• il y a 7 mois
La journaliste Charlotte d’Ornellas était l’invitée de Face à l’info, ce lundi 13 mai, sur CNEWS. Elle s’est exprimée sur les déclarations de Valérie Hayer, qui réfute un lien entre immigration et délinquance : «Elle refuse la réalité comme beaucoup d’autres, qui est le point de départ normal de la possibilité même du débat politique».

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Transcription
00:00 Il y a une déconnexion. C'est l'exemple type.
00:01 On en a déjà parlé ici. Elle n'est pas la première.
00:04 C'est l'exemple type de la déconnexion et de l'impossibilité,
00:07 par conséquent, du débat politique tout court.
00:11 Elle n'est pas la seule à nier le lien.
00:13 Elle est encore moins la seule à penser que dire...
00:17 Que de se positionner en fonction de ce que dit le RN
00:20 est un argument politique recevable.
00:23 Si le RN dit qu'il y a du soleil, je reprends cet exemple-là,
00:27 et que vous dites qu'il pleut parce que je ne dis pas, moi,
00:30 qu'il y a du soleil comme le RN, c'est idiot.
00:33 Donc il arrive que ça puisse être idiot de se positionner
00:37 par rapport à quelqu'un dans l'espace politique,
00:38 et non pas par rapport à ce qui est dit ou ce qui n'est pas dit.
00:42 Et en l'occurrence, dans l'émission,
00:44 la question lui est posée par rapport aux chiffres
00:47 qu'avance Jordane Bardella, donc le RN,
00:50 pour faire ce lien-là.
00:53 Elle explique qu'elle ne fait pas comme le RN
00:55 parce qu'elle n'essentialise pas.
00:57 Elle retourne complètement l'argument,
01:00 et elle dit que pour le RN, un étranger est un délinquant.
01:03 Donc moi, je ne le pense pas.
01:05 Je pense que le RN non plus.
01:07 Je ne vais pas m'avancer, on les laissera répondre.
01:09 Mais je n'ai jamais entendu personne expliquer
01:11 qu'il y avait un problème ou un lien
01:13 entre l'immigration en France et la délinquance,
01:16 parce que les immigrés par nature, et donc parce qu'ils sont étrangers,
01:20 étaient délinquants. Je n'ai jamais entendu ça dans le débat.
01:23 Et Emmanuel Macron, en 2022,
01:25 parce qu'il y a Jordane Bardella qui en parle,
01:27 Emmanuel Macron avait expliqué
01:29 qu'il refusait le lien existentiel,
01:32 c'est l'espèce de préalable apparemment obligatoire.
01:34 Je crois que ce lien est refusé par tout le monde,
01:36 mais je referme la parenthèse.
01:37 Il dit que quand on regarde aujourd'hui la délinquance à Paris,
01:40 on ne peut pas ne pas voir que la moitié des faits de délinquance
01:43 viennent de personnes qui sont des étrangers,
01:45 soit en situation irrégulière, soit en attente de titres, etc.
01:48 - Emmanuel Macron. - Voilà, Emmanuel Macron.
01:50 Donc là, je ne sais pas comment Valérie Ayé
01:52 va se débrouiller avec ça,
01:54 parce que là, c'est un peu plus compliqué.
01:56 Et à l'époque, certains avaient contesté
01:58 ce qu'avait dit Emmanuel Macron en disant "mais pas du tout,
02:01 là, en l'occurrence, les chiffres que vous prenez,
02:02 on parle d'étrangers,
02:03 mais pas forcément en situation irrégulière".
02:06 Donc c'était une manière de s'échapper encore du sujet.
02:08 Alors en effet, c'était tous les étrangers dans les chiffres
02:11 qui peuvent être en situation régulière ou irrégulière,
02:13 ce qui ne change rien au fait qu'ils sont administrativement étrangers
02:17 et que donc ce lien existe.
02:18 Mais c'était encore une manière de s'échapper.
02:20 Alors on a Gérald Darmanin aussi qui déclarait en 2022,
02:23 ouvrez les guillemets, "48 % des gens interpellés
02:25 pour des actes de délinquance à Paris,
02:26 55 % à Marseille, 39 % à Lyon, sont des étrangers".
02:31 Plus récemment, il a même listé les différentes criminalités
02:34 en fonction des nationalités impliquées
02:36 parfois dans la criminalité.
02:38 Donc c'était encore aller plus loin.
02:39 Alors là, on a eu un autre argument.
02:41 Oui, d'accord, mais c'est en raison des délits de faciès,
02:43 parce qu'on vous parle des personnes interpellées.
02:45 Comme les policiers, et l'État lui-même est raciste
02:48 et n'interpelle que les gens issus de l'immigration aux faciès,
02:53 là, c'est pareil, on en parle souvent,
02:54 mais j'aimerais bien que tous ces gens précisent
02:56 exactement les différences entre les mots.
02:58 Donc comme il y a plus de délits de faciès,
03:01 c'est normal, il y a plus d'étrangers.
03:03 Bon, et alors là, arrivent d'autres chiffres.
03:05 Ceux du ministère de la Justice, par exemple.
03:07 "15 % des condamnés sont de nationalité étrangère en 2019,
03:11 "16 % en 2020, et dans les prisons,
03:13 "23 % des prisonniers sont de nationalité étrangère."
03:17 Alors délit de faciès ou pas,
03:19 pour être condamné, il faut des preuves, quand même.
03:21 Il faut vraiment avoir commis l'acte pour lequel on est condamné.
03:24 Là, je ne sais pas quelle serait donc l'explication,
03:26 puisque l'INSEE précise que les étrangers
03:29 représentent 7 % de la population globale.
03:31 Donc d'où que vous preniez le sujet,
03:33 mais vraiment d'où que vous le preniez,
03:34 il y a une surreprésentation et donc un lien.
03:37 Est-ce qu'il y a un lien entre le fait d'être étranger
03:39 et le fait de devenir délinquant ?
03:41 Je ne crois pas que qui que ce soit dit ça dans le débat public.
03:44 En revanche, est-ce que la pression migratoire,
03:46 ce qui est devenu l'immigration en France,
03:48 le rapport avec la France
03:50 et le rapport avec les réseaux de criminalité,
03:52 est-ce que ça a un impact sur la criminalité en France ?
03:55 Là, les chiffres le prouvent.
03:57 Les chiffres des ministères aujourd'hui occupés
03:59 par des représentants d'un gouvernement
04:01 auquel se réfère Valérie Hayé.
04:04 Donc ce qu'on comprend, finalement, dans cette déclaration,
04:06 c'est qu'en plus, elle se drape derrière la vertu
04:08 en disant "je défends les personnes".
04:09 Elle refuse la réalité, comme beaucoup d'autres en dehors du débat.
04:12 Et donc, par présupposé idéologique seulement,
04:15 on n'aborde même pas la réalité,
04:17 qui est pourtant le point de départ normal
04:19 de la possibilité même du débat politique.
04:22 Si vous ne vous accordez pas sur ce qu'il faut traiter
04:24 et pourquoi pas différemment traiter
04:26 et ensuite vous exposer au vote des Français,
04:28 vous n'avez plus de débat
04:29 et vous n'avez plus de possibilité même de l'action politique.
04:31 Et c'est ça qui m'a intéressée
04:33 derrière la phrase éculée et reprise par Valérie Hayé.
04:36 (Générique)
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