En 2023, l'AS Saint-Étienne célèbre ses 90 ans. L'occasion de revenir sur les moments forts du club. Notamment, des matchs inoubliables comme cette double confrontation contre le Dynamo Kiev en mars 1976, en Coupe d'Europe.
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00:00 France Bleu Saint-Etienne - Loire. 100% synthé, Olivier Rocher.
00:05 Bonsoir et bienvenue dans 100% synthé, 90 ans de la Sainte-Etienne, nouveau numéro, le deuxième.
00:11 Vous pouvez d'ailleurs écouter le premier avec Brandao en invité spécial en allant sur francebleu.fr
00:16 et l'application ici, ICI. On se souvenait des 10 ans de la Coupe de la Ligue remportée par la SS en 2013.
00:23 Et ce soir, autre époque, autre épopée, mais là c'est l'épopée, la saison 1975-1976.
00:30 Quand elle démarre, on ne sait pas que ce sera peut-être la saison la plus légendaire du club
00:34 et qu'elle entrera non seulement dans l'histoire de la Sainte-Etienne, mais bel et bien aussi dans l'histoire du foot français.
00:40 En septembre 1975, il y a le 16e de finale, double confrontation contre Copenhague, deux victoires,
00:46 idem en 8e face aux Glasgow Rangers.
00:48 Et en mars 1976, au tour des quart de finale, et là c'est le grand morceau, c'est le ballon d'or en titre en face.
00:55 Bref, du lourd, c'est sur ce match qu'on va s'arrêter ce soir.
00:59 On va le mettre à l'honneur avec Philippe Gastal, historien et conservateur du Musée des Verts.
01:04 Bonsoir Philippe. - Bonsoir.
01:05 - Et puis un des acteurs principaux de cette légende des Verts, Osvaldo Piazza. Bonsoir.
01:11 - Bonsoir. - Merci d'être avec nous tous les deux.
01:14 On va donc parler de ce déplacement à Simferopol, mais avant d'y aller, il faut partir. Écoutez.
01:20 C'est à 9h30 ce matin que les Stéphanois ont décollé de l'aéroport de Lyon-Satolla.
01:24 L'entraîneur Robert Herbin a emmené avec lui 17 joueurs, ainsi que le cuisinier du stade Geoffroy Guichard.
01:29 Plusieurs membres du comité directeur ont effectué également le voyage, ainsi qu'un millier de supporters.
01:34 C'est le plus long déplacement des Stéphanois en Coupe d'Europe,
01:37 mais cela ne les empêchera pas d'effectuer dès leur arrivée une séance d'entraînement, comme le confirme le capitaine Jean-Michel Larquet.
01:43 Là, on va se retrouver dans quelques heures à Simferopol.
01:48 Juste le temps de s'installer, de prendre du repos.
01:51 Et puis peut-être que dès ce soir, on ira jusqu'au stade faire un petit décrassage.
01:56 Je pense que nous commençons à être habitués à ce genre de voyage,
02:00 que les responsables de la SS font tout pour que tout se passe le mieux possible.
02:05 À cette occasion-là, je pense que le voyage de Simferopol ressemblera aux autres.
02:10 Un voyage qui ressemblera aux autres, mais c'est quand même peut-être le plus long.
02:13 Qu'est-ce que vous ayez fait, Osvaldo, en Coupe d'Europe ?
02:16 On a fait un voyage parce qu'en définitive, on devait jouer à Kiev.
02:22 Kiev s'était transporté à Simferopol parce qu'il y avait beaucoup de neige.
02:28 Mais à Simferopol aussi, après trois heures de bus, c'est vrai, comme le dit Jean-Michel,
02:34 qu'on a été bien préparés pour ça.
02:40 Et surtout parce qu'on a visité un pays où les choses n'étaient pas très faciles.
02:49 Et en face, on avait trouvé, sinon, la meilleure équipe de l'Europe en ce moment.
02:58 Et comme vous l'avez dit tout à l'heure, il y avait les Valendor.
03:03 Et donc on s'est préparés le mieux et voilà, il y en a eu des avantages.
03:09 Des avantages, pourquoi ? Parce que la seule chose qu'on savait,
03:15 c'est que cette équipe, pendant tout l'hiver, n'a pas de championnat.
03:22 Et donc il avait fait des tournées en Amérique du Sud,
03:29 il a joué en Argentine, il a joué au Brésil, il a joué en Nouvelle-Ouest.
03:34 Donc ils sont retournés et quand ils sont retournés,
03:38 ils ont joué un seul match de championnat et après ils se sont rencontrés avec nous.
03:45 Et heureusement, parce que là on a pu jouer,
03:50 disons, contenir cette équipe, ce n'était pas facile, on avait bien préparé,
03:54 mais on savait aussi qu'ils ne pouvaient pas être dans les meilleures conditions physiques.
03:59 Qu'ils allaient payer cette tournée, qu'ils ont fait à peu près entre 10 et 16 matchs.
04:06 Et donc surtout, ils n'avaient pas joué dans les conditions qu'ils avaient en ce moment-là à Saint-Féropolt.
04:13 - Donc eux, ils avaient une préparation un peu, peut-être un peu bancale,
04:16 en tout cas pas optimale pour préparer ce match.
04:19 Et vous, vous avez un long voyage, un long déplacement dans un pays où il fait froid à ce moment-là de l'année.
04:26 Ça a été aussi un contexte un peu particulier.
04:29 Ce n'est pas évident à organiser, peut-être à l'époque en plus, peut-être plus facilement maintenant,
04:34 je ne sais pas Philippe, d'organiser de si longs déplacements pour aller jouer un match de foot.
04:39 - Comme le disait Osvaldo à l'instant, l'ASC était devenu déjà un grand d'Europe.
04:46 Donc tout avait été prévu. Je reprenais un peu le déroulé.
04:51 J'ai vu qu'on parlait du cuisinier, mais il y avait M. et Mme Mur qui tenaient avant un restaurant sur Saint-Étienne
04:57 qui avait organisé tout ce qui était justement au niveau nourriture, pour ne pas avoir de surprise là-bas.
05:04 Tout avait été organisé pour que tout se passe du mieux possible.
05:11 Après, on en a parlé, il y a eu la neige. La neige, autant elle était prévue à Kiev, elle n'était pas prévue à Simferopol.
05:21 Et donc la veille du match, l'ASC s'est entraîné sur le terrain de Simferopol.
05:27 Robert Arbin avait prévu un entraînement l'après-midi, mais il avait commencé déjà à beaucoup neiger.
05:33 Je ne sais pas si tu te rappelles Osvaldo, mais en fait vous vous êtes entraîné dans un gymnase,
05:37 et en fait vous avez joué un peu au basket, et même le président Rocher, on a une photo du président Rocher en train de jouer au basket.
05:45 Donc, après les conditions climatiques, météorologiques, malheureusement n'étaient pas au maximum.
05:53 Alors autant pour l'ASC Saint-Étienne qui n'était pas habitué à ce style de climat avec un terrain enneigé,
06:03 parce qu'il faut se rappeler que quand le match devait commencer à 17h, il a commencé avec un léger retard,
06:11 parce qu'il a fallu dégager la neige avec des turbines de réacteurs d'avion.
06:17 Donc, en Crimée, qui était censée être un climat très clément pour la Russie, ne l'était pas, ni pour l'ASC Saint-Étienne, ni pour Kiev.
06:27 - Vous vous souvenez de ces conditions de match, Osvaldo ? Ce froid, un terrain peut-être un peu dur ?
06:32 - Oui, et surtout, c'est la condition qui vient de raconter Philippe, c'est-à-dire qu'ils ont mis deux turbines et ils l'ont envoyé chez les gens.
06:42 Directement chez les gens, et la neige, il a volé, il a volé dans la tribune, il était plein à craquer le stade,
06:50 et les conditions, c'était pas normal, disons, parce que bon, après, on a trouvé plus de difficultés,
07:03 parce que face à cette équipe, face à les conditions, par exemple, il y a eu un Argentin, un compatriote,
07:13 il voulait s'approcher à l'hôtel, et il arrive quand même à... on arrive à se voir, il a parlé à 5 mètres de distance.
07:25 Et donc, il s'approchait, et tout de suite, il m'a bloqué.
07:31 Non, le soldat, il m'a bloqué, et à lui, il a eu quelqu'un, il l'a poussé.
07:37 D'accord ? Et il m'a dit "Je suis Argentin, je suis Argentin, Osvaldo, je suis content que vous soyez là".
07:46 Alors j'ai dit "Oh, t'es là pourquoi ?" "Parce que non, parce que maman et papa, ils sont venus ici, et bon, il y a du travail, voilà".
07:57 Mais ça m'a choqué la façon dont on a été arrêté, parce qu'on avait des soldats avec des métraillettes dans l'étage où on était,
08:11 parce qu'on n'avait pas tout l'hôtel, il y avait deux étages pour nous, et là on ne pouvait pas bouger.
08:17 Donc c'était vraiment difficile parce qu'on ne comprenait pas, au départ, donc il y avait des traducteurs, oui,
08:25 mais la difficulté c'était d'arriver le mieux possible à démarrer ce match.
08:33 Et nous on était convaincus qu'on ne devait pas prendre les deux buts,
08:39 parce que déjà on avait eu l'expérience avec les splits, qu'on avait pris quatre,
08:47 et en Coupe d'Europe, on ne peut pas prendre quatre buts, sinon on est éliminés directement.
08:55 Et donc ce que je me rappelle c'est qu'on a eu des difficultés énormes à contenir cette équipe,
09:00 énormes à le contenir, lui je dis, sinon aussi à se bloquer bien derrière et ne pas commettre de fautes,
09:13 il était très attentif, et c'est comme ça qu'on est arrivé à le tenir.
09:17 Il aurait pu être plus lourd la défaite, mais voilà, on a tenu, et eux, ils sont payés,
09:29 cette manque d'entraînement, cette manque d'être dans son pays,
09:35 qui nous a aidés à sortir avec un 2-0 très honorable.
09:40 - Et bien justement, on va parler de cette rencontre maintenant et de ce scénario.
09:44 - 18h19, 100% synthé, sur France Bleu Saint-Etienne Voir.
09:50 - Et vous rencontriez à cette époque-là l'une des meilleures équipes d'Europe,
09:53 peut-être l'un des favoris de ce championnat d'Europe à l'époque,
09:57 le Dynamo Kiev, voici comment il était présenté.
09:59 - Dynamo de Kiev a en effet remporté la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe,
10:02 et surtout battu deux fois le Bayern de Munich, champion d'Europe.
10:06 Contre Kiev, les stéphanois, spectateurs très intéressés de cette rencontre,
10:09 ne pourront pas se permettre beaucoup de fantaisie, comme le reconnaît Osvaldo Piazza,
10:13 le défenseur de Saint-Etienne.
10:15 - Est-ce que vous pensez que contre Kiev, vous pourrez monter à l'attaque,
10:18 comme vous le faites souvent en championnat de France ?
10:20 - Je crois que non, parce que le plus dangereux de cette équipe,
10:25 ça devient quand ils sont en arrière,
10:28 alors ça, ça devient une contre-attaque, et ça peut être plus dangereux que d'habitude.
10:33 Alors il va falloir rester très attentif derrière,
10:37 si ça présente l'opportunité pour monter, je vais monter.
10:39 - Et puis dans l'équipe de Kiev, il y a un très grand joueur, Oleg Blokin,
10:43 sacré meilleur joueur européen la saison dernière,
10:45 Blokin a été observé très attentivement par Gérard Janvion.
10:48 - Osvaldo Piazza en 76 et Osvaldo Piazza en 2023,
10:52 qui est l'invité de France Bleue Saint-Etienne Noire.
10:54 Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts,
10:56 à l'époque, l'Odine Mo de Kiev, c'est toujours une grande équipe européenne,
10:59 mais à l'époque, c'était l'une des meilleures, voire la meilleure en tout cas à ce moment-là.
11:04 - C'était l'équipe du RSS, c'était l'équipe, comme vient de le préciser l'enregistrement,
11:12 qui venait de remporter la super coupe d'Europe face au Bayern de Munich.
11:15 Donc c'était pratiquement la meilleure équipe du monde.
11:18 Avec le Ballon d'Or, vous l'avez précisé,
11:21 donc c'est la meilleure équipe du monde que l'ASS a affronté
11:24 dans cette double confrontation en mars 76.
11:26 - Comment vous avez préparé ce match contre cette équipe-là,
11:29 justement une des meilleures équipes du monde,
11:31 avec le Ballon d'Or à l'intérieur ?
11:33 Comment on prépare un match comme ça, Osvaldo Piazza ?
11:36 - Nous, on était une équipe qui n'avait pas de luxe.
11:41 C'était des joueurs qui jouaient avec le cœur, avec ses moyens,
11:47 les moyens qu'ils nous ont conquis notre coach,
11:50 être agressif, être attentif et surtout être généreux dans l'effort
11:58 et donner le plus pour récupérer le meilleur résultat.
12:05 Et donc on est rentré avec cette condition,
12:09 en sachant que c'était une très grande équipe,
12:12 en sachant qu'il ne fallait pas donner une minute d'inattention,
12:18 sinon c'est tout le contraire, on a été plus vigilant
12:22 que dans n'importe quel match qu'on a joué en Coupe d'Europe.
12:28 Et donc je crois qu'ils l'ont mérité et on a été bénéficier,
12:33 je le répète, on a été bénéficier que cette équipe
12:36 n'était pas préparée au top,
12:39 ils n'étaient pas préparés encore,
12:42 ils souffraient un peu la tournée très longue qu'ils ont fait en Amérique du Sud.
12:49 - Pourtant ils vous dominent sur ce match.
12:51 J'ai pu lire que Domic Rocheteau, après le match,
12:55 disait qu'ils nous ont littéralement marché dessus.
12:58 Vous avez eu ce sentiment de vraiment être très très très dominé ?
13:03 - Non, c'était supérieur, mais 100% supérieur,
13:07 c'est pour ça qu'on a prévu tout ça,
13:11 notre coach nous a préparé, attention,
13:14 on ne va pas prendre des risques,
13:16 on attend ce qu'ils vont faire,
13:18 on savait qu'ils pouvaient,
13:21 et il nous a dit,
13:22 on a parlé un peu de ces déroulements qu'ils ont fait
13:28 et qui n'étaient pas au top,
13:29 parce qu'ils ont été filmés.
13:32 Les matchs qui ont été joués avant nous,
13:34 ils ont été filmés,
13:35 et on a trouvé quand même qu'ils ont eu du mal à finir le match.
13:40 C'est-à-dire que le rythme n'était pas le même,
13:43 du départ à la fin.
13:45 Et on a vu qu'à la fin c'est devenu plus facile pour nous,
13:51 quand normalement ça devait être le plus difficile,
13:53 parce qu'ils vont attaquer de tous les côtés.
13:55 Là, je crois qu'ils n'avaient plus de jambes,
13:58 et nous, on a conservé cette concentration
14:02 jusqu'à la fin du match.
14:05 - Le froid, quand on est dominé,
14:07 il fait très froid, on l'a dit, le terrain n'est pas évident,
14:10 c'est un match difficile, très difficile,
14:11 est-ce qu'on arrive à rester justement soudé,
14:14 quand on est une équipe comme ça,
14:15 à garder son calme,
14:18 à ne pas se déconcentrer ?
14:20 Comment on arrive ?
14:21 Vous vous parlez régulièrement sur le terrain,
14:24 comment ça se passe ?
14:24 - Déjà, on préparait pendant la semaine,
14:28 déjà, on pensait à partir du dimanche,
14:33 parce qu'on jouait les matchs aussi des championnats,
14:37 donc, on commençait déjà à penser après,
14:40 et comme on nous disait toujours,
14:42 notre président,
14:44 qui nous a mis dans les meilleures conditions,
14:46 parce qu'il faut le dire aussi,
14:47 qui nous a mis dans les meilleures conditions,
14:49 avec l'avion, avec une salle de musculation,
14:53 avec deux baignoires,
14:55 avec trois kinés,
14:59 donc, ils nous ont mis dans les meilleures conditions,
15:01 et ça, on a profité,
15:02 parce qu'on était très bien préparés,
15:04 ils nous ont bien préparés,
15:06 et préparés aussi psychologiquement,
15:08 parce qu'on allait affronter
15:10 un match très difficile
15:13 pour une équipe française,
15:16 que ça faisait combien de temps
15:18 qu'une équipe française ne passait pas les quarts de finale ?
15:21 - Ça faisait...
15:23 - 6 ans.
15:25 - Philippe.
15:27 Et donc, là,
15:29 il nous a fait sentir fort,
15:33 c'est-à-dire qu'on allait avoir un match difficile,
15:37 mais qu'on avait les ressources nécessaires
15:41 pour le bloquer,
15:43 et on a essayé de bloquer,
15:45 et malgré ça, ils nous ont marqué quand même deux buts,
15:47 mais, disons, tout reste à faire,
15:50 c'est ce que disait le président Rocher,
15:52 on l'entendra en plus, tout reste à faire,
15:54 surtout, tout est possible.
15:56 Nos hostas de Geoffroy Guichard ont fait une pause,
15:58 on se retrouve dans moins de 5 minutes
16:00 dans la suite de ce 100% Synthé 90 ans de la Sainte-Étienne
16:02 avec Philippe Gastal et Osvaldo Piazza.
16:04 *musique*
16:06 *musique*
16:08 Émission spéciale, tous les mardis,
16:10 entre 18h30 et 19h,
16:12 100% Synthé 90 ans de la Sainte-Étienne,
16:14 on est avec Philippe Gastal,
16:16 historien et conservateur du musée des Verts,
16:18 avec une des légendes de la Sainte-Étienne,
16:20 Osvaldo Piazza.
16:22 On parle ce soir de l'épopée 76,
16:24 mais surtout d'un épisode de l'épopée 76,
16:26 le déplacement à Simferopol
16:28 et le match aller des quarts de finale
16:30 face au Dynamo Kiev.
16:32 Ce match-là a accouché
16:34 d'une défaite 2 à 0,
16:36 ce qui va donner du piment au match retour,
16:38 on va en parler évidemment dans cette émission,
16:40 ici à Geoffroy Guichard.
16:42 C'était le 3 mars, si je ne me trompe pas,
16:44 3 mars 76,
16:46 et le match retour aura eu lieu le 17.
16:48 Mais d'abord,
16:50 avant le coup d'envoi,
16:52 il s'est passé quelque chose d'assez étonnant,
16:54 on va en parler avec vous deux.
16:56 Je me tourne d'abord vers vous, Philippe Gastal.
16:58 Normalement,
17:00 en Coupe d'Europe,
17:02 en ce moment, en Ligue des Champions,
17:04 il y a un générique, un hymne de la Ligue des Champions.
17:06 Normalement, là aussi, il y avait un protocole,
17:08 il s'est passé quelque chose de surprenant,
17:10 d'étonnant, auquel on ne s'attendait pas
17:12 avant le coup d'envoi à Simferopol.
17:14 - Oui, la fanfare locale
17:16 a entonné les hymnes nationaux,
17:18 ce que l'on voit dans des rencontres
17:20 internationales, entre par exemple la France
17:22 et l'URSS, mais
17:24 en l'occurrence, là,
17:26 l'hymne russe
17:28 et l'hymne français. Alors, Osvaldo
17:30 va rebondir, puisque, en fait,
17:32 d'un seul coup, ils ont entendu la marseillaise,
17:34 ils ne sont pas alignés, ils sont en train de s'entraîner
17:36 sur le terrain, et puis
17:38 d'un seul coup, ils entendent la marseillaise,
17:40 ils se bloquent, et Jean-Michel...
17:42 Osvaldo ne comprenait pas,
17:44 Jean-Michel a demandé à Osvaldo
17:46 à observer la marseillaise.
17:48 Lui, l'argentin, n'est-ce pas, Osvaldo ?
17:50 - Oui, il m'arrêtait,
17:52 parce qu'on était sur le terrain,
17:54 il faisait froid, il fallait chauffer.
17:56 Et donc, il commence à jouer
17:58 les hymnes, et on pensait
18:00 qu'il n'avait pas des hymnes,
18:02 parce que ce n'était pas
18:04 organisé comme ça, à l'époque.
18:06 Et donc, à un moment donné,
18:08 il me prenait en bras, comme ça, Jean-Michel,
18:10 et il me dit "Arrête ! Arrête ! C'est la marseillaise !"
18:12 Oh, écoute, je suis argentin,
18:14 donc je n'ai pas compris.
18:16 - Vous vous êtes arrêté quand même,
18:18 ou vous avez continué à vous enlever ?
18:20 - Non, non, je me suis arrêté.
18:22 - Il y a une photo, justement, dans un des bouquins
18:24 que Philippe nous a montré.
18:26 Vous êtes au garde à vous.
18:28 - Aujourd'hui, si on raconte ça,
18:30 c'est parce que
18:32 ce n'était pas pour être sérieux,
18:34 c'est pour dire, voilà,
18:36 il s'est passé quelque chose,
18:38 comme je viens de le raconter avec l'argentin,
18:40 qu'il était à 5 mètres de moi et qu'on ne pouvait pas parler.
18:42 C'était incroyable.
18:44 - Les Russes,
18:46 les Ukrainiens,
18:48 les joueurs de l'Axio RSS,
18:50 les Dynamo Kiev, étaient prévenus de ça ?
18:52 Ou eux aussi ils ont été surprendus ?
18:54 - Non, en fait, ils ont écopé,
18:56 ils ont écopé d'une amende.
18:58 Le Dynamo Kiev a écopé
19:00 d'une amende par l'UFA.
19:02 Il n'y avait pas d'hymne national,
19:04 normalement, évidemment.
19:06 - Ça donnait aussi l'ambiance, peut-être,
19:08 de ce match, de cette rencontre dans un pays particulier,
19:10 l'Axio RSS, dans une ambiance particulière.
19:12 Ça donnait un contexte un peu...
19:14 - Ah ben, l'environnement,
19:16 Oswaldo doit s'en rappeler, en fait,
19:18 il y avait 1000 supporters français,
19:20 à l'hôtel déjà, peut-être que t'as pas raconté,
19:22 mais à l'hôtel,
19:24 les lits étaient trop
19:26 petits, je crois que t'as dû dormir
19:28 au sol, donc en fait, les conditions
19:30 étaient très spartiates.
19:32 - On se souvenait de ça.
19:34 - Philippe, il se rappelle mieux que moi,
19:36 parce que...
19:38 Dans l'hôtel,
19:40 on était pas dans les bonnes conditions.
19:42 Et
19:44 je crois que
19:46 il y avait
19:48 profondément
19:50 une attitude
19:52 de nous déranger.
19:54 Dans notre contexte.
19:56 Nous déranger à travers
19:58 la
20:00 facilité,
20:02 le confort qu'on peut avoir
20:04 avant un match. Je crois
20:06 qu'ils se sont fait du bruit.
20:08 Là, je peux l'assurer qu'il y avait du bruit
20:10 à la nuit, à 2h, 3h du matin,
20:12 ils venaient faire du bruit,
20:14 moi je dormais tout seul,
20:16 mais dans tous les cas,
20:18 il y a eu du bruit.
20:20 Donc,
20:22 ça a pas été facile
20:24 de sortir
20:26 de cette...
20:28 On était pas habitués, on était habitués
20:30 à jouer dans un pays
20:32 qui était vraiment...
20:34 Ils cherchaient l'avantage
20:36 et déranger surtout l'adversaire
20:38 pour qu'il ne puisse pas faire son jeu.
20:40 - Je vois ça. Et justement,
20:42 il y a eu cette défaite de 2 à 0.
20:44 Je vous propose en une minute d'écouter
20:46 le résumé de cette rencontre.
20:48 Pour les Stéphanois, l'impératif de cette
20:50 30ème rencontre de Coupe d'Europe qu'ils jouaient
20:52 était de ne pas concéder plus d'un but d'écart
20:54 avec l'espoir d'en marquer au moins un,
20:56 car vous savez qu'en cas d'égalité,
20:58 les buts marqués à l'extérieur comptent double.
21:00 Sur une pelouse très grasse,
21:02 les Stéphanois allaient bien débuter,
21:04 se montrant dangereux, notamment par Dominique Rocheteau.
21:06 Mais rapidement, les Soviétiques, un peu contractés
21:08 en début de match, allaient prendre le dessus
21:10 sur les Stéphanois et sur un très beau tir
21:12 de Burjak,
21:14 Kurkovic lâchait la balle et Onishenko
21:16 et Blokhin à la fume manquaient d'un rien,
21:18 le premier but. Ce n'était d'ailleurs que partie remise,
21:20 car 3 minutes plus tard, à la 15ème minute
21:22 exactement, à la suite de ce corner,
21:24 Kurkovic dégageait du point directement sur
21:26 Ivankov, qui reprenait de voler
21:28 et ouvrait le score pour le Dynamo de Kiev
21:30 avec l'aide d'Osvaldo Piazza.
21:32 Et au début de la seconde période,
21:34 les Soviétiques, maîtres du ballon,
21:36 attaquent sous tous les angles devant
21:38 des Stéphanois qui paraissent littéralement figés.
21:40 Mais après 8 minutes de jeu en seconde période,
21:42 sur ce coup franc, Blokhin, sacré meilleur
21:44 joueur européen l'année dernière,
21:46 va inscrire le deuxième but.
21:48 Le score ne devait plus se modifier et c'est donc
21:50 finalement par 2 à 0 que Kiev
21:52 allait l'emporter.
21:54 - J'ai eu une petite erreur dans le commentaire de l'époque,
21:56 le but contre son camp, c'est pas
21:58 Jean Viron, c'est pas
22:00 Piazza, pardon. - C'est pas Osvaldo, c'est Dominic
22:02 Battenet et c'était pas le 30ème match du Coupe d'Europe,
22:04 c'était le 29ème, puisque le 30ème on l'a fait au
22:06 retour contre Kiev ici.
22:08 - Donc défaite 2 à 0, mais comme on l'a
22:10 un petit peu dit, ça aurait pu être
22:12 plus que ça, ça aurait pu être vraiment
22:14 un score plus lourd que ça. - Oui.
22:16 Oui, parce qu'ils ont
22:18 dominé
22:20 la plupart du match,
22:22 ils l'ont dominé,
22:24 mais ils savaient pas
22:26 créer la situation pour marquer,
22:28 parce que si on regarde les deux buts,
22:30 c'est un...
22:32 C'est
22:34 Koukoubik
22:36 qu'il arrête,
22:38 mais il s'en va
22:40 un peu long, et c'est
22:42 Onitschoukou qui arrive et il le met au fond.
22:44 Mais après,
22:46 il a eu l'autre route aussi,
22:48 qui c'est un dégagement,
22:50 qui on fait en défense, et il prend
22:52 une reprise de volée,
22:54 et il fait le deuxième but.
22:56 Mais disons qu'ils
22:58 sont dominés avec les ballons,
23:00 mais c'était pas profond.
23:02 Je sais pas si
23:04 ils jouaient un rôle,
23:06 comment dirais-je,
23:08 s'ils étaient fatigués,
23:10 ou s'ils étaient pas préparés
23:12 à continuer à attaquer
23:14 de la même façon qu'ils ont fait au départ.
23:16 - Alors les bloquistes marquent un but,
23:18 et lui, l'ennemi numéro un, il arrive à marquer.
23:20 Comment on arrive à réussir à...
23:22 Est-ce qu'on arrive à réussir ?
23:24 Est-ce qu'on arrive à bloquer bloquine ?
23:26 Quand on est défenseur comme vous.
23:28 - C'était
23:30 difficile. C'était parce qu'il était très
23:32 rapide. En plus,
23:34 on n'a pas passé encore
23:36 à match retour, d'accord ?
23:38 Et donc, il a fait
23:40 dans ses matchs,
23:42 et je parle des matchs allés,
23:44 il a fait trois démarrages
23:46 sur Jean-Bien.
23:48 Et Jean-Bien, c'était les joueurs
23:50 les plus rapides de notre équipe,
23:52 non de la défense, mais de notre équipe.
23:54 Et donc, quand
23:56 on voit ça, on dit
23:58 "Piazza, c'est pas la peine
24:00 que tu ailles, Lopez, c'est pas la peine que tu ailles,
24:02 tu vas être dévoré."
24:04 Et donc, il est arrivé
24:06 à tel point
24:08 que
24:10 Bloquine,
24:12 à la fin du match, avoir gagné 2-0,
24:14 il vient embrasser
24:16 Gélard. - Le match retour,
24:18 on va y venir, on va parler de
24:20 Christian Lopez qui peut-être se faisait déborder
24:22 par Bloquine, mais
24:24 qui a assuré un retour légendaire
24:26 deux semaines plus tard.
24:28 - 18h19h, 100% Synthé
24:30 sur France Bleu Saint-Etienne
24:32 Noir. - Avant tout, quand même,
24:34 on va conclure
24:36 sur cette rencontre avec
24:38 l'objet que vous avez eu la gentillesse
24:40 de sortir, Philippe, du Musée des Verts.
24:42 C'est une banderole,
24:44 une banderole, un souvenir
24:46 d'Ukraine et un banderole d'un supporter ukrainien.
24:48 Est-ce que vous pouvez nous raconter cette histoire, justement,
24:50 de cette banderole ? - Alors, il y avait 1000 supporters
24:52 français
24:54 à Simferopol,
24:56 on ne parlait pas d'Ukraine, c'était la Russie.
24:58 - Oui, c'était l'URSS. - C'était l'URSS
25:00 à l'époque. Alors, sur les 40 000
25:02 spectateurs, il y avait 1000 français,
25:04 il y avait peut-être 25 à
25:06 30 000
25:08 dignitaires de l'armée russe.
25:10 L'armée russe était
25:12 bien représentée avec des chapkas,
25:14 et puis il y avait quelques supporters
25:16 russes, et en particulier,
25:18 il y en avait un, et c'était la seule banderole
25:20 qui figurait dans
25:22 l'enceinte du stade de Simferopol.
25:24 Et donc là, on voit
25:26 en fait
25:28 une main russe qui prend
25:30 le coq français dans ses mains
25:32 comme pour l'acérer,
25:34 l'égorger, et
25:36 on l'a fait traduire après,
25:38 donc il est spécifié
25:40 "Dynamo, ramène-nous la coupe".
25:42 Donc, voilà.
25:44 Ils croyaient dur comme fer, ils venaient de
25:46 remporter la Supercoupe d'Europe, ils croyaient
25:48 dur comme fer qu'ils allaient remporter
25:50 la Coupe d'Europe des clubs champions en 1976.
25:52 - Et finalement, il y a eu la Saint-Etienne en face
25:54 d'eux, mais en tout cas, il y a eu des échanges
25:56 de banderole entre supporters, et ça,
25:58 ça prouve le respect aussi qu'il pouvait y avoir
26:00 entre les supporters. - Voilà, et Georges Calvé,
26:02 à la fin des années 90,
26:04 déjà on commençait à travailler sur le musée,
26:06 amenait cette banderole
26:08 en m'expliquant qu'en échange,
26:10 il avait donné aux supporters russes
26:12 une écharpe d'Ever et un bonnet
26:14 d'Ever comme il faisait très froid.
26:16 - Et puis, quand on arrive à Saint-Etienne,
26:18 deux semaines plus tard, il ne fait pas chaud non plus,
26:20 c'est le 17 mars 1976,
26:22 le match retour,
26:24 et c'est peut-être, Philippe, le match qui va...
26:26 peut-être l'un des matchs les plus célèbres de la
26:28 Saint-Etienne, le plus légendaire.
26:30 Ce match retour et cette victoire 3-0
26:32 avec des prolongations.
26:34 - Quand on parle de l'histoire de la Saint-Etienne, on va fêter
26:36 les 90 ans, on va honorer
26:38 cette date du 26 juin 1933.
26:40 S'il y a un match à retenir,
26:44 c'est ce match retour contre le Dynamo de Kiev.
26:46 Parce que ça correspondait à cette
26:48 dramaturgie qui a fait
26:50 la gloire de la Saint-Etienne, à travers l'épopée
26:52 européenne, certes, mais surtout
26:54 ce renversement de situation.
26:56 Et on en parlait tout à l'heure, l'ASS l'avait
26:58 fait contre Split, pourquoi ne pas
27:00 le refaire contre Kiev ? Et ce match
27:02 est rentré dans la légende
27:04 du football stéphanois, mais bien au-delà
27:06 dans la légende du football français.
27:08 - Et je crois qu'en plus que 2-0, c'est un score qui
27:10 n'avait jamais été renversé à ce niveau-là de la compétition.
27:12 L'ASS le fait
27:14 avec trois buts.
27:16 Un de Jean-Michel Larké, notamment,
27:18 et un de Rocheteau.
27:20 À la fin, ça sera le troisième but
27:22 dans les prolongations. Et puis il y a évidemment
27:24 un but qui restera
27:26 célèbre avec
27:28 Osvaldo qui
27:30 y prend part. Pouvez-vous nous raconter
27:32 ce but
27:34 légendaire ? - Bon, déjà,
27:36 c'était sur le côté droit,
27:38 c'est bloqué, il prend le ballon,
27:40 parce qu'on venait de tirer un
27:42 corner et c'était la
27:44 64ème minute, je crois,
27:46 à peu près. Et donc, on avait
27:48 poussé, on avait poussé, on avait poussé,
27:50 on n'arrivait pas à créer la situation pour marquer.
27:52 Et même
27:54 on arrivait, on demandait vite,
27:56 et on n'arrivait pas à
27:58 au moins
28:00 marquer un but pour pouvoir encore
28:02 attendre
28:04 à ces deuxièmes buts qui
28:06 pouvaient arriver à travers un pénalty ou à travers
28:08 une action des corners.
28:12 Et là,
28:14 personnellement, moi,
28:16 il me trouve au milieu de terrain,
28:18 je revenais
28:20 d'aller chercher un...
28:22 jouer de la tête en corner.
28:24 Et donc,
28:26 ces corners, il y a un dégagement,
28:28 je crois que c'est du gardien,
28:30 et il tombe juste sur
28:32 Bloquin. Et Bloquin, il démarre.
28:34 Il démarre. Qui c'est qui le suit ?
28:36 C'est Jambion.
28:38 Et il passe,
28:40 il peut pas le bloquer,
28:42 et il est
28:44 parti avec une vitesse énorme.
28:46 Et là, on se dit,
28:48 si Doudou, il a pas pu arrêter,
28:50 c'est pas la peine d'y aller !
28:52 Mais celui qu'il a cru, c'est Christian.
28:54 Christian, Lopez, je parle.
28:56 Et donc,
28:58 que lui, il a pas
29:00 essayé de le croiser avant.
29:02 Il est allé vers
29:04 la surface.
29:06 Et là, il a
29:08 voulu faire un crochet de plus,
29:10 parce qu'il avait gardien
29:12 et Courcouvic et Lopez,
29:14 il n'en avait pas plus,
29:16 et donc il avait déjà dribblé à Lopez.
29:18 Il a voulu encore
29:20 le dribbler.
29:22 Et donc là,
29:24 il touche la jambe
29:26 droite de Christian Lopez,
29:28 et il reste là.
29:30 Alors il dégage,
29:32 il me trouve à moi, au milieu
29:34 du terrain. Et à partir de là,
29:36 tout ce qu'on avait
29:38 pas pu percer, là,
29:40 on arrive, je fais
29:42 une deux avec Patrick,
29:44 avec Patrick Revelli,
29:46 et il me la redonne, et il
29:48 vient arriver, on arrive les deux
29:50 ensemble, on peut marquer
29:52 l'un ou l'autre, c'est Hervé
29:54 qui marque, et là, je
29:56 me suis occupé de prendre le ballon, et
29:58 l'amener directement au centre
30:00 d'oeil, parce qu'on voulait, on voulait,
30:02 on voulait plus, et on avait l'occasion
30:04 de pouvoir...
30:06 Et là,
30:08 il se passe beaucoup de choses dans la tête.
30:10 Non,
30:12 il vient de nommer Split,
30:14 où déjà,
30:16 Split, quand il est arrivé sur le terrain,
30:18 déjà, il se voyait qualifié,
30:20 il faisait des gestes
30:22 quand même, on voyait
30:24 qu'on était...
30:26 C'était très
30:28 supérieur à nous, et c'était pas le cas, parce qu'après
30:30 on a réagi en conséquence.
30:32 Mais là, bon,
30:34 il en a continué. Et là, ils ont commencé
30:36 à...
30:38 à désorganiser
30:40 le système
30:42 de Kiev, défensivement.
30:44 D'accord ? Et
30:46 vous croyiez qu'il allait avoir une autre occasion,
30:48 comme il l'a eu, bloqué ?
30:50 Non, on n'a pas permis, on a continué
30:52 à être vigilant, et là,
30:54 il arrive, le coufrant...
30:56 Bon,
30:58 Philippe, peut-être, il peut le raconter mieux,
31:00 je sais qui c'est qui l'a frappé, mais je sais pas
31:02 à qui on l'a fait, si c'est à... - Une faute sur
31:04 Hervé et le coufrant de Jean-Michel Jardin.
31:06 - Voilà. Et Roussakoff,
31:08 qui voit passer le ballon,
31:10 il est là-bas, on a explosé,
31:12 - Et puis le 3ème but est de...
31:14 - On s'est pas arrêtés là,
31:16 parce qu'encore, c'est moi qui prends le ballon
31:18 dans la cage, et je l'amène
31:20 au centre du terrain, pour
31:22 continuer à... Je veux dire, il faut,
31:24 comme disait notre président,
31:26 notre président disait,
31:28 il faut battre le fer quand
31:30 il est chaud, non ?
31:32 Et donc, et là,
31:34 on arrive à...
31:36 On était morts, on avait fait un effort
31:38 énorme, chose que
31:40 Kiev, il avait pas fait cet effort.
31:42 Et donc,
31:44 ça a été dur de marquer ce 3ème but,
31:46 et grâce à
31:48 Patrick, c'est un ballon
31:50 qui... Parce qu'il est rentré après, Patrick,
31:52 il était plus frais que...
31:54 Il était plus frais que nous, non ?
31:56 - Et d'ailleurs, tu as eu des crampes,
31:58 et c'est peut-être la seule
32:00 fois que t'as eu des crampes dans un match. - Oui, c'est la première fois
32:02 de ma vie que j'ai eu des crampes.
32:04 Et j'ai essayé de
32:06 me tirer la jambe
32:08 pour que ça passe,
32:10 et là, quand...
32:12 Patrick, il va chercher
32:14 un ballon, le réveiller,
32:16 il va chercher un ballon, il était complètement perdu,
32:18 il va quand même,
32:20 il va, il va, il le récupère,
32:22 il s'entre en arrière, et
32:24 bon, ça c'était le délire.
32:26 On s'embrassait, on pleurait,
32:28 on ne se disait pas
32:30 "on est les plus folles, attention !"
32:32 C'est la chanson qui le dit !
32:34 Mais on était vraiment... On savait
32:36 qu'on avait fait
32:38 un exploit. Un exploit
32:40 parce qu'il était
32:42 l'équipe la plus forte.
32:44 Et donc,
32:46 on l'a fêtée,
32:48 mais il est rentré notre coach,
32:50 Robert Herbin,
32:52 il est rentré, je dis "bon, il faut
32:54 penser à l'image, déjà, hein ?"
32:56 - On va se concentrer.
32:58 - Déjà, il fallait, il pouvait pas
33:00 fêter, il fallait penser
33:02 à l'image suivante. Et c'est ça qui nous a
33:04 apporté cette
33:06 envie d'être
33:08 en équipe
33:10 collective, en équipe
33:12 qui donnait...
33:14 Il était tout sur le terrain.
33:16 Et il n'y avait pas de vedettes, hein.
33:18 On était tous la vedette. Et c'est d'ailleurs
33:20 c'est pour ça que je crois qu'on a touché
33:22 un public qui n'avait
33:24 pas l'habitude de ça. Si bien
33:26 il s'entretient,
33:28 il a un caractère, il est bien
33:30 identifié avec sa façon
33:32 d'être. Bon, notre coach,
33:34 il est pour quelque chose, parce que
33:36 attention, Robert
33:38 Ervin, la première année, il avait pas
33:40 le diplôme, encore. Et donc
33:42 il a fait les stages, il l'a fait,
33:44 mais il avait bien, il était bien
33:46 bien conscient de ce qu'il voulait
33:48 dans son équipe. Et là, il a...
33:50 Et grâce à lui,
33:52 qui nous a inculqué
33:54 cet amour pour les maillots,
33:56 et n'oublions pas que
33:58 on avait quand même, dans l'équipe,
34:00 on avait tous les joueurs,
34:02 les 90%, ils étaient formés
34:04 au club. Non, il y avait
34:06 que deux étrangers. Et donc
34:08 c'était un bloc que
34:10 on savait comment
34:12 se tracender, et comment
34:14 on pouvait faire... Parce que
34:16 dès que je suis arrivé
34:18 en France, en 72,
34:20 j'ai entendu
34:22 parler d'une phrase
34:24 qui disait "l'important, c'est
34:26 compétir".
34:28 - De participer.
34:30 - Et...
34:32 et Robbin l'a dit "oui,
34:34 compétir, mais gagner aussi".
34:36 - Gagner c'est mieux. Et c'est bien de
34:38 terminer cette émission
34:40 en se souvenant de Robert
34:42 Rabin qui nous a quittés il y a
34:44 3 ans maintenant. Merci beaucoup
34:46 Osvaldo Piazza d'être venu sur France Bleu Saint-Etienne
34:48 nous parler de ce match à Symféropole
34:50 et puis ce match aussi légendaire,
34:52 match retour à la Saint-Etienne, gagner 3-0
34:54 et l'histoire retiendra aussi que c'est par un crochet, un de trop,
34:56 d'Oleg Blokin, et bien que
34:58 la SS ait relancé dans cette compétition
35:00 et on connaît la suite derrière.
35:02 Merci beaucoup Philippe Gastal
35:04 d'être venu également partager ses souvenirs
35:06 et à très bientôt pour un prochain numéro
35:08 de 100% Synthé 90 ans de la