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La remontée en D1 à l'issue de la saison 98-99 avec Jérome Alzon et Lionel Potillon

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Sport
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00:00 100% synthé, Olivier Rocher
00:04 1933-2023, la SS souffle ses 90 bougies cette année.
00:09 Pour l'occasion, France Bleu, Saint-Etienne ou Arrélès, Saint-Etienne vous propose ce rendez-vous du mardi entre 18h30 et 19h.
00:15 On retrace les grands pans de l'histoire de ce club, pas comme les autres.
00:19 Il n'est pas comme les autres car il nous a fait vivre des émotions pas comme les autres.
00:22 Et la saison 1998-1999 n'est pas une saison comme les autres.
00:26 C'est une saison de remontée en D1, une saison de titres de champion de France de D2,
00:31 une saison avec un match au Stade de France pour une rencontre de championnat.
00:35 C'est un nouvel entraîneur, une nouvelle aventure.
00:37 Et puis pour en parler, Rodolphe Montagné est avec nous.
00:40 Bonsoir Rodolphe.
00:41 Bonsoir Olivier, bonsoir à tous.
00:43 Lionel Potillon également, ancien Vert. Bonsoir Lionel.
00:45 Bonsoir à tous.
00:46 Merci d'être avec nous.
00:47 Et puis au téléphone on aura Jérôme Alonso pendant une partie de cette émission, gardien à cette époque-là.
00:52 J'ai les Verts. Bonsoir Jérôme Alonso.
00:54 Bonsoir Olivier, bonsoir à toutes et à tous.
00:56 Et le pilier de ces émissions spéciales entre 18h30 et 19h le mardi, Philippe Gastal.
01:00 Il n'a pas pu être avec nous en studio, mais il est là quand même,
01:03 historien et conservateur du Musée des Verts. Bonsoir Philippe.
01:06 Bonsoir à tous.
01:07 Alors cette saison 1998-1999 commence timidement avec quatre matchs nuls,
01:13 si on retrace un petit peu l'historique de cette saison.
01:16 Il faut attendre la cinquième journée et une victoire contre New York.
01:19 Cinq matchs sans défense en championnat, ça commence plutôt bien quand même,
01:22 mais ça va continuer pour atteindre une série de 20 matchs sans défaite consécutive.
01:27 Une magnifique série qui sera évidemment à l'origine de la montée du titre,
01:30 même si on le verra après.
01:32 Ça ne s'est pas aussi bien terminé, mais au final il y a eu cette montée et ce titre.
01:37 Jérôme Alonso, qu'est-ce qui a fait que cette équipe a réalisé cette saison-là,
01:42 ces performances-là ?
01:44 Pour pas te t'en témoigner, ce qui fait qu'on a fait cette performance-là,
01:48 c'est aussi qu'on a failli mourir l'année d'avant.
01:50 Rappelez-vous, 97-98, on est sauvés à la dernière journée.
01:56 On est assis sur la pelouse à Lille et on attend fébrilement le résultat de Cuizo-Louan,
02:01 qui joue chez Plurou.
02:02 Et puis on est sauvés à l'encontre de Ferra-Lille et on aurait dû descendre.
02:06 C'est une saison catastrophique.
02:08 Finalement, tout ça nous donne beaucoup de force.
02:10 Je me rappelle du stage de préparation au Puy, d'un avant-saison, d'un nouveau coach.
02:15 Je me rappelle de plein de choses.
02:16 En fait, nous les anciens, en tout cas ceux qui avaient vécu la saison d'avant,
02:21 on ne voulait surtout pas revivre ça.
02:23 Et je crois que ce qui nous donne beaucoup de force,
02:26 c'est d'être passé très très près de la mort et d'avoir envie de surtout plus jamais revivre ça.
02:32 Vous confirmez, Lionel ?
02:34 Exactement. Jérôme a bien résumé.
02:36 La qualité des dirigeants de l'époque, c'est justement d'avoir su capitaliser
02:44 sur ces difficultés de l'année précédente et en incorporant des joueurs de caractère,
02:49 des joueurs d'expérience.
02:51 Ça a fait un amalgame qui a été très positif puisqu'au final, on a fait une très belle saison.
02:56 Et on en parlera avant la fin de l'émission de ce trio Bampard-Solaire.
02:59 Et il nous arrêt parce qu'évidemment, il est à l'origine, ce trio, de cette saison-là.
03:04 20 matchs dans une série d'invincibilité.
03:08 C'est exceptionnel.
03:09 Si je ne me trompe pas, Philippe Gaston, c'est la deuxième meilleure série de la SS
03:13 au total de 21 rencontres en défaite en 55-58 ?
03:16 Oui, puis également lors du titre en 69-70.
03:22 Mais ce sont des séries qui marquent l'histoire du club. C'est une certitude.
03:27 Cette saison, Philippe, vous l'historien de la Sainte-Etienne et du Musée des Verts,
03:31 cette saison, pourquoi elle est à part ?
03:33 Pourquoi finalement ce soir, on en parle ?
03:35 On en parle parce qu'on venait de vivre, Jérôme en parlait tout à l'heure,
03:39 mais on venait de vivre également, on descend 96, donc 96-97 et la saison 97-98,
03:48 on flirte avec le National qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de la Sainte-Etienne.
03:52 Donc on revient de nulle part.
03:55 Et donc cette saison, en plus, avec une montée directe en Ligue 1, c'est un exploit.
04:04 Et avec le public qui suit, avec des joueurs dont l'amalgame tout à l'heure,
04:11 ça a été rappelé, un amalgame, le recrutement avec des joueurs de caractère.
04:16 Je pense au futur capitaine Kader Ferraoui, à Patrick Revelle, à Gilles Leclerc, à Nestor Soubiat,
04:21 avec des joueurs d'expérience et avec des joueurs qui étaient passés tout près du coup près.
04:25 L'amalgame s'est fait rapidement puisqu'après 4 matchs nuls,
04:29 ils vont enchaîner, comme vous le disiez tout à l'heure, 20 matchs sans défaite.
04:32 Justement, Philippe, ces 4 matchs nuls, ça n'a pas créé un doute dans l'esprit des supporters à l'époque ?
04:38 Vous savez, on sortait du néant, mais presque, descendre en national pour un club comme la Sainte-Etienne.
04:48 Donc on se satisfaisait déjà de ces 4 matchs nuls.
04:51 Et petit à petit, on se disait, peut-être la mayonnaise va prendre.
04:54 Et la mayonnaise a très bien pris.
04:56 Une mayonnaise qui a été facile à prendre, Jérôme Alonso, de cette saison-là ?
05:01 Je me rappelle, comme je vous le disais juste avant, des stages d'avant-saison.
05:06 J'ai ce souvenir. Et Popode s'en rappellera aussi.
05:09 C'est une saison particulière parce que rappelez-vous, c'est 98.
05:12 Et nous, on vit la préparation pendant que les Bleus vont être champions du monde.
05:18 Donc c'est très drôle parce qu'on vit tout ça au milieu de nos matchs amicaux.
05:24 Il y a une ambiance incroyable en France.
05:26 Je vous dis, je ne sais pas Popode, rappelle ce stage improbable au Puy.
05:30 Dans un hôtel ibis où il n'y avait pas la clim, il faisait 60 degrés dans l'hôtel.
05:34 Et finalement, au lieu de râler, on s'est tous renforcés.
05:39 Nos liens se sont renforcés autour de tout ça.
05:42 Je me rappelle d'une ambiance, honnêtement, que je ne pense pas retrouver dans ma vie, ni avant ni après.
05:50 Et pour compléter, Jérôme, si tu te souviens bien, les matchs amicaux qu'on a faits,
05:55 je crois qu'on fait deux ou trois, je ne sais pas si on peut le dire en antenne, mais presque bagarres générales.
06:01 Et je pense que les matchs amicaux ont vraiment soudé le groupe.
06:04 On embrasse Patrick Nihoud d'ailleurs.
06:06 Mais c'est vrai que ça avait vraiment soudé le groupe.
06:10 Et après, ça s'est retrouvé constamment tout au long de la saison.
06:13 Ce n'est pas des conseils à donner aux jeunes.
06:16 On les vit pas mal les cas nuls.
06:18 Parce que, comme vous le dites, d'où on venait.
06:20 En plus, je me rappelle très bien, dans les cas nuls, il y a des vrais bons matchs.
06:23 Il y a un vrai bon contenu.
06:25 On sent que le coach nous arrête, mais il met un truc en place.
06:28 Et puis, on ne perd pas.
06:30 Et quand on est habitué à perdre pendant un an,
06:32 déjà, quand vous passez un été sans perdre, ça change beaucoup de choses.
06:35 Et quand il y a cette première victoire à New York,
06:37 il y a quelque chose qui se passe aussi dans la tête du groupe ?
06:39 Je ne sais pas si c'est un match déclencheur ou pas du tout,
06:41 ou est-ce que c'est un ensemble de choses ?
06:43 Est-ce que la première victoire allume peut-être des premières bougies Lionel Potillon ?
06:49 En fait, on est dans la continuité.
06:52 Nos premiers matchs sont intéressants, même si la victoire n'est pas au bout.
06:56 Mais on reste dans cette continuité, dans ce qu'on faisait depuis le début de saison.
07:00 On arrivait à se créer beaucoup d'occasions, si je me souviens bien.
07:03 Effectivement, on prenait quelques buts, c'était un peu la marque de fabrique à cette époque-là.
07:08 Mais par contre, on avait énormément d'opportunités offensives.
07:12 Et ça nous permettait à chaque fois de mettre un but de plus que l'adversaire
07:16 et de faire cette série qui a été incroyable.
07:18 Pour clore cette première partie, Rodolphe,
07:20 pourquoi cette saison, à part vous qui suivez les Verts depuis longtemps ?
07:24 Pour moi, elle est particulière parce que c'est le moment où j'ai démarré les commentaires de la Sainte-Étienne.
07:27 C'était ma première saison. Je me rappelle très bien que mon employeur de l'époque me dit
07:31 « Si on reste en Ligue 2, enfin en Ligue 1 ou en Ligue 2 à l'époque, on continue.
07:35 Si on descend, on ne fera jamais de football sur l'antenne. »
07:38 Donc, j'ai démarré avec ça. J'ai démarré en montant la première saison.
07:42 Donc, ça laisse des souvenirs.
07:44 En revanche, après, quand on a vécu tout ce qu'on a vécu avec la Sainte-Étienne,
07:46 on a tendance un peu à oublier.
07:48 C'est sympa de vous revoir ces années-là, de se remémorer cette époque-là.
07:51 On va parler aussi d'un moment important dans cette saison,
07:54 c'est le match du côté du Stade de France.
07:57 On va se souvenir de ce match, pas comme les autres, là aussi,
08:03 parce que c'est un événement...
08:05 - Je vous l'ai pris, moi, les gars !
08:07 - Moi aussi, Jérôme, parce que je crois que c'était sorti en cours de route.
08:10 Voilà, on a un bon casting pour parler de ce match-là.
08:13 On ne peut pas mieux rêver.
08:15 En effet, il y en a un qui va avoir des souvenirs un peu douloureux,
08:18 Jérôme Alonso.
08:20 Mais je ne peux pas faire autrement que de parler de ce match, évidemment.
08:23 L'ASS contre le Red Star, nous sommes le 10 mars 1999,
08:27 et ce match se déroule au Stade de France, après la Coupe du Monde.
08:31 Un événement, Philippe Gastel, pour un match de Ligue 2.
08:33 Comment on en est arrivé, là ?
08:34 Comment on en est arrivé à jouer un match de D2, du coup, plutôt,
08:37 de D2 au Stade de France ?
08:39 - Le Stade Saint-Ouen, Stade Bouer, n'est pas très grand,
08:42 et on s'est dit que quand l'ASS se déplace, surtout dans la capitale,
08:46 ils peuvent faire énormément de monde.
08:48 On ne pensait jamais qu'il y aurait autant de monde,
08:50 puisque, en fait, en plus, c'était en semaine.
08:52 C'était un mercredi, et c'est toujours le record de spectateurs
08:55 pour un match en Ligue 2, un match de championnat de Ligue 2.
08:58 Donc, plus de 48 000 spectateurs payants.
09:01 Donc, c'est tout simplement incroyable.
09:05 En plus, c'est un match qui a marqué les esprits,
09:09 parce que les Verts mettent le feu au Stade de France.
09:17 C'est vrai que ce soir, on a Popote, on a Jérôme.
09:20 Ils ont été beaucoup plus malheureux sur ce match,
09:22 puisque j'ai repris Popote, je crois que tu sors à la 32e minute.
09:25 Tu dois avoir une blessure cyclotrée.
09:27 - Oui, c'est un claquage au mollet de mémoire.
09:30 - Claquage au mollet ? - Ouais.
09:32 - Et tu reviens que 4 matchs plus tard, je crois, pour un match à Laval.
09:36 Malheureusement, Jérôme est blessé.
09:40 Je ne sais pas si c'est une fracture du perronné ou de la cheville.
09:43 Les images sont assez spectaculaires.
09:45 - J'ai fait Maléol-Tibia-Perronné.
09:47 - Avant ? - J'ai fait Maléol-Tibia-Perronné.
09:50 - Voilà, c'est un bon combo.
09:52 J'ai revu les images tout à l'heure.
09:54 Ce n'est pas très beau à voir.
09:56 Justement, quand on parle de ce match-là,
09:59 c'est un match très particulier.
10:01 Il y a une victoire de la Saint-Etienne face au Red Star.
10:04 Mais il y a aussi cette fin de saison pour vous.
10:06 Qu'est-ce que vous retenez de ce match ?
10:09 - C'est la première fois que j'en reparle.
10:12 C'est un épisode de ma vie qui a bouleversé beaucoup de choses.
10:16 Je n'ai aucun problème à dire que ça a changé ma vie et ma carrière.
10:19 Parce que j'ai toujours été très critique avec moi.
10:24 Mais à cette époque-là, je n'étais pas trop mauvais.
10:27 Je pense que je n'ai jamais retrouvé ce niveau-là.
10:30 Même s'il y a eu des belles années au PSG,
10:32 après il y a eu des bons matchs aussi.
10:34 Mais je pense que c'est vraiment une vraie cassure dans ma carrière.
10:38 Et dans ma vie d'homme aussi, où j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre.
10:41 On va monter.
10:44 Finalement, la fête va se passer sans vous.
10:46 Parce que je suis à l'hôpital pendant les matchs d'après.
10:49 Et puis j'ai mon plâtre.
10:51 Je ne peux pas vraiment l'aider à suivre.
10:53 C'est compliqué.
10:55 Vous avez préparé le gâteau.
10:57 Vous avez mis la table.
10:58 Vous ne pouvez pas le manger.
10:59 C'est très dur à vivre.
11:01 Et puis après, il y a la douleur physique qui m'a quasiment plus jamais quitté ma carrière.
11:05 Mais c'est vrai que sportivement, c'est le match qui nous fait monter.
11:10 C'est une victoire très importante qui cède un petit peu le sort de la SS cette année-là.
11:17 Pas pour le titre, mais pour la montée.
11:20 Je me rappelle avoir eu des sentiments très ambigus.
11:25 Parce que j'étais heureux qu'on ait gagné.
11:28 Mais j'ai senti très vite que c'était très grave.
11:32 C'est pour ça que cette saison est d'un côté la plus belle et d'un côté la pire de ma carrière.
11:38 Parce que se sont jouées des choses au-delà de la montée très importantes pour moi.
11:44 Jérôme, ça a changé votre carrière et celle d'un petit jeune qui s'appelait Jérémy Jeannot à l'époque.
11:48 Quelle relation vous entreteniez avec lui à l'époque ?
11:50 Jérémy Jeannot va prendre le relais jusqu'à la fin de la saison.
11:53 On était déjà très potes.
11:55 Je couvais Jérémy avec ce gabarit et ce mental particulier.
12:01 Je me disais "Il a du feu, il a le feu, il a la folie, il a tout en fait".
12:07 C'est vrai que pour Jérémy ce n'est pas facile.
12:11 Parce que là il prend la suite.
12:12 Après quand on monte en Ligue 1, le club prend Philippe Montagné comme doublure.
12:15 Donc Jérémy passe numéro 3.
12:18 Donc ce n'est pas facile pour lui.
12:20 Et puis après, à la force du poignet, il m'a pris la place.
12:25 Et puis après on est redescendus les faux passeports.
12:27 Et puis après il a joué.
12:28 Donc quelque part, un petit peu indirectement, c'est un épisode qui va libérer un peu la voie.
12:36 Mais après il n'a rien volé.
12:38 Tout ce qu'il a eu, il l'a mérité.
12:39 Mais effectivement, s'il n'y a qu'un bonheur, c'est que cet épisode a peut-être ouvert la voie
12:47 et que ça a permis à Jérémy de faire cette carrière-là après.
12:50 C'est vrai que pour vous aussi ça tourne court, Lionel Potti, en cette rencontre.
12:54 Mais ça reste un souvenir fort de jouer au Stade de France pour un mat de championnat avec votre équipe.
12:59 J'imagine que vous n'imaginiez pas ça au début de la saison.
13:03 On ne s'imagine pas du tout, puisque le Stade de France est tout neuf
13:06 et réservé à la Coupe de France et peut-être la Coupe de la Ligue
13:10 qui doit peut-être démarrer à cette période-là.
13:12 Mais c'est vrai qu'on ne s'attend pas du tout à jouer là-bas
13:15 et on ne s'attend pas à cet engouement surtout.
13:18 Mais on était dans une période un petit peu euphorique au niveau de nos résultats.
13:23 On avait un public à Geoffroy Guichard qui était incroyable.
13:26 On a fait, je crois, sur une semaine au mois de novembre ou décembre,
13:29 trois fois 30 000 personnes.
13:33 C'était incroyable. Il y avait un engouement qui était digne d'un club
13:36 qui jouait les premiers rôles non pas en D2 mais en D1.
13:39 Donc la surprise était, oui elle y était, mais finalement pas tant que ça
13:44 parce qu'on sait qu'on a beaucoup de supporters stéphanois à Paris.
13:48 - Et finalement, tu te rappelles, excusez-moi les gars,
13:50 tu te rappelles Paupose comment on arrive au Stade quand même ?
13:52 - Oui, ça les gens ne savent pas.
13:54 - En fait, il faut savoir que le bus tourne en panne.
13:56 - Voilà, à deux kilomètres de l'arrivée.
13:58 - Et on est rapatriés au Stade de France par des supporters
14:01 qui nous ont amenés en voiture au Stade de France quand même.
14:03 - Ouais, ouais, c'était...
14:04 - C'est très, très particulier. - Recombolesque.
14:07 - Ça marque du coup.
14:09 - C'était Patrick Guillou encore qui arrêtait les gens sur le périphérique
14:12 pour qu'on puisse mettre les balles en voiture.
14:14 - J'ai l'impression qu'il est dans pas mal de choses dans cette saison, Patrick Guillou.
14:17 Merci beaucoup Gérard Malenzo d'être venu parler de ses souvenirs,
14:21 heureux, un peu douloureux aussi pour cette petite légion.
14:25 - Non, non, c'est génial, c'est génial.
14:26 C'est des années inoubliables et franchement, voilà,
14:29 il y a la douleur physique mais c'est inoubliable
14:31 et voilà, pour rien au monde, j'échangerais ma jambe cassée
14:33 contre ce que j'ai vécu parce que ça valait le coup d'être vécu comme ça.
14:36 - Eh bien merci de nous l'avoir raconté Gérard Malenzo.
14:38 À très bientôt sur France Bleu Saint-Etienne Noir.
14:40 100% Sainté, 90 ans de la Sainte-Étienne continue
14:43 puisqu'on va parler de la suite de la saison
14:45 et notamment de ces matchs qui vont sceller la montée,
14:48 qui vont sceller le titre, mais une fin de saison
14:50 un peu moins brillante que les 20 premières journée.
14:55 On revient dans un instant sur France Bleu Saint-Étienne Noir.
14:58 100% Sainté, 90 ans de la Sainte-Étienne,
15:02 on se souvient de cette belle saison 98-99,
15:05 cette saison de remontée en D1,
15:07 une saison avec une série de 20 matchs sans défaite,
15:10 un match aussi au Stade de France, on en a parlé.
15:13 On est toujours avec Rodolphe Montagné, avec Lionel Potillion,
15:16 ancien joueur et Philippe Gestal, conservateur du musée d'Evey.
15:20 Cette saison a eu du mal quand même,
15:23 Lionel a couché d'une fin heureuse
15:26 parce que les 8 derniers matchs de la saison
15:28 ne comportent aucune victoire.
15:30 Alors qu'est-ce que s'est-il passé après cette dernière victoire
15:32 qui finalement sera une victoire à la maison 3-2 contre Lille ?
15:35 Je pense qu'il y a eu une décompression naturelle,
15:40 je ne sais pas si elle est naturelle,
15:41 mais je pense qu'il y a eu un certain relâchement.
15:43 Je me souviens également qu'il y avait des très grosses coupures,
15:47 des longues périodes sans match,
15:49 et j'en veux pour preuve qu'on était allé faire une tournée
15:52 en Guadeloupe et Martinique avant la fin du championnat,
15:56 ce qui n'est pas commun.
15:58 Donc oui, c'était un certain relâchement,
16:01 et puis on a parlé tout à l'heure de joueurs
16:04 qui ont été très expérimentés,
16:06 et pour certains, physiquement,
16:09 la saison était un petit peu plus difficile à la fin.
16:12 Et voilà, c'est des raisons qui expliquent
16:15 cette petite baisse de régime,
16:18 mais on avait quand même un matelas
16:20 qui était relativement confortable
16:22 et qui nous permettait de gérer un petit peu.
16:26 Oui, ça fait rêver ces 18 points.
16:28 Lionel, quand est-ce que vous avez senti cet effet ?
16:31 Parce qu'on le sent sur le terrain, à un moment donné,
16:33 même si on ne sait pas mathématiquement faire,
16:35 au-delà de la mathématique, quand est-ce qu'on se dit "on y va" ?
16:38 J'avais envie de vous parler du match à Sainte-Eufrance.
16:40 C'est vrai que c'est un match charnière.
16:43 Il y en a eu beaucoup de matchs importants,
16:46 mais c'est vrai que celui-là nous a fait basculer,
16:48 il nous a fait comprendre qu'on était vraiment sur le bon chemin,
16:50 parce que déjà il y avait 50 000 spectateurs,
16:53 et puis le Red Star à l'époque était une équipe
16:55 un petit peu compliquée à jouer à l'extérieur.
16:58 Avec un certain David Guillaume d'ailleurs,
17:00 c'est vrai que c'est un match qui a été important dans cette année-là.
17:11 Alors justement, il y a un match aussi qui, malgré tout,
17:14 scelle mathématiquement la montée en D1,
17:18 c'est ce match contre Ajaccio, et ce match nul de partout.
17:22 Et pour bien comprendre l'ampleur de l'émotion stéphanoise,
17:25 il faut se souvenir que l'an dernier,
17:27 les Verts avaient dû attendre la toute dernière journée de championnat
17:30 pour se maintenir en D2.
17:31 Il faut se souvenir aussi qu'après un début de championnat laborieux,
17:34 les Stéphanois se sont montrés dominateurs,
17:36 au point de posséder 18 longueurs d'avance sur le 4e
17:39 au soir de la 30e journée,
17:41 après une victoire 3-2 face à Lille.
17:43 La 7e consécutive, autant dire que la D1 leur était déjà promise,
17:46 et pourtant les Stéphanois vont alors connaître
17:48 une terrible période de doute.
17:50 Deux points seulement en quatre matchs,
17:52 avec un douloureux Revert à domicile face à Nice 2-0,
17:55 et un match nul à Laval qui recousse encore l'échéance.
17:58 Évidemment, pour être belle, cette accession ne peut être officialisée
18:01 qu'à Geoffroy Guichard.
18:02 C'est sûr, les Verts seront en D1 face à Ajaccio,
18:05 le bisou d'Alonso, blessé au Stade de France,
18:07 au jeune Jérémy Janneau.
18:08 Tous sont là pour ça,
18:10 à commencer par les 35 000 spectateurs
18:12 et leur ticot majestueux.
18:14 La légende des Verts est de retour, pas de doute, c'est écrit !
18:17 C'est vrai que ça a eu du mal à s'écrire,
18:19 parce qu'il y a cette défaite contre Nice,
18:21 où le stade était bien rempli ce jour-là,
18:24 parce que les gens attendaient la validation de cette montée.
18:27 Il a fallu être patient.
18:30 Vous vous souvenez de ce match, j'imagine, contre Ajaccio ?
18:33 Je ne me souviens pas de tout,
18:35 mais je me souviens surtout de l'après-match.
18:37 Et cette communion avec le public, qui était incroyable.
18:42 Il y avait une longue attente,
18:44 c'était la troisième année qu'on était en deuxième division,
18:48 donc il y avait une vraie attente.
18:50 Et comme toujours, le public a répondu présent,
18:54 et les scènes de joie qu'on voyait,
18:57 les sourires sur les gens,
18:59 c'était une ambiance incroyable.
19:01 Il y a eu une forme de retour à l'amour,
19:04 un amour fort entre les joueurs et leurs supporters cette année-là ?
19:08 Oui, mais vous savez, c'est Saint-Etienne,
19:10 c'est un club où l'amour n'est jamais très loin,
19:12 même quand il y a des périodes un peu plus compliquées.
19:15 Et on l'a encore vécu cette année.
19:17 On a un public qui est quand même très fidèle,
19:20 on peut en être vraiment très contents,
19:22 parce que quand ça va bien,
19:24 il y a peu de clubs en France où on peut avoir ce soutien-là.
19:28 Vous l'avez dit, il y a eu une sorte de relâchement inconscient,
19:31 une sorte de fatigue,
19:33 parce que finalement le match du titre,
19:35 ça va être un match nul aussi,
19:37 contre Châteauroux,
19:39 ça annoncera quelques années plus tard un autre match aussi,
19:41 qui rentrera dans l'histoire,
19:43 contre Châteauroux, pour une montée et un titre.
19:45 C'est la dernière journée à domicile,
19:47 et un match 0-0.
19:49 On se dit "tiens, c'est un match nul qui valide le titre",
19:52 alors que la saison était incroyable encore quelques semaines avant.
19:56 C'est vrai que ce n'est pas la fin qu'on imaginait,
19:58 on aurait préféré gagner 2-0, 3-0,
20:00 et avoir encore une fois cette communion avec le public.
20:04 Mais parfois, le cours du match fait qu'il faut savoir se contenter de ce point-là.
20:11 On était déjà très très très contents de la montée en première division,
20:14 et puis je pense que,
20:16 on parlait de l'inconscient tout à l'heure,
20:18 je pense qu'il y avait aussi beaucoup de joueurs qui commençaient déjà à se poser des questions sur la pré-montée,
20:22 puisqu'on avait un groupe qui était à la fois composé de jeunes joueurs,
20:27 et qui se posait la question de savoir s'ils allaient être en capacité de jouer en première division,
20:32 et puis on avait également des joueurs qui étaient, comme je l'ai dit, un petit peu sur la fin,
20:36 et qui eux aussi se posaient la question de savoir s'ils allaient être encore capables de jouer en première division.
20:40 Donc je pense que ce doute individuel de chacun a aussi certainement joué un petit peu dans cette fin de saison un peu plus compliquée.
20:49 - Et vous personnellement, comment cette fin de saison vous la vivez, vous Lionel Potillon ?
20:54 - Alors pour moi c'est une renaissance,
20:56 parce que je sortais de deux saisons très très compliquées,
20:59 où j'avais eu les ligaments croisés,
21:01 avec un vrai blocage psychologique, je l'ai expliqué tout à l'heure,
21:06 et un petit peu comme Jérôme, il y a un avant et un après quand tu as une très très grosse blessure comme ça,
21:11 et moi pendant deux ans j'ai eu un blocage où j'y arrivais plus, c'était très très compliqué,
21:17 et il a fallu un match assez bizarre puisqu'on perd 4-1 à Lorient,
21:21 et je rentre à la fin du match dans le vestiaire avec le sourire, contrairement à tous mes autres camarades,
21:26 parce que je savais que ce jour-là il s'était passé quelque chose, et que l'appréhension était derrière moi.
21:32 - On va continuer à parler, et on va terminer de parler de cette saison avec un trio,
21:36 qui avait évidemment été l'architecte de cette remontée en D1.
21:40 On va parler de ce trio, trio pas comme les autres,
21:51 Alain Bonpard, le président Gérard Soller, le président exécutif et Robert Nuzare, le coach,
21:55 qui était arrivé cette année-là, Philippe, racontez-nous,
21:58 Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts, racontez-nous ce trio-là.
22:02 - Alain Bonpard était arrivé le 12 décembre 1997, donc quelques mois auparavant,
22:11 il découvrait quelque part le football, mais Gérard Soller lui a vite appris
22:15 toutes les facettes du football,
22:21 et puis Robert Nuzare était un entraîneur déjà très expérimenté,
22:27 il a su faire l'amalgame, Lionel parlait tout à l'heure de jeunes,
22:31 il a fait confiance à des jeunes qui sortaient de clubs régionaux,
22:37 comme Bertrand Fayolle ou Adrien Ponçart, avec les anciens,
22:40 avec ceux qui avaient failli descendre en national,
22:43 il a su trouver cet amalgame, et puis il y avait un recrutement judicieux de Gérard Soller,
22:47 et le président Bonpard, très humain, puisque je ne sais pas si Lionel peut en parler,
22:52 mais je crois que le soir du match contre Lille, il s'adresse aux garçons,
22:58 il leur dit "écoutez, j'ai décidé de conserver l'ensemble de l'effectif pour la saison prochaine".
23:05 Donc voilà, c'était un président très humain, et qui correspondait bien aux valeurs stéphanoises.
23:13 - Vous confirmez ?
23:14 - Oui, je confirme, et ça rejoint un petit peu ce que je disais tout à l'heure,
23:18 c'est-à-dire que le président sentait bien qu'il y avait un petit peu un malaise individuel chez chacun,
23:23 par rapport à la projection qu'on pouvait se faire sur l'année d'après en première division,
23:27 donc voilà, c'était une manière aussi de dire à tout le monde "continuez dans cette voie-là,
23:32 j'ai conscience de ce que vous avez fait, et je n'oublierai pas".
23:35 Et c'est vrai qu'il ne l'a pas oublié.
23:36 - Vous sentiez, Lionel, qu'il y avait un élan qui était vraiment donné par ces trois hommes-là, cette année-là ?
23:41 - Ils étaient déjà très complémentaires, et surtout ils avaient une confiance en eux qui était extrêmement importante,
23:47 il y avait la très grande connaissance du football de Gérard Solaire et de Robert Nuzare,
23:54 et puis Alain Bompard, qui comme l'a souligné Philippe, était quelqu'un de très très humain, très chaleureux,
23:59 et qui savait, en dehors de ce qui pouvait être fait par le staff technique,
24:05 il savait aborder les joueurs, essayer de leur redonner confiance quand il y avait un petit problème.
24:10 - Et c'est ainsi que s'achève cette émission, il y avait encore plein de choses à dire sur cette saison 90, 99.
24:16 - On pourrait faire une dizaine d'émissions.
24:18 - J'imagine, mais la demi-heure passe très vite.
24:21 Merci beaucoup Philippe Gastal !
24:22 - Bonsoir à tous.
24:23 - Merci à très bientôt, merci Rodolphe, et puis merci à Jean-Romain Lanzo,
24:27 et merci également Lionel Potiant d'avoir été notre invité dans 100% Synthé 90 ans de la Sainte-Etienne.
24:32 Saint-Etienne.

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