En septembre, il n’y aura plus de quotidien gratuit en France : 20 minutes s’apprête à mettre fin à son édition papier, ça fait 22 ans que le journal existe dans sa version française… La décision a été annoncée en fin de semaine.
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 Bonjour Cyril Lacarrière ! Bonjour Simon Le Baron !
00:02 Dans l'éditomédia ce matin, vous nous parlez de la fin du nerf dans la presse française.
00:07 En septembre, il n'y aura plus de quotidien gratuit en France.
00:10 20 minutes va mettre fin à son édition papier.
00:13 Ça fait 22 ans déjà que le journal existe.
00:15 Un coup dur évidemment déjà pour tous les salariés.
00:17 D'autant plus que 56 postes vont être supprimés.
00:20 C'est quasiment un tiers des effectifs.
00:22 Depuis le Covid, 20 minutes est dans le dur.
00:24 Le journal a perdu beaucoup de lecteurs, tous ceux qui le récupèrent le matin quand ils
00:27 prennent les transports en commun.
00:28 Sans eux, c'est tout le modèle économique de 20 minutes qui s'effondre.
00:31 Un modèle basé uniquement sur la pub.
00:34 Et qui dit moins de lecteurs, dit moins de pub, donc moins de sous.
00:37 C'est le même problème que pour tous les journaux d'ailleurs.
00:39 Sauf que pour 20 minutes, il n'y a pas de rentrée d'argent liée à son prix de vente.
00:43 Alors que va devenir le journal ?
00:44 La marque va continuer à exister, mais uniquement sur internet.
00:47 D'ailleurs, le site de 20 minutes est déjà très performant.
00:50 C'est le 13ème le plus visité en France.
00:53 Mais ça ne suffit pas à gagner sa vie.
00:55 Donc 20 minutes doit faire des économies, comme souvent, ça passe par des licenciements.
01:00 Et au bout du compte, ça veut dire espérer faire mieux avec moins.
01:03 J'espère me tromper pour la rédaction de 20 minutes, mais on ne va pas se mentir, c'est
01:07 rare, très rare, que cette logique porte ses fruits.
01:09 Donc c'est bien la fin de la presse gratuite ?
01:11 Oui, Simon.
01:12 Et il faut se souvenir comment elle a bouleversé le paysage des quotidiens français.
01:17 20 minutes et métro d'abord en 2002, puis direct matin et direct soir du groupe Bolloré
01:22 qui a fini et qui ont fini par s'appeler CNews.
01:24 Tous les trois revendiquaient la même chose, toucher ceux qui ne lisent pas la presse,
01:29 des jeunes, actifs et urbains.
01:30 Durant quelques années, ça va marcher, les français emportent avec eux ces journaux
01:34 qu'on leur tend en sortant du métro.
01:36 Est-ce qu'ils les lisent un peu, beaucoup ? Pas du tout.
01:39 C'est toujours difficile à savoir quelle importance on accorde à ce qu'on nous donne
01:42 dans la rue comme un banal prospectus.
01:44 En tout cas, trois, c'était sûrement trop.
01:46 Métro et CNews disparus, 20 minutes faisait figure de rescapé.
01:50 Et c'est vrai que sa rédaction s'est faite une place parmi les médias français,
01:55 mais ça n'a pas sauvé sa version papier.
01:56 Et pour vous Cyril, ces quotidiens ont eu un effet négatif pour le secteur ?
02:00 Oui, ils ont participé à dévaloriser la presse.
02:03 En même temps qu'internet bouleversait la culture et les médias, ces gratuits ont
02:06 validé une idée qui s'est répandue vitesse grand V dans la tête des gens, tout à voir
02:11 sans rien payer.
02:12 De la musique et des films grâce au piratage et des journaux qu'on nous donne dans la rue.
02:16 Pourquoi payer pour lire l'Ibé, le Figaro ou West France ou La Voix du Nord alors que
02:20 j'ai l'illusion de tout avoir sans rien dépenser ?
02:24 Ceux qui ont créé ces titres gratuits ont dénaturé le travail des journalistes et
02:28 même des leurs d'ailleurs.
02:30 Comme si ce qu'ils faisaient ne valait pas un rond.
02:33 Et tout ça, c'est un immense échec collectif.
02:35 - Cyril Lacarrière, merci beaucoup.