Hommage à Sophie Fillières

  • il y a 3 mois
Disparue il y a environ un an, Sophie Fillières nous a laissé son dernier film, 'Ma vie ma gueule', qui a été présenté cette année à la Quinzaine des Cinéastes.

Le samedi 15 juin, nous avons rendu hommage, en compagnie de ses proches, à celle qui a beaucoup compté dans l’histoire du Forum des images.

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Transcription
00:00:00Bonjour, je m'appelle Mickalbourg, je suis cinéaste et je suis extrêmement ému et
00:00:18honoré d'être ici en si bonne compagnie pour parler du travail de Sophie Filière,
00:00:25pour lui rendre hommage et puis pour parler de ce film incroyable qui est Ma vie, ma gueule.
00:00:31Comme vous le savez sans doute, Sophie est décédée peu de temps après le tournage
00:00:40de Ma vie, ma gueule et donc ça a été une fabrication particulière.
00:00:43Elle a confié à Agathe et à Dan, ses enfants qui sont là, le soin de veiller à ce que
00:00:50le film ne perde jamais son or, ils nous en parleront, et de le faire évidemment aux
00:00:56côtés des plus proches collaborateurs et collaboratrices de Sophie, donc Julie Salvador,
00:01:02sa productrice, Emmanuelle Collinaud, sa chef opératrice, Jean-Pierre Laforce, son mixeur
00:01:08et François Kikré, son monteur.
00:01:10Sophie, c'est quelqu'un, je vais juste me permettre de dire deux mots en tant que cinéaste
00:01:21et amie, c'est une personne et une cinéaste absolument exceptionnelle et elle a immensément
00:01:29compté pour les cinéastes de ma génération.
00:01:32On est nombreuses et nombreux cinéastes de ma génération, je pense à Justine Trier,
00:01:38je pense à Nicolas Mory, je pense à plusieurs d'entre nous pour qui Sophie, c'était un
00:01:44modèle absolu, une sorte de chemin à suivre, d'indépendance, de persévérance dans sa
00:01:51façon de tracer sa route comme cinéaste, d'intelligence, d'élégance humaine.
00:01:57Je suis très ému et très honoré d'être avec vous toutes, vous tous, pour évoquer
00:02:08tout ça et pour évoquer le lien si particulier qu'il y avait avec chacun d'entre vous et
00:02:16la façon que vous avez su d'ajouter vos forces aux forces de Sophie pour que le film puisse
00:02:25voir le jour.
00:02:26En fait, si vous me permettez juste une généralité, ce qui est magique dans le cinéma souvent,
00:02:33c'est qu'on écrit pour exprimer une solitude, on écrit parce qu'on est tout seul et qu'on
00:02:37a une solitude à exprimer.
00:02:38Et puis, l'expression de cette solitude, ça devient, ça donne lieu à une aventure
00:02:42collective.
00:02:43Alors, ça, c'est vrai pour beaucoup de films, mais je crois que c'est encore plus vrai
00:02:47pour Mamie Maguel, c'est-à-dire que pour celles et ceux qui ont vu le film, vous le
00:02:54savez déjà, on va passer quelques extraits qui parlent d'eux-mêmes.
00:02:59Le film exprime une solitude très forte et en même temps, une aventure collective absolument
00:03:04magnifique.
00:03:06Ça va être intéressant et passionnant et émouvant de vous entendre toutes et tous
00:03:11parler de ça.
00:03:12Avant de commencer, je voudrais juste me faire plaisir et juste dire les titres des
00:03:19films de Sophie, parce que Sophie avait un talent inouï pour les titres, c'est-à-dire
00:03:23que moi, personnellement, je suis d'une unité crasse pour les titres et Sophie était absolument
00:03:28géniale.
00:03:29Et chacun des titres de ses films sont génial, donc j'avais juste envie d'entendre résonner
00:03:34les si beaux titres des si beaux films de Sophie dans cette salle.
00:03:37Je vais juste les dire les uns après les autres.
00:03:40Des filles et des chiens, grande, petite, aïe, gentille, un chat, un chat, arrête ou
00:03:48je continue, la belle et la belle, ma vie, ma gueule, qui est peut-être le meilleur d'entre
00:03:53tous.
00:03:55Voilà juste et après, on va commencer la conversation, je voudrais juste dire que les
00:04:01films de Sophie sont des merveilles d'intelligence, d'émotion, de générosité et posent toutes
00:04:11une question, posent tous une question qu'on se pose tous au quotidien et nous aide avec
00:04:17cette question, c'est comment est-ce qu'on fait pour vivre avec soi-même?
00:04:21Moi, personnellement, les films de Sophie au quotidien, tous, chacun d'entre eux, à
00:04:26leur façon et d'une façon différente, m'aide à vivre avec moi-même.
00:04:31Alors, il y a un rapport à l'autobiographie ou en tout cas à l'autofiction dans le cinéma
00:04:46de Sophie qui est vraiment très, très beau, très fort.
00:04:51Ça ne veut pas dire que ces films étaient ouvertement autobiographiques, quoi, c'est-à-dire
00:04:55que ça veut dire qu'elle partait d'un ressenti de l'existence pour exprimer, pour inventer
00:05:03un monde de cinéma, de burlesque, de comédie existentielle, dépressive, jouissive aussi,
00:05:11qui était à la fois totalement dans l'imaginaire et totalement dans une forme de vérité qui
00:05:16était connectée à sa vie.
00:05:18La première question que j'ai envie de poser, elle est pour Agathe et pour Adam, c'est
00:05:24quelle était la place qu'occupait le cinéma dans votre rapport à votre mère, quoi?
00:05:30Avant Avant ma vie, ma gueule, alors Agathe t'as joué dans certains des films, donc ça,
00:05:35ça sera encore autre chose et on en parlera.
00:05:37Mais dans la vie de famille, comment est-ce que le travail s'immisçait?
00:05:41Est-ce que Sophie était quelqu'un qui cloisonnait le travail et la vie de famille ou au contraire,
00:05:46est-ce que les choses étaient très imbriquées?
00:05:491, 2, 3, on m'entend, oui, elle ne cloisonnait rien de manière générale et pas du tout le
00:06:00travail non plus. En général, elle nous donnait le titre, elle nous disait voilà mon prochain
00:06:05film, il va s'appeler comme ça.
00:06:06Je me souviens que pour Arrête où je continue, je vois même où on était, on était au Café
00:06:10Beaubourg et elle m'avait dit j'ai donc mon prochain film, ça sera l'histoire d'une fille
00:06:16qui creuse un trou et qui reste dans le trou pendant tout le film.
00:06:21J'avais dit oui, c'est super.
00:06:23C'est pas tout à fait ça le film, mais un petit peu.
00:06:27Non, mais oui, c'est un peu la même expérience.
00:06:31Elle aimait beaucoup partager ce qu'elle avait, ce qu'elle était en train d'écrire et je
00:06:36pense qu'elle avait beaucoup de, comment dire, de passion et envie de nous faire lire, de
00:06:44nous partager son travail et son écriture.
00:06:47On lisait toujours ses scénarios en cours de route, parfois en cours de route, parfois
00:06:51terminée. Moi, je recevais des bouts du dernier.
00:06:55J'ai reçu plein de bouts.
00:06:56Moi, je ne l'ai lu que d'une traite, je crois.
00:06:59J'ai lu par bouts.
00:07:02Moi, j'ai joué dans ses films.
00:07:06Donc Julie, tu as produit deux films de Sophie, tu as produit La Belle et la Belle et
00:07:13puis évidemment Ma Vie, Ma Gueule.
00:07:16J'aimerais bien que tu nous racontes comment s'est passée cette rencontre et comment
00:07:19voilà. Et justement, est ce que Sophie, elle, te parlait des films avant de commencer à
00:07:27écrire ou est ce qu'elle est arrivée avec un scénario déjà?
00:07:30Comment ça se passait justement ces débuts?
00:07:35En fait, moi, j'allais voir les films de Sophie avant même d'être productrice et j'ai
00:07:41découvert tous ses films.
00:07:44J'étais régisseuse ou stagiaire régie, même, je crois, pour Grande, Petite et j'avais
00:07:50découvert avec son cinéma un ton nouveau, en tout cas différent, un regard aussi
00:07:59singulier avec un petit regard, avec un petit pas de côté.
00:08:02J'avais trouvé une façon d'écrire des dialogues incroyables, une façon de
00:08:09travailler la musique du texte, les dialogues, les mots, les associations, des
00:08:16situations. Vraiment quelque chose qui me frappait dans sa personnalité, sa
00:08:23singularité. Et puis aussi une aisance incroyable à faire s'entremêler la
00:08:31fantaisie, la drôlerie et puis du plus dramatique, voire de l'intime.
00:08:37Et voilà pour moi, qui étais spectatrice, j'étais fascinée par ça parce qu'il y avait
00:08:43vraiment, oui, c'était assez unique.
00:08:47Et puis, je suis devenue productrice.
00:08:50Mais Sophie, elle travaillait avec Martine Marignac, qui était une productrice
00:08:53formidable avec qui elle s'entendait très bien.
00:08:56Donc moi, je n'avais aucune raison de bouger.
00:09:00En fait, j'ai écrit un petit mot quand j'ai appris que Martine allait prendre sa
00:09:04retraite. C'est là où je me suis dit, je me jette à l'eau avec ma timidité.
00:09:10J'ai envoyé un petit mail à Sophie en lui disant mais si vraiment Martine prend sa
00:09:16retraite et que vous êtes à la recherche d'une nouvelle productrice, je vous ouvre
00:09:20en grand les portes de Christmas in July.
00:09:24Et voilà, elle m'a confirmé ça.
00:09:27On s'est bu, on a bu un café pendant deux heures.
00:09:30C'était hyper timide et déjà hyper chaleureux.
00:09:34Et puis, elle me dit mais je n'ai pas de projet pour le moment.
00:09:39Et puis, je ne sais pas, deux jours, une semaine après, assez rapidement, elle m'envoie
00:09:43un mail comme ça à 5 heures du matin en me disant cher Julie, j'ai pensé à ça.
00:09:48C'est Margot, 45 ans, qui rencontrerait Margot, 25 ans et c'est deux actrices
00:09:53différentes, mais c'est la même personne.
00:09:55Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:09:57C'est comme ça que ça a démarré.
00:09:58Je lui dis mais j'en pense que du bien.
00:10:00Allons-y, allons chercher c'est Margot ensemble avec plaisir.
00:10:05Donc, on a commencé.
00:10:08Le titre, elle avait le titre tout de suite.
00:10:09Je crois d'ailleurs qu'après, elle m'a dit, quand on s'en revient, elle m'a dit
00:10:12voilà, ça s'appellerait La Belle et la Belle.
00:10:13Alors, ça m'a plu encore plus que Margot et Margot s'appellent La Belle et la Belle
00:10:19aussi. Et voilà.
00:10:21Et sur Ma vie, ma gueule, c'était la même chose.
00:10:22Il y avait une idée qui était déjà d'emblée là avant qu'on ne commence à
00:10:27écrire. À la fin de La Belle et la Belle, oui, quand le film sortait, même un peu
00:10:34avant, on a eu envie de continuer.
00:10:38Et voilà.
00:10:39Et puis, on dîne ensemble un soir à la maison et elle me dit j'ai envie de faire
00:10:43un film peut-être plus intime encore que les précédents.
00:10:50Et ça s'appellerait Ma vie, ma gueule, qu'est-ce qu'on pense à partir d'un titre ?
00:10:56Je lui dis, ben, allons-y aussi.
00:10:59Moi, sa vie, sa gueule m'intéresse énormément.
00:11:02Donc, voilà, elle s'est mise à écrire.
00:11:06Oui, les titres, d'une certaine façon, ça venait faire office de manifeste d'emblée.
00:11:13Je crois que c'est toujours le titre en premier et Ma vie, ma gueule, c'est là, je
00:11:18m'en rends compte aussi en refaisant le truc à l'envers.
00:11:20En fait, c'est carrément ça met la barre très haut.
00:11:23Il faut vraiment que le film soit très bien.
00:11:24Enfin, pour assumer ce titre.
00:11:28Mais moi, elle m'avait dit aussi, elle avait envie que ce film soit un peu le film
00:11:31de toutes les audaces, c'est-à-dire d'aller expérimenter.
00:11:34On en parlera sans doute après, mais d'expérimenter des choses, y compris à
00:11:40l'écriture. Après, dans la mise en scène, c'est un qu'elle n'avait pas, elle avait
00:11:44envie, Ma vie, ma gueule.
00:11:45Oui, il y a quand même une part d'autofiction qu'elle ne cachait pas, qui est
00:11:50présente et que c'était une façon aussi de ce film-là, oui, de se démarquer des
00:12:01précédents films, de l'écriture avec ces trois parties, un film séquencé comme ça.
00:12:08Et ça, l'idée des trois parties, c'est quelque chose qui était très vite avec le
00:12:15titre. Et puis, le nom aussi, Pif-Paf, Feiyouku, c'était présent tout de suite.
00:12:22Et après, elle écrivait dans l'ordre.
00:12:25Sophie, elle écrit, c'est quelqu'un qui avançait, qui réfléchissait beaucoup.
00:12:31Et puis, quand elle se mettait dans l'écriture, elle ne revenait jamais en
00:12:33arrière. Donc moi, j'avais, tu disais bout par bout, moi aussi, j'ai lu en trois parties.
00:12:40J'ai lu en trois parties, dans un premier temps, Pif, mais c'était tellement réfléchi,
00:12:49tellement bien écrit et abouti, quoi, c'est-à-dire que, mais elle se donnait un
00:12:53élan et puis elle avançait.
00:12:54Puis voilà, sans jamais revenir en arrière et sans forcément savoir ce qui allait se
00:12:59passer ensuite.
00:13:00Et pas de traitement, pas de séquencé, vraiment, c'était au fil de la plume tout
00:13:05en, évidemment, elle savait un peu ce qu'elle allait écrire quand même après.
00:13:08Et parfois, elle ne savait pas comment elle allait terminer le film.
00:13:11Oui, et du coup, après, elle arrêtait et elle réfléchissait pendant parfois hyper
00:13:17longtemps et puis elle finissait par trouver.
00:13:19Après, elle disait ça y est, j'ai trouvé ma fin.
00:13:21Après, elle se mettait à table deux jours et après, c'était fini.
00:13:25Donc, il y avait un titre qui faisait office un peu de manifeste, de note d'intention,
00:13:29une sorte de concept qui est donnée, une sorte de structure.
00:13:31Et à l'intérieur de ça, après, elle partait un peu à l'aventure.
00:13:35Emmanuelle, toi, tu as eu un parcours assez particulier avec Sophie parce que tu l'as
00:13:38rencontrée sur Aïe, c'est ça ?
00:13:41Oui, je l'ai rencontrée, j'étais assistante, l'assistante caméra d'un chef opérateur
00:13:47qui s'appelait Christophe Pollocq et qui avait fait Aïe, c'était la première fois
00:13:54qu'il travaillait avec Sophie et qui avait fait Gentil, après.
00:13:57Et moi, j'étais assistante sur Aïe et ce qui était extraordinaire, c'était
00:14:03extraordinaire parce que sur un tournage, en fait, c'est extrêmement hiérarchisé.
00:14:08Contrairement à ce que peut-être on peut croire, mais on n'adresse pas la parole
00:14:12à n'importe qui, n'importe comment.
00:14:13C'est un peu différent maintenant, mais à l'époque, c'était vraiment comme ça.
00:14:17Et ce qui était incroyable avec Sophie et ce qui a été vrai sur tous ces tournages
00:14:21après, c'est que Sophie, elle parlait à tout le monde, c'est-à-dire aux stagiaires
00:14:24régies comme au chef op, comme à la productrice, comme à tout le monde, mais de
00:14:29la même manière. Et elle pouvait parler du scénario, du film, de ce qu'on en
00:14:34pensait. Et c'était fascinant parce que je n'avais jamais vu un tournage comme ça.
00:14:39Et donc, on s'était plutôt bien entendu.
00:14:41Et surtout, il y avait une scène à la fin, je me rappelle plus très bien exactement
00:14:44de la fin de Aïe, mais je sais qu'elle hésitait entre deux possibilités.
00:14:49Et puis, elle discute avec Christophe, le chef op, et puis elle me pose la
00:14:55question, elle me dit, toi, t'en penses quoi?
00:14:57Et donc, j'avais donné mon avis.
00:14:59Puis voilà, on avait tourné, je pense, les deux possibilités et elle m'a écrit une
00:15:03lettre, comme franchement, elle avait le secret.
00:15:05Après le tournage, au mois de juillet, au mois d'août, je ne sais plus quand c'était.
00:15:08J'ai reçu une lettre de Sophie, mais elle écrivait, c'était comme ses scénarios, en
00:15:12fait, ses lettres. C'était drôle.
00:15:14J'ai eu une lettre de trois pages où elle me raconte pourquoi elle a choisi finalement
00:15:18cette fin-là. Puis après, elle me raconte son quotidien, je pense, chez votre grand-mère.
00:15:24Elle me dit que le moment culminant de la journée, c'est la partie de Scrabble, ce
00:15:30qui était quand même assez drôle. Et donc voilà, ça, c'était ma première, la première
00:15:33fois que j'ai vu Sophie.
00:15:34Je voulais juste rebondir sur quelque chose à propos de La Belle et la Belle.
00:15:38Moi, je me souviens à la fin de Arrête où je continue.
00:15:42Elle m'avait dit, elle savait, elle avait déjà, je pense qu'elle n'avait pas le titre
00:15:47du film. Moi, elle m'avait dit, je pense, je vais faire quelque chose.
00:15:49Ça commencera, c'est une fille qui s'appelle Margot qui va téléphoner à quelqu'un qui
00:15:54va dire Allô Margot, c'est Margot.
00:15:57Et c'était, mais c'était, je crois, pendant le tournage.
00:16:00Elle me dit, j'aime bien, mais il n'y avait que ça.
00:16:05Donc, juste pour dire qu'elle partait, que ça partait de quelque chose de très ténu,
00:16:09en fait. Ténu comme ça, à mon avis, ce n'était pas si ténu que ça dans sa tête.
00:16:15Mais voilà. Et puis après, j'ai retravaillé avec Sophie longtemps plus tard, longtemps
00:16:19peut-être en 2002, sur une pièce de théâtre.
00:16:23Je crois que c'était Brigitte Jacques qui s'appelait Viole, qui avait été montée
00:16:28au rond-point et qui avait, je ne sais plus, c'était pour Arte, je crois.
00:16:32Ça avait été refilmé à l'INA pendant deux semaines.
00:16:37Et je l'ai revu il n'y a pas longtemps.
00:16:41C'est super ce qu'elle avait fait.
00:16:42Je ne l'avais jamais vu, mais j'ai le DVD, je pourrais vous passer le DVD.
00:16:46On l'a quelque part.
00:16:47Et donc, on avait filmé, ce qu'on ne ferait plus maintenant non plus, deux semaines à l'INA
00:16:51pour filmer une pièce complètement remontée dans un studio de cinéma.
00:16:56Et puis après, elle m'a rappelé, après Christophe Pollock est malheureusement mort
00:17:00en 2006 ou 2007, je ne me souviens plus.
00:17:03Et donc, quand elle a préparé Un chat, un chat, voilà, elle m'a rappelé à ce
00:17:08moment-là. Et c'est là où on a vraiment commencé à collaborer, où on s'est vraiment
00:17:13rapprochés de plus en plus.
00:17:16D'ailleurs, ça m'a beaucoup touché ce qu'a raconté Justine Trillet quand elle a parlé
00:17:19au César. Je trouve qu'elle a tellement bien parlé de Sophie.
00:17:24Quand elle racontait surtout son voyage en train où personne ne disait
00:17:29rien et où elle était tétanisée, elle éduquait qu'elle ne parlait pas et tout.
00:17:33Moi, ça m'a rappelé mes premiers rendez-vous avec Sophie.
00:17:36On déjeunait à l'industrie en bas de chez elle et parfois, il y avait des plans d'un quart
00:17:39d'heure. Et je me disais, il faut que je trouve un truc à dire et tout.
00:17:44Et en fait, au bout d'un moment, on comprend qu'il n'y a pas de truc à trouver à dire.
00:17:46Ça se passe tout seul. Et c'était un truc qui est
00:17:51complètement disparu au fur et à mesure de notre amitié.
00:17:55Ça m'a vraiment rappelé mes premières fois où j'ai vu Sophie en tête à tête.
00:17:59C'était, ça pouvait être assez glaçant, en fait, alors que ça n'avait aucune raison de
00:18:05l'être, parce que c'était, je pense, la personne la plus bienveillante que je connaisse.
00:18:09C'était souvent des silences très habitées.
00:18:11Ah oui, une fois qu'on a accepté le fait de rester en silence, c'était quand même des
00:18:16moments, mais on sentait que ça cogitait énormément pendant les silences.
00:18:19C'était vraiment une expérience que je suis très
00:18:25contente d'avoir vécu avec elle, parce que c'est très particulier.
00:18:28C'était vraiment fait partie de sa personnalité, pour le moins.
00:18:31Le fait que ses silences soient aussi habitées, c'est peut-être pas déconnecté qu'elle soit une
00:18:34sinénaise de la parole.
00:18:36Bien sûr. Et quand tu l'as retrouvée, donc tu l'as retrouvée pour un chat, un chat, un chat,
00:18:42est-ce que tu avais l'impression de retrouver la sinéase que tu avais connue au moment de
00:18:46Aïe ? Est-ce que tu avais l'impression qu'il y avait quelque chose qui avait bougé ?
00:18:50Forcément, c'était différent pour moi, parce que moi, sur Aïe, je n'ai pas fait de préparation.
00:18:54Je suis arrivée le premier jour du tournage et je n'ai pas du tout vu Sophie avant.
00:18:58Donc, je ne sais pas comment elle travaillait avant, mais en tout cas, j'ai retrouvé Sophie
00:19:03comme je pensais, comme je la connaissais du tournage, c'est-à-dire avec beaucoup de
00:19:08bienveillance, beaucoup de curiosité et puis surtout très, comment dire, très pointue sur
00:19:15plein de petits détails, sur la préparation, sachant en fait exactement ce qu'elle voulait.
00:19:22Elle savait en fait, sur les décors, elle savait exactement ce qu'elle voulait.
00:19:27Elle savait ce qu'elle aimait, elle savait ce qu'elle avait envie de tourner.
00:19:30Enfin, c'était très précis.
00:19:32Et ça a été ça, comme sur toutes les, finalement, sur tous les films.
00:19:36Alors, sur Ma vie, ma gueule, ça a été un peu différent parce que c'était, comment dire,
00:19:41elle avait justement envie de faire des choses, de faire les choses différemment.
00:19:45Mais cela dit, il y a quand même la grande constante, c'est qu'elle est très proche du
00:19:51scénario, mais c'est-à-dire que le scénario, on tourne toutes les scènes et il n'y a pas une
00:19:57modification de dialogue.
00:19:58Et puis, elle veut que les mots qui sont écrits soient les mots qui sont dits.
00:20:01On ne change pas un truc parce que voilà.
00:20:04Et ça, je pense que c'est une vraie, je pense que sur Aïe, c'était déjà comme ça.
00:20:07En fait, je me rappelle, c'était déjà comme ça sur Aïe.
00:20:10Donc, je crois qu'il y a une vraie constance dans tous ces films par rapport à ça.
00:20:17Jean-Pierre, je me trompe peu d'ailes, mais je pense que tu es le seul chef de poste à
00:20:21avoir fait toute la filmographie de Sophie, c'est-à-dire tous ses longs métrages.
00:20:26J'ai fait cinq films.
00:20:28Je n'ai pas fait Aïe et je n'ai pas fait Rétouche continue.
00:20:31Ah d'accord. En tout cas, tu as fait Grande, Petite et tu as fait Ma Vie, Ma Gueule.
00:20:35Donc, tu as quand même suivi l'ensemble du trajet.
00:20:45J'aimerais bien que tu nous dises déjà comment est née cette complicité entre vous et
00:20:48ensuite, comment tu as eu le sentiment que ça a évolué entre Grande, Petite et Ma Vie, Ma
00:20:54Gueule ?
00:20:55J'avais l'impression de retrouver exactement toujours la même préoccupation dans une
00:21:04forme différente, évidemment, parce que le film était à chaque fois différent, très
00:21:07différent. Mais la relation qu'on avait, la relation et le travail lui-même, il était
00:21:15toujours centré au même endroit.
00:21:17C'est-à-dire là où on en parlait sur la musique du dialogue.
00:21:21Je pense que je n'ai pas connu beaucoup de cinéastes qui avaient une attention aussi
00:21:26extrême au dialogue, aux mots, etc.
00:21:30Tout le monde le sait, il suffit de voir ses films.
00:21:33Et puis, quelque chose, moi, je lui avais dit un jour un truc qui l'avait, je pense,
00:21:38dans un premier temps choqué.
00:21:39Puis après, elle avait, je ne sais pas si elle avait admis ou compris.
00:21:43Je lui ai dit, tu sais, moi, le sens du dialogue, je ne me souviens jamais des dialogues.
00:21:48C'est bizarre pour quelqu'un qui fait du son.
00:21:51En général, les gens qui enregistrent, par exemple, ils se souviennent exactement de
00:21:54chaque mot dialogue.
00:21:55Si l'acteur ou l'actrice a fait une petite erreur, moi, je suis complètement nul, nul
00:22:00pour ça. Par contre, j'enregistre très, très bien la musique des dialogues.
00:22:05Moi, ce qui m'importe, c'est la musique des dialogues.
00:22:06Elle m'avait regardé, silence.
00:22:10Je ne sais plus, mais c'est long.
00:22:11Là, je me suis dit, oh là là, j'ai dit un truc.
00:22:13Mais en plus, on se connaissait très, très bien.
00:22:14J'ai dit un truc vraiment, elle va me jeter direct.
00:22:18Et puis, en fait, non, elle m'a dit ah oui, en fait, oui, oui, je peux comprendre ça.
00:22:23Ça s'est arrêté là. Et je pense que sur cette sur cette idée, en fait, toute simple,
00:22:29c'est à dire, je ne sais pas comment dire, elle a compris comment j'entendais.
00:22:34Oui, et inversement.
00:22:36Et c'est ça, le travail du son et du mixant en particulier.
00:22:40C'est de comprendre comment l'autre entend.
00:22:42Ce n'est pas juste sa propre écoute, c'est comprendre comment l'autre entend et avec sa
00:22:46propre écoute, pouvoir lui proposer des choses qui sont entendables.
00:22:51Et en même temps, d'avoir une écoute qui est peut être complémentaire, quoi.
00:22:54Complètement. Mais avec moi, je pense que c'est fait partie des gens les plus
00:22:59délicats que j'ai connus, c'est à dire elle pouvait me dire quand je faisais un truc
00:23:02vraiment, mais nullissime.
00:23:04Elle me disait non, je crois que ça ne va pas.
00:23:09Ce n'était pas plus que ça.
00:23:11Je savais que c'était vraiment une catastrophe.
00:23:13On refaisait etc.
00:23:15Vraiment, non, c'était très, très doux.
00:23:18Et surtout, il y avait une ouverture parce que tout paraît très écrit et c'est très
00:23:23écrit, etc. Mais de temps en temps, on pouvait se perdre.
00:23:27Il y avait beaucoup de fantaisie, quoi. C'est à dire qu'on pouvait lui dire tiens, mais là,
00:23:29on pourrait peut être faire ça ou rajouter un tout petit son, etc.
00:23:35On dit oui, essayons. Alors évidemment, de temps en temps, c'était non, mais ah oui.
00:23:40Et je me souviens que dans le premier film qu'on a, son premier film que j'ai eu la
00:23:42chance de faire, il y a un moment donné, alors je ne me souviens plus exactement du
00:23:46plan, mais c'est un personnage qui donne quelque chose à un autre.
00:23:49Je me souviens, c'est un peu Bressonian, on voit la main et l'objet atterrit dans la
00:23:52main. Et moi, je lui ai dit ah oui, on va rajouter un petit espèce de petit
00:23:57magique. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça.
00:23:59Ça n'a aucun sens direct et elle a appris tout de suite.
00:24:03Ça l'a beaucoup à la fois amusé, mais il y avait une espèce d'ouverture un peu
00:24:08au magique. Enfin, je ne sais pas, il y a quelque chose comme ça, mais qu'il y a dans
00:24:11ses films profondément.
00:24:13Ça résonne beaucoup en moi, ce que tu dis sur la délicatesse qu'elle avait dans la
00:24:18façon d'exprimer aussi les choses et sa pensée.
00:24:21Je l'ai vu en salle de montage venir, de faire des retours et voilà, elle s'était
00:24:26aisée. Elle arrivait à pointer les choses avec une espèce de précision qui était
00:24:30quand même assez chirurgicale et en même temps, énormément de douceur et de
00:24:33bienveillance. C'était très frappant.
00:24:36François, ça a été une expérience encore particulière dans un autre sens, puisque
00:24:45tu as rencontré Sophie pour Ma vie, ma gueule.
00:24:47Je ne sais pas si vous vous connaissiez déjà avant, socialement.
00:24:51Est ce que tu l'avais déjà croisé?
00:24:53Si, on se connaissait. On se croisait depuis longtemps.
00:24:56On avait été même juré à Pantin ensemble.
00:25:00Et puis, j'avais monté un film avec Agathe et elle était assez proche du
00:25:06réalisateur Frédéric Vidault.
00:25:08Elle était venue voir le film en montage et puis à la suite de ça, Sophie, c'est
00:25:15quelqu'un qui m'a beaucoup écrit.
00:25:18Elle m'envoyait des petits mots, essentiellement sur les films que j'avais
00:25:25montés, qu'elle avait vus.
00:25:26Et puis, elle était drôle.
00:25:27Ça me fait penser à ce que tu disais, Julie, tout à l'heure, c'était qu'elle
00:25:31était, je pense, un peu insomniaque.
00:25:34Et moi, j'ai la sale manie de regarder mon portable dès que je me réveille la
00:25:40nuit. Et là, en fait, me voyant présent sur le réseau, elle m'envoyait
00:25:46immédiatement un message genre à quatre heures et demie du matin.
00:25:49T'es là? Je disais oui, je suis là.
00:25:53Moi, j'avais une capacité à me rendormir, elle beaucoup moins.
00:25:57Oui, c'est pas qu'elle était insomniaque, c'est qu'elle se réveillait très, très,
00:26:00très tôt, mais elle se couchait à 20 heures et elle se réveillait à 3h45.
00:26:07Donc voilà, puis un jour, elle m'a proposé le film.
00:26:13Moi, j'étais très, très flatté et très content.
00:26:18Surtout que j'avais trouvé, j'ai tout de suite trouvé le scénario absolument
00:26:21magnifique. Et voilà, malheureusement, je n'ai pas eu la chance de me
00:26:28retrouver dans une salle de montage avec Sophie, puisqu'elle est morte le
00:26:34jour où on devait commencer le montage.
00:26:37Elle m'a fait le cadeau qu'on monte le film Agathe Adam et moi.
00:26:43Donc, c'était quand même une très, très belle expérience.
00:26:49Et voilà, on ne s'est jamais vraiment connu dans le travail.
00:26:57Et vous avez eu le temps quand même de pouvoir parler du film en amont?
00:27:01Oui, oui, on s'est quand même, on s'est vu l'année qui a précédé le tournage.
00:27:09On s'est vu assez régulièrement.
00:27:11Elle m'a raconté l'avancée des choses, de la préparation, dès qu'elle
00:27:18l'avait, elle s'amusait de plein de choses.
00:27:22Par exemple, elle me fait raconter cette scène qui est dans le film où Agnès
00:27:27est dans son miroir et tout d'un coup se penche vers sa trousse de toilette
00:27:33en disant maquillage.
00:27:35Ça faisait beaucoup, beaucoup rire.
00:27:36Elle me l'avait raconté, je me souviens, à l'industrie pareil.
00:27:41Voilà, on avait parlé du choix d'Agnès.
00:27:46Qu'est ce qui pourrait jouer le rôle?
00:27:49Qu'est ce qui la motivait?
00:27:52Voilà, on s'est aussi parlé un peu de temps avant sa mort, quand elle était
00:27:56déjà à l'hôpital, où elle m'a parlé un peu du tournage, de l'impression
00:28:06d'avoir gagné en liberté plus le film, plus le tournage avançait.
00:28:14Et voilà, on m'a parlé du moment maquillage.
00:28:21C'est un des moments que j'ai choisi comme extrait.
00:28:24On va le regarder.
00:28:27Je vous propose qu'on s'assoie là juste pour regarder l'extrait et puis
00:28:30on reprend la conversation.
00:28:43Pourquoi faire semblant?
00:29:03Ariel, pas mal, sobre, droit, bâton.
00:29:16C'est sobre ou c'est rien?
00:29:19Je dis sobre, mais c'est peut être rien.
00:29:25Ariel, il brouille, vraiment?
00:29:28Ariel, il brouille, scolaire, non comment, police anorexique, enfin qui
00:29:42fait très attention à sa bouche, au minimum, police qui se pèse tous les
00:29:48matins. Avenir, black et oblique, non, merci, mais non.
00:29:58Avenir médium, oui, oui.
00:30:04Ma vie, ma gueule, ma vie.
00:30:29Coucou, excuse moi, mais je ne peux pas trop parler, je te laisse, t'es déjà
00:30:36occupé, tu fais quoi?
00:30:37Je suis au sport, bravo, je ne sais pas comment tu fais, à chaque fois,
00:30:41j'essaie d'y aller, je regarde mes affaires pendant 3 heures, je m'aime
00:30:45les oreilles, tu m'entends, oui, tu vois, je me fais un petit café, un
00:30:53autre petit café, tu m'entends là?
00:30:55Allo, oui, tu m'entends, c'est sur ta machine, déjà, là, tu regardes tes
00:31:00requins marteaux, je regarde les clips, Julien Doré, trop mignon, sa
00:31:09petite barrette, là, quelle chanson?
00:31:14T'aimais comme un lac, ah oui, c'est avec Pamela Anderson, à la fin, c'est
00:31:19pas mal, moi, j'aime bien le coco, ok, bon, je te laisse parce que j'arrête
00:31:24ma session, je n'y arrive pas aujourd'hui et il faut vite que je rentre
00:31:27chez moi pour prendre une douche, parce qu'il y a des travaux, ils vont
00:31:31couper l'eau, au fait, tu m'as jamais dit comment ça s'était passé avec
00:31:35ton italien, là, bon, plus de nouvelles, je t'ai foiré d'avance, c'est
00:31:42super difficile de rencontrer des hommes en ce moment, pendant 2 ans,
00:31:46tu vois, ça, le mec, il a l'air pas trop mal, tu le rencontres, tu parles de
00:31:51sa femme en l'air genre de travers, après, tu parles de ses enfants, tu leur
00:31:54poses des questions, non, j'ai vérifié déjà, qu'est-ce que tu dis?
00:32:08Non, rien, j'ai cru que j'avais oublié un truc à la salle de sport, alors que
00:32:14non, je suis presque arrivé chez moi, je viens d'arriver chez moi, là, il faut
00:32:37vraiment que je raccroche, qui? Non, non, ça va, j'ai le temps,
00:32:59maquillage,
00:33:07c'est lui, Barbie, laisse tomber,
00:33:31bonne journée, mon amour, cette fille,
00:33:44alors, j'étais un peu gourmand à chaque fois dans la durée des extraits,
00:34:01parce que le problème, c'est qu'avec les films de Sophie, c'est qu'il y a
00:34:05déjà une durée des scènes et puis après, il y a une scène qui suit et
00:34:08puis les scènes sont tellement géniales qu'on se dit qu'on peut en avoir
00:34:10deux pour le prix d'une, donc voilà, j'ai un peu fait ça les trois fois,
00:34:15je vous préviens, donc je n'avais pas envie de bouder notre plaisir.
00:34:23Emmanuel, l'extrait se finit sur un motif qui est quand même récurrent dans le
00:34:31film, qui est Agnès, donc Barbarie Bichette face à son image, face à son
00:34:37reflet et j'ai l'impression que dès le début du film, avec le sport,
00:34:42il y a la question du corps aussi et donc j'avais envie de t'entendre sur la
00:34:52façon de filmer Agnès et comment vous vous êtes formulé ça, c'est-à-dire le
00:34:58fait de filmer une sorte de féminité sans phare, d'une certaine façon.
00:35:03Alors, en tout premier, je crois que Sophie m'a vraiment dit, je n'ai pas envie
00:35:11qu'on voit Agnès Jaoui comme on la voit dans les autres films,
00:35:15je n'ai pas envie qu'on la voit les yeux très maquillés, la coiffure
00:35:20comme elle a souvent dans ses autres films, je veux qu'elle soit vraiment nature,
00:35:25donc elle a vraiment tout de suite eu l'idée, il y a eu l'histoire de la
00:35:30couleur des cheveux, mais je crois qu'elle est assez finalement proche de ce qu'elle est la
00:35:34couleur des cheveux d'Agnès en général, mais enfin, c'est sans intention, je dirais,
00:35:40la couleur qu'elle a dans ce film. Après, il y a eu la question de la coiffure donc
00:35:45qui a été assez simple, la côte cheval basse, c'est venu assez vite, c'était Sophie
00:35:50vraiment qui avait envie de ça et puis après donc l'idée qu'elle ne soit pas
00:35:54trop maquillée vraiment et ce qui n'est pas forcément évident, je pense que pour Agnès,
00:36:01par exemple, précisément dans la scène du maquillage, je pense qu'Agnès quand elle a vu,
00:36:07je crois quand elle a vu le film la première fois, je pense qu'elle a été elle-même surprise de se
00:36:11voir avec les cheveux un peu mouillés et longs des faits, je pense que c'est même elle une coiffure
00:36:15qu'elle ne doit pas avoir très souvent dans sa vie, donc ça c'était la première chose et après
00:36:22sur la lumière, on était dans des configurations, dans des décors assez petits, l'appartement c'est
00:36:28l'appartement de Sophie qui est assez exiguë, la salle de bain elle est minuscule, c'est-à-dire
00:36:33qu'une fois qu'il y avait Agnès et moi avec la caméra dans la salle de bain, plus personne
00:36:37d'autre pouvait rentrer et on était, contrairement à ce qu'on le ressent pas plus que ça, c'était
00:36:42vraiment petit petit et donc on ne pouvait pas, je veux dire, je ne pouvais pas éclairer beaucoup,
00:36:49donc c'était aussi un éclairage très naturel, mais on avait parlé de ça avec Sophie, on avait
00:36:56dit il faut un petit peu de lumière quand même, mais il ne faut pas que ce soit, c'est pas la belle
00:37:01et la belle, ce n'est pas un film éclairé, c'est un film où il y a un peu de lumière quand même,
00:37:05mais ce n'est pas du tout la même, elle ne voulait pas la même esthétique que dans la belle et la
00:37:11belle où c'est plutôt, c'est toujours délicat de parler du travail qu'on a fait, mais c'est disons
00:37:16que c'est plus raffiné que dans Ma vie, ma gueule, mais c'est une vraie volonté de départ.
00:37:23Oui parce qu'il y a un autre moment où elle se regarde dans le mémoire, un peu plus tard dans
00:37:29le film, je n'ai pas pu le montrer là, ça aurait été vraiment excessif comme on m'en dise, c'est
00:37:35le moment où elle fait un doigt d'honneur à son propre reflet et j'ai l'impression qu'il y a une
00:37:40sorte de manifeste, un peu aussi de quelque chose qui dit quelque chose de l'image de soi et de
00:37:46l'image du film. Absolument, c'est à dire, c'est fuck, c'est comme ça et c'est tout, on est ce
00:37:54qu'on est et on ne cherche pas à être finalement mieux que ça, mais c'est les premiers films que
00:38:02Sophie fait comme ça, parce que d'habitude elle était très attentive sur ses comédiennes, que ce
00:38:10soit Sandrine Kiberlin, Emmanuelle Devos ou Chiara, il fallait que ce soit, elle voulait
00:38:17qu'elle soit belle tout le temps, alors je ne dis pas qu'Agnès n'est pas belle, mais elle a une
00:38:21beauté, comment dire, plus intérieure en fait, c'est le personnage qui est beau et on n'a pas
00:38:30du tout essayé à faire à ce que Agnès soit la plus belle possible dans ce film, ce n'était
00:38:35pas le sujet, ce n'est pas Barbie en fait, elle a des jours où elle se réveille, c'est ça que
00:38:41j'ai trouvé vachement bien en fait, c'est que par exemple, je trouve que Barbie, elle est comme dans
00:38:45la vie, c'est à dire, il y a des jours où on est bien, puis il y a des jours où on est moins bien,
00:38:48comme tout le monde et dans le film, c'est comme ça, il y a des jours pour le jardin, je trouve du
00:38:52Luxembourg, la scène avec Philippe Catherine, elle est superbe, il y a des fois, à la salle de
00:38:58sport, c'est moins glamour, voilà, c'est comme ça, c'est la vie. Et puis après, il y a autre chose
00:39:04qui, quand on a connu Sophie et Frappin, c'est cette image dans le miroir, c'est vrai que c'est un des
00:39:10moments où on voit le plus Sophie, c'est à dire, je ne sais pas dans sa filmographie, parce qu'il y a,
00:39:15on va en parler, il y a un rapport très passionnant entre les différentes actrices qui ont joué des
00:39:20rôles féminins dans les films de Sophie et Sophie, qui à chaque fois se formulent
00:39:24différemment, mais là, dans ce plan-là, il y a quelque chose qui... Dans tout le film, c'est
00:39:30flagrant. Moi, dans une scène plus tard, quand elle est au lycée, quand elle va voir sa sœur,
00:39:37qui est conseillère d'éducation, ou proviseur, je ne sais plus, il y a une scène d'Agnès Jaoui qui
00:39:43s'éloigne de Do dans les coursives du lycée, mais moi, ça m'a frappé. On en a parlé avec
00:39:48Agathe et Adam, mais c'était la démarche de Sophie, c'est dingue. C'est troublant.
00:39:56Est-ce que vous avez l'impression que dans ce film-là, j'ai l'impression qu'il y a quelque
00:40:02chose, des costumes, etc., qui est encore plus frappant que d'habitude. Est-ce que vous avez
00:40:09l'impression que c'était vraiment... Déjà, elles ont une corpulence un peu similaire, qu'on ne voit
00:40:15pas forcément toujours à l'écran. Ensuite, effectivement, ma mère voulait, enfin notre mère,
00:40:22Sophie, voulait qu'elle porte ces vêtements, ou en tout cas, il y en a carrément ces vêtements,
00:40:31et puis effectivement, les baskets, c'est des baskets de la marque Oka,
00:40:36donc qu'elle affectionnait particulièrement, qui sont des baskets très compensées, comme ça,
00:40:39très confortables. Et je crois que Agnès, quand elle les a vues, elle a dit « no way ». Et
00:40:44finalement, elle les porte, non seulement elle les porte dans le film, mais en plus,
00:40:48elle les porte maintenant, un an après le tournage. Elle adore.
00:40:52Mais Sophie, sur les baskets aussi, ça a été une aventure quand même, parce qu'avant de mettre
00:40:56des baskets, moi j'ai quand même souvenirs de tournages de Sophie qui arrivait avec des bottines
00:41:01à talons et qui me disait « ah, j'ai mal aux pieds ». Je lui dis « mais pourquoi tu mets des
00:41:05chaussures là ? ». Elle me dit « jamais de ma vie je mettrai des baskets ». Et le jour où elle a
00:41:09découvert les baskets et le tournage en baskets, je veux dire, sa vie a changé quand même.
00:41:14Parce qu'elle s'est mise au sport aussi à un moment, donc elle a découvert les baskets.
00:41:18Mais c'est vrai que je pense que sur « La Belle et la Belle », elle était déjà en baskets. Mais je
00:41:26pense qu'avant, en tout cas sur « Un chat, un chat, je suis sûre », mais sur « Arrête où je
00:41:30continue », je me rappelle, elle venait avec des bottines, avec ça de talons. Et c'est épuisant à
00:41:37la fin de la journée d'être debout sur des talons. C'est rigolo. Ce qui me fait rire, c'est
00:41:43de voir Agnès Jaoui avec les mêmes baskets que Sophie et qui les adopte finalement après le
00:41:49tournage. Quand on a montré le film à Agnès, à la fin du film qu'elle a énormément aimé,
00:41:57un des premiers trucs qu'elle a dit, c'est « j'ai vu Sophie dans tous les plans, de face,
00:42:04de dos, de profil ». Elle a dit « je ne me suis pas reconnue, j'étais troublée, je voyais Sophie
00:42:10tout le temps, tout le temps ». Quand elle voyait le film et qu'il y a eu le plan où elle se regarde
00:42:16dans le miroir, je me souviens, je l'ai entendu faire comme ça dans la salle.
00:42:21C'est très troublant. Et après, c'est vrai que quand on connaît Sophie, on a l'impression qu'au
00:42:27début, ça apparaît très fort et puis que l'imaginaire finit quand même par faire son
00:42:33travail et qu'il y a un personnage qui finit par apparaître et que du coup, Agnès finit
00:42:37par réapparaître aussi à sa façon. Mais c'est vrai qu'il y a un chemin. En tout cas,
00:42:42quand on connaît Sophie, on fait un chemin pendant le film, j'ai l'impression.
00:42:46Il y a toujours des effets de mimétisme entre les réalisateurs et leurs acteurs,
00:42:54les réalisatrices et leurs actrices. C'est vrai aussi que, peut-être lié aux circonstances et
00:43:01la façon dont on a commencé à travailler avec Agathe et Adam. Mais moi, je sais que
00:43:05quand on a dérushé le film, il y a des plans que je savais que je voulais qu'ils soient dans le
00:43:12film parce que j'avais vraiment l'impression de voir Sophie. Le plan qu'on a vu dans la
00:43:17bande-annonce tout à l'heure, je ne sais pas ce que c'était, où elle a les yeux levés. En plus,
00:43:25c'est un plan qui est... C'est avant le début de la prise. Il y avait un avion qui passait,
00:43:31on entend Sophie dans le rush qui indique à Agnès de lever les yeux, de regarder l'avion.
00:43:37Mais c'était vraiment quelque chose d'un peu improvisé. Et moi, quand j'ai vu le plan,
00:43:41Agathe et Adam étaient d'accord avec moi, j'ai vraiment eu le sentiment de voir Sophie.
00:43:46Et bon, peut-être que les choses auraient été différentes si Sophie avait encore été vivante
00:43:56et montait le film avec moi. Mais en même temps, ce plan, il est resté, par exemple,
00:44:02dans le montage jusqu'au bout. En fait, la séquence, elle s'est montée aussi parce qu'il
00:44:09y avait cette ressemblance très, très forte. Et donc, tu disais que Sophie parle pendant les
00:44:18prises. Là, c'est parce qu'on attendait que l'avion passe pour commencer. Donc, Sophie a
00:44:23juste demandé à Agnès de lever les yeux. Et c'est vrai que quand Agnès a levé les yeux,
00:44:30là, j'ai trouvé que la ressemblance était très, très forte. Et c'est vrai que même moi,
00:44:38quand je montais le film, il y a peu de scènes dans le film sans Agnès. Mais quand Agnès n'est
00:44:44pas là, en fait, je pense à Sophie. Quand je pense à Barbarie Bichette, je pense à Sophie.
00:44:49C'est-à-dire que la première image qui me vient, c'est Sophie et pas Agnès.
00:44:54Et Aguette, tu as quand même découvert une autre facette, un autre chapitre dans
00:45:04le rapport à ta mère qui a été celui de jouer dans ces films. Et j'aimerais que tu nous parles
00:45:09de ça. D'une part, sur comment ça s'est passé entre vous, ce travail-là. Et quelle directrice,
00:45:16acteur, rédactrice était Sophie? Donc, tu veux dire comment ça s'est passé, le travail de
00:45:23direction d'acteur sur... Pour toi, le fait de jouer sous la direction de ta mère. Et ensuite,
00:45:33de façon plus générale, comment est-ce qu'elle avait l'habitude de travailler avec les comédiens?
00:45:39En ce qui me concerne, je ne sais pas, c'était hyper naturel. J'ai l'impression que c'est la
00:45:49même personne dans la vie que sur le tournage. Tout ce que vous avez dit d'elle sur les tournages
00:45:55et tout, je suis complètement d'accord. Je la reconnais. Et après, avec moi, les deux films,
00:46:02je crois qu'elle a écrit pour moi. Donc, je savais qu'elle écrivait pour moi. Et après,
00:46:08sur le tournage, à part le fait qu'elle m'appelait chérie et que je l'appelais maman et qu'au bout
00:46:14de deux semaines de tournage de Un chat, un chat, je ne sais plus qui, un technicien, je ne sais plus
00:46:19qui, a dit à ma mère. Mais pourquoi vous vous appelez chérie et maman? C'est un truc spécial
00:46:26et tout ça. Elle a dit non, mais c'est parce que c'est ma fille qui tombait des nues. Mais je me
00:46:32souviens, ça l'avait fait hyper rire. Ma mère dit non, mais il croit que j'appelle mes comédiennes
00:46:37chérie et que je leur demande de m'appeler maman et tout. Hyper bizarre. En même temps, ça aurait
00:46:43pu exister dans un film de Sophie. C'est pour ça qu'elle en a fait des gorges chaudes. Mais oui,
00:46:49oui. Non, sinon, franchement, je suis trop. J'ai pas assez de distance pour me rendre compte.
00:46:56Mais ça se passait de manière hyper naturelle. Elle me dirigeait quand même vraiment hyper
00:47:02précisément. Mais comme comme les autres comédiens et comédiennes, c'était très doux,
00:47:09très précis. Je n'ai pas créé naturelle, je n'ai pas. Elle avait une musique très précise qu'elle
00:47:18voulait entendre pour pour chaque pour chaque réplique. Elle avait l'habitude de jouer les
00:47:23répliques elle même pour tous les personnages et elle adorait ça. D'ailleurs, il paraît qu'en
00:47:30prépa, elle le fait systématiquement. Elle le fait en prépa. Je pense qu'on pourrait faire
00:47:35l'intégralité de tous ces films avec Sophie dans tous les rôles parce qu'elle le fait avec les
00:47:40dialogues, le ton. Ça lui permettait de trouver la vérité, je pense. Comment dire de la vérité
00:47:50dans l'espace du personnage et savoir le plan qu'elle allait faire. C'est à dire qu'en fait,
00:47:53elle décidait du coup, elle jouait la scène comme ça, très concentrée et elle disait voilà, on va
00:48:00faire on va faire un plan large, on va se mettre là, on va essayer ça, etc. Mais c'était impossible
00:48:06si elle n'avait pas joué la scène avant elle même. Nous, on devait faire parfois avec Benoît,
00:48:14son assistant, les répliques. J'étais très, très mauvaise. Mais elle me disait toujours je comprends
00:48:20pourquoi je ne t'ai pas pris comme comédienne. Et Benoît aussi, il s'est fait engueuler plus d'une fois parce qu'il disait mal son texte.
00:48:27Et après, il y a quelque chose de frappant, c'est le soin qui est apporté à tous les personnages.
00:48:37C'est à dire que c'est vraiment pas seulement les personnages principaux et quand on voit Mamie
00:48:41à la gueule, c'est frappant, mais c'est frappant dans tous ces films. C'est à quel point le
00:48:47moindre personnage qui a une scène existe de façon archi pleine. Et ça, Julie, je ne sais pas,
00:48:54l'écriture, par exemple, dans le scénario, est ce que c'est déjà quelque chose qu'on sent à la
00:48:58lecture ou est ce que c'est quelque chose que vient apporter le casting, la mise en scène ?
00:49:02Non, ça existe déjà beaucoup au scénario. C'est à dire que tous les personnages sont là et après,
00:49:08oui, il y a un vrai travail sur tous les seconds rôles. C'est à dire qu'elle laisse rien au hasard
00:49:12et qu'il y a un casting très important à chaque fois où elle voit plusieurs personnes, elle joue
00:49:18avec eux, elle en revoit pour aller chercher tous les comédiens. Et elle accorde une importance
00:49:27absolument à tout le monde, que ce soit le premier rôle et la personne qui aura juste une phrase.
00:49:32Alors je crois que c'est le bon moment pour passer le deuxième extrait parce que vous allez voir,
00:49:38c'est une scène où il y a un personnage qui n'apparaît que dans cette scène et qui est
00:49:42absolument formidable. Vous vous êtes fait plaisir avec ce bracelet ?
00:50:07Comment vous savez que ce n'est pas un cadeau qu'on m'a fait ?
00:50:10Plus en tout, je suis une hypersensitive. Mais il n'y a qu'à vous regarder, vous vous êtes fait
00:50:17plaisir. Mon fiancé, il me dit toujours toi, tu vois tout. Je dis fiancé parce qu'on n'est pas
00:50:29encore marié. Ce serait pour juillet, le 16. Mais après, on part en lune de miel au Sri Lanka.
00:50:37Il y a des colibris dans le Sri Lanka. Oui, sûrement. Des jardins botaniques à perte de vue.
00:50:51Ça vous embête d'appuyer sur le bouton ? Oui, bien sûr. Ça t'engue un peu, non ?
00:51:02Ça doit être les médocs.
00:51:07Vous voulez que je vous aide avec vos sacs ? C'est gentil, merci, je veux bien.
00:51:22Merci beaucoup, beaucoup. Vous me sauvez la vie. Non, je ne vais pas. Vraiment, merci.
00:51:40Non. Merci. Et je suis descendue et j'ai porté tous ces sacs tout du long jusqu'en bas de son
00:51:56nid. Non, mais qui fait ça ? Vous. Non, mais je parlais d'elle, en fait, de me faire faire ça.
00:52:05Parlez-moi de vous, plutôt. Vous m'énervez. Oui. Non, mais là, encore plus. Intérieurement,
00:52:14ça ne se voit pas, mais je vous... Oui, très bien. Très bien quoi ? En sortant, je me dis,
00:52:24mais qu'est-ce qu'il y a de si très bien ? Qu'est-ce qu'il y a de très bien, en fait ? C'est des
00:52:31singeries, tout ça. Vous, vous singez le psy et moi, je singe la patiente. On est deux singes,
00:52:37assis, face à face. C'est quoi, ce singe, là ? Là, sur l'étagère, c'est pas possible,
00:52:44c'est vous qui l'avez mis. Il n'y était pas la dernière fois. Non, mais pourquoi vous avez tous
00:52:48ces trucs, d'abord ? Ah oui, pour les enfants. Vous recevez des enfants, parfois, c'est ça ? Est-ce
00:53:01que vous recevez des enfants, oui ou merde ? Qu'est-ce qui vous empêche de répondre simplement
00:53:10à cette question anodine ? Un instant, s'il vous plaît. Oui, absolument. Et des vieillards ? Vous
00:53:25recevez des vieillards ? Venez jeudi à 16h. Vous me recevrez quand je serai vieillarde ? J'arriverai
00:53:46avec ma canne. J'aurai la maladie des vieux courbés en deux. Puis je sortirai des billets en
00:53:55tremblant. Et vous les prendrez en tremblant encore plus. J'aurai un mouchoir dans ma manche ? J'en
00:54:12ai déjà. Préstidigitation. Préstidigitation. Comment va-t-il d'ailleurs, votre père ?
00:54:43Ça fait longtemps qu'il n'en fait plus des tours. Il a de l'arthrose, la dextérité, et puis il est
00:54:53halité en permanence, maintenant. Non mais de temps en temps, encore, il sort un jeu de cartes,
00:55:10mais rien. Il le tapote et il le range. Non mais...
00:55:27Voilà, c'est deux scènes où je trouve qu'on parlait évidemment des personnages secondaires,
00:55:47et évidemment le personnage de cette femme dans le bus est formidable, mais dans les deux scènes,
00:55:52il y a quelque chose qui me frappe, c'est la façon dont le montage trouve dialogue avec le jeu,
00:55:59et à quel point il y a quelque chose d'extrêmement trouvé, aussi bien dans le rythme du montage et
00:56:05dans le rythme avec les acteurs. Et François, j'ai envie d'interroger là-dessus, sur ce rapport
00:56:12au... Moi, je l'appelle la comédie dépressive, et c'est peut-être mon genre de comédie préférée,
00:56:20qui a un rapport à la lenteur, et en même temps un rapport à un moment où il faut que ça aille
00:56:26un peu plus vite aussi, et puis en même temps, il y a des moments où ça bascule carrément,
00:56:30et là, tout d'un coup, dans le même plan, ça bascule dans autre chose. Donc comment est-ce que
00:56:37cette question du registre se pose au montage, et comment est-ce que cette question de la comédie
00:56:41se pose au montage ?
00:56:43Bon, elle se pose pas vraiment, en vérité. Je pense qu'on fait comme on peut, quoi. La séquence
00:56:49du bus, c'est une séquence qu'on a beaucoup beaucoup montée, remontée. Elle était plus longue,
00:56:55et elle a été trop longue, parfois trop courte. Il fallait trouver vraiment le bon équilibre.
00:57:05Finalement, je pense qu'on est plutôt content. Au final, la séquence fonctionne très bien dans
00:57:15le film. Pour ce qui est de la séquence chez le psy, après, c'est filmé comme celle du bus,
00:57:26en champ contre champ. La séquence du bus paraît un peu plus découpée, aussi parce qu'on a coupé
00:57:31des choses. Et puis qu'il y a, pour le coup, un vrai dialogue. Dans la séquence chez le psy,
00:57:39ma vie, ma gueule, c'est quand même l'histoire d'une femme qui parle toute seule face à un psy
00:57:47qui ne l'aide pas, quasi muet. Et en fait, c'est aussi Agnès, quoi, qui offre la possibilité d'avoir,
00:57:59comme ça, des plans où on s'interdit de monter. Parce que quand, dans le même plan, on a une
00:58:12actrice qui passe d'un registre de comédie à un registre de drame, dans le même mouvement,
00:58:20et avec une telle précision, c'est sûr qu'on n'a pas envie de monter. On n'a pas envie de gâcher
00:58:30ça. Ce qui est très beau, là, dans le dernier plan qu'on a vu, c'est que, d'ailleurs, on l'a encore
00:58:37senti, là, en ne montrant que l'extrait, c'est qu'au début du film, au début du plan, on est
00:58:46encore beaucoup, beaucoup dans la comédie. Et puis, tout d'un coup, il y a quelque chose, une sorte
00:58:54d'émotion qui survient et qu'on n'a pas vu venir, tout ça dans le même plan. Donc, oui, c'est
00:59:04un montable, en vérité. Enfin, on ne peut pas casser ça. Et ça, c'est des choses... Bon, moi, je suis un
00:59:14monteur plutôt économe, d'une manière générale. J'aime voir vivre les acteurs. Et voilà, ça s'est
00:59:26quand même trouvé assez vite, le montage de cette séquence, même si on avait des petites hésitations,
00:59:31notamment sur ce qu'il y a dans le film. Il y a une première séance de psy où elle voit, où Barbie voit
00:59:41aussi un autre élément, comme là, le petit singe. C'est une autruche. Donc, est-ce qu'il fallait
00:59:47montrer un peu plus le singe qu'elle voit ? Dans la séquence chez le psy qui
00:59:54précède, le jeu avec l'autruche est beaucoup plus... Enfin, on montre. Là, on n'avait plus besoin de
01:00:03montrer le singe, puisqu'on se demande même si elle ne le délire pas complètement. En plus, elle vient de
01:00:09parler de singe. Et puis, ce n'était plus l'objet de la séquence. L'objet de la séquence, c'est comment ce
01:00:17personnage, là on arrive à la première partie de Pif, est en surchauffe. Il y a quelque chose où la rencontre avec
01:00:28cette femme dans le bus, qui est une sorte de miroir, complètement loufoque. Mais quand elle parle de
01:00:38ses médicaments, on voit bien qu'il y a quelque chose qui résonne chez Barbie. Donc voilà, on ne réfléchit pas trop.
01:00:48Enfin, si, on réfléchit, évidemment, mais on ne se pose pas la question tant que ça du... Est-ce qu'il faudrait que ce soit...
01:00:58Si, on parle de rythme, mais pas lié forcément à un genre en particulier. Ou parce que tout d'un coup, ce serait une séquence comique,
01:01:10il faudrait accélérer le rythme. Ou au contraire, il y avait... De toute façon, dans cette première partie, c'est aussi le truc de l'écriture de Sophie,
01:01:20c'est qu'on ne sait jamais si on est vraiment dans une comédie. Alors, c'est plus drôle que les autres parties du film,
01:01:27encore que ce n'est pas tout à fait vrai. Mais disons que là, on peut encore penser qu'on est dans une comédie dans cette première partie du film.
01:01:36Et en même temps, le film est déjà très sombre sur la solitude du personnage, sur le rapport qu'elle a au monde, sur le fait qu'elle a 55 ans,
01:01:55qu'elle n'a pas de mec, que ses enfants sont grands et se sont éloignés d'elle, que son boulot l'emmerde et qu'elle n'a plus goût à la vie.
01:02:09Comme c'est ce que tu dis, il y a aussi l'idée que c'est quand même le jeu, les acteurs qui guident. Et ça, Jean-Pierre, c'est quelque chose que tu ressens aussi
01:02:19par rapport au travail sur le son, c'est-à-dire que c'est vraiment les acteurs, les actrices qui guident le travail ?
01:02:25Bien sûr. Alors après, puisque vous prenez ces deux séquences-là, la séquence du bus, il se trouve que moi, je figure dans la séquence du bus,
01:02:36cette espèce de masse grise qu'on voit derrière Agnès et moi. Donc, c'est une expérience assez particulière que d'entendre la scène qu'on va mixer bien avant,
01:02:44ça ne m'était jamais arrivé. Et donc, évidemment, Agnès, oui, je connais sa voix et tout ça, je connaissais sa voix, mais son interlocuteur, je ne connaissais pas sa voix.
01:02:52Et moi, j'entendais tout sans voir en plus, puisque je suis de dos. Donc, c'était assez étrange. C'est beaucoup plus barré qu'encore ce que je pensais dans l'écriture,
01:03:02tellement le personnage est quand même très, très particulier. Mais pour la scène du psy, en fait, il se trouve que le son direct de Damien Luquet,
01:03:13qui était super, hautement, mais dans cet endroit, je ne sais pas pourquoi, c'était comme ça. Il y avait un fond pas très fort, mais très médium.
01:03:27En fait, pas fort, mais présent et qui ne fonctionnait pas très, très bien avec la scène. Alors, du coup, on a été obligé de nettoyer ce fond.
01:03:38Mais évidemment, quand on nettoie un fond, on n'est dans rien, parce qu'on l'avait nettoyé assez sévèrement. Et puis, de trouver une ambiance qui allait remplacer,
01:03:48si je peux dire, l'ambiance qui avait été captée au tournage. Et il se trouve qu'on a fini par trouver, en fait, ce qu'on entend, c'est une ambiance de poil.
01:03:59C'est un poil. Donc, ça n'a strictement aucun rapport avec la scène. Aucun. Et j'ai cherché plein de trucs.
01:04:09Un poil à bois ?
01:04:11Oui, une espèce de poil à bois qui, de temps en temps, fait un ploc comme ça, un peu métallique. Mais là, il n'y en a pas trop.
01:04:18Mais il y en a un qui, dans la première scène du psy, quand elle voit l'autruche, qu'elle cligne des yeux, il y a un petit ploc qui fait cligner des yeux.
01:04:27Donc, on ne sait pas si elle cligne des yeux à cause du son ou si c'est. Et puis, on comprend évidemment que c'est parce qu'elle a vu la petite autruche.
01:04:33Bref, pour revenir à cette histoire de poil, ça permettait de donner aussi un côté fermé à la scène. Il y a quelque chose, ce truc un peu rond qu'avait ce son.
01:04:45C'est ça. Plus, effectivement, on en parlait l'autre jour, tout ce qui est extrêmement riche dans le jeu d'Aniel Jaoui, et notamment sa dynamique.
01:04:59Si vous écoutez la scène, il y a des moments où elle parle vraiment fort, quand elle pète un câble un peu au début, après le psy.
01:05:07Et après, à la fin, où elle est beaucoup plus basse quand il s'agit du père.
01:05:13Plus, la voix, quand le psy la relance sur votre père, c'est un espèce de truc très grave et très présent, anormalement présent, qui n'est pas du tout au plan.
01:05:25Mais comme si tout d'un coup elle l'entendait un peu à elle, comme si ça résonnait dans sa tête un peu.
01:05:32Pour moi, c'est tout ce travail là. Mais en fait, le travail, il est assez simple et facile, entre guillemets, parce qu'il est déjà là.
01:05:39Il s'est joué, c'est mis en scène, c'est écrit. Ça marche. Il suffit de faire que ce soit encore un peu mieux.
01:05:48C'est vrai que c'est assez spectaculaire de voir Aniel Jaoui dans le film de façon générale.
01:05:54Et dans cette scène en particulier, je trouve vraiment cette espèce de bascule entre la comédie, le drame et tout ça.
01:06:02On a l'impression qu'il y a un feu d'artifice pour une actrice.
01:06:07Et c'est vrai que moi, je pense à André Dussolier dans Aïe.
01:06:14Sophie avait une façon de déplacer les acteurs et les actrices et de les emmener à un endroit de fragilité, de sincérité qui était assez inouï.
01:06:26André Dussolier, je ne sais pas s'il n'a jamais été aussi touchant que dans Aïe.
01:06:34Agnès aussi touchante que là. Et donc, Julie, je vais te demander comment ça se passe.
01:06:41Le choix d'une actrice principale pour un film comme Ma gueule avec Sophie.
01:06:46Est ce que l'idée d'Agnès, c'est quelque chose qui arrivait très tôt?
01:06:51Autant la belle et la belle, elle avait écrit pour Agathe et pour Sandrine.
01:06:56Et autant celui là, elle n'a pas écrit en pensant à une actrice en particulier.
01:07:04Elle a écarté Emmanuelle Devoz très vite en disant que c'était trop son double, que c'était trop évident.
01:07:12Et qu'en fait, elle avait envie de confier sa vie, sa gueule à une actrice dont elle n'était pas proche et qu'elle ne connaissait pas.
01:07:21Et c'était le cas d'Agnès qu'elle aimait beaucoup comme comédienne, mais elle ne se connaît pas forcément trop intimement.
01:07:28Agathe avait joué avec, mais c'était un autre circuit. Et Agnès est arrivée, mais tout de suite.
01:07:36Donc, ça a écarté quand même déjà un peu Sandrine, Emmanuelle, Cara, Agathe, etc.
01:07:41Et voilà, Agnès est arrivée un peu comme une évidence.
01:07:46Justement parce que c'est pas Agnès, elle fait des films aussi, mais c'est deux univers complètement différents.
01:07:55Et voilà, elle avait envie de, je crois, de ne pas connaître la comédienne.
01:08:02Et on a fait lire Agnès qui, en douze heures, a dit oui et a voulu faire lire le scénario à tous ses amis tellement elle le trouvait très, très beau.
01:08:13Et à partir de là, je ne sais pas Agnès, est-ce que c'était le rapport avec les acteurs, actrices principaux de ces films?
01:08:23C'était quelque chose qui créait, qui générait une forme d'amitié, c'est-à-dire où en fait, elle les voyait quand même souvent en dehors de plateau.
01:08:32Au contraire, c'était, elle gardait une forme de distance.
01:08:36Non, pas trop.
01:08:38Quand même, il y avait une sorte d'amitié qui perdurait un certain temps, mais peut-être pas si longtemps.
01:08:43Je pense qu'elle déjeunait, par exemple, avec Emmanuel De Vos ou avec Andrine de temps en temps.
01:08:51C'est régulièrement, mais oui, pas toutes les semaines.
01:08:54C'est plus avec les réalisateurs et réalisatrices avec lesquelles elle a écrit, en dehors de ses films, où elle devenait très proche.
01:09:05Mais en même temps, je pense qu'il y avait un lien qui se créait quand même assez indestructible, même si elle ne se voyait pas souvent.
01:09:12Chaque histoire est différente, mais par exemple, Sandrine, c'est quand même ma mère qui l'a révélé.
01:09:18Elle l'a vue dans un café et elle l'a prise pour défier des chiens.
01:09:24Et Sandrine avait jamais, elle était étudiante au conservatoire, mais d'abord, ma mère ne le savait pas.
01:09:29Quand elle l'a vue, elle s'est dit, j'espère que cette fille est actrice ou qu'elle pourra jouer.
01:09:34Et c'était le cas et voilà.
01:09:37Donc, c'était un truc.
01:09:40Hélène, c'est encore autre chose.
01:09:42C'était sa sœur.
01:09:43Donc, pour le coup, elle se voyait.
01:09:46Et Emmanuel, elles ont fait quand même trois films ensemble.
01:09:51Donc, il y avait un lien assez fort.
01:09:53Mais c'est vrai que ce n'est pas des personnes qu'elle voyait régulièrement, si régulièrement que ça.
01:09:59Oui, c'est un lien sur la durée qui n'impliquait pas le fait de travailler systématiquement pour chaque film,
01:10:05mais en tout cas, qui était quand même très fort, qui est resté très fort tout du long.
01:10:11Je pense que c'était des rencontres aussi qui se marquaient réciproquement,
01:10:16mais ça ne veut pas dire qu'elles étaient obligées de se voir tout le temps.
01:10:20On peut peut-être dire que Sophie a envisagé à un moment donné, brièvement,
01:10:26mais de jouer le rôle de Ma vie, ma gueule.
01:10:30Alors moi, je n'en ai plus jamais parlé avec elle, mais Agathe et Julie, peut-être Adam peuvent témoigner de ça.
01:10:37C'est toi Julie qui nous a raconté.
01:10:40Elle vous l'avait dit.
01:10:41Non, mais aussi Emmanuel.
01:10:42Oui, elle nous l'avait dit.
01:10:43Moi, elle me l'avait dit.
01:10:45Ça a duré un certain temps, cette histoire.
01:10:48Elle m'en avait parlé plusieurs fois, mais en même temps, un peu en blague,
01:10:52mais comme un test, comme cette histoire de vouloir tourner en noir et blanc.
01:10:56Oui, ça faisait un peu partie, il y avait quelque chose autour de ce film
01:10:59où elle voulait faire quelque chose de à la fois différent de tout ce qu'elle avait fait et d'un peu radical.
01:11:06Sur la forme, je pense aussi.
01:11:08Le fait de jouer elle-même, ça rentrait aussi là-dedans.
01:11:11Mais il y avait quelque chose.
01:11:13Oui, à un moment, elle pensait faire le film en noir et blanc.
01:11:18En quatre tiers.
01:11:19Et en quatre soeurs.
01:11:21Et voilà.
01:11:22Si je pense, après avoir joué chez Justine Trier, principalement,
01:11:29elle avait adoré, elle avait vachement envie de jouer.
01:11:33Je sais qu'elle a même dit à son agent.
01:11:35En fait, je veux bien faire l'actrice, jouer dans des films.
01:11:38Elle avait même passé un casting pour un autre film.
01:11:42Elle joue dans Superbourré.
01:11:44Oui, Superbourré.
01:11:45J'ai oublié le nom.
01:11:47Jean-Milo.
01:11:48Oui.
01:11:51Voilà.
01:11:52Donc, ce truc de jouer aussi lui plaisait.
01:11:54Mais jouer dans son propre film.
01:11:56Au final, moi, ce dont je me rappelle, c'est qu'elle m'a dit non, j'ai besoin de regarder quelqu'un.
01:12:00J'ai besoin de regarder une actrice.
01:12:03J'ai besoin de voir quelqu'un qui n'est pas moi.
01:12:05Mais sans doute, cette question, elle se l'est posée aussi pour ce film.
01:12:08Parce que la question du film, c'est aussi de pousser le curseur à un endroit aussi de l'autofiction.
01:12:14C'est quelque chose qui est présent sur tous ses films et qu'elle essaie peut-être de pousser encore plus loin sur ce film-là.
01:12:19Mais ce n'était rien écarté.
01:12:21Elle me disait toutes les audaces.
01:12:24C'était tout envisagé, tout le temps.
01:12:26Et puis après, peut-être revenir en arrière sur l'actrice.
01:12:29Mais en tout cas, oui, moi, je pense qu'elle a fait ça un peu pour tester sous forme de blague.
01:12:33Mais pas tant que ça non plus.
01:12:36Puis après, la comédienne qui amène aussi de la fiction, une barrière, un écran avec son autofiction,
01:12:45qui amène un personnage et qui construit un personnage, a pris le dessus.
01:12:50Alors, Agathe, Adam, à quel moment est arrivée l'idée pour Sophie que ce serait à vous d'accompagner la post-production du film ?
01:13:03Et comment s'est passé ce passage de flambeau ?
01:13:08Est-ce qu'elle a été très précise dans les indications qu'elle vous a données ?
01:13:12Quelle forme ça a pris, ces indications-là ?
01:13:19Alors, c'est arrivé d'un seul coup, j'ai envie de dire, pas progressivement.
01:13:24C'est-à-dire qu'en fait, on était avec elle à l'hôpital très peu de temps après le tournage.
01:13:30Enfin, le lendemain du tournage, elle a été hospitalisée.
01:13:33Et disons, une semaine ou dix jours après, on a appris qu'elle ne pourrait pas terminer le film en même temps qu'elle.
01:13:40Et là, je crois qu'elle nous a dit, je ne sais plus si elle nous l'a dit à nous d'abord ou à Julie d'abord,
01:13:46mais en tout cas, c'est au même moment.
01:13:49Elle nous a dit, je pense qu'elle y avait pensé, en fait.
01:13:52Donc elle nous a dit, je voudrais que ce soit vous qui terminez le film.
01:13:57Et Julie aussi est venue à l'hôpital et elle l'a dit à Julie.
01:14:02Mais ce n'était même pas, est-ce que vous êtes d'accord pour terminer le film ?
01:14:08Même personne.
01:14:09Et c'est juste, c'est vous qui allez terminer le film.
01:14:13Donc on a dit, OK.
01:14:16Et après, je te laisserai parler Julie.
01:14:19Mais oui, pour les indications, à partir du moment où c'était acté qu'on allait terminer,
01:14:25avec évidemment tous les collaborateurs et collaboratrices qu'elle avait choisis et à qui elle confiait le film aussi.
01:14:32À partir de ce moment là, oui, elle nous a donné des indications précises,
01:14:38assez précises, mais pour le coup, pas du tout autoritaires.
01:14:42Elle n'a pas dit il faudra que ce soit ça et pas autrement.
01:14:44Elle a à chaque fois dit, on avait un petit carnet comme ça et on notait dans le carnet.
01:14:51Mais elle nous disait, bon, vous verrez, je me souviens.
01:14:54Il y a une prise où Agnès, elle fait ça.
01:14:56Donc peut-être ça marche bien avec tel truc, mais vous verrez ce qui marche le mieux.
01:15:00C'était vraiment.
01:15:02Voilà, vous verrez ce qui marche le mieux.
01:15:04Moi, comme ça, spontanément.
01:15:06Mais peut-être.
01:15:08Voilà.
01:15:09Et puis il y avait quelques trucs un petit peu plus précis sur le passage des parties.
01:15:14Ça nous a dit qu'elle voulait que ce soit le plus dru possible.
01:15:18On a respecté ou des choses un peu sur la musique,
01:15:22plutôt sur l'absence de musique, mais qui nous paraissait à nous même logique.
01:15:28Et si on avait voulu, je pense qu'on aurait pu ne pas suivre totalement.
01:15:33Mais en fait, c'est juste qu'elle connaissait très bien son film
01:15:36et que ça faisait totalement sens avec ce qu'on avait.
01:15:41Parce que c'est vrai que quand on fait un film, à un moment,
01:15:45il y a la loi du film qui parle.
01:15:47C'est-à-dire que c'est le film qui dicte sa loi.
01:15:49Est-ce que c'est un sentiment que vous avez eu, François ?
01:15:53Est-ce que vous avez eu le sentiment que c'était le film qui dictait sa propre loi ?
01:15:57Ou est-ce que vous étiez au contraire en train de vous dire,
01:15:59de vous projeter sur ce que Sophie, elle, aurait pensé ?
01:16:04C'est peut-être un peu...
01:16:05Un peu des deux, mais en fait,
01:16:07on n'était jamais en résistance par rapport à ce que Sophie aurait pensé.
01:16:13C'est juste que c'est vrai que parfois, tout le temps, en salle de montage,
01:16:17mais aussi pour nous avancer,
01:16:19on disait, on s'engueulait avec Adam en disant,
01:16:22non, maman n'aurait pas fait ça.
01:16:24Si, maman aurait coupé à cet endroit.
01:16:26Mais en même temps, c'était juste pour avancer.
01:16:28Mais l'idée, c'était de faire vraiment le film qu'il fallait que ce soit.
01:16:33Et en fait, il était déjà là.
01:16:35Comme tu dis, le film dictait sa loi.
01:16:37Et pas d'essayer de coller le plus possible à ce qu'elle aurait voulu.
01:16:42Parce que je ne sais pas, ça allait de soi en même temps.
01:16:45C'est un peu confus, pardon.
01:16:47Et Julie, il y a quelque chose qui me semble important aussi.
01:16:52C'est la bataille que ça a été de faire en sorte que ce film existe.
01:16:56C'est-à-dire que ce n'est pas un film qui s'est financé tout seul.
01:17:02Je pense que c'est intéressant qu'on puisse peut-être témoigner de ça.
01:17:08Oui, c'est un film qui ne s'est pas financé presque, on pourrait dire.
01:17:14Moi, j'ai l'impression...
01:17:18C'est un film qu'on a fait avec.
01:17:20Quand j'ai eu le scénario, Agnès a dit oui tout de suite.
01:17:25Le premier truc, c'est qu'on est allé voir l'avance sur le set qu'on a eu très vite.
01:17:30Et à partir du moment où on a l'avance sur le set, on en sent hyper fort.
01:17:34Et on pense que tout le monde va penser comme les membres de la commission de l'avance sur le set.
01:17:43Donc là, j'ai commencé à chercher des distributeurs.
01:17:46Le jour de fête est arrivé assez vite, avec beaucoup d'enthousiasme.
01:17:51Après, la difficulté, c'était les chaînes de télévision.
01:17:54Moi, j'ai l'impression que ces guichettes, il y a un truc de plus en plus...
01:18:01Je pense que le film aurait été moins compliqué à monter il y a quelques années encore.
01:18:06Je pense qu'après le confinement, c'était encore plus difficile.
01:18:11Et puis finalement, nous, on arrivait pile à ce moment.
01:18:15Et que justement, le Covid devenait une excuse pour ne pas aller sur les films.
01:18:22Et comme ça, ça évitait de parler du pourquoi on ne venait pas.
01:18:26Mais j'ai l'impression aussi qu'il y a une espèce...
01:18:31Chez certains, pas tous, mais en tout cas chez certains distributeurs ou certaines chaînes à la télévision,
01:18:37qui sont des partenaires financiers très importants,
01:18:41qu'il y a de plus en plus un truc de formatage.
01:18:45Le film de genre, quand on est très très genre, c'est super.
01:18:50Quand on est très très comédie, c'est super.
01:18:53Et quand on est très très film qui finit bien aussi, etc.
01:18:56Et que des films, des scénarios comme ce qui m'intéresse moi, comme spectatrice,
01:19:03ça ne les intéresse pas.
01:19:07Moi, j'ai beaucoup souffert.
01:19:09Je trouve ça très triste parce que je me disais que j'ai vécu ça un peu comme une punition.
01:19:14C'est-à-dire que c'est la première fois de ma vie que je fais un film sans chaîne de télévision.
01:19:18Alors, mais qu'est-ce que je paye ? Est-ce que c'est moi ?
01:19:22Et après, je pense que c'est aussi le moment qui vaut ça, une grosse frilosité.
01:19:29Mais parce que je ne comprends toujours pas.
01:19:34Mais c'est vrai que je...
01:19:36Moi, qui soutiens la liberté, parce qu'on en parlait tout à l'heure,
01:19:40Sophie, c'est une cinéaste libre et moi, je soutenais cette liberté.
01:19:45Soutenir la liberté quand on n'a pas les moyens, ça devient aussi compliqué.
01:19:51Et puis après, l'envie que le film existe, elle était tellement forte,
01:19:59et chez Sophie, et chez moi, qu'on s'est dit, on va faire quand même avec ce qu'on a.
01:20:08Et puis, on a retravaillé.
01:20:10Et c'est là où toutes les idées de tourner en noir et blanc,
01:20:15peut-être que ça serait moins compliqué, moins cher, de tourner en 4 tiers, il y a moins d'images.
01:20:21Tout ça a été mis sur la table.
01:20:24On a un peu retravaillé, puis on s'est dit, on va le faire.
01:20:27Mais on l'a fait dans des conditions qui sont anormales.
01:20:32Moi, j'ai honte d'engager des gens dans ces conditions-là.
01:20:38C'est pas normal.
01:20:40Et puis après, je trouve le film absolument magnifique.
01:20:44Il est réussi, il est à Cannes, il fait l'ouverture de la quinzaine, etc.
01:20:48Je suis très fière, je suis ultra solidaire de toute l'équipe,
01:20:53parce que tous ensemble, on a réussi à le faire.
01:20:56Mais c'est vrai qu'on l'a fait un peu contre le marché.
01:21:02C'est un film qui a racheté au réel à plein d'endroits.
01:21:07Heureusement qu'il existe, parce que quand on voit la reconnaissance
01:21:11des premiers spectateurs qui découvrent le film,
01:21:15ça me réconcilie.
01:21:17J'ai l'impression de faire de la résistance depuis que je fais de la production.
01:21:23Et là, plus que jamais, avec ce film-là, on a raison,
01:21:28il ne faut pas baisser les bras.
01:21:30Mais encore une fois, ce n'est pas normal d'en arriver là
01:21:34et de ne pas payer les gens au SMIC, mais presque.
01:21:38Pour faire de la mise en scène, il faut avoir du temps aussi pour travailler
01:21:44et que tous les maillons de la chaîne le ressentent.
01:21:47Je pense qu'on s'en est vachement bien sortis,
01:21:51mais je n'ai pas du tout envie d'en faire une généralité.
01:21:55C'est vrai que pour une cinéaste qui a une filmographie comme celle de Sophie
01:22:00et qui a déjà autant fait ses preuves,
01:22:08il y a quelque chose d'assez révoltant à imaginer
01:22:11qu'un scénario pareil éprouve autant de difficultés.
01:22:14Et en même temps, en tant que cinéaste,
01:22:16je parlais de persévérance quand on a commencé.
01:22:18Pour moi, Sophie, c'est ça aussi.
01:22:20C'est-à-dire qu'à un moment, c'est de tenir la ligne
01:22:22et de la tenir jusqu'au bout.
01:22:24C'est ça qui finit par payer aussi
01:22:26et par donner le film qu'on connaît, qui est absolument sublime.
01:22:30Emmanuelle, là-dessus, sur la question de cette précarité,
01:22:34de l'économie du film,
01:22:36comment vous vous êtes posée la question d'intégrer ça
01:22:40pour en faire une force d'une certaine façon ?
01:22:45En fait, je crois qu'on ne se l'est jamais dit clairement.
01:22:48On ne s'est jamais dit comment on va faire
01:22:50avec le budget qu'il y a pour le film.
01:22:52Ça s'est passé petit à petit.
01:22:54Moi, je n'aime pas tellement, de façon imposée,
01:22:56des choses auxquelles je pourrais penser.
01:22:58Je trouve que ce n'est pas une bonne manière.
01:23:00On a beaucoup parlé
01:23:02et je ne me rappelle même plus comment c'est venu exactement.
01:23:05Mais à un moment, l'idée de tourner à l'épaule est venue.
01:23:09Ce qui n'est pas évident quand on voit le cinéma de Sophie
01:23:13parce que ce n'était pas du tout son style.
01:23:16Elle ne l'avait jamais fait.
01:23:18Non, elle ne l'avait jamais fait.
01:23:20Elle n'aimait pas ça comme spectatrice particulièrement.
01:23:25Moi, j'avais fait deux films à l'épaule qu'elle avait vus
01:23:28où elle avait trouvé ça pas mal.
01:23:30Surtout que je lui avais dit
01:23:32qu'il y a un truc qui est génial quand on tourne à l'épaule,
01:23:35c'est que ça va hyper vite.
01:23:37Tout le temps gagné, c'est du temps gagné pour la mise en scène.
01:23:40Ce qui est une réalité d'ailleurs.
01:23:42Ça, je crois que ça avait un petit truc,
01:23:44un petit tilt dans son esprit.
01:23:46Et surtout, je pense que par rapport au film,
01:23:49par rapport au personnage de Barbie,
01:23:51ce n'était pas une aberration d'être à l'épaule, d'être proche.
01:23:55On était assez proche d'elle.
01:23:57Il y a un petit flottement.
01:23:59Il ne s'agissait pas de faire un film
01:24:01où ça bougeait dans tous les sens.
01:24:03Mais il y a une espèce de petit flottement permanent
01:24:06qui est finalement vachement bien.
01:24:10C'est marrant parce qu'on ne s'est pas dit
01:24:13qu'on allait faire ça pour ça.
01:24:15Je trouve que quand on voit le film fini, monté,
01:24:19on le sent ce petit truc.
01:24:21Et moi, d'habitude, quand je fais des films à l'épaule,
01:24:23j'ai tendance, on le fait facilement à l'ésalonnage,
01:24:26à stabiliser un peu les plans qui bougent.
01:24:28Et là, franchement, à part un ou deux plans
01:24:30qui bougeaient un peu beaucoup,
01:24:32je crois que je n'ai restabilisé aucun plan.
01:24:34Et je trouve que c'est juste.
01:24:37On en a parlé ensemble.
01:24:39Pour le personnage,
01:24:41pour ce que raconte le film,
01:24:43et aussi pour le jeu d'Agnès,
01:24:45il y a une sorte d'osmose
01:24:47qui fonctionne hyper bien.
01:24:53Je trouve qu'on est exactement bien.
01:24:55La caméra est toujours bien
01:24:57par rapport à Agnès,
01:24:59par rapport à Barbie,
01:25:01par rapport à ce qu'elle est.
01:25:04Quand je vois le film comme ça,
01:25:06je me dis qu'on a bien fait de faire ça.
01:25:08Et puis surtout, c'est vrai qu'on a
01:25:10gagné un temps non négligeable
01:25:12sur un film comme ça.
01:25:14Et pour Sophie, c'était super.
01:25:18Moi, je considère que c'est quand même
01:25:20la chose la plus importante sur un tournage,
01:25:22c'est de laisser du temps à la mise en scène.
01:25:24Je pense que ce sera toujours mieux
01:25:26que de laisser du temps à la lumière.
01:25:28Et là, franchement,
01:25:30le pari est réussi.
01:25:33On va bientôt arriver à la fin de la rencontre,
01:25:35mais si l'un ou l'une d'entre vous
01:25:37a envie de poser une question
01:25:39ou d'intervenir,
01:25:41n'hésitez pas.
01:25:45À ce moment-là,
01:25:47j'aimerais juste lancer
01:25:49une question à vous toutes et tous.
01:25:51Est-ce que vous avez
01:25:53soit un film,
01:25:55soit une scène
01:25:57à laquelle vous êtes particulièrement attaché
01:25:59ou qui représente particulièrement
01:26:01le cinéma de Sophie pour vous ?
01:26:03Est-ce qu'il y a comme ça,
01:26:05quand je dis ça,
01:26:07quelque chose qui vous vient ?
01:26:11Moi, je crois que j'aime
01:26:13tous les films de Sophie
01:26:15et surtout ce que j'aime,
01:26:17c'est l'oeuvre qu'elle a créée
01:26:19avec ses 7 films.
01:26:21Films après films.
01:26:23Il y a des metteurs en scène qui font 25 films
01:26:25et ça ne produit pas forcément plus que ça.
01:26:27Sophie, elle a fait 7 films
01:26:29qui sont complètes, qui se parlent, qui se répondent
01:26:31et qui avancent tous ensemble.
01:26:33Moi, j'aime cette oeuvre
01:26:35qu'elle a créée
01:26:37et qu'on peut revoir à la Cinémathèque.
01:26:39D'ailleurs, j'en profite pour faire la pub,
01:26:41mais c'est vrai que la Cinémathèque française
01:26:43organise une rétrospective des films
01:26:45de Sophie
01:26:47à partir du 18 septembre.
01:26:51On pourra tous les revoir
01:26:53quasiment dans l'ordre
01:26:55et avec les courts-métrages aussi
01:26:57à l'école de l'Aphémis.
01:26:59Adan, toi, est-ce qu'il y a un film
01:27:01auquel tu es particulièrement attaché
01:27:03ou une scène dans ton film ?
01:27:05Je suis assez d'accord avec Julie
01:27:07et je trouve qu'il y a quelque chose
01:27:09comme elle était tellement en accord
01:27:11avec elle-même dans son écriture
01:27:13qu'il y a quelque chose où chaque scène
01:27:15est comme une sorte de répétition
01:27:17de toute l'oeuvre
01:27:19ou d'essence de toute l'oeuvre
01:27:21et ce qui est très fort, c'est qu'elle arrive comme ça
01:27:23à passer de son essence
01:27:25à son essence, à son essence
01:27:27d'une scène à l'autre.
01:27:29Après, s'il y a une scène,
01:27:31c'est peut-être la scène avec Michael Lonsdale
01:27:33dans Gentil
01:27:35parce que je l'ai revue il n'y a pas si longtemps
01:27:37et elle est vraiment géniale
01:27:39mais je ne pourrais pas la raconter comme ça,
01:27:41il faut vraiment la voir.
01:27:43Agathe, tu as une scène qui te vient ?
01:27:47Non, vraiment, je suis comme vous
01:27:49c'est-à-dire que pour moi, chaque film
01:27:51c'est tellement elle
01:27:53c'est un des films que je préfère aux autres
01:27:57ce que je trouve assez fou, c'est que dans son
01:27:59premier court-métrage
01:28:01le premier court-métrage
01:28:03qui l'a fait un peu connaître
01:28:05qui a eu le prix Jean Vigo et tout, Défié des chiens
01:28:07je trouve qu'il y a déjà toute son oeuvre
01:28:09dans ces 5 minutes
01:28:11de plan-séquence
01:28:13voilà
01:28:15une transition
01:28:17incroyable, n'est-ce pas ?
01:28:19Et vous François ?
01:28:21Là moi
01:28:23qui connaît un peu ma vie
01:28:25ma gueule par coeur
01:28:27j'avoue que la séquence à l'hôpital
01:28:29avec Agnès et le docteur Boulin
01:28:31je ne sais pas si vous avez vu le film
01:28:33où elle
01:28:35où le docteur l'interroge
01:28:37sur le fait qu'elle appelle tout le monde
01:28:39Fanfan
01:28:41et c'est quelque chose qui moi
01:28:43me bouleverse parce que
01:28:45là j'ai l'impression de
01:28:47de toucher vraiment du doigt
01:28:49ce qui fait le cinéma de Sophie
01:28:51et ce qu'était Sophie
01:28:53dans son rapport au monde
01:28:55dans ce bon vieux Sam
01:28:57comme il est dit dans
01:28:59Un chat, un chat
01:29:01ce sentiment d'appartenance au monde
01:29:03et ça c'est
01:29:05là j'ai l'impression
01:29:07d'être
01:29:09tout près d'elle
01:29:11dans cette séquence
01:29:17Jean-Pierre
01:29:19t'as quelque chose qui te...
01:29:21Moi il se trouve que c'est la scène que vous venez de
01:29:23de montrer
01:29:25mais d'une façon générale je suis d'accord
01:29:27avec ce qui a été dit
01:29:29c'est extrêmement compliqué mais s'il en fallait une comme ça
01:29:31une parmi d'autres que j'adore
01:29:33c'est celle du psy qu'on vient de voir
01:29:35parce que c'est très très emblématique
01:29:37du cinéma de Sophie
01:29:39c'est à dire on commence sur quelque chose
01:29:41qui est un peu drôle
01:29:43et puis on finit sur quelque chose qui ne l'est plus du tout
01:29:45qui a beaucoup
01:29:47beaucoup ri au moment où il dit
01:29:49votre père et tout d'un coup
01:29:51plus personne ne rit
01:29:53et c'est
01:29:55c'est ça Sophie
01:29:57Manuel
01:29:59Je pense un peu la même chose
01:30:01que tout le monde mais moi il y a une scène que j'aime bien
01:30:03qui est assez anecdotique
01:30:05mais que j'aime bien
01:30:07Arrête où je continue quand
01:30:09Emmanuel Deveau s'est sorti du trou
01:30:11et qu'elle se retrouve dans une auberge
01:30:13avec tout un tas de musiciens
01:30:15et qui sont
01:30:17une espèce de colloque
01:30:19de musiciens qui viennent pour jouer j'imagine
01:30:21et donc ils ne se connaissent pas
01:30:23et qui se présentent
01:30:25ils sont au moins une dizaine ou douze
01:30:27et ils se présentent
01:30:29chacun par leur prénom
01:30:31et par l'instrument
01:30:33c'est difficile à raconter mais la scène est absolument géniale
01:30:35parce que je me rappelle plus
01:30:37des prénoms c'est Jeanne, Violon
01:30:39et c'est tout
01:30:41il y a les douze qui se présentent
01:30:43moi c'est une scène que j'adore
01:30:45entre autres
01:30:47et juste pour finir
01:30:49ce qui était assez
01:30:51ce que j'adorais moi sur tous les films de Sophie
01:30:53c'est qu'on gardait
01:30:55et là sur ce film aussi
01:30:57on a chacun nos répliques préférées
01:30:59nos petites scènes préférées
01:31:01et on a des choses qui reviennent de chaque film
01:31:03de la belle et la belle
01:31:05avec Sophie
01:31:07on se redisait ces petits bouts de dialogues
01:31:09ça peut être trois phrases
01:31:11mais c'était tellement
01:31:13on s'en rappelait tellement bien
01:31:15mais comme tous les dialogues de Sophie
01:31:17on reconnait les dialogues de Sophie dans les films des autres
01:31:19moi je sais ce qu'elle a écrit
01:31:21sans le savoir, je l'entends tout de suite
01:31:25Je voudrais vraiment vous remercier tous
01:31:27et toutes infiniment
01:31:29c'était extrêmement beau, émouvant et joyeux
01:31:31de vous entendre parler de Sophie
01:31:33et du travail avec elle
01:31:35Un cadeau qui nous est fait
01:31:37Agathe en a un peu parlé
01:31:39c'est qu'on a donc
01:31:41la possibilité de voir tout de suite
01:31:43Des filles et des chiens
01:31:45qui est le court métrage que Sophie
01:31:47a tourné avec Sandry Kuberlin
01:31:49et Lynn Filière
01:31:51qui dure cinq minutes
01:31:53et donc ça va nous permettre de nous quitter
01:31:55avec à la fois
01:31:57effectivement le début du cinéma de Sophie
01:31:59et en même temps, comme tu dis Agathe
01:32:01tout est déjà d'accord
01:32:05Merci

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