• il y a 7 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire ce mardi matin dans l'Eure. Visé par des tirs de fusil à pompe, trois agents sont décédés. Le secrétaire général de FO-Justice, Emmanuel Baudin, et la déléguée nationale Unité SGP, Linda Kebbab, sont au micro de Pascal Praud pour apporter des informations.
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Transcription
00:00 *Musique*
00:08 Il est 12h04 et évidemment c'est un drame absolu que nous a annoncé il y a une seconde
00:15 Émilie Dez, un fourgon pénitentiaire attaqué dans l'heure au moins deux agents tués,
00:20 ce sont des agents de la pénitentiaire.
00:22 On va être avec Emmanuel Bodin, secrétaire général de FO, Force Ouvrière Justice.
00:27 Bonjour monsieur Bodin.
00:30 Bonjour monsieur Bodin.
00:32 Bonjour.
00:33 Et effectivement permettez-moi, permettez-nous bien sûr d'être avec vous
00:40 puisque vous êtes secrétaire général FO Justice.
00:43 Ce sont vos collègues qui sont décédés, on n'en sait pas davantage pour le moment
00:49 et on voulait effectivement avoir une première réaction et peut-être des informations sur ce drame.
00:55 Bah écoutez, oui, un drame, je suis, on est tous bouleversés, on essaie d'avoir plus d'éléments.
01:01 La DAP est en cellule de crise, on nous parle de trois collègues décédés,
01:07 j'ai pas beaucoup plus d'éléments, de deux voitures en fuite avec un détenu qui aurait,
01:12 qui se serait évadé avec cette attaque dramatique qu'on n'a jamais connue dans la pénitentiaire.
01:18 C'est-à-dire qu'on est quasiment dans un scénario de film si je comprends bien,
01:21 il y a un détenu qui est dans un convoi, nous sommes d'accord, qui va je ne sais où d'ailleurs,
01:28 allait-il au tribunal, retournait-il en prison, je n'en sais rien.
01:32 Et ce camion, ce fourgon est attaqué pour le libérer
01:38 et la libération a été effective manifestement, c'est ce que vous m'apprenez à l'instant.
01:44 Ce détenu est maintenant en fuite et il y a trois hommes,
01:48 on avait annoncé deux et vous m'annoncez trois hommes qui seraient décédés, c'est bien cela ?
01:53 Alors le fourgon a bien été attaqué pour libérer ce détenu,
01:58 sur le nombre de décédés, c'est pour ça qu'il faut être très prudent,
02:01 on parle de deux, on parle de trois, j'ai pas de confirmation,
02:05 quoi qu'il en soit, de toute façon c'est un drame inimaginable,
02:10 on attend d'avoir des éléments sur évidemment le profil de détenu,
02:13 puisque pour organiser ce genre de choses, il faut quand même des moyens importants
02:17 et puis on a bien évidemment la pensée pour nos collègues, leur famille,
02:21 et toute la pénitentiaire et la justice.
02:24 La liaison n'est pas extraordinaire mais...
02:29 Oui, je suis désolé.
02:30 Non mais je vous en prie, d'abord je remercie beaucoup M. Baudin,
02:33 vous êtes secrétaire général FO Justice, je le rappelle,
02:36 je vous remercie beaucoup d'être, d'intervenir aussi rapidement,
02:39 puisque Laurent Tessier vous a appelé il y a quelques secondes,
02:42 mais là où je vous rejoins, c'est que pour un journaliste, pour les auditeurs,
02:48 c'est une information dans une journée qui est dite à 12h, trois hommes sont morts.
02:55 Et derrière cette information, il y a ce que nous ne soupçonnons peut-être pas,
03:00 le drame, une famille qui ne sera jamais plus la même,
03:04 trois hommes qui sont morts, des pères de famille, des fils de France,
03:09 des frères, des amis, derrière cette information que nous donnons comme cela,
03:14 à 12h05, à 12h06, et hélas, dans nos vies, nous passerons,
03:20 parce que c'est ainsi, à autre chose,
03:23 et bien ces trois personnes-là, leurs familles ne penseront jamais à autre chose.
03:27 C'est-à-dire que la vie s'arrêtera ce mardi, 14 mai, à 12h,
03:33 et toute leur vie, tout le reste de leur vie, c'est le premier jour du reste de leur vie,
03:37 ils se souviendront qu'à 12h01, 12h02, ils ont appris la mort de celui qu'ils aimaient.
03:44 Donc l'information de l'AFP nous précise au moins deux agents de l'administration pénitentiaire,
03:51 et l'AFP est prudente, au moins, ont été tués, et trois autres blessés,
03:55 mardi dans l'heure, lors de l'attaque d'un fourgon qui transportait un détenu,
04:00 qui s'est donc évadé, vous me confirme l'AFP,
04:05 et qui dit la même chose que vous, monsieur Baudin,
04:07 l'attaque s'est produite au péage d'un Carville,
04:10 donc elle était au péage quand la voiture s'est arrêtée, quand le fourgon s'est arrêté,
04:15 peu après 11h, a ajouté une autre source proche du dossier,
04:19 donc j'imagine qu'on aura des témoignages des gens qui étaient sans doute présents,
04:23 des automobilistes qui ont vu comment ça s'est passé,
04:27 mais manifestement, je n'ai pas souvenir, monsieur Baudin,
04:32 on a vu ça parfois dans des films,
04:35 des détenus qui s'évadaient, je n'ai pas souvenir d'une attaque d'un fourgon
04:41 qui permettait à un détenu de s'évader, monsieur Baudin.
04:45 - Non, non, c'est la première fois que ça arrive, et avec un bilan...
04:49 - Effroyable. - ...palédique, effroyable.
04:53 - Effroyable. Ce sont des agences... - Je suis désolé, mais...
04:57 - Non mais je vous en prie, et je vous comprends,
04:59 les personnes qui transportent un détenu,
05:03 ce sont donc ce qu'on appelle des agents de la pénitentiaire ?
05:07 - Oui, tout à fait, ce sont des surveillants pénitentiaires,
05:10 il peut y avoir des chefs d'escorte, enfin des personnels pénitentiaires,
05:13 alors là, c'est pour ça que j'attends d'avoir des éléments,
05:15 est-ce que c'était une extraction inter-établissement,
05:19 est-ce que c'était des équipes des prêches,
05:22 est-ce que ce fourgon allait au tribunal,
05:24 je n'ai pas plus d'éléments, c'est pour ça qu'il faut être prudent
05:27 et savoir le contexte et le niveau de dangerosité qu'avait ce détenu.
05:33 Tout ça, on va bien évidemment vous imaginer bien
05:37 et vous tirer tout ça au clair.
05:38 Je prends deux seuls pas à la direction de l'administration pénitentiaire
05:41 pour échanger avec eux et avoir tous les éléments.
05:44 Et puis après, on va forcément réagir et agir,
05:48 dans un premier temps, à la mémoire de nos collègues,
05:51 à leur famille, et essayer de comprendre
05:54 comment ce genre de choses a pu arriver.
05:57 C'est une première et c'est un drame jamais vécu dans la pénitentiaire.
06:02 - Je vous remercie beaucoup.
06:03 J'imagine que le ministre de l'Intérieur se rendra peut-être sur place,
06:07 à Icarville, peut-être également le Premier ministre,
06:10 et à ce niveau, effectivement, de drame pour la France,
06:14 bien évidemment qu'Ébadien Macron réagira très certainement,
06:18 d'une manière ou d'une autre, ces prochaines heures.
06:20 Il est 12h11.
06:22 - Je vous remercie beaucoup, vraiment, M. Baudin.
06:24 On va être avec Linda Kebab dans un instant.
06:26 Restez avec nous à l'antenne d'Europe 1.
06:29 Vous êtes bien installée, j'imagine, à nous écouter.
06:33 Nous, nous partageons ce drame, évidemment,
06:35 qui a changé la couleur de notre émission depuis quelques minutes.
06:40 A tout de suite.
06:41 - 0180 20 30 9 21 pour réagir avec Pascal Praud,
06:43 de 11h à 13h, sur Europe 1.
06:45 - Europe 1.
06:46 - Pascal Praud et vous.
06:47 - Avec vous, de 11h à 13h, sur Europe 1.
06:49 - C'est un drame, comme il en existe parfois,
06:53 qui frappe cette fois-ci la pénitentiaire.
06:57 Et on est avec Linda Kebab.
06:59 Bonjour, Linda Kebab.
07:01 - Bonjour.
07:02 - Que chacun connaît, vous intervenez régulièrement, bien sûr,
07:06 sur les sujets de police.
07:09 Je lis votre tweet que vous avez écrit il y a quelques instants.
07:13 "Toutes nos pensées pour nos collègues de l'administration pénitentiaire.
07:16 Il y a moins d'une heure, un fourgon transportant un détenu a été attaqué
07:20 dans l'heure au niveau d'un péage.
07:22 Trois agents ont été tués.
07:24 Quelle horreur, quelle horreur, écrivez-vous.
07:26 Pas d'autres mots.
07:27 Est-ce que vous pouvez nous donner des informations
07:30 que vous avez su glaner ces dernières minutes, Linda Kebab ?
07:34 - Écoutez, on est évidemment en étroits échanges avec nos collègues de la pénitentiaire,
07:39 notamment via le syndicat FO pénitentiaire.
07:42 Ce qu'on sait, c'est que quelques minutes après 11h,
07:45 un fourgon a été attaqué à un péage d'un quart-ville.
07:48 Et malheureusement, trois agents ont été froidement abattus.
07:52 Malheureusement, je ne pourrais pas en dire plus,
07:54 parce que vous vous doutez bien qu'à l'instant où je vous parle,
07:56 les familles n'ont pas été avisées.
07:57 Or, si on donne trop d'éléments, ça peut être de nature à donner des indications
08:02 aux familles des agents de la pénitentiaire.
08:04 Et puis, je vais laisser aussi cette mission-là et ce rôle
08:06 aux représentants de cette administration avec qui on travaille très étroitement.
08:09 On est horrifiés.
08:11 Il n'y a pas d'autres mots, comme vous l'avez si bien dit, monsieur Pro.
08:13 C'est qu'on a trois agents qui viennent d'être abattus
08:16 pour la libération d'un détenu.
08:18 C'est dire la valeur d'une vie humaine a commencé par cela.
08:22 Et le sacrifice... Non, ce n'est pas le sacrifice, le crime.
08:27 Le crime qui est commis contre des agents de l'État,
08:31 contre des agents de la pénitentiaire, contre des garants de la sécurité,
08:34 parce qu'ils sont aussi des acteurs de la sécurité,
08:36 pour sauver un criminel.
08:38 Franchement, il n'y a pas d'autre mot à l'instant où je vous parle.
08:40 On n'a pas d'autre mot.
08:41 En tant que policier, on est évidemment frappé des froids
08:44 et on a toute notre empathie à l'égard de nos collègues de la pénite.
08:47 Linda Kebab, qui est policière, qui est secrétaire nationale unité,
08:50 gardienne de la paix et de la révolte, aviez-vous écrit chez Stock.
08:54 Et on vous entend régulièrement évidemment sur ces sujets-là intervenir.
08:59 On a le sentiment, c'est d'ailleurs pas un sentiment,
09:02 on voit une insécurité grandissante chaque jour en France,
09:07 avec des actions qu'on n'avait jamais vues.
09:10 Elles sont parfois gratuites dans la rue, pour un oui, pour un non,
09:14 un couteau qui est planté.
09:16 Et là, on a le sentiment également que ce qu'on vient de vivre,
09:21 c'est-à-dire cette attaque d'un fourgon,
09:23 n'est jamais arrivée en France, de mémoire en tout cas.
09:27 Je n'en ai pas souvenir.
09:30 Est-ce qu'il a existé ces dernières années,
09:34 une attaque de fourgon,
09:36 où un détenu a été libéré de cette manière ?
09:40 C'est un plan qui paraît mis en place,
09:43 puisque c'était au péage que ça s'est passé,
09:46 et avec ces trois policiers, trois personnes de la pénitentiaire plus exactement,
09:50 qui sont décédées, Linda Kebab.
09:52 Oui, une attaque qui a été savamment orchestrée, préparée.
09:56 Certainement, on a la fuite du détenu et de ses complices,
10:02 et évidemment, vous doutez bien, voiture brûlée,
10:06 voiture qui a servi à cette évasion,
10:08 voiture, un bolide allemand qui a été retrouvé brûlé.
10:12 Des attaques de fourgon, on savait autant du côté de la pénitentiaire
10:16 que malheureusement aussi, il faut s'en rappeler,
10:18 pour des raisons purement pécuniaires,
10:21 on a aussi des attaques de fourgon, transport de fond.
10:24 L'histoire nous a rappelé qu'il y a eu des morts dans ce type de conditions.
10:28 En revanche, avoir trois agents de la pénitentiaire
10:30 froidement abattus pour libérer quelqu'un,
10:32 moi, de ma mémoire, je ne m'en souviens pas,
10:33 en tout cas pas ces dernières années, pas depuis que j'exerce.
10:36 Je pense que les collègues de la pénitentiaire pourront plus amplement
10:38 vous donner ce type de renseignements dans le détail,
10:40 mais j'ai envie de dire que c'est du jamais vu.
10:42 Et c'est du jamais vu, mais malheureusement,
10:44 ça va de pair, comme vous l'avez dit il y a quelques secondes,
10:46 avec cette hausse de la violence,
10:47 cette hausse du mépris clair pour la vie humaine.
10:50 On est dans un pays qui a fait exploser,
10:52 depuis ces 50 dernières années,
10:54 le nombre d'homicides et de tentatives d'homicides en France.
10:57 Et clairement, on n'a pas de mots, on est horrifiés,
11:01 et en même temps, je vous le dis très sincèrement,
11:03 et je n'aime pas être alarmiste, mais là il le faut,
11:05 c'est malheureusement ce que la France est en train de devenir.
11:08 C'est-à-dire un territoire dans lequel
11:10 la vie humaine ne vaut plus grand-chose,
11:12 et que pour avoir un objectif,
11:15 atteindre des fins les plus sordides qui soient,
11:17 on est prêt à tuer 3 agents de la pénitentiaire,
11:20 c'est juste inacceptable.
11:21 - Et on n'a pas, évidemment, pour le moment,
11:24 d'éléments sur ce détenu,
11:26 qui était dans ce fourgon,
11:28 on ne sait pas qui il est,
11:30 on ne sait pas la peine qu'il purgeait,
11:32 on ne sait pas où il allait.
11:33 - On a un début d'éléments, évidemment, sur Pédigré.
11:36 Vous doutez bien, M. Pro, qu'à cet instant,
11:38 je ne peux pas dire grand-chose,
11:40 pour des raisons de sécurité,
11:42 pour des raisons d'essence,
11:43 pour des raisons évidemment...
11:44 - Mais par définition, c'était quelqu'un qui purgeait une longue peine,
11:46 j'imagine ?
11:47 - On peut imaginer,
11:49 je vais rester très vague, vraiment,
11:51 mais oui, ce type d'attaque ne se fait pas
11:53 pour le petit cahier du coin,
11:56 mais je ne peux vraiment pas vous en dire plus,
11:58 pour des raisons de sécurité,
12:00 même ne serait-ce pour l'administration pénitentiaire,
12:02 on ne peut pas se donner ce type d'info,
12:05 ce serait vraiment trop indécent
12:07 et trop irresponsable.
12:09 - J'entends bien, et ce que vous avez dit,
12:11 qui est important, et qui nous fait froid dans le dos,
12:13 également, aux journalistes que je suis,
12:15 c'est que je suis en train de parler de quelque chose,
12:17 alors que les familles ne sont même pas averties.
12:20 - C'est ça.
12:21 - C'est ça que je trouve si dérant,
12:23 je disais tout à l'heure, pour les journalistes que nous sommes,
12:25 pour les auditeurs qui entendent,
12:27 qui écoutent en ce moment,
12:29 c'est une information,
12:31 et ce soir, bien sûr, ils ne l'auront pas oublié,
12:33 mais la vie aura repris son cours.
12:35 Or, pour ces familles,
12:37 elle ne reprendra jamais son cours.
12:39 La vie se sera arrêtée ce mardi 14 mai à 12h02,
12:45 et tout cela parce que la violence,
12:47 parce que l'insécurité,
12:49 parce que la barbarie gangrène peu à peu ce pays,
12:54 et c'est vrai qu'il y aura des responsabilités politiques,
12:57 et c'est vrai que, peut-être,
12:59 Emmanuel Macron ne prend pas la mesure
13:01 de ce qui peut se passer,
13:03 de cet ensauvagement qui peut se passer en France,
13:06 ou en tout cas, s'il prend la mesure,
13:08 peut-être que les dispositions ne sont pas assez, aujourd'hui,
13:12 fortes pour lutter contre cet ensauvagement
13:15 que chacun peut regarder et constater au coin de sa rue.
13:19 Je vous remercie beaucoup, Linda Akeba,
13:21 parce que je sais l'engagement des policiers,
13:24 je sais l'engagement des hommes et des femmes
13:27 qui travaillent pour la sécurité,
13:29 j'ai envie de dire, pour nous,
13:31 qui sont à notre service,
13:33 qui sont parfois maltraités dans l'espace médiatique,
13:36 et qui, aujourd'hui, payent une nouvelle fois un lourd tribut
13:40 avec ces trois personnes qui sont décédées.
13:43 Je vous remercie vraiment beaucoup des mots que vous avez trouvés, Linda Akeba.
13:46 - Merci, Monsieur Proud, pour vos mots, pour tous vos mots.
13:48 - Il est 12h22, Julien de La Pénitentiaire est avec nous.
13:53 Bonjour, Julien. - Bonjour.
13:55 - Et merci d'être avec nous sur cette information
14:00 que nous connaissons, j'ai envie de dire,
14:03 de manière fragmentaire.
14:05 Vous êtes vous-même,
14:07 votre travail est essentiellement dans une prison ?
14:10 - Moi, mon travail, en fait, je fais à peu près...
14:14 Je ne connais pas les collègues,
14:16 je ne connais pas la mission qu'il y avait,
14:18 mais je pense que c'était sûrement des collègues,
14:20 des prêches qui font les extractions judiciaires,
14:23 mais moi, dans mes missions que je fais,
14:25 je suis sur la voie publique avec des détenus
14:28 que j'emmène à l'hôpital, que j'emmène en transfert.
14:31 Donc, ce qui se passe là,
14:34 ça me touche, ça me touche beaucoup,
14:37 parce que, clairement, oui, on a une cible sur le dos,
14:40 comme tout personnel des forces de l'ordre, aujourd'hui,
14:43 sauf que la pénitentiaire, on est l'enfant pauvre, en fait,
14:47 de la sécurité en France,
14:49 depuis trop de temps, en fait, depuis trop de temps.
14:52 Et malheureusement, peut-être qu'il faut qu'il arrive
14:54 quelque chose comme ça, pour que j'espère
14:56 que nos politiques vont ouvrir les yeux,
14:59 et que quand le budget de la justice augmente,
15:02 et bien que ça n'arrive pas que sur les magistrats et les avocats,
15:05 les pénitentiaires sont un peu le parent pauvre
15:07 à qui on balance quelques miettes,
15:09 juste pour leur faire fermer leur bouche.
15:11 On fait un métier qui est dans l'ombre.
15:14 L'écrasante majorité des agents est fière de faire ce métier.
15:18 On travaille pour la justice,
15:21 on travaille pour les Français.
15:23 Et franchement, aujourd'hui,
15:26 là, vous voyez, je l'ai appris à quoi,
15:29 il y a un quart d'heure, 20 minutes,
15:31 et ça me touche profondément,
15:34 vraiment profondément.
15:35 Vous voyez, d'habitude, je suis avec vous au téléphone,
15:38 ces derniers temps, souvent, je vous appelle pour le PG,
15:41 alors c'est un peu plus voilà,
15:42 et là, franchement, j'ai pas envie de sourire, quoi.
15:45 - Mais personne n'a envie de sourire, Julien,
15:47 et on sent, à votre voix,
15:50 l'émotion, et évidemment les larmes,
15:53 qui sont prêtes à jaillir.
15:56 Mais comme nous tous,
15:58 d'ailleurs, depuis que nous avons appris cette information,
16:01 je l'ai dit, on ne peut pas faire une émission,
16:04 la continuer comme on l'avait commencé,
16:09 parce qu'effectivement, il y a ces personnes qui sont mortes,
16:12 et puis qui nous renvoient la réalité
16:15 de ce que vit la France aujourd'hui,
16:18 où ce type de mort surgit,
16:22 de mort violente surgit quasiment quotidiennement, Julien.
16:27 Simplement, d'ailleurs vous avez employé à deux reprises
16:31 un terme que je ne connaissais pas,
16:33 vous dites c'est la "pré" ?
16:35 - Les prêches, en fait, c'est le service qui s'occupe
16:39 de tout ce qui est extraction judiciaire,
16:41 pour emmener les personnes détenues, voilà.
16:43 - Alors ça s'appelle, comment écrivez-vous cela, si j'ose dire ?
16:47 - Les PREJ.
16:48 - Les PREJ, donc on dit dans le jargon "la prêche".
16:52 - Les prêches.
16:54 - Les PREJ, pardonnez-moi.
16:55 Donc ce sont les gens qui sont, parce qu'il y a des agents
16:59 qui sont affectés au transfert des détenus, c'est bien ça ?
17:03 - Tout à fait, tout à fait.
17:04 - Mais j'imagine...
17:05 - Vous avez le surveillant de base, en fait, qui est à l'étage,
17:08 mais en fait, parce que tout simplement la police,
17:11 année après année, a eu de plus en plus de travail sur la voie publique,
17:14 avant la police et la gendarmerie s'occupaient de ces missions-là, en fait.
17:18 Et au fur et à mesure, en fait, la justice,
17:21 le ministère de la Justice à travers la pénitentiaire,
17:23 a repris ces missions-là et a dû donc lancer des postes,
17:29 donc les extractions judiciaires, plus récemment les ELSP,
17:33 les équipes locales de sécurité pénitentiaire,
17:35 qui sont vraiment pour chaque établissement,
17:39 et c'est dans ces services-là, au moins, où je suis,
17:41 sur la région toulousaine, et clairement, on est sur la voie publique.
17:45 Quant à l'hôpital, vous vous attendez pour faire un examen,
17:50 vous pouvez très bien croiser des ELSP,
17:52 qui accompagnent un détenu pour qu'il vienne se faire faire un examen à l'hôpital.
17:56 - Ces gens-là sont toujours menottés dans ces cas-là ?
17:59 - Toujours, bien sûr, après il y a des règles, bien entendu,
18:03 si la personne détenue a plus de X âge,
18:06 il peut y avoir après, selon son profil aussi,
18:08 mais le problème c'est que vous savez...
18:10 - Est-ce que vous êtes armé ?
18:11 - Oui, oui, oui, nous, ces services-là, nous sommes armés sur la voie publique.
18:16 Mais nous sommes armés, mais face à des armes de guerre,
18:18 j'ai tendance à vous dire que mon arme de poing face à une Kalachnikov,
18:24 vous savez, à un moment donné, je ne pèse rien.
18:28 Il faut dire la vérité.
18:30 - Merci Julien, les informations et les dépêches à EFP arrivent les unes dernières les autres,
18:36 je vous lis la dernière,
18:37 trois agents pénitentiaires sont décédés mardi matin dans l'attaque au péage d'un carville de leur fourgon
18:42 qui transportait un détenu entre Rouen et Évreux, à temps appris de sources policières.
18:46 Trois agents de la pénitentiaire décédés victimes de tir de fusil à pompe
18:51 lors de l'attaque vers 11h à la voiture Bélier,
18:54 au péage d'un carville dans l'heure d'un fourgon qui transportait un détenu après les éliser.
18:59 La même source, donc il y avait une organisation très précise, très puissante,
19:03 et vos trois collègues qui sont décédés.
19:07 Le ministre de la Justice dont vous dépendez, le ministre de l'Intérieur, n'a pas réagi non plus,
19:12 ni à monsieur Dupont-Moretti, ni pour le moment à monsieur Gérald Darmanin,
19:18 mais je ne doute pas qu'au plus haut niveau de l'état il y ait réaction,
19:22 parce que c'est quelque chose qui sera un marqueur, bien évidemment, de cette actualité.
19:28 Ce n'est jamais arrivé en France qu'un fourgon pénitentiaire soit attaqué et que trois agents soient tués.
19:36 Il est 12h28, la pause, à tout de suite.
19:38 018-20-39-21 pour Réagir, avec Pascal Praud, de 11h à 13h, à tout de suite sur Europe 1.

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