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00:00Ici Saint-Etienne-Loire, 6h-9h, ici Matin.
00:05Ce matin, David, on parle donc du sport à l'école et dans notre société d'une manière plus générale avec l'une des légendes du sport français.
00:12Stéphane Diagana, bonjour à vous.
00:14Bonjour.
00:15Ancien champion du monde sur 400 mètres et c'était en 97, en relais 4x400 en 2003, aujourd'hui consultant France Télé.
00:22Vous participez à Saint-Etienne aujourd'hui aux journées de l'EPS organisée par le syndicat SNEP-FS1,
00:27notamment à cette table ronde intitulée « Est-ce que l'EPS est nécessaire à l'école ? »
00:31Si on se pose la question, c'est que certains en doutent vraiment, Stéphane Diagana ?
00:35Non, je crois qu'il faut toujours une formule un peu provoque.
00:38C'est pour au contraire rappeler qu'elle est indispensable, la question elle est posée,
00:41mais pour dire qu'au contraire c'est essentiel, c'est essentiel dans les apprentissages, on le sait,
00:49et pour énormément de raisons c'est essentiel bien sûr.
00:51Alors justement, pourquoi c'est essentiel ? Pourquoi il faut presque élever le sport au même rang que le français et les maths ?
00:57Je crois déjà que ça permet, la vie éducative elle se passe pour l'essentiel assise sur une chaise,
01:05et je pense qu'on apprend aussi en mobilisant son corps,
01:09et là je parle du sport mais je parle aussi de l'activité artistique, je parle du théâtre, je parle de la danse,
01:13je pense qu'on apprend différemment, et d'ailleurs il y a un courant de pensée aux Etats-Unis qui est très puissant,
01:20qui s'appelle le « embodied learning », c'est-à-dire l'apprentissage en engageant le corps,
01:24et on peut apprendre, il y a des études qui sont faites, on peut mieux apprendre les mathématiques en faisant bouger son corps.
01:28Donc il ne s'agit pas en EPS de faire des mathématiques, mais en tout cas de faire prendre,
01:33de laisser une part au corps, et à l'apprentissage par le corps, dans l'enseignement tout simplement,
01:40et de donner goût au sport aussi, puisqu'on sait que si on arrive à donner goût au sport,
01:45mais pour ça il faut des moyens, si on arrive à donner goût au sport aux jeunes,
01:49on a plus de chances d'avoir des jeunes qui pratiquent, qui respectent leur corps, et qui sont en bonne santé.
01:54Alors bien sûr, il ne s'agit pas de réduire l'EPS à des objectifs de santé,
01:58mais c'est quand même aujourd'hui aussi un enjeu important,
02:02et l'EPS peut contribuer à la santé des jeunes, et ce n'est pas à négliger non plus.
02:06Alors le gouvernement avait lancé, il y a un peu plus d'un an, les 30 minutes d'APQ en école primaire,
02:12c'est l'activité physique du quotidien, on a l'impression, dans les faits,
02:15et ce n'est pas forcément très appliqué. Il y a des idées, mais dans les faits ?
02:22En fait, oui, effectivement, il y a des idées, il y a des résistances qui existent,
02:29mais il y a aussi une incapacité à mettre en œuvre, parfois, pour des problèmes de formation.
02:34Il y a des inégalités dans les territoires, il y a des territoires qui ont ce qu'on appelle des étapes,
02:39des éducateurs sportifs dans les collectivités territoriales, dans les villes,
02:45qui peuvent être mis à disposition du primaire pour, justement, toute l'activité sportive,
02:51et pourquoi pas pour l'APQ, et puis, parfois, ça repose sur des enseignants
02:55qui ne savent pas comment faire, à qui on n'a pas mis de l'information.
02:59Donc, il faut prendre les choses, je dirais, dans l'autre sens,
03:02et c'est peut-être mettre d'abord en formation des enseignants sur ces apprentissages qui sont essentiels,
03:11et puis après, donner les moyens pour que ça puisse se faire,
03:15et expliquer pourquoi, c'est important aussi.
03:17On a l'impression, Stéphane Diagana, que la prise de conscience, les moyens, les dispositifs,
03:21ils vont finalement un peu moins vite que la progression de la sédentarité dans notre société,
03:26que le développement de l'obésité chez les jeunes.
03:27Est-ce que ce combat-là, cet engagement, il n'est pas un peu perdu d'avance ?
03:33Non, je ne pense pas qu'il soit perdu d'avance,
03:34je pense que c'est une question de prise de conscience, tout d'abord.
03:41J'ai eu l'occasion de travailler sur un rapport sport-université il y a très longtemps,
03:45et je voyais des présidents d'universités qui n'étaient pas concernés du tout par cette question-là,
03:49mais je leur dis, à quoi ça sert d'investir 12 000 euros par étudiant chaque année,
03:54si ce n'est pas pour prendre soin de leur santé ?
03:57Et leur santé passe aussi par, la santé au sens global,
04:01bien-être physique, mental et social, passe aussi par des pratiques d'activité physique
04:06qui mobilisent le corps, une fois de plus, sportives, artistiques.
04:10Et donc, il faut permettre ça, parce que sinon, on a des gens qui sont malades de plus en plus tôt
04:13sur des pathologies qui arrivaient plus tard,
04:15comme on voit arriver aujourd'hui, 10 ou 15 ans plus tôt en moyenne,
04:19ou 5 ou 6 ans plus tôt en moyenne pour certaines.
04:20Est-ce que c'est important, pour terminer, d'une certaine manière de glorifier le sportif ?
04:26On voit le classement du Time Magazine qui dit que Léon Marchand est l'une des 100 personnalités
04:31les plus influentes du monde.
04:32Il faut y aller à fond là-dessus pour vraiment en faire des exemples et des modèles ?
04:37Alors, avec le sport de haut niveau, c'est parfois ambivalent,
04:42parce que ça peut faire peur aussi.
04:43Toutes les images, toute la communication autour du sport,
04:45c'est de l'engagement physique, c'est du dépassement.
04:47Donc pour des gens qui sont très très éloignés de l'activité physique,
04:50ils peuvent se dire, moi ça ne me concerne pas.
04:52Donc je pense qu'il faut avoir ce discours,
04:54mais il faut avoir un discours qui dit,
04:56le sport ce n'est pas que la très haute compétition,
04:59ce n'est pas que l'engagement physique extrême,
05:03c'est d'abord parfois 5 minutes, 10 minutes tous les jours,
05:08une petite marche autour de chez vous,
05:11c'est d'abord de l'activité physique,
05:12et puis après ça peut devenir du sport, plus encadré,
05:15mais je pense qu'on doit avoir ces deux discours-là,
05:17ce n'est pas simple, mais on doit avoir ces deux discours-là,
05:19notamment sur les recommandations d'activité physique,
05:21les 30 minutes d'activité physique par jour,
05:23ce n'est pas tout de suite pour certains,
05:24mais ce sera peut-être dans quelques mois ou dans quelques années.
05:28Merci infiniment Stéphane Diagana,
05:30c'était super sympa de vous accueillir dans les studios d'ici,
05:33Saint-Etienne-Noir, ancien champion du monde d'athlétisme,
05:36consultant à France Télé,
05:37et donc participant à cette table ronde
05:39à l'occasion des journées de l'EPS organisée à Saint-Etienne.
05:42Merci beaucoup et bonne journée.
05:43Merci, à vous aussi.