Mercredi 24 avril 2024 au Forum des images. Avec Tania de Montaigne, Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud.
Colored (Noire) est présenté dans la catégorie Hors-Compétition du NewImages Festival.
L'œuvre : une immersion dans l'Alabama des années 50, au cœur de la lutte pour les droits civiques.
À Montgomery, Alabama, dans le bus de 14h30 le 2 mars 1955, Claudette Colvin, 15 ans, refuse de céder sa place à un passager blanc. Malgré les menaces, elle reste assise. Après avoir été jetée en prison, elle décide d'attaquer la ville et de plaider non coupable. Personne n'avait jamais osé faire ça. Et pourtant, personne ne se souviendra de son nom.
Entrée gratuite.
Infos : https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/newimages-festival_6
---
Le Forum des images : au centre de Paris, bat le cœur du 7e art !
Rencontres exceptionnelles, cours de cinéma et conférences, festivals… un concentré du meilleur de ce qui se passe toute l’année au Forum des images.
Toute la programmation : http://www.forumdesimages.fr/
@forumdesimages et #forumdesimages
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L'œuvre : une immersion dans l'Alabama des années 50, au cœur de la lutte pour les droits civiques.
À Montgomery, Alabama, dans le bus de 14h30 le 2 mars 1955, Claudette Colvin, 15 ans, refuse de céder sa place à un passager blanc. Malgré les menaces, elle reste assise. Après avoir été jetée en prison, elle décide d'attaquer la ville et de plaider non coupable. Personne n'avait jamais osé faire ça. Et pourtant, personne ne se souviendra de son nom.
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00:00 Bienvenue à cette séance autour d'une oeuvre extraordinaire qui s'appelle Noir.
00:18 Mon nom est Myriam Achar, je suis en charge de tout ce qui est relations publiques, partenariat,
00:24 et de nouveaux médias au Centre Phi à Montréal, où Noir est présenté depuis le mois de
00:31 février et la présentation de Noir se terminera ce dimanche.
00:36 Avec moi, une équipe que j'aime depuis la première fois où je les ai rencontrés,
00:44 Tania Demontaigne, Pierre Alain Giraud, Stéphane Fonquinos.
00:48 Et ce que je vous propose aujourd'hui pour cette séance, c'est de plonger dans cette
00:55 oeuvre.
00:56 Une question ici pour la salle, qui a vu Noir?
01:00 Qui a envie de le voir?
01:07 Qui a envie de le revoir?
01:12 Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont vu cette oeuvre extraordinaire et importante.
01:21 On va plonger dans l'oeuvre.
01:24 Ce que je vous demanderais peut-être d'abord, c'est à chacun de vous de vous présenter
01:28 pas uniquement en lien avec Noir, mais un peu votre parcours, qui vous êtes, ce que
01:36 vous faites pas trop longtemps pour nous permettre ensuite de plonger dans Noir.
01:44 Bonjour, je m'appelle Pierre Alain Giraud et j'ai co-réalisé avec Stéphane Noir et
01:55 co-produit avec Emma qui est ici.
01:57 C'est ma deuxième expérience immersive.
02:02 J'ai déjà fait une première qui s'appelait Solastalgia et sinon j'ai fait pas mal de
02:08 films d'animation, documentaires aussi.
02:11 Je venais aussi de formats plus classiques.
02:14 Bonjour, moi je m'appelle Tania Demontaigne et je viens d'un format encore plus classique
02:24 qui s'appelle la littérature.
02:26 Donc un domaine paléolithique où on utilise du papier et des crayons.
02:31 Et j'ai écrit, en fait Noir c'est la première fois que j'écrivais, puisque au départ c'est
02:38 un livre, c'était la première fois que j'écrivais de la non-fiction.
02:42 Avant ça j'étais vraiment romancière donc mon sujet c'était la fiction pure.
02:47 Bonjour, bonsoir, je suis une fiction pure.
02:53 Je m'appelle Stéphane Fouine-Quinoz, je suis co-réalisateur de cette oeuvre qui est ma
02:59 première incursion dans les nouvelles technologies grâce ou à cause en tout cas de ce monsieur
03:04 là-bas.
03:05 Sinon j'ai travaillé dans le cinéma depuis une vingtaine d'années en faisant du casting
03:10 d'abord et ensuite en réalisant des films avec mon frère.
03:14 Et cette aventure nous a réunis pour, j'espère, quelque chose qui est inédit mais qui ne
03:22 s'arrêtera pas là, on verra.
03:24 Alors peut-être ce qu'on pourrait faire c'est, Pierre-Alain, est-ce qu'on fait passer le
03:30 trailer pour mettre les gens, en fait les personnes qui ne l'auraient pas vu dans l'ambiance
03:36 et ensuite on continue.
03:39 [Musique]
03:58 [Musique]
04:14 [Musique]
04:41 [Applaudissements]
04:47 Donc "Noir", une oeuvre de réalité augmentée qui a été présentée en première mondiale
04:54 au Centre Pompidou en 2023.
04:57 J'ai l'impression que...
04:59 Qui a fait le tour depuis, qui a été présentée à Tribéca, qui est à Montréal, qui a été
05:06 présentée à Milan au Meet et ailleurs, à Taïwan bien sûr.
05:10 Mais ce que j'aimerais peut-être c'est, Tania, si tu veux nous parler de cette oeuvre, la
05:17 genèse, d'où vient cette histoire et pourquoi tu as voulu la raconter, la pièce de théâtre,
05:24 le livre, voilà.
05:26 Alors l'histoire, elle vient d'une...
05:29 Elle est née d'une contrainte en fait, puisque le livre appartient à une collection qui
05:34 s'appelle "Nos héroïnes" et le principe de cette collection c'est de demander à une
05:37 auteure de parler d'une autre femme qui aurait pu faire l'histoire mais qui ne l'aurait pas
05:42 faite pour une raison ou une autre.
05:44 Après, chaque auteur va devoir trouver son héroïne, donc commence une espèce de traversée
05:50 puisque par définition il faut chercher quelqu'un qu'on ne connaît pas.
05:54 Et dans cette traversée, le hasard a fait que des années avant qu'on me propose de
06:00 participer à cette collection, j'avais noté dans une de mes recherches qu'on parlait d'une
06:06 adolescente qui aurait pu être Rosa Parks mais qui ne l'avait pas été parce qu'elle
06:10 était, disait-on, enceinte de son amant blanc et elle était décrite comme un personnage
06:16 très haut en couleur, qui boit, qui parle fort, qui jure.
06:20 Voilà, et donc j'avais noté ça en me disant "bah j'ai jamais entendu parler de cette
06:25 adolescente" et dans mes recherches, d'un coup, je suis retombée sur ces quelques lignes
06:31 et j'ai proposé en ne sachant rien de plus que ces quelques lignes.
06:35 Et ça a été ma chance en fait parce que ces quelques lignes sont parfaitement fausses,
06:41 si ce n'est qu'elle aurait pu être Rosa Parks, mais tout le reste est faux.
06:45 Et pour moi ça collait, au fur et à mesure, dans l'avancée de la recherche, ça devenait
06:51 d'autant plus évident que c'était de Claudette Colvin qu'il fallait parler puisque c'était
06:54 elle, cette adolescente, parce que justement, elle était pile dans la problématique aussi
07:00 de ce que c'est qu'une héroïne, ou un héros, c'est-à-dire quelqu'un qu'on raconte.
07:05 Mais la réalité d'un héros ou d'une héroïne, finalement, ça disparaît un peu, enfin c'est
07:12 la mythologie qui va prendre le pas et d'ailleurs souvent, quand on vous raconte des histoires
07:16 de héros ou d'héroïnes, on vous raconte toujours que depuis qu'ils sont nés, ils
07:21 sont héroïques en fait, comme s'il y avait une destination comme ça.
07:25 Et donc ça m'intéressait de raconter l'histoire de quelqu'un qui n'a rien de spectaculaire.
07:30 Et c'est parce que justement elle n'a rien de spectaculaire que ce qu'elle va faire
07:33 est extraordinaire.
07:34 Parce que c'est l'histoire de nous autres, c'est la banalité de vivre dans une vie
07:42 et puis de se dire "je crois que cette vie n'est pas juste".
07:45 Donc je me suis dit "ben tiens, il y a quelque chose à raconter à travers ça".
07:51 Et puis il se trouve que cette collection aussi, et ça c'était ma chance mais je
07:54 ne le savais pas encore, elle oblige la personne qui écrit à être dans le livre d'une
07:59 façon ou d'une autre.
08:00 Ça c'était un défi pour moi parce que moi j'arrivais du roman, donc je n'étais
08:05 jamais dans mes livres directement.
08:07 Et puis là il fallait trouver une place qui ne soit pas celle des autres parce qu'il
08:13 se trouve que plus j'avançais dans les archives et plus je rencontrais des personnages
08:16 passionnants.
08:17 Et plus je me rendais compte surtout que chaque personnage que nous croyions connaître
08:21 est double puisqu'il y a ce qu'on en raconte et la réalité.
08:25 Donc ça faisait que ça multipliait par deux l'espace.
08:28 Et comme c'est une collection où on ne peut pas faire un livre de 500 pages, globalement
08:33 j'étais quand même la personne la moins intéressante de tout ce livre.
08:35 Donc il fallait que je trouve une place qui ne fasse pas écran aux autres.
08:39 Et ça m'a demandé vraiment du boulot à tel point qu'à un moment même je me suis
08:44 dit je ne vais pas trouver.
08:46 Donc j'ai appelé les éditrices en disant je pense qu'il faut que je vous rende l'argent
08:50 et que j'aille faire autre chose parce que je ne trouve pas.
08:53 Et bon elles étaient très détendues donc elles ont dit tu vas trouver.
08:57 Et à un moment je me suis dit mais peut-être que ma place c'est justement l'endroit
09:02 qui vient contrecarrer et contourner l'idée qu'on se fait quand on doit lutter contre le racisme.
09:10 C'est-à-dire que la majeure partie du temps la lutte contre le racisme,
09:14 comme elle se met au même endroit que le racisme, on se retrouve avec des gens qui,
09:18 quelles que soient leurs couleurs d'ailleurs, essayent de prouver que la personne
09:22 qui est discriminée est super.
09:25 Et que c'est juste qu'on l'a mal regardée et donc on essaye de lui, de faire comme un
09:31 miroir inversé et de dire en fait il ne va plus y avoir de racisme quand vous comprendrez
09:36 que ces gens-là sont merveilleux.
09:38 Et donc pour moi c'est passer complètement à côté de la lutte parce qu'en fait la lutte
09:42 c'est le moment où on admet que la personne n'est ni merveilleuse ni atroce mais qu'elle est une personne.
09:47 Et donc je me suis dit peut-être que moi ma place ça va être de guider ça et de faire en sorte
09:53 qu'on saisisse le racisme non pas du point de vue de la personne en cherchant comment
09:58 résoudre ce qu'elle est mais plutôt du point de vue du racisme.
10:02 C'est-à-dire qu'en fait on chosifie quelqu'un et on lui dénie ses droits.
10:07 Donc je vais me placer du côté de la justice parce que c'est l'endroit où est Claudette Colvin.
10:11 Ce que fait Claudette Colvin quand elle ne se lève pas c'est exactement dire ça,
10:15 c'est dire vous êtes concentrée sur ma couleur mais moi je vous dis que je suis une citoyenne
10:20 et à ce titre-là j'ai des droits.
10:22 Et donc quand vous ne les respectez pas et bien c'est tout le pays en fait qui ne se respecte pas.
10:28 Et elle le dit d'une façon merveilleuse puisqu'elle le dit avec ce qu'elle est,
10:31 c'est-à-dire silencieusement, elle reste assise.
10:34 Donc voilà, à partir du moment où j'ai trouvé cette entrée, j'ai trouvé l'axe du livre
10:40 et j'ai pu avancer avec l'idée que j'essayais de faire en sorte que le lecteur ou la lectrice
10:50 serait à côté de Claudette Colvin cette fois-ci et ni au-dessus en disant "oh les pauvres noirs, c'est pas facile"
10:56 ni en dessous en disant "on est trop méchants les blancs" ou autre.
11:00 Mais plutôt de dire "moi je vais faire le voyage avec toi et je vais t'accompagner, je vais être à tes côtés".
11:07 Et donc voilà, c'était pour moi merveilleux d'essayer de raconter que c'est formidable d'être banale
11:16 parce que le vrai hérorisme c'est celui-là en fait, c'est de supporter qu'on est très banale
11:21 et que c'est par là que ça devient magique de dire "bah non ça c'est pas possible".
11:26 Donc voilà, ça c'est la naissance du livre et après il s'est passé la chose merveilleuse pour un écrivain
11:33 c'est-à-dire qu'une fois que moi j'ai fini mon boulot dans ma grotte, le livre part, je ne suis pas là pour voir les lecteurs le lire,
11:39 chacun fait son boulot avec et ça s'arrête là pour moi.
11:43 Donc pour moi là c'était la fin de l'itinéraire jusqu'à ce que je tombe sur cet homme à ma gauche.
11:50 Donc le livre, je crois qu'il y a eu aussi une bande dessinée, mais il y a eu la pièce.
11:55 Je pense qu'on a, donc là on va, si vous voulez le livre.
12:02 Tu veux nous parler peut-être de cette rencontre et de nous parler de la pièce avant qu'on l'enplonge dans l'expérience.
12:11 Donc je connais Tania depuis longtemps et donc je lis Noir quasiment au moment, enfin je crois qu'on se rend compte.
12:21 Il y a eu un moment où elle avait envie peut-être que cette histoire soit racontée ou faire des lectures comme elle faisait souvent avec ses livres.
12:32 Au moment où elle me dit "peut-être que tu as une idée, ça serait bien, peut-être que tu peux imaginer comment ça peut être lu par des acteurs".
12:40 Et moi j'étais venu lui dire "écoute j'ai fini de lire le livre, il faut que tu fasses ça toi sur scène".
12:47 Ce à quoi elle me répond "non".
12:50 Donc voilà, là c'était bien parti, mais j'ai réussi à force de persuasion et puis je pense avec le temps, on s'est dit...
12:59 - Beaucoup d'argent. - Beaucoup d'argent, énormément.
13:02 Des chèques, sans provision parce que ça va.
13:06 Mais de se dire comment...
13:09 Elle pensait, d'abord elle me dit "je ne suis pas actrice", je lui dis "moi je ne sais pas m'éteindre en scène de théâtre".
13:14 Donc l'idée c'était de se dire "on va tous commencer ensemble à ce même niveau".
13:18 Et de raconter cette histoire, je lui dis "tu vas faire comme dans le livre, tu vas la raconter".
13:22 Et donc elle devenait la narratrice sur scène.
13:25 Et donc on se retrouve avec un dispositif scénique.
13:30 Et j'ai une scénographe qui s'appelle Laurence Fontaine, qui n'avait jamais fait de théâtre et qui est une immense scénographe d'exposition.
13:38 Et donc qui imagine des tulles, ce que vous voyez, avec des panneaux.
13:43 Et venant peut-être de l'image, je me suis dit "cette histoire, il faut que Tania puisse naviguer autour et pouvoir rencontrer le public pour les amener".
13:54 Et voilà, comme elle le disait très bien, comme elle le dit dans le livre.
13:57 Et donc pour faire tous ces magnifiques mappings, toutes ces magnifiques vidéos, en tout cas, c'est là où Pierre-Alain entre en jeu.
14:07 Et c'est qu'il faut dans ces cas-là toujours tomber sur des gens qui ont des compétences que vous n'avez pas, sinon on ne ferait pas ce métier.
14:16 Et donc voilà, ce génie arrive. Et c'est lui qui s'occupe d'abord de ses projections.
14:23 Et donc Pierre-Alain, pour toi, une fois après avoir travaillé avec Tania et Stéphane sur la pièce,
14:29 est-ce que c'était clair déjà que tu voulais en faire une expérience de réalité augmentée?
14:37 Est-ce que tu as eu à les convaincre ou vraiment c'est parti tout de suite?
14:44 J'ai vraiment dû les payer aussi beaucoup. En fait, l'idée est venue petit à petit.
14:52 Ce n'était pas à un moment donné, mais la forme à la fois de la pièce de théâtre avec ces tulles qui étaient aussi déjà des espèces de fantômes sur scène
15:00 et l'expérience que j'étais en train de travailler en même temps que la création de la pièce.
15:08 Solastalgia, qui était une expérience aussi avec des hololens, mais on commençait vraiment à essayer ces technos.
15:15 C'était difficile, mais je me suis dit bon, ça vaut le coup peut-être d'essayer de faire quelque chose avec cette histoire.
15:24 Est-ce que c'est vraiment réveiller des fantômes, les avoir avec nous, voir comment se passait l'influence de notre présent?
15:31 Il y a quelque chose dans la forme même de l'hologramme avec ces lunettes là qui raconte déjà ça.
15:40 Donc c'est parti comme ça. Je leur ai proposé. Ils m'ont dit oui, mais ils ne savaient pas trop.
15:45 Oui, mais on ne comprenait rien de ce qu'ils voulaient faire. Mais on était tout à fait d'accord, mais on avait confiance.
15:51 Donc une fois que ça a été oui, pourquoi la réalité a augmenté?
15:59 Moi, je suis vraiment aussi très curieuse. Il faut savoir que Noir, c'est une coproduction entre la France et Taïwan.
16:05 Alors, comment est arrivée Taïwan et surtout, comment s'est passée la collaboration sur place?
16:15 Mais bon, ta question, pourquoi la réalité a augmenté?
16:18 J'ai un peu en fait répondu juste avant, mais bon.
16:21 Mais aussi le texte de Tania, c'est déjà presque ça, en fait.
16:26 Elle nous dit voilà, vous restez qui vous êtes, mais je vais commencer à vous enlever des droits.
16:32 Donc, en lisant le livre, c'est déjà de la réalité augmentée.
16:36 Donc, il y avait le texte qui amenait avec la forme ensuite que Stéphane lui a donnée sur scène,
16:42 qui amenait vraiment à faire quelque chose dans ce format là.
16:46 Et ensuite, on est allé à Sunny Side, donc on avait cette idée.
16:52 On a fait un premier pitch en disant, bah voilà, on aimerait faire un truc qui ressemblerait à une pièce de théâtre,
16:58 mais que les gens traverseraient. C'était aussi une grammaire qu'il fallait inventer.
17:03 Donc, c'est vrai qu'on partait dans des territoires à défricher aussi technologiquement et dans la mise en scène.
17:12 En fait, on ne savait pas trop comment ça pouvait se faire.
17:16 Mais il y a quand on fait un pitch à Sunny Side, tu étais là avec Patrick pour la première rencontre.
17:25 Non, mais ce qui était intéressant et qui est toujours ce qui me réjouit dans cette aventure,
17:33 c'est que nous, on a pitché un truc où personne ne comprend ce qu'on veut faire,
17:38 de toute façon, ça n'a pas été fait spécialement.
17:42 Donc, le truc qui fait quand même énergie, c'est l'histoire.
17:48 Donc, Patrick, qui lui était en Zoom à Taipei, il a écouté ça.
17:54 Il a dit, bon, écoutez, moi, je ne suis pas sûr vraiment d'avoir bien compris ce que vous voulez faire.
17:58 Et puis, moi, je ne l'ai jamais fait parce que moi, je suis un producteur de cinéma.
18:01 Donc, autant dire que ce n'est pas du tout mon univers.
18:04 Mais je crois que cette histoire, il faut qu'on la raconte.
18:08 Et ça, ça reste le point qui fait que partout où va cette expo, c'est quand même, c'est ça qui résiste.
18:17 C'est à dire que cette histoire là, on peut y projeter plein de choses où qu'on soit.
18:21 Après, on a découvert en travaillant avec Patrick et en partant à Taïwan que ce n'est pas pour rien que cette histoire lui parle.
18:29 Évidemment, cette île, elle a passé son temps à être colonisée.
18:32 Il y a eu de l'effacement d'une partie de l'histoire.
18:36 Il y a eu toute une trajectoire qui fait qu'on comprend bien comment on peut, comment l'histoire de Claudette.
18:42 C'est aussi l'histoire, une histoire qui peut traverser des Taïwanais.
18:47 Mais à l'époque, ce qui nous a frappés, c'est que rentrait dans notre équipe quelqu'un qui était comme nous,
18:56 c'est à dire qu'il voulait tenter une aventure dont on ne sait pas grand chose, si ce n'est qu'on a envie de raconter une histoire.
19:02 Et que finalement, c'est ça le sujet qui va guider tout le monde.
19:06 Peut-être pour, ça peut intéresser les gens ici dans la salle, mais donc le nom de la boîte de production de Patrick, c'est?
19:15 Flash Forward Entertainment.
19:17 D'accord, merci. Est-ce qu'on veut un peu parler de la façon dont ça s'est passé à Taïwan?
19:23 Je pense que tu as aussi des images. Comment vous avez, bon là on voit les devices.
19:29 On peut parler du tournage.
19:33 Parce que vous avez dû tout faire un casting. Je ne sais pas si tu veux aller un peu.
19:40 Je crois que c'est notre sujet préféré parce que ça raconte à quel point, justement, je pense qu'on n'aurait jamais pu envisager ça à l'avance.
19:49 Parce qu'on est très excité à l'idée de se dire, OK, ça y est, ça devient concret.
19:54 Donc là, la coproduction avec Taïwan se fait. On a aussi le CNC quand même qui nous soutient.
20:01 Et pour faire cette réalité augmentée, il faut utiliser un des studios en cas de dévieux.
20:10 Je parle à des gens qui connaissent, mais c'est une invention française.
20:14 Mais ça nous coûtait plus cher de faire ça à Grenoble où il y a un studio où il y a eu quand même quelques séquences qui ont été faites.
20:21 On a fait tous les tests là-bas.
20:24 Mais à Taïwan, la particularité, c'est que Taïka, qui est l'équivalent du centre de cinématographie local, a acheté ce studio.
20:33 Et donc, ça revient gratuitement à la personne qui coproduit dès l'instant où ils acceptent un projet.
20:42 Donc, on se retrouve dans ce studio avec 48 caméras.
20:45 Et pour nous, c'est un peu le début déjà. C'est comme si on était au début du cinéma.
20:50 Et puis, évidemment, on sait les personnages qui existent pour cette histoire.
20:56 Et on se dit OK, donc là, il faut faire un casting à Taïwan de Rosa Parks, de Martin Luther King, de Claudette,
21:05 mais également aussi des chauffeurs américains, des juges.
21:10 Et c'était ça qui a été fabuleux.
21:12 Ça a été une petite interrogation, mais à un moment donné, je pense que cette équipe de casting incroyable a réussi à trouver non seulement tous les personnages.
21:22 Et l'histoire qui nous plaît le plus, c'est évidemment celle de Claudette, qui est Rebecca.
21:29 Rebecca est étudiante. Elle a fait à la fois des sciences et à la fois de l'histoire.
21:36 Elle a fait un peu de théâtre, mais vraiment pas beaucoup.
21:40 Elle mangeait un sandwich dans un parc à Taipei. Elle n'avait rien demandé à personne.
21:44 Elle vient d'Ouganda. Elle est vraiment étudiante à Taïwan.
21:48 Et elle est devenue Claudette.
21:50 Et ça, c'est incroyable parce qu'elle est même devenue sous nos yeux.
21:54 Ce qui était bouleversant, c'était aussi ça.
21:56 C'est-à-dire que voilà, cette jeune fille qui, en se regardant, elle a été surprise.
22:02 Et voilà, donc ça, c'était inédit, même pour moi qui viens du cinéma traditionnel.
22:08 Une fois qu'on avait tous ces personnages, il fallait les tourner un par un.
22:12 Parce que là, vous les voyez ensemble.
22:14 Là, c'est des répétitions que vous voyez sur l'écran quand ils sont tous dans le studio.
22:19 Là, vous voyez Tania qui marche. Parce que toutes les scènes où vous voyez des personnages se déplacer dans le lieu, on devait les tourner sur un tapis roulant.
22:25 Ils sont en gym.
22:27 Et les scènes où ils se lèvent et il y a un tapis, ils commencent à marcher.
22:30 C'était, on se dit, mais comment on va faire ?
22:32 Parce qu'il y avait quelqu'un caché sous un drap vert, derrière le tapis roulant.
22:36 En comptant, la personne se levait, et le truc commençait à...
22:40 Regardez bien, vous verrez.
22:41 C'était vraiment... En fait, on découvrait aussi ces technologies.
22:46 Et on devait trouver des solutions créatives à chaque fois avec toute l'équipe qui était là avec nous.
22:51 Avec des contraintes aussi dingues de vêtements, parce qu'il y a des choses que le système K-Dev Use ne voit pas, par exemple.
22:59 Donc, on fait des tests et puis après, on se rend compte qu'ils ont des trous partout.
23:03 Ou que Tania a des gros trucs sur le visage parce qu'il ne voit pas du tout sa coupe de cheveux.
23:11 T'as changé ta coiffure.
23:12 Oui.
23:13 C'est étonnant. Et je pense que depuis en plus de deux ans ou un an et demi, ça évolue très vite.
23:19 À tel point que les gens de Taïka nous ont dit qu'ils avaient investi dans une télécommande pour le tapis roulant.
23:29 Donc maintenant, plus personne n'est obligé de se planquer en dessous.
23:31 Mais ça, c'était fascinant. Même si on vous raconte ça, c'est cinq jours.
23:40 Mais pour eux, c'est énorme. Quand on sait dans la nouvelle technologie combien coûte une journée de tournage,
23:47 c'est vrai qu'il fallait tout penser et se dire "si il nous manque des scènes, on a réussi à tout faire".
23:52 Ce qui était intéressant à observer, c'est à quel point il y a une technologie, il y a des caméras, il y a trois écrans.
24:03 Chacun est derrière son écran en train de regarder que tout a bien été modélisé.
24:08 Et pour autant, ça n'est que de l'artisanat.
24:11 Comme on invente en faisant, qu'il y a des choses qui n'avaient jamais été faites pour eux,
24:18 on se retrouvait quand même avec toute une équipe, 25 nationalités, et on était là, on regardait.
24:25 "Ah ouais, ok, ça marche pas, ok, c'est parti".
24:28 Donc en fait, Claudette, par exemple, son arrestation, elle a arrêté, mais le problème, c'est que la machine ne voyait pas les menottes.
24:34 Donc il a fallu qu'on se mette tous à fabriquer des menottes géantes pour qu'elles puissent être vues.
24:40 Et en fait, tout le monde était obligé d'être pris par tout un tas de choses qui étaient très artisanales,
24:46 pas du tout numériques, pas du tout technologiques.
24:49 On était revenu au point de Rosa Parks quand elle distribuait un tract.
24:54 Pour ceux qui ont fait l'expérience, peut-être que vous l'avez saisi ce tract.
24:58 Mais en fait, juste une feuille, ça n'est pas possible, ça ne se voit pas.
25:01 Donc il a fallu qu'on se mette à fabriquer un annuaire pour qu'elle puisse distribuer quelque chose qui soit visible.
25:09 Donc on a passé notre temps à être obligé d'accepter l'aventure.
25:16 On était obligé d'accepter qu'on ne savait pas.
25:19 Et ce qui était merveilleux, c'est qu'on s'est découvert dans le travail.
25:23 Donc là, c'est un peu qui tout double et que tout le monde était pris dans cette joie-là de dire, on part dans un truc, on ne sait pas ce que c'est.
25:33 On sait juste qu'on veut raconter cette histoire.
25:35 Et maintenant, c'est parti.
25:37 Qui sait ?
25:38 Donc il y avait des images parfaitement absurdes où les garçons étaient sur le set et moi, j'étais avec l'équipe de prod.
25:48 On était en train de regarder des photographies d'époque de pancartes racistes pour pouvoir les refaire, mais plus épaises parce que ça ne passait pas.
25:56 Donc on était là très concentrés à écrire "Rentrez chez vous les nègres" et tout.
26:00 On disait "non, ça ne marche pas".
26:02 Donc on essayait plein de trucs comme ça.
26:04 Donc tout devenait complètement délirant.
26:06 Et j'ai bien aimé ça.
26:08 C'est-à-dire que j'ai aimé le fait qu'au final, on peut envisager tout ce qu'on veut avec les technologies les plus incroyables du monde.
26:16 Mais au final, on ne peut pas faire l'économie d'être des gens autour d'une table à faire des dessins.
26:23 Et pour moi, c'est vraiment ça qui s'est produit.
26:27 Et ça a fait que ce projet-là, c'est le projet de tout le monde pour cette raison-là.
26:33 Parce que chacun a dû inventer ce qui n'existait pas.
26:36 Chacun a dû mettre son imaginaire et on est vraiment reparti à la cour de récré.
26:41 Mais pour tout.
26:42 Il y a des matières, on ne sait pas pourquoi, elles ne sont pas visibles.
26:46 Et donc il fallait qu'aux costumes, d'un coup, elles inventent des trucs, qu'elles découpent des trucs, qu'elles disent "ok, on va faire comme ça".
26:53 Oui, parce que même pour les techniciens, c'était une première.
26:57 Ils n'avaient jamais fait de narration, de fiction avec ces technologies-là.
27:02 Donc même si on avait des maquilleurs, des coiffeuses, des costumiers hyper expérimentés,
27:08 qui avaient même le souci du détail et tout ça, c'est vrai qu'elles inventaient au fur et à mesure.
27:14 On inventait ensemble au fur et à mesure.
27:16 Pourquoi une couleur ne marchait pas?
27:18 Pourquoi telle actrice, sa coiffure n'allait pas?
27:20 Et ça, c'était aussi angoissant que passionnant.
27:26 Je crois qu'on a aussi des images de la Séno à Pompidou, si je ne me trompe pas.
27:33 Ou bien tu veux parler de la post-prod avant, peut-être?
27:36 Parce qu'en fait, je suis assez curieuse de savoir quand est-ce que Pompidou est entré en jeu?
27:43 Est-ce que dès le départ, vous saviez que la première mondiale serait là?
27:47 Ils sont rentrés quand même avant qu'on demande l'aide à la production au CNC.
27:57 Donc ils sont rentrés un an avant que le projet voit le jour, en avril 2023.
28:03 Donc je pense qu'en mars 2022, on avait conclu, envoyé au CNC, envoyé à Taïka,
28:08 toutes les aides à la production, etc.
28:10 Et ensuite, on a tourné au mois d'octobre 2022 et on devait être prêt au mois d'avril 2023.
28:18 Et c'était vraiment chaud parce qu'on devait inventer nous les techno en même temps,
28:24 parce que ça n'existait pas.
28:25 Les casques hololens ne sont pas du tout assez puissants pour montrer des images de haute qualité
28:30 comme on le fait dans le projet.
28:32 On avait déjà pas mal développé nos technologies de streaming.
28:36 Donc on a un studio qui s'appelle Novaya et on fait vraiment tout dans le studio.
28:41 Donc on fait aussi les technologies et le contenu.
28:44 Et donc on devait travailler avec le centre Pompidou.
28:48 On a beaucoup travaillé au centre Pompidou parce qu'on recevait encore des images.
28:53 Juste pour vous dire, le studio, quand on a filmé, ça met des semaines à exporter.
29:00 C'est tellement lourd la matière juste pour calculer les éléments 3D.
29:04 Donc on recevait Claudette qui se levait le lundi.
29:09 Et le lundi d'après, on avait le policier qui lui criait dessus, par exemple.
29:13 Après, il fallait assembler et se préparer à petit à petit recoller tout le puzzle de l'histoire,
29:21 déjà dans le temps, avec une timeline, vraiment une histoire comme on ferait dans le film.
29:25 Et après, dans l'espace.
29:27 Donc on mettait nos lunettes.
29:29 Là, c'est des essais, par exemple, qu'on a fait au centre Pompidou.
29:32 On recevait tous les jours des nouvelles images et on devait les tester.
29:39 Donc on faisait scène par scène.
29:41 C'était vraiment un travail aussi de patience.
29:43 Et chaque scène aussi, on découvrait comment la grammaire narrative de ce type de fiction pouvait marcher.
29:50 Donc on améliorait nos technos en même temps, on découvrait comment nos scènes pouvaient marcher
29:58 et comment les différents médias pouvaient marcher ensemble aussi, par exemple.
30:02 Donc l'écran de projection.
30:05 Il était convenu que Tania reste la narratrice.
30:08 C'était important aussi, mais on ne peut pas la filmer en 4D.
30:12 Ça aurait mis trois ans.
30:15 Donc voilà, il y avait comment est-ce que le 2D, la 3D, la 4D se mariaient ensemble.
30:22 Et c'est vrai qu'on est arrivé à Pompidou, chapeauté par le spectacle vivant,
30:27 mais même en étant dans un contexte totalement hybride.
30:32 Déjà, pour expliquer ce qu'on faisait, personne ne comprenait jamais.
30:38 Et c'est vrai, vous êtes les meilleurs ambassadeurs et ambassadrices, vous qui l'avez fait.
30:43 Voilà, parce que c'est vraiment, il faut être au cœur de l'expérience pour pouvoir en parler.
30:49 Et on était, pour Pompidou, on était vraiment à la croisée des chemins
30:57 entre le spectacle vivant, l'exposition, le numérique et le cinéma.
31:03 Donc c'était vraiment quatre, c'est comme si leurs quatre pôles se retrouvaient.
31:09 Et c'est vrai qu'on apprenait en le faisant.
31:13 Ça nous a donné un peu de sueur.
31:15 Et qui n'avaient jamais travaillé ensemble.
31:17 Il y a des énormes sections au centre Pompidou, mais qui travaillent et qui ont l'habitude
31:21 de faire soit du spectacle vivant, soit des expos.
31:24 Et jamais ça traverse les projets.
31:28 Et donc là, c'était une première pour beaucoup aussi au centre, avec des personnes qui travaillaient.
31:33 Il y avait des menuisiers avec nous, il y avait des éclairagistes,
31:36 des électriciens qui fabriquaient les lumières.
31:39 Mais il y avait aussi, là c'était par exemple, on était au sous-sol,
31:44 c'est le département vidéo, ils ont un grand studio, ils tournent des interviews,
31:48 ce genre de choses où ils font de la production vidéo.
31:50 Ils nous avaient laissé pendant trois semaines le studio pour faire des essais.
31:54 Après on est allé dans une galerie, ils nous ont laissé une galerie photo
31:58 qui nous a permis de faire une première version du décor.
32:01 Et donc le décor qui était dans les ateliers.
32:05 On a fait une première version du décor qu'on a installé dans une galerie photo
32:08 qui était à peu près la taille de la salle qu'on allait avoir pour la présentation.
32:13 Et ensuite on a tout bougé dans la salle de présentation.
32:16 Donc là c'est l'installation dans la galerie photo,
32:19 où on a fait des premiers tests trois semaines avant l'ouverture je crois,
32:23 et rien ne marchait.
32:25 Donc c'était vraiment sympa.
32:32 Claudette, il faut savoir, je ne sais pas si pour ceux qui ne l'ont pas vue,
32:38 ou même pour ceux qui l'ont vue, mais Claudette Colvin est encore vivante.
32:41 Elle a 84 ans.
32:45 Elle n'a pas pu se déplacer pour la première à Paris,
32:51 mais vous avez été en contact avec elle, vous lui avez expliqué ce que vous faisiez.
32:56 Quelle a été sa réaction ?
32:58 Pour moi c'était vraiment une boucle qui se bouclait.
33:02 Je vous parle du livre, j'ai commencé à travailler dessus il y a dix ans.
33:06 Et le livre est sorti il y a huit ans.
33:08 Et il y a dix ans, mon premier mouvement,
33:11 c'était quand j'ai découvert qu'elle était en vie,
33:14 c'était de lui parler.
33:16 Et en fait on m'a fait dire qu'elle ne voulait pas parler.
33:18 Donc j'ai construit le livre avec cette idée qu'il fallait restituer la vérité
33:22 de cette adolescente et de cette femme
33:27 en respectant l'idée qu'à chaque fois qu'elle parle dans le livre,
33:31 c'est des choses qu'elle a dites, je ne parle pas à sa place,
33:35 et que j'allais vraiment raconter la ville,
33:39 les enjeux pour qu'on comprenne bien en fait où elle se place.
33:43 Mais voilà, c'est des recoupements avec une bibliographie assez importante et tout ça.
33:48 En se disant on va essayer d'être au plus près de ce qui agit la ville,
33:56 elle à l'intérieur de cette ville, etc.
33:59 Et puis quand on a su que le Centre Pompidou allait nous accompagner,
34:04 je me suis dit bon, autant le théâtre, je ne m'étais pas dit ça,
34:07 parce qu'il n'y a pas trop d'argent,
34:09 mais là je me suis dit ça vaut peut-être le coup d'aller les voir.
34:13 Et donc je leur ai dit est-ce que si je la retrouve, vous me suivez,
34:16 est-ce que vous acceptez de payer billet d'avion, hôtel ?
34:19 Et ils ont dit ok.
34:21 Donc la recherche a démarré et puis on a réussi à retrouver Claudette
34:27 qui effectivement ne pouvait pas venir.
34:29 Mais je me suis dit, parce que moi en fait ce qui me paraissait important,
34:35 c'est qu'on sache qu'elle est quelqu'un qui est en vie,
34:39 que son récit puisse être entendu de sa bouche et puis qu'on la voit, etc.
34:44 Donc on a organisé tout un tas de choses en Zoom,
34:49 des interviews, etc.
34:52 C'était un pari parce que moi je ne l'avais jamais rencontrée,
34:55 que je ne savais pas du tout, en plus là on est sur du Zoom,
34:58 elle a 84 ans, on me dit qu'elle est un peu malade.
35:01 Les premières paroles qu'elle a dites,
35:03 on avait d'abord fait organiser des interviews,
35:07 et je me suis dit mince, mais est-ce qu'elle sait de quoi il s'agit ?
35:12 Je me disais ça se trouve là on vient la faire chier,
35:15 peut-être que ce n'est pas du tout raccord.
35:19 Donc au début c'était un peu compliqué,
35:22 et puis en fait j'ai vu, on est sur un modèle diesel,
35:26 donc au début je me suis dit, waouh !
35:28 Et puis en fait à un moment elle est partie,
35:30 et j'ai adoré, parce que là il y avait des questions qui lui étaient posées,
35:35 sur Black Lives Matter, par rapport à votre communauté,
35:39 qu'est-ce que vous avez à dire,
35:41 donc des questions très actuelles,
35:43 et ses réponses étaient claires, nettes, précises,
35:46 on n'était plus du tout dans le diesel,
35:48 on était parti sur de l'hybride on va dire,
35:52 et ses réponses, dans l'idée,
35:57 parce qu'on lui dit quel est votre message,
36:00 et elle dit mon message c'est qu'il faut lutter sans arrêt,
36:04 ça ne s'arrête pas,
36:05 et puis mon autre message c'est qu'il faut lutter pour les droits de tout le monde,
36:08 parce que si on ne lutte que pour un bout,
36:10 on ne va pas y arriver.
36:12 Et là je me disais, waouh,
36:14 c'était très émouvant pour moi,
36:17 donc en fait dès qu'elle parlait j'étais en larmes globalement,
36:20 parce que je trouvais ça incroyable pour moi,
36:24 de voir que ce que j'avais supposé,
36:26 à savoir que à la fois cette personne est d'une grande fragilité,
36:30 et que c'est ça sa grande force,
36:32 et que ça, ça n'avait pas bougé,
36:34 et qu'elle avait 84 ans,
36:36 mais ça, ça résiste,
36:38 et c'est certainement ça qui a toujours été à l'oeuvre chez elle,
36:42 c'est vraiment une notion de la justice profondément ancrée,
36:46 et il n'y a pas d'entre deux là-dedans,
36:49 donc ce n'était pas du tout quelqu'un,
36:51 parce que ça aurait pu être quelqu'un aussi d'aigri,
36:53 je veux dire à priori,
36:55 on a raconté tout sauf ce qu'elle a fait,
36:58 il y avait plein de choses,
37:00 mais en fait ce n'est pas son sujet,
37:01 si elle a fait ce qu'elle a fait, c'est qu'elle devait le faire,
37:03 et donc il n'y a pas de question de,
37:06 j'aurais dû avoir plus ou moins,
37:08 ce n'est pas là que ça se joue,
37:09 et donc je trouvais ça magnifique,
37:11 et j'étais contente qu'elle ait accepté qu'on fasse une masterclass,
37:14 donc c'est ce qu'on a fait,
37:15 dans le hall de Beaubourg,
37:17 ouverte à qui voulait venir,
37:19 sur grand écran,
37:20 et alors là on était,
37:22 pareil, on m'avait dit,
37:23 oui bon peut-être qu'elle ne pourra parler que 5 minutes,
37:26 bon en fait on ne l'arrêtait pas,
37:28 elle était complètement déchaînée,
37:29 et surtout elle racontait cette histoire de bus,
37:31 et elle nous a fait tous les rôles,
37:34 elle était à fond,
37:35 donc on a eu le chauffeur,
37:36 la passagère, elle,
37:37 ah ouais là c'était génial,
37:40 et on voyait d'ailleurs au fur et à mesure,
37:42 elle était,
37:43 ouais c'était génial,
37:45 parce qu'il y a des choses qui sont vraiment,
37:47 ses yeux,
37:48 c'est vraiment,
37:49 et sa voix elle n'a pas mué quasiment,
37:51 donc c'est vraiment,
37:52 on voit la petite fille,
37:53 et puis en même temps,
37:54 il y a un truc là,
37:55 qui emporte le morceau,
37:57 et j'étais contente de ça,
38:00 qu'on ait pu l'entendre,
38:02 qu'on ait pu voir,
38:03 et qu'on ait pu surtout saisir,
38:05 à quel point le sujet c'est celui-là,
38:07 c'est de jamais lâcher l'affaire,
38:09 et c'est une affaire personnelle,
38:11 elle en fait une affaire personnelle,
38:13 donc c'est pas parce que vous la regardez ou pas,
38:15 qu'elle existe,
38:16 elle existe,
38:17 après tu veux la regarder,
38:18 tu la regardes,
38:19 et après elle était aussi dans un truc étonnant pour elle,
38:21 parce que déjà elle situe moyen la France,
38:23 et alors de savoir qu'en France,
38:25 il y a des gens,
38:26 parce que c'est quand même le pays,
38:27 où on la connaît le plus,
38:28 il faut quand même le savoir,
38:29 c'est le seul pays au monde,
38:30 où il y a un bâtiment qui s'appelle Claudette Colvin,
38:32 parce que des élèves qui ont lu le livre,
38:35 se sont dit,
38:36 mais pourquoi est-ce qu'il y a un bâtiment ?
38:38 Donc voilà,
38:39 et donc elle était vraiment étonnée de tout ça,
38:42 vraiment ça lui paraissait complètement incroyable,
38:45 que ça soit ici,
38:46 qu'on soit complètement à fond.
38:48 Est-ce que ce masterclass,
38:50 on peut le voir quelque part ?
38:52 Ou est-ce qu'on s'est accessé ?
38:54 Normalement il est en ligne,
38:55 je suis convaincue qu'il y a plein de gens
38:56 qui aimeraient pouvoir le voir.
38:57 Il est en ligne sur le site de Pompidou.
38:59 On a parlé tout à l'heure,
39:02 on a dit donc Paris, New York, Milan, Montréal, Taipé, Bruxelles, Luxembourg.
39:11 Est-ce qu'il y a d'autres lieux à venir,
39:15 dont vous pouvez parler ?
39:17 Déjà il y a une chose complètement dingue,
39:21 qui nous est arrivée il y a deux jours,
39:23 donc on peut en parler.
39:24 Je voulais commencer avec ça,
39:27 j'ai oublié, meuf !
39:29 C'est tellement absurde qu'il faut quand même en parler en premier.
39:32 Donc moi je suis très content,
39:34 je me débarrasse du cinéma,
39:35 je ne veux plus en entendre parler,
39:36 c'est génial,
39:37 foutez-moi la paix avec ça.
39:39 Donc je me lance dans l'immersif,
39:41 c'est formidable.
39:42 On vit déjà cette histoire,
39:44 cette tournée mondiale,
39:45 grâce à vous aussi.
39:47 Et là, Cannes décide de faire une compétition immersive,
39:51 et donc nous sommes sélectionnés dans la première sélection officielle immersive.
39:58 Moi j'attends qu'une chose,
40:00 c'est que Tania aille chercher le prix.
40:02 Hein ? Allez.
40:04 Donc des petites marchettes aux grandes marches,
40:10 je ne sais pas,
40:11 mais en tout cas,
40:12 ne serait-ce que pour Claudette,
40:13 on serait content.
40:14 Mais ce qui était fou quand même,
40:16 particulièrement pour moi qui suis angliciste,
40:18 qui ai travaillé sur les droits civiques,
40:20 déjà j'ai été complètement étonné
40:24 quand j'ai découvert cette histoire,
40:25 grâce à Tania.
40:26 Et cette histoire,
40:27 quand on l'a fait découvrir aux Américains.
40:30 Alors c'était quand même aussi particulier pour nous
40:33 d'aller, cette équipe de Français,
40:35 de toute origine, génération,
40:37 qui arrivaient à New York,
40:40 et qui est la ville où Claudette a vécu quand même 40 ans,
40:44 et de voir des gens qui disaient,
40:46 mais on ne savait même pas,
40:47 et c'était à côté de chez nous.
40:49 Donc la réalité est vraiment augmentée à ce moment-là.
40:54 - Donc pour ceux qui ne l'auraient pas vue,
40:57 allez à Cannes.
40:59 Ça sera présenté du 15 mai au 23, 24.
41:06 On pourrait passer à une période de questions.
41:10 Si vous en avez...
41:13 - Si jamais vous n'allez pas à Cannes,
41:15 sinon c'est là.
41:17 - Je vous dis, c'est moins la grande formule,
41:21 mais bon, voilà.
41:23 - C'est quand même sympa aussi.
41:24 Merci à New Images de nous accueillir.
41:27 À ça, Léo Ferret, ne vous trompez pas,
41:29 à la place, au premier étage.
41:31 Si vous avez donc des questions.
41:33 - Est-ce qu'il y a des questions ?
41:35 Allez-y.
41:36 Il y a un micro ici.
41:39 - Ma question, c'était de savoir
41:42 si finalement ce n'était pas une suite logique
41:45 d'être dans les réalités augmentées,
41:47 les nouvelles technologies,
41:48 parce qu'on est en train de voir une émergence
41:51 de beaucoup de choses dans l'art, dans la musique,
41:53 qui se font en mix reality ou en réalité augmentée.
41:57 Est-ce qu'après les cris, le théâtre,
42:01 ce n'était pas justement une suite logique ?
42:04 Et aussi, est-ce que...
42:07 Désolé, c'est plus vers ça que j'allais.
42:09 Et aussi, est-ce que ce n'était pas plus facile
42:11 pour avoir à un niveau public aussi
42:13 cette façon de mettre en œuvre cette histoire ?
42:18 - Déjà, sur la suite logique,
42:21 j'adore cette phrase,
42:23 parce qu'il n'y a quand même rien de logique
42:24 dans toute cette histoire.
42:26 (Rires)
42:28 À vrai dire, en fait, nous, l'équipe
42:33 qui a créé la pièce,
42:36 notre sujet dans la vie,
42:37 c'est comment on peut rester ensemble.
42:39 Donc si demain matin, il avait dit,
42:40 "Venez, on fait un cours de yoga",
42:42 on aurait dit oui.
42:44 Il se trouve que là, il nous a embarqués dans un truc,
42:46 on ne savait même pas trop ce que c'était.
42:48 On savait juste qu'on allait continuer à jouer ensemble.
42:52 Et ça, c'était pour nous la suite logique.
42:54 Ça, c'est vrai.
42:56 Et pour l'histoire du public,
42:58 c'est vrai que ce que nous a dit Pierre-Alain,
43:00 c'était de dire, qu'est-ce qu'on pourrait imaginer
43:03 pour des gens qui ne lisent pas,
43:05 qui ne vont pas au théâtre ?
43:07 Comment on pourrait leur raconter cette histoire
43:09 en 40 minutes,
43:11 en utilisant les outils qu'on a déjà
43:13 et ceux qu'on va inventer pour le faire ?
43:15 Et c'est vrai que ça a toujours été notre sujet,
43:19 ceci dit.
43:21 Le théâtre, moi, j'ai dit non beaucoup.
43:24 Et puis la première fois qu'on a fait,
43:26 au départ, c'était une lecture,
43:27 ce n'était pas une pièce.
43:28 Mais il y avait déjà des projections.
43:31 Et j'étais vraiment...
43:34 J'ai cru que j'allais crever,
43:36 globalement, d'être sur scène.
43:37 C'est quand même l'opposé d'être écrivaine.
43:39 Et en fait, la première lecture qu'on a faite,
43:42 qui devait être la seule d'ailleurs,
43:43 c'est pour ça que j'avais dit oui,
43:45 dans la salle, il y avait des abonnés du théâtre,
43:48 c'était au théâtre d'Orléans.
43:50 Et il y avait deux classes de lycées pros
43:52 qui n'étaient jamais allées au théâtre,
43:54 qui étaient venues sur la base de cette histoire.
43:56 Et puis, il y avait une association
43:58 qui travaillait avec des mineurs isolés
44:00 qui n'étaient jamais allées au théâtre non plus.
44:02 Et à la fin de la pièce,
44:04 j'ai vu les jeunes qui étaient dans l'association
44:06 et donc, sur l'histoire de Claudette,
44:10 ils avaient mis plein de choses à eux,
44:12 de l'exil, de la solitude,
44:14 plein de choses comme ça.
44:16 Et puis dans le groupe, il y en a un qui dit
44:17 "Ah mais moi, attendez là,
44:18 je crois que j'ai envie d'écrire là."
44:20 Et donc là, tout le monde a dit
44:21 "Ouais, mais carrément."
44:22 Et tout ça.
44:23 Donc ça, c'était ça.
44:24 Et le lendemain, je suis partie voir
44:25 les deux classes de lycées pros.
44:26 Et là, eux, ils ont attrapé le truc
44:28 à un autre endroit parce qu'il se trouve
44:29 que c'était des spécialités sur le bâtiment.
44:32 Donc, il y avait deux filles et que des mecs.
44:34 Et donc là, on est parti sur une discussion
44:36 sur la place de ces filles,
44:39 prendre sa place aussi,
44:40 qu'est-ce que ça veut dire, etc.
44:42 Et puis, lycées pros,
44:43 donc avec une image déplorable d'eux-mêmes,
44:45 donc qu'est-ce que ça veut dire
44:46 ce récit qu'on fait de vous
44:48 et comment est-ce qu'on va, nous,
44:49 se saisir de quelque chose.
44:51 Donc, il y a eu toute une discussion.
44:53 Et en fait, ils ont dit
44:54 "Non mais non, je crois qu'en fait,
44:55 pourquoi on ne retournerait pas au théâtre aussi ?"
44:58 C'était à côté, ils n'y étaient jamais allés.
45:00 Donc voilà. Et donc, c'est là que j'ai dit à Stéphane
45:02 "Alors si ça fait ça le théâtre,
45:04 moi, je veux bien y aller."
45:05 Et donc, en l'occurrence,
45:07 je crois que le récit,
45:09 en fait, il y a le support,
45:10 mais il y a aussi le récit.
45:12 Et nous, c'est ce récit-là
45:14 qui nous a amenés à aller voir des publics
45:16 qu'on n'aurait jamais été voir
45:18 et qui peut-être ne vont pas au théâtre.
45:19 On est rentrés en prison avec cette pièce,
45:21 avec cette histoire.
45:23 On continue à travailler
45:25 avec des publics très diversifiés.
45:27 Donc, je crois que,
45:29 parce que c'est notre sujet, ça,
45:31 de dire comment est-ce qu'on va embarquer des gens
45:33 et comment on va les faire rentrer
45:35 dans des endroits où ils ne s'autorisent pas à venir.
45:37 Ben voilà, on continue avec ce moyen-là.
45:40 Et Pierre-Alain nous avait aussi dit
45:42 qu'il faudrait qu'on pense à quelque chose
45:44 qui pourrait être mobile
45:46 et qu'on pourrait amener dans plein de lieux.
45:48 Et on a testé ça aussi.
45:50 Ce truc de "oui, ça va dans des théâtres,
45:52 ça va dans des expos,
45:54 c'est dans des festivals aussi."
45:56 - L'art contemporain.
45:58 - Donc ça bouge.
46:00 Donc, la question du public,
46:02 pour nous, elle est primordiale.
46:04 Et la question d'amener des gens,
46:06 de faire en miroir ce qu'a fait Claudette Colvin aussi,
46:10 c'est-à-dire d'amener des gens à se dire
46:12 "moi, je peux me saisir de quelque chose."
46:14 - Et de la narration aussi,
46:16 je rebondis vite là-dessus,
46:18 parce que c'est vrai qu'on plonge
46:20 dans un autre univers avec le XR,
46:22 le VR, le AR.
46:24 Moi, je découvre aussi tout ça.
46:26 Grâce à New Images,
46:28 je me retrouve dans le jury il y a deux ans.
46:30 Et c'est aussi une manière de rencontrer
46:32 déjà toute une autre famille,
46:34 une famille élargie, et de voir les oeuvres.
46:36 Et en voyant les oeuvres,
46:38 je comprends ce que Pierre-Alain a fait,
46:42 avec aussi Mathieu,
46:44 Pierre-Luc, Louis, Alban,
46:46 qui sont toute une équipe aussi incroyable.
46:48 Parce que c'est aussi redécouvrir
46:50 une manière de travailler et de raconter des histoires.
46:52 Et je me suis rendu compte que
46:54 moi, j'avais très peur,
46:56 quand j'avais commencé le cinéma,
46:58 en disant que je ne peux pas être metteur en scène,
47:00 je ne maîtrise pas la technique.
47:02 Je ne maîtrise toujours pas,
47:04 mais j'apprends les outils.
47:06 Et surtout, je me rends compte d'une chose,
47:08 c'est ce que vous dites qui est important.
47:10 Et après, il y a une manière de le faire,
47:12 mais on a utilisé les outils du cinéma, du théâtre.
47:14 Il y a quand même une musique originale,
47:16 il y a quand même du son.
47:18 On s'est entouré, on a la chance
47:20 d'avoir vraiment une équipe géniale.
47:22 Mais c'était aussi en voyant d'autres oeuvres,
47:24 c'est vrai que c'est extraordinaire au niveau
47:26 de la technologie,
47:28 mais peut-être que j'ai envie que ça me raconte un petit peu plus.
47:30 Donc on s'est inscrit peut-être
47:32 à un endroit qui existait
47:34 moins dans
47:36 la mixed reality.
47:38 Et ça, on s'en est rendu compte,
47:40 en fait, ce n'est pas du tout calculé.
47:42 Ça, pour le coup, ce n'était pas calculé.
47:44 Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
47:48 Oui, j'ai deux questions.
47:50 D'abord, merci, parce que c'est un magnifique projet.
47:52 Tout le projet au global.
47:54 Parce que vraiment, moi, j'étais sur le roman déjà.
47:56 J'ai deux questions.
48:00 La première, c'est, vous dites, faire circuler.
48:02 Et c'est vrai qu'on a des oeuvres qui sont magnifiques.
48:04 Alors après, elles emportent
48:06 beaucoup de technologies.
48:08 Ce n'est pas forcément évident de les déplacer partout.
48:10 Il n'empêche qu'il y a aussi
48:12 d'autres associations avec lesquelles
48:14 je vois très bien
48:16 qu'elle est le... En fait, Tania,
48:18 quand vous parlez, par exemple, des lycéens,
48:20 le VRBUS, je ne sais pas si ça vous parle,
48:22 Culture 360,
48:24 clairement, c'est peut-être un projet
48:26 qui est un petit peu long pour le VRBUS,
48:28 mais il n'empêche que ça fait venir
48:30 aux oeuvres
48:32 des publics effectivement très différents
48:34 qui ne passeraient pas forcément la porte
48:36 d'un théâtre
48:38 ou même d'un musée. Peut-être un peu plus d'un cinéma.
48:40 Et il y a aussi des dispositifs
48:42 d'XR qui s'installent
48:44 dans les halls de cinéma.
48:46 Donc ça, c'est peut-être aussi des choses
48:48 qu'il faut investiguer.
48:50 Je ne sais pas si c'est des projets que vous avez éventuellement.
48:52 Et en fait, en vous entendant
48:54 parler, effectivement, moi j'avais suivi
48:56 la Masterclass aussi,
48:58 et du coup,
49:00 il va y avoir quelque chose
49:02 avec cet objet ? Parce qu'on pourrait imaginer une suite.
49:04 Alors évidemment, il y a la suite
49:06 de Claudette, adolescente,
49:08 mais est-ce que, justement,
49:10 l'avoir fait parler de l'actualité,
49:12 c'est quand même un personnage qui a
49:14 raconté beaucoup de choses, qui est très
49:16 intégrée dans, encore une fois,
49:18 l'actualité ? Est-ce que, voilà,
49:20 est-ce que Tania...
49:22 - Noirdeux. - Noirdeux.
49:24 - Elle revient. Elle revient,
49:26 elle est toujours pas contente. - Retour !
49:28 - On peut faire le jeu vidéo, hein, ça on y a pensé.
49:30 Claudette, canard, tout le monde.
49:34 - Claudette Vénère.
49:38 Alors ça, non,
49:40 on n'a pas du tout...
49:42 On n'a pas du tout prévu ça.
49:44 Euh...
49:46 On est... Ouais,
49:48 ça on est dans les théâtres, ouais.
49:50 Mais c'est vrai que sur la suite,
49:52 en fait, ce qu'on a prévu sur la suite,
49:54 c'est ce qui se passe après.
49:56 C'est-à-dire, c'est pour ça qu'au Centre Pompidou,
49:58 on avait mis en place
50:00 un petit cahier
50:02 pour qu'en sortant, qui voulait
50:04 dire quelque chose à
50:06 Claudette puisse le faire, et puis
50:08 que nous on puisse faire suivre
50:10 ces textes-là. Donc,
50:12 c'est plus... En fait, la suite,
50:14 pour moi, c'est plus le travail qu'on fait
50:16 autour, parce qu'en l'occurrence,
50:18 l'expérience, on ne peut la faire qu'à 10.
50:20 Et quand on met en place des choses avec
50:22 les scolaires, l'idée c'est que pendant
50:24 qu'il y en a 10 qui partent
50:26 faire l'expérience, j'ai mis en place des ateliers
50:28 avec notamment des avocats
50:30 pour qu'on se dise, OK,
50:32 bon, ça c'est en 55, voilà ce qu'on...
50:34 Elle trouvait injuste, voilà comment elle y a répondu.
50:36 Bon, maintenant, nous, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on trouve injuste
50:38 et comment on y répond ?
50:40 Et voilà, ça pour moi, c'est la suite.
50:42 C'est-à-dire, voilà,
50:44 notre sujet, c'est qu'en sortant de
50:46 cette expérience,
50:48 on ne soit pas écrasé
50:50 par la tâche,
50:52 mais qu'on soit plutôt augmenté
50:54 de toutes les choses qu'on pourrait faire.
50:56 Et donc, pour moi, la suite
50:58 de Claudette, c'est nous.
51:00 Et si on est augmenté
51:02 de Claudette, c'est bien pour
51:04 que cette énergie, elle soit mise
51:06 au service de la justice, parce que pour l'instant,
51:08 la justice est le parent
51:10 pauvre de notre impuissance.
51:12 On va naturellement vers la vengeance,
51:14 naturellement vers
51:16 la violence, mais la justice,
51:18 qui nécessite
51:20 que non seulement on soit mobilisé,
51:22 mais qu'en plus, on mobilise,
51:24 donc qu'on fasse des recours.
51:26 Le problème, c'est les non-recours.
51:28 Donc qu'on fasse des recours,
51:30 et que ça devienne pour nous le vrai sujet.
51:32 Comment est-ce que les droits des gens sont respectés ?
51:34 Plutôt que de faire une photo, de la mettre
51:36 sur TikTok et d'attendre que la personne
51:38 soit butée par quelqu'un qui voudra bien le faire.
51:40 Voilà, comment on refait
51:42 société ? Donc pour moi,
51:44 la suite de Claudette, c'est ça.
51:46 C'est notre capacité
51:48 à re-rentrer dans le cercle et à dire
51:50 fortement, ça, ça n'est pas possible
51:52 et c'est par moi que ça va passer.
51:54 La justice.
51:56 - Si son histoire, quelqu'un est
51:58 intéressé, ça donnera encore plus envie
52:00 d'aller chercher, puisque maintenant,
52:02 elle a parlé, qu'elle a raconté,
52:04 et sans faire de très mauvais jeu de mots,
52:06 elle a été blanchie, il y a
52:08 un an.
52:10 Elle a dit que pendant
52:12 60 ans, elle a attendu,
52:14 elle a quand même déposé,
52:16 en disant que, voilà,
52:18 elle nous disait en rigolant,
52:20 "Ah, ça y est, je ne suis plus une délinquante."
52:22 Mais malgré tout, ça a attendu 60 ans
52:24 pour que la justice ait fait son travail
52:26 aux Etats-Unis.
52:28 - Et qu'elle ait demandé, c'est ça qui est intéressant, c'est-à-dire que
52:30 pendant le Covid, moi,
52:32 j'avais peur, je me disais, parce qu'à cette époque-là,
52:34 je n'avais pas
52:36 renoué encore et lui faire
52:38 savoir, en fait, qu'elle existe
52:40 pour nous. Et donc,
52:42 je me disais, ça se trouve, le Covid,
52:44 c'est terminé, Claudette, voilà.
52:46 Et voilà que je vois en sortie de Covid
52:48 qu'elle est super énervée et qu'elle a
52:50 décidé de faire clirer son
52:52 casier. Bon, là, j'ai dit,
52:54 "OK, bon, ben, ça va,
52:56 on va pouvoir y aller."
52:58 Donc, voilà, encore une fois,
53:00 elle a mis toujours
53:02 cette dynamique, parce qu'en fait, les droits,
53:04 c'est de la matière humaine, si nous
53:06 ne la faisons pas vivre, ils meurent.
53:08 Donc, ce qu'elle
53:10 a compris de la pandémie,
53:12 c'est qu'il va falloir me régler ce problème et rapidement,
53:14 quoi. Ben, voilà, moi, je me dis
53:16 à chaque fois que j'ai une petite
53:18 baisse de régime en disant, "Ouais, mais bon,
53:20 c'est pas facile et tout", en fait, je me tourne
53:22 vers cette femme et je me souviens
53:24 qu'à 82 ans,
53:26 après une pandémie,
53:28 alors qu'elle est en fauteuil roulant,
53:30 elle dit, "Ça, vous allez me nettoyer
53:32 ça, et maintenant."
53:34 Bon, ben, donc, j'ai pas le droit d'être
53:36 fatiguée, c'est ça, ma conclusion.
53:38 - Alors, courez-y.
53:40 Malheureusement, on me
53:42 fait signe que, voilà, on doit
53:44 mettre fin à la conversation, mais allez-y.
53:46 Même pour ceux qui l'ont,
53:48 l'auraient déjà vu,
53:50 le revoir, c'est extraordinaire.
53:52 Moi, je suis, vous le savez, je le dis,
53:54 et j'en ai encore, je vis encore des émotions.
53:56 On a
53:58 très hâte de voir,
54:00 non pas la suite,
54:02 mais quelle sera la prochaine
54:04 oeuvre sur laquelle vous allez travailler ensemble
54:06 avec Emma, qui est là.
54:08 - La retraite.
54:10 (rires)
54:12 - Tania,
54:14 Pierre-Alain, Stéphane, merci infiniment.
54:16 - Merci, madame. - Merci à vous.
54:18 (applaudissements)
54:20 (Applaudissements)