14:59 devant un partenaire de personnalité,
15:02 et puis la renommée de son grand-père,
15:05 donc c'est tout ça, les encouragements de sa femme,
15:08 c'est tout ça qui l'a poussé vers la politique.
15:11 Au départ, il n'en voulait pas.
15:13 Derrière les lignes, est-ce que vous ne posez pas le problème de la légitimité politique ?
15:17 Vous savez, la légitimité, on l'a toujours.
15:21 Pas forcément.
15:23 On l'a toujours au départ,
15:26 mais c'est quand les gens sont découragés.
15:30 On vous fait confiance,
15:33 on vous met à un poste de responsabilité,
15:38 élective bien sûr,
15:40 on vous élit quelque part,
15:42 tout le monde est content,
15:45 dès que vous partez, vous tournez le dos,
15:49 vous rencontrez d'autres, vous oubliez ceux qui vous ont commis à cette...
15:56 à ce poste-là.
15:58 Donc au départ, il n'y a pas souvent un problème de légitimité,
16:02 mais elle se perd avec le temps,
16:05 parce que les gens estiment que vous ne vous occupez plus d'eux,
16:09 vous avez d'autres chats fouettés par ailleurs.
16:12 C'est ça la difficulté.
16:14 Mais dès le départ, je pense qu'il y a la légitimité,
16:17 surtout pour des élus.
16:20 Ceux qui sont nommés, ça c'est autre chose.
16:22 On ne peut pas dire que les planètes se sont alliées pour lui.
16:25 Le timing était bien fait.
16:28 Il a passé sa formation, il a passé son temps ailleurs,
16:31 il est équipé intellectuellement et tout,
16:33 mais quand il revient au village, commence une autre aventure.
16:37 Le retour au village est déclencheur d'un destin.
16:42 Il a eu beaucoup de chance, et dans la vie, il faut avoir la chance.
16:45 Vous avez beau être compétent, si vous manquez tellement de chance,
16:48 vous n'allez pas réussir.
16:50 Donc il a eu la chance, et il a su l'attraper au bon.
16:54 - On sait que le politicien n'a pas toujours bonne presse.
16:59 On le dit menteur, on le dit hypocrite, et tout ça,
17:03 donc mauvais joueur.
17:05 Mais ici, vous montrez quelqu'un qui est en adéquation
17:10 avec ce qui est attendu.
17:12 - Oui, surtout que sa femme lui a dit,
17:15 ne sois pas comme ces mauvais politiciens,
17:19 qu'il faut être un politicien humaniste,
17:23 qui allonge au centre de son action.
17:26 Donc sa femme veillait pour qu'il soit différent.
17:30 Et comme vous dites, si c'est un message à nos politiciens,
17:33 tant mieux.
17:35 Mais sa femme veillait, et elle avait un certain poids auprès de lui.
17:40 Donc ça a marché.
17:42 - Quelle est la fonction ou la justification
17:45 de la mise en exergue des personnages comme la grand-mère Maya,
17:51 Madame Kelada, et puis l'oncle Peggy?
17:56 - Bon, si on voit Kelada, il faut savoir que c'est...
18:06 par elle que tout est arrivé.
18:09 Si Mevon n'était pas mort,
18:11 il aurait eu droit à un procès pour adultère.
18:20 Mais la mort a réglé son cas.
18:24 Maintenant, Bessama est devenu une loque humaine,
18:32 un pauvre type, un fainéant, comme disait sa mère,
18:35 parce qu'il s'est amouraché avec une vieille femme
18:41 qui était la concubine de son faux père.
18:44 Donc il faut que cela se sache.
18:48 Maintenant, pour Maya, il faut bien...
18:53 Cette grave dame qui a très bien accueilli,
18:57 qui était très contente d'accueillir Mevon,
19:02 qu'elle appelait affectueusement "mon mari",
19:04 parce que...
19:06 portant le nom de son faux mari.
19:09 Donc malheureusement, Mevon était arrivé,
19:13 elle était déjà fatiguée.
19:17 Et sa présence nous permet de parler
19:21 des relations belle-mère brutes.
19:25 Vous voyez, ce n'est jamais ça.
19:29 On ne sait pas ce qui se passe
19:31 entre une jeune dame qui a toute sa place
19:35 à côté de son mari,
19:37 et une vieille mère qui ne demande qu'à vivre
19:41 le temps que Dieu voudra.
19:43 On ne sait pas ce qui se passe,
19:44 donc il n'y a jamais d'entente.
19:46 Donc ça donne l'occasion d'en parler un peu,
19:48 d'évoquer cela,
19:50 pour que nos belles dames qui lisent
19:52 se interrogent aussi sur leur comportement.
19:55 - Et puis donc le pégué qui est...
19:58 - Le pégué opportuniste, le calculateur.
20:01 - Dans le domaine de la santé.
20:03 - Au domaine de la santé,
20:05 il a suivi les traces de son père.
20:08 Il était traducteur apote.
20:10 Il a évolué un peu.
20:12 Il a appris à produire des soins modernes.
20:16 Donc il pouvait faire des injections,
20:19 il pouvait mettre des perfusions,
20:21 il pouvait donner des comprimés.
20:24 Donc il a lié la médecine traditionnelle
20:26 à la médecine moderne.
20:28 Malheureusement, il n'a pas su collaborer
20:32 avec le système mis en place par le député.
20:35 Donc il est allé du côté de la virilité masculine
20:40 et il avait beaucoup de clients.
20:42 - Il a trouvé que là-bas...
20:44 - Ça donnait, comme on dit.
20:46 Ça a beaucoup donné.
20:48 Et il s'est enrichi,
20:51 il s'est beaucoup enrichi avec ça,
20:54 au point où il s'est vu obligé
20:56 de prendre une deuxième femme,
20:58 ce qui lui a causé beaucoup de soucis.
21:00 - On découvre le village Atana.
21:03 Et vos mots sont comme une caméra,
21:06 un appareil photo.
21:08 Vos mots photographient le village Atana.
21:12 C'était pourquoi?
21:13 Pour nous donner envie, nous faire envie?
21:16 - Non, c'est pour montrer
21:19 que le village n'est pas si mauvais que ça.
21:22 Le village n'est pas mauvais
21:25 quand on a l'eau à boire,
21:27 quand les jeunes ont des espaces de jeux
21:32 où ils peuvent s'amuser,
21:34 quand on peut partir du village
21:37 pour la ville sans problème.
21:40 Donc le village, c'est un espace
21:42 assez agréable à vivre.
21:44 Malheureusement, ce n'est toujours pas le cas
21:48 parce que les gens abandonnent le village
21:52 pour plusieurs raisons.
21:54 Certaines pour des raisons sociales,
21:57 d'autres pour des raisons économiques.
22:00 Donc il fallait faire ressortir
22:03 la beauté de ce village-là.
22:05 Mais qui n'était plus ce qu'il était
22:07 du temps de Mauveau.
22:09 Il a perdu de son charme,
22:11 mais il continue à exister.
22:13 Et le jeune Mauveau a apporté
22:15 une touche particulière
22:18 en améliorant les conditions
22:20 de vie des populations,
22:22 en aménageant des points d'eau.
22:25 - En simplifier, il parle de sa vie à Tanna.
22:29 Donc il n'est pas un député coupé.
22:31 Il est fixé au sol.
22:33 D'ailleurs, dans ce village,
22:35 il y a tous les problèmes.
22:37 Il y a la sorcellerie, par exemple,
22:39 qui reste.
22:41 Vous prenez position
22:43 envers le narrateur
22:45 pour nous dire que la sorcellerie,
22:47 ce n'est pas la culture.
22:49 La sorcellerie, elle est perverse.
22:51 - Elle existe même.
22:53 Le débat est là.
22:55 Parce qu'il y en a qui disent
22:57 qu'elle n'existe pas
22:59 pour aller consulter les Marabouts la nuit.
23:01 Mais ouvertement, ils vous disent
23:03 qu'ils n'y croient pas.
23:05 Mais la nuit, ils vont voir les Marabouts.
23:07 Donc j'ai décrit
23:09 certaines scènes vécues
23:11 soit par
23:13 le héros,
23:15 soit par d'autres personnes.
23:17 Donc, non,
23:19 ce n'est pas la première fois
23:21 que j'évoque ce sujet
23:23 dans le "Vat Mekoum"
23:25 du chef d'hôtel
23:27 "Comment réussir une carrière
23:29 dans la préfectorale".
23:31 J'en avais déjà parlé
23:33 pour sensibiliser
23:35 les autorités préfectoires
23:37 sur leur rôle par rapport à ce fléau.
23:39 Oui, parce que...
23:41 Et là, je disais
23:43 qu'il était surprenant que
23:45 les actes
23:49 du colon
23:51 sur la culture kamounès
23:53 n'aient pas évoqué ce sujet.
23:55 Et c'était pour moi
23:57 un scandale, parce que
23:59 c'est l'une des plus grandes préoccupations
24:01 sociales dans notre pays.
24:03 Et à l'époque, il y avait une étude
24:05 de la voix du paysan qui l'avait révélée
24:07 que c'est l'une des préoccupations majeures
24:09 dans notre pays.
24:11 Vous êtes conscient que beaucoup de gens ne vont pas au village
24:13 à cause de ça ?
24:15 Oui.
24:17 Mais que faut-il faire ?
24:19 Continuer à craindre ou alors braver ?
24:21 Parce que ça fait partie de nos réalités.
24:23 Alors,
24:27 je recommande des choses dans le "Vat Mekoum"
24:29 du chef d'hôtel
24:31 où je demande, et ça c'est fait,
24:33 les autorités préfectoires
24:35 ont un rôle à jouer
24:37 dans ce domaine-là.
24:39 Parce que
24:41 il y a eu des cas où des gens avaient peur
24:43 d'aller investir au village
24:45 et
24:47 il y a des personnes qui sont
24:49 allées voir les autorités préfectoires.
24:51 Certaines personnes, il leur est arrivé
24:53 d'aller voir les autorités préfectoires
24:55 et de les sensibiliser.
24:57 Ces autorités venaient
24:59 réunir les villageois
25:01 en les mettant en garde.
25:03 Et ça permettait
25:05 à l'élite
25:07 de vaincre sa peur
25:09 et de venir investir.
25:11 Donc,
25:13 on ne peut pas dire
25:15 qu'il faut ignorer,
25:17 on ne peut pas dire qu'il faut braver,
25:19 mais il y a quand même un confort psychologique
25:21 dont il faut s'entourer.
25:23 Il faut vaincre cette peur,
25:25 il faut un réarmement moral
25:27 pour pouvoir y aller.
25:29 Sinon, il y en a
25:31 qui tremblent comme ça
25:33 quand on leur dit de passer par le village.
25:35 Ils tremblent comme des feuilles.
25:37 En tout cas, vous soulignez ici
25:39 en sous-titre "Inoubliables racines".
25:41 La question des racines est importante.
25:43 D'ailleurs, on a vu ici
25:45 que le village appelle.
25:47 Il est très difficile
25:49 de résister.
25:51 L'appel des racines.
25:53 L'appel des racines.
25:55 Vous vous sentez coupable
25:57 de couper avec votre village
25:59 et vous allez voir
26:01 que dès que vous avez une occasion
26:03 de vous justifier, vous allez le faire.
26:05 - Pascal Many, vous-même, vous êtes au village maintenant ?
26:07 - Je suis
26:09 entre mon village
26:11 et mon nouveau village.
26:13 - Ah, vous avez créé un village.
26:15 - J'ai créé un village,
26:17 conformément aux recommandations faites dans la problématique
26:19 de la retraite sur les tropiques
26:21 qui est écrite en 2013.
26:23 - Absolument.
26:25 C'est quoi le trait d'union ?
26:27 Qu'est-ce qui se passe entre les trois ?
26:29 - Le trait d'union,
26:31 c'est le mouvement.
26:33 Le mouvement pour suivre.
26:35 On s'installe.
26:37 Le mouvement pour suivre,
26:39 parce qu'on est déjà en instabilité.
26:41 Là où on est, on rentre au village.
26:43 Le mouvement pour chercher
26:45 de quoi vivre en ville.
26:47 Nous sommes là, tentés,
26:49 en étant mototaximens.
26:51 Le mouvement
26:53 de me voir
26:55 qui rentre
26:57 chez son père, son géniteur.
26:59 - La vie est mouvement.
27:01 - La vie est mouvement.
27:03 Et personne
27:05 ne peut arrêter
27:07 cet élan-là.
27:09 Maintenant, il faut contrôler, parce qu'il y a des soubresauts.
27:11 On ne sait pas où est-ce que vous allez
27:13 accaper votre chance pour réussir.
27:15 - Merci beaucoup
27:17 d'avoir pontu votre pensée sur le mouvement
27:19 à travers trois volumes.
27:21 L'Odyssée des fils d'Athana,
27:23 c'est la fin
27:25 de cette Odyssée-là.
27:27 - Oui, c'est la fin. - Ce n'est pas la fin de l'écriture.
27:29 - Non, je suis sur un roman,
27:31 un petit roman en anglais,
27:33 un oeuvre.
27:35 - Rien ne vous arrête.
27:37 Quoi que retraité, vous continuez
27:39 d'écrire. Merci beaucoup et félicitations
27:41 pour ça. - Merci.
27:43 - C'était "Pontuation",
27:45 le magazine littéraire de la CRTV.
27:47 Nous vous recommandons de vous procurer
27:49 les ouvrages de
27:51 Pascal Many, ancien gouverneur
27:53 à la retraite administrative,
27:55 mais très actif dans l'écriture.
27:57 A mardi prochain.
27:59 [Musique]