Mardi 28 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Alain Bokobza (Responsable de la stratégie d'allocation d'actifs mondiale, Société Générale CIB) , Léa Dunand-Chatellet (Gérante et directrice de l'investissement responsable, DNCA Investments) , Didier Borowski (Responsable Recherche Politiques Macroéconomiques, Amundi Institute) et Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research)
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00:00 *Musique*
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour, du lundi au vendredi à 17h.
00:14 Si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV, émission que vous retrouvez chaque soir en replay ou encore en podcast sur vos plateformes préférées et en replay sur bsmart.fr.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, des marchés en manque de catalyseurs en Europe notamment. La séance du jour est très parlante.
00:30 On a vu les indices européens et le CAC 40 baisser de manière régulière tout au long de la séance avec une baisse à l'arrivée qui s'annonce autour de 1%.
00:39 Pour l'indice parisien, vous aurez les détails de cette séance en cours assez creuse en termes d'informations et de nouveautés pour les investisseurs dans un instant.
00:48 Avec Pauline Grattel, les catalyseurs à venir tournent autour de l'inflation et des banques centrales.
00:54 On est reparti pour une série de meetings banque centrale à partir de la semaine prochaine avec la Banque Centrale Européenne.
00:59 Et une première baisse de taux qui est acquise de l'aveu même de l'ensemble des banquiers centraux européens qui se sont exprimés ces dernières heures.
01:07 La question étant de savoir au-delà d'ici juin, quelle sera la stratégie de recalibration de la politique monétaire en zone euro.
01:15 Et de ce point de vue là, le débat est encore important au sein du Conseil des Gouverneurs.
01:20 Nous en discuterons avec nos invités de Planète Marché évidemment dans un instant.
01:23 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous nous intéresserons là aussi aux enjeux du second semestre en matière de stratégie d'investissement et d'allocation d'actifs.
01:31 C'est Alain Bocopza, le directeur monde de l'allocation d'actifs de Société Générale CIB qui sera en plateau avec nous à partir de 17h45.
01:39 [Générique]
01:49 Avant d'accueillir nos invités de Planète Marché, les infos clés du jour sur les marchés bien sûr.
01:53 C'est chaque soir avec Pauline Grattel en ouverture de Smart Bourse.
01:56 Pauline, aujourd'hui, séance encore très calme en termes d'informations pour les marchés qui ont choisi de baisser.
02:02 Oui, tout à fait. Aujourd'hui, les bourses européennes sont globalement en recul.
02:08 A Paris, le CAC 40 est en repli de 1% et repasse largement sous la barre des 8100 points en l'absence de catalyseurs majeurs au programme.
02:17 Les bourses de New York et de Londres ont rouvert leurs portes après un jour férié hier.
02:22 Du côté de l'agenda macro, la journée était très calme également aussi, Pauline.
02:27 Exactement, mais les investisseurs ont tout de même pu prendre connaissance de deux statistiques américaines.
02:33 Je commence avec la confiance des consommateurs du Conférence Board de mai qui ressort à 102 après 97 le mois dernier
02:41 et un consensus qui tablait autour de plutôt 96.
02:45 Enfin, les prix de l'immobilier aux États-Unis pour le mois de mars ont augmenté de 0,1%
02:51 après un chiffre non révisé de +1,2% en février.
02:55 Sur un an, ces prix ont augmenté de 6,7% après une hausse plus marquée en février de 7,1%.
03:02 Du côté des entreprises, il y a du mieux visiblement pour Apple en Chine au mois d'avril.
03:07 Exactement, les ventes d'Apple en Chine ont bondi de 52% au mois d'avril par rapport à mars
03:13 selon des calculs de Reuters basés sur des données industrielles.
03:18 Si les ventes ont augmenté autant, c'est notamment parce qu'Apple a baissé ses prix pour le pays.
03:23 Une baisse d'ailleurs prolongée jusqu'à mi-juin.
03:26 Le titre ouvre en hausse de 1% à Wall Street.
03:29 Toujours aux États-Unis d'ailleurs, Nvidia ouvre en hausse de plus de 4%
03:34 après avoir gagné 9% jeudi et 2,5% vendredi à la suite de la publication de ses résultats du premier trimestre.
03:42 Enfin, dans le monde des fusions acquisitions, T-Mobile a annoncé racheter les activités de US Cellular
03:48 pour un montant de 4,4 milliards de dollars.
03:51 Et en France, Pauline ?
03:53 En France, on note que Aramis Group, le spécialiste des ventes de voitures d'occasion en ligne,
03:58 relève ses objectifs annuels à l'occasion de sa publication semestrielle.
04:02 L'entreprise fait état d'un chiffre d'affaires en croissance organique de presque 17% à plus d'un milliard d'euros.
04:09 Aramis Group est en hausse de 11% aujourd'hui.
04:12 Et puis un mot de l'agenda de demain pour finir, Pauline.
04:15 Oui, au programme, la publication des prix à la consommation préliminaire en Allemagne pour le mois de mai
04:20 sera regardée par les investisseurs.
04:22 Côté français, les résultats semestriels de De Riche Bourse seront publiés.
04:26 Aux Etats-Unis, le livre beige de la réserve fédérale sera publié.
04:31 Et les résultats du T1 de Salesforce sont également attendus.
04:35 Tendance, mon ami.
04:36 C'est chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur les marchés
04:39 avec Pauline Grattel sur Bsmart.
04:41 [Musique]
04:51 Trois invitées avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
04:55 Léa Dunant-Châtelet est avec nous, la directrice de l'investissement responsable de DNCA.
04:59 Bonsoir Léa.
05:00 Bonsoir.
05:01 Merci d'être là. Merci à Evelyne Herrmann de nous accompagner également.
05:03 Bonsoir Evelyne.
05:04 Vous êtes économiste Europe chez Bank of America Global Research.
05:07 Et Didier Borowski à nos côtés également.
05:09 Bonsoir Didier.
05:10 Je suis ravi de vous retrouver.
05:11 Vous êtes responsable de la recherche politique macro chez Amundi Institute.
05:15 En route donc vers le 6 juin, une date hautement symbolique pour l'Europe.
05:20 La semaine prochaine, ce sera la réunion de la Banque Centrale Européenne, Evelyne,
05:26 avec ce qui est un acquis, déjà une première baisse de taux.
05:29 Je crois qu'aucun membre au sein du Conseil des Gouverneurs ne s'opposera à cette baisse de taux du mois de juin.
05:36 C'est une question peut-être qu'on peut encore se poser.
05:38 La question principale étant, que peut-il se passer ensuite ?
05:42 Et comment est-ce que le Conseil des Gouverneurs, par la voix de Christine Lagarde,
05:45 va communiquer autour de cette baisse attendue le 6 juin ?
05:49 Donc la baisse, elle va probablement avoir lieu.
05:52 C'est effectivement très difficile de voir un scénario où elle disparaisse.
05:57 Mais la suite, la discussion a commencé.
06:00 Pour la communication, donc la semaine prochaine,
06:03 vu qu'aucun membre du Conseil des Gouverneurs pour l'instant semble être prêt à nous donner une trajectoire,
06:09 et vraiment la data dependence, donc on regarde les données, semble régner à la BCE,
06:16 peut-être une communication très similaire à ce qu'on avait eue au mois de mars, est probable.
06:22 Donc du coup, effectivement, on avait le chiffre des négociations salariales la semaine dernière.
06:27 Il était plus élevé qu'attendu.
06:29 On savait qu'il y avait la composante allemande qui va jouer un rôle très fort là-dedans.
06:33 Donc du coup, il faut prendre ça avec un peu de recul.
06:37 Ça ne va pas poser un défi pour la semaine prochaine.
06:42 Mais probablement, c'est exactement le genre de données qui va rendre une baisse supplémentaire au mois de juillet impossible.
06:49 Donc on va se retrouver en septembre. On va revisiter. On aura probablement le même scénario.
06:54 Et donc du coup, nous, on pense qu'on aura une baisse en septembre à nouveau, une baisse en décembre à nouveau.
07:00 Mais on fait face à une BCE qui veut vraiment y aller très doucement.
07:03 On veut éviter le scénario de la Fed où on a promis une baisse de taux et après, oh, il y a eu une surprise, on doit faire demi-tour.
07:12 Ça, c'est à éviter. Et en plus de ça, on fait face à une BCE qui est structurellement quand même beaucoup plus faucan que la Fed.
07:21 Donc du coup, la barre pour vraiment promettre quelque chose est plus élevée.
07:24 Ceci dit, on pense vraiment que la dynamique d'inflation en zone euro est en train de s'affaiblir.
07:29 On voit ça au rythme mensuel quand on regarde les variations de prix ajustées pour la saison en mensuel.
07:38 Et ça va se poursuivre dans la deuxième moitié de l'année.
07:40 Donc du coup, ça sera de plus en plus difficile pour la BCE de ne pas continuer la baisse des taux.
07:45 C'est intéressant parce que François Villeroy de Gallo, il nous dit l'approche "meeting by meeting", "data dependency".
07:51 Ça marche dans les deux sens. C'est-à-dire qu'il essaye de laisser ouvert quand même le meeting du 18 juillet pour la BCE.
08:01 Il imagine peut-être qu'entre le 6 juin et le 18 juillet, il y aurait des données qui pourraient permettre d'ouvrir le meeting de juillet pour la BCE.
08:13 Ou bien il veut juste nous expliquer que "meeting by meeting" devrait dire "meeting by meeting".
08:19 Si on dit "meeting by meeting" et après on saute une réponse sur deux, ce n'est pas "meeting by meeting".
08:24 Mais du coup, il y a vraiment cette approche de la BCE de "on peut baisser les taux un tout petit peu maintenant parce qu'on est dans des niveaux très restrictifs".
08:32 Donc les premiers, disons, 3-4 baisses de taux au minimum sont faciles parce qu'on restera dans une politique très restrictive.
08:41 Et c'est ça ce qui va vraiment rendre les baisses de taux cette année au moins très faciles.
08:46 Après, l'année prochaine, on pense qu'on va devoir accélérer.
08:49 Donc nous, on pense que 2025 veura le taux de dépôt retourner à 2% et 2026 au-delà de ça.
08:55 Mais ça, pour l'instant, c'est un peu difficile pour les marchés à intégrer aujourd'hui et en plus la BCE de nous promettre ça aujourd'hui.
09:02 Non, mais ça pose quand même la question du degré de divergence qu'on peut imaginer ou qu'il faut imaginer entre la BCE et la réserve fédérale américaine.
09:09 On comprend qu'au démarrage, la BCE a tous les feux verts pour démarrer la première.
09:14 Dans quelle mesure ils vont être obligés à un moment d'être accompagnés par la réserve fédérale américaine dans des baisses de taux
09:22 pour envisager de poursuivre le mouvement au-delà des 2-3 premières baisses de taux de cette année, Évelyne ?
09:29 Il y a peut-être un phénomène de sentiment et de confiance au sein de la BCE.
09:33 C'est-à-dire on peut s'imaginer une BCE qui commence à se sentir un peu peu confortable vis-à-vis d'une Fed qui ne bouge pas,
09:39 mais après l'économie zone euro, elle est beaucoup plus faible.
09:42 Donc qu'est-ce que... Enfin, imaginons un scénario où la Fed ne baisse pas les taux, ni cette année ni l'année prochaine, pour être claire,
09:49 ce n'est pas notre scénario de base, mais imaginons ça, on aurait probablement un effet de contagion avec des conditions de financement en zone euro
09:56 qui seraient nettement plus serrées que ce dont on a besoin.
09:59 Donc qui obligerait presque la BCE à couper encore plus, d'une certaine manière.
10:02 Voilà. Et l'autre phénomène qui pourrait peut-être créer une certaine hésitation de la part de la BCE, c'est le taux de change,
10:08 mais le taux de change nominal effectif, il est apprécié.
10:13 L'euro/dollar, il joue certes un rôle très important, mais il y a tout le reste.
10:17 Et vis-à-vis de tout le reste, l'euro s'est en fait renforcé.
10:20 Et le genre de dépréciation de l'euro vis-à-vis du dollar dont on aurait besoin pour vraiment significativement changer la dynamique d'inflation en zone euro
10:30 est tellement grand que ça semble quand même très peu probable de vraiment freiner.
10:35 Donc il y a ce phénomène de peut-être hésitation, ce qui pourrait impliquer que, encore une fois,
10:41 qu'on aura des conditions de financement beaucoup plus serrées, beaucoup plus longtemps, beaucoup trop serrées,
10:47 beaucoup plus longtemps en zone euro que nécessaire.
10:50 Et en fin de compte, on aura la divergence, on en aura peut-être plus tard, mais on en aura besoin,
10:55 et potentiellement plus loin, le plus loin de la BCE, ne fait pas ce que l'économie en pense nécessitera.
11:03 Il y a l'euro face au dollar, c'est une composante importante, les prix de l'énergie sont en dollar notamment,
11:08 mais il y a l'euro face aux devises partenaires, les principaux partenaires commerciaux également de la zone euro.
11:15 Pour être clair, les équipes américaines de Bank of America voient une première baisse de taux de la Fed en décembre, c'est ça ?
11:20 C'est ça, en décembre, c'est ça, c'est un scénario.
11:23 Avec un cycle continu sur 2025 ?
11:25 Avec un cycle continu trimestriel jusqu'en 2026, du coup on a un taux de terminale plus élevé qu'avant,
11:31 mais on voit quand même une cycle de baisse de la Fed.
11:34 Bon, c'est une conversation perpétuelle entre les marchés, les investisseurs, les économistes.
11:39 Didier, qu'est-ce qu'il y a de nouveau dans cette conversation autour des politiques monétaires,
11:43 à l'approche des premières baisses de taux pour la BCE, mais sachant que d'autres banques en Europe ont déjà pris les devants,
11:50 comme la Suède, la Suisse, dans les pays de l'Est également, la Hongrie déjà plusieurs fois, etc.
11:54 Déjà un écart de cycle de politique monétaire, ce serait normal si on a un écart de cycle économique.
12:00 Donc là je partage l'idée que l'état de la conjoncture européenne, c'est pas la même qu'aux Etats-Unis,
12:05 et par conséquent ça appelle des baisses de taux d'intérêt.
12:07 Alors, deuxième point, c'est le taux d'intérêt en zone euro, il est très au-dessus du taux d'équilibre.
12:11 Et donc je suis assez d'accord avec le fait que les trois, quatre premières baisses de taux sont assez faciles à justifier,
12:15 et on n'a pas besoin d'être à 2% sur le taux d'inflation pour justifier ces premières baisses de taux.
12:19 Il suffit d'être convaincu, on a déjà une tendance des inflationnistes très marquée,
12:23 qui permet déjà de commencer à baisser les taux d'intérêt. Donc ça c'est un élément.
12:26 Le désaccord il serait probablement sur la Fed, je pense que la Fed a plus de moyens,
12:31 parce que le même raisonnement prévaut aux Etats-Unis, du côté de la réserve fédérale,
12:35 il y a plus de marge de manœuvre qu'on ne le croit pour la baisse des taux d'intérêt,
12:38 notamment si on, comme on le pense...
12:39 - La politique américaine est restrictive aujourd'hui.
12:41 - Mais oui, la politique... - Non mais je...
12:42 - Les premières baisses de taux... - Visiblement c'est encore un débat aujourd'hui.
12:44 - C'est juste à justifier les baisses de taux d'intérêt aux Etats-Unis.
12:46 C'est la même chose, c'est après, qu'est-ce qui se passe une fois qu'on a baissé de deux ou trois fois les taux d'intérêt ?
12:50 Mais le taux d'intérêt est très au-dessus du taux neutre, et de notre point de vue,
12:53 il y a quand même des signaux préannonceurs d'un ralentissement économique au deuxième semestre.
12:57 Alors, pas de récession, mais un ralentissement économique aux Etats-Unis
13:00 qui pourrait nourrir cette idée d'une baisse de taux d'intérêt avant, et pourquoi pas juillet.
13:04 - Ça reste ouvert en juillet pour beaucoup d'Américains.
13:07 - Ça reste ouvert en juillet, et de toute façon, de part et d'autre de l'Atlantique, je crois que le message,
13:11 c'est qu'il n'y a pas de chemin très déterminé au taux d'intérêt.
13:13 Donc c'est l'approche meeting par meeting qui prévalait bien avant qu'on aille
13:17 au phénomène de forward guidance, de politique de guidage des anticipations.
13:20 On n'est plus du tout dans un environnement où on a besoin de forward guidance.
13:23 On a besoin d'une banque centrale qui respecte son mandat et qui regarde comité par comité
13:27 si ce qu'elle fait, la façon dont elle appréhende la croissance et les prix
13:30 à un horizon prévisible, est en ligne avec sa politique monétaire actuelle et ce qu'elle veut faire.
13:35 Donc c'est normal de laisser la porte ouverte. Je comprends tout à fait l'attitude de Villeroy de Gallo.
13:40 C'est parfaitement naturel.
13:42 Alors un mot quand même sur les différents communiqués de politique monétaire.
13:46 Ils vont dans un sens et dans l'autre. Du côté de la zone euro, moi ce que j'observe,
13:49 c'est que quand on regarde de près ce qu'a dit récemment Philippe Leynes,
13:52 en fait Philippe Leynes laisse quand même très largement la porte ouverte à des baisses de taux d'intérêt.
13:56 Parce que ce qu'il dit, c'est que si on ne baisse pas les taux d'intérêt,
13:58 si on ne fait pas les premières baisses de taux d'intérêt,
14:00 alors on devrait peut-être se précipiter à les faire un peu plus tard,
14:03 en raison d'ailleurs du durcissement des conditions monétaires qui pourraient venir des États-Unis.
14:08 Donc il faut quand même commencer à baisser le taux d'intérêt.
14:11 On est très très au-dessus du taux d'intérêt.
14:13 Et comme il dit, deux-trois baisses de taux, c'est juste enlever une partie de la restriction monétaire.
14:17 Ce n'est pas du tout plonger dans une politique monétaire à commodance,
14:20 un assouplissement de la politique monétaire.
14:22 Et alors à cela, il y a quelque chose que personne ne regarde.
14:24 A mon sens, dans ce débat, tout le monde est focalisé évidemment sur croissance, inflation,
14:27 ce que la Banque Centrale vont faire.
14:29 Mais personne ne met vraiment en lien avec ce qui se passe du côté de la politique budgétaire.
14:32 - Si, bien sûr.
14:33 - Et du côté de la politique budgétaire, je veux dire, l'impulsion budgétaire, elle va plutôt être négative.
14:38 Alors c'est vrai qu'en Europe, on a tout ce qui est distribution des fonds au titre du NGEU,
14:42 qui peut venir compenser pour partie ce qui se passe sur le plan fiscal,
14:46 le fait qu'on retire les mesures de stimulation.
14:48 Mais au final, le pain blanc, j'ai envie de dire, qu'on a eu avec l'inflation
14:53 et la croissance forte du PIB nominal, elle est derrière nous.
14:56 Parce que l'inflation, notamment au cours des deux dernières années,
14:58 a contribué à faire baisser les ratios de dettes sur PIB.
15:01 Ça ne se voit pas en France, parce qu'on partait d'un niveau de déficit qui était très élevé.
15:04 Mais qu'est-ce que ça veut dire en creux ?
15:06 C'est que les gouvernements, dans les deux années qui viennent,
15:09 vont devoir probablement baisser la voilure en termes de dépenses publiques,
15:12 ou alors augmenter les impôts, en tout cas l'orientation budgétaire.
15:14 - Mais on atteint une limite en termes d'accommodation budgétaire.
15:18 - Bien sûr. Et donc, en définitive, les gouvernements vont sans doute être obligés,
15:24 de si de là en zone euro, de durcir un petit peu leur politique budgétaire.
15:29 - Et donc, c'est une incitation à la BCE pour y aller ?
15:31 - Oui, le policy mix, il faut regarder le policy mix et l'impact sur la demande.
15:34 Et donc, pour contrecarrer ça, il n'est pas du tout impossible que la BCE se dise
15:37 "Mais nos conditions monétaires sont beaucoup trop restrictives".
15:39 Si l'orientation de la politique budgétaire devient un peu restrictive,
15:42 alors on peut justifier de commencer à baisser un peu plus les taux que ce qui est anticipé.
15:46 Donc, il y a cet équilibre politique monétaire/politique budgétaire,
15:48 qui à mon avis, est un angle mort de la réflexion sur ce que les banques centrales doivent faire,
15:51 et qui va jouer un rôle fondamental à 18 mois.
15:54 - Juste, je pense qu'il y a quand même quelque chose à signaler là-dedans.
15:58 C'est-à-dire qu'on revient quand même au sujet de la divergence.
16:01 Parce que ce phénomène qu'on a en zone euro, avec des règles budgétaires qui sont plus restrictives,
16:06 maintenant il n'y a rien qui vient en termes budgétaires ici pour nous aider,
16:10 aux Etats-Unis, ce n'est pas tout à fait la même chose.
16:12 Donc du coup, il y a le débat si par rapport à 2019, les taux neutres d'équilibre en zone euro
16:16 ne sont pas exactement les mêmes qu'en 2019.
16:18 On serait d'accord avec ça, alors qu'aux Etats-Unis,
16:20 on a peut-être des taux neutres qui sont plus élevés qu'en 2019.
16:23 Ce qui signalerait quand même que même si les banques centrales
16:26 peuvent envisager les premières bases de taux, après il y aura une divergence.
16:29 - Entre le taux terminal, le taux d'arrivée de la Fed et le taux d'arrivée de la BCE,
16:33 c'est là où la divergence naturelle sera peut-être un peu plus grande
16:38 que ce qu'on imaginait précédemment, d'une certaine manière.
16:41 Bon, sachant qu'en plus, sur la politique fiscale budgétaire aux Etats-Unis,
16:45 il y a une petite échéance le 5 novembre qui peut aussi modifier peut-être la perception,
16:50 les dynamiques, etc., même si le déficit américain reste quand même
16:54 substantiellement élevé aujourd'hui.
16:56 Qu'est-ce que ça change, cette discussion, pour une gérante action comme vous, Léa ?
17:00 Notamment sur des actifs européens ?
17:02 - Bien sûr, il y a plusieurs choses.
17:04 Bon, évidemment, on partage une partie de ce qui a été dit sur les hausses de taux,
17:08 enfin les baisses de taux, pardon, je dis "hausses" parce qu'on est tellement habitués à ce terme.
17:12 Pour l'Europe, avec effectivement juin qui est assez acté, juillet un peu moins.
17:16 En revanche, on est beaucoup plus pessimistes sur la partie américaine.
17:19 Ça, c'est vraiment pour, j'allais dire, l'état des lieux.
17:22 En revanche, sur l'aspect budgétaire, et pourquoi en fait ce pessimisme en particulier
17:25 quand on regarde les marchés actions et les entreprises,
17:27 c'est en partie lié à l'inflation dont on pense qu'elle ne va pas être si contenue que ça,
17:33 et sur des domaines très spécifiques.
17:34 C'est lié en partie aux politiques budgétaires.
17:36 Alors c'est vrai que là, on l'entend partout, on l'entend notamment en Angleterre,
17:39 les politiques budgétaires vont être forcément plus contenues.
17:42 On ne pourra pas dépenser comme on a dépensé,
17:44 mais il y a quand même des thèmes sur lesquels on va devoir dépenser.
17:47 Donc en relatif, il y a des endroits où les prix n'ont pas fini peut-être de monter.
17:51 Et je pense à deux thèmes en particulier qui sont assez lourds en fait.
17:54 Quand on les regarde, il y a la transition énergétique qui est un peu mon dada,
17:56 mais il y a la défense aussi qui vient d'arriver aussi,
17:58 de manière assez claire dans les politiques, même européennes, de manière globale.
18:02 Et donc, on sait qu'on a des points d'inflation très précis
18:06 qui vont au niveau microéconomique continuer à appuyer sur les entreprises.
18:10 Quand je pense à la transition énergétique, je pense aussi au déficit de main d'œuvre
18:14 de manière globale dans beaucoup de secteurs qui continuent d'appuyer
18:17 sur l'inflation salariale de manière très forte.
18:19 Et donc, de ce point de vue-là, en Europe, on ne regarde pas justement
18:23 l'atterrissage de manière aussi claire sur l'année 2025,
18:26 de sorte à ce qu'on puisse laisser un petit peu de temps d'observation
18:30 à ces points d'inflation qui peuvent ressurgir de temps à autre.
18:34 On a toujours le nez dans le guidon, on a des chiffres qui tombent quasiment
18:36 tous les deux ou trois jours et qui font encore infléchir les marchés
18:39 dans un sens ou dans l'autre de manière assez erratique.
18:41 Donc, on voit bien quand même que le mood, si je puis dire ça,
18:43 le comportement des investisseurs, il est quand même relativement prudent.
18:47 Aux États-Unis, je pense que c'est encore pire. On avait déjà eu cette discussion.
18:50 Déjà, on est en période électorale, donc en général, des changements
18:53 de politique monétaire en période électorale, c'est assez rare.
18:56 Donc là, je pense que l'attentisme va être clair.
18:58 Et là aussi, finalement, il va y avoir une élection qui va rebalayer
19:02 un petit peu les cartes, notamment des politiques budgétaires aussi
19:05 et des angles qui vont être donnés dans certains secteurs,
19:07 à voir quels seront les impacts potentiellement.
19:10 Et effectivement, l'économie américaine se porte extrêmement bien.
19:13 Pas si sûr que finalement, la Fed ait besoin d'agir très très rapidement
19:16 sur ces taux dès le début de l'année prochaine.
19:18 - Mais votre point sur l'idée qu'il va y avoir quand même effectivement
19:21 des phénomènes et des segments de marché où la tension sur les prix,
19:25 la tension sur la main d'œuvre va rester encore importante,
19:28 ça veut dire, traduction en termes de compte de résultats
19:31 pour les entreprises de ces secteurs-là, ça veut dire que
19:34 les effets sur les marges, les pincements de marge sont peut-être forts
19:38 et à venir encore dans certains domaines.
19:40 - Absolument, et d'ailleurs, en témoigne un petit peu finalement
19:43 les grands chiffres macro sur l'inflation sont énormément alimentés
19:46 par l'énergie et tous ces éléments-là, les transports, la logistique,
19:49 ont bien atterri, c'est évident.
19:52 En revanche, quand on regarde le compte de résultats d'une entreprise,
19:55 c'est pas tant ces sujets qui posent problème,
19:57 aujourd'hui c'est effectivement les salaires,
20:00 vous disiez sur l'Allemagne en partie, mais finalement on l'a vu aux Etats-Unis,
20:03 on le voit à peu près partout, la raréfaction de certaines ressources
20:05 et on va continuer d'aller dans un monde où finalement
20:08 on aura une raréfaction de plus en plus forte d'un certain nombre de ressources
20:12 absolument indispensables à toutes les entreprises qui vivent une transition aujourd'hui.
20:16 Donc on sait que ces marges-là, elles ne vont pas être tenables dans la durée
20:20 et donc ça entraîne la profitabilité et là, si je devais aller plus loin,
20:23 on vient sur les niveaux de valorisation des marchés actuels.
20:26 - Sorti des résultats du Q1, moi ça m'intéresse de savoir,
20:29 parce qu'on a des petites révisions à la hausse quand même
20:32 sur le momentum bénéficiaire en Europe aujourd'hui par exemple.
20:35 - Contre toute attente, c'est une des premières fois...
20:38 - L'Europe redécolle ! - C'est assez rare, après des niveaux
20:41 de marché que l'on a aujourd'hui, un parcours qui est quand même
20:44 assez impressionnant depuis plus de 6 mois, de voir à nouveau
20:47 des révisions bénéficiaires à la hausse, habituellement c'est plutôt
20:50 l'effet inverse qu'on aurait connu. Ça, ça surprend et je pense que là,
20:53 il y a un consensus qui s'établit pour dire qu'on a un peu tout dans les prix.
20:56 On ne voit pas trop quel pourrait être l'élément
20:59 qui permette au marché de continuer
21:02 à moins, à moins d'une baisse des taux qui auraient été
21:05 significatives. Je pense que celle qu'on va avoir en Europe ne l'est pas
21:08 suffisamment pour faire infléchir les marchés, mais à part ça,
21:11 nous on est plutôt en tendance à la pause, en tout cas sur l'exposition action.
21:14 - Oui, je comprends. Oui, ce ne sera pas 50 points de base
21:17 de baisse de taux la semaine prochaine ? - Non, je pense que ça ne modifiera pas la donne.
21:20 - Effectivement. Qu'est-ce que ça change du point de vue des économistes, Evelyne ?
21:23 L'idée de quelques baisses de taux en Europe
21:26 sur le plan macro, sur le plan de la dynamique conjoncturelle,
21:29 au moment où on voit un petit lift-off quand même
21:32 de l'économie européenne, y compris de l'économie allemande,
21:35 ça met un peu d'huile dans les rouages ? Ça change le profil
21:38 conjoncturel de l'année, peut-être en zone euro ?
21:41 Ça peut dégripper des marchés clés lourds, comme l'immobilier,
21:44 par exemple ? - Oui, bon,
21:47 l'immobilier, on le voit déjà dans tout ce qui est
21:50 distribution de crédit, ça marche plutôt bien côté immobilier,
21:53 mais ça marche pas du tout bien côté entreprise,
21:56 dans le "credit impulse",
21:59 dans les nouveaux flux de crédit à l'économie, et ça, ça reste
22:02 assez inquiétant. Donc, du coup, oui, certes,
22:05 on a eu un premier trimestre de cette année qui était
22:08 plus favorable qu'on pensait. Il y a certains facteurs
22:11 qui sont probablement très transitoires. On avait un dernier
22:14 trimestre qui était beaucoup pire qu'attendu. Il y a peut-être
22:17 un petit phénomène quand même de la géopolitique
22:20 qui a perturbé les chaînes d'approvisionnement,
22:23 et donc, du coup, il y avait peut-être un petit rebond au premier trimestre
22:26 qui a artificiellement élevé la croissance.
22:29 - Élevé, oui. - Voilà le meilleur acquis.
22:32 Mais, pour le contexte de la politique monétaire
22:35 et de l'inflation, encore une fois, on a vu dans la période
22:38 avant la crise sanitaire qu'on peut avoir beaucoup de croissance
22:41 même, et pas d'inflation.
22:44 Enfin, pas d'inflation incible. - Donc, c'est pas
22:47 0,2% de croissance sur un trimestre qui change,
22:50 qui doit changer la politique monétaire devant nous pour la BCE ?
22:53 - Non, surtout parce qu'on s'attendait en Europe
22:56 quand même depuis 2-3 ans à ce qu'à un moment donné
22:59 ce choc énergétique va
23:02 arrêter peser tellement de lourd sur les taux d'inflation.
23:05 Donc, du coup, au moment que l'inflation baisse, les salaires
23:08 nominaux augmentent, on a plus de pouvoir d'achat, l'économie
23:11 ira un tout petit peu mieux. Mais il y a un certain
23:14 phénomène de retour naturel à la croissance
23:17 potentielle. Donc, du coup, en vie,
23:20 ce naturel, ça nous laisse quand même avec un écart
23:23 de production dans l'économie au total assez conséquent.
23:26 Et on voit ça, par exemple, dans les heures travaillées
23:29 par tête. - Ah oui, bien sûr. - On peut dire
23:32 que peut-être il y a un phénomène structurel qu'on a choisi
23:35 mais j'ai beaucoup de mal avec cette hypothèse-là, sachant qu'on a quand même
23:38 un choc de pouvoir d'achat substantiel. Pour la moyenne,
23:41 dans l'économie, c'est très lourd. Donc, du coup,
23:44 on a potentiellement un phénomène de "labour hoarding".
23:47 Et un des preuves pour laquelle nous,
23:50 on dirait quand même qu'on a une croissance qui va se normaliser
23:53 vers le normal, mais on pourra quand même avoir une procédure
23:56 de désinflation très prononcée, y compris sur les salaires.
23:59 C'est le phénomène qu'on voit, cette désinflation sur les salaires
24:02 à un moment où les salaires réels
24:05 restent bien en dessous de leur niveau
24:08 de 2021. Donc, pourquoi ? Pourquoi
24:11 on ralentit en croissance salariale si on n'a même pas encore
24:14 récupéré ce qu'on a avant ? - Le rattrapage
24:17 des salaires par rapport à l'inflation ne fait que commencer.
24:20 Il y a toute la partie... - Et pourtant, il ralentit
24:23 déjà. - Oui, et il ralentit déjà. - Et donc,
24:26 tout ça, ça veut dire qu'il y a un truc qui manque dans l'euro.
24:29 Il y a de la dynamique qui manque. On a un écart
24:32 négatif et ça fait une grande différence par rapport aux Etats-Unis.
24:35 - 2-3 baisses de taux, ça change quelque chose, là ?
24:38 - Ça nous approche un peu plus du taux neutre, mais ça nous laisse d'où
24:41 l'idée qu'en zone euro, on va
24:44 vers un "inflation undershoot", donc un taux
24:47 d'inflation qui retourne en dessous de 2%.
24:50 - Ça, c'est un risque pour 2025, mais ce n'est pas la première fois que vous le dites,
24:53 Evlyne. Ça fait un moment que vous le dites, ce risque d'"undershooting"
24:56 sur l'inflation en zone euro. Et dans les prévisions trimestrielles de la BCE,
24:59 il y a des "prints", "headline" ou "core" à 1,9
25:02 1,8 pour 2025.
25:05 Attention, parce qu'en dessous, on dévie quand même
25:08 à un certain stade de la cible. - Un premier élément,
25:11 pour les salaires réels, ça va être la productivité qui va compter.
25:14 La productivité, elle est en berne depuis déjà plusieurs années en zone euro.
25:17 Il y a un phénomène de "hoarding" probablement du côté de l'emploi
25:20 qui fait qu'on peut s'attendre légitimement à une petite
25:23 reprise de la mécanique de conservation de la main d'oeuvre
25:26 parce qu'il y a des difficultés de recrutement qui font qu'on a probablement eu des pertes
25:29 de productivité liées à ça dans la phase de croissance nulle.
25:32 Alors, ceci dit, ça voudrait dire aussi que dans la phase de recroissance positive, ça ne se générera pas
25:35 forcément de l'emploi, mais ça pourrait générer au contraire des gains de productivité
25:38 qui nourrirait la désinflation. - Ah, les désemplois sont quand même...
25:41 - Ça, c'est un premier élément. Mais si on avait ces gains de productivité, ça s'accompagnerait peut-être
25:44 à contrario de peut-être de nouvelles demandes
25:47 sur les salaires. Donc, je serais un peu plus prudent
25:50 sur cette pression des inflationnistes. Et puis, deuxième élément, du côté de la désinflation,
25:53 je crois qu'on ne sait pas ce que c'est que ce nouveau régime
25:56 d'inflation. Ce nouveau régime d'inflation, en termes de niveau, personne ne sait
25:59 à quel niveau. En revanche, ce que nous dit la transition énergétique,
26:02 les dépenses de défense, etc., c'est qu'on va avoir des chocs sectoriels,
26:05 qu'on va probablement avoir des régimes plus volatiles en termes d'inflation,
26:08 potentiellement même en termes de croissance, et des chocs de prix relatifs.
26:11 Qu'est-ce que ça donnera au final sur un indice agrégé des prix ?
26:14 Nul ne le sait. Mais des chocs de prix relatifs, potentiellement assez violents,
26:17 ça, c'est peut-être... Et ça, ça va venir brouiller les cartes
26:20 du côté des banques centrales et complexifier la donne et légitimer une approche
26:23 à posteriori, meeting par meeting. Mais je pense que le premier
26:26 effet, si on raisonne à 18 mois, ça va être quand même les gains de productivité.
26:29 Qu'est-ce qu'ils font ? Qu'est-ce qu'ils font sur les salaires ? Qu'est-ce qu'ils font sur l'inflation ?
26:32 Et deux, les banques centrales vont être prudentes quand elles vont baisser leurs taux d'intérêt
26:35 parce qu'elles ne savent pas de quoi est fait le régime
26:38 structurel, j'ai envie de dire, des années qui viennent, de transition énergétique,
26:41 de supplément de demande dans certains segments de...
26:44 - Qu'est-ce qui pourrait
26:47 accélérer le rythme des baisses de taux, par exemple, du côté
26:50 américain ? Est-ce qu'une dégradation marquée du
26:53 marché du travail, est-ce que des destructions d'emplois
26:56 mensuels qu'on n'a pas vu depuis, je ne sais pas, des années
26:59 maintenant, depuis l'époque Covid, est-ce que ça, ça peut
27:02 enclencher une fonction de réaction un peu différente du côté
27:05 d'une banque centrale ? - Nous, on continue de croire que 3 ou 4 baisses de taux cette année
27:08 de la réserve fédérale, c'est tout à fait possible. Donc déjà, tout simplement
27:11 si on a un scénario d'affaiblissement quand même de l'amende domestique à l'horizon
27:14 des 6, 9 prochains mois, on ne croit pas qu'on va rester sur ces niveaux
27:17 de croissance élevés. Bon, ça c'est une hypothèse, mais on est
27:20 très au-dessus du taux d'équilibre, même si le taux neutre a monté, on est très au-dessus
27:23 du taux d'équilibre. Et on ne peut pas dire grand-chose de la politique budgétaire, mais vu la dérive
27:26 budgétaire et vu le soutien de la politique budgétaire sur la période passée,
27:29 on aura probablement toutes choses égales par ailleurs, une politique budgétaire qui appellera
27:32 une accommodation monétaire, si on raisonne à l'horizon fin 2025.
27:35 Et donc, fondamentalement, nous, notre sentiment, c'est qu'il y a quand même
27:38 des marges de manœuvre, dès cette année, pour baisser les taux plus
27:41 substantiellement que ce qui est aujourd'hui anticipé dans les marchés.
27:44 Et en revanche, pour le cycle d'inflation future et où la Banque
27:47 centrale européenne mettra ses taux, la grande question,
27:50 et aujourd'hui on ne peut pas vraiment le dire, c'est quid des gains de productivité
27:53 dans ce nouveau cycle à l'horizon fin 2025 ?
27:56 - Il y a quand même un petit rattrapage conjoncturel qu'on peut imaginer, du point de vue là, en Europe.
27:59 La BCE a toujours surestimé dans ses projections les gains de productivité.
28:03 On verra la prochaine mise à jour en juin, mais il y a un moment quand même
28:06 où on va avoir un petit rattrapage, j'imagine. - Oui, oui, on devrait avoir un petit rattrapage
28:09 avec un point d'interrogation, parce qu'on est moins sûr sur la dynamique salariale.
28:12 On a des coûts salariaux unitaires qui ont atteint récemment quand même les plus hauts historiques
28:15 parce qu'on n'avait justement pas de productivité et des salaires nominaux très élevés.
28:18 C'est vrai qu'il y a des indications qui manquent indépendamment des salaires négociés
28:21 en sous-jacent qui a une tendance au ralentissement des salaires.
28:24 Si on avait un petit regain de productivité, je ne suis pas certain qu'on poursuivrait en désinflation salariale.
28:28 Mais ça, c'est un autre... - Oui, on verra le comportement, le rapport de force salaire
28:31 aux entreprises de ce point de vue là. Léa ?
28:34 - Je vais repondir sur les gains de productivité. C'est un point extrêmement intéressant
28:37 parce que je pense qu'il y a une composante qu'on oublie, c'est le choc technologique
28:40 sur lequel finalement la zone euro n'a jamais réussi à aller.
28:43 C'est-à-dire que les gains de productivité, on ne les a pas aujourd'hui parce qu'on n'a pas fait
28:46 le virage qu'ont fait notamment les Etats-Unis et sur lequel, là aussi,
28:49 on va être dans une logique de dépense. - Enfin, chaque GPT, ça date de 2022.
28:54 - Ah non, mais je ne parle pas de ça. - Ah oui, d'accord.
28:57 - La technologie était... Je ne parle pas de l'IA. - C'est la part des investissements dédiées
29:00 à la technologie, à l'IT, etc. - Un écart d'investissement colossal entre les deux.
29:04 - Exactement. D'où le point budgétaire à nouveau. C'est-à-dire qu'à un moment,
29:07 il va y avoir des dépenses obligatoires parce qu'aujourd'hui, la compétitivité,
29:10 elle passe aussi par la technologie et pas que l'intelligence artificielle
29:14 ou les toutes dernières, on va dire. Et ça date d'il y a plusieurs années.
29:17 Beaucoup d'études le montrent. C'est ça la grosse différence pour l'Europe.
29:20 - A propos de technologie, là, si on reparle un peu du marché, du marché action
29:23 notamment, dans une phase un peu latérale, comme disent les techniciens.
29:28 C'est vrai qu'il y a eu ce grand mouvement depuis novembre.
29:30 Ça se calme un petit peu. Il y a un peu plus d'hésitation sur des niveaux de marché
29:34 peut-être un peu topiche. Un point qui vous intéresse sur le marché américain,
29:37 c'est quand même le rebond de tout ce qui tourne autour du renouvelable, Léa.
29:42 - Oui. Alors ça, ce n'est pas une surprise. On savait qu'effectivement, la baisse des taux,
29:46 elle était atteinte de rigueur. On ne l'a pas. Donc ce n'est pas la raison, en tout cas,
29:49 de ce rebond qui date d'il y a trois mois à peu près aux États-Unis
29:52 mais qui s'est accéléré depuis un mois. Je donne quelques chiffres
29:55 parce que je pense que c'est important. Je pense qu'à part les technos,
29:58 justement, il y a peu de valeurs qui font des rebonds de ce type-là.
30:00 Je vais commencer par une société comme First Solar, qui est une société américaine
30:03 qui est spécialisée dans les panneaux solaires.
30:06 Plus 50% sur le dernier mois, plus 90% sur les trois derniers mois. C'est colossal.
30:13 Si on prend une société comme Nextera, qui est plutôt une société équivalente à un EDF,
30:17 c'est-à-dire un producteur d'énergie, une transmission d'énergie,
30:21 essentiellement à base renouvelable, on est sur du +50 et +30 sur le dernier mois.
30:26 Des boîtes qui avaient été détruites par la hausse des taux.
30:29 Totalement détruites par la hausse des taux. Si vous prenez un EDPR,
30:32 c'est le producteur d'énergie renouvelable au Portugal,
30:36 qui a une grosse partie de ses actifs aux États-Unis,
30:38 on est également sur une hausse très significative avec une accélération ce dernier mois.
30:43 En Europe, Voltaria, Solaria, les Pureplayers, ça fait à peine une dizaine de pourcents
30:47 sur le dernier mois. C'est en retard, paradoxalement,
30:49 alors que la fameuse baisse des taux arrive.
30:51 La question qui est sous-jacente, c'est pourquoi ce rebond ?
30:54 Je pense que d'abord, les investisseurs anglo-saxons sur le marché
30:57 ont ce réflexe du buffer de valo.
30:59 C'est la première chose. Il y a un moment où il y a des actifs.
31:01 C'est des sociétés qui sont rentables.
31:03 C'est des sociétés qui ont des bilans sains.
31:05 Donc les valorisations, ça ne compte pas jusqu'au moment où ça veut dire quelque chose ?
31:10 On arrive même à un niveau où la question de là, si on n'y va pas,
31:13 soit c'est complètement mort pour reprendre les termes,
31:15 soit c'est que quelque part, on a raté un tournant.
31:18 Je pense qu'il y a eu ce premier phénomène, ça, ça date d'il y a 2-3 mois.
31:21 Et puis surtout, l'intelligence artificielle et l'accélération de l'intelligence artificielle
31:25 a fait émerger des besoins en énergie qui sont colossaux.
31:29 Juste pour donner un ordre de grandeur, on a l'équivalent de la consommation d'un pays comme la Suède
31:34 qui est prévu pour à peu près 2026, à peu près 1000 TWh, c'est colossal.
31:38 Et donc, un serveur d'intelligence artificielle aujourd'hui, toujours en Suède,
31:42 parce que l'étude a été faite comme ça, c'est l'équivalent de la consommation annuelle de 16 foyers.
31:46 Donc, quand on sait la croissance qui est attendue sur ce domaine,
31:50 clairement, le sujet de l'énergie va en être un.
31:53 Comme ces personnes-là sont quand même assez au fait du sujet de la transition écologique
31:58 et qu'elles sont en fait ces sociétés en pleine construction de leur capacité,
32:01 et bien, c'est assez facile aujourd'hui de mettre des usines, de poser des panneaux solaires au-dessus.
32:07 - C'est Greenfield, quoi ! On part de rien, donc on peut tout faire !
32:09 - Exactement. Et donc, comme elles accélèrent cette croissance très rapidement,
32:12 elles vont devenir les premiers clients de nos sociétés d'énergie renouvelable.
32:18 Et ça, c'est presque inattendu.
32:20 Et donc, un peu à l'image d'Apple et des semi-conducteurs derrière,
32:24 dont on regarde les résultats d'Apple pour savoir si finalement, dans la chaîne de valeur en amont, ça va suivre,
32:29 vous avez ici un catalyste, intelligence artificielle, au sein des énergies renouvelables,
32:33 qui vient d'émerger sur le marché et qui crée ses rebonds très très rapides.
32:37 - Donc le solaire va être un baromètre, justement, des dépenses d'investissement
32:42 qui sont liées aux serveurs dédiés à la puissance de calcul et à l'intelligence artificielle.
32:46 - Absolument. Et alors, il y a un double effet, parce qu'il y a ce premier effet-là,
32:49 et ça a été clairement annoncé comme tel, et ce sera le solaire, ce ne sera pas l'éolien.
32:52 Donc ça, c'est une première chose.
32:53 Et le deuxième aspect, c'est que l'intelligence artificielle rentre, justement, dans les panneaux solaires,
32:58 d'une autre manière, c'est-à-dire pour faciliter l'installation des clients,
33:01 pour faire de la maintenance prédictive,
33:03 pour aider à tout un tas de sujets de suivi, en fait, des consommations, etc.
33:07 Et donc là aussi, il va faciliter et réduire les coûts, en fait, d'usage et d'installation des panneaux solaires.
33:12 Double effet qui se coule grâce à l'intelligence artificielle.
33:15 - Avec des panneaux solaires chinois ?
33:18 - Très probablement, en partie, avec des composants.
33:20 - D'accord, mais qui seront développés et exploités par des entreprises américaines, européennes ou autres.
33:24 - Mais très beaucoup un bateau lyra qui a été écrit, justement, dans le sens d'un protectionnisme,
33:29 en tout cas aux Etats-Unis, une grande partie des composants et de l'assemblage va se faire aux Etats-Unis.
33:35 Et il est clair que quand on décompose un panneau solaire, il y a quand même une partie de ces composants
33:38 qui ne sont pas sur le sol américain.
33:40 Mais soyons clairs là-dessus, ils ont une indépendance, y compris vis-à-vis des métaux,
33:44 qui est bien meilleure que l'Europe, sur certains métaux stratégiques.
33:48 - Bon, je ne sais pas, le côté politique macro, dans la politique macro, il y a aussi politique, Didier,
33:55 il y a l'échéance politique du 9 juin en Europe.
33:59 Est-ce qu'il y a des raisons d'imaginer que ces élections, et ce qui en découlera,
34:03 soit un market mover, soit en tout cas quelque chose de suivi par les marchés, par les investisseurs ?
34:09 Et puis celle encore un peu plus lointaine du 5 novembre côté américain, mais...
34:13 - Alors l'élection européenne est une élection fondamentale pour l'Europe.
34:16 - Ben, je vais bien comment parler.
34:17 - La prochaine commission européenne, on n'en suit pas avant le mois de novembre.
34:19 - Oui.
34:20 - Donc il n'y aura pas de décision, évidemment, par définition immédiate,
34:22 mais en amont, évidemment, sa structure peut faire craindre un peu d'inertie dans le processus de prise de décision.
34:29 Alors, ceci dit, moi, de façon un peu contrariante, je tiens à dire que certains partis d'obédience très différentes
34:35 peuvent avoir des intérêts communs, je pense notamment au financement de la défense.
34:38 On sait qu'il avait émergé cette idée d'émettre de la dette commune,
34:41 on sait que les conservateurs au Parlement européen sont très opposés à la dette commune,
34:44 c'est défendu par la France, par certains pays,
34:46 et en règle générale, en Europe, à l'échelle de l'Europe, les conservateurs sont très opposés.
34:50 Ceci dit, on peut très bien imaginer que des partis très différents se disent,
34:53 finalement, pourquoi pas financer un bien commun, qui est la sécurité et la défense par de la dette commune.
34:59 Alors, on n'y est pas, mais ce que je veux dire, c'est qu'il ne faudrait pas conclure immédiatement
35:03 de la très grande fragmentation probable du Parlement à l'issue de ces élections,
35:06 que tout est bloqué, je pense qu'il peut y avoir...
35:09 - Et c'est une nouvelle culture du compromis qui va devoir se trouver, d'une certaine manière.
35:14 - Alors voilà, ça, c'est le grand point d'interrogation, c'est dans quelle mesure on peut trouver des compromis politiques
35:17 dans ce type de configuration.
35:18 Mais par contre, ce qui est clair, c'est qu'on ne pourra pas en Europe tout financer par la dette publique à l'échelle nationale.
35:25 Donc c'est la thématique, évidemment, de l'union des marchés des capitaux,
35:27 donc il y a le rapport noyé, il y a des pistes qui sont très clairement investiguées
35:31 pour éventuellement faire renaître le marché de la titrisation,
35:34 pour aller capter l'épargne très abondante des ménages,
35:38 qui peut, si elle venait financer des projets d'investissement en Europe,
35:41 on serait beaucoup plus fort en termes de politique d'investissement,
35:44 on aurait des investissements beaucoup plus importants.
35:46 Et puis, il y a, tôt ou tard, moi, de mon point de vue,
35:49 cette thématique de la dette commune qui va ressurgir,
35:52 parce qu'avec le "nein, que j'en ai un chenillou", il n'y a plus vraiment d'émission de dette commune...
35:55 - Donc c'est pas le moment d'arrêter d'y croire ?
35:57 Parce que je commence à être suffisamment vieux pour avoir déjà entendu ce genre de projet,
36:02 le rapport des cinq précédents, etc.
36:03 Enfin, tout est écrit, stocké dans des armoires, on le...
36:06 Enfin, laisse-moi te dire, mais donc c'est...
36:08 Le moment politique qui permet ça, il est encore possible devant nous.
36:11 - Non mais on le sait, l'Europe, sur le plan institutionnel, c'est une torte.
36:14 Comme les tortues, il faut être patient, mais toutes les tortues avancent quand on les regarde.
36:17 Donc simplement, la torture européenne...
36:18 - Draghi nous disait "c'est un bourdon".
36:20 - Voilà, chacun ses images.
36:22 Mais les tortues avancent, et donc je pense que la torture européenne,
36:24 notamment sur les réformes, il y a des consensus qui sont en train de se construire,
36:28 sur le plan politique en Europe, sur l'idée d'approfondir très rapidement l'union des marchés et des capitaux.
36:33 Alors, il y a encore beaucoup de travail à faire,
36:35 mais je pense qu'il y a un consensus sur l'idée qu'il va falloir aller capter l'épargne où elle est.
36:40 Et il y a beaucoup d'épargnes en Europe,
36:42 et on n'arrivera pas à tout financer par les finances publiques nationales.
36:45 Et si les États arrivent à respecter leurs nouvelles règles budgétaires
36:49 qui sont plus adaptées aux situations des uns et des autres,
36:52 on ne peut pas exclure que dans les années qui viennent,
36:54 on revienne avec cette idée, justement pour construire la défense européenne,
36:57 d'émettre de la dette commune.
36:58 - Capter l'épargne, ça veut dire quoi ?
37:00 C'est-à-dire créer les conditions qui permettraient à des épargnants
37:03 de choisir des options allant dans le sens...
37:07 Parce que capter l'épargne, ça peut m'effrayer, quoi.
37:11 - La problématique, c'est l'épargne qui s'investit sur des titres de dette,
37:13 et notamment des chèques de dette à l'étranger.
37:15 - J'entends.
37:16 - Donc, question, est-ce qu'on peut avoir des titres de dette en interne
37:18 qui soient plus attractifs, et puis surtout financés par l'équité ?
37:23 - Ah bah, en fonds propres.
37:24 - Parce que fondamentalement, c'est en fonds propres.
37:25 Et on se fait financer en fonds propres par les étrangers, les européens.
37:28 Donc, on marche sur la tête.
37:29 Et les européens utilisent leur épargne très abondante
37:31 pour acheter des titres de dette à l'étranger,
37:32 et où ils sont moins bien rémunérés, au final,
37:34 qu'on rémunère les investisseurs étrangers pour financer les fonds propres en Europe.
37:37 On marche sur la tête.
37:38 On a beaucoup d'épargne en Europe, il y a des opportunités,
37:40 mais il faut absolument, et c'est ça la priorité des priorités,
37:43 développer l'union des marchés des capitaux.
37:45 On ne s'en sortira pas uniquement en regardant du côté de l'argent public.
37:49 L'argent public, il faudra le mobiliser, il est utile.
37:51 C'est pour ça que les règles budgétaires ont été revues
37:53 pour essayer de préserver les dépenses d'investissement,
37:57 mais quand on regarde l'ampleur des besoins,
37:59 il va falloir aller beaucoup plus loin.
38:00 Moi, ce que je dis, c'est qu'il faut trois jambes.
38:02 Il faut la jambe finance publique à l'échelle nationale,
38:05 il faut la jambe épargne privée, et je pense épargne privée,
38:09 pas seulement celle des ménages, il faut aussi que des grands investisseurs institutionnels
38:12 puissent investir dans des titres,
38:14 et troisième jambe, probablement, aller vers un financement européen
38:18 de certains types de biens communs.
38:20 Et là, on aurait une Europe beaucoup plus équilibrée.
38:22 Mais la route est longue, et la structure du Parlement européen,
38:26 dans un premier temps, va sans doute inquiéter,
38:28 parce que ça va être extraordinairement fragmenté.
38:30 - Bon, qu'est-ce qui vous intéresse dans ces idées européennes, Evelyne,
38:34 sur le plan de ce que ça peut apporter, évidemment, à l'économie européenne,
38:37 et est-ce que le moment politique, qui va s'étendre,
38:39 puisque, d'idée de rappel, la nouvelle commission,
38:41 ce sera dans plusieurs mois,
38:43 est-ce qu'il y a quand même les germes, le terrain possible,
38:47 ou le terreau possible, pour avancer sur des sujets structurels ?
38:51 Est-ce qu'il y a un moment devant nous de ce point de vue-là,
38:53 notamment autour de l'épargne ?
38:55 Moi, je veux bien savoir, cette épargne qu'on stocke en Allemagne, en France, etc.
38:59 Comment est-ce qu'on peut l'employer peut-être un peu mieux ?
39:02 - Espoir fait vivre, je pense.
39:04 - Mais ne fait pas une stratégie, c'est toujours ce qu'on m'a appris.
39:06 - Non, non, c'est pas une stratégie, ça ne peut pas être le scénario de base.
39:09 Du coup, c'est ça, on sait, en Europe, qu'on a une insuffisance de demande,
39:13 on sait qu'il nous faut un stimulus budgétaire,
39:17 mais pas budgétaire pour la consommation, mais vraiment pour l'investissement.
39:21 Si on veut attirer l'investissement privé,
39:24 si on veut attirer les entreprises,
39:26 il faut avoir l'infrastructure qui, chez nous, est largement publique,
39:30 donc il faut mettre de l'argent à table.
39:32 Là, on n'y est pas.
39:34 Les règles budgétaires, telles qu'elles ont été réécrites avant Noël,
39:37 sont à terme plus restrictives que ce qu'on avait...
39:40 - Que les précédentes ?
39:41 - Oui.
39:42 Ils nécessitent pour les pays avec un grand déficit large et une dette assez importante,
39:48 potentiellement un ajustement 3-4 fois plus important que les anciennes règles à terme.
39:54 Avec cet historique, j'ai beaucoup de mal à dire qu'on est en route vers quelque chose de mieux,
39:58 parce qu'il y a à peine 6 mois, on a décidé tout le contraire.
40:01 Il y a ce scénario d'espoir.
40:04 Comme d'habitude en Europe, on est peut-être la tortue,
40:08 mais la tortue qui, d'habitude, a besoin d'avoir le dos contre le mur pour avancer.
40:14 Donc il y a le mur qui se...
40:16 Et donc là, potentiellement, en Europe,
40:19 pour vraiment discuter plus en termes de défense commun, etc.,
40:22 il nous faut un choc externe.
40:24 Est-ce qu'on peut le voir ?
40:26 Oui.
40:28 Est-ce que c'est automatique qu'on aura la bonne solution après ?
40:31 Non.
40:32 En attendant, on sait qu'on a besoin de plus d'investissement,
40:35 on a besoin de plus de dépenses en défense,
40:38 mais pour l'instant, on ne l'a pas fait.
40:40 Donc du coup, j'ai beaucoup de mal à dire que, juste parce qu'il faut,
40:43 on va le faire.
40:44 Malheureusement, on sait ça...
40:46 - Je n'ai pas dit que c'était un scénario sans crainte.
40:48 - Non, non, bien sûr.
40:50 - On est beaucoup confondus.
40:51 Pour nous, c'est le scénario d'espoir.
40:53 J'aimerais bien avoir tort, ne pas avoir ça comme scénario de base.
40:58 - Bon, restons sur cette note d'espoir,
41:00 à défaut d'un scénario central.
41:01 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
41:04 Evelyne Hermann, Bank of America Global Research,
41:06 Léa Dulanch-Aitelet, DNCA Investments
41:08 et Didier Borowski, Amundi Institute.
41:11 [Musique]
41:21 - Le dernier quart d'heure de Smart,
41:22 bon, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
41:24 Le thème ce soir, c'est celui de la stratégie d'investissement
41:27 et de l'allocation d'actifs global qu'on peut imaginer
41:30 pour les prochains mois et les prochains trimestres,
41:32 comprenez, pour le deuxième semestre de cette année 2024.
41:36 Et c'est Alain Bocopzat qui est à mes côtés,
41:38 le responsable monde de la stratégie d'allocation d'actifs
41:40 de Société Générale CIB.
41:42 Alain, bonsoir. - Bonsoir, Clément.
41:44 - Merci d'être là. On essaye de prendre un peu de distance
41:46 avec vous sur le day-to-day des marchés.
41:49 C'est vrai que si je reprends la séquence des derniers mois,
41:51 on a eu quand même un puissant mouvement
41:53 de revalorisation des actifs risqués
41:55 à partir de fin octobre, début novembre,
41:58 qui a été un mouvement assez global en Europe,
42:01 aux États-Unis notamment, la Chine,
42:04 les actifs chinois se sont mis à suivre également ces derniers mois.
42:08 Une conversation toujours très animée
42:10 entre les marchés et les banques centrales
42:13 sur le tempo et le calendrier des baisses de taux à venir.
42:17 Tout ça nous amène à des marchés d'ailleurs
42:19 qui peut-être patinent un petit peu aujourd'hui,
42:21 en tout cas depuis quelques semaines.
42:23 Quels enseignements vous tirez de cette séquence pour la suite, Alain ?
42:26 Et comment est-ce que vous voyez se développer devant nous
42:30 pour les prochains mois le cycle sur le plan macro, monétaire,
42:34 et bien sûr ce que ça implique pour les investisseurs
42:37 et les allocations d'actifs en portefeuille ?
42:40 On a déjà une toile de fonds conjoncturel
42:45 où les États-Unis sont sortis de surchauffe qu'ils avaient l'an dernier,
42:50 mais avec des rythmes qui restent robustes.
42:54 Et ça va être compliqué pour la Banque centrale
42:57 de commencer trop tôt à baisser ses taux.
42:59 Ce n'est pas pour ça que la tonalité n'est pas à la baisse des taux,
43:03 peut-être au début de l'an prochain.
43:06 Pour les États-Unis, pour faire courte une histoire longue,
43:08 on est no landing, no cut, mais on est sortis de la surchauffe.
43:13 Et c'est très important parce que le biais de la politique monétaire,
43:17 il est plutôt à la baisse des taux, avec une question sur le timing d'occurrence,
43:21 qu'est-ce qu'il y aura baisse des taux ou hausse des taux.
43:24 Ce scénario alternatif extrême d'un prochain mouvement
43:28 qui serait une hausse de taux aux États-Unis,
43:31 vous l'écartez à ce stade ?
43:33 Ou en tout cas vous le minorez en termes de probabilité ?
43:35 Impossible n'est pas français ou américain,
43:38 mais en parallèle au maintien des taux d'intérêt banque centrale à des niveaux plutôt élevés,
43:44 la banque centrale américaine a réduit la quantité de son bilan,
43:49 qui se réduit, le quantitative tightening,
43:52 la réduction du bilan s'atténue, c'est officiel,
43:57 montrant par la même que la banque centrale est particulièrement vigilante
44:02 sur le risque systémique d'acteurs endettés
44:06 qui pourraient ne pas supporter des taux d'intérêt élevés trop longtemps,
44:09 même si on a besoin pour contrôler l'inflation au niveau macro-économique,
44:12 mais au niveau micro-économique, certains acteurs pourraient souffrir,
44:15 ça peut être dans l'immobilier, ça peut être des acteurs importants, cotés ou pas,
44:20 qui peuvent connaître des difficultés.
44:22 Donc là-dessus, la banque centrale est très claire
44:25 qu'elle a un biais vigilant sur le risque systémique pour ne pas que ça se produise,
44:30 et s'il ne bouge pas pour l'instant les taux d'intérêt,
44:33 avec un biais baissier sur les taux d'intérêt,
44:35 donc ça c'est pour les actifs obligataires, pour les actifs actions,
44:39 c'est un message qu'on écoute quand même,
44:41 quel est le biais à partir du plateau et plus long que prévu,
44:45 et elle est vigilante sur le fait qu'il ne faut pas retirer trop de liquidités
44:49 parce qu'on a besoin pour aider tous ces acteurs-là.
44:51 Donc le double message qu'on a, il est quand même assez clair.
44:54 En Europe, on a évité la récession,
44:58 c'est un combat entre les baissiers qui nous prédisent tout le temps
45:02 "demain c'est la catastrophe qui ne veut pas arriver",
45:05 on n'arrive pas à avoir deux trimestres consécutifs d'une croissance négative
45:08 sur les différents pays, y compris en Allemagne, y compris en France,
45:11 donc montrant bien qu'il y a de la résistance,
45:13 et aussi des indicateurs avancés qui montrent qu'à priori,
45:17 l'Europe va accélérer un petit peu son rythme à elle,
45:21 dans la deuxième partie de l'année,
45:23 et en parallèle, des régimes d'inflation qui se comportent mieux qu'aux Etats-Unis,
45:30 donc ils continuent à décélérer, alors que les Etats-Unis c'est plutôt étal,
45:35 ouvrant la porte pour la première fois de son histoire
45:38 à une BCE qui va bouger avant la fête.
45:40 C'est aussi, je pense, dans les messages politiques,
45:43 toute banque centrale est un animal politique,
45:46 un message à la veille de la présidentielle américaine,
45:49 en disant, s'il devait y avoir des écarts de politique économique post-élection,
45:53 ça peut arriver avec l'un ou l'autre des candidats,
45:56 la banque centrale américaine serait obligée de réagir,
45:59 et si l'Europe ne suit pas le même chemin, il faut de l'indépendance.
46:02 Donc il y a un élément de décorrélation,
46:06 où la BCE prend son indépendance,
46:09 ce qui est un message politique très important,
46:11 pour la première fois.
46:13 - Un 6 juin en plus !
46:15 - Un 6 juin, c'est pas le 8 !
46:17 Donc ça c'est une configuration...
46:21 - Mais c'est aussi pour la BCE, petite parenthèse,
46:24 un moyen de se couvrir contre un ou des risques
46:27 issus de l'élection américaine du 5 novembre.
46:29 - De prendre son indépendance,
46:31 c'est une grande fille ou un grand garçon qui a pris son indépendance.
46:34 - L'âge de la maturité.
46:35 - L'âge de la maturité, elle a été créée en 1999, ça fait 25 ans,
46:38 et il y a des possibilités, puisque la croissance
46:41 est là, mais pas très forte,
46:43 l'inflation, c'est une victoire politique aussi,
46:47 d'avoir jugulé un rythme d'inflation qui était très élevé,
46:49 c'est une bonne nouvelle pour nous tous,
46:51 et ça ouvre la porte à un petit peu de baisse des taux,
46:54 elle pourra pas aller trop loin si la Fed ne fait rien,
46:56 mais ça explique aussi le bien meilleur comportement
46:59 des obligations européennes,
47:01 que les obligations américaines,
47:03 il y a une croissance douce,
47:05 et un régime d'inflation qui est mieux contrôlé,
47:07 donc les obligations se comportent mieux,
47:09 c'est tout à fait normal.
47:10 Ça c'est un peu ce qui s'est passé,
47:12 dans un contexte,
47:14 et ça c'est peut-être le deuxième point,
47:16 je compare un peu les deux grands blocs,
47:18 le deuxième point c'est que,
47:20 s'il n'existe pas beaucoup de débats sur le fait que les Etats
47:24 doivent rester dépensiers,
47:26 parce qu'il y a de l'indépendance économique,
47:29 il y a de l'indépendance énergétique,
47:31 il y a aussi des dépenses militaires,
47:34 il y a tout un tas de blocs qui sont,
47:36 non pas incompressibles, mais qui peut-être doivent continuer à monter,
47:39 donc les Etats, c'est très compliqué en matière de dépenses publiques,
47:43 quelque soit d'ailleurs, de part et d'autre, Atlantique,
47:45 et on a une configuration dans laquelle les entreprises,
47:53 qui ont des marges qui se tiennent très très bien,
47:56 le tout dernier trimestre on avait des chiffres d'affaires qui ne montent plus,
47:59 pour la plupart des entreprises européennes,
48:02 mais des marges qui continuent,
48:04 donc les entreprises maintiennent un haut niveau de contrôle de leurs marges,
48:07 de leurs coûts donc, de leurs marges,
48:10 et ça se traduit par des profits qui restent élevés,
48:13 ça se traduit par des dividendes qui montent,
48:15 et quand il y a une rentabilité du capital élevé,
48:18 des rachats d'actions qui vont se redistribuer sur les secteurs qui en ont besoin.
48:22 Donc là, on a un phénomène d'extrêmement bonne gouvernance des entreprises,
48:28 qui quand elles sont rentables, ne font pas,
48:30 c'est pas n'importe quoi, mais elles ne sont pas dispendieuses
48:33 sur l'utilisation des ressources dont elles disposent.
48:35 - Elles sont très disciplinées. - Elles sont extrêmement disciplinées.
48:38 - Après des années de chocs multiples.
48:40 - Alors on a connu dans les décennies passées,
48:42 dans certains cas, dans des cycles où il y avait beaucoup de profits dans les entreprises,
48:46 une utilisation de cette richesse excédentaire,
48:49 qui parfois n'était pas très disciplinée,
48:51 ça s'est terminé dans une crise du marché du crédit.
48:54 Le marché du crédit est très sage aujourd'hui,
48:56 les spreads de crédit, le taux de financement des entreprises est sage,
49:00 qui est quelque part un indicateur avancé,
49:03 d'un régime de volatilité sur les marchés d'action qui reste faible,
49:07 qui était faible et qui reste faible, par la bonne gouvernance.
49:10 Là on fait de l'ESG, on fait du G de la gouvernance,
49:13 mais plutôt au niveau macro qu'au niveau micro.
49:16 - C'est un lien direct entre la gouvernance des entreprises
49:18 et le niveau de volatilité faible qu'on observe aujourd'hui.
49:21 - Évidemment, puisque une utilisation inconsidérée d'un bilan,
49:25 en faisant des acquisitions, bâme des entreprises en danger,
49:28 parfois ça se termine mal.
49:30 Si il y a de la discipline, c'est un terme que je reprends,
49:33 que je trouve très approprié,
49:35 le régime de volatilité reste faible.
49:37 C'est une des raisons, il y a beaucoup de débats sur c'est quoi ce VIX,
49:40 c'est quoi ce régime de volatilité sur les marchés d'action.
49:43 Une partie des sources historiques de volatilité des marchés d'action,
49:48 c'est l'endettement ou le sur-endettement de certaines entreprises
49:51 qui provoquent des crises régulières.
49:53 - J'entends l'argument.
49:55 Est-ce qu'on reste, pour les mois, si on se projette,
49:57 sur la deuxième partie d'année, Alain, vous avez décrit
50:00 ce qui s'est passé ces derniers mois,
50:02 vous avez même utilisé ce terme de Goldilocks pour les investisseurs.
50:06 Est-ce que c'est un schéma qui perdure ?
50:09 Avec la description que vous avez pu nous faire
50:12 de ce qui nous attend devant nous.
50:14 Ou est-ce qu'en termes d'investissement,
50:16 il y a des choses qui doivent bouger dans les allocations
50:19 par rapport à l'allocation qu'il fallait avoir ces derniers mois ?
50:23 - Il y a peut-être deux idées.
50:27 La première, c'est qu'après un tel rallye qu'on a connu
50:31 depuis septembre, octobre l'an dernier, avait été très compliqué.
50:35 Depuis novembre, on a un rallye qui est continu.
50:39 De temps en temps, il y a besoin de pause.
50:41 Il est probable qu'on soit dans une pause qui a déjà commencé,
50:44 juste pour souffler, pour faire un peu l'état des lieux.
50:46 Et puis, il y a beaucoup de choses anticipées.
50:48 Je vous disais, il paraît que la BCE va baisser le faitot le 6 juin.
50:51 - Je change de métier.
50:53 - On ne serait pas les seuls.
50:55 Les marchés sont rationnels, efficients.
50:59 Ils ont tendance à intégrer dans leur prix les éléments
51:03 qui sont connus, voire certains.
51:05 Il faut passer à l'étape d'après.
51:07 La baisse des taux ne sera pas énorme.
51:09 Il ne faut pas attendre des centaines de points de base.
51:11 On était à 4, on va baisser un peu,
51:13 mais on ne va pas aller très vite, trop fort.
51:15 On a besoin aussi de la fête pour se faire.
51:17 Il y a un premier phénomène qui est le phénomène de pause.
51:23 Une pause, ça ne veut pas dire qu'on va faire un retracement.
51:26 Ce n'est pas notre anticipation, nécessairement.
51:29 Deuxièmement, dans le cadre de cette pause,
51:32 il serait rationnel de réduire un peu les écarts
51:35 entre ceux qui ont pris beaucoup d'avance et les autres.
51:38 Ça, ça a déjà commencé.
51:40 En franglais, on appelle ça le broadening,
51:42 l'élargissement des comportements des différents actifs
51:45 à l'intérieur des marchés d'action.
51:47 Ce qui est en retard, ça va dépendre d'un marché.
51:49 Au Japon, ce n'est pas tout à fait pareil
51:51 que ce qui est en retard en Europe ou aux États-Unis.
51:53 Mais il y a un phénomène d'élargissement.
51:55 On n'a beaucoup parlé, voire que ça,
51:58 on n'a parlé que de concentration de la performance
52:02 avec un petit nombre de titres gigantesque
52:05 qui contribuait de façon majeure à la performance des indices.
52:09 Là, on a un élargissement.
52:11 Les retardataires ont leur chance.
52:13 Ils ont déjà commencé à rattraper.
52:15 Ça a déjà commencé.
52:16 Donc, exprimons les choses par leur nom.
52:18 Au niveau indiciel, quand les très gros animaux,
52:22 ceux qui représentent des gros poids,
52:24 dont les indices sont un peu plus lourds,
52:26 c'est compliqué de voir les indices bouger.
52:29 C'est pour ça qu'on peut imaginer cette pause.
52:31 Ce n'est pas pour ça qu'à l'intérieur
52:33 des constituants des marchés d'action,
52:35 il n'y a pas de réallocation.
52:37 C'est notre propos aujourd'hui.
52:39 - Très clair.
52:40 Et des retardataires, comment ça peut s'incarner ?
52:42 Est-ce que ça veut dire qu'il faut peut-être
52:44 aller chercher des tailles d'entreprises un peu différentes ?
52:47 Vous dites ces quelques valeurs gigantesques
52:50 qui ont tenu et qui ont contribué majoritairement
52:52 à la performance des marchés sur ces derniers mois encore.
52:55 Est-ce qu'on peut aller chercher des tailles d'entreprises différentes ?
52:58 En termes de secteur, en termes de marché géographique,
53:01 est-ce qu'il y a effectivement des actifs ou des pays
53:04 à privilégier aujourd'hui par rapport notamment
53:07 au marché américain qui a concentré une grande partie
53:09 de cette performance dans un indice MSCI monde aujourd'hui ?
53:14 - Dans la question, il y a déjà des éléments de réponse.
53:18 Puisque dans ce qui est temps retard,
53:21 on peut se dire que ça fait 10 ans que le marché américain
53:23 est en avance sur tous les autres.
53:25 Donc peut-être que le Japon a déjà très bien performé
53:28 depuis 18 mois.
53:30 Donc il y a un peu les émergents.
53:32 Ça comporte la Chine, ça peut être l'Europe.
53:34 Même les actions au Royaume-Uni ont très bien performé
53:37 sur la période récente.
53:39 A priori, l'élection qui se profile ne présente pas
53:43 de risque macroéconomique dans le nouveau pilotage
53:46 de l'économie de ce que nous en savons.
53:48 A priori, ce ne sera pas un choc majeur.
53:50 Ça l'a été parfois dans l'histoire du Royaume-Uni,
53:52 mais là, ça ne se profile pas comme cela.
53:54 Donc c'est parfaitement justifié sur un trapage qui est en cours.
53:57 Donc il y a un aspect géographique dans la réallocation.
54:00 Et il y a aussi un aspect sectoriel qui va dépendre des régions.
54:03 Parce qu'aux Etats-Unis, c'était surtout le Nasdaq
54:06 qui avait progressé avec quelques leaders par là.
54:08 Donc ça redistribue tous secteurs confondus.
54:11 En Europe, les cycliques avaient plutôt bien performé.
54:14 Donc là, c'est plutôt un peu plus les défensives.
54:17 Le secteur bancaire aussi qui est en train de rattraper,
54:20 c'est le deep value.
54:22 Et puis, dans les émergences, c'était la Chine
54:26 qui avait énormément souffert depuis l'entrée en pandémie,
54:29 voire un peu avant, et qui a commencé à rattraper.
54:32 Et ils donnent des signaux en pilotage macroéconomique
54:35 qu'ils ont des velléités de faire repartir cette économie
54:38 en injectant plus.
54:40 Donc c'est parfaitement justifié aussi.
54:42 Juste en un mot pour finir, parce qu'on a terminé.
54:44 Alain, est-ce que ça veut dire qu'il faut lâcher un peu le dollar ?
54:47 À un certain stade en tout cas ?
54:50 Il ne faut pas y aller trop tôt.
54:52 Il ne faut pas lâcher le dollar trop tôt.
54:54 On a besoin de la Fed.
54:56 Est-ce que tant que la Fed dit
54:58 "je tiens mes taux un petit peu plus longtemps que prévu",
55:01 il n'y a pas de raison que le dollar lâche.
55:03 Je pense que la direction du dollar, c'est compliqué.
55:05 Ça sera difficilement haussier.
55:07 Donc le sens de l'histoire, c'est effectivement
55:09 de faire attention au dollar américain et sa valeur.
55:12 Le timing n'est pas évident.
55:14 Pour l'instant, on met moins l'accent sur le dollar
55:16 que sur d'autres actifs dans les réallocations.
55:18 Merci beaucoup Alain.
55:20 Merci pour être venu apporter votre analyse
55:23 sur la situation des marchés
55:25 et ce qu'on peut envisager en matière d'investissement
55:27 et d'allocation d'actifs pour les prochains mois.
55:29 Alain Bocopza, responsable de la stratégie d'allocation d'actifs
55:32 de Société Générale CIB, était l'invité
55:34 de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir sur Bsmart.
55:37 [Musique]