Préméditation André Berthomieu 1960 Jean-Claude Pascal Jean Desailly Policier

  • il y a 4 mois
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00:00:00 [Bruit de vent]
00:00:12 [Bruit de vent]
00:00:34 [Bruit de moteur]
00:00:56 [Musique]
00:01:25 [Musique]
00:01:54 [Musique]
00:02:19 [Musique]
00:02:27 [Musique]
00:02:35 [Bruit de cloche]
00:02:38 [Musique]
00:03:07 Bonjour Monsieur le Juge. Bonjour Martineau. Bon dimanche.
00:03:10 Ah oui, excellent. J'ai fait cinq litres de gardon.
00:03:13 Eh bien, mes compliments.
00:03:15 Et vous Monsieur le Juge ?
00:03:22 Oh, ben moi j'ai passé ma journée à revoir le dossier de l'affaire Sommet.
00:03:26 Ah ben, tenez, justement j'étais en train de regarder dans le Parisien la photo de cette victime.
00:03:35 Elle était pas mal sa femme.
00:03:37 Lui, l'amant, il avait pas beaucoup le physique de l'emploi.
00:03:41 Et pourtant ça n'a rien empêché.
00:03:44 Non, mais quand un cocu voit rouge.
00:03:47 Pour moi, voyez-vous Martineau, il y a deux espèces de cocus.
00:03:49 Il y a les récalcitrants qui sont très dangereux comme celui-ci.
00:03:52 Et puis il y a les consentants qui le sont moins.
00:03:55 Vous en avez oublié une troisième Monsieur le Juge.
00:03:59 Hein ?
00:04:00 Il y a aussi les résignés.
00:04:04 Ah oui, vous avez raison Martineau.
00:04:06 Et ceux-là sont inoffensifs. On les voit moins au palais d'ailleurs.
00:04:09 Et pourtant ce sont les plus nombreux.
00:04:11 Eh oui, sans doute.
00:04:13 Ah, Monsieur le Graffier, veuillez faire monter le client en question.
00:04:16 Allo ?
00:04:24 La souricière.
00:04:26 Faites monter Sommet pour le 89.
00:04:29 Je suis convoquée par Monsieur Lenoir pour l'affaire Sommet.
00:04:31 Par ici, maître.
00:04:33 Entrez.
00:04:44 Mes respects, Monsieur le Juge.
00:04:51 Sylvie Foucault.
00:04:52 J'ai été commise par Monsieur Lenoir pour l'affaire Sommet.
00:04:55 Je suis convoquée par Monsieur Lenoir pour l'affaire Sommet.
00:04:57 J'ai été commise par Monsieur le Bâtonnier pour assurer la défense de Monsieur Bernard Sommet.
00:05:01 Enchanté, maître.
00:05:02 Prenez place, je vous prie.
00:05:04 Je viens justement de le faire appeler.
00:05:07 Entrez.
00:05:21 Sommet.
00:05:23 Oui, amenez-le.
00:05:24 Sommet.
00:05:25 Asseyez-vous.
00:05:34 Monsieur Bernard Sommet, aujourd'hui, en présence de votre avocat, je vais pouvoir vous entendre sur le fond.
00:05:50 Je n'ai pas besoin de vous rappeler que vous êtes inculpé d'homicide volontaire sur la personne de votre femme légitime, née Andrée Armantier,
00:05:58 et sur celle du sieur Stéphane Roussel, qui, d'après l'enquête, était, je crois, un de vos amis.
00:06:04 Oui.
00:06:06 Monsieur Bernard Sommet, je vais vous demander de me faire une relation très exacte des faits.
00:06:14 Je vous écoute.
00:06:15 Je vous écoute.
00:06:25 Eh bien, ce matin-là, Monsieur le juge, je suis parti très tôt de chez moi.
00:06:32 J'avais un rendez-vous d'affaires important à la préfecture d'Angers.
00:06:35 J'écoute ma voiture.
00:06:37 Or, un peu avant en bouillée, il pleuvait ce jour-là.
00:06:42 Le sol était glissant. J'ai voulu éviter un camion. Je n'y ai pas réussi.
00:06:46 Et je suis rentré percutant dans un mur.
00:06:48 Heureusement, pas de blessé grave, seulement des dégâts matériels, mais très importants.
00:06:52 Enfin, impossible de repartir avec ma voiture.
00:06:54 Alors, après le constat, je suis allé à la gare de Rambouillet pour voir s'il y avait un train vers Angers.
00:07:01 Malheureusement, il n'y avait pas de train.
00:07:04 Je télégraphie à la préfecture, au chef du bureau, pour le prévenir de ce contre-temps et m'excuser auprès de lui.
00:07:11 Et puis, comme il y avait un train sur Paris, je l'ai pris pour rentrer à la maison.
00:07:16 Alors, en rentrant chez moi, au moment où j'enfermais la porte, j'ai entendu des rires qui étaient de ma chambre.
00:07:23 Alors, ça m'a surpris.
00:07:25 Naturellement, je ne l'ai pas pensé tout de suite qu'elle me trompait.
00:07:29 Mais j'ai senti quelque chose d'anormal. Vous voyez ce que je veux dire?
00:07:32 Alors, je me suis approché de la chambre. J'ai écouté. Puis j'ai ouvert.
00:07:39 Et là, je les ai vus. Ils étaient là, tous les deux, sur le lit. Ils riaient. Ils avaient l'air heureux.
00:07:49 Puis là, Stéphane s'est adressé, je crois. Il a dit quelque chose pour se justifier, pour nier l'évidence.
00:08:02 Alors, c'était plus fort que moi. Je me suis possiblé sur la table de chevet. J'ai pris la main de verre qui était.
00:08:08 J'ai braqué sur eux. Et puis, j'ai tiré, tiré, j'ai vidé le chargeur.
00:08:12 Je crois qu'à cet instant, j'aurais été capable de détruire le monde entier.
00:08:17 Le monde entier sauf vous.
00:08:20 Pardon?
00:08:22 Je dis le monde entier sauf vous.
00:08:27 Je pourrais vous répondre, monsieur le juge, qu'à ce moment-là, mon chargeur était vide.
00:08:33 Mais franchement, non. J'ai pas pensé une seconde à me suicider.
00:08:38 Veuillez poursuivre, monsieur le sommet.
00:08:40 Eh bien, je ne sais plus. Moi, c'est confus.
00:08:45 Ou plutôt, non. Je me souviens de tout, mais pas dans l'ordre. Vous comprenez?
00:08:49 Eh bien, nous tâcherons à ordonner tout cela au cours de la reconstitution sur les lieux.
00:08:54 Et qu'il se passera quand, monsieur le juge?
00:08:56 La semaine prochaine, je pense. Vous serez convoqué.
00:09:04 Continuez, monsieur le sommet.
00:09:05 Mon Dieu, monsieur le juge, je crois avoir tout dit.
00:09:08 J'ai d'abord tiré sur elle.
00:09:10 Combien de balles?
00:09:12 Je ne sais pas. J'aurais sans doute vidé tout le chargeur si Stéphane ne s'était pas ébranlé vers la porte.
00:09:16 Alors là, j'ai braqué mon revolver sur lui et j'ai continué à tirer.
00:09:19 Il est bien tombé dans cette position.
00:09:22 Oui, je crois. Un peu plus en biais, peut-être.
00:09:26 Je ne sais pas.
00:09:30 Un peu plus en biais, peut-être.
00:09:32 Oui, comme ça.
00:09:35 Et après?
00:09:38 Après?
00:09:40 Oui, entre le moment où vous avez fini de tirer et celui où vous avez ouvert au voisin.
00:09:44 J'ai laissé tomber mon arme et je me suis agenouillé auprès de ma femme.
00:09:49 Pour voir si elle vivait encore?
00:09:52 C'est possible, oui.
00:09:57 Et si elle avait vécu? L'auriez-vous achevé?
00:10:00 Mais vous êtes fou! Comment supposez-vous des choses pareilles?
00:10:03 Ce sont des questions, sommet. Et c'est moi qui vous interroge.
00:10:06 Ensuite.
00:10:08 Monsieur le juge, je pense que mon client est à bout de nerfs.
00:10:11 Je vous prie de constater qu'il a fait un loyal effort pour dire la vérité et que...
00:10:14 Mais pas du tout, maître. Je suis à la disposition du juge.
00:10:18 Dans ce cas...
00:10:20 Donc, vous avez regardé le corps de votre femme.
00:10:25 Mais plusieurs minutes se sont passées entre les coups de feu et l'arrivée des voisins.
00:10:27 C'est facile maintenant de parler de minutes.
00:10:30 Mais je vous assure qu'à ce moment-là, je ne pensais pas regarder ma montre.
00:10:34 Plusieurs minutes se sont passées avant que vous n'alliez ouvrir la porte.
00:10:38 C'est bien possible, oui.
00:10:40 Les voisins sont formels.
00:10:42 Bon. Alors, revenons au début.
00:10:47 Vous m'avez dit tout à l'heure avoir pris le revolver dans le tiroir de la table de chevet.
00:10:51 Oui, en effet.
00:10:54 Je vous en prie, ne faites pas ce geste.
00:10:55 Ah oui, mais à ce moment-là...
00:10:59 Ah oui, c'est vrai. Le corps n'était pas là.
00:11:01 Inspecteur, reprenez vos places du début sur le lit.
00:11:04 Bon, voilà. J'ai dû faire comme ça.
00:11:10 Non, refaites tout le trajet depuis votre entrée.
00:11:13 Vous y tenez.
00:11:15 J'y tiens.
00:11:18 Allez-y.
00:11:19 C'est bien ainsi que vous avez fait.
00:11:32 Oui, je crois.
00:11:34 Vous n'avez pas fermé le tiroir.
00:11:36 Je ne pense pas, non.
00:11:38 Vous avez fait ce que vous aviez à faire.
00:11:40 Je ne pense pas.
00:11:42 Vous n'avez pas fermé le tiroir.
00:11:44 Je ne pense pas, non.
00:11:46 Pourtant, d'après l'enquête de police, le tiroir était refermé.
00:11:48 Comment expliquez-vous ça?
00:11:50 Mais je ne l'explique pas.
00:11:52 Comment voulez-vous que je me souvienne d'un si petit détail?
00:11:55 Dommage.
00:11:57 Mais je ne sais pas, moi.
00:11:59 Je l'ai refermé machinalement.
00:12:01 Vous en avez eu le temps?
00:12:03 Je ne sais pas.
00:12:05 Pourquoi ne l'avez-vous pas refait, maintenant?
00:12:07 Ah, monsieur le juge, comment voulez-vous que je vous réponde?
00:12:09 Évidemment.
00:12:12 J'étais comme un fou, à ce moment-là.
00:12:15 J'ai pu me contrôler, je n'aurais pas commis ce crime.
00:12:17 Alors, comment voulez-vous que je me souvienne de mon moindre geste?
00:12:19 Soit.
00:12:21 Acceptons votre version.
00:12:23 Mais c'est la vérité!
00:12:25 Vous maintenez donc avoir été chercher l'arme dans le tiroir de la table de chevet?
00:12:28 Oui, monsieur le juge.
00:12:30 Mais vous ne vous rappelez pas avoir refermé le tiroir?
00:12:33 Non, je ne m'en souviens pas.
00:12:35 Mais c'est possible.
00:12:37 Monsieur le juge, mon client a pu faire ce geste, non pas machinalement, comme il le dit,
00:12:40 mais en se retournant pour braquer son arme.
00:12:42 Essayez donc pour voir.
00:12:43 Oui, c'est possible.
00:13:01 Bon, n'assistons pas.
00:13:08 Pas de questions, monsieur le juge?
00:13:11 Pas de questions, monsieur le substitut?
00:13:12 Oh, à ma foi, non.
00:13:14 Bien, bien. Et vous, maître, pas de questions?
00:13:16 Non plus.
00:13:18 Eh bien, ce sera tout pour aujourd'hui.
00:13:20 Inspecteur, vous pouvez ramener l'inculpé.
00:13:22 Tout ça est affreusement banal, n'est-ce pas, mon cher juge?
00:13:40 Votre impression?
00:13:41 Entre nous, répondez-moi franchement.
00:13:43 Permettez, mon cher substitut.
00:13:45 Je ne vous répondrai qu'en présence de mon avocat.
00:13:47 Pardon, gardien.
00:13:50 Monsieur le greffier, vous me communiquerez le procès verbal, s'il vous plaît.
00:13:54 Dès que je l'aurai tapé, je vais au téléphone, maître.
00:13:56 Merci, vous êtes bien aimable.
00:13:58 C'est naturel.
00:14:09 Gardien, nous allons remettre les scellés.
00:14:11 Merci.
00:14:13 Merci.
00:14:15 [ Bruit de moteur ]
00:14:17 [ Bruit de moteur ]
00:14:18 [ Cri d'un chat ]
00:14:45 [ Bruit de porte ]
00:14:46 Bonjour, monsieur Sommet.
00:14:49 Bonjour.
00:14:51 Alors, quoi de neuf?
00:14:55 Rien. Sinon, nous sommes convoqués chez le juge à 14 heures.
00:14:58 Encore?
00:15:00 Oui.
00:15:01 Mais qu'est-ce que je peux lui dire de plus au juge, moi?
00:15:02 J'ai l'impression qu'il vous croit coupable.
00:15:06 Coupable?
00:15:08 Mais bien sûr que je suis coupable.
00:15:10 J'ai jamais cherché le nez.
00:15:11 Non.
00:15:12 Vraiment coupable.
00:15:15 Qu'est-ce que ça veut dire?
00:15:16 Monsieur Sommet, les faits se sont bien déroulés de la façon dont vous me les avez décrits.
00:15:23 Bah, évidemment.
00:15:25 Ah bon.
00:15:27 Parce que...
00:15:30 Une chose a fait tiquer les enquêteurs.
00:15:32 Et surtout le juge.
00:15:34 Ah oui? Laquelle?
00:15:36 La conduite de votre femme.
00:15:38 Elle sortait peu.
00:15:40 Et avant, elle n'avait jamais reçu de visite suspecte chez vous.
00:15:43 Enfin, elle a quand même reçu Stéphane le jour où je partais en voyage.
00:15:45 Vous êtes parti d'autrefois et elle n'a jamais reçu personne.
00:15:48 Ça, on n'en sait rien.
00:15:50 Si.
00:15:52 Par votre concierge.
00:15:53 Ah, la concierge.
00:15:56 Bah, même si ma femme a reçu Stéphane pour la première fois,
00:16:00 il faut une première fois à tout.
00:16:02 Et le hasard a voulu que je tombe sur cette première fois, c'est tout.
00:16:05 Ah, je voulais vous dire...
00:16:08 Mon comportement pourra vous surprendre dans le bureau du juge d'instruction.
00:16:11 Mais je suis parfois intimidable.
00:16:13 Ne vous inquiétez pas.
00:16:15 Mais je dois cependant vous faire remarquer que M. Lenoir est un homme méticuleux
00:16:18 qui ne laisse échapper aucun détail.
00:16:20 Il est même un peu maniaque.
00:16:23 C'est quand même pas de ma faute si j'ai eu un accident de voiture sur la route
00:16:26 qui m'a forcé à rentrer chez moi d'improviste.
00:16:27 Évidemment.
00:16:29 J'ai voulu prendre le train pour Angers, il n'y en avait pas.
00:16:30 Mais pour ma part, je suis convaincue, M. Sommet.
00:16:32 Vous êtes tellement convaincue que vous me demandez si les fêtes sont bien déroulées, comme je l'ai dit.
00:16:35 Je devais vous poser cette question.
00:16:37 C'est mon métier.
00:16:39 Ah oui, bien sûr, votre métier.
00:16:41 Je vous demande pardon, Maître, mais...
00:16:50 Vous ne me donniez pas une cigarette?
00:16:52 Oui, mais ce sont des américaines.
00:16:54 Vous les aimez?
00:16:55 En général, je préfère les gitanes, mais enfin...
00:16:56 Merci, Mademoiselle.
00:16:59 Dites-moi...
00:17:00 Oui?
00:17:01 Vous savez quel âge?
00:17:02 Mais M. Sommet...
00:17:04 Oui, oui, je sais, je sais que je ne devrais pas vous poser cette question, mais enfin...
00:17:06 Nous ne sommes pas dans un salon.
00:17:08 Et puis, après tout, je ne suis qu'un assassin.
00:17:10 Alors, les convenances...
00:17:12 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:16 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:18 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:20 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:22 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:24 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:27 Je vous demande pardon, M. Sommet.
00:17:28 Vous n'êtes pas un assassin, M. Sommet.
00:17:30 Vous êtes un meurtrier.
00:17:32 Nuance.
00:17:35 Ah, vous ne voulez pas me dire votre âge?
00:17:41 J'ai 27 ans.
00:17:45 Pas mariée, j'ai vu. Mais vous êtes fiancée?
00:17:47 Non.
00:17:49 Et vous vivez seule?
00:17:50 Chez ma mère.
00:17:52 Veuve?
00:17:54 Oui.
00:17:56 Vous avez un petit souvenir?
00:17:57 Ah oui.
00:17:59 Oui, je vois ce que c'est.
00:18:01 Madame, votre mère, tricote sous la bajou rose,
00:18:03 la pendule de bronze qui égrène les quart d'heure,
00:18:05 la pension et les petites rentes insuffisantes,
00:18:07 et tous les beaux souvenirs en photo mis sous verre
00:18:09 dans un appartement vieillot qui est le temple à la femme.
00:18:11 Pourquoi vous me dites ça?
00:18:14 Ah, parce que c'est sûrement vrai.
00:18:16 Et puis que j'ai beaucoup de sympathie pour vous monter.
00:18:18 Je vous en prie, M. Sommet.
00:18:25 Je vous dis, Maitre,
00:18:26 vous manquez d'air.
00:18:28 Vous vous étouffez doucement
00:18:30 dans la ruine de beaux jours qui ne furent pas les vôtres,
00:18:32 mais auxquels vous êtes malgré tout attaché.
00:18:34 N'est-ce pas?
00:18:37 Non, non, croyez-moi, il faut vite couper les ponts avec tout ça.
00:18:40 Et pour commencer, trouver un bon coiffeur.
00:18:42 Je vous choque?
00:18:45 Vous vous moquez de moi et c'est pas très chic.
00:18:47 Vous savez, si vous le voulez, vous pouvez prendre un autre avocat,
00:18:49 la loi vous y autorise.
00:18:51 Mais non, mais non, au contraire, moi je vous dis ça gentiment
00:18:54 et très sympathique, je vous le répète.
00:18:55 Et puis je suis persuadé que vous ferez tout pour me faire acquitter.
00:18:58 Vous faites pas trop d'illusions.
00:19:01 Vous avez tout de même tué deux personnes.
00:19:03 Oui, vous avez raison.
00:19:07 J'ai tout de même tué deux personnes.
00:19:23 M. Semmé, aujourd'hui j'aimerais que vous me parliez de votre voyage à Angers.
00:19:25 Mais je vous en ai déjà parlé, M. le juge.
00:19:28 Eh bien que vous m'en parliez.
00:19:30 Faut que je recommence à te vous raconter.
00:19:32 Oui.
00:19:34 Depuis quand?
00:19:36 Depuis le jour du crime.
00:19:38 Puis votre voyage est courté.
00:19:40 Ah non, pas écourté, M. le juge, stoppé.
00:19:42 Oui, enfin si vous voulez.
00:19:44 Je ne sais pas si je veux, je vous demande pardon.
00:19:46 Mais il m'a semblé que vous étiez sensible aux nuances.
00:19:48 Je vous remercie.
00:19:52 Merci.
00:19:53 Alors...
00:19:57 Bon, alors je suis parti de chez moi vers 7h à peu près.
00:20:02 Votre femme dormait?
00:20:05 Oui, mais je l'ai réveillée pour lui dire au revoir.
00:20:07 Ça me paraît normal, non?
00:20:09 Ensuite?
00:20:11 Ensuite j'ai pris ma valise, je suis allé à mon garage prendre ma voiture, puis j'ai pris l'autoroute.
00:20:15 Vous ne vous êtes pas arrêté en cours de route?
00:20:20 Non, j'ai arrêté au moment de l'accident, M. le juge.
00:20:21 Mais pas entre temps?
00:20:23 Non.
00:20:25 Vous en êtes bien sûr?
00:20:27 Oui.
00:20:29 Voyons, M. Sommet, faites un effort, essayez de vous rappeler.
00:20:34 Un petit coup de téléphone.
00:20:38 Ah oui, j'ai téléphoné à Stéphane justement.
00:20:44 Justement.
00:20:49 Je l'ai oublié.
00:20:50 Mais c'est un cas extraordinaire, tellement d'événements se sont passés depuis...
00:20:53 Pourtant, un coup de téléphone à quelqu'un d'autre je comprendrais.
00:20:57 Mais à votre victime?
00:21:00 À ce moment-là c'était encore un ami à qui je téléphonais.
00:21:05 Pourquoi l'avez-vous appelé?
00:21:08 Pour une bêtise.
00:21:13 Mais vous avez pourtant exigé de son domestique qu'il le réveille.
00:21:18 Oui, c'est vrai. Mais ça n'a rien à voir.
00:21:20 Quelques jours auparavant, j'avais dit à Stéphane que j'allais à Angers pour un affaire.
00:21:25 Il était assez gourmand, il m'a demandé de lui rapporter un certain pâté qu'on fabrique là-bas.
00:21:29 Et alors?
00:21:32 Alors j'avais oublié le nom de ce pâté.
00:21:34 Je vous dis, c'est idiot.
00:21:36 Alors j'ai téléphoné pour lui demander.
00:21:38 Bien. Quel est ce nom?
00:21:41 Ça, si vous croyez que maintenant je m'en souviens.
00:21:46 Vous dites-vous, M. le juge, que ce nom est de l'importance?
00:21:48 Bien, naturellement, maître, puisque je le demande à l'inculpé.
00:21:51 Vous conviendrez avec moi qu'il est assez surprenant que M. Sommet se soit arrêté en cours de route pour téléphoner.
00:21:57 Et demander le nom d'un certain pâté à sa victime.
00:22:00 Mais à ce moment-là, M. le juge, j'ignorais que cet ami était l'amant de ma femme.
00:22:05 Soit. Vous avez téléphoné d'où?
00:22:09 D'un bureau de poste.
00:22:11 Ah, vous partiez pour traiter une affaire très importante et vous avez tout de même songé à...
00:22:15 Oui. Il m'est arrivé souvent, au cours de mes voyages, de rapporter à ma femme et à mes amis des cadeaux.
00:22:20 C'est une façon comme une autre de concevoir les rapports humains. C'est tout.
00:22:23 Ben oui, c'est tout. Bien sûr.
00:22:26 Chacun à sa conception, hein?
00:22:29 Bon. Eh bien, nous allons rédiger notre procès-verbal.
00:22:33 M. le greffier, vous y êtes?
00:22:36 Je suis sorti de chez moi à 7 heures du matin.
00:22:42 Ma femme dormait encore.
00:22:45 Je l'ai réveillé pour lui dire au revoir.
00:22:50 Bonjour.
00:23:07 Ah ben, vous au moins, vous écoutez les conseils qu'on vous donne.
00:23:09 Pourquoi?
00:23:11 Vous commencez enfin à respirer.
00:23:14 Comme ça, vous vaut mieux de paraître votre âge, si vous le saviez.
00:23:18 Surtout que... vous êtes ravissante.
00:23:22 Je vous en prie.
00:23:24 Ah, mais il n'y a pas de quoi.
00:23:26 Vous ne moquez pas de moi.
00:23:28 Mais je ne moque pas de vous, tout de suite.
00:23:30 Oui, oui.
00:23:32 Alors, allons-y, Sylvie, pas de complexe.
00:23:35 M. Sommet, je pense qu'il est anormal que vous m'appeliez par mon prénom.
00:23:38 Oh, pardon, maître.
00:23:41 Excusez-moi.
00:23:43 J'essayais de détendre un peu l'atmosphère, mais...
00:23:46 Enfin.
00:23:49 Je ne demande pas mieux d'être une amie, mais n'exagérez pas.
00:23:52 Ça, c'est gentil.
00:23:57 C'est vous qui ne m'êtes pas avec moi.
00:24:01 Alors, bon.
00:24:04 Pourquoi vous ne m'avez pas parlé du fameux coup de téléphone ?
00:24:06 Ah, vous aussi ? Mais je vous répète que je l'avais oublié.
00:24:09 C'est très grave pour vous, vous êtes oublié.
00:24:11 Le juge...
00:24:13 Le juge ? Il a très bien compris mon explication.
00:24:15 En apparence, oui.
00:24:17 Mais il va faire contrôler vos déclarations de très près.
00:24:20 Ah, oui ?
00:24:23 C'est pourquoi vous devez tout me dire à moi, votre avocat.
00:24:25 Mais je n'ai rien à vous dire de plus à ce sujet.
00:24:28 Écoutez, dans votre intérêt, je vous en conjure.
00:24:33 Mais non ! Non, je vous assure.
00:24:34 Tant pis pour vous.
00:24:39 Bon, et bien, puisque vous n'avez rien d'autre à me dire...
00:24:46 Si, j'ai quelque chose à vous dire.
00:24:47 J'ai de la veine que la justice m'ait donné un avocat comme vous.
00:24:49 Dites-moi...
00:24:54 Vous avez un avocat ?
00:24:57 Oui.
00:24:59 Et vous, vous avez un avocat ?
00:25:01 Oui.
00:25:03 Et vous, vous avez un avocat ?
00:25:05 Oui.
00:25:07 Et vous, vous avez un avocat ?
00:25:09 Oui.
00:25:11 Et vous, vous avez un avocat ?
00:25:13 Oui.
00:25:16 Merci pour les cigarettes.
00:25:17 Et puis...
00:25:25 Quoi d'autre ?
00:25:27 Je vous aime bien, vous savez.
00:25:36 Je vous aime bien, vous savez.
00:25:37 Samed !
00:26:04 Samed !
00:26:05 Asseyez-vous.
00:26:16 Merci.
00:26:18 Monsieur Samed, aujourd'hui, j'ai deux questions précises à vous poser.
00:26:28 Oui.
00:26:32 Lorsque vous êtes entré dans la chambre, vous m'avez dit que votre femme et votre ami s'embrassaient.
00:26:36 Oui.
00:26:39 Oui. Vous n'avez rien remarqué sur le visage de...
00:26:42 Stéphane !
00:26:44 Il était un peu barbouillé de rouge à lèvres, je crois.
00:26:48 C'est justement ce qui nous déconcerte.
00:26:51 Ah ? Pourquoi ?
00:26:53 Parce qu'une expertise que j'ai ordonnée sur ce point...
00:26:58 nous a prouvé que le rouge à lèvres...
00:27:00 trouvé sur le visage de votre ami Stéphane...
00:27:02 n'était pas celui que portait votre femme au moment de sa mort.
00:27:06 C'est curieux.
00:27:10 C'est surtout troublant.
00:27:13 Monsieur le juge, dans sa déclaration, mon client a dit qu'en rentrant chez lui, il a entendu des rires provenant de la chambre.
00:27:20 Et alors ?
00:27:23 Pourquoi ne pas imaginer qu'à cet instant, Mme Sommet s'amusait à barbouiller de rouge à lèvres le visage de son complice ?
00:27:28 Ce sont là des jeux d'amoureux qui...
00:27:29 Oui, merci maître.
00:27:31 Deuxième question.
00:27:34 Monsieur Sommet, vous n'étiez pas au courant de cette liaison de votre femme ?
00:27:38 Bien sûr que non.
00:27:40 Et donc vous n'avez jamais eu en main les lettres qu'elle a reçues de son amant ?
00:27:44 Non.
00:27:46 Jamais ?
00:27:48 Jamais avant l'enquête, non.
00:27:53 Pourtant, il y a des traces de poudre sur ces lettres trouvées dans son scritaire.
00:27:58 Ainsi qu'une partie de l'empreinte de votre pouce droit, qui a été produit par un peu d'huile provenant du révolver.
00:28:05 Vous savez que lorsqu'un homme a tiré un main nu, il conserve très longtemps des molécules de poudre sur les doigts.
00:28:13 Vous avez oublié cela, Sommet.
00:28:16 J'attends votre réponse.
00:28:20 Mais je n'ai rien à dire, monsieur le juge.
00:28:22 Sinon que j'aurais fait énergiquement vos sous-entendus.
00:28:24 Vous appelez ça des sous-entendus ?
00:28:26 Mais ce sont des preuves, Sommet.
00:28:28 Des preuves !
00:28:30 En voulez-vous d'autres ?
00:28:32 Veuillez entrer, je vous prie.
00:28:38 Asseyez-vous, monsieur.
00:28:46 Monsieur Ringuyen, voulez-vous reprendre votre travail ?
00:28:51 Monsieur Ringuyen, voulez-vous reprendre votre travail sur la communication téléphonique de monsieur Sommet ?
00:28:56 Il était un peu plus de 8 heures.
00:28:59 Monsieur Sommet m'a demandé de parler à mon maître.
00:29:02 Je lui ai répondu que mon maître dormait encore.
00:29:07 Il m'a dit de le réveiller.
00:29:09 C'est ce que j'ai fait.
00:29:11 Monsieur a pris la communication dans la chambre pendant que j'ouvrais les volets.
00:29:16 Je l'ai entendu demander à quelle heure venez-vous.
00:29:20 Vous notez, Sommet.
00:29:21 Poursuivez, monsieur Ringuyen.
00:29:26 Ces messieurs ont parlé.
00:29:28 Naturellement, je n'entendais pas ce que disait monsieur Sommet.
00:29:33 Mon maître faisait des "bon", "bien", "entendu".
00:29:38 Et puis, il a raccroché.
00:29:40 Il semblait surpris.
00:29:42 Surpris, dites-vous.
00:29:44 Et qu'a-t-il ajouté ?
00:29:46 Il a dit "ça alors, moi qui suis un homme,
00:29:49 ça alors, moi qui n'avais pas envie de sortir aujourd'hui".
00:29:51 Vous entendez, Sommet ?
00:29:53 Au cours de la conversation,
00:29:56 votre maître a-t-il prononcé un nom de pâté ?
00:29:59 Un nom de quoi ?
00:30:01 Un nom de pâté.
00:30:03 Monsieur Sommet prétend lui avoir demandé le nom d'un certain pâté qu'on fabrique, paraît-il, à Angers.
00:30:09 Je n'ai pas tout entendu.
00:30:18 Très bien, je vous remercie, monsieur Linguyen. Ce sera tout pour aujourd'hui.
00:30:21 Un instant, je vous prie.
00:30:23 Monsieur le greffier, vous y êtes ?
00:30:26 Le procès-verbal de la confrontation entre monsieur Sommet et monsieur Linguyen témoigne.
00:30:33 Il déclare...
00:30:35 "Il était un peu plus de 8 heures.
00:30:39 Monsieur Sommet a demandé à parler à mon maître.
00:30:43 ...
00:31:11 Sommet, à partir d'aujourd'hui, je vous préviens que l'inculpation dont vous faites l'objet est celle d'assassinat.
00:31:16 C'est-à-dire de meurtre avec préméditation.
00:31:19 Et j'entends le démontrer.
00:31:21 Monsieur le juge, permettez-moi de prendre acte de vos paroles, car elles constituent une sorte de menace.
00:31:31 Allons, allons, allons. Maître, je crois que vous dramatisez.
00:31:35 Absolument pas. Je prends vos termes à la lettre, simplement.
00:31:40 Ce que vous instruisez est des plus clairs, monsieur le juge.
00:31:42 Monsieur Sommet, rentrant fortuitement chez lui...
00:31:45 J'insiste sur le mot, car vous ne pouvez le contester.
00:31:48 Rentrant fortuitement chez lui, a trouvé sa femme dans les bras de l'un de ses amis.
00:31:51 Il a perdu son sang-froid et il a tiré.
00:31:54 Savoir comment et dans quelles conditions, c'est ce que vous avez à déterminer.
00:31:58 Seulement vous, vous vous appliquez à monter une affaire de préméditation.
00:32:01 Je monte une affaire de préméditation, moi ?
00:32:03 Vous venez de le dire, monsieur le juge.
00:32:05 J'ai dit que j'avais la conviction que cette affaire était moins nette qu'il n'y paraissait à première vue.
00:32:09 Pardon, monsieur le juge. Vous avez bien prononcé le mot de préméditation.
00:32:13 Parfaitement, maître.
00:32:15 Pourquoi voulez-vous me dire que Sommet n'a-t-il pas mentionné ce coup de téléphone ?
00:32:19 Il est inconcevable qu'il ne s'en soit pas souvenu.
00:32:21 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
00:32:23 Et puis, tout ça a si peu d'importance.
00:32:26 D'où vient que le domestique n'ait pas entendu le nom de ce soi-disant pâté ?
00:32:30 Cet homme est asiatique. Il n'aura pas pris garde à un mot qu'il ne connaissait pas.
00:32:34 Il nous a dit que pendant le coup de téléphone, il vaquait à ses occupations.
00:32:38 Entendons l'oreille, comme la plupart des domestiques.
00:32:40 Pourquoi la victime vous a-t-elle dit "à quelle heure venez-vous" ?
00:32:45 Si vous le permettez, je crois plutôt qu'il m'a dit en réalité "à quelle heure revenez-vous".
00:32:50 Mais je n'en suis pas sûr.
00:32:52 Et que lui avez-vous répondu ?
00:32:54 Que je coucherai à Angers.
00:32:56 Et les paroles qu'il a dites après le coup de téléphone ?
00:33:01 Moi qui n'avais pas envie de sortir aujourd'hui.
00:33:05 Hein ?
00:33:07 Qu'est-ce que vous en déduisez ?
00:33:08 Rien.
00:33:10 Qu'est-ce que vous voulez que je vous réponde ?
00:33:12 Eh bien, je vais vous dire ce que j'en déduis, moi, à sa main.
00:33:16 C'est que vous lui avez fixé rendez-vous à votre domicile.
00:33:20 Non, puisque je partais.
00:33:23 Pourquoi a-t-il dit ça, alors ?
00:33:26 Oh, ça !
00:33:28 Mais ça me paraît l'évidence même, monsieur le juge.
00:33:31 Ce coup de téléphone a dit qu'il s'absentait.
00:33:35 Celui-ci a pensé que la voie était libre et qu'il allait pouvoir rejoindre sa maîtresse.
00:33:38 Et il baillait d'ennui.
00:33:40 C'est peu flatteur pour la mémoire de Mme Sommet.
00:33:44 Qui vous a dit que cette remarque faite à lui-même dénotait un ennui quelconque ?
00:33:49 Le témoin n'a pas forcément reproduit le ton de la phrase entendue.
00:33:53 Votre interprétation est toute personnelle, monsieur le juge.
00:33:57 Bon, bon, bon, je n'insiste pas, maître. Je n'insiste pas.
00:34:00 Eh, Martineau !
00:34:02 -Vous y êtes ? -Oui, monsieur le juge.
00:34:04 Je dicte.
00:34:05 En entrant dans la chambre accouchée,
00:34:09 j'ai remarqué
00:34:12 que le sieur Stéphane Roussel
00:34:16 était barbouillé de rouge à lèvres.
00:34:23 Un instant, messieurs.
00:34:24 Les choses se gâtent, monsieur Sommet. Vous le comprenez bien.
00:34:28 -Ah oui, ça, je l'avais compris. -Oh non, pas d'ironie, je vous en prie.
00:34:31 La preuve est faite que vous ne m'avez pas tout dit.
00:34:33 Demain, je viens vous voir.
00:34:36 Réfléchissez bien. Il faut me mettre au courant de tout.
00:34:39 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:41 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:43 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:45 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:47 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:49 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:51 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:52 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:54 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:56 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:34:58 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:00 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:02 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:04 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:06 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:08 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:10 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:12 -Vous voulez que je vous parle ? -Non, non, non.
00:35:15 -Laissez-moi vous dire tout de suite que je vous remercie pour tout, quoi qu'il arrive.
00:35:25 ...
00:35:54 ...
00:36:03 -Ah, M. le juge, moi, je crois que si vous aviez insisté un peu plus, Sommet se mettait à table.
00:36:07 -Eh bien, moi, je n'en ai pas l'impression.
00:36:10 Il n'a pas encore assez d'appétit pour ça.
00:36:13 -Puis son avocate était déchaînée, hein.
00:36:16 -Non, je préférais garder mes dernières cartouches pour plus tard.
00:36:20 -Elle m'a épaté, moi, la petite. Elle s'y calme d'habitude. Qu'est-ce qui lui a pris ?
00:36:24 -Sait-on jamais avec les femmes, elles sont si impulsives.
00:36:27 -C'est pas comme Sommet, hein. Lui, il a drôlement la tête sur les épaules, hein.
00:36:32 -Je ne suis pas sûr qu'il la garde longtemps dans cette position.
00:36:37 -Et alors, vraiment, M. le juge, vous êtes persuadé qu'il a tout manigancé ?
00:36:42 -Non, je n'en suis pas absolument sûr.
00:36:47 Mais j'en ai la conviction la plus formelle.
00:36:50 -Eh bien alors, M. le juge, il n'y a pas seulement trois sortes de cocus, comme on disait l'autre jour.
00:36:54 Il y en a une quatrième qu'on avait oubliée. -Laquelle ?
00:36:58 -Les faux cocus.
00:37:00 -Ah oui, Martineau. Heureusement qu'il y en a peu de cette sorte.
00:37:04 C'est la plus inquiétante quand elle va jusqu'au crime.
00:37:08 -Quelle pastisante.
00:37:15 -Si vous m'aviez tout dit, au moins j'aurais pu prévenir les investigations ordonnées par le juge.
00:37:19 -Et après ? -J'aurais pu mieux vous défendre.
00:37:22 Tandis que comme ça...
00:37:24 -Ah oui, comme ça, ça paraît mal parti.
00:37:27 -Peut-être.
00:37:29 Mais pour le juge, vous n'avez pas commis un meurtre, vous avez commis un assassinat.
00:37:34 -Celui-là, alors, quel emmerdeur. Pardon.
00:37:36 Je veux dire que depuis le départ, il était contre.
00:37:38 Il était décidé de ne pas croire à moi, de ce que je disais, alors.
00:37:41 -Mais que voulez-vous ? Les apparences sont contre vous, M. Sommet.
00:37:44 Cette histoire de rouge à lèvres, la lettre avec vos empreintes,
00:37:47 et le fameux coup de téléphone que vous avez soi-disant oublié.
00:37:50 -Mais c'est vrai, puisque je vous le dis, bon Dieu !
00:37:52 -Mais même si c'est vrai, convenez que c'est assez troublant pour un juge d'instruction.
00:37:55 -Voyons. Même si j'étais vraiment coupable avec préméditation, comme il le prétend,
00:38:03 je n'aurais pas eu la bêtise de téléphoner à ma future victime.
00:38:05 Ça aurait été un peu idiot, non ?
00:38:07 -Sans doute.
00:38:09 Mais peut-être n'y avez-vous songé qu'aujourd'hui.
00:38:13 -Ah bon ? Parce que maintenant, vous aussi, vous croyez que...
00:38:16 -Ne m'en veuillez pas, mais maintenant que je vous connais mieux,
00:38:21 je pense que vous n'êtes pas le genre d'homme qui saute sur un revolver
00:38:26 en surprenant sa femme dans les bras d'un autre.
00:38:28 -Vous avez trouvé ça toute seule ?
00:38:30 -Oui, et je ne suis pas la seule à l'avoir trouvé.
00:38:33 Voilà le malheur.
00:38:35 Le juge a eu la même impression, et dès le premier jour, lui.
00:38:40 -Ce qui veut dire que maintenant, vous êtes persuadée que je peux être vraiment un assassin.
00:38:44 -Pourquoi pas ?
00:38:48 -Il y ait du courage.
00:39:02 -Ah non, pas tout de suite.
00:39:04 C'est ce qu'on dit à l'aube du dernier jour, ça.
00:39:08 -Je vous demande pardon, j'aurais pas dû dire ça, je le reconnais.
00:39:11 -C'est votre première affaire d'assises ?
00:39:29 -Hm ?
00:39:32 -Oui.
00:39:34 -Vous avez été à l'hôpital, vous avez été à l'hôpital.
00:39:37 -Hm ?
00:39:38 -Oui.
00:39:40 -Et naturellement, vous avez encore plus peur que moi.
00:39:44 -Peut-être.
00:39:46 Mais je ferai tout ce que je pourrai pour vous défendre.
00:39:49 -Même en me croyant coupable d'assassinat.
00:39:58 -Même comme ça, je ferai l'impossible pour vous sauver.
00:40:03 -Permettez-moi de vous dire que...
00:40:05 je vous admire.
00:40:08 Et puis...
00:40:14 je vous aime bien, vous savez.
00:40:19 -Je vous aime bien, vous savez.
00:40:21 -Aujourd'hui, sommet, avant de vous interroger,
00:40:35 je vous demande de m'écouter attentivement.
00:40:38 -Oui, M. le juge.
00:40:40 -Je tiens à faire le point après nos différents interrogatoires
00:40:44 et à vous informer de mes déductions.
00:40:48 Bernard Sommet, vous avez tout organisé, tout prémédité.
00:40:53 -Non. -Tout.
00:40:55 La mort de votre ami, celle de votre femme.
00:40:58 Vous avez simulé un flagrant délit d'adultère.
00:41:01 -C'est faux.
00:41:03 -Vous avez convoqué votre ami par un coup de téléphone
00:41:06 avant de quitter Paris, car vous étiez sûr de rentrer inopinément.
00:41:09 -Ce n'est pas vrai.
00:41:11 -Voilà ce que nous avons découvert dans la corbeille à papier de votre bureau.
00:41:15 Cet horaire de chemin de fer,
00:41:17 avec des marques au crayon à la page de Rambouillet,
00:41:20 en face de l'heure du train par lequel vous êtes justement rentré à Paris.
00:41:24 -Là, nous tombons en plein roman feuilleton.
00:41:26 -Du roman feuilleton, si vous voulez.
00:41:28 Mais du roman feuilleton qui retrace la vérité.
00:41:32 Donc, vous avez simulé le fameux accident à Rambouillet
00:41:36 et vous avez pris le train prévu pour rentrer à Paris.
00:41:38 Chez vous, vous avez trouvé votre femme en compagnie de Stéphane,
00:41:41 convoquée par votre coup de téléphone.
00:41:44 Vous vous êtes laissé sous la menace de votre revolver
00:41:46 à passer dans votre chambre, à se dévêtir,
00:41:49 et froidement, vous les avez tués.
00:41:51 Ensuite, vous avez barbouillé de rouge à lèvres la figure de votre ami Stéphane,
00:41:55 en vous trompant de rouge, d'ailleurs,
00:41:57 et vous avez mis dans le secrétaire les lettres que vous aviez apportées,
00:42:00 en y laissant vos empreintes.
00:42:02 Alors, qu'est-ce que vous dites de ça ?
00:42:06 -Rien.
00:42:08 Je n'y...
00:42:10 Je n'ai pas votre imagination.
00:42:13 Je n'y ai un point, c'est tout.
00:42:15 Je suis innocent.
00:42:17 -Innocent ?
00:42:19 -Oui.
00:42:21 Du moins, en ce qui concerne cette préméditation
00:42:23 que vous vous acharnez à vouloir démontrer à tout prix.
00:42:25 -Oui, ça, c'est ce que vous assoufflez, votre défenseur.
00:42:27 -Non.
00:42:29 Personne n'a eu à me souffler une réaction normale.
00:42:31 -Mais ce n'est pas une preuve de votre innocence.
00:42:33 -M. le juge, ce n'est pas à mon client de faire la preuve de son innocence.
00:42:36 C'est à vous de faire d'abord la preuve de sa culpabilité.
00:42:38 -Des preuves ?
00:42:42 -Oui, j'en ai pas mal. J'en ai d'autres, voyons.
00:42:43 Revoyez votre dossier, maître.
00:42:45 Sommeil, cet an dernier, vous rendiez de fréquentes visites à votre ami.
00:42:50 -Ma foi, oui.
00:42:52 Et alors ? Un ami n'est-il pas avant tout quelqu'un qu'on voit souvent ?
00:42:56 -Oui, bien sûr.
00:42:58 Seulement un détail nous choque.
00:43:00 Mais il y a encore un, voyez-vous.
00:43:02 Lors de ces visites, vous portiez un pansement à la main droite.
00:43:06 Il faut vous dire du domestique.
00:43:08 -C'est bien possible.
00:43:11 -Vous avez été très fort de chez lui.
00:43:12 A cette époque, votre entourage est formel.
00:43:14 Vous n'en portiez ni chez vous ni à votre bureau.
00:43:16 -J'avoue, je ne comprends rien à ce que vous racontez.
00:43:21 -Moi, si.
00:43:25 Et je vais vous l'expliquer.
00:43:27 Vous avez fait semblant d'être blessé à la main droite vis-à-vis de votre ami Stéphane.
00:43:31 Et vous lui avez demandé d'écrire les lettres en question.
00:43:38 -M. le juge, permettez-moi de vous dire que vous me racontez un roman policier.
00:43:41 -Mais je vous raconte celui que vous avez conçu vous-même.
00:43:44 Stéphane écrivait ses lettres à votre demande.
00:43:47 Et pour vous rendre service.
00:43:49 Mais on vous a vu faire.
00:43:51 D'ailleurs, elles sont toutes signées d'une formule.
00:43:53 Celui qui t'attend, celui qui t'aime et jamais d'un prénom.
00:43:56 Ce qui confirme amplement ce que j'avance.
00:43:58 Alors...
00:44:02 Vous n'y êtes toujours.
00:44:05 -Je suis bien forcé, puisque ce n'est pas vrai.
00:44:07 -Tout ça est de la plus haute fantaisie.
00:44:09 -C'est très sérieux, au contraire.
00:44:12 -Je vous répète, M. le juge, que je n'ai pas prémédité mon geste.
00:44:16 Je dis la vérité.
00:44:18 Maintenant, je ne dirai plus un mot.
00:44:20 -Bon.
00:44:23 Et même lorsque je vous aurais dit qu'on a trouvé trace de gros versements d'argent à votre compte en banque...
00:44:34 En même temps que les débits correspondants au compte de votre ami Stéphane...
00:44:37 Et cela à plusieurs reprises...
00:44:42 Il vous avait prêté de grosses sommes.
00:44:46 De très grosses sommes.
00:44:50 Plusieurs millions.
00:44:54 Et votre compte prouve que vous n'étiez pas en mesure de les lui rendre.
00:44:59 -Sommeil, vous avez tué pour de l'argent.
00:45:05 Vous avez voulu faire croire au crime passionnel, mais c'est un crime crapuleux.
00:45:09 -Alors...
00:45:12 Vous ne dites rien?
00:45:14 -Non.
00:45:16 -Je suis sûr que votre ami est venu chez vous avec les reçus.
00:45:22 Qu'en avez-vous fait?
00:45:24 Qu'en avez-vous fait?
00:45:25 Vous ne répondez pas.
00:45:31 Après les détonations, les voisins se rappellent parfaitement avoir entendu fonctionner la chasse d'eau de votre appartement.
00:45:38 Alors à tout hasard, j'ai fait sonder la tuyauterie du Tout-à-l'Ego.
00:45:42 Nous aurons bientôt une preuve de plus.
00:45:45 Alors...
00:45:53 Vous n'y êtes toujours pas?
00:45:54 -Oui.
00:45:57 -Vous avez tort.
00:46:00 Parce que maintenant, j'en suis sûr.
00:46:03 Vous n'êtes pas un meurtrier, vous êtes un assassin.
00:46:07 (Cloches)
00:46:09 -Si c'est ça, vous avez commis un crime abominable.
00:46:24 -Oui.
00:46:26 Vous êtes juste, l'avocat.
00:46:28 -Même un avocat peut porter un jugement sur son client.
00:46:31 Surtout en particulier.
00:46:33 -Très juste.
00:46:35 -Si vous avez réellement commis ce crime...
00:46:38 A partir de maintenant, il faut nier.
00:46:41 Ou vous taire.
00:46:44 C'est la seule règle de conduite à adopter.
00:46:48 -Mais vous avez raison, c'est un conseil fort judicieux.
00:46:51 -Écoutez, malgré tout, je crois comprendre.
00:46:57 Vous avez tenté quelque chose d'énorme, de monstrueux...
00:47:05 Pour essayer de vous sortir de vous-même.
00:47:07 Vous savez...
00:47:11 Moi non plus, j'ai jamais cru à votre demi-innocence.
00:47:14 J'ai toujours senti que c'était beaucoup plus compliqué.
00:47:19 -Tout en effet, un peu plus compliqué.
00:47:21 -Vous avez voulu vous libérer.
00:47:25 Et vous êtes allé jusqu'au bout.
00:47:27 Et maintenant... -Non, c'est de la littérature.
00:47:33 -Vous savez que maintenant, je vais payer.
00:47:34 -Sans doute.
00:47:36 -Vous pensez donc qu'il n'y a plus aucun espoir ?
00:47:39 -Il y a toujours de l'espoir.
00:47:42 -Ça, ça se chante.
00:47:44 -Quoi ? -Rien.
00:47:46 -Si j'avais une idée, mon Dieu !
00:47:49 -En tout cas, n'avoue jamais.
00:47:51 Faudra tout nier, de façon à jeter le doute dans l'esprit des jurés.
00:47:54 -Des jurés ?
00:47:57 Les juges auront vite fait de leur enlever ce doute.
00:48:00 -C'est la seule chance.
00:48:02 Faudra vous y cramponner comme votre dernière planche de salut.
00:48:04 -Sylvie...
00:48:15 Ce que je vais vous dire...
00:48:20 va vous paraître invraisemblable, faux, inventé.
00:48:24 Seulement, il se trouve que je suis sincère.
00:48:28 Tout le monde peut faire des bêtises.
00:48:32 Des bêtises graves, je veux dire.
00:48:33 J'en ai fait quelques-unes.
00:48:36 Je suis loin d'être un saint.
00:48:38 Seulement...
00:48:42 Depuis que je vous connais, je me suis mis à espérer.
00:48:45 À espérer l'acquittement.
00:48:48 Et cet espoir est né à cause de vous.
00:48:51 Si ?
00:48:53 Tout ça, je n'ai rien à perdre.
00:48:55 Seulement, je n'ai pas envie de vous perdre.
00:48:58 -Taisez-vous.
00:48:59 -Non.
00:49:02 Maintenant, j'ai envie de vivre.
00:49:05 De vivre pour vous.
00:49:07 J'ai aimé ma femme...
00:49:16 Quand j'avais 20 ans.
00:49:19 Quand on s'est mariés.
00:49:22 Et puis...
00:49:26 Avec les années...
00:49:27 On s'est rendu compte qu'on s'était trompés.
00:49:30 Enfin...
00:49:32 Qu'on n'était pas tellement faits pour vivre ensemble.
00:49:34 Alors, vous imaginez la suite.
00:49:38 On a continué, mais...
00:49:41 Chacun de son côté.
00:49:44 Elle a eu un amant.
00:49:48 Et puis un autre.
00:49:51 Et puis...
00:49:54 Et puis un autre.
00:49:55 Moi, certains soirs...
00:49:58 Je ne rentrais pas à la maison.
00:50:00 Alors, je me suis mis à détester de toutes mes forces.
00:50:05 Comme si elle était seule responsable.
00:50:08 J'étais jaloux comme un gosse.
00:50:12 Malheureux.
00:50:14 Alors...
00:50:20 J'ai voulu emprunter de l'argent.
00:50:23 Pour elle.
00:50:24 Pour la reconquérir.
00:50:26 Vous savez comment ça a fini.
00:50:31 Mon Dieu, quel désastre.
00:50:34 Je vous ai rencontrés ici.
00:50:40 Je me suis moqué de vous.
00:50:43 Je vous ai mis en boîte.
00:50:46 Mais c'était pour ne pas m'attendrir.
00:50:49 Parce que vous ne savez pas ce que j'ai pu penser avant.
00:50:50 Tout seul, le jour, la nuit.
00:50:53 Dans ma cellule.
00:50:55 C'est fou ce qu'on a le temps.
00:50:57 Taisez-vous, je vous en supplie.
00:51:00 Sylvie.
00:51:07 Puisqu'il paraît que je suis un homme perdu.
00:51:09 Laissez-moi vous dire.
00:51:13 Que je vous aime.
00:51:15 Que je vous aime.
00:51:18 Que je vous aime.
00:51:19 Et pardonnez-moi.
00:51:22 Je vous pardonne.
00:51:25 Et je vais vous sauver.
00:51:27 Ma vie est entre vos mains.
00:51:32 - C'est bon.
00:51:33 - Je vous en supplie.
00:51:35 - Je vous en supplie.
00:51:37 - Je vous en supplie.
00:51:39 - Je vous en supplie.
00:51:41 - Je vous en supplie.
00:51:43 - Je vous en supplie.
00:51:45 - Je vous en supplie.
00:51:47 - Je vous en supplie.
00:51:49 - Je vous en supplie.
00:51:51 - Je vous en supplie.
00:51:53 - Je vous en supplie.
00:51:55 - Je vous en supplie.
00:51:57 - Je vous en supplie.
00:52:00 - Je crois que nous l'avons, la preuve décisive.
00:52:02 - Et irréfutable.
00:52:04 - Ce fragment est assez éloquent pour confondre notre homme d'une façon totale.
00:52:07 - Ça, M. le juge, vous êtes extraordinaire.
00:52:10 S'il ne se dégonfle pas devant un tel document,
00:52:12 je me demande comment il s'en tirera après ce coup-là.
00:52:15 - Vous savez, mon cher Martino,
00:52:17 la vérité est quelquefois difficile à démasquer.
00:52:19 D'un côté, des preuves accablantes.
00:52:22 De l'autre, ce ton de sincérité dans tout ce qu'il dit.
00:52:24 Cette espèce de tranquillité, même quand il ironise.
00:52:29 - Oui, je doute qu'il s'en tire.
00:52:30 Ou alors, ce serait pas désespéré.
00:52:33 - Et vous avez averti son défenseur ?
00:52:35 - Non, pas encore.
00:52:37 Mais nous allons le faire. Pour quelle heure était la convocation ?
00:52:39 - 5 heures.
00:52:41 - Je me demande ce qu'il a encore trouvé, ce juge de malheur.
00:52:46 - Soyez tranquilles, il doit m'en avertir
00:52:48 afin que nous puissions répondre en connaissance de cause.
00:52:50 - Moi, ça m'est égal, de toute façon.
00:52:52 Parce que je nie ou je ne dis rien. C'est bien ça, hein ?
00:52:54 - Oui, c'est ça.
00:52:57 - Maître Foucault, s'il vous plaît.
00:52:58 M. le juge voudrait vous voir avant l'interrogatoire.
00:53:01 - Mes respects, M. le juge.
00:53:10 - Bonjour, mon cher maître. Veuillez vous donner la peine de vous asseoir, je vous en prie.
00:53:13 Nous voici à l'aboutissement de l'instruction.
00:53:17 Et je tenais, avant d'interroger une dernière fois votre client,
00:53:20 à vous montrer la preuve définitive qui nous manquait jusqu'à présent, mon cher.
00:53:25 J'ai consulté l'expert par acquis de conscience.
00:53:27 La signature est authentique.
00:53:30 De plus, le lieu de notre retrouvaille nous donne la certitude de la préméditation.
00:53:34 Comme j'en avais depuis longtemps, la conviction est plus formelle.
00:53:37 Maître, si vous voulez avertir votre client
00:53:41 et le conseiller avant l'interrogatoire sur l'attitude que vous décidez de prendre...
00:53:45 - C'est inutile, M. le juge.
00:53:48 Ce document ne changerait en rien l'attitude de mon client.
00:53:51 Vous pouvez le voir.
00:53:54 - Ah bon? Comme vous voudrez.
00:53:56 Je voulais simplement vous donner la possibilité de voir votre client, comme il est de règle.
00:54:01 Enfin, si vous considérez que c'est inutile...
00:54:04 M. le greffier, faites entrer l'inculpé, je vous prie.
00:54:07 - Sommeil!
00:54:11 - Asseyez-vous.
00:54:22 Asseyez-vous.
00:54:24 J'ai voulu vous voir aujourd'hui, sommet, pour vous montrer la preuve irréfutable de votre culpabilité...
00:54:36 en ce qui concerne la préméditation.
00:54:39 La voici.
00:54:42 Une preuve matérielle indiscutable.
00:54:45 Un fragment de reçu de plusieurs millions.
00:54:48 Il y a un S à millions.
00:54:51 Et signé de votre propre main.
00:54:53 Retrouvé, vous savez où.
00:54:55 Alors...
00:54:58 Qu'avez-vous à répondre?
00:55:01 Je pense que vous avez réfléchi...
00:55:10 et que vous avez compris combien il serait vain de nier maintenant.
00:55:14 Vous ne voulez pas répondre?
00:55:19 Vous ne voulez pas répondre?
00:55:20 Sommet, je vous demande de passer aux aveux.
00:55:32 Dans votre intérêt.
00:55:34 Et de vous expliquer franchement sur vos véritables mobiles.
00:55:37 La jalousie?
00:55:40 La jalousie.
00:55:45 Bon.
00:55:47 Je tiens à vous prévenir, d'une façon désintéressée...
00:55:50 que votre obstination peut vous coûter très cher.
00:55:54 Je vous remercie, monsieur le juge, de votre conseil désintéressé.
00:56:03 Mais je n'ai rien à ajouter.
00:56:06 Alors vous maintenez vos dénégations?
00:56:12 Oui.
00:56:16 Oui, monsieur le juge.
00:56:17 A votre aise.
00:56:19 En ce cas, nous n'avons plus rien à nous dire.
00:56:22 A moins que maître Foucault ait quelque chose à ajouter.
00:56:25 Non, monsieur le juge.
00:56:27 Sinon, que je prends acte que vous nous avez communiqué le scellé numéro 4.
00:56:30 Parfait. Je considère dans l'instruction comme close.
00:56:33 Parfait. Je considère dans l'instruction comme close.
00:56:34 Eh! Vous n'avez rien mangé?
00:56:59 Non, je n'ai pas très faim.
00:57:02 Vous n'êtes pas raisonnable.
00:57:03 Ça vous servirait à quoi de faire la grève de la faim?
00:57:06 On a déjà assez d'ennuis. Comme ça, vous voyez.
00:57:09 Ça ne va pas, votre affaire?
00:57:11 Pas très, non.
00:57:14 Vous savez, il ne faut pas trop vous en faire à l'avance,
00:57:16 tant que le jugement n'est pas rendu.
00:57:18 Parce qu'aux assises, c'est les jurés qui jugent.
00:57:21 Alors, si vous avez un bon jury, on ne sait jamais.
00:57:24 Non, on ne sait jamais.
00:57:26 Bon, je vous laisse le pain et le fromage.
00:57:31 Je crois que vous avez du remords.
00:57:32 Quoi?
00:57:34 Non, je voulais parler de la croûte.
00:57:36 Pour le reste, c'est pas mes oignons.
00:57:38 A la bonne heure, mon chéri.
00:58:00 Et un ordinaire de bon appétit.
00:58:01 Il est excellent, ton potage.
00:58:03 Parce que ce soir, tu l'apprécies.
00:58:05 La réclaire tes coudes.
00:58:07 Je t'ai servi le même avant-hier. Tu n'en as pas voulu.
00:58:09 Ah oui?
00:58:11 C'est sans doute parce que ce soir, je suis content.
00:58:13 Tant mieux, mon chéri, tant mieux.
00:58:15 J'ai terminé l'affaire ce demain.
00:58:17 Non, tu as réussi à le démasquer?
00:58:19 Oui.
00:58:21 Et il a avoué?
00:58:23 Non.
00:58:25 Alors?
00:58:27 Non, mais ça, c'est une attitude.
00:58:29 Qu'il soit aussi coupable que tu le crois.
00:58:30 Parce que s'il a tout prémédité, c'est du machiavélisme.
00:58:33 Pas tout à fait, non.
00:58:35 La mise au point de sa machination était assez bonne.
00:58:38 Ses mains n'étaient pas parfaites.
00:58:40 Heureusement pour nous, d'ailleurs.
00:58:42 C'est tout de même effrayant de penser qu'il y a des gens pareils
00:58:46 qui se promènent sur la Terre.
00:58:48 Et qu'on peut les rencontrer n'importe quand, n'importe où.
00:58:50 Tu sais, il y a plusieurs catégories de criminels.
00:58:52 Il y a les vrais.
00:58:54 Et puis, il y a ceux qui le sont par hasard.
00:58:56 Alors, ça, ce sont des circonstances.
00:58:58 Alors, tu l'excuses, maintenant?
00:58:59 Non, pas du tout.
00:59:01 Mon devoir est de lui faire avouer son crime
00:59:03 et reconnaître la préméditation.
00:59:05 Un point, c'est tout.
00:59:07 Et ma conviction est formelle.
00:59:09 Et tu ne le penses peut-être pas assez aux causes
00:59:11 qui l'ont amené à commettre cet acte meurtrier.
00:59:13 Mais je ne veux surtout pas y penser.
00:59:15 Ça risquerait de m'influencer.
00:59:18 Oui, c'est difficile, ton métier.
00:59:23 Sylvie?
00:59:24 Oui?
00:59:26 Pourquoi ne dis-tu rien?
00:59:28 Maman, je travaille.
00:59:30 Tu vas bien?
00:59:33 Mais oui, pourquoi?
00:59:35 Je ne sais pas.
00:59:37 Tu es en train de te faire un petit déjeuner.
00:59:39 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:41 Tu es en train de te faire un petit déjeuner.
00:59:43 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:45 Tu es en train de te faire un petit déjeuner.
00:59:47 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:49 Tu es en train de te faire un petit déjeuner.
00:59:51 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:52 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:54 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:56 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
00:59:58 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:00 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:02 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:04 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:06 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:08 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:10 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:12 Oui, je suis en train de me faire un petit déjeuner.
01:00:15 Comment as-tu le courage de défendre un individu comme celui-là?
01:00:17 Celui-là ou un autre.
01:00:19 Si encore il était innocent, je comprendrais.
01:00:22 Mais au contraire, maman.
01:00:24 C'est parce qu'il est coupable qu'il a besoin de moi.
01:00:26 Encore plus.
01:00:28 Quelle tristesse.
01:00:34 Tu ne peux pas comprendre.
01:00:37 Où irions-nous si les avocats n'étaient capables de plaider que pour les innocents?
01:00:40 Enfin, moi, tu ne m'empêcheras pas de penser que ce monsieur est un homme épouvantable.
01:00:45 Ecoute, maman, ne sois pas butée.
01:00:46 Essaye de comprendre.
01:00:48 Si cet homme est devenu un criminel, c'est peut-être parce que la vie l'avait malmenée.
01:00:52 Mais ma parole, tu le défends.
01:00:54 C'est mon métier.
01:00:57 C'est mon métier.
01:00:58 Sommée au parloir.
01:01:17 Votre avocat vous demande.
01:01:19 Je suis un homme épouvantable.
01:01:20 Je suis un homme épouvantable.
01:01:22 Je suis un homme épouvantable.
01:01:24 Je suis un homme épouvantable.
01:01:26 Je suis un homme épouvantable.
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01:02:00 Je suis un homme épouvantable.
01:02:02 Je suis un homme épouvantable.
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01:02:38 Je suis un homme épouvantable.
01:02:40 Je suis un homme épouvantable.
01:02:42 Je suis un homme épouvantable.
01:02:44 Je suis un homme épouvantable.
01:02:47 Des lettres ?
01:02:48 Oui.
01:02:50 De votre femme.
01:02:52 Des lettres d'André ?
01:02:55 Oui.
01:02:57 Je ne comprends pas.
01:03:03 Votre femme était vraiment la maîtresse de Stéphane.
01:03:07 Quoi ?
01:03:14 Je n'ai pas vu ces lettres.
01:03:16 Mais il m'a fourni un échantillon.
01:03:19 Voici le fragment.
01:03:30 Vous reconnaissez bien l'écriture de votre femme ?
01:03:38 C'est bien son écriture ?
01:03:40 Je dirais que oui.
01:03:44 Et elle a envoyé ça à Stéphane ?
01:03:46 Il paraît.
01:03:49 La Namite a découvert plusieurs très édifiantes.
01:03:52 C'est lui qui l'affirme.
01:03:54 Si nous pouvons obtenir ces lettres,
01:03:57 la liaison de votre femme avec Stéphane sera ainsi prouvée.
01:04:00 Ce serait une bonne chose pour nous.
01:04:02 Il me faut ces lettres à tout prix.
01:04:11 Oui.
01:04:13 Mais il me demande 200 000 francs.
01:04:15 C'est comme moi, mes comptes sont bloqués.
01:04:17 Vous n'avez pas d'amis qui pourraient...
01:04:20 Non.
01:04:22 Des parents ?
01:04:24 L'assistance publique.
01:04:28 Il faut pourtant trouver un moyen.
01:04:34 Il m'a dit qu'il partait travailler sur la côte d'Azur dans 48 heures.
01:04:40 Il veut ces 200 000 avant.
01:04:41 Je vais me débrouiller.
01:04:46 Comment ?
01:04:48 J'ai des bijoux de mon père, je vais les envoyer au monde qui était.
01:04:51 Je ne veux pas faire ça.
01:04:53 Ce serait stupide.
01:04:55 Vous m'aiderez à les dégager plus tard.
01:04:57 On sera sortis de ce mauvais pas.
01:04:59 Vous avez dit...
01:05:04 Bernard ?
01:05:06 Et alors ?
01:05:09 Oui.
01:05:10 Et je ferai tout pour vous sauver.
01:05:12 Maître, il va être l'heure.
01:05:17 Au revoir, Sommeil.
01:05:26 Demain, je viendrai vous voir pour les lettres.
01:05:28 Au revoir, mon cher maître.
01:05:30 Allez, en route.
01:05:35 En route.
01:05:36 - Au revoir.
01:05:37 - Au revoir.
01:05:39 - Au revoir.
01:05:41 - Au revoir.
01:05:42 - Au revoir.
01:05:43 Des romans feuilletons, si vous voulez.
01:06:07 Mais des romans feuilletons qui retracent la vérité.
01:06:09 La vérité.
01:06:11 La vérité.
01:06:12 La vérité.
01:06:21 La vérité.
01:06:34 La vérité.
01:06:35 - Tu es là, chef ?
01:06:57 - Oui.
01:06:58 - Je veux te voir.
01:06:59 - Je suis là.
01:07:00 - Je suis là.
01:07:01 - Je suis là.
01:07:02 - Je suis là, chef.
01:07:03 - Oui.
01:07:04 - Sommeil, on dirait qu'il parle tout seul dans sa cellule.
01:07:06 - Bah, si ça l'amuse.
01:07:08 Comme ça, il a personne qui le contrarie.
01:07:10 - Ce qui n'est même pas normal.
01:07:12 - Ouh, ce serait pas le premier cinglé qui serait incarcé à ici.
01:07:14 - À propos, je voulais vous dire, chef,
01:07:18 pour Sommeil,
01:07:20 ça se passe bien avec son avocate.
01:07:22 - Ah oui ?
01:07:23 - Il a l'air d'être en plein gang.
01:07:25 - Eh bien, celui-là, il ne perd pas le nord.
01:07:27 Tous les moyens lui sont bons pour sauver sa tête.
01:07:29 Même la romance sentimentale avec la défense.
01:07:31 Quel drôle de type.
01:07:32 Il croyait avoir bien organisé son truc.
01:07:35 - Comment ça ?
01:07:37 - En maquillant son assassinat en crème passionnelle, par bleu.
01:07:39 - Ah oui ?
01:07:41 - Il comptait bien avoir l'indulgence du jury.
01:07:42 - Vous croyez ?
01:07:44 - Bah, en France, il avait 9 chances sur 10 de se faire acquitter.
01:07:47 - Ah, il a quand même tué 2 personnes.
01:07:49 - Oui, mais par jalousie.
01:07:51 - Mais le juge d'instruction n'est pas du même avis.
01:07:53 Il a établi l'après-méditation, paraît-il.
01:07:55 - Oui.
01:07:57 Et ça, ça peut lui coûter cher.
01:07:59 En tout cas, pour le coup de l'avocat, surveillez-les.
01:08:01 - Bien sûr, c'est...
01:08:03 - Et puis, du moment qu'il ne nous fait pas d'histoire, laissez courir.
01:08:05 - D'accord.
01:08:07 - Alors ?
01:08:17 - Je les ai.
01:08:18 - Montrez-les.
01:08:20 - Ça va vous faire de la peine.
01:08:22 - Bah, on verra bien.
01:08:23 Tenez.
01:08:24 - Vous y tenez vraiment ?
01:08:26 - Oui.
01:08:28 - Vous savez, elles sont très passionnées.
01:08:30 - Je veux les lire.
01:08:32 - Vous êtes sûr que vous ne les mettez plus ?
01:08:34 - Mais non, mais non, mais non.
01:08:36 - Bernard, j'ai mon plan.
01:08:44 Ces lettres, je ne les verserai pas au dossier avant le procès.
01:08:48 J'attendrai qu'on vous confonde.
01:08:50 Et lorsque le jury sera presque gagné à l'argumentation de l'avocat général, je les montrerai.
01:08:56 Alors là, j'en suis sûre, c'est un effet psychologique certain.
01:08:59 Le truc a déjà sauvé bien des têtes.
01:09:01 - Ah, c'est terrible.
01:09:05 Terrible.
01:09:09 - Je ne voulais pas que vous lisiez ces lettres.
01:09:12 - J'ai surtout honte que vous les ayez lues.
01:09:17 - Je savais que ça vous ferait mal.
01:09:19 - Un peu, oui.
01:09:22 - Jalousie ?
01:09:25 - Non.
01:09:26 Honte, je vous dis.
01:09:28 - Je vous comprends.
01:09:32 Je vous comprends et je vous plains.
01:09:34 Mais avec ces lettres, Bernard, vous risquez d'être acquitté.
01:09:37 Vous voyez d'ici l'effet produit sur les jurés quand on en donnera lecture en pleine audience ?
01:09:41 Mais vous êtes fou ! Qu'est-ce que vous venez de faire ?
01:09:51 Pourquoi vous avez déchiré ces lettres ?
01:09:55 - On n'a pas le droit de les montrer aux assises.
01:09:57 Ces lettres ne regardent personne.
01:10:00 - Mais vous ne vous rendez pas compte de ce que vous venez de faire ?
01:10:02 - Mais si, très bien.
01:10:04 - Vous m'avez menti tout à l'heure.
01:10:07 Vous l'aimez encore.
01:10:09 Eh bien, avouez-le !
01:10:11 Malgré qu'elle se soit comportée comme une garce.
01:10:14 - Oh, ça n'a rien à voir.
01:10:15 C'était ma femme et je l'aimais.
01:10:18 - Vous me dégoûtez.
01:10:19 Vous êtes un monstre.
01:10:21 Et c'est par orgueil !
01:10:23 Vous ne vouliez pas que le jury sache que vous étiez un vulgaire cocu.
01:10:25 - Je vous en prie.
01:10:26 - Ça vous était intolérable qu'on étale les coucheries de votre femme au grand jour, devant les assises et dans les journaux.
01:10:31 - Allons, allons, allons.
01:10:32 - Vous admettiez de passer pour un mari trompé.
01:10:33 Parce que c'était vous qui aviez monté le coup.
01:10:35 Et que vous saviez que ce n'était pas vrai.
01:10:36 Mais maintenant, vous ne voulez plus.
01:10:37 - Je prie de vous taire.
01:10:38 - Vous n'avez pas le courage de supporter cette humiliation devant tout le monde.
01:10:40 Et c'est par orgueil !
01:10:42 - Non.
01:10:43 Je crois plutôt que c'est par amour.
01:10:45 - Par amour ?
01:10:48 Mais ce sont ces lèvres qui vous ont prouvé que vous teniez votre femme.
01:10:50 Parce que vous êtes un faible.
01:10:52 Et vous avez commis le crime d'un faible.
01:10:53 - C'est bien possible.
01:10:55 - Eh bien, tout le monde le saura.
01:10:56 - Oh non, Sylvie, surtout pas.
01:10:58 - Si, on le saura.
01:10:59 Parce que la plus belle, je ne vous l'ai pas montrée.
01:11:01 - Qu'est-ce que vous dites ?
01:11:02 - Elle est chez moi.
01:11:03 Dans mon secrétaire.
01:11:04 Vous entendez, Bernard Sommet ?
01:11:06 J'ai une troisième lettre.
01:11:07 Et celle-là, on la lira aux assises.
01:11:08 - Je vous défends.
01:11:09 - Vous avez épousé une putain.
01:11:10 - Je vous défends.
01:11:11 - Tout le monde le saura.
01:11:12 - Vous aurez l'air tellement ridicule que vous ne serez même pas inquiétés.
01:11:14 - Allez, vous taire.
01:11:15 - Mais vous êtes fous, voyons.
01:11:24 - Qu'est-ce qui se passe ?
01:11:30 - Il a voulu l'étrangler.
01:11:31 - Mais non.
01:11:32 - Emmenez-le et foutez-le au mietteur, tout de suite.
01:11:34 Et appelez le docteur, en vitesse.
01:11:38 - Oui, chef.
01:11:39 - Vous l'avez échappé belle, maître.
01:12:03 Un peu plus.
01:12:04 C'est votre client qui a tenté de vous étrangler.
01:12:08 - Bernard.
01:12:09 - Bernard Sommet, oui.
01:12:10 - Le malheur est...
01:12:17 - Ah, la bonne heure, maître.
01:12:23 Je suis bien content de savoir que vous allez mieux.
01:12:26 Oui, soyez tranquille, je ferai votre commission, monsieur le juge.
01:12:30 Comptez sur moi.
01:12:32 Au revoir, maître.
01:12:35 - Au revoir, maître.
01:12:36 - Bonjour, Martineau.
01:12:41 - Monsieur le juge, maître Foucault vient de téléphoner.
01:12:44 - Ah.
01:12:45 - Elle vous prie de bien vouloir l'excuser,
01:12:46 mais elle est encore obligée de garder la chambre.
01:12:48 - Et comment va-t-elle ?
01:12:49 - Beaucoup mieux.
01:12:50 Beaucoup mieux, mais elle n'est pas encore en état de répondre à votre convocation.
01:12:53 - Bon, très bien, je vous remercie, Martineau.
01:13:03 - Vous allez tout de même entendre ce maire de la présence de son défenseur.
01:13:06 - Pourquoi pas, puisque la convocation a été faite régulièrement.
01:13:09 D'ailleurs, je n'ai plus à l'interroger sur notre affaire.
01:13:12 Je vais simplement lui poser une question au sujet de son agression contre la pauvre Sylvie Foucault.
01:13:16 - Vous croyez, vous, s'attaquer à une femme qui ne lui veut que du bien ?
01:13:19 - Oui, ça, vous pouvez le dire.
01:13:20 Je crois même qu'elle est tombée amoureuse de lui.
01:13:23 - Ah oui, et vous croyez que c'est à cause de ces fameuses lettres de sa femme qu'il avance ?
01:13:26 - Certainement.
01:13:27 C'est d'autant plus idiot que je viens de prendre connaissance du résultat de l'expertise.
01:13:31 - Ah oui, et quel est-il, monsieur le juge ?
01:13:33 - Vous allez le savoir.
01:13:34 Appelez-moi le sommet.
01:13:36 - Sommet !
01:13:45 - Asseyez-vous.
01:13:52 - Le sommet, je ne veux pas vous entendre aujourd'hui dans le cadre de l'instruction de votre affaire,
01:13:58 étant donné l'absence de votre défenseur.
01:14:01 Mais j'aimerais bien, puisque vous êtes là,
01:14:03 que vous me donniez le motif de l'inqualifiable agression
01:14:06 dont vous vous êtes rendu coupable sur la personne de maître Sylvie Foucault.
01:14:09 - Alors, j'attends vos explications.
01:14:15 Vous ne voulez rien dire ?
01:14:20 - Non.
01:14:23 - Vous avez agi sans raison.
01:14:29 Ce n'est pourtant pas dans votre manière d'agir sans raison.
01:14:32 - Eh bien, admettons que j'ai changé.
01:14:37 - Si vous le prenez comme ça, à votre aise.
01:14:41 Mais laissez-moi tout de même vous dire que votre dernière manifestation de mauvaise humeur, pour le moins,
01:14:50 baisera lourd dans la balance au jour des assises.
01:14:55 Et, entre nous, vous n'aviez pas besoin de ça.
01:14:58 Bon.
01:15:03 Eh bien, vous pouvez disposer, sans mais, nous n'avons plus rien à nous dire.
01:15:07 Et si, toutefois,
01:15:12 il vous intéresserait peut-être de savoir que je me suis procuré des spécimens de l'écriture de votre femme.
01:15:17 Je les ai fait étudier par un graphologue.
01:15:22 L'expert est formel.
01:15:23 Il s'agit d'un faux.
01:15:25 D'un faux remarquablement bien imité, d'ailleurs, mais...
01:15:29 d'un faux incontestable.
01:15:31 Vous voyez, ce mec ne venait pas tout à fait insensible.
01:15:37 Alors, qu'avez-vous à dire ?
01:15:43 - Rien.
01:15:48 - Rien ?
01:15:51 - Rien.
01:15:52 Rien, monsieur le juge.
01:15:55 Surtout pas maintenant.
01:15:57 - Comme vous voudrez.
01:16:00 Vous pourriez tout de même me demander des nouvelles de votre avocate.
01:16:04 Elle est tout à fait remise, rassurez-vous.
01:16:07 Ah, on ne réussit pas à tous les coups, hein ?
01:16:10 Cette fois, c'est raté.
01:16:13 - Monsieur le juge, je sais que rien ne vous fera changer de vie.
01:16:16 Mais puisque nous ne nous verrons plus, je crois,
01:16:20 je tiens à vous spécifier que je ne suis pas, malgré les apparences,
01:16:24 aussi coupable que vous le croyez.
01:16:26 - C'est à la cour de vous juger.
01:16:29 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:16:34 - C'est à la cour de vous juger.
01:16:36 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:16:39 - C'est à la cour de vous juger.
01:16:41 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:16:43 - C'est à la cour de vous juger.
01:16:45 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:16:48 - C'est à la cour de vous juger.
01:16:50 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:16:53 - C'est à la cour de vous juger.
01:16:55 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:16:58 - C'est à la cour de vous juger.
01:17:00 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:17:03 - C'est à la cour de vous juger.
01:17:05 - Je vous jure que je ne suis pas aussi coupable que vous le croyez.
01:17:08 - C'est à la cour de vous juger.
01:17:10 - Oui, il sort d'ici.
01:17:11 - Oh non, rien. Absolument rien.
01:17:15 - Comment? Vous ne portez pas plainte?
01:17:21 - Non, monsieur le juge. Je tiens à assurer la défense de mon client jusqu'au bout.
01:17:25 - Ah, vous avez peut-être raison.
01:17:28 - C'est sans doute mieux pour votre carrière.
01:17:32 - Il ne s'agit pas de ma carrière, monsieur le juge, mais de sauver la tête d'un homme.
01:17:36 - Il ne s'agit pas de ma carrière, mais de sauver la tête d'un homme.
01:17:37 - Non, non, messieurs de la cour.
01:18:05 - Vous ne suivrez pas l'accusation dans cette démonstration froide et mathématique d'une vérité qui est la sienne.
01:18:12 - Vérité qu'elle a montée de toutes pièces à travers des témoignages dont elle ne retient que ce qui lui est favorable.
01:18:21 - Il y a sûrement en face de cette logique artificielle l'élément humain qui seul doit compter.
01:18:35 - Monsieur le juge d'instruction a fait son devoir en étayant sa conviction sur des faits qui peuvent n'être aussi que des coïncidences.
01:18:45 - Cette conviction, monsieur l'avocat général a cru devoir la partager.
01:18:51 - Mais, entre la conviction la plus sincère et la vérité toute simple, il y a une singulière différence.
01:19:03 - Une seule chose est formelle, c'est la réalité des faits.
01:19:07 - Mon client a tué, il ne peut le nier et il ne l'a jamais nié.
01:19:12 - Mais qu'il ait prémédité son geste, ce n'est que la conviction de l'accusation.
01:19:20 - Et je ne puis l'admettre.
01:19:23 - Cette conviction est humaine, donc sujette à l'erreur comme tout ce qui est humain.
01:19:29 - D'autant plus qu'elle ne repose que sur des éléments qui, je le répète, ne sont peut-être que des coïncidences.
01:19:36 - Fatale pour mon client.
01:19:39 - Bernard Sommet n'a jamais reconnu cette préméditation.
01:19:45 - Jamais !
01:19:46 - Au cours de nombreux interrogatoires, il n'a changé d'attitude.
01:19:51 - Et aujourd'hui, on veut lui faire griève de son geste de violence contre ma personne, comme preuve de cette préméditation ?
01:20:00 - Moi je n'y vois au contraire que la preuve la plus nette de son caractère emporté, coléreux, spontané !
01:20:07 - Et loin d'être capable d'une préméditation si machiavélique que celle que vous a décrite M. l'Avocat Général dans son brillant réquisitoire.
01:20:18 - Non, messieurs les jurés, vous ne retiendrez pas cette préméditation.
01:20:23 - Ce serait trop injuste et trop dur pour un homme victime d'un terrible destin.
01:20:29 - Il a déjà payé cher par un amour déçu, anéanti à jamais dans un geste de jalousie démentielle.
01:20:39 - Car il aimait sa femme, j'en suis sûre. J'en ai eu la preuve absolue.
01:20:44 - Messieurs les jurés, s'il doit rester un doute, aussi léger soit-il dans vos consciences, je vous supplie d'en faire bénéficier un homme, coupable certes, mais qui ne fut meurtrier que par fatalité.
01:21:07 ( Bruits de la foule )
01:21:16 ( Toc, toc, toc )
01:21:18 - Accusé, levez-vous.
01:21:21 Bernard Sommet, avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ?
01:21:35 - Monsieur le Président, je remercie infiniment mon défenseur de toutes les choses émouvantes qu'elle a dites sur moi, mais je dois ajouter que j'en suis absolument indigne.
01:21:56 C'est monsieur le juge d'instruction qui a raison. Oui, j'ai tout organisé, tout prémédité.
01:22:07 J'ai commis ce crime pour me libérer d'une dette trop lourde et d'une femme que je croyais ne plus aimer.
01:22:17 Voilà ce que je devais ajouter, monsieur le Président.
01:22:24 - Bernard, vous êtes fou. Vous venez de vous suicider.
01:22:31 - Oui. Pardon, Sylvie. Je n'aurais pas dû vous entraîner dans une histoire pareille. Vous m'avez été passé.
01:22:50 - Bernard Sommet, la cour vous donne acte de votre aveu. Messieurs les jurés apprécieront. Je déclare les débats clos. La cour et les jurés se retirent pour délibérer et répondre aux questions suivantes.
01:23:10 Première question. L'accusé est-il coupable d'homicide volontaire sur la personne de Mme Andrée Armantier ?
01:23:19 Deuxième question. L'accusé est-il coupable d'homicide volontaire sur la personne de M. Stéphane Roussel ?
01:23:28 Troisième question. L'accusé a-t-il commis ses homicides volontaires avec préméditation ?
01:23:38 Je demande au chef du service d'ordre de faire garder les issues de la chambre de délibération, dans laquelle nul ne doit pénétrer pour quelque raison que ce soit sans mon autorisation. L'audience est suspendue.
01:23:51 - Bravo, monsieur Jus. C'est une belle victoire pour vous. - Oui, mais je l'aurais préféré plus nette et surtout plus rapide.
01:23:59 - Bien sûr, c'est pas une victoire par chaos, mais c'est tout de même une victoire au point. - Mais disons par abandon.
01:24:05 - Ah !
01:24:08 - Accusés, levez-vous.
01:24:19 Les réponses de la cour et du jury sont les suivantes.
01:24:26 Première question, oui à la majorité.
01:24:30 Deuxième question, oui à la majorité.
01:24:34 Troisième question, oui à la majorité.
01:24:38 Quatrième question, l'accusé a-t-il droit à des circonstances éténuantes ?
01:24:44 Non à la majorité.
01:24:47 En conséquence, la cour et les jurés, après avoir délibéré, condamnent Bernard Sommet à la peine de mort.
01:25:01 Conformément à la loi, je vous avertis que vous avez un délai de trois jours pour vous pourvoir une cassation.
01:25:08 Passé ce délai, vous ne seriez plus recevable.
01:25:12 L'audience est levée.
01:25:17 (Musique)

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