Avec Fabien Bogais, responsable investigation Alliance Police Nationale de Paris
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00:00Une scène de Far West, ou plutôt de Western en plein Paris sur la très chic avenue Montaigne, ça s'est passé hier
00:06dans une bijouterie Harry Winston, un braquage assez spectaculaire qui s'est produit en plein jour.
00:13Les braqueurs sont repartis en tirant à l'air pour dissuader comme si on était justement dans un Western.
00:18On fait le point sur la situation avec notre invité Fabien Boguet, bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Bienvenue. Sur Sud Radio, vous êtes responsable d'investigation chez Alliance Police Nationale.
00:29À Paris en tout cas. Est-ce que c'est un braquage qui sort de l'ordinaire ?
00:34Alors qui sort de l'ordinaire peut-être pour vous, mais hélas le mode opératoire est régulier avec des motos,
00:42avec des armes sur des bijouteries. La preuve, 2007-2008, la même boutique avait été victime de faits similaires
00:49même si la manière d'opérer pouvait différer.
00:51Alors c'est quoi la manière d'opérer cette fois-ci ? Parce qu'à chaque fois qu'on passe nous sur un trottoir
00:57devant une bijouterie, spécialement une belle bijouterie, on ne peut pas rentrer de force.
01:01Donc comment s'y prennent ces braqueurs ?
01:03Alors tout dépend. La dissuasion, les manœuvres qui sont dites frauduleuses.
01:10Dans le cas présent, l'élément n'est pas encore fait. Evidemment, vous comprendrez qu'avec le secret de l'enquête,
01:16on ne puisse divulguer tout ce qu'il faut.
01:18Tout ce qu'on sait, c'est que ce commando de trois personnes, armées, armes d'épaule, armes de poing,
01:24ont réussi à pénétrer. Heureusement et fort heureusement, aucune prise d'otages ni blessés par balle.
01:30L'opération a été très fugace. Ça a duré vraiment quelques secondes à quelques minutes.
01:35Nos collègues sont arrivés juste derrière. Mais la rapidité et l'organisation font d'eux de réels professionnels.
01:42Oui, des professionnels du braquage manifestement. Alors les employés ont eu le temps de se cacher sous une table.
01:47Une cliente était présente aussi. Elle était particulièrement choquée.
01:51C'est ce que révèlent nos confrères du Parisien aujourd'hui en France.
01:55Ça dure très peu de temps. En quelque sorte, c'est imparable pour vos collègues, un braquage pareil.
02:00Alors quasi. J'ai envie de vous dire que oui, de ce qui serait arrivé s'il y avait eu une rencontre.
02:07Fort heureusement, tout s'est bien passé sans blessés.
02:14Mais bon, je compte sur nos amis de la BRB pour arriver rapidement à identifier et interpeller ces auteurs.
02:25Effectivement, pour les identifier et faire aussi l'inventaire du butin de ces braqueurs.
02:31Il ne sera pas connu avant plusieurs jours, disent certaines sources aux Parisiens aujourd'hui en France.
02:36Vous disiez que ce mode opératoire, en tout cas ce type de braquage, était finalement assez courant.
02:42Est-ce qu'il est plus courant qu'à d'autres époques ou c'est une constante ?
02:46Tout évolue à chaque période et à chaque époque.
02:50Maintenant, le fait d'utiliser des armes et de partir sur des véhicules de roue, surtout à l'intérieur de Paris, c'est quand même répétitif.
02:59Parlez-moi d'investigation maintenant. Vous êtes responsable d'investigation à Alliance Police Nationale, un syndicat de policiers.
03:06Comment vont s'y prendre vos collègues pour essayer de retrouver leurs traces ?
03:12On va d'abord travailler sur les constatations qui sont d'une importance énorme sur les lieux du braquage,
03:20avec les constatations scientifiques, les relevés de témoignages et toute l'armada technique à la disposition de la police
03:30pour pouvoir avoir une identification rapidement et surtout pouvoir loger les auteurs.
03:37On cherche quoi ? On cherche tout simplement de l'ADN ou alors des objets qui auraient été oubliés par les auteurs ?
03:44On regarde les images ?
03:46Tout ce que vous venez de dire en fait et puis encore d'autres choses avec la téléphonie et puis évidemment le recueil de témoignages qui sera somme toute importante.
03:55Le recueil de témoignages, même si les gens ont été particulièrement choqués, c'est quoi la probabilité de retrouver des braqueurs après ce type de larcin ?
04:03Eh bien contrairement à ce qu'on pourrait penser, sur ce genre de méfaits, elle est énorme.
04:08Ce sont des gros coups qui ne se font quand même, même s'ils sont répétitifs, ne sont pas habituels.
04:16Et évidemment, la population capable de pouvoir monter des coups comme ça avec une telle méthode, forcément ça réduit.
04:26Les clients potentiels ne sont pas si nombreux que ça, donc vous saurez assez rapidement qui a pu commettre le coup.
04:33Quelle est la possibilité pour ces braqueurs d'écouler ces bijoux ?
04:37Parce qu'ils étaient dans une boutique, une bijouterie de luxe, ils étaient donc inventoriés, on sait donc précisément quels bijoux ont été volés.
04:44C'est difficile de les vendre, de les refourguer si je le dis dans le jargon ?
04:48Alors tout à fait, le fait de pouvoir les receler comme bon leur semble, c'est quasi impossible.
04:55Plusieurs choses entre en jeu, les bijoux en eux-mêmes, qui sont atypiques en fonction de leur qualité, en fonction du prix,
05:05parce que plus ils sont élevés, plus cela veut dire qu'ils ont une composition spécifique.
05:09Et dans ces cas-là, ce sont des objets uniques et forcément, j'exagère, je grossis le poids,
05:16mais si vous le mettez sur le bon coin, vous allez vite être repéré, ne serait-ce que par l'objet.
05:21Ils vont être obligés de passer par des canaux spécifiques et professionnels, quitte à aller même à l'étranger.
05:26Exactement, des canaux très particuliers.
05:29Parlons maintenant de la violence.
05:30J'ai parlé d'une scène de Far West, c'est-à-dire que vous avez des braqueurs qui rentrent, ça dure quelques secondes,
05:33ils partent avec les bijoux et ils tirent en l'air en plein Paris.
05:37Pourquoi ils tirent en l'air ?
05:38Pour célébrer leur butin ou tout simplement pour dissuader qui que ce soit de s'approcher d'eux ?
05:44C'est ça, pour pouvoir faciliter leur chute.
05:47Ils font une prévention en ayant des tirs en l'air,
05:49ce qui permet plus par réflexe aux gens de soit baisser la tête, soit de s'écarter tout bêtement.
05:55Oui, tout simplement par effet de sidération aussi.
05:58Ça fait une deuxième scène ultra-violente, même s'il n'y a pas le blessé, heureusement,
06:03en quelques jours en tout cas, on a vu les images dramatiques il y a quelques jours
06:08de l'attaque de ce fourgon pénitentiaire par des hommes extrêmement lourdement armés
06:12qui ont abattu plusieurs fonctionnaires de la pénitentiaire pour libérer l'un de leurs camarades.
06:18Est-ce que ces scènes de violence, ces scènes dans lesquelles vous et vos collègues
06:23vous pouvez vous retrouver face à des hommes qui ont des kalachnikovs et qui veulent s'en servir,
06:26ces scènes sont de plus en plus fréquentes ?
06:29Je ne dirais pas de plus en plus fréquentes, mais oui, la violence augmente, ça c'est une certitude.
06:37Et puis on va revenir toujours sur la même chose, le sentiment d'impunité.
06:42Si ces choses-là augmentent, ça veut dire que les gens ne se sentent pas en danger de les commettre.
06:48Donc tout le paramètre pour pouvoir se dire que ces choses doivent descendre,
06:55nous revenons encore une fois sur un minimum de répression.
07:00Les gens sont étonnés de voir qu'un jeune caïd de Cité s'évade.
07:07Les raisons n'en sont encore pas réellement déterminées,
07:12mais on ne peut pas vraiment comparer les deux choses, bien évidemment,
07:17parce que ne sera-ce que dans la manière d'opérer,
07:19le professionnalisme lors de l'évasion avec le fourgon est totalement différent.
07:23Ce n'est pas la même chose, et effectivement, dans un cas il y avait la volonté de tuer,
07:27dans l'autre manifestement pas. En tout cas on en reparlera.
07:30Merci à vous pour cet éclairage.
07:32Merci à la responsable d'investigation chez Alliance Police Nationale du côté de la ville de Paris.