• il y a 6 mois
Christian Sigel est le président de l'Association Histoire & Patrimoine de Saint-Etienne.

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00:00 Restons connectés.
00:02 Il est 7h45, très bon début de journée.
00:05 On vous écoute ce matin sur le bombardement de Saint-Etienne en 1944.
00:09 Quel souvenir en avez-vous ?
00:10 De quelle mémoire avez-vous hérité de vos parents, grands-parents ?
00:14 Appelez-nous maintenant au 04 77 10 00 10.
00:18 Témoignage de Silvio sur le réseau social X qui dit
00:21 « Ma grand-mère qui rentrait de son usine de Saint-Etienne
00:23 pour aller chez elle à pied me disait que c'était horrible.
00:25 Il y avait des boyaux qui pendaient des arbres.
00:28 Bonjour Christian Sigel, président de l'association Histoire et Patrimoine de Saint-Etienne.
00:33 Avec vous, on va se replonger dans ce 26 mai 1944
00:36 qui est commémoré aujourd'hui à de nombreuses reprises à Saint-Etienne.
00:39 80 ans du bombardement.
00:41 Vu d'aujourd'hui, on ne comprend pas, Christian Sigel,
00:43 pourquoi les alliés qui tentaient donc de défendre la France
00:46 ont bombardé Chambéry, Lyon et Saint-Etienne.
00:49 Pouvez-vous nous expliquer ?
00:50 Évidemment, parce que là, les alliés préparent le débarquement en Normandie.
00:56 Et conséquence, on veut bombarder toutes les lignes de chemin de fer
01:00 qui amèneraient, qui seraient susceptibles d'amener les troupes allemandes sur le front de Normand.
01:05 Donc là, c'est une attaque qui a été préparée.
01:09 Et donc les bombardiers qui sont venus bombarder Saint-Etienne sont partis d'Italie.
01:14 Est-ce qu'on sait si à l'époque, il y a des réflexions, des doutes
01:17 sur le fait qu'il va forcément y avoir des dommages collatéraux ?
01:21 Là, je pense qu'en guerre, on ne pense pas aux dommages latéraux.
01:24 Bon, on n'a pas parlé, par exemple, pour la deuxième guerre mondiale.
01:28 Maintenant, des nouvelles commencent à sortir sur le front normand.
01:35 Plus de 80 000 morts français lors du débarquement.
01:38 Donc on n'en parlait absolument pas.
01:40 Et les dommages collatéraux, bon, ça n'intéresse pas tellement tant de guerres, je pense.
01:44 Et ce bilan, justement, le bilan humain est extrêmement lourd pour la ville de Saint-Etienne.
01:48 925 morts, 1 400 blessés.
01:52 On visait des infrastructures, mais pourquoi autant de victimes humaines ?
01:56 Alors, essentiellement, donc, premier point, les Américains bombardent de jour
02:01 et ils bombardent très très haut pour éviter la DCA, la défense contre avion,
02:06 même si les Saint-Etienne ne possèdent pas de DCA.
02:10 Les troupes allemandes n'en possèdent pas,
02:12 mais les Stéphanois aussi ne sont pas...
02:16 Il y a énormément d'alertes et les Stéphanois ne les écoutent pas.
02:20 Alors que les troupes allemandes qui sont à Saint-Etienne,
02:23 elles sont relativement peu nombreuses,
02:25 et bien, dès qu'il y a eu l'alerte, ils ont été dans les abris,
02:28 ce que n'a pas fait la population stéphanoise.
02:30 - Dans quel état la ville sort-elle de cette matinée du 26 mai 1944 ?
02:35 - Elle est dramatique, et en plus, comme Saint-Etienne, c'est une ville qui a énormément de taudis,
02:41 et qui va accroître le problème du logement à Saint-Etienne.
02:46 Il faudra attendre la création du quartier de Beaulieu en 1955
02:53 pour permettre de...
02:58 - De relancer un peu l'habitat, le logement, voilà.
03:01 - D'arrêter ce problème.
03:02 - Est-ce que c'est ce bombardement, ces dégâts,
03:05 qui incitent le maréchal Pétain à venir quelques jours plus tard à Saint-Etienne
03:08 pour consoler la population ?
03:10 - Tout à fait. Donc le maréchal Pétain vient le 6 juin,
03:14 donc le 6 juin 1944, pour présider les cérémonies de deuil de Saint-Etienne,
03:22 et c'est ce jour-là qu'au balcon de l'hôtel de ville,
03:28 que le maréchal Pétain, chef de l'état français, apprend le débarquement.
03:33 Donc il part très très vite, il retourne très très vite à Vichy.
03:37 - Aujourd'hui, quelle est la place de cet événement dans le souvenir des Stéphanois ?
03:43 Quand on en parle autour de nous, les gens en savent très peu finalement.
03:48 - Les gens en savent très peu, donc d'abord ça a fortement marqué la population,
03:52 même des gens, moi j'ai des membres de ma famille qui ont été traumatisés
03:56 et qui en parlaient encore avant qu'ils meurent,
03:58 puisque maintenant les gens qui ont participé,
04:02 qui ont connu ce bombardement, sont excessivement peu nombreux.
04:06 Et puis aussi, donc on en parle parce que c'est le 80e anniversaire,
04:10 80e anniversaire du débarquement,
04:13 donc 80e anniversaire du début de la libération du pays.
04:17 - Mais toujours cette difficulté à toucher les plus jeunes générations, ça paraît tellement loin.
04:22 - Ça paraît loin tout en étant, parce que donc on oublie énormément de choses,
04:26 bon par exemple, là notre revue "Histoire et patrimoine"
04:30 va faire un numéro sur les prisonniers de guerre allemands en 1940,
04:35 enfin sous la, je veux dire, au 20e siècle.
04:39 Et les Stéphanois, pratiquement tous, ne savent pas qu'il y avait un énorme camp de prisonniers,
04:44 le camp 148, le camp du Chambonnet, où il y avait 6500 prisonniers allemands.
04:50 Et les gens l'ont complètement oublié, ou très très peu.
04:52 - Aujourd'hui ce sont des souvenirs d'enfants,
04:55 pendant la guerre, plus vraiment d'adultes naturellement,
04:58 qui sont là pour témoigner.
05:00 Malgré tout ces témoignages, ils ont de la force,
05:03 ils doivent être écoutés à hauteur d'enfants.
05:05 - Oui, ils ont de la force, effectivement,
05:07 et puis aussi, par exemple, les enfants sont particulièrement touchés à Saint-Etienne,
05:12 puisqu'à l'école de Tardy, une bombe tombe sur l'abri,
05:16 et plusieurs dizaines d'enfants et leurs instituteurs
05:20 sont tués lorsqu'une bombe arrive sur leur abri.
05:24 - L'école de Tardy qui sera le théâtre de la première commémoration ce matin à Saint-Etienne,
05:29 il y en aura 7 au long de la journée.
05:31 On revoit aussi sur notre site internet, nos réseaux sociaux,
05:34 avec le témoignage d'Eugène, qui est l'un des survivants de l'école de Tardy,
05:38 qui avait 13 ans à l'époque, qui nous dit qu'il ne sait pas pourquoi lui a survécu,
05:42 tout simplement alors que tous ses petits camarades de classe quasiment sont décédés.
05:46 Je voulais juste, pour terminer, donner un petit mot, Christian, si j'aime,
05:49 mais vous l'avez dit sur votre revue que je montre ici à l'écran sur France 3,
05:54 c'est une revue trimestrielle, vous travaillez au partage de cette mémoire.
05:58 - Une revue trimestrielle, et là, donc, on a sorti la dernière revue,
06:01 c'est sur les femmes saint-étienne du XXe siècle,
06:05 et en particulier la première avocate, Simone Le Vaillant,
06:10 qui a été arrêtée lors de la première rafle à Saint-Etienne le 14 mars 1943,
06:18 et qui a été gazée à Sobibor, au fin fond de la Pologne, 15 jours après.
06:23 Donc là, c'est assez tragique.
06:25 Dora Rivière, une très grande résistance,
06:27 et aussi, donc, parlons d'une collaboratrice et une journaliste,
06:31 qui s'appelait Anne Mondiart, qui, elle, était franchement pour les nazis et pour les allemands.
06:37 - Ces revues, on les trouve à quel endroit ?
06:39 - Alors, les revues, on les trouve aussi chez des points de vente,
06:42 en particulier à la librairie de Paris,
06:44 mais aussi au sien de notre association, au 13 rue Gambetta.
06:50 - L'association Histoire et Patrimoine de Saint-Etienne,
06:53 dont vous êtes le président, Christian, si j'aime.
06:55 Merci d'avoir partagé avec nous vos connaissances sur ce sujet. Merci beaucoup.
06:58 - Merci à vous. - Bonne journée à vous, 7h52.

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