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Transcripción
00:00 La biographie de Glucksmann. Il est né à Boulogne-Biancourt, dans une famille juive haitienne française.
00:05 Ça a peut-être eu une importance dans son traitement médiatique du conflit israélo-palestinien, en particulier actuellement.
00:11 Fils d'André et de Françoise Glucksmann, il étudia à Paris, lycée Lamartine, puis prépa de lettres Hippocane-Yécane au lycée Henri IV.
00:19 Il fait Sciences Po. Il va ensuite intégrer pendant 7 mois en Algérie le quotidien généraliste "Le Soir d'Algérie" comme journaliste, pendant 6 mois.
00:27 En mars 2003, encore étudiant, il fonde avec une dizaine de personnes, et l'aide de son père et de ses amis, l'association "Étudiants sans frontières"
00:33 qui permet à 9 étudiants venus de Tchétchénie d'étudier dans les écoles parisiennes.
00:36 Et là, il se met à commencer à faire des documentaires "Tuez-les tous" avec David Hazan, qui pointe la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis.
00:45 En 2004, il réalise aussi un documentaire sur la Révolution orange. J'avais vu sur le génocide...
00:49 Enfin, j'ai été voir un petit peu ce que disait notre ami Glucksmann dans la presse.
00:53 Il y avait un entretien et il s'est penché sur la manière dont il avait découvert les massacres au Rwanda.
00:59 Il avait dit "Voilà, j'avais 14 ans, je commence à découvrir la réalité de ce que c'est, je bascule dans le monde des adultes,
01:04 et je me dis plus tard, j'irai parler de cette histoire, j'irai dénoncer, etc." Et donc il le fait.
01:10 Et c'est de la politique moralisatrice sur la base de traumatismes d'enfants.
01:14 Il y a vraiment une dimension psychologique, voire même psychiatrique, dans ce que font ces gens qui s'emmerdent dans leur beau quartier.
01:21 Bref, continuons. Au côté de son père, on voit que papa est vraiment à l'origine de la carrière du fiston.
01:27 Donc Glucksmann est des contributeurs de la revue néo-conservatrice "Le meilleur des mondes" publiée entre 2006 et 2008.
01:33 C'est un cercle de réflexion fondé par différentes sensibilités pro-américaines.
01:36 On passe un petit peu là-dessus. En 2006, il va être investi par Alternatives libérales.
01:40 Il dira plus tard qu'il n'a jamais été candidat, ce qui est vrai, mais en fait, il était prévu qu'il soit candidat.
01:45 Il a retiré son nom quelques jours avant le dépôt des listes. Et puis finalement, il ira soutenir Sarkozy.
01:50 En 2008, alors qu'il allait couvrir l'invasion de la Géorgie par la Russie,
01:56 il y a eu une altercation avec un général russe qui le pousse à s'investir auprès de Mikhail Saakashvili.
02:01 Et il va devenir son conseiller spécial. On va voir un petit peu ce que ça donne.
02:04 Finalement, le gars, ça tourne en eau de boudin à partir de 2013. Il finit par s'enfuir de Géorgie et d'aller en Ukraine.
02:09 Et justement, il y a la révolution du Maïdan. Et en 2012, 2013, notre ami Glucksmann part sur le Maïdan soutenir la révolution.
02:17 Engagement en Ukraine. Et il va conseiller Vitaly Klitschko et puis Yulia Tymoshenko.
02:23 Mais ce n'est pas indiqué ici. Vous voyez un petit peu le pédigré.
02:25 Ensuite, il va publier un bouquin. Il va parler un petit peu à la radio.
02:28 Il va tenir quelques émissions avant de s'investir en 2018 en créant Place publique.
02:32 Il va essayer de profiter d'un créneau laissé vacant.
02:36 Alors, on a parlé des néo conservateurs et des nouveaux philosophes.
02:39 Et donc là, on a un petit peu toutes les clés de compréhension pour comprendre ce qui se passe dans la tête de Glucksmann.
02:43 Et j'ai tiré comme ça quelques petits faits porteurs de sens, quelques éléments structurants de sa pensée, en tout cas à mon avis.
02:50 Je vais revoir un petit coup. C'est qui nous fait jacter celui-là.
02:54 Donc, c'est genre littéralement un agent des US.
02:56 Et bien oui, quand on voit ce pédigré ou le mec écrit dans des revues pro américaine et complètement atlantiste dès le début,
03:03 promeut un accord de libre-échange complètement pro-européen et soutient les révolutions oranges,
03:08 enfin les révolutions de couleur, que ce soit en Géorgie, en Ukraine, etc. Il est sur le Maïdan.
03:11 Il y a un moment où on verra aussi que dans ses positions, il est constamment en soutien des États-Unis.
03:16 Il y a un moment où tu dis mais ce mec, il est payé par les Américains.
03:18 Ce n'est pas possible autrement. Il y a un moment où c'est bon, on a compris.
03:21 Tu as ta carte à la CIA et tu bosses pour eux.
03:23 Tu es en mission. Voilà, il faut le dire.
03:26 Il y a peut être, c'est peut être vrai.
03:27 Pour l'instant, je crois qu'il n'y a pas de preuve ou en tout cas, on n'en a pas vu.
03:30 Il y a peut être une autre explication et qui exactement ce parcours un peu particulier,
03:33 qui le rend naturellement aligné sur les intérêts des Américains, en tout cas dans la version néo conservatrice, néo conservateur, de ses intérêts.
03:41 Bref, pour commencer, il y a déjà cette forme de continuation de la guerre froide.
03:44 Il n'est pas allé en Géorgie, en Ukraine pour rien.
03:47 Il y a cette lutte contre l'URSS qui perdure comme une espèce de filiation naturelle dans le Méa culpa qui essaye de faire son père.
03:55 On va beaucoup s'investir dans ces pays, dans ces anciens satellites de l'URSS pour promouvoir la démocratie.
04:00 Et il y a aussi cette vision de la défense de l'Occident comme étant un bastillon de la démocratie.
04:05 Et tous ceux qui dérivent de ce système, soit n'ont pas encore connu la lumière,
04:09 soit sont des ferments de régime totalitaire qu'il convient de réformer, n'est-ce pas ?
04:14 Il convient d'en changer le régime, de moderniser les institutions et de moderniser l'économie de ce pays,
04:18 c'est-à-dire de l'aligner sur le modèle américain, de l'intégrer dans la mondialisation à l'américaine.
04:22 Et comme on a pu en discuter sur cette chaîne, l'intégrer dans les institutions de la mondialisation à l'américaine,
04:27 c'est-à-dire l'OTAN, l'Union européenne si c'est pertinent, au moins l'OCDE.
04:31 Et c'est ce qu'on va voir d'ailleurs avec son action en Géorgie.
04:33 Donc il y a ça. Et puis, si tout ça est fait au nom de grandes valeurs qui sont brandies,
04:37 la lutte contre le goulag, contre l'extrême droite, pour la démocratie, pour les droits de l'homme,
04:41 mais quand il s'agit de passer à l'action, tout d'un coup on devient très sélectif
04:43 et on se permet d'être tolérant avec des comportements de type autoritaire,
04:48 mais c'est pas grave parce qu'on est dans le camp du bien.
04:50 Vous vous souvenez, il y a le bien et il y a le mal.
04:51 Et nous, on peut pas faire le mal puisqu'on fait le bien.
04:53 Si on fait le mal, c'est contre des gens qui font le mal.
04:54 On peut se permettre d'éclater les opposants en Géorgie parce qu'en fait ils sont alignés sur Poutine.
04:58 Poutine c'est le mal, donc après ils veulent recréer une forme de dictature en Géorgie,
05:01 donc c'est normal d'être dur avec eux, tout simplement.
05:04 Voilà, donc il y a cette hémiplégie de la moralité, ce qu'on va voir un petit peu ici.
05:28 Là, juste pour info, on est sur un article de La Vanguarde sur l'imposture de la gauche du dollar.
05:33 1er février 2024.
05:35 On va voir différents articles à différentes dates de ces dix dernières années.
05:38 Donc là c'est récent.
05:39 Au sujet de la situation coloniale en Palestine et de la réponse meurtrière d'Israël aux attentats du 7 octobre,
05:45 Raphaël Glucksmann a voté à Strasbourg où il siège depuis 2019.
05:48 Il a voté contre la qualification de crime de guerre de la réponse d'Israël sur la bande de Gaza,
05:51 contre la libération de 5200 prisonniers politiques palestiniens,
05:54 dont 170 enfants, placés en détention par Israël en dépit du droit international,
05:59 contre l'utilisation de la notion d'apartheid pour qualifier la situation de ségrégation institutionnalisée
06:04 que subissent les Palestiniens en Cisjordanie,
06:06 contre aussi le soutien de la procédure entamée par l'Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice
06:11 visant à faire cesser l'offensive israélienne,
06:13 enfin contre la condamnation de l'intervention américano-britannique au Yémen
06:16 qui risque d'intensifier et de régionaliser le conflit.
06:19 Donc là aussi, la défense d'Israël, on peut le voir en termes de deux poids deux mesures dans les médias, c'est colossal.
06:24 Par exemple, ce qui s'est passé dernièrement avec l'Iran,
06:26 Israël est allé bombarder une ambassade iranienne au Liban, si je ne me trompe pas,
06:30 donc dans un autre pays, violation complète du droit international,
06:33 personne n'a bronché en Occident, personne n'a dénoncé cette agression.
06:37 L'Iran riposte, presque par forme,
06:40 on balance quelques missiles pour rigoler,
06:42 c'était à Damas en Syrie, ok,
06:44 donc on balance quelques missiles pour rigoler et tout d'un coup,
06:46 toutes les personnes autorisées à penser,
06:48 toute cette clique de néo-conservateurs, de nouveaux philosophes ardents,
06:51 défenseurs de la démocratie, droit de l'homme et compagnie,
06:53 tout d'un coup s'insurgent. Pourquoi ?
06:55 Parce qu'Israël est labellisé démocratie.
06:57 Vous entendez toujours, quand quelqu'un dénonce les crimes d'Israël,
07:00 les dérives autoritaires,
07:02 ici on parle de ségrégation institutionnalisée,
07:04 quand quelqu'un dénonce ça à la télé, vous avez toujours un couillon de journaliste
07:07 ou d'intellectuel bien-pensant qui te dit
07:09 "mais Israël, c'est la démocratie quand même, c'est une démocratie",
07:12 alors qu'autour, il y a les pays, les états voyous,
07:14 il y a les méchants, il y a ceux qui n'ont pas encore vu la lumière.
07:16 Israël est intégré dans la mondialisation,
07:18 pas les autres, voilà.
07:20 C'est tamponné démocratie.
07:21 Prétendant que la défaite de la Russie en Ukraine est un intérêt vital pour l'Europe,
07:24 Glucksmann rabâche également en boucle sur tous les plateaux depuis 2022
07:27 qu'il est nécessaire de livrer des armes, et toujours plus d'armes, à Kiev,
07:30 faisant ainsi le plus grand bonheur des marchands de canons.
07:32 Invité dans cet avou en février 2023,
07:34 il affirmait que la guerre était une obligation pour l'Occident,
07:37 qu'il fallait livrer plus d'armes en Ukraine
07:39 afin d'atteindre l'objectif stratégique de la défaite totale de Poutine,
07:42 balayant l'idée de pourparlers et d'accords de paix
07:44 qui permettraient de mettre fin à l'hécatombe.
07:46 Là aussi on retrouve cette idée de ne pas se compromettre
07:48 avec les empires du mal, avec les méchants,
07:50 et qu'il faut au contraire profiter de notre supériorité morale, matérielle,
07:54 et tout ce que tu veux, pour se débarrasser de l'empire du mal,
07:56 se débarrasser des régimes autoritaires
07:58 qui de toute façon finiront dans des camps et des horreurs sans nom,
08:01 donc on peut se permettre de faire tuer des gens au nom de ça,
08:03 parce que c'est pour le bien, parce qu'à la fin le bilan sera positif.
08:06 C'est des trucs, c'est des délires, c'est comme Margaret Albright je crois,
08:09 quand on lui disait...
08:12 On a entendu dire que 500 000 enfants ont mort.
08:14 Je veux dire, c'est plus d'enfants qu'ont mort en Hiroshima.
08:18 Et, vous savez, est-ce que le prix est valable ?
08:22 Je pense que c'est une très difficile choix,
08:24 mais le prix, on pense que le prix est valable.
08:27 Je crois que c'est Biden qui a dit à propos des Ukrainiens qui meurent,
08:30 il avait dit que c'était un sacrifice qu'il est prêt à faire.
08:32 Là c'est pareil, que les gens meurent en Ukraine,
08:34 c'est un sacrifice que Glucksmann est prêt à faire pour une idéologie.
08:38 Parce que les gens sur place, en fait, tout ce qu'ils veulent, c'est être en paix.
08:40 Que le Donbass soit une nouvelle république, ou rattachée à la Russie,
08:43 ils s'en battent les couilles.
08:44 Ce qu'ils veulent, c'est qu'effectivement, il y a un moment où tout ça s'arrête,
08:47 se calme, qu'il n'y ait plus de guerre entre l'Ukraine et la Russie,
08:49 qu'ils puissent vivre en paix durablement,
08:51 peut-être en bonne entente avec leurs différents voisins.
08:53 Donc l'Ukraine, c'est dommage parce que l'Ukraine n'aurait plus pu être un pont
08:56 entre l'Europe et la Russie.
08:58 Il y a même eu une époque où la Russie voulait rentrer dans l'Union Européenne,
09:01 il faut quand même s'en souvenir.
09:02 Donc on a vraiment cette idée de ne faire surtout aucune compromission.
09:05 On se fiche des malheurs que l'on crée, puisqu'on est dans le camp du bien,
09:08 et qu'à partir du moment où on lutte contre le mal,
09:10 contre le méchant, l'autoritaire, le méchant Poutine,
09:12 on peut se permettre toutes les horreurs,
09:14 on peut se permettre tous les massacres,
09:15 ça n'a pas d'importance, c'est une obligation même.
09:18 L'enlisement du conflit a déjà conduit à la mort de plusieurs dizaines de milliers de civils
09:21 et de soldats ukrainiens, même de centaines de milliers.
09:23 La jeunesse française européenne, et plus largement internationale,
09:26 ne souhaite pas mourir sur le front,
09:28 dans le seul intérêt des oligarques et des maniats de l'armement.
09:30 Face à la guerre, la désescalade devrait être une priorité de la gauche européenne.
09:33 Glucksmann souhaite intégrer l'Ukraine, ainsi que d'autres pays,
09:36 notamment la Moldavie et la Géorgie, à l'Union Européenne,
09:39 risquant dès lors d'intensifier encore davantage les tensions avec la Russie,
09:42 en plus de laisser envisager une catastrophe pour l'industrie française,
09:44 ayant déjà souffert de précédents élargissements,
09:46 comme l'intégration de la Bulgarie en 2007, où le salaire minimum est de 332 euros par mois.
09:50 Alors, il y avait d'autres passages aussi que je voulais mentionner, il me semble.
09:55 Un droit des peuples à géométrie variable, il me semble que c'était ça.
09:58 Ce combat contre les autocraties et les régimes illibéraux,
10:01 Glucksmann en a fait sa marque de fabrique.
10:03 Mais au-delà de l'image, qu'en est-il réellement ?
10:05 À peine élu eurodéputé, il demande la création d'une commission spéciale
10:08 sur l'ingérence étrangère et la désinformation, dont il devient le président.
10:11 Il en synthétise les conclusions dans un énième livre intitulé
10:14 "La grande confrontation, comment Poutine fait la guerre à nos démocraties".
10:17 L'occasion de se faire mousser, de toucher quelques droits d'auteur,
10:21 et puis de faire quelques passages médias, n'est-ce pas ?
10:23 L'intellectuel médiatique vient d'en faire la morale sur les grands sujets.
10:26 Raphaël Glucksmann ne mâche effectivement pas ses mots pour flétrir l'ennemi russe
10:30 qui opprime ses amis géorgiens ou ukrainiens.
10:32 Ardent partisan de l'aide militaire à l'Ukraine,
10:34 Glucksmann fait d'ailleurs de l'intégration de cette dernière dans l'OTAN et l'UE
10:37 une priorité absolue, quel qu'en soit le prix économique.
10:40 Cette commission spéciale reste pourtant étrangement timide quant aux ingérences venues de l'Ouest.
10:44 Quid par exemple du travail d'espionnage commercial et diplomatique mené en Europe par les Etats-Unis ?
10:48 Pas un mot.
10:49 Les foudres de Glucksmann s'abattent uniquement sur les adversaires du bloc occidental.
10:53 Ses alliés bénéficient d'une singulière mensuétude,
10:55 qu'il s'agisse de l'Arabie Saoudite, des pays d'Europe de l'Est opposés à la Russie,
10:58 de la Turquie ou du Qatar.
11:00 Détail significatif concernant ce dernier,
11:03 Raphaël Glucksmann appartient à l'alliance progressiste des socialistes et démocrates.
11:07 Alors là on a vraiment salade, oignon, jambon, fromage.
11:11 Le sandwich est parfait.
11:12 Il s'agit du groupe d'Eva Keighley,
11:14 ancienne vice-présidente du Parlement européen au centre d'un scandale de corruption.
11:18 En décembre 2022, on retrouvait chez elle 900 000 euros en liquide
11:21 et elle était arrêtée par la justice belge, accusée de corruption par le Qatar.
11:26 Quelques jours plus tôt, elle ne tarissait pas des loges sur ce pays,
11:28 leader en matière du droit du travail avec l'abolition de la kafala,
11:31 le fameux système par lequel le Qatar exploite des migrants dans des conditions proches de l'esclavage.
11:36 Donc voilà, leader du droit du travail, le Qatar, avec l'abolition de la kafala,
11:40 l'introduction d'un salaire minimum.
11:42 Or le Qatar n'est mentionné que trois fois dans le rapport de la commission sur les ingérences étrangères exigée par Glucksmann.
11:47 La Russie, elle, est mentionnée 66 fois.
11:50 Donc il y a un certain tropisme, une hémiplégie de la morale
11:53 où on prétend dénoncer les atteintes au droit de l'homme, à la démocratie, à tout ce que tu veux,
11:57 mais seulement quand c'est dans des pays qui ne sont pas alignés sur les Américains
12:00 et qui ne sont pas des régimes alliés des États-Unis.
12:03 Et on retrouve cette façon de penser des néo-conservateurs
12:06 où, par une forme de pragmatisme, on va tolérer des régimes extrêmement autoritaires
12:11 à partir du moment où ils sont anti-soviétiques et alignés sur le camp du bien, sur les États-Unis,
12:15 à partir du moment où c'est des marionnettes.
12:17 Et donc là c'est pareil, c'est le même schéma, sauf que la lutte contre l'URSS, contre le soviétisme,
12:22 forcément depuis qu'il n'y a plus vraiment de pays soviétiques à part un peu la Chine et la Corée du Nord,
12:26 ça tombe un peu à l'eau, et donc cette mentalité est recyclée
12:29 dans une forme de paranoïa généralisée, où il peut sortir à tout moment d'un pays non-aligné,
12:33 un régime autoritaire qui menacerait l'ordre mondial, qui menacerait les démocraties,
12:38 comme on peut le voir c'est Poutine, en fait, l'incarnation de ça c'est Poutine,
12:42 qui ne respecte pas les règles de l'ordre international,
12:45 qui menace l'hégémonie des États-Unis, en gros, qui prétend être un contre-pouvoir.
12:49 Donc ça c'est très grave, il faut lutter contre et il faut défendre tous ceux qui feraient l'effet de cette oppression.
12:53 Mais quand cette oppression est au Qatar, en Arabie Saoudite,
12:56 ou dans toutes sortes de régimes alignés sur les États-Unis, là c'est plus un problème.
12:59 Donc voilà, c'est une forme de continuation de la guerre froide,
13:01 dans une défense tout azimut du bastillon de la démocratie occidentale,
13:05 avec comme fer de lance les États-Unis, comme totem intouchable,
13:08 et voilà, tous ceux qui s'attaquent aux États-Unis sont des méchants,
13:10 et tous ceux qui défendent les États-Unis sont des gentils,
13:12 même s'ils sont un peu méchants, peut-être qu'ils sont sur la voie d'une démocratisation future.
13:18 Il y avait cette idée d'ailleurs pendant un temps,
13:20 de gens qui se réjouissaient de la montée en puissance économique de la Chine,
13:24 parce qu'ils disaient que cette conversion de la Chine à l'économie de marché,
13:27 conduira à la démocratie.
13:30 Il y a des gens en Irak, j'avais vu l'interview de Pierre Conesa en Surilucide,
13:34 et ils décrivaient cette idée des néo-conservateurs,
13:37 qui ont débarqué en Irak avec des belles idées sur la démocratie, n'est-ce pas,
13:40 et qui ont calqué leur modèle sur ce pays,
13:43 sans prendre en compte les conflits ethniques, religieux, qui pouvaient avoir lieu,
13:46 et ils ont dit "on va faire une démocratie à l'américaine, à l'occidentale, en Irak,
13:49 avec un homme, un homme, une voix, tout le monde vote, tout le monde est heureux,
13:53 et bien le problème c'est que les gens ne sont pas forcément formés à la démocratie,
13:56 ils ne sont pas forcément dans l'état d'esprit démocrate, et ça pose des problèmes,
13:59 et ça a un peu tourné en eau de boudin avec une communauté religieuse
14:02 qui a pris le pas sur les autres dans le pays,
14:05 c'était la minorité qui dirigeait, et cette majorité qui a pu prendre le pouvoir
14:08 par ce processus de démocratisation, puisqu'ils étaient les plus nombreux,
14:11 ils n'ont pas forcément été très démocrates, très inclusifs,
14:14 avec les minorités du pays, parce que ça ne marche pas comme ça en Irak.
14:17 Voilà, donc ce droit des peuples à géométrie variable.
14:20 C'est intéressant aussi de voir ce que Glucksmann entend par démocratie.
14:23 Pour nous autres, pauvres couillons, pauvres mortels,
14:26 habitants si loin de Saint-Germain-des-Prés et de sa pensée complexe,
14:29 la démocratie est un système de décision.
14:32 C'est un ensemble d'institutions, en général un parlement avec une séparation des pouvoirs,
14:35 une liberté d'expression, un sens du débat, du débat d'idées,
14:39 une recherche du compromis, bref, l'idée que tu ne seras pas incarcéré pour tes idées.
14:44 C'est déjà un début de démocratie.
14:46 Mais pour des gens comme Glucksmann, ça va plus loin,
14:49 et c'est plutôt un ensemble de valeurs.
14:51 Et on va voir qu'il arrive à s'accommoder d'un système très autoritaire
14:53 à partir du moment où les valeurs sont respectées.
14:56 Et là, il aura le tampon démocratie.
14:59 Donc on peut utiliser le mot démocratie avec un D majuscule,
15:02 puisque ça renvoie à un projet relativement précis,
15:04 qui est ce que Glucksmann a décidé que ce serait, la démocratie.
15:07 Par exemple, j'avais vu une interview de lui,
15:10 où il s'émeuvait de sondages en France,
15:13 et il disait "mais c'est incroyable, la démocratie recule en France,
15:16 les gens sont de plus en plus pour la peine de mort,
15:18 et les gens sont de plus en plus pour des restrictions de la politique migratoire".
15:21 Alors quoi qu'on pense de ces idées ?
15:23 On se rend compte qu'il n'est pas pour la démocratie.
15:25 Il est pour un ensemble de valeurs,
15:27 être contre la peine de mort pour la migration,
15:29 pour la laïcité, les valeurs de la république,
15:31 ce truc un peu flou,
15:32 pour une vision assez cosmopolite du monde aussi,
15:34 et pour aussi une protection des structures en place.
15:36 On a vu, pendant les Gilets jaunes,
15:38 tous les boomers être terrorisés
15:40 par des gens qui réclamaient plus de démocratie,
15:42 et qui les traitaient de fascistes.
15:43 C'est des fascistes et des nazis, ils veulent attaquer les institutions.
15:46 Ben oui, connard, ils ne fonctionnent pas assez bien.
15:48 C'est ça le problème.
15:49 La possibilité de révoquer des élus, ça peut être intéressant.
15:51 Peut-être qu'une possibilité d'un processus de démocratie directe,
15:54 pourquoi pas, on peut en parler.
15:56 Non, là c'était une atteinte aux institutions.
15:58 C'est une catégorie de gens qui sont satisfaits de la situation actuelle,
16:01 et pour qui tout changement constitue plus un risque qu'une opportunité.
16:05 Ils sont satisfaits, ils sont contents,
16:07 ils sont dominants politiquement, culturellement, économiquement,
16:09 pourquoi changer ?
16:10 Alors la démocratie pour eux, c'est un ensemble de valeurs,
16:12 et c'est un kit, en fait.
16:14 C'est un kit de pensée, c'est un kit de loi, de réglementation, à appliquer.
16:18 Et on s'en fout de savoir après derrière,
16:20 si ceux qui ne sont pas d'accord, s'ils sont maltraités,
16:23 s'ils ont la place pour s'exprimer,
16:26 si le processus est réellement démocratique ou non,
16:28 tant qu'à la fin, on impose la démocratie.
16:31 Tout va bien.
16:32 Je ne veux pas trop rater de passage, mais je ne veux pas non plus tout mélanger.
16:35 J'essaye de garder un minimum de structure.
16:37 Alors, après ce séjour en URSS, Glucksmann revient en France
16:40 et officie comme chroniqueur France Info, France Inter.
16:42 Par la suite, il tente de convertir sa relative popularité
16:45 dans l'intelligentsia libérale en capitale politique.
16:48 En novembre 2018, il cofonde le parti Place Publique,
16:50 en vue des élections européennes.
16:52 Son postulat de départ est simple,
16:53 le parti socialiste est en pleine implosion
16:55 et le champ politique français se recompose rapidement.
16:58 Avec un grand gagnant, Emmanuel Macron,
17:00 qui remporte les élections de 2017,
17:02 ce dont Raphaël Glucksmann se félicite alors.
17:04 L'évolution vers la droite du gouvernement laisse un espace au centre-gauche
17:07 parmi ces Français éduqués, urbains,
17:09 très attachés à l'Union européenne et au progrès,
17:11 mais frileux à l'idée de changements sociaux et économiques
17:13 rapidement suspects de populisme.
17:15 Comme je vous le disais,
17:16 on a affaire à des gens qui sont satisfaits de la situation actuelle,
17:19 qui défendent les structures en place,
17:21 qu'elles soient politiques ou économiques,
17:22 parce qu'ils sont bien.
17:23 Et que tout changement représente une menace,
17:25 une menace de populisme.
17:27 Et le populisme, on sait où ça mène,
17:29 vous avez vu,
17:30 que ce soit à droite avec le nazisme et le fascisme,
17:32 ou à gauche avec le communisme,
17:34 on se retrouve avec des gens qui aiment bien ouvrir des camps.
17:36 Voilà.
17:37 Donc on va peut-être pas trop bouger les oreilles,
17:38 et on va rester dans ce système
17:39 d'une démocratie représentative qui a des problèmes, etc.,
17:41 qui est un peu molle,
17:42 mais on est bien.
17:43 Alors on se retrouve avec ça.
17:45 C'est une vraie affiche,
17:47 une vraie publication
17:49 de la délégation du PS,
17:50 pour les européennes de cette année,
17:52 2024,
17:53 le pire slogan du monde,
17:54 "Réveillez l'Europe avec Raphaël Glucksmann,
17:55 et tu as littéralement un bus de vieux."
17:57 Un bus de vieux,
17:59 les plus clérosés, à mon avis, intellectuellement,
18:01 qui soient,
18:02 et qui veulent pas bouger,
18:03 et qui sont dans la continuité,
18:04 et qui sont satisfaits.
18:05 Les vieux satisfaits, c'est tout.
18:07 Donc, on a vu un petit peu
18:09 ce processus de continuation de la guerre froide
18:11 dans la défense de la démocratie,
18:12 on a vu ce que ces gens
18:13 entendaient par démocratie.
18:14 On va voir maintenant que
18:16 notre ami Glucksmann est avant tout un bourgeois mental.
18:18 Alors qu'est-ce que ça veut dire ?
18:19 Ça veut dire que c'est déjà quelqu'un qui ne travaille pas,
18:21 mais qui veut libérer les énergies des autres.
18:23 On va voir un peu ça.
18:24 Et puis il est pour l'Union Européenne,
18:26 c'est merveilleux.
18:27 Donc là, on nous rappelle que Glucksmann a essayé
18:29 de soutenir la candidature de Kouchner
18:31 aux élections présidentielles de 2007.
18:32 Finalement, il a participé à cette fameuse réunion
18:35 chez Alternative Libérale,
18:37 il pensait être candidat pour les législatives.
18:38 Il va soutenir finalement Sarkozy.
18:40 C'est pas la gauche ruffin, quoi.
18:42 L'ancien président du mouvement Alternative Libérale,
18:44 Édouard Filas,
18:45 dont le but premier était de supprimer la Sécu,
18:47 en gros Alternative Libérale voulait transformer la France en Etats-Unis.
18:50 Vous prenez la politique économique, sociale, machin des Etats-Unis,
18:53 vous la calquez en France, terminé.
18:54 C'est à peu près ça.
18:56 Il garde un excellent souvenir du charisme de Raphaël,
18:58 de son exceptionnelle aisance sociale et intellectuelle,
19:00 dû probablement à son milieu.
19:02 Comme il l'explique à France Info,
19:03 il est lumineux, passionné,
19:05 avec une forme de détachement et d'élégance,
19:07 précise quant à lui BHL dans un article du Monde.
19:09 Ce détachement bourgeois revient beaucoup
19:11 dans les descriptions de Raphaël Glucksmann
19:13 dans les innombrables articles le concernant.
19:15 Il a eu un parcours classique de bourgeois
19:16 qui lui autorise ce pseudo-romantisme.
19:18 Après le lycée Henri IV et Sciences Po Paris,
19:20 il réalise des documentaires,
19:21 crée une société de communication,
19:23 dirige brièvement un magazine littéraire,
19:25 dont on va voir le succès.
19:26 Il navigue professionnellement au gré de ses envies.
19:28 Quand les journalistes du Monde lui demandent
19:30 quel est finalement son métier,
19:31 Glucksmann répond « quel est votre métier ? »
19:33 Il n'a pas répondu « Ah ouf ! »
19:35 Il a répondu « c'est la pire question pour moi.
19:37 J'ai toujours été porté par les décisions de l'instant. »
19:40 Éternel luxe bourgeois de la liberté.
19:42 Quand on est dans un certain milieu
19:43 avec une cuillère en argent dans la bouche,
19:44 les conditions matérielles d'existence
19:46 ne sont pas vraiment un problème.
19:47 Et donc on a le temps pour se soucier
19:49 des turpitudes du Monde
19:50 et de savoir ce que ça nous fait ressentir.
19:52 Normalement, ça ne dépasse pas le PMU.
19:54 Tout le monde en a,
19:55 des considérations sur la vie, la mort, la société,
19:57 tout ce que tu veux,
19:58 la justice, la démocratie.
20:00 Mais lui, il est d'un certain milieu
20:02 et comme il a du temps,
20:03 il va faire des documentaires,
20:04 des articles, des livres, des campagnes.
20:06 Et ce qui n'aurait jamais dû sortir du PMU
20:08 prend une dimension un peu nuisible
20:10 pour la vie de nous autres, pauvres mortels.
20:13 Alors, donc il ne travaille pas
20:14 et il veut libérer les énergies.
20:16 Qu'est-ce qui s'est passé avec la Géorgie ?
20:19 Qu'a fait notre ami Glucksmann
20:20 pendant quatre ans en Géorgie ?
20:22 Saakashvili, ce qui nous intéresse ici,
20:23 ça va être surtout la partie économique
20:25 puisqu'on parle de bourgeoisie.
20:27 Michael Saakashvili défend le libéralisme économique.
20:29 Il est élu en 2004.
20:30 Glucksmann le rejoint vers 2006, c'est ça.
20:32 2006...
20:33 Non, 2008.
20:35 Il fait 2008-2012.
20:37 Et Saakashvili arrive au pouvoir
20:39 par la Révolution des roses
20:40 qui est en fait une révolution colorée
20:42 dirigée par les États-Unis.
20:44 Et pendant la période 2004-2013,
20:47 Saakashvili défend le libéralisme économique
20:50 et pense qu'un désengagement de l'État
20:52 en matière économique est une bonne idée
20:53 pour la Géorgie.
20:54 Il met en application un programme
20:55 de réforme néolibérale,
20:56 suppression du salaire minimum,
20:58 licenciement de 60 000 fonctionnaires,
21:00 abaissement de l'impôt sur les sociétés
21:01 de 20 à 15%
21:02 et de l'impôt sur les dividendes
21:03 de 10 à 5%.
21:04 En 2009, la Géorgie est considérée par Forbes
21:06 comme le 4ème pays avec la pression fiscale
21:08 la plus faible du monde.
21:09 Ce qui ne dit pas, c'est que par contre
21:10 les entreprises étaient raquettées
21:11 par le pouvoir.
21:12 Mais ça, c'est une autre histoire.
21:14 C'est une autre affaire.
21:15 La Géorgie s'implique progressivement
21:17 dans le marché international
21:18 et en 2007, la Banque de Géorgie
21:20 émet 200 millions de dollars d'obligation
21:22 à 5 ans de 100% de valeur faciale
21:24 avec un coupon de 9%.
21:26 Ça, c'est le progrès.
21:27 Voilà, ça c'est la modernisation.
21:29 On voit ici que la Banque de Géorgie
21:30 arrête d'imprimer du pognon.
21:31 Elle se tourne,
21:32 comme dans tous les pays civilisés,
21:35 n'est-ce pas, qui ont connu la lumière
21:36 de la démocratie de marché,
21:38 elle se tourne vers les marchés financiers
21:39 et elle émet de manière civilisée
21:41 des obligations avec un coupon à 9%.
21:43 C'est le progrès.
21:44 Bien que le succès des réformes
21:45 initiées par le président Saakashvili
21:46 soit mitigé, c'est le moins qu'on puisse dire,
21:48 la réduction de la corruption
21:49 est soulignée en février 2012
21:51 par un rapport de la Banque mondiale.
21:53 Ils sont un petit peu jugés et partis.
21:55 Ils ont bien travaillé en Géorgie, c'est super.
21:57 Ils considèrent que cette politique
21:58 peut être appliquée dans d'autres pays.
22:00 Le gouvernement géorgien a limogé
22:01 80% du personnel des douanes,
22:03 2200 fonctionnaires du bureau d'enregistrement,
22:05 réduit le nombre d'universités de 237 à 43,
22:07 supprimé diverses structures publiques.
22:09 On a fait de la privatisation à tout va, quoi.
22:11 La Géorgie est également classée 18ème
22:13 pour la facilité pour faire des affaires,
22:15 alors que la plupart des pays voisins
22:16 apparaissent au-delà de la 100ème place.
22:18 On a libéré les énergies en Géorgie.
22:19 Enfin, on a sorti l'économie
22:21 de tout un tas de carcans et de règles
22:23 fictées par l'État. On verra ce que ça donne.
22:25 Le président Saakashvili
22:27 oriente sa politique internationale sur deux axes,
22:29 consistant pour le premier à nuire aux intérêts russes,
22:31 les méchants,
22:33 et pour le second à servir les intérêts des États-Unis,
22:35 les gentils. Voilà, c'est simple.
22:37 Il est à l'initiative du doublement
22:39 des troupes géorgiennes en Irak,
22:40 faisant de la Géorgie l'un des plus grands contributeurs
22:42 de la coalition militaire en Irak,
22:44 et laisse des troupes au Kosovo et en Afghanistan
22:46 afin de renforcer la sécurité globale.
22:48 C'est un bon petit larbin du système mondialisé.
22:50 Saakashvili fait grimper le budget de la défense
22:52 à 10% du PIB, ce qui représente
22:54 1 milliard d'euros pour un pays de moins de 4,5 millions d'habitants.
22:56 Du coup, c'est vrai que 237 universités
22:58 pour 4,5 millions d'habitants, il y en avait peut-être un peu trop.
23:00 Mais bon, voilà, ils ont foutu 10% du PIB
23:02 dans le budget de la défense
23:04 qui sert en fait aux intérêts des Américains.
23:06 Voilà. Et ça, c'est le progrès.
23:08 C'est la libération des énergies.
23:10 Ce que je voulais vous montrer,
23:12 plutôt Sarkozy que Mitterrand, voilà,
23:14 donc là, il y a tout le passage où il défend Sarkozy,
23:16 mais c'est surtout Glucksmann et le despote
23:18 où il y a un certain nombre ici de témoignages
23:20 de ce qui s'était passé sous le régime géorgien
23:22 qui n'est pas forcément un modèle de démocratisation
23:24 comme vous allez le voir.
23:26 - Je vous dirais, mon logiciel
23:28 philosophique de pensée, de rapport au monde,
23:30 c'est un logiciel fondé sur l'idée des droits de l'homme.
23:32 - Finalement, quand on regarde 15 ans d'engagement,
23:34 il y a une constante qui est un engagement
23:36 atlantiste. Certains diront néoconservateur.
23:38 Pourquoi je vous cite ça ?
23:40 C'est pour venir sur la Géorgie et l'Ukraine.
23:42 C'est BHL qui vous emmène, qui vous téléphone
23:44 à Debussy. - Oui, allô ?
23:46 Quoi ?
23:48 Oh non ! D'accord, j'arrive tout de suite !
23:50 En route pour de nouvelles aventures !
23:52 - Vous devenez de 2009 à 2012 le conseiller
23:54 de Saakashvili. - A 30 ans, ce jeune français
23:56 - Tu vois le mec qui se dit "putain, on va me faire chier
23:58 avec ça" - est un des conseillers
24:00 officieux du président géorgien.
24:02 Depuis plus d'un mois, l'opposition bloque
24:04 le centre-ville de la capitale géorgienne et réclame
24:06 la démission de Nizel Saakashvili.
24:08 - Ils cherchent la sortie... - Voilà, donc là,
24:10 quand le peuple se révolte, il y a les bonnes révoltes
24:12 et les mauvaises révoltes. C'est toujours pareil.
24:14 Il y a celles qui sont dans les intérêts des États-Unis
24:16 et de l'ordre en place
24:18 de l'économie de marché, qui sont positives,
24:20 qui sont des révoltes populaires,
24:22 démocratiques, et tout ce que tu veux.
24:24 Quand c'est les gilets jaunes, c'est des nazis.
24:26 Il y a d'autres exemples comme ça qu'on peut reprendre.
24:28 Là, par exemple, vous avez l'opposition en Géorgie
24:30 qui manifeste. L'idée, c'est de savoir
24:32 comment on va s'en débarrasser.
24:34 - À ce moment-là, je ne sais pas ce qu'ils pensent.
24:36 - Pour qu'ils sortent, il faut
24:38 qu'ils aient une porte de sortie. C'est pour ça que ces propositions,
24:40 c'est bien. C'est que ça peut leur permettre de faire
24:42 du "face-saving" et de montrer
24:44 qu'ils peuvent obtenir des choses.
24:46 À mon avis, c'est un jour important.
24:48 Après, je ne sais pas, eux, quelle sera leur stratégie.
24:50 Tu vas voir.
24:52 - En parlant avec vous et en faisant ce livre,
24:54 c'était aussi pour moi une façon de découvrir
24:56 l'un des très peu
24:58 politiques aventures.
25:00 Vous, aujourd'hui, l'un des peu
25:02 de leaders du monde qui peuvent parler
25:04 et dire et partager avec nous
25:06 votre expérience de ce que la politique vraiment signifie.
25:08 C'est pour ça que c'était un plaisir
25:10 et un honneur de faire ça.
25:12 (musique)
25:14 (musique)
25:16 (Bruits de journaux)
25:38 (Bruits de journaux)
26:02 Une petite musique angoissante pour le générique de cette émission géorgienne de télé-réalité.
26:06 (Bruits de journaux)
26:08 Le héros s'est enfermé dans cette petite caisse sous le indiscret de plusieurs caméras.
26:11 Et il a promis de vivre comme un prisonnier aussi longtemps que le président n'aura pas quitté son poste.
26:15 La géorgie tout entière est une prison.
26:17 Qu'on soit à l'intérieur ou à l'extérieur, ça ne fait aucune différence.
26:21 Tout le monde est soulevé parce que c'est un gouvernement criminel.
26:24 Plus que jamais, l'opposition géorgienne réclame un changement de régime.
26:27 Sa cache-villie est une menace pour la stabilité du pays.
26:31 C'est un gouvernement qui abuse des provocations,
26:33 qui fait des provocations pour protéger leur position et rester au pouvoir.
26:37 (Bruits de journaux)
26:53 Toutes les activités de Mireille Sacca-Juilly doivent être l'objet d'enquêtes, dit-elle,
26:57 non seulement sur ce qui s'est passé lors de la guerre en août 2008,
26:59 mais sur la torture en prison et sur la pression exercée contre les opposants politiques.
27:03 (Musique)
27:06 La période de Saca-Juilly a été la plus horrible de l'histoire de la géorgie.
27:10 Pour commencer, la géorgie a occupé la première place en termes de nombre de prisonniers dans le monde.
27:13 Ce sont les données officielles.
27:15 Nous avons subi des tortures et des traitements inhumains.
27:17 Quand ils demandent à quoi le régime de Saca-Juilly peut être comparé,
27:20 je réponds que cela peut être comparé au fascisme.
27:22 Sous le régime de Saca-Juilly, il y avait entre 25 000 et 30 000 prisonniers
27:25 pour une population de 4,5 millions d'habitants.
27:28 Ils ont découvert avec horreur des images de torture et de viol dans une prison géorgienne.
27:32 (Musique)
27:39 Ce n'est pas le premier cas de torture en prison.
27:41 Rien que l'année dernière, il y a eu 140 cas identifiés de torture ou de mauvais traitements sur des prisonniers.
27:46 (Musique)
27:48 Despotisme, dérive autoritaire.
27:50 C'est en 2012, un pouvoir sans partage qui a mené le pays à la guerre contre la pauvreté.
27:54 Une police tenue de main de fer.
27:56 Qui était ministre de l'intérieur ?
27:58 La femme de Glucksmann.
27:59 Sympa quoi.
28:15 Ah la French Connection avec Glucksmann, qui est évidemment très proche du pouvoir,
28:18 comme le dénonce Salomé Zoura Bikchivili.
28:21 Il n'a jamais souhaité rencontrer la seule Française de l'opposition géorgienne,
28:24 mariée à celle qui a été vice-ministre de l'intérieur, puis ministre.
28:27 Ignorait-il vraiment tous les excès de la police, des tortures dans les prisons,
28:31 et de la situation des droits de l'homme dans le pays ?
28:33 Coup dur. Terrible.
28:35 A noter d'ailleurs que sa femme, enfin son ex-femme maintenant,
28:38 qui était donc ministre de l'intérieur géorgienne,
28:41 au moment de toutes ces tortures, de cette police dirigée par une main de fer,
28:44 qui fait la guerre contre les pauvres,
28:46 après la chute de Saakashvili,
28:48 Saakashvili s'enfuit en Ukraine,
28:50 et elle aussi elle se barre en Ukraine,
28:51 où elle devient, après la révolution du Maïdan,
28:54 ministre de l'intérieur, si je ne me trompe pas,
28:56 en tout cas ministre dans le gouvernement,
28:57 qui a suivi la démission de Viktor Yanukovitch,
29:02 après le Maïdan.
29:03 On est recyclé par les Américains,
29:05 parce que le gouvernement d'après Maïdan,
29:07 c'est un truc qui a été sélectionné dans le bureau des affaires étrangères américain.
29:11 On se souvient qu'il y avait eu des fuites avec Viktor Yanukovitch,
29:13 où les types étaient en train de décider,
29:15 de savoir si on prend Klitschko ou Yatsenyuk,
29:18 qui va être le prochain premier ministre,
29:20 ils discertaient de ça.
29:21 Et puis il y avait même carrément eu une citoyenne américaine,
29:24 d'origine dont les parents étaient ukrainiens,
29:26 mais elle n'avait pas la nationalité,
29:28 qui a été parachutée des Etats-Unis,
29:30 dans le gouvernement ukrainien.
29:31 Elle a dû recevoir la nationalité ukrainienne
29:32 pour pouvoir faire partie du gouvernement.
29:34 Elle était ministre ukrainienne,
29:36 parachutée depuis Washington.
29:38 Son ex-femme, je ne sais plus son nom,
29:40 passée par ce gouvernement géorgien,
29:42 à ma foi, des plus autoritaires,
29:44 qui se retrouve comme ça en Ukraine,
29:45 avec Glucksmann, qui ensuite est séparé d'elle,
29:47 mais lui aussi se retrouve en Ukraine,
29:48 à militer pour le Maïdan.
29:50 Départ de Saakashvili,
29:51 la fin d'un système brutal et répressif.
29:53 C'est une page qui se tourne,
29:54 un énorme soulagement pour 80% des géorgiens,
29:57 régime ultra-libéral, c'est ironique,
29:59 qui maniait de façon très efficace la poudre aux yeux,
30:01 à la manière d'un système stalinien.
30:03 Je croyais que ça allait être écrit "macronien", mais bon, bref.
30:07 Une économie minée par le chômage,
30:09 et des conditions sociales extrêmement dures,
30:10 Saakashvili a provoqué une terrible régression sociale dans le pays.
30:14 Saakashvili va être inculpé pour détournement de fonds publics,
30:16 et puis aussi différents faits de répression.
30:19 On va passer un petit peu...
30:20 Il pourrit actuellement en prison, Saakashvili, en Géorgie,
30:23 après quelques petits errements.
30:24 Il est méconnaissable.
30:25 Il ne ressemble plus à rien.
30:27 Alors on va avoir un peu la conclusion sur le fameux logiciel de pensée.
30:30 Mon logiciel philosophique de pensée, de rapport au monde,
30:33 c'est un logiciel fondé sur l'idée des droits de l'homme.
30:36 Vous n'avez jamais eu de retour critique,
30:38 ou alors je ne l'ai pas vu, sur la Géorgie.
30:41 Non, parce que je n'aurai pas de retour critique sur la Géorgie.
30:44 C'est vrai, c'était un plaisir et un honneur de faire ça.
30:48 Il est content. Il n'y a rien à se reprocher.
30:50 Premièrement, c'est lui qui définit ce qu'est le bien et ce qu'est le mal.
30:53 Et tout ça depuis le récamier, depuis son PMU de bourgeois, de Saint-Germain-des-Prés,
30:57 d'où ses conneries n'auraient jamais dû sortir.
30:59 C'est un personnage finalement assez bête.
31:01 Quand on voit sa pensée, c'est extrêmement limité.
31:03 Mais il est dangereux parce qu'il va avoir l'appareil socioculturel
31:06 pour mettre en forme sa bêtise et la diffuser, au-delà du récamier.
31:09 Comme il est dans un certain réseau, comme il est dans un certain milieu,
31:12 avec cette fameuse aisance bourgeoise à promouvoir ses idées,
31:15 il va avoir accès dans les médias, il va pouvoir passer dans les médias,
31:19 au détour d'un livre à la con qu'on publie, qu'on est interviewé partout,
31:22 et on peut comme ça diffuser son message et délivrer sa bonne parole
31:26 de ce qui est bien et de ce qui est mal, faire la morale à toute la planète,
31:29 sur la base de cette idée des nouveaux philosophes néoconservateurs,
31:33 selon lesquels la démocratie de marché est le meilleur des systèmes,
31:36 qu'il faut le défendre.
31:38 Derrière, c'est la défense des États-Unis, de l'atlantisme et de tout cet appareil
31:41 dont on a un peu décrit les choses au cours de cette vidéo.
31:44 Et si vous n'êtes pas avec eux, vous êtes contre eux.
31:46 C'est la rhétorique d'ailleurs de Bush avec la guerre en Irak.
31:48 Vous n'êtes pas avec nous, vous êtes contre nous.
31:50 Vous êtes pour l'URN, vous êtes pour Poutine, vous êtes un méchant,
31:52 vous êtes un idiot, vous êtes un populiste.
31:54 Voilà, ça c'est l'étiquette un peu du naïf, celui qui n'a pas encore compris
31:58 que les révolutions ne finissent que dans les camps de concentration.
32:00 Et donc il faut être une personne modérée, défenseur de la démocratie,
32:04 défenseur des fameuses valeurs, et les valeurs, quelles sont-elles ?
32:07 Elles ne peuvent venir que de gens éduqués, ouverts sur le monde,
32:10 qui ont fait Sciences Po, rendez-vous compte.
32:12 Comment pourrait-il avoir tort ?
32:14 Lui qui a fait tant d'études, qui a vu tant de monde,
32:16 il écrit des livres, donc il est malin.
32:18 Bref, et donc il va définir quelles sont ces fameuses valeurs de la démocratie,
32:22 et il va donner des tampons à des gens qui des fois ne les respectent pas,
32:25 comme un certain Michael Saakashvili,
32:27 et il va dire ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est démocratique,
32:30 ce qui ne l'est pas, ce qui est tolérable, ce qui ne l'est pas,
32:32 du haut comme ça de son espèce de... on ne sait pas trop quoi,
32:35 son confort bourgeois, un ensemble de certitudes,
32:37 qu'il a raison sur le moment.
32:40 Il faut sauter un passage d'ailleurs.
32:42 Voilà, dès 2008, Glucksmann parlait avec grande éloquence de Saakashvili.
32:45 Certes, Saakashvili n'est pas Gandhi, mais sous son impulsion,
32:48 la géorgie a changé de visage, la corruption a été presque réduite à néant,
32:51 les journalistes étrangers y jouissent d'une liberté totale,
32:54 les élections s'y déroulent sous le contrôle d'organisations internationales,
32:56 l'économie décolle sans rendre pétrolière,
32:58 le gouvernement, mais formé de jeunes gens,
33:00 dont la double nationalité américaine, anglaise ou israélienne,
33:03 fait ressembler, dit-il-ci, à une babelle occidentale plantée au cœur du Caucase.
33:08 Merveilleux.
33:10 Bon, on a vu le résultat.
33:11 Et donc, la politique est l'occasion de prendre des postures
33:13 et de mettre en scène son opinion, sa morale, ses turpitudes du moment.
33:18 On le voit d'ailleurs dans sa manière qu'il a de se présenter
33:21 et de se mouvoir dans ce passage qui est ici.
33:26 Il est ici et il commente, voilà,
33:28 voter sur son lit, sur son canapé, les jambes croisées,
33:31 et il discute, oui, alors voilà, comment est-ce qu'on va bananer l'opposition,
33:34 il faut lui laisser un peu la porte ouverte, mais pas trop.
33:36 Je vais vous repasser ce truc de France 24, où est-ce que c'est ?
33:39 C'est que ça peut leur permettre de faire du face-saving
33:42 et de montrer qu'ils peuvent obtenir des choses.
33:46 On dirait Kévina et Dylan qui discutent dans la maison des Marseillais
33:49 de savoir si, enfin, du problème avec Sylviane,
33:53 voilà, ils se sont engueulés, et puis on va discuter
33:55 de la manière dont on va régler le problème social dans la maison des Marseillais.
33:59 C'est pareil, c'est la même ambiance.
34:00 On se croirait dans une telle réalité.
34:02 Pour la démocratie géorgienne.
34:03 Raphaël Glucksmann parle d'un début prometteur vers une sortie de crise.
34:07 Comme le président, il pense qu'il faut maintenir une politique
34:09 de la porte ouverte aux opposants modérés,
34:11 à ceux qui réalisent que Mireille Sacca-Chevilly n'a pas l'intention de démissionner.
34:14 Voilà, donc la porte ouverte, la démocratie, le débat,
34:17 c'est avec ceux qui sont d'accord avec nous, et qui ont compris,
34:20 ils sont modérés, parce que les autres, c'est des extrémistes, des radicaux,
34:22 des populistes, des agents de l'étranger,
34:24 et on va discuter avec ceux qui sont d'accord avec nous.
34:26 Et c'est ça, en fait, la démocratie, pour eux, on l'a déjà vu,
34:29 la démocratie, c'est quand on est d'accord avec eux.
34:31 Et à partir du moment où il y a du désaccord, il y a des dangers.
34:33 On avait vu avec Glucksmann, qui dit "ouh là, il y a une atteinte à la démocratie,
34:36 quand les gens sont plus pour la peine de mort ou pour certaines idées
34:38 qui ne lui conviennent pas, c'est une atteinte à la démocratie".
34:40 C'était pareil avec Ségolène, ou toute cette clique de politiciens
34:44 qui, au moment du Brexit, quand des gens leur parlaient
34:46 de faire un référendum sur la sortie de l'Union Européenne en France,
34:48 "Ouh là là, vous n'y pensez pas, ce serait une menace pour la démocratie".
34:51 Le référendum menace la démocratie, pourquoi ?
34:54 Parce qu'on pourrait atteindre des conclusions qui ne leur conviennent pas.
34:57 Donc, je pars un petit peu dans tous les sens, mais vous voyez que cette vidéo
35:00 est assez compliquée à construire, parce qu'on n'est pas face à des idées,
35:02 on est face à des turpitudes, on n'est pas loin de la psychiatrie, en fait.
35:05 Donc voilà, la démocratie, c'est Glucksmann qui décide
35:08 ce qui est démocratique et de ce qui ne l'est pas,
35:10 ce qui est bien, ce qui est mal, ce qu'il faut faire,
35:12 et la fin justifie les moyens.
35:14 Si bien qu'on se permet des choses, on s'est permis des choses en géologie,
35:17 pour faire advenir la démocratie et moderniser cette ancienne république soviétique,
35:21 un État modèle dans la zone, comme on a voulu faire en Irak,
35:24 avec le même succès.
35:25 Et voilà, ces gens, on a clair nous viant, dégoûtés par la politique, qui dénoncent
35:28 "Selon elle, les fondateurs de places publiques qui avaient fait alliance avec l'EPS
35:31 pour les européennes n'étaient pas suffisamment soudés et alignés humainement
35:34 et éthiquement pour empêcher des comportements aussi éloignés de notre promesse initiale.
35:37 Nous avons trahi cette promesse. Nous n'avons pas été en mesure
35:40 de faire la peau à des pratiques politiques exécrables.
35:42 Nous avons fait l'expérience de notre impuissance."
35:44 Elle dénonce les arrivistes.
35:45 "Nous savons tous en théorie que la politique fonctionne ainsi,
35:48 selon un système féodal d'allégeance,
35:49 mais en faire l'expérience pratique change tout.
35:51 J'ai été dégoûté par cette forme de prostitution de la démocratie,
35:53 qui a pour conséquence que les plus vils obtiennent les meilleurs postes.
35:56 Quand les dégoûtés partent, il ne reste plus que les dégoûtants.
35:58 À propos de Glucksmann, elle affirme, nous ne sommes pas faits du même bois,
36:01 nous n'avons pas les mêmes points forts.
36:03 Je dirais que les siens sont son intelligence et sa culture.
36:05 Les miens sont ma sensibilité et mon intégrité.
36:08 Mes attentes en matière d'honnêteté et de courage ne sont pas compatibles
36:10 avec la tambouille politique.
36:11 C'est moi qui suis inadapté à ce milieu."
36:14 Après, elle parle du PS comme une machine asséchée qui ne produit plus rien.
36:17 C'est des gens en roue libre, avec de vieilles idées,
36:20 issues de traumatismes familiaux ou idéologiques.
36:23 Et à la fin, j'aimerais vous montrer ça.
36:26 Libération, qui au moment des Khmer Rouges,
36:28 Libération du 17 avril 1975,
36:30 Libération qui faisait la promotion de l'arrivée des Khmer Rouges,
36:34 le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh.
36:37 Et le lendemain, 7 jours de fêtes pour une Libération.
36:40 C'est Libé qui publie sur les Khmer Rouges.
36:42 Je crois qu'ils vont buter un tiers de la population du pays, quelque chose comme ça.
36:45 Sans être présent au Cambodge, le journal rapporte
36:47 que par des dizaines de milliers, les habitants de Phnom Penh sont descendus ce jeudi
36:51 dans les avenues de la capitale pour accueillir les premières unités des forces de Libération.
36:54 Une guerre révolutionnaire à l'heure de la détente.
36:57 Cette formule résume l'originalité et le sens profond de la lutte de la Libération nationale
37:00 menée depuis 5 ans par le peuple cambodgien contre l'agression américaine.
37:04 Alors là, ça va faire du sens après.
37:06 Donc on a des gens qui, dans les années 70, se rendent compte que,
37:10 après avoir dit "plus jamais aux Jvites", etc.,
37:12 se rendent compte qu'ils soutenaient quand même une idéologie de communisme
37:15 qui a produit des horreurs similaires, des goulags, des exterminations, tout ce que tu veux.
37:19 Une oppression. Ils espèrent réaliser un idéal humaniste.
37:23 Et ils se rendent compte que c'est encore pire,
37:26 que le capitalisme qu'ils dénoncent, les agressions américaines, etc.
37:30 Finalement, ils commencent à se rendre compte dans les années 70
37:32 que ce n'est pas aussi simple que ça.
37:34 Et ils vont comme ça être chargés de culpabilité,
37:36 devenir atlantistes, et finalement, rester dans le même processus mental
37:40 qui a conduit au désastre idéologique, qui a conduit à l'aveuglement.
37:44 Et vous avez des gens comme Glucksmann, ils sont toujours dans cette même idée de...
37:48 Où est-ce que c'était déjà ?
37:50 Ils disaient vouloir lutter contre les aveuglements.
37:54 Ils tenaient à cette idée de son père,
37:58 son père qui était très attaché contre l'aveuglement.
38:01 Après "Auschwitz", après les goulags,
38:04 ces gens veulent lutter contre les oppressions.
38:06 Mais comme ils ne sont toujours pas dans le réel,
38:08 et qu'ils ne sont pas sortis de leur beau quartier de Saint-Germain-des-Prés,
38:10 ils tombent dans une nouvelle idéologie
38:12 qu'ils essayent de calquer à l'ensemble de la planète.
38:14 Ils veulent une vérité, en fait.
38:16 Et cette nouvelle vérité, c'est l'atlantisme,
38:18 démocratie de marché, démocratisation,
38:20 fin de l'histoire, on va arriver au modèle parfait
38:22 qui est en fait l'américanisation du monde,
38:24 la mondialisation, l'alignement de tout le monde sur un système démocratique
38:28 avec peut-être quelques ajustements, mais qui en gros,
38:30 voilà, c'est cette démocratie de marché et la mondialisation économique.
38:34 Et ces gens vont se mettre finalement à défendre tout ce que fait les États-Unis,
38:36 comme avant ils défendaient tout ce que disait Staline.
38:38 Alors ça aboutit à Glucksmann qui défend en 2003
38:40 l'invasion de l'Irak, et dans des termes qui rappellent libération,
38:43 couvrant l'éclair rouge.
38:45 Le philosophe André Glucksmann, qui fut maoïste dans sa jeunesse,
38:48 avant de devenir sarkozyste et pro-américain,
38:50 est de me rappeler ce dernier en 2003, écumant les plateaux de télé,
38:52 pour expliquer à quel point les États-Unis avaient raison de bombarder les Irakiens.
38:56 Je me souviens aussi de la première phrase incroyable
38:58 publiée par André Glucksmann dans une tribune dans Le Monde,
39:01 co-signée à l'époque par Bruckner et Romain Goupil,
39:04 démarrant par ces mots "Quelle joie de voir le peuple irakien en Lièze
39:07 fêter sa libération et ses libérateurs,
39:10 des libérateurs qui tuèrent plus de 100 000 civils
39:13 et plongèrent la région dans le chaos et la misère qui y règne depuis".
39:16 C'est exactement, à 30 ans, pas tout à fait 25 ans,
39:19 d'écart exactement les mêmes termes dans lesquels
39:22 "libération" fait-elle arriver d'éclair rouge, c'est la libération, c'est les libérateurs,
39:25 c'est le jour de fête, les gens descendent en Lièze applaudir les libérateurs.
39:29 Et finalement, t'aboutis à un carnage, et ces gens sont dans le même aveuglement,
39:32 mais avec une idéologie différente. Le logiciel a changé, mais le processus reste le même.
39:36 Et aujourd'hui, la grande idéologie de Glucksmann,
39:39 c'est plus... je vous le dis, c'est toujours l'atlantisme et le soutien indéfectible aux Etats-Unis,
39:43 mais c'est l'européisme. L'Europe, c'est formidable,
39:46 si vous êtes con, vous êtes un nazi, un salaud, un enculé, un tout-ce-que-tu-veux,
39:49 et jamais il fait le bilan du résultat de l'Union Européenne.
39:52 Et à chaque fois, vous avez des gens comme ça, pour tous les problèmes du monde,
39:55 qui vous disent "il faut faire l'Europe". Il y a un problème migratoire,
39:58 la réponse est au niveau européen. Il y a un problème sur la fiscalité,
40:01 il y a un problème sur les paradis fiscaux. "Ah, nous avons besoin de nous entendre au niveau européen,
40:04 que ferait la France toute seule, et gna gna gna". Alors que c'est précisément l'Union Européenne
40:07 qui légalise l'évasion fiscale, considérée aujourd'hui comme de l'optimisation.
40:11 Et donc pour tous les problèmes, quels qu'ils soient, vous aurez un type,
40:14 enfin vous aurez un gars comme Glucksmann, qui vous dira "il faut faire l'Union Européenne,
40:18 il faut faire l'idéal communiste, il faut démocratiser,
40:22 il faut répandre la démocratie et ça répandra la paix et la prospérité partout,
40:26 quelles que soient les souffrances que ça génère,
40:29 quels que soit le résultat que ça génère, c'est l'idéologie".
40:33 Pour beaucoup, l'Union Européenne est un espèce de mantra comme ça,
40:36 qui une fois réalisé, on ne sait pas trop comment, on ne sait pas trop à quelle date,
40:39 on ne sait pas trop quel niveau d'européisme est nécessaire,
40:41 mais une fois qu'on aura atteint ce niveau-là, il n'y aura plus de problème de chômage,
40:44 il n'y aura plus de problème économique, l'Europe pèsera dans le monde,
40:47 sera contrepoids à la Chine, aux Etats-Unis, la défense sera assurée,
40:51 l'approvisionnement énergétique sera assuré, on aura réalisé la transition écologique,
40:54 qui ne peut se faire que dans le cadre de l'Union Européenne.
40:57 C'est un désastre absolu, l'Union Européenne est aujourd'hui la pire zone économique du monde,
41:03 plus faible taux de croissance depuis 20 ans, plus forte augmentation de la pauvreté,
41:07 plus forte augmentation du chômage, il ne se passe plus rien.
41:10 Quand il y a un truc qui est créé en Europe, c'est racheté par les Etats-Unis,
41:12 par les Chinois, par tout ce que tu veux, parce que la libéralisation des mouvements de capitaux
41:15 font que c'est une passoire à tous les niveaux, politique, économique, c'est nul,
41:19 mais on va rester dans l'idéologie.
41:22 L'Union Européenne, c'est merveilleux, qu'importe le résultat,
41:24 mais ces connards, on les reverra dans 10 ans, quand le résultat aura été un désastre
41:27 accepté par tous, irréfutable, ils reviendront à la télé nous donner des leçons,
41:32 écrire des bouquins, réaliser des reportages, des articles,
41:36 pour nous dire à quel point finalement, ce n'était pas forcément une bonne chose.
41:40 Alors les plus honnêtes diront "je", "je me suis trompé",
41:43 et puis les plus malhonnêtes seront comme des gens comme on a vu avec Bernard Acoyer
41:47 sur la loi Nome, l'électricité et le désastre du marché européen,
41:51 de l'électricité, de la libéralisation des électrons,
41:54 et qui dit "la France a fait de mauvais choix politiques,
41:56 les dirigeants ont fait de mauvais choix, mais je, non".
42:00 Voilà, c'est pareil, vous avez ici, en complément de l'article,
42:03 10 ans plus tard, vous avez des films qui sortent.
42:05 Dans un long commentaire, Patrick Sabatier revenait sur sa déchirure.
42:08 Cette année-là, le journal consacrait plusieurs pages à un très beau film
42:10 de Laurent Geoffray, "La déchirure", qui sortait en salle.
42:13 "À trois avoir voulu avoir raison dans cette guerre, et s'être laissé aveugler,
42:18 on n'a rien vu, rien compris ou presque", écrivait Patrick Sabatier.
42:21 En 1985, donc 10 ans plus tard, il analyse
42:24 "Les spectateurs du film La déchirure apprécieront la stupidité de l'auteur de ses lignes.
42:29 Il a fallu la mort d'un ami aux mains des Khmer Rouges,
42:31 la rencontre avec Pinh Nhat Hai, auteur de l'utopie meurtrière,
42:34 la visite des champs de la mort Khmer Rouges et des camps de réfugiés en Thaïlande
42:37 au lendemain de l'invasion vietnamienne, en janvier 79,
42:40 pour que je regarde en face la vérité de l'aveuglement qui avait été le mien,
42:43 comme celui d'autres, un aveuglement qui a ses raisons, mais pas d'excuses".
42:47 Donc lui au moins fait son mea culpa 10 ans plus tard,
42:49 mais en tout cas il t'a vendu l'échmer rouge, c'est formidable.
42:52 Ensuite, ces mecs reviennent, toujours autant déconnectés de la réalité,
42:55 l'atlantisme, le néo-conservatisme américain,
42:58 la défense de la démocratie préventive, avec des guerres préventives,
43:01 comme en Irak, tout ça, où on va façonner l'ordre mondial à coup de bombe
43:04 pour éviter que d'autres le fassent à notre place, ça c'est formidable.
43:07 C'est la libération.
43:09 Nous on détient la lumière, on sait ce qui est bien,
43:12 on sait quel est le bon régime à appliquer pour être heureux, libre, en paix,
43:15 et tout ce que tu veux, et on va venir vous la porter à coup de pied dans la gueule.
43:18 Alors forcément, aujourd'hui en Irak, on sait que c'était pas forcément
43:21 une armée de libération qui arrivait.
43:23 Mais bref, aujourd'hui vous avez Glucksmann avec son européisme,
43:25 avec sa bonne morale, avec sa bonne pensée,
43:27 issu de son PMU local de Saint-Germain-des-Prés,
43:29 armé de tout son appareil socioculturel,
43:32 il va pouvoir mettre en forme, comme je le disais, sa bêtise,
43:34 la diffuser avec des reportages, des documentaires,
43:38 des articles, des livres, qui donneront lieu à une présence médiatique
43:42 qu'il arrive même maintenant à convertir en poste de député.
43:46 Il est payé 15 000 balles par mois pour raconter ses conneries, lui.
43:49 Et il va venir nous expliquer comment doit fonctionner le monde
43:52 selon son opinion, comme ça, lui qui a jamais rien fait,
43:54 qui a jamais réussi quoi que ce soit,
43:55 qui s'est jamais levé le matin pour aller travailler,
43:56 il a jamais eu besoin de ça.
43:57 Et les rares fois où il a touché au système,
43:59 où il a été face à la réalité des choses,
44:01 c'est le nouveau magazine littéraire qu'il a coulé,
44:03 il a gaspillé une somme considérable,
44:05 et c'est l'expérience géorgienne qui a fini en dictature,
44:08 duquel il préfère aujourd'hui jeter un voile pudique,
44:10 ça n'a jamais existé.
44:11 Mais il revient aujourd'hui de faire la morale
44:13 sur la lutte contre l'extrême droite,
44:15 contre la lutte contre les régimes autoritaires.

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