• il y a 6 mois
Le président directeur général de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, était l’invité de BFMTV après une réunion de négociations avec les syndicats sur les compensations liées aux Jeux olympiques. Les différents partis se sont entendus sur une prime de 95 euros brut par jour travaillé, pouvant aller jusqu’à 1900 euros brut pour 20 jours d’exercice

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00:00Après avoir paralysé l'Île-de-France hier, les syndicats de la SNCF avaient rendez-vous cet après-midi avec leur direction.
00:05Objectif, obtenir des primes plus importantes pour les Jeux olympiques.
00:08Nous accueillons donc ce soir le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.
00:11Bonsoir Jean-Pierre Farandou.
00:12Bonsoir.
00:13Qui nous dévoilera en exclusivité dans quelques instants le montant de ses primes et les coulisses de ses négociations.
00:18Des négociations menées aujourd'hui même.
00:19Le responsable de la CGT qui était hier soir sur notre plateau était très menaçant si un accord n'était pas trouvé.
00:25J'accueille pour cette interview importante et exclusive mes consœurs et camarades,
00:28Gaëtan Mélin, chef du service économique et social, et Naïla Latrouze, chef du service politique de BFM TV.
00:33Jean-Pierre Farandou, merci d'avoir accepté cette invitation après une journée quand même bien particulière.
00:39Vous avez vous-même présidé cette réunion de négociations autour de la prime J.O.
00:42Quels sont les termes de l'accord qui a été trouvé et quel sera le montant de cette fameuse prime J.O. à la SNCF ?
00:47Oui, effectivement, on a beaucoup travaillé cet après-midi avec les quatre syndicats représentatifs.
00:51On a passé quatre heures de négociations.
00:53On est au stade d'un projet d'accord, je pense, qu'on a construit ensemble.
00:57Il y avait plusieurs sujets dans ce projet d'accord.
00:59On parlera des primes à la fin, mais c'est bien sûr important.
01:02D'abord sur l'emploi.
01:03On a revisité tous les dispositifs par lesquels on va amener les ressources nécessaires pour que les jeux se passent bien.
01:07Il faut des ressources humaines, donc on a anticipé des recrutements.
01:10On aura 10 000 renforts pour venir épauler les équipes, notamment dans les gares.
01:14Ensuite, à les conditions de travail, parce que c'est sûr que les salariés vont être très sollicités pendant cette période.
01:18Les salariés concernés par la production ferroviaire de nos services.
01:21Donc, on a dit, par exemple, qu'il y aurait des référents qualité de vie au travail dans chaque établissement concerné
01:25pour corriger ce qui doit être en temps réel.
01:27Et enfin, on a parlé primes.
01:28Donc, il fallait se mettre d'accord sur, d'abord, des principes de primes et un système de primes.
01:31– Pardonnez-moi, est-ce qu'on peut leur dire à la fois,
01:33on sait que vous allez faire un effort et que ça va être difficile,
01:35puis en même temps, fin de journée, il y aura un responsable qui nous dira,
01:38oh ben non, c'est un peu trop dur, il faut qu'on en fasse un peu moins.
01:41Excusez-moi si je comprends ce que vous venez de me dire, c'est ce que j'entends quand même.
01:44– Non, mais je vais peut-être préciser le sujet, c'est que d'abord,
01:47on a tout prévu et tout anticipé, bien sûr, la production des trains.
01:50Parlons des JO, il faut parler de quoi ça représente.
01:53Les JO, ça change beaucoup les choses en Ile-de-France.
01:55Il y a beaucoup de lieux, d'épreuves qui se passent en Ile-de-France
01:58et là, on va produire par exemple 4 500 trains supplémentaires.
02:01Donc voilà, il faut du matériel roulant, il faut du personnel,
02:04on va avoir 10 millions de visiteurs en Ile-de-France.
02:07Donc voilà, notre appareil de production va être forcément sollicité
02:11et donc les conducteurs, les gens dans les gares, les gens dans la maintenance,
02:14l'infrastructure, matériel roulant vont fournir un effort particulier.
02:17– 4 500 trains supplémentaires, vous avez bien compris, pendant la durée des Jeux.
02:21Bon alors, la prime, le montant maximal, il est de combien ?
02:24– Alors la prime, il y a deux chiffres clés,
02:26peut-être le montant maximal, c'est plutôt une conséquence au fond.
02:29En fait, on s'est mis d'accord sur le montant journalier.
02:31Voilà, la culture profonde de la SNCF, c'est une culture égalitaire.
02:34On a plusieurs métiers dans cette entreprise,
02:36on a la région parisienne mais on a la province.
02:37On est une entreprise nationale.
02:39Après 4 heures de discussion sérieuse et constructive,
02:42on s'est mis d'accord sur le principe le plus simple possible.
02:45Chaque cheminot directement concerné par la production du service,
02:49les trains, les voies, les gares, l'accueil, le surveillant général,
02:52touchera par jour travaillé pour les JO 95 euros,
02:56quel que soit l'endroit, à Nice, à Bordeaux, à Paris, à Seine-de-Nice,
02:59et quel que soit le métier.
03:01Donc on ne peut pas être plus égalitaire que ça, 95 euros par jour travaillé.
03:06Du coup, la conséquence d'ailleurs, elle est affichée sur votre panneau,
03:09c'est pour 20 jours travaillés qui semblent être un maximum à peu près,
03:111 900 euros maximum.
03:13Cette référence était importante parce qu'il n'y a pas d'ordinateur qui donne le prix.
03:18Moi, pour moi, je sais que la police et la gendarmerie, c'est 1 900 euros.
03:21C'est une espèce de référence républicaine.
03:23D'accord.
03:23Voilà, c'est important d'avoir amené les cheminots au niveau de la police et gendarmerie.
03:27Je trouve que c'est à la fois consistant et à la fois respectueux
03:30de l'engagement des forces de l'ordre qui vont nous protéger pendant les Jeux Olympiques.
03:33Donc vous prenez le train républicain, c'est comme ça que je l'entends.
03:35Gaëtan Mélin.
03:37Donc ça va concerner 50 000 agents de la SNCF,
03:4230 000 en Ile-de-France, puisque vous le disiez,
03:44c'est là où il y a le plus, finalement, de sites consacrés aux Jeux Olympiques.
03:49Mais il y a quand même 20 000 agents de la SNCF en province
03:52qui, eux aussi, pourront obtenir cette prime,
03:55à condition toutefois qu'ils travaillent pour les JO.
03:58Exactement.
03:59C'est des précipes simples.
04:00Bien sûr, cette prime, elle est Jeux Olympiques.
04:01Donc elle concerne les personnels de la SNCF qui vont travailler,
04:04qui vont produire le service.
04:06Dans les endroits où il n'y a pas d'intervérence avec les Jeux Olympiques,
04:09il n'y aura rien pour les Jeux Olympiques.
04:10Donc ça fait quand même 50 000 personnes.
04:1230 000 personnes en Ile-de-France.
04:13N'oublions pas que, par exemple, les Jeux Paralympiques,
04:15qui font partie de l'accord, bien sûr,
04:16ça sera tout en Ile-de-France.
04:17Donc c'est pour ça qu'il y a une exposition supplémentaire au personnel en Ile-de-France.
04:21Il y aura beaucoup d'efforts de fait sur les congés, par exemple.
04:24Pour les avoir disponibles, forcément,
04:25on a dû refuser certains congés pendant la période.
04:28Donc c'est normal qu'il y ait des compensations.
04:29Il y a une disponibilité aussi très importante pendant tous les Jeux.
04:32Il y aura des systèmes d'astreinte de permanence
04:34pour être capable d'intervenir très rapidement sur les installations.
04:37Voilà, parce qu'on sait qu'il y aura des aléas, forcément.
04:42On n'oublie pas la province,
04:43puisqu'il y a un certain nombre de vies de province.
04:45Je pense à Bordeaux, je pense à Lille,
04:46je pense à Marseille, bien sûr, avec tout le nautisme, par exemple.
04:48Il y aura aussi des cheminots qui seront mobilisés.
04:51Donc c'est très égalitaire.
04:52C'est vraiment un principe fort.
04:54C'est donc 95 euros par jour travaillés pour tous les cheminots,
04:57qu'ils soient en province, qu'ils soient en région parisienne.
04:59Ils toucheront exactement la même somme.
05:01Et pour tous les métiers,
05:02parce que chez nous, tous les métiers comptent.
05:04Ça, c'est vraiment ma patte, j'allais dire,
05:05dans la gestion sociale de cette entreprise.
05:07Je suis pour la cohésion sociale.
05:09Je respecte de la même manière un conducteur de train,
05:11un agent de maintenance du matériel, de l'infrastructure,
05:13un agent d'escale, un agent de la surveillance générale.
05:15Tout le monde compte pour réaliser le meilleur service possible pour nos clients.
05:18– Tout le monde compte, mais tout le monde n'a pas la même responsabilité,
05:21Jean-Pierre Farandou.
05:22Ça vous choque ce que je vous dis ?
05:24– Un peu, oui, parce que pour moi, tout le monde contribue au service.
05:26Franchement, on ne va pas interclasser les services.
05:28Si vous manquez un agent d'escale…
05:29– Je ne serai pas dévié de votre ligne, j'ai bien compris.
05:31– Non, mais parce qu'elle est logique.
05:32– Je suis normal sur une ligne SNCF.
05:34– Il y a un mois, vous avez signé un accord
05:36pour aménager les fins de carrière des cheminots et des contrôleurs.
05:40On vous a alors accusé d'avoir contourné la réforme des retraites
05:43mise en place par le gouvernement.
05:45Que répondez-vous ?
05:46– Moi, je vous remercie de me poser la question
05:47parce que je vais pouvoir peut-être enfin corriger quelques faussetés.
05:51Cet accord, d'abord, d'où il vient ?
05:53Il vient d'une demande de Matignon qui, en sortie de grève retraite,
05:56a demandé aux grandes entreprises où il y avait de la pénibilité, comme nous,
06:00de traiter ce sujet de qu'est-ce que ça devient la pénibilité
06:02quand les carrières augmentent.
06:03C'est un bon sujet.
06:04La pénibilité chez nous, c'est 91 000 cheminots, 2 emplois sur 3.
06:08Et on peut raconter un petit peu ce que c'est, peut-être, pour vos éditeurs.
06:11Quand vous êtes en 3-8, parce qu'on est une entreprise,
06:127 jours sur 7, 24 heures sur 24, nous,
06:14c'est toujours quelque chose, non des 3-8.
06:16Quand vous faites 4 ou 5 matinées, les matinées, ça commence à 4 heures du matin,
06:19vous mettez le réveil à 2h15, 2h30, 4 ou 5 jours de suite,
06:22et vous recommencez comme ça.
06:24Ça tire un peu.
06:25La nuit, on a de plus en plus de personnel qui travaille la nuit
06:27et c'est une bonne chose.
06:29Les travaux sur la voie se font la nuit, ça laisse passer les trains la journée.
06:34On fait travailler les gens de plus en plus la nuit,
06:35donc c'est notre intérêt, bien compris pour les clients,
06:38comme pour nous, entreprise, que les gens acceptent de travailler la nuit.
06:40Mais c'est une contrainte, travailler la nuit.
06:42Pas dormir chez soi.
06:43Les roulants, les conducteurs de train et les contrôleurs, les chefs de bord TGV,
06:47un jour sur deux, en moyenne, ils ne sont pas chez eux.
06:49Quand vous avez un problème familial, par exemple,
06:51ce n'est pas évident de laisser la famille et de partir de chez soi.
06:53Ça, c'est ce qu'on appelle la pénibilité.
06:55Cette pénibilité, il faut la traiter.
06:56Comment on a fait dans cet accord ?
06:57Premièrement, complètement par rapport en ligne avec la loi,
07:00on a accompagné les gens 2 ans de plus.
07:03On est complètement dans l'application.
07:04Comment on fait ?
07:05On donne une perspective de rémunération et d'évolution de l'emploi
07:08pour donner, j'allais dire, l'envie de travailler plus longtemps,
07:10en forme et de bonne humeur.
07:11Et deuxièmement, on fait des reconversions
07:13pour ceux qui vraiment commenceraient à trouver un peu le temps long,
07:15après 25 ans ou 30 ans du régime des 3-8,
07:17on les amène sur des nouveaux métiers.
07:19Ça, c'est la première partie de l'accord.
07:20Personne n'en a parlé de celle-là, parce que là, elle n'était pas polémique.
07:23Ça n'intéressait personne, comme c'est bizarre.
07:25Au passage, la partie polémique, c'est quoi ?
07:27C'est que vous avez des gens usés.
07:29On le voit dans l'absentéisme.
07:30L'absentéisme, il fait fois 2 après 60 ans,
07:32fois 3 après 65 ans.
07:34C'est aussi l'intérêt, bien compris de l'entreprise,
07:36de trouver des dispositifs par lesquels on peut accompagner les gens
07:39à sortir de l'entreprise tranquillement.
07:41Ils sont toujours sur le payroll de l'entreprise,
07:43sur la feuille de paie de l'entreprise.
07:45Il n'y a aucune dépense pour les caisses de retraite.
07:46Ça ne coûte rien aux caisses de retraite.
07:48Ça ne coûte rien aux clients.
07:49Ça ne coûte rien aux contribuables.
07:50C'est l'accompagnement des gens qui sont usés en fin de carrière
07:53pour traiter les problèmes d'absentéisme en fin de carrière.
07:55– Le débat a une dimension politique puisque Bruno Le Maire
07:57a expliqué qu'il découvrait apparemment votre négociation.
08:00Le ministre de l'économie ne nous a pas dit la vérité
08:03ou vous ne l'avez pas tenu au courant ?
08:05– Non, ça c'est un autre débat.
08:06– Ce n'est pas rien ?
08:08– Non, ce n'est pas rien mais on va en parler.
08:10On est là pour ça.
08:11Alors, je vous explique.
08:13En ce qui concerne, d'abord ça vient du gouvernement,
08:15ça vient de Matignon, je le rappelle.
08:17J'ai dû présenter 3 ou 4 fois le sujet dans mon conseil d'administration
08:21où il y a des membres de l'État.
08:22J'ai fait un article assez long dans Le Monde où j'en ai parlé.
08:24– En effet.
08:25– J'ai présenté 2 ou 3 fois le dossier à ma tutelle sociale et politique
08:28qui est plutôt Transports et Matignon.
08:30Donc, il n'est pas faux que je n'ai pas présenté le dossier
08:32au ministre de l'économie, c'est vrai.
08:34Mais peut-être autour de lui, certaines personnes
08:36avaient au moins connaissance de l'existence du dossier.
08:38Et deuxièmement, à ma tutelle sociale et politique, je l'ai fait.
08:42Donc, ces accusations de catiminer et de faire ça en secret,
08:45je les réfute, ce n'est pas vrai.
08:47– Neil à la trousse.
08:48– Monsieur Farandou, ce qu'on comprend ce soir,
08:49c'est que vous dites que le gouvernement était au courant
08:50de manière très claire et au plus haut sommet de l'État.
08:53– Certaines personnes étaient au courant, voilà, ça c'est vrai.
08:55– Dont le Premier ministre,
08:56dont dépend le ministre de l'économie et des Finances, Bruno Le Maire.
08:58– Alors, il y a eu des changements de Premier ministre.
08:59Est-ce que ça peut expliquer des passages de dossiers qui se sont...
09:02– Vous êtes bien, d'ailleurs.
09:03– Peut-être, peut-être.
09:04Il y a eu un mois, quasiment, entre les deux gouvernements.
09:06– L'un des arguments qui a été soulevé par Bruno Le Maire,
09:09c'est de dire, au fond, cet accord ça coûtera de l'argent public
09:13parce que la SNCF, à beau avoir changé de statut,
09:16ça reste une entreprise qui est abondée par fonds publics.
09:18J'ai cru comprendre que votre argument,
09:21c'était que, précisément, ça ne coûtait pas si cher que ça.
09:24D'une certaine façon, c'est un procès politique
09:26plus que financier qu'on vous fait ?
09:28– Tout à l'heure, déjà, si on parle d'économie, allons-y.
09:31Moi, depuis que je suis président,
09:32j'ai ramené cette entreprise dans le verre.
09:34Le groupe SNCF fait des bénéfices.
09:36L'année dernière, 1,3 milliard de résultats nets.
09:382 milliards et demi de cash flow, positif.
09:40Quand je l'ai trouvé, elle est tout en négatif.
09:42Donc, les résultats sont là pour ça.
09:44On n'a pas opposé l'économie qu'elle sociale.
09:46On a fait les deux, j'ai fait les deux.
09:48J'ai rétabli les comptes de cette entreprise,
09:50qui est dans le verre depuis trois ans,
09:52et j'ai le droit de faire des négociations sociales dans mon entreprise.
09:54Sinon, ce n'était pas la peine de nous transformer en société anonyme.
09:57Je suis PDG d'une société, je négocie comme je l'entends,
10:00et c'est l'intérêt, bien compris, de le faire.
10:02Alors, après, le quantum économique.
10:04La masse salariale, chez moi, c'est 10 milliards d'euros.
10:06150 000 personnes.
10:08L'accord, c'est 35 millions par an. 0,35%.
10:11– Donc, c'est un procès politique qu'on vous fait ?
10:13– Je vous laisse apprécier.
10:14En tout cas, je ne suis pas dans le terrain de la politique.
10:16Je fais mon boulot de chef d'entreprise, de l'entreprise publique.
10:18Je fais attention à l'argent public parce que, bien sûr,
10:20j'ai parfaitement conscience que cette entreprise, elle appartient à l'État
10:22et donc aux Français.
10:23Mais je vais vous donner notre chiffre.
10:25Est-ce que vous savez combien d'argent j'apporte au gouvernement,
10:27par exemple, cette année, pour améliorer le réseau ?
10:29– Vous allez nous le dire ?
10:30– Je vais vous le dire.
10:31On apporte 1,7 milliard d'euros sur nos résultats.
10:34Donc, il y a 1,7 milliard d'euros qui sont apportés par les résultats
10:37à la SNCF, à l'État, qui les met en plus de la régénération du réseau.
10:40Mais c'est de l'argent gagné pour l'entreprise.
10:41– Et ça, vous avez dit à Bruno Le Maire ?
10:42– 35 millions d'euros.
10:44C'est à comparer avec mes résultats positifs
10:46et l'argent que je dégage pour le bien de tous les Français.
10:48– Et ça, vous l'avez dit à Bruno Le Maire ?
10:50Il voulait vous voir après cet accord en disant
10:52« il faut qu'on s'explique, en tout cas, il faut qu'il m'explique,
10:54il rende des comptes ».
10:55– Une explication a-t-elle eu lieu ?
10:56– Oui, elle a eu lieu le 15 mai, dans la semaine dernière.
11:00Elle s'est d'ailleurs bien passée.
11:01Et c'est tout à fait légitime.
11:02Il est ministre de l'Économie, il a besoin d'avoir des informations économiques.
11:05Peut-être ont-elles été insuffisantes.
11:08Je le crois tout à fait quand il dit qu'il n'avait pas assez d'éléments
11:10pour apprécier les enjeux économiques de ce dossier.
11:12Je lui ai amené toutes les informations.
11:14Une information qu'il n'avait pas, par exemple,
11:15qui me paraît intéressante en termes de gains pour l'entreprise.
11:18Quand les gens travaillent davantage la nuit, notamment sur les TGV,
11:21moi je vais gagner des TGV.
11:22Et vous savez qu'un TGV, c'est 35 millions d'euros par rame.
11:26Si j'en économise une dizaine sur un parc de 400, c'est possible.
11:29Je gagne 350 millions d'euros d'économies en chartes de capital.
11:32Donc il faut l'apprécier globalement.
11:34Quand les cheminots de la SNCF acceptent de travailler la nuit
11:36et qu'on les accompagne, ils font gagner 350 millions d'euros à la SNCF.
11:40Il empiège Jean-Pierre Farandou.
11:41Deux semaines plus tard, on apprenait que vous ne seriez pas reconduit
11:43à la tête de la SNCF.
11:44Est-ce que ça a été un choc et est-ce que vous vous y attendiez ?
11:48Oui, parce que ce sont deux affaires différentes
11:50qui se sont combinées dans le temps.
11:51Ça peut arriver.
11:52Mais honnêtement, je suis très honnête, l'affaire de mon départ...
11:55Ça a été un choc ou vous vous y attendiez ?
11:57Je m'attendais à ce qu'on me dise que je n'allais pas être renouvelé
12:00puisque je le savais.
12:01Mon âge, et tout le monde le savait depuis le départ,
12:05ne me permettait pas de faire un second mandat.
12:07À la limite, même, j'aurais pu m'arrêter au premier.
12:09Et j'aurais été très heureux.
12:10Figurez-vous, j'ai commencé ma carrière chef de garde eurodesque.
12:13Donc, finir pélégé du groupe SNCF de 42 milliards d'euros,
12:16c'est un beau parcours.
12:17Je ne vais pas être ni frustré ni malheureux par ce parcours, franchement.
12:20Je suis tout à fait tranquille avec ça.
12:22Le gouvernement a souhaité me prolonger pour les Jeux olympiques.
12:24Tant mieux, c'est passionnant.
12:26Je le vis comme une chance extraordinaire de servir mon pays,
12:28servir les Français, être au soutien du prestige de la France.
12:32Ça me passionne.
12:33Et il n'y a pas que moi, d'ailleurs.
12:34Tous les cheminots sont avec moi.
12:35Je peux vous dire que j'ai visité déjà une dizaine de sites
12:37concernés par la production des Jeux.
12:39J'ai des milliers de cheminots qui ont envie que ça se passe bien.
12:41Donc, écoutez, ça va m'animer dans les mois qui viennent.
12:44Après moi, je continuerai aussi à travailler sur le long terme
12:46parce que c'est plus fort que moi.
12:47Moi, je veux que le ferroviaire se développe.
12:48Je veux que la transition écologique se fasse.
12:50Je veux développer la production d'énergie électrique par la SNCF.
12:53Je ne m'arrêterai pas.
12:54À un moment donné, il faudra s'arrêter.
12:55Je m'arrêterai tout à fait tranquillement.
12:56Mais Jean-Pierre Fervandou, est-ce que vous comprenez
12:58que cet accord ait un peu choqué les Français
13:00qui se sont majoritairement opposés à cette réforme de retraite
13:05et qui, eux, vont devoir travailler de toute façon 2 ans supplémentaires
13:08et on ne prendra pas en compte leur propre pénibilité ?
13:10Oui.
13:11Non, mais on ne peut pas reprocher à la SNCF
13:13d'avoir un dialogue social intelligent et pertinent.
13:15Après, ce qui se passe ailleurs, moi, ce n'est pas mon problème.
13:17Je m'occupe de mon entreprise, ça me suffit.
13:19Je viens de passer 4 heures à la Sénéca cet après-midi.
13:21Donc, je m'emploie à ça.
13:23Et je pense que c'est plutôt peut-être une inspiration
13:26pour certains, arriver à trouver des patrons
13:28qui savent trouver l'équilibre entre l'économique et le social.
13:30Ce n'est peut-être pas idiot dans les boîtes publiques
13:32où il y a beaucoup de main-d'oeuvre.
13:33Je dis ça au passage.
13:34Bon, voilà.
13:35Donc, on ne peut pas me reprocher ça.
13:37Ce que je pense, c'est qu'il y a eu un allumage,
13:40comme ça peut arriver.
13:41C'est parti peut-être de tel ou tel syndicat
13:43qui en a fait un peu des tonnes sur ce registre
13:45de contournement de la loi des retraites.
13:47Mais bon, ils avaient peut-être besoin de dire ça
13:48pour expliquer pourquoi ils signaient.
13:50Ensuite, certains médias l'ont repris assez fort.
13:52Le politique s'en est emparé, notamment au Sénat.
13:55On a vu la droite sénatoriale vouloir privatiser la SNCF.
13:58Bon courage.
13:59Et après le débat, il m'a échappé complètement.
14:01Il était sur ses plateaux, il était partout.
14:03Chacun avait un avis.
14:04C'est compliqué.
14:05En tout cas, il y en a une qui vous regrettera.
14:06C'est Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT.
14:08On l'écoute.
14:10Ça fait trois mois que la CGT demande
14:12à ce qu'il y ait une table ronde organisée à Matignon
14:14sur la question de la préparation des Jeux olympiques.
14:16Parce que la réussite des Jeux olympiques,
14:18elle repose sur le travail de centaines de milliers de salariés.
14:21Et ça fait trois mois que nous n'avons pas de réponse
14:23de Matignon sur cette table ronde.
14:25Et la dernière réponse que j'ai eue,
14:27c'est potentiellement une date le 10 juin
14:29avec une réunion qui ne serait pas organisée à Matignon
14:31mais peut-être au ministère des Sports.
14:33En fait, c'est la même chose sur tous les sujets.
14:35C'est qu'on a un gouvernement
14:37qui ne s'est pas négocié,
14:39qui ne s'est pas déminé les potentiels conflits sociaux
14:41et qui passe son temps à mettre de l'huile sur le feu.
14:43L'exemple parfait, c'est ce qui s'est passé à la SNCF
14:46où on croit rêver d'entendre
14:48un gouvernement qui dénonce un PDG
14:50qui a réussi à gagner un accord signé
14:52par l'ensemble des organisations syndicales de l'entreprise.
14:55C'est incroyable !
14:57Bon, je n'ai pas connu beaucoup de PDG de la SNCF
14:59qui étaient soutenus par la CGT.
15:01Vous restez persuadé que c'est un bon accord
15:03et que si c'était à refaire, vous le signeriez à nouveau ?
15:05Bien sûr, c'est un très bon accord.
15:07Le seul regret, c'est qu'on n'a pas maîtrisé la communication.
15:09On l'a vu.
15:11On n'a pas anticipé cette prise en masse
15:13politico-médiatique qui s'est passée.
15:15C'est un très bon accord et je suis sûr
15:17que l'avenir me donnera raison.
15:19Dès que j'ai l'occasion de m'en expliquer,
15:21je crois que les gens sont plutôt convaincus.
15:23C'est un accord équilibré.
15:25Il y a des avantages pour le personnel
15:27mais il y a aussi des avantages pour l'entreprise.
15:29Le coût est très raisonnable.
15:31Et je le redis, les clients ne paieront pas,
15:33les contribuables ne paieront pas,
15:35les caisses de retrait ne paieront pas.
15:37Il a été fait en transparence avec l'Etat.
15:39Franchement, je ne vois pas où est le problème.
15:41Et d'ailleurs, il n'y a pas de sanction
15:43parce qu'il n'y a pas de faute.
15:45Le gouvernement ne m'a jamais dit
15:47qu'il était très libre et que vous venez de parler de transparence.
15:49Il y a peut-être un mythe
15:51qui traverse en ce moment l'opinion française.
15:53C'est de dire qu'au fond,
15:55il a été demandé à tous les patrons d'entreprises publiques
15:57d'acheter la paix sociale avant les Jeux Olympiques.
15:59Est-ce que vous pouvez nous dire ce soir
16:01est-ce que vous avez reçu des consignes ?
16:03Est-ce qu'on vous a dit, M. Farandou,
16:05il faut absolument tout faire, vous avez carte blanche,
16:07pour éviter la pagaille sur les rails
16:09pendant ces Jeux Olympiques ?
16:11Non, franchement, ce n'est pas comme ça que ça se pose.
16:13Quand on est patron d'une grande entreprise publique,
16:15la SNCF, elle appartient à l'État,
16:17et ça veut dire quoi, être au service de Pompéi ?
16:19C'est réussir les JO. C'est quand même un enjeu phénoménal.
16:21Le monde entier va nous regarder.
16:23Qu'est-ce qu'on veut ? On veut planter les JO ?
16:25C'est ça qu'on veut faire ? Bien sûr que non.
16:27Certains en politique appellent à faire grève
16:29précisément pendant les JO en disant que c'est le seul moment où on se rend compte.
16:31C'est leur droit, mais bon, c'est pas le mien.
16:33Je peux vous dire qu'une très grande majorité des cheminots
16:35est avec moi et on veut que ça marche.
16:37Pour la France, pour notre pays, pour les athlètes français,
16:39on va avoir une vingtaine, une trentaine d'athlètes cheminots
16:41qui vont participer à ces jeux.
16:43C'est une fête. C'est compliqué à monter,
16:45mais c'est notre boulot. On est là pour produire des trains,
16:47s'occuper de gares, s'occuper de voies ferrées,
16:49et on va mettre toute notre énergie pour y arriver.
16:51Donc il n'y a pas besoin de donner des consignes.
16:53C'est évident que pour moi, l'objectif numéro un
16:55de l'année 2024 en tant que patron de la SNCF,
16:57c'est de réussir les JO en France et à Paris.
16:59Il y en a un qui n'est pas content, c'est Éric Ciotti.
17:01Le président des Républicains, il est ulcéré par les grèves à répétition,
17:03dit-il, et le fait que les usagers se prennent en otage.
17:05Pour lui, c'est simple, il faut privatiser la SNCF.
17:07On l'écoute.
17:09Je viens de déposer, je le ferai,
17:11une proposition de loi
17:13visant à privatiser la SNCF.
17:15Privatiser la SNCF ?
17:17Aujourd'hui, ça suffit. Il faut que cette entreprise
17:19soit soumise à la concurrence.
17:21Il faut qu'il y ait de la liberté.
17:23Il faut qu'on arrête
17:25de la prendre en otage
17:27et surtout qu'elle prenne en otage
17:29le pays. Donc je souhaite,
17:31ce qui a été fait pour des grandes infrastructures,
17:33vous savez, regardez ce qui a été fait à France Télé,
17:35France Télécom, devenu Orange,
17:37La Poste.
17:39Vous ne voulez pas dire France Télé, vous voulez peut-être privatiser France Télé.
17:41Pourquoi pas ?
17:43Que répondez-vous à cette attaque en règle ?
17:45Il y a deux réponses.
17:47La première, puisque vous me posez la question,
17:49moi aussi, je ne suis pas très fier de la grève d'hier.
17:51On aurait pu s'en passer de cette grève, puisqu'on a négocié aujourd'hui
17:53la notion de mettre la pression sur la direction
17:55en empêchant les Français qui viennent voyager.
17:57Ça peut se discuter. Là-dessus, j'admets tout à fait la discussion.
17:59Par contre, privatiser la SNCF,
18:01moi, je n'ai qu'un mot à M. Ciotti,
18:03bon courage.
18:05Bon courage pour privatiser ?
18:07Ah oui, bon courage.
18:09Le fait est qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de critiques
18:11autour de la SNCF.
18:13De toute façon, les Français sont toujours
18:15critiques envers la SNCF, que ce soit le prix
18:17des billets, que ce soit les retards.
18:19Et pourtant, ils sont de plus en plus nombreux
18:21à emprunter le train, à utiliser
18:23ce mode de transport.
18:25Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose à faire pour essayer
18:27de renouer le lien
18:29entre la SNCF
18:31et les voyageurs ?
18:33Vous avez raison. D'abord, il faut se féliciter que les Français choisissent le train
18:35massivement. 122 millions de voyages
18:37TGV l'année dernière, plus 4%,
18:39c'est les records absolus. On est bien au-dessus
18:41de ce qu'on faisait avant le Covid.
18:43Et 8% de progression dans les trains régionaux.
18:451,2 million de personnes transportées par jour
18:47dans les systèmes régionaux, conduits par les régions.
18:49Donc ça marche, le train. Et tant mieux.
18:51Et tant mieux. Alors après, les questions
18:53sur le prix, parce que je vois bien
18:55que vous voulez en venir. Le prix, c'est une question
18:57réelle. Alors le prix,
18:59c'est vrai que les trains soient pleins,
19:01sur les TGV en particulier, ça fait monter les prix.
19:03Sur les régions, ce n'est pas le cas.
19:05Les prix des trains régionaux sont fixés par les régions.
19:07Vous venez de nous dire que ça coûte plus cher quand le train est plein.
19:09Oui, c'est ce qu'on a fait.
19:11Ça peut paraître paradoxal, parce qu'on se dit que quand le train
19:13est plein, vous gagnez de l'argent.
19:15Oui, mais ce n'est pas un problème qu'on gagne de l'argent.
19:17Je ne suis pas contre.
19:19Les bons résultats viennent de quelque part.
19:21La justification par le train plein,
19:23ça peut être toujours bizarre.
19:25Vous savez qu'on ne répercute pas tous nos coûts.
19:27Ça fait deux ou trois années consécutives qu'on ne répercute pas nos coûts.
19:29On mange nos marges.
19:31Je rappelle quelques chiffres.
19:33Le produit moyen n'a pas bougé.
19:3545 euros depuis des années et des années.
19:37C'est le prix du taxi pour aller à Roissy.
19:39Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'autorité
19:41de régulation des transports qui le dit.
19:43Il y a la carte avantage. C'est le conseil que je fais.
19:45Quand vous voulez voyager seul ou à plusieurs,
19:47achetez une carte avantage, parce qu'il y a un gros effet
19:49de limitation des effets du management.
19:51Personne n'en parle, mais les relations Wigo se développent
19:53de plus en plus partout.
19:55Le Wigo, d'ailleurs, train classique,
19:57qui est un vrai succès, parce que là, vous avez beaucoup de petits prix.
19:59Je suis en train de vous dire, M. Calvi, que dans notre gamme,
20:01il y a beaucoup de petits prix et il y a des moyens
20:03d'avoir accès à des prix très modérés.
20:05En un mot, qu'allez-vous faire une fois que vous allez
20:07quitter la SNCF ? Quel est votre avenir ?
20:09On verra bien.
20:11Vous avez déjà des perspectives ?
20:13Je suis à fond dans mes missions. Non, je n'en ai pas vraiment.
20:15Je suis très ouvert à tout ça.
20:17La politique ?
20:19Non, je ne crois pas.
20:21Par contre, j'adore la chose publique.
20:23Ça, c'est sûr.
20:25D'ailleurs, c'est le sens de mon engagement.
20:2744 ans passés dans le groupe SNCF, il vaut mieux aimer la chose publique.
20:29Mais je l'adore. J'adore travailler pour les territoires.
20:31J'adore travailler pour les gens.
20:33C'est très important. Il y a des choses à faire.
20:35Il y a des coups à prendre, on le voit bien.
20:37C'est ça aussi l'honneur et la responsabilité de patron du Grand Bois public.
20:39J'adore mon métier. J'adore le ferroviaire.
20:41Je pense que tout est réuni
20:43pour que je passe encore quelques mois
20:45heureux dans cette entreprise.
20:47Merci beaucoup de nous avoir transporté pendant des années,
20:49si je puis dire, Jean-Pierre Farandou.
20:51Bonne retraite, si c'est une retraite.
20:53Et merci d'avoir pris la parole ce soir sur BFM TV.

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