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100% Sainté - 90 ans de l’AS Saint-Étienne : La formation des jeunes joueurs à l'AS Saint-Étienne

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Sport
Transcription
00:00 100% Synthé, Olivier Rocher
00:02 100% Synthé, 90 ans de la S Saint-Etienne
00:06 numéro 3 de cette série d'émissions qui retrace les grands rendez-vous, les grands moments, les grands aspects de l'histoire de la S Saint-Etienne
00:13 après les dix ans de la coupe de la ligue, la double confrontation légendaire contre Kiev en 76
00:18 émission que vous pouvez retrouver sur francebleu.fr, on s'arrête ce soir sur
00:22 une des branches de l'ADN de la S Saint-Etienne, la formation. Le club a sorti régulièrement
00:27 ce qu'on appelle des pépites qui ont fait carrière, qui ont connu ou qui sont voués à une belle trajectoire
00:33 et on peut citer des noms, quelques-uns en tout cas et que les autres ne s'en offusquent pas
00:37 parmi les plus récents on peut citer William Saliba ou encore Wesley Fofana si on remonte un tout petit peu
00:42 on peut citer Loïc Perrin, Kurt Zouma, Joshua Ghilavoghi, Bafet Amigamis, on a Jérémy Jeannot, Willy Sagnal, Jean-Michel Larquet si on remonte encore un petit peu plus loin
00:50 les frères Réveilly, Gérard Janvion, Dominique Rocheteau, Aimé Jaquet ou encore celui qui est un de nos invités ce soir, Christian Saramagna
00:57 *Musique*
01:00 Bonsoir Christian ! - Bonsoir à vous ! - Alors j'ai donné quelques noms, peut-être que vous pouvez
01:04 compléter la liste de ceux qui étaient à vos côtés au centre de formation ?
01:09 - Alors ça s'est fait en trois vagues, il y a eu une première vague en 68 où il y avait un garçon comme Gérard Janvion
01:17 il y avait les défenseurs Pierre Repellini, Alain Merchadier,
01:20 Jacques Santini, Christian Sinaguel,
01:24 Patrick Réveilly et moi-même. Ça a été un petit peu la composante de la gambardella 69-70
01:29 - On va en parler en plus de ça, oui.
01:31 - Et en 69 est arrivé Christian Lopez qui nous a rejoint pour cette compétition
01:36 et en 71 nous avons eu deux garçons qui nous ont rejoint également qui sont Dominique Battenet et Dominique Rocheteau.
01:43 - C'était pas mal comme liste de pensionnaire du centre de formation
01:48 - C'était pas mal du tout, on va parler justement de cette histoire et puis le deuxième invité de ce 100% synthé 90 ans de la S1
01:54 Thétienne au sujet de la formation c'est Gérard Fernandes, un baroudeur de la formation au club et du club en lui-même
01:59 actuel responsable du recrutement. Bonsoir Gérard Fernandes ! - Bonsoir !
02:03 - Ça fait 13 ans, c'est ça, que vous êtes à ce poste là ?
02:06 - À ce poste oui, responsable du recrutement du centre, ça fait 13 ans.
02:09 - Ça fait combien d'années que vous êtes au club ? On en parlait quand vous êtes arrivé avant l'émission ?
02:13 - 38, 37 ans.
02:15 - Une petite quarantaine, donc ça fait un moment, vous avez évidemment connu plein de choses
02:21 dans ce club et c'est pour ça aussi que vous êtes invité ce soir.
02:25 Vous êtes passé par tous les postes vous Gérard ?
02:29 - Pas mal de postes oui, d'abord à l'époque l'organisation de la formation n'était pas du tout comme maintenant
02:35 donc j'étais entraîneur de l'ADH d'abord quand je suis arrivé parce qu'il n'y avait pas les
02:39 17 et les cadres nationaux, on sortait des cadres nationaux et les joueurs, les meilleurs joueurs en ADH
02:45 donc j'étais responsable de l'ADH.
02:47 - Et vous allez aussi nous parler de la Gomardella puisque également comme Christian vous avez été titré
02:52 mais pas en tant que joueur mais en tant qu'entraîneur.
02:55 Pour commencer cette émission autour de la formation je vous propose de commencer par le début
03:00 avec Philippe Gastal, conservateur du musée des Verts, historien de son état,
03:04 on remonte aux années 50 avec un homme qui marquera l'histoire du club.
03:08 - Véritablement on peut considérer que monsieur Jean Snella est le précurseur, le fondateur,
03:14 le guide de la formation à la stéphanoise et dès son arrivée en 1950 il souhaitait cette amalgame
03:22 de jeunes et d'anciens. A partir de là, surtout au mi-temps des années 50, il a convoqué les joueurs
03:31 qui allaient participer au championnat de France amateurs, saison 55-56 et il leur a tenu le discours suivant
03:39 "Si vous êtes champion de France amateurs, la majorité des joueurs, je les incorporerai la saison prochaine
03:47 dans l'équipe première". Donc il y avait là les frères Tylinski, il y avait Georges Perroche,
03:53 il y avait Yvon Goujon en particulier, René Ferrier, ils vont être champions de France amateurs,
03:59 il va les incorporer dans l'équipe première et l'année suivante ils vont devenir champions de France,
04:05 le premier titre de champion de France de la Sainte-Étienne en 1957.
04:11 Donc on doit énormément à Jean Snella pour avoir été un visionnaire et cette formation continue à perdurer
04:19 et véritablement il a été un visionnaire dans la politique sportive de formation de la Sainte-Étienne.
04:27 Alors dans quelques minutes on parlera d'un autre grand homme à ce sujet-là, c'est Pierre Garonner,
04:31 mais restons sur le sujet dont nous parle Philippe Gastal.
04:34 Christian Saramagna, Gérard Fernandez, je vous ai vu acquiescer par rapport à ce que disait Philippe
04:39 et notamment quand le nom de Jean Snella a été prononcé, j'imagine que vous êtes d'accord avec ce que dit Philippe Gastal ?
04:46 Oui absolument, absolument. C'est un homme que je n'ai pas forcément connu mais qui a laissé une empreinte
04:53 considérable au niveau du club, très professionnel et surtout porté sur la formation, sur les jeunes.
04:59 Et c'est vrai qu'après il y a eu le témoin qui a été donné à M. Albert Batteux
05:05 et c'est vrai qu'on a eu cette chance nous d'arriver dans un club où la formation était quand même très importante à ce moment-là.
05:14 Et c'est vrai que l'avantage qui a été le nôtre c'est de baigner tout de suite dans la cellule professionnelle.
05:23 Pour vous donner un exemple, on s'entraînait avec les pros mais en plus tous les mercredis on avait un match,
05:29 on avait une compétition et M. Batteux mettait en place une opposition et ça nous a beaucoup aidé dans notre formation et dans notre progression.
05:38 Après, si vous voulez, c'est vrai qu'on a été bien encadrés. On parlera de M. Garonner par la suite.
05:45 Il est vrai que tous ces joueurs professionnels qu'on a côtoyés à l'époque et pas des moindres,
05:51 puisqu'ils avaient quand même 5 titres de champion de France, donc ils nous ont beaucoup aidés aussi.
05:56 Parce que quand on parle de formation, on parle aussi d'éducation à Saint-Etienne.
05:59 On nous a beaucoup éduqués pour être confrontés à ce métier et je pense que ces garçons qui nous ont précédés
06:07 nous ont vraiment beaucoup apporté.
06:09 Justement, Gérard Fandrest, ça veut dire quoi la formation à la Stéphanoise ?
06:13 Déjà, si on parle un petit peu de la mentalité de la région aussi, puisqu'on est quand même marqué par l'origine de la ville,
06:20 avec une ville minière où les valeurs de travail, d'engagement, de compétitivité étaient vraiment marquées.
06:27 Donc, ça compte aussi, même si ça évolue et c'est moins marqué qu'à une époque quand même.
06:33 Mais malgré tout, il y a des valeurs qui restent encore sur la formation stéphanoise.
06:37 On aime les garçons qui s'engagent, qui sont généreux, qui sont combatifs.
06:41 Justement, ça évolue parce que le football évolue lui aussi.
06:44 Donc, j'imagine que la formation s'adapte à tout ça, mais malgré tout, on essaie de garder un noyau, des valeurs, comme vous dites.
06:52 Complètement, oui. Parce que quand même, au départ en formation, il faut savoir que la majorité des joueurs sont issus de la région.
06:58 Il y a quelques joueurs qui viennent de l'extérieur et la majorité des joueurs en formation sont issus de la région.
07:06 Justement, on parlait d'inclusion, vous l'avez dit Christian Saramagna, dans l'équipe professionnelle, vous aussi étiez entraîneur.
07:14 Vous avez fini par Cholet, vous avez fait Bayonne, vous avez fait également la Sainte-Etienne au début des années 90.
07:20 Est-ce que c'est quelque chose qui s'est fait quand vous étiez entraîneur, qui se fait peut-être encore ?
07:26 Est-ce que l'inclusion dans l'équipe professionnelle se fait toujours là ? Est-ce qu'il y a toujours cette volonté ?
07:32 Christian, puis après Gérard sur cette question.
07:34 Il n'y a pas toujours eu cette volonté ou cette priorité, forcément.
07:37 Parce que malheureusement, les ambitions, les objectifs du club n'étaient pas tout à fait les mêmes.
07:44 Ce n'était plus du tout la priorité.
07:46 On voulait obligatoirement faire des résultats tout de suite et donc ça ne nous donnait pas le temps et la possibilité d'insérer.
07:52 Parce que quand on insère un joueur, il faut lui donner toujours un petit peu de temps.
07:55 Et malheureusement, ça n'a pas toujours été le cas.
07:57 Heureusement que nous, à la période qu'on a connu, dont on a joué, on avait cette opportunité, cette possibilité.
08:06 Puisque les premiers contrats, quand même, c'était 6 ans, 7 ans.
08:09 Donc on avait cette marge qui nous permettait d'apprendre notre métier et de faire valoir un petit peu ce qu'on avait en nous.
08:18 Autre époque, Gérard Flandes et autre fois, ça ressemble ?
08:20 Je rejoins complètement Christian.
08:22 C'est par période. Il y a eu des périodes où vraiment on s'est appuyé sur la formation.
08:25 D'autres périodes, pour X raisons, parfois par obligation, parce qu'on a besoin de résultats immédiats et tout.
08:30 Et puis il y a la pression.
08:32 Et puis il y a le fait aussi que certains coachs étaient un peu plus frileux pour lancer des jeunes.
08:37 Puisque je rejoins Christian sur le fait qu'au départ, un jeune joueur n'est pas performant tout de suite.
08:41 Il faut lui laisser un peu de temps.
08:43 Et c'est un moment, parfois, tellement important, le résultat tellement important, que ça prime sur le lancer un jeune.
08:50 - Sur le lancer un jeune, exactement.
08:51 On a parlé de Jean Snella avec Phil Gastal.
08:54 Vous avez évoqué un autre nom, Albert Batteux.
08:57 Et quel nom également que vous avez connu, Christian ?
09:00 - Albert, c'est un grand orateur.
09:05 On appelait ça la science infuse du football professionnel.
09:08 C'est-à-dire qu'on faisait des réunions d'avant-match.
09:12 Elles pouvaient durer 45 minutes.
09:14 On avait toujours les yeux ouverts.
09:16 Et il avait une grande connaissance du football de haut niveau.
09:19 C'était un homme, déjà, qui était très instruit, mais surtout comme il parlait du football.
09:26 Ce qu'on a retrouvé avec Robert Herbin également.
09:28 Mais je voudrais dire, Albert Batteux, je voudrais insérer aussi une personne qui a eu un rôle très important au niveau de la formation.
09:36 C'était Robert Philippe.
09:38 Robert Philippe, aussi, c'était un homme très engagé.
09:42 Qui était aussi très professionnel.
09:45 Assez dur, rigoureux, je veux dire, au niveau du travail qui était demandé.
09:51 Et était très attentif aussi à l'évaluation de chacun d'entre nous.
09:57 Et donc, on ne peut pas oublier Robert Philippe dans la réussite et dans la progression qui a été la nôtre.
10:04 Il y en a une autre qu'on ne peut pas oublier non plus, parce qu'il y a des noms qui sont liés éternellement à la Saint-Etienne.
10:09 C'est celui de Pierre Garonner.
10:11 Jean Snella, qui était arrivé en 1938, est devenu l'entraîneur de l'équipe professionnelle en 49-50.
10:25 Je crois que c'est 49-50.
10:27 Et à l'époque, j'étais très souvent à ses côtés.
10:32 Et c'est là qu'on a eu l'idée, l'un avec l'autre, de s'occuper du recrutement.
10:37 D'aller chercher des jeunes, de façon à éviter des dépenses pour des transferts, pour des joueurs parfois qui, comment dirais-je, qui ne justifiaient pas des sommes à trop tôt.
10:49 Vous avez voulu, en quelque sorte, organiser tout ça.
10:51 Je pense sincèrement que nous avons été les pionniers.
10:55 Parce que pendant longtemps, pendant toutes les années 50, lorsque j'allais voir par exemple les sélections junior, à l'époque il n'y avait pas de sélection mini, mais cadet, j'étais le seul recruteur au bord de la touche.
11:07 Alors c'était beaucoup plus facile.
11:09 Le travail vous était rendu plus facile que le recrutement ?
11:12 Oui, et puis avec ce délai, j'ai fait un apprentissage sérieux, parce qu'il était d'abord très compétent, très méticuleux, très difficile, et il ne fallait pas que je me trompe.
11:22 Il y avait des pionniers du recrutement, Gérard Farnes, vous qui êtes maintenant responsable du recrutement du centre de formation ?
11:27 Ça fait rire quand il dit qu'il était tout seul pour une sélection junior.
11:31 C'est plus qu'à maintenant.
11:33 Oui, maintenant pour les sélections de 13 ans, il y a toute la France.
11:37 On parle de la Col Cup dans la voie de demi-heure précédente, mais c'est vrai qu'à la Col Cup, au tournoi U12 à Saint-Genèler, il y aura forcément des gens qui vont pister.
11:48 Vous Christian Saramagna, vous avez forcément des souvenirs avec cet homme-là, ce monsieur-là, Pierre Garonner ?
11:54 Énorme, énorme. C'est le monsieur plus à l'aise.
11:59 C'est-à-dire que tous les joueurs, la composante de l'effectif de la finale de la Coupe d'Europe, c'est M. Garonner.
12:05 Vous les prenez un par un, c'est M. Garonner.
12:07 C'est un grand monsieur, un visionnaire également.
12:10 Il ne s'est pas beaucoup trompé.
12:12 On n'en parle pas souvent, mais il faut reconnaître que tout ce qu'il a mis en place, parce qu'il était malin dans le recrutement, il avait des réseaux un petit peu de partout.
12:23 Mais par contre, il faut lui reconnaître une chose, c'est qu'il s'est très rarement trompé.
12:28 Et c'est vrai qu'on lui doit énormément, et on l'appelle tous "papa", parce que c'était un peu notre deuxième père.
12:35 Parce qu'il était très attentif aussi à notre quotidien.
12:38 Et ça, on n'oubliera jamais.
12:41 Le quotidien, on va en parler dans un instant, justement, vous nous raconterez le vôtre Christian, mais dans un instant aussi, on aura Yuka Gourna, un autre exemple du centre de formation de la S.S.
12:51 Beaucoup, beaucoup plus récent évidemment, mais ça va être intéressant de comparer tout ça.
12:55 Vous, Gérard Fernandez, vous êtes recruteur au centre de formation depuis 2010, c'est ça exactement ?
13:03 Ça veut dire quoi finalement, "recruter", il y a quoi derrière ce mot ?
13:06 Recruter, c'est d'abord déjà détecter les éventuels joueurs qui peuvent arriver en haut.
13:12 C'est-à-dire qu'au départ, on ne parle pas de niveau, on essaye de déceler le potentiel futur.
13:18 Et c'est compliqué sur des gamins, puisqu'on fait signer des accords de non-solicitation l'année de leur 13 ans.
13:23 Donc il y a beaucoup de chemin à parcourir encore.
13:25 Il faut être modeste aussi dans nos évaluations sur les très jeunes joueurs.
13:29 On parle de potentiel, on ne parle pas de joueurs qui peuvent arriver en début.
13:33 Oui, parce que le potentiel ne veut pas dire forcément carrière derrière.
13:36 Parce que là, j'imagine que vous en avez vu plein, avec de fort potentiel et qui derrière...
13:40 C'est justement aussi peut-être leur dire...
13:45 Quand on arrive dans le centre de formation d'un grand club, forcément j'imagine que le gamin, il peut avoir des rêves plein la tête.
13:52 Ils rêvent tous. Même tous les joueurs qui rentrent à l'Aisle Saint-Etienne rêvent de faire une carrière.
13:57 C'est normal.
13:59 J'imagine que vous leur dites la vérité. Voilà ce qu'il y a la réalité.
14:04 Est-ce que Gérard, il y a des noms de joueurs recrutés que vous êtes fier d'avoir recruté ?
14:08 Les derniers que vous connaissez, puisque Saliba, Fofana, Gourna, que vous allez avoir...
14:14 Ce sont des garçons qui sont arrivés il n'y a pas très longtemps à l'Aisle Saint-Etienne et c'est des très bonnes réussites.
14:18 Ça fait partie des fiertés ?
14:20 Oui, et puis c'est des garçons attachants en plus. On est très content de leurs réussites.
14:24 Et c'est vrai qu'on a quelques éclosions récentes qui font vraiment plaisir à voir.
14:29 Vous, Christian Saramagna, vous avez eu une époque où il y avait plein d'éclosions.
14:34 Oui.
14:35 Est-ce que c'était "plus facile que maintenant" ?
14:41 Non.
14:42 Pas vraiment.
14:43 Moi j'estime que pour réussir dans le football ou dans le sport professionnel, il y a des critères de performance.
14:50 Critères de performance, comme dit Gérard, vous allez voir un joueur sur un match, il va faire des gestes techniques exceptionnels.
14:55 Mais à côté de ça, sur le plan mental, sur le plan physique, sur le plan athlétique,
15:00 on s'aperçoit au fil des semaines, au fil des mois, que le garçon a beaucoup de difficultés à répondre à tout ça.
15:06 Et c'est vrai que nous, à notre époque, on a eu du temps, on nous a donné du temps, pour nous mettre dans le cadre idéal de réussite, au plus haut niveau.
15:15 C'est pour ça que je vous disais, il y a la formation, mais il y a aussi l'éducation.
15:19 Aujourd'hui, un joueur professionnel, c'est-à-dire qu'un club, quand il a une pépite, forcément il est obligé de le bloquer au bout d'un an ou deux ans de formation.
15:28 Pourquoi ? Parce que forcément...
15:30 On croit qu'on le va piquer.
15:31 Voilà, exactement. Donc on ne lui laisse pas de temps.
15:33 Et malheureusement, après, on s'aperçoit qu'il a sûrement certaines difficultés à passer un palier et à répondre aux attentes de ce que ce garçon peut faire et peut réaliser au plus haut niveau.
15:45 On fait une très courte pause dans son soir pour s'ensinter 90 ans de la S1.
15:48 Etienne, on va justement parler du centre de formation avec le quotidien, finalement, de ces jeunes qui sont là au centre de formation, qui sont parfois loin de chez eux.
15:57 On va en parler avec vous, Christian, vous l'avez bien connu ce centre de formation aussi,
16:00 mais avec un qu'il a bien connu, c'est Lucas Gournard, dans un instant, là, sur France Bleu Saint-Etienne-Loire.
16:05 France Bleu Saint-Etienne-Loire. 100% Sainté. Olivier Rocher.
16:10 100% Sainté, 90 ans de la S1. Etienne, on parle de la formation à la SSE, la formation à la Stéphanoise.
16:17 Christian Saramagna, qui est issu de la formation de la SSE, et puis on connaît cette carrière en vert.
16:21 Et Gérard Fernandez, responsable du recrutement au club, actuellement.
16:25 J'aimerais qu'on parle de la vie au centre. Pas évident quand on débarque dans un lieu qu'on ne connaît pas, loin de ses bases, quand on est jeune.
16:32 Je vous propose d'écouter le témoignage de Laurent Paganelli, Loïc Perrin, William Saliba, formé au club,
16:37 mais aussi Jean-Philippe Primard, qui est arrivé jeune à la SS, et qui est actuellement l'entraîneur des U15 Elite et responsable de la préformation.
16:44 On se levait à 6h, on pouvait nettoyer le vestiaire pendant 2h. C'était ça, c'était ça.
16:49 Le chef qui passait après disait "comment il est nettoyé ?", il venait voir si ton lit, il était bien fait.
16:54 Après tu t'entraînais le matin, quand tu finissais, tu étais mort, et c'était ça, tu allais manger, tu allais faire la sieste, tu te levais, tu allais te re-entraîner.
17:02 C'était comme ça, la journée type, elle était là-dedans. Et tu finissais, c'était 6h du soir, pratiquement tu ne sortais jamais,
17:09 tu n'avais pas la vie de sortir, même si tu avais 15 ans, 16 ans, 17 ans, tu étais vraiment imprégné, imprégné du foot totalement.
17:16 Les entraînements, un petit peu d'études, voilà, la compétition, il fallait être costaud quoi.
17:22 C'est ce que j'ai compris par rapport aux jeunes qu'on a maintenant, qui ont aussi un gros rythme de travail, entre l'école, le ballon, etc.
17:30 On comprend que ce n'est pas facile.
17:32 Moi je suis arrivé à l'âge de 13 ans, donc très jeune. Moi j'avais la particularité par contre d'être chez mes parents le soir et non au centre de formation.
17:41 Je pense que quand on est au centre de formation, on grandit beaucoup plus vite, malheureusement loin de ses parents, mais je pense que ça fait grandir beaucoup plus vite.
17:50 Quand tu pars de 15 ans de chez toi, parce que moi j'habite à Paris, c'est dur, c'est difficile quand tu perds tes repères, tes potes d'enfance.
18:00 Il y en a qui ne sont pas faits pour être ici et puis d'autres qui rentrent bien dans le moule du club et là ça peut faire des grandes choses, des grands professionnels.
18:10 C'est dur mais après quand tu t'habitues, tu te forges un caractère et un bon mental.
18:17 Ça vous a fait rire Christian Saramagna, les mots de Laurent Paganelli avec cette formation presque militaire.
18:24 Il est un peu cru, il est brut.
18:26 Mais c'est un peu ça parce qu'à l'époque on parlait de formation mais on était livré à nous-mêmes puisqu'on vivait dans des appartements en ville.
18:34 Donc après il fallait s'organiser, il fallait organiser notre vie.
18:39 Il y avait celui qui faisait les courses, il y avait le cuisinier qui s'était allé en merchaidier, il y avait Pierre Repellini qui faisait le ménage.
18:47 Donc on essayait de s'organiser mais par contre une journée c'était très lourd.
18:53 Entraînement le matin avec les professionnels, le repas, l'après-midi.
18:57 Il faut savoir que l'après-midi on avait des cours avec Monsieur Jean Oleksiak.
19:02 Et l'après-midi entraînement et le soir on avait un complément de séance avec Robert Philippe où on travaillait le renforcement musculaire avec des ateliers.
19:10 Mais c'est vrai que c'était très lourd comme formation.
19:14 Là il y a eu un gros changement parce que les joueurs sont nettement mieux accompagnés.
19:18 Oui absolument.
19:19 C'est très précis, il y a beaucoup plus de personnel d'abord pour s'occuper.
19:22 Les gamins ils ne sont pas livrés à eux-mêmes, il y a des dététitiens quand ils mangent.
19:26 Ils ne mangent pas n'importe quoi, tout est calculé au millimètre avec les préparateurs physiques.
19:30 C'est plutôt des spécialistes.
19:32 Il y a une grosse évolution.
19:34 On va demander l'avis à un qui l'a connu très récemment, Lucas Gournat.
19:38 Bonsoir Lucas.
19:39 Bonsoir.
19:40 Merci d'être avec nous dans cette émission spéciale autour des 90 ans de la Sainte-Etienne.
19:45 On parle de cette histoire de la formation à la stéphanoise.
19:48 Vous l'avez connue il y a très peu de temps, vous avez quitté le club l'année dernière pour l'Autriche et le Salzbourg.
19:55 Quels souvenirs vous gardez du centre de formation ?
19:58 Je garde de très grands souvenirs parce que c'est une étape qui a été très importante dans ma vie.
20:04 Où Sainte-Etienne a su me rééduquer parce que j'ai parti très tôt de chez moi.
20:10 Je suis parti à 13 ans pour aller au Pôle Espoir de Reims, à 15 ans j'arrive à Sainte-Etienne.
20:14 Donc ce n'était pas facile, c'était assez compliqué.
20:17 Mais le club m'a vraiment bien accueilli et j'ai de très très bons souvenirs là-bas.
20:24 On a entendu Loïc Perrin dans le son tout à l'heure qui disait que quand on arrive au centre de formation on grandit plus vite.
20:31 Est-ce que vous avez eu le sentiment de ça ?
20:33 Est-ce que vous avez grandi plus vite en étant hébergé au centre de formation, en étant au centre de formation,
20:39 que peut-être d'autres amis à vous qui sont restés chez eux ?
20:42 Oui bien sûr, parce que par exemple je prends l'exemple de mes amis qui sont restés à Paris.
20:47 Avant d'arriver au centre personnellement, moi j'étais un peu dissipé.
20:51 Et quand tu arrives au centre de formation à Sainte-Etienne, il y a des règles strictes.
20:55 Donc je pense que tu dois avoir plus d'exigence.
21:01 Tu es loin de tes parents, tu as des règles strictes, tu ne dois pas sortir, tu dois aller à l'étude.
21:07 Et nous par exemple, une anecdote qui m'a assez surpris, c'est qu'en fait quand on ne rangeait pas bien nos chambres,
21:14 on allait courir à 6 heures du matin.
21:16 Mais en fait à cette âge-là, on ne comprend pas parce qu'on se dit "mais ils ont quoi contre nous ? Qu'est-ce qu'ils ont quoi contre nous ?"
21:22 Donc pour une chaussure qui traîne, on va courir à 6 heures du matin.
21:27 En fait en prenant du recul 2-3 ans en arrière, je me dis que c'est de la rééducation en fait.
21:33 C'est des petits détails qui m'ont permis d'aller au niveau.
21:36 Mais après oui, la vie au centre de formation, elle est assez compliquée.
21:39 Après le club fait en sorte de bien nous accompagner et ils l'ont bien fait.
21:43 - Gérard Fondas, je voyais un peu sourire sur cette anecdote-là,
21:47 mais j'imagine que tous les gens du centre de formation n'ont pas cette philosophie derrière,
21:52 avoir du recul sur justement ce genre de choses.
21:56 - Oui bien sûr, ça montre aussi l'intelligence de Lucas justement,
22:00 qui a bien su analyser aussi ce que ça lui a apporté dans la rigueur,
22:04 pour apprendre vite parce qu'il a appris très vite.
22:06 Et pour nous c'est une grosse satisfaction justement de la réaction qu'a eue Gournain justement,
22:12 de Lucas dans son progrès, dans tout ce qu'il a fait assez rapidement.
22:17 - Et c'est pour ça qu'il a été repéré, parce que ça fait rapidement exactement.
22:22 Vous vous souvenez du rythme des journées au centre de formation Lucas ?
22:26 - Oui bien sûr, je me réveille un peu tard, j'étais un peu limite.
22:31 J'allais peut-être à 7h, 7h je crois j'allais au petit déjeuner.
22:36 On devait prendre la navette à 7h25, à 8h on allait à l'école.
22:40 Au rentré de l'école il était je pense 14h, 15h tu es sur le terrain,
22:46 17h tu as de l'étude, 19h tu manges.
22:50 Et voilà, c'est une journée assez chargée, assez stricte.
22:55 Mais quand tu es passionné, je pense que tu ne calcules pas tout ça.
23:00 Mais après j'avoue que c'est un rythme assez fatigant et c'est tout.
23:07 - Et en même temps il faut le tenir ce rythme, et c'est justement ça qui fait que derrière
23:11 on peut peut-être percer après un centre de formation.
23:15 Maintenant vous êtes à Salzbourg, juste avant de vous laisser,
23:19 Lucas comment ça se passe à Salzbourg pour vous ?
23:21 - Ça se passe bien, aujourd'hui là je suis sur ma terrasse, il y a un très beau soleil.
23:27 - On entend les oiseaux.
23:29 - Très bonne ville, très bon club, qui ont su bien m'accueillir,
23:33 les infrastructures sont très bonnes, l'exigence du club est très élevée.
23:40 Et là on a la conquête du titre, donc on essaie de travailler tous les jours
23:46 pour remporter ce titre là.
23:48 Mais en tout cas je suis très content d'avoir fini ici,
23:52 et toujours remercier l'Aist en Tétienne de m'avoir permis d'avoir cette éducation là,
23:59 parce que je la suis aussi à Salzbourg.
24:01 Je pense que si je suis à ce niveau là, c'est un peu grâce à Saint-Tétienne
24:06 et à M. Fernandez qui m'entend, c'est juste un petit mot pour vous remercier
24:11 de tout ce que vous faites pour les Pieds du Centre,
24:16 parce que je parle encore aux Pieds du Centre,
24:18 et ils disent que vous faites beaucoup pour eux,
24:20 donc vous êtes les boss de la formation,
24:23 et c'est très sincère parce que vous êtes des personnes formidables,
24:27 et vous avez su me montrer de coup de clou aux fesses quand il le fallait,
24:32 donc je suis très content en tout cas.
24:34 - Merci beaucoup Lucas, merci, bonne fin de saison à vous,
24:37 avec le Red Bull Salzbourg, à très bientôt. Au revoir.
24:40 - Au revoir. - Merci Lucas.
24:42 - Vous avez vu, il a prononcé un mot, éducation.
24:52 - Finalement comme vous. Il n'y a pas grand chose qui a changé.
24:55 Je vous ai dit, c'est très important, Saint-Tétienne, c'était ça.
24:59 - Alors quand on est au centre de formation,
25:01 on n'est pas forcément certain d'être professionnel un jour,
25:03 de jouer en Ligue 1, en Ligue 2 ou un autre championnat européen,
25:05 de jouer la Ligue des champions, etc. pour les plus grands rêves,
25:08 mais il y a quand même des compétitions de prestige pour les jeunes,
25:10 et notamment cette Coupe Gambardella, la Coupe de France des jeunes,
25:14 en gros on peut le résumer ainsi.
25:16 J'ai à mes côtés la dernière, la réplique de la Coupe Gambardella,
25:19 remportée en 2019 contre Toulouse,
25:21 dans l'équipe qui jouait la finale, il y avait notamment Wesley Fofana,
25:25 qui évidemment on connaît cette carrière,
25:27 Charles Habib, Anne-Kédim, Bayic, entre autres,
25:29 coaché par Razik Nader qui est l'actuel entraîneur de la réserve.
25:33 Ce sont les moins de 19 ans qui participent à cette compétition,
25:35 et cette coupe a été soulevée 4 fois à la Saint-Étienne,
25:38 en 63, 70, 98 et 2019,
25:41 et 6 autres finales jouées, 58, 64, 71, 99, 2011 et 2012,
25:47 donc finale qu'on a perdue, mais 4 titres.
25:49 J'ai deux représentants là ici,
25:51 Christian Sarma et Gérard Fernandez.
25:53 C'est énorme, à cette époque, ça a toujours été pour un club,
25:56 mais c'était le début de quelque chose, d'une aventure exceptionnelle.
26:00 Puisque par la suite, tout de suite après,
26:02 on a quand même gagné le championnat de France amateurs,
26:04 et tout s'est enchaîné derrière,
26:06 mais ça, c'est le premier trophée...
26:09 Le symbole d'un point de départ d'une grande époque.
26:11 Oui absolument.
26:12 C'est une grande génération.
26:13 Absolument.
26:14 Gérard ?
26:15 Je suis complètement d'accord avec Christian,
26:17 ça représente beaucoup pour tous les joueurs.
26:19 Tous les joueurs des centres de formation rêvent de gagner la Gamerade de l'Etat.
26:23 C'est la compétition de la formation.
26:26 Vous l'avez gagnée en tant qu'entraîneur en 98,
26:28 j'imagine que quand on est entraîneur,
26:30 et quand on accompagne ces jeunes-là,
26:32 il y a un vrai bonheur de les amener à ce niveau-là.
26:34 Un complet, puis ça marque aussi un palier, je dirais,
26:37 parce qu'en formation, au départ,
26:39 on ne pense pas toujours à la compétition,
26:41 ce n'est pas le plus important.
26:42 Alors que là, on rentre vraiment pour gagner un titre,
26:45 on commence déjà à toucher un petit peu ce qu'est la vraie compétition.
26:48 Et ça fait partie des objectifs chaque année ?
26:50 Oui.
26:51 Parce que, par définition, l'équipe se renouvelle chaque année ?
26:55 Complètement oui.
26:56 Mais bien sûr, chaque année on essaie de...
26:58 Malheureusement, on réussit pas chaque année.
27:00 Ah oui, c'est ça, c'est vrai.
27:01 Et puis en plus, on avait battu les Lyonnais en finale.
27:04 Et vous avez perdu, l'année suivante, vous perdez en 71.
27:06 Non, non, non, on n'était plus junior à cette époque-là.
27:09 On n'y était plus.
27:10 Il y avait Patrick Revelli,
27:12 il y avait Merchadier qui n'était plus,
27:14 Patrick Revelli, Christian Sinagel et moi-même.
27:18 C'est pour ça que vous n'allez pas gagner en 71.
27:20 Non, non, je ne vous dis pas ça.
27:21 Non, mais disons que c'était un plaisir de battre nos voisins.
27:24 J'imagine.
27:25 Merci beaucoup messieurs.
27:26 Il y avait tellement de choses à dire,
27:27 mais c'est vrai que le temps passe très très vite.
27:29 C'était un plaisir de vous avoir Christian Saramagna et Sarah Fernandes.
27:32 Merci à vous.
27:33 Et vous pourrez retrouver cette émission en allant sur francebleu.fr
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