• il y a 7 mois
La députée LFI du Val-de-Marne Clémence Guetté dénonce l'inaction française face à la menace d'une offensive israélienne à Rafah et un climat actuel, en France, de "censure" sur la question de la guerre au Proche-Orient.

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00:00 * Extrait de la vidéo *
00:07 Ils ont choisi de faire de l'exigence d'un cessez-le-feu à Gaza, l'axe principal de leur campagne européenne.
00:12 Les insoumis au cœur des débats à gauche, à tout juste un mois des élections.
00:18 Ça sera dans un mois, demain très exactement.
00:20 L'une des cadres du parti de Jean-Luc Mélenchon est l'invité du grand entretien de la matinale ce matin.
00:25 Bonjour Clémence Guété.
00:26 Bonjour.
00:27 Vous êtes députée LFI du Val-de-Marne et responsable du programme de la France insoumise,
00:31 le programme "L'Avenir en commun".
00:32 Auditeur d'Inter, le standard est ouvert.
00:35 0145 24 7000.
00:37 Vous pouvez aussi nous écrire sur l'application de France Inter.
00:40 Parlons de Gaza justement, Clémence Guété pour commencer.
00:43 Les pourparlers au Caire se poursuivent pour une trêve.
00:47 Le Hamas parle de dernière chance de revoir les otages vivants.
00:50 L'armée israélienne a déployé des chars dans la ville de Rafah et continue de bombarder la bande de Gaza.
00:56 Vous pensez qu'une trêve, voire un cessez-le-feu est toujours possible ?
01:00 Vous avez encore espoir ?
01:01 Bien sûr, il faut qu'il y ait un cessez-le-feu.
01:04 Il faut donc que les négociations continuent.
01:06 C'est maintenant un impératif et une urgence extrême puisque, comme vous le savez,
01:11 ça fait plusieurs mois maintenant que la Cour internationale de justice a dit qu'il y avait un risque génocidaire
01:16 et que maintenant, très concrètement, l'offensive à Rafah menace plus de 2 millions de personnes
01:21 qui sont entassées là, dans un espace qui est tout petit.
01:24 Un risque de famine énorme puisque les convois humanitaires ne peuvent plus y accéder.
01:28 Et parmi toutes ces personnes, c'est la moitié d'enfants.
01:31 Donc là, on est dans une urgence totale et on pense que, évidemment, la France doit pouvoir agir encore davantage,
01:37 avec plus de clarté, pour exiger un cessez-le-feu et mettre toutes ses forces dans cette négociation.
01:42 Justement, la France, la plupart des gouvernements occidentaux, l'ONU,
01:46 mettent en garde le gouvernement israélien contre une offensive sur la ville de Rafah
01:51 et sur, plus généralement, la situation humanitaire plus que catastrophique dans la bande de Gaza.
01:57 Qu'est-ce que vous attendez de plus ?
01:59 On attend des mesures concrètes, c'est-à-dire que le président Macron a, par exemple, écrit une tribune
02:04 pour demander un cessez-le-feu.
02:06 Les questions au gouvernement nous disent qu'ils sont contre l'offensive à Rafah,
02:11 mais c'est totalement insuffisant.
02:12 Il y a des pays, je pense par exemple au Canada, qui ont déclaré un embargo sur les livraisons d'armes à Israël
02:18 pour ne pas être complices de ce qui se passe aujourd'hui.
02:20 On parle de massacres, on parle de gamins qui perdent la vie, qui sont écrasés.
02:24 Vous avez vu, sans doute comme moi, ces images absolument terribles.
02:28 Et donc là, il y a une urgence...
02:29 - Sur les armes, la France livre très peu d'armes à Israël.
02:31 - Mais très peu ! Mais d'accord, mais...
02:33 - On est assuré que ce sont uniquement des armes défensives pour le fameux dôme de fer.
02:36 - Non, mais là, on parle d'un risque génocidaire.
02:39 Donc, on ne peut pas être complice de cette situation.
02:42 Donc, il faut un embargo, il faut des pressions économiques aussi sur Israël.
02:46 Il faut, comme d'autres pays l'ont fait et vont le faire très rapidement, par exemple l'Espagne,
02:51 reconnaître l'Etat palestinien, continuer de porter la voix de cette solution à deux Etats
02:56 qui est prôné par les résolutions de l'ONU.
02:58 Il faut là mettre toutes nos forces.
02:59 On est dans une situation absolument terrible.
03:01 Et je ne veux pas, et comme plein de gens de ma génération, et comme plein de gens en France,
03:05 je ne veux pas qu'on se réveille trop tard, que la situation soit déjà absolument catastrophique
03:11 et que Netanyahou aille jusqu'au bout de son projet complètement fou.
03:15 - Un mot pour clarifier sur cette solution à deux Etats que vous évoquez.
03:19 Je crois qu'elle ne figure plus dans votre programme Noir sur Blanc.
03:22 Vous parlez de reconnaissance de l'Etat de Palestine, mais plus de solution à deux Etats.
03:26 - Si, si, vous nous aurez mal lu.
03:28 Si, si, c'est la solution à deux Etats.
03:30 On s'accroche au droit international, aux résolutions de l'ONU,
03:33 à toutes les négociations les plus avancées sur cette question.
03:36 Et donc, évidemment, la reconnaissance d'un Etat palestinien aux côtés de celui d'Israël.
03:40 - Pourquoi avoir choisi de placer cette question ?
03:43 Pourquoi avez-vous mis le sort des Palestiniens au cœur de votre campagne européenne ?
03:48 - Parce que ça se déroule aujourd'hui et parce que c'est un enjeu européen.
03:52 Ça a été démontré à de multiples reprises, notamment par Manon Aubry,
03:56 qui est notre tête de liste pour les élections du 9 juin.
03:59 L'Union européenne, par exemple, pourrait rompre son accord d'association avec Israël.
04:03 Donc c'est un enjeu européen de diplomatie et de ce qu'on peut porter
04:08 en matière de solution pour le cesser le feu, pour la paix.
04:12 Par ailleurs, ça ne vous aura pas échappé, mais en France y compris,
04:15 c'est difficile de porter cette question dans le climat actuel de censure, de répression.
04:21 Je fais bien sûr référence à la convocation de Mathilde Panot et de Rima Hassan
04:25 pour "Apologie du terrorisme", qui est une démarche complètement destinée à intimider, à faire taire.
04:31 Et d'ailleurs, j'en profite d'être sur cette antenne pour soutenir Guillaume Meurice,
04:35 qui a eu lui aussi le courage de porter cette question,
04:38 et soutenir également toute l'intersyndicale de votre antenne qui sera en grève le 12 mai.
04:42 Pour préciser pour les auditeurs qui n'auraient pas suivi, Guillaume Meurice, humoriste de France Inter,
04:47 donc, qui est suspendu dans l'attente d'une convocation et d'une éventuelle sanction par la présidence de Radio France.
04:54 Voilà, et ça a toujours été l'apanage des humoristes de se moquer des puissants.
04:58 Et en l'occurrence, là, il s'agissait de M. Netanyahou.
05:02 Je pense aussi, de la même façon que je pense à Guillaume Meurice, qui est médiatisé,
05:07 mais à celles et ceux qui se sont aussi vus poursuivis, et qui sont moins connus,
05:11 qui sont des citoyens ordinaires, qui peuvent perdre leur boulot.
05:14 Je pense aussi aux étudiants de la Sorbonne, qui étaient en garde à vue toute la nuit,
05:17 parce qu'ils ont fait une mobilisation pacifique dans leur université,
05:20 comme plein d'étudiants, comme plein de lycéens,
05:23 qui se font évacuer de manière extrêmement violente par les forces de l'ordre sur Orme.
05:29 Vous dites aujourd'hui qu'il y a une censure en France, on ne peut pas défendre la population palestinienne en France aujourd'hui.
05:36 Il y a un clair problème de confusion sur le fait que porter de manière pacifique,
05:42 totalement pacifique, les étudiants, je suis allée à plusieurs rassemblements,
05:45 vraiment se mobilisent, parce que c'est une jeunesse consciente du massacre qui se déroule,
05:51 et qui veut pouvoir dire, comme c'est le cas aux Etats-Unis, comme c'est le cas dans plein de pays,
05:56 son indignation, sa révolte, avec les moyens qui sont les leurs, c'est-à-dire ceux d'une mobilisation.
06:01 Vous parlez de confusion, est-ce qu'il n'y en a pas des deux côtés ?
06:03 Quand par exemple sur votre conférence qui a été interdite à Lille, figurait le logo...
06:08 C'est le logo d'une association étudiante.
06:11 La carte aujourd'hui d'Israël et des territoires palestiniens, en rouge,
06:15 qui laisserait à penser que l'État d'Israël aurait disparu.
06:19 C'est le logo d'une association étudiante, qui est autorisée dans cette université à Lille.
06:24 Donc vous voyez que je pense qu'il y a des polémiques qui sont créées,
06:28 qui peuvent avoir un impact d'ailleurs, parce que sans doute des gens peuvent être perturbés par ça.
06:34 Alors que les étudiants sont d'une clarté, pour être allés à ces rassemblements,
06:38 ils veulent que les massacres cessent.
06:41 Ils se mettent à la place des jeunes palestiniens, palestiniennes, qui vivent dans la peur.
06:45 C'est de ça qu'on parle aujourd'hui, de cette urgence-là.
06:48 Et donc, vraiment, gloire à eux, de tenir bon, de se mobiliser, de faire passer ce message très fermement.
06:54 - Vous jugez manifestement qu'aucun autre parti n'est assez clair sur la situation aujourd'hui au Proche-Orient,
07:00 et en particulier les partis de gauche, à qui vous en prenez souvent sur cette question.
07:07 Qu'est-ce que vous leur reprochez exactement ?
07:09 Ils réclament aussi un cessez-le-feu, tout comme vous.
07:11 Pourquoi vous dites qu'ils ne sont pas assez clairs ?
07:14 - Je leur reproche d'abord, pour certains, de nous avoir quand même insultés,
07:20 d'une certaine façon, d'avoir participé de nous stigmatiser sur cette question.
07:24 - C'est-à-dire ?
07:25 - "Idiots utiles du Hamas", ça n'est pas une expression neutre, non dénuée d'implication.
07:30 - Ça faisait référence au communiqué du 7 octobre, dans lequel la condamnation était absente.
07:35 - Nous étions extrêmement clairs dans ce communiqué du 7 octobre.
07:38 Franchement, c'est une plaisanterie.
07:40 Nous avons immédiatement condamné l'attaque monstrueuse du 7 octobre.
07:44 Nous continuons de demander la libération des otages.
07:47 Je dénonce une forme d'instrumentalisation politicienne.
07:51 Et aujourd'hui, ce sont les Palestiniens et les Palestiniennes qui sont,
07:56 pour plus de 40 000 personnes, déjà morts.
07:59 Et pour des milliers et des milliers d'entre eux qui sont menacés de manière imminente.
08:03 Il est temps que tout le monde parle de façon extrêmement claire.
08:06 Et pour notre part, c'est ce que nous avons fait en demandant un cessez-le-feu immédiatement.
08:10 - Je vous repose la question, les autres partis de gauche, le PS, les écologistes, les communistes,
08:13 ne sont pas assez clairs sur cette question.
08:15 Encore une fois, eux aussi demandent un cessez-le-feu.
08:18 - Oui, mais par exemple sur la question du soutien aux étudiants qui se mobilisent aujourd'hui,
08:24 je trouve que pour ce qui est, par exemple, de M. Glucksmann,
08:27 il n'a pas été clair toujours sur cette question.
08:30 Il a d'abord soutenu l'ordre d'évacuation de certaines universités qui étaient mobilisées.
08:36 Il met toujours des conditions au rassemblement de ses étudiants.
08:41 Et je pense que ça participe à une certaine conclusion, un manque de clarté.
08:46 - Qui est la tête de liste véritable de votre parti dans ces élections européennes ?
08:51 Est-ce que c'est Manon Aubry qui est en première position sur la liste ?
08:53 Ou est-ce que c'est Rima Hassan, juriste franco-palestinienne,
08:57 qui est en septième position et qu'on voit plus que votre tête de liste, il faut le dire ?
09:02 - Alors, on ne voit pas plus Rima Hassan.
09:04 Bon déjà, je vais quand même dire ma fierté à nouveau qu'elle soit sur notre liste.
09:09 Parce qu'elle a un courage extraordinaire, franchement, vu les attaques dont elle est l'objet.
09:14 C'est une juriste, c'est une femme brillante qui parle la langue du droit international,
09:19 qui est extrêmement engagée sur la question palestinienne.
09:23 Et évidemment, vu le contexte, et le début de notre interview le montre,
09:26 sa voix compte énormément pour nous et pour porter la voix de la paix,
09:30 pour que le 9 juin, des gens se déplacent et viennent voter.
09:33 Manon Aubry fait une campagne extraordinaire.
09:36 - On vous entend beaucoup moins sur les questions de prédilection de Manon Aubry,
09:40 c'est-à-dire la justice fiscale, la lutte contre l'évasion, contre les géants de la finance internationale.
09:46 - Interrogez-moi sur tous ces sujets, je n'ai aucun problème à les porter, bien au contraire.
09:51 Et Manon Aubry mène une campagne extraordinaire.
09:53 La semaine dernière, à Grenoble, nous avons dû ouvrir trois salles,
09:56 tellement notre réunion publique était pleine.
09:58 Elle va continuer de faire des meetings, il y en a à Amiens, il y en a à Bordeaux,
10:02 rien que pour la semaine prochaine.
10:03 Nous faisons des portes-à-portes. La première phase de notre campagne,
10:06 c'était l'inscription sur les listes électorales.
10:08 Nous avons eu le plaisir de constater que cette campagne, malgré l'inaction du gouvernement,
10:12 elle a porté ses fruits, puisque dans plein de villes, on a constaté que plein de gens s'étaient inscrits,
10:16 alors qu'ils n'étaient plus inscrits, pour aller voter le 9 juin.
10:19 Et Manon Aubry continue de porter des sujets, comme la lutte contre cette grande cure d'austérité européenne
10:24 qui nous est imposée parce qu'elle a été décidée là,
10:27 et le fait d'envoyer des insoumis au Parlement européen sera une bonne nouvelle.
10:30 J'ajoute qu'il y a 80 personnes sur cette liste.
10:32 Et ma fierté, ce sera quand Anthony Smith, qui est inspecteur du travail, sera élu député européen.
10:37 Rima Hassan, j'en ai parlé.
10:39 Younous Omarji, qui est réunionnais, qui est le deuxième, qui est sur notre liste,
10:44 qui est président de la commission des régions.
10:46 Je veux tous ces eurodéputés insoumis le 9 juin,
10:49 et Manon Aubry, pour ça, est une porte-parole extraordinaire.
10:52 Alors, vous dites, ceux qui sont pour la paix doivent se mobiliser,
10:56 puisqu'encore une fois, cette question du sort des Palestiniens est au cœur de votre campagne,
11:02 et vous en faites un élément clé pour mobiliser un électorat.
11:05 Mais la façon dont vous le dites, vous voyez, c'est quand même étrange.
11:08 Il y a un génocide en cours.
11:10 Ce n'est pas nous qui en faisons un enjeu électoral, c'est une urgence humaine.
11:15 Parfois, je me demande, quand on se rend dans des médias,
11:18 ou la façon dont certains commentateurs politiques commandent cette campagne,
11:21 je me demande où est placée leur humanité.
11:23 Il y a des gamins qui meurent toutes les 10 minutes un enfant est tué ou blessé à Gaza.
11:30 On n'en fait pas un enjeu électoral, c'est un enjeu pour la paix.
11:33 L'un et l'autre ne sont pas incompatibles.
11:34 Il y a des stratégies dans les campagnes électorales, y compris sur les sujets les plus graves,
11:39 et le fait est, encore une fois, vous l'avez tout à fait admis au début de cette interview, sans problème,
11:45 que cette question est au cœur de votre campagne.
11:47 Quand on regarde les sondages, vous êtes toujours autour de 7%.
11:51 - Ça dépend des sondages.
11:53 - C'est le résultat du dernier sondage Ipsos pour Radio France, notamment.
11:56 C'est-à-dire à peu près votre score de 2019, les dernières européennes.
12:01 Est-ce que finalement, ce que vous visez, c'est surtout 2027,
12:05 aujourd'hui, en vous disant que ces élections européennes, de toute façon,
12:09 ne vous sont pas favorables, compte tenu de la sociologie de votre électorat ?
12:12 - On est en porte-à-porte avec les militants partout dans le pays.
12:17 Vous avez parlé d'un sondage, il y en a un autre hier qui nous donnait à 8,5.
12:20 Et qui, par ailleurs, montre que la seule liste à gauche qui est dans une dynamique positive,
12:26 c'est celle qui est menée par Manon Aubry.
12:28 Les autres sont plutôt en train de redescendre.
12:31 À l'approche d'un scrutin, c'est une très bonne nouvelle.
12:33 Par ailleurs, vous connaissez notre opinion sur les sondages,
12:36 et le fait que, généralement, ils nous sous-estiment.
12:38 Donc, il reste un mois de campagne, et on va y mettre toutes nos forces.
12:42 Quand l'extrême droite est donnée si haut dans les sondages,
12:45 même s'ils valent ce qu'ils valent, évidemment, c'est inquiétant.
12:49 Je pense qu'il faut se concentrer sur cette campagne européenne.
12:53 Par contre, ce qui est vrai, c'est que c'est la seule élection nationale avant celle de 2027,
12:58 la présidentielle, et que les gens doivent comprendre qu'il y a quelque chose à jouer
13:02 dans le rapport de force politique de ce pays.
13:05 À quelle place sera l'extrême droite ? À quelle place sera la gauche ?
13:08 Et dans le fait que, à la présidentielle de 2022,
13:12 un programme de rupture, une option de rupture radicale,
13:15 avait été tranchée avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon à gauche,
13:19 et qu'il y a aussi un enjeu à confirmer cette dynamique politique-là.
13:23 - Une question Clémence Guété, pour vous, au Standard France Inter,
13:26 de la part de Nora. Bonjour Nora !
13:28 - Oui, bonjour !
13:29 - Nous vous écoutons.
13:30 - Voilà, bonjour madame.
13:32 - Bonjour.
13:33 - Alors, écoutez, je suis quand même assez étonnée.
13:36 J'écoute régulièrement le France Inter, les médias,
13:39 et je ne comprends pas cet acharnement médiatique
13:42 à l'encontre de la France Insoumise.
13:46 - Vous avez le sentiment qu'il y a un acharnement de la part de France Inter ?
13:49 - Je suis quand même étonnée.
13:51 Et je tenais à vous remercier aussi,
13:53 pour ce que vous faites, pour ce qui se passe au Moyen-Orient.
13:56 Vous êtes vraiment l'honneur de la France.
13:58 - Merci. Votre question Nora ?
14:00 - Ma question c'est, pourquoi cet acharnement médiatique
14:03 contre la France Insoumise ?
14:05 - Clémence Guété, votre avis ?
14:07 Est-ce qu'il y a un acharnement médiatique ce matin, contre vous ?
14:10 Je ne sais pas, mais répondez à la question de Nora.
14:13 - Déjà, je remercie Nora pour son mot,
14:16 et puis pour son soutien surtout.
14:18 Et j'avoue que c'est ça qui nous fait tenir,
14:21 pour faire de la politique.
14:23 On a beaucoup de remerciements comme ça,
14:25 sur le terrain, quand on fait campagne.
14:27 Et c'est très touchant, parce qu'on le fait pour porter des idées,
14:30 pour porter une voix qui nous semble devoir être représentée.
14:34 Et c'est vrai que je rejoins son analyse,
14:36 sur le fait que, depuis quelques années,
14:39 et ça s'est accentué ces derniers mois,
14:42 parfois on va sur des plateaux, franchement,
14:45 comme pour aller se défendre,
14:47 avec des accusations, des insinuations.
14:50 Et que, moi non plus, je ne comprends pas cet acharnement,
14:55 je ne comprends pas que l'extrême droite
14:57 ne soit pas davantage démasquée,
15:00 dans son imposture sociale.
15:02 Parce qu'il faut voir les votes du Rassemblement National,
15:05 à l'Assemblée, qui votent contre l'augmentation du SMIC,
15:08 contre l'indexation des salaires sur l'inflation,
15:11 contre une allocation d'autonomie pour les jeunes.
15:14 Et puis, dans leur continuité d'histoire raciste, antisémite.
15:20 Et donc c'est vrai que ce changement,
15:23 il y a quelques années, on n'invitait pas l'extrême droite sur les plateaux,
15:28 et puis, surtout, il y avait beaucoup plus d'analyses,
15:30 sur ce qu'ils portent, sur ce qu'ils sont,
15:32 sur qui est sur leur liste, etc.
15:34 Et là, c'est vrai que M. Bardella, franchement,
15:37 il ne se balade, il est très peu interrogé,
15:39 et, quant à nous, nous continuerons de porter nos convictions
15:42 de façon intègre et la plus courageuse possible.
15:46 - Il est interrogé, Jordan Bardella, sur cette antenne,
15:48 il était à votre place pas plus tard qu'hier.
15:51 Vous parliez d'accusations à votre rencontre,
15:54 lundi soir, au dîner du CRIF,
15:56 le Conseil représentatif des institutions juives de France,
16:00 Gabriel Attal, vous a reproché d'agiter les haines
16:03 et de commettre les sous-entendus les plus indignes.
16:06 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
16:08 - Je pense que c'est lui qui est indigne,
16:10 c'est le Premier ministre,
16:12 ce lundi soir, c'était l'offensive à Rafa,
16:16 et à ce moment-là, il n'a pas un mot sur cette situation,
16:21 et il juge opportun de faire une énième polémique de plus,
16:26 parce qu'en fait, il y a ce qui est très vu,
16:28 c'est-à-dire les déclarations du Premier ministre,
16:30 mais le lendemain, en question au gouvernement,
16:32 les ministres aussi ont fait des insinuations
16:34 qui sont indignes et pas à la hauteur de la situation.
16:39 - Quand il évoque ce bilan de 366 faits antisémites
16:44 recensés entre janvier et mars,
16:46 plus 300% par rapport à 2023,
16:49 comment vous réagissez à ces chiffres ?
16:51 - C'est des chiffres qui sont extrêmement inquiétants,
16:53 et puis d'abord, en premier lieu,
16:55 j'apporte évidemment tout mon soutien
16:57 à celles et ceux qui peuvent être victimes
16:59 d'actes ou de propos antisémites.
17:02 Pour notre part, nous avons été toujours
17:04 de la lutte contre toutes les formes de racisme,
17:07 dont l'antisémitisme évidemment.
17:09 Et puis je crois que, pour revenir à l'extrême droite,
17:12 puisque c'était ce dont je parlais juste avant,
17:14 il y a vraiment un travail à accentuer,
17:18 notamment de la part des médias,
17:20 mais de tous les responsables politiques,
17:22 sur le fait de continuer de démasquer l'extrême droite.
17:25 Le 15ème sur la liste du Rassemblement National
17:28 pour les élections européennes
17:30 a tracé les louanges des soldats de la Wehrmacht, par exemple.
17:35 Il y a un député que j'ai en face de moi chaque semaine,
17:38 dans l'hémicycle, qui tenait une librairie antisémite.
17:41 Et je crois qu'il faut réaffirmer très clairement
17:45 les limites de l'expression de tel propos,
17:49 ou de l'entrée de ces personnes dans la vie politique,
17:52 dans la vie publique,
17:54 et être d'une clarté absolue sur la dénonciation
17:57 et la lutte contre les actes et les propos antisémites.
17:59 - Vous, y compris par certains de vos alliés,
18:02 ou anciens alliés de la NUPES,
18:04 êtes accusé de flirter avec la ligne jaune,
18:07 ce sont les mots du premier secrétaire du PS, Olivier Faure,
18:10 après une tribune de Jean-Luc Mélenchon,
18:12 dans laquelle il s'en prend à son ancien ami,
18:14 le socialiste Jérôme Guedj,
18:16 en lui reprochant ses positions sur le conflit au Proche-Orient,
18:20 et en le ramenant justement à son judaïsme.
18:24 - Ce n'est pas ce qu'a fait Jean-Luc Mélenchon.
18:27 Il parle de la laisse de ses adhésions
18:30 et l'accuse de renier les principes les plus constants
18:32 de la gauche du judaïsme en France.
18:34 - Il parle du Parti Socialiste.
18:36 Nous ne ramenons pas les gens à leur religion,
18:40 ça n'est pas notre prisme,
18:42 ça n'est pas la façon dont nous voyons les choses.
18:44 Et il est clair que quand certains partagent une tribune
18:48 avec Meyer Habib, par exemple,
18:50 qui fait chaque semaine dans l'hémicycle
18:52 l'apologie du gynocide
18:54 avec des propos outranciers, atroces,
18:57 il est clair qu'à notre avis, certains ont perdu leur boussole
19:00 et la façon dont il faudrait mener ces combats tous ensemble.
19:04 - Le président chinois Xi Jinping vient de passer trois jours en France,
19:08 reçu avec les honneurs par Emmanuel Macron,
19:10 qu'il a même amené avec lui dans le village de la Mongie,
19:13 dans les Pyrénées, village de la grand-mère du président de la République.
19:17 Est-ce qu'il a eu raison, Emmanuel Macron,
19:19 de dérouler ainsi le tapis rouge au président chinois ?
19:22 - A partir du moment où on accueille le président chinois,
19:25 on le reçoit dans de bonnes conditions.
19:27 J'entendais Pascal Boniface qui disait
19:29 "on ne va pas l'emmener chez un resto qui fait des pizzas
19:33 et l'accueillir à l'hôtel Ibis".
19:36 Je partage, je trouve que c'est une formule amusante,
19:39 je partage ça.
19:40 On reçoit le président chinois, c'est une visite diplomatique.
19:43 - C'était Raphaël Glucksmann,
19:45 le tête de liste PS Place Publique,
19:47 qui reprochait à Emmanuel Macron
19:49 d'accorder trop d'honneurs à Xi Jinping.
19:51 - Mais qu'est-ce qu'il propose ?
19:53 A partir du moment où on le reçoit,
19:55 on est dans le fil de 60 ans de relations diplomatiques
19:59 avec la Chine,
20:01 qui a été initiée par le général De Gaulle,
20:03 qui n'était pas maoïste.
20:05 Monsieur Glucksmann fait de la politique
20:07 ou de la géopolitique sur Instagram,
20:09 mais si on est un petit peu consistant,
20:11 la Chine n'est ni un ami, ni un ennemi.
20:15 Pour certains sujets, je suis désolée,
20:17 mais nous sommes obligés de fonctionner avec la Chine.
20:20 Par exemple, la lutte contre le changement climatique,
20:22 c'est à l'échelle globale.
20:24 Pour d'autres sujets, et notamment industriel et économique,
20:26 c'est un rude concurrent à qui il faut mettre des limites.
20:29 La réponse, c'est du protectionnisme.
20:31 C'est un enjeu tout à fait européen,
20:33 dont nous n'avons pour l'instant pas beaucoup parlé,
20:35 mais qui se réglera aussi par le choix
20:37 de la liste de Manon Aubry le 9 juin.
20:39 - Une question de Jean-Pierre, pour vous, au Standard, Clémence Guettet.
20:42 Bonjour Jean-Pierre.
20:43 - Oui, bonjour.
20:44 - C'est à vous.
20:45 - Oui, bonjour. Je comprends votre indication
20:48 sur les morts de Gaza,
20:50 mais je ne comprends pas votre absence d'indication
20:53 sur tous les morts d'Ukraine,
20:55 il y en a au moins 10 fois plus,
20:57 alors que l'Ukraine n'a rien fait
20:59 pour subir cette agression,
21:02 alors qu'Israël a subi aussi une agression.
21:06 Votre réaction à ça ?
21:08 - Clémence Guettet.
21:09 - Merci Jean-Pierre pour votre question.
21:12 Nous n'avons pas d'indication à géométrie variable.
21:15 Et nous avons toujours dit que la violation des frontières
21:19 par la Russie était punie par le droit international,
21:23 nous l'avons toujours dénoncé.
21:25 Nous avons par ailleurs, au Parlement européen,
21:27 voté à chaque fois qu'il fallait aider l'Ukraine,
21:30 en soutien à l'Ukraine,
21:32 nous avons toujours voté en faveur de ça.
21:34 Et nous avons été là aussi, je crois, constants,
21:37 c'est-à-dire de la même manière que nous disons
21:39 il faut des négociations pour arriver à un cessez-le-feu à Gaza.
21:43 Nous avons dit il faut des négociations
21:45 pour arriver à la paix, à un cessez-le-feu
21:47 entre la Russie et l'Ukraine de manière durable.
21:49 Et d'ailleurs, le président Zelensky lui-même l'a dit,
21:53 il a proposé un plan de paix,
21:55 il a dit qu'il était prêt à des négociations.
21:57 - A condition de revenir aux frontières d'avant 2014 ?
22:01 - Il a dit qu'il était favorable, par exemple,
22:03 à un référendum d'autodétermination dans certaines régions,
22:06 la Crimée et le Donbass en particulier.
22:08 Donc je crois que pour notre opposition,
22:10 nous avons toujours été extrêmement clairs
22:13 sur le fait que des solutions, s'il y en a,
22:16 elles sont diplomatiques et qu'il faut faire taire les armes.
22:19 Ce dont on parle aujourd'hui en Ukraine,
22:21 c'est des gens qui se battent autour de 15 centrales nucléaires.
22:24 C'est un risque planétaire, des milliers de vies,
22:27 et ça a été dit par Jean-Pierre,
22:29 des milliers de vies ont déjà été perdues.
22:31 Et vraiment, il faut mettre là aussi toutes nos forces
22:34 pour une solution diplomatique et un cessez-le-feu.
22:36 - Je voudrais qu'on parle juste pour terminer de la PMA
22:38 qui a été ouverte en 2021 aux couples de femmes
22:41 et aux femmes seules dans la loi.
22:43 Mais vous dites que ça ne va pas assez vite,
22:45 que les délais sont beaucoup trop longs encore.
22:48 Et vous avez proposé à l'Assemblée nationale
22:51 une résolution. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
22:54 en quoi elle pourrait améliorer les choses ?
22:57 - En 2021, il y a eu la loi bioéthique.
22:59 Avant, c'était réservé la PMA pour les couples hétérosexuels.
23:03 Et puis ça a été ouvert aux femmes seules, aux couples lesbiens
23:06 et à celles et ceux qui avaient des projets parentaux.
23:09 Et on a vu un afflux de candidatures,
23:11 parce qu'il y a beaucoup de gens dans ce pays
23:12 qui ont envie de faire famille et qui ne le peuvent pas
23:14 pour différentes raisons.
23:16 Et M. Véran s'était engagé à un délai de 6 mois.
23:18 Aujourd'hui, en moyenne, c'est un an et demi, deux ans.
23:20 Ce qui fait que des femmes continuent d'aller à l'étranger
23:23 pour recourir à des parcours qui sont payants.
23:26 Et donc j'ai déposé une résolution
23:28 pour enjoindre le gouvernement à respecter ses promesses
23:31 et à faire de ce droit un droit garanti dans les faits.
23:33 - Quand vous lisez Emmanuel Macron dans le magazine,
23:35 elle, ce matin, dire qu'il s'engage à réduire les listes d'attentes,
23:40 ça va plutôt dans le bon sens ?
23:41 - Il ne faut pas que ça reste des incantations.
23:43 Donc ça veut dire des moyens financiers,
23:44 ça veut dire former des professionnels de santé,
23:46 ça veut dire permettre à l'agence de biomédecine, par exemple,
23:49 de faire des campagnes de rappel des donneurs de sperme et d'ovocytes
23:54 pour qu'il y ait davantage de gamètes disponibles dans le pays.
23:56 Donc il y a beaucoup de choses à faire.
23:58 Par ailleurs, l'interview du président dans Elle
24:00 est à nouveau une grande œuvre réactionnaire.
24:04 Franchement, il a un discours sur la question de la famille
24:07 et de la parentalité qui est celui d'un autre temps.
24:09 - Clémence Guettet, députée La France Insoumise du Val-de-Marne,
24:12 est responsable du programme de LFIL, L'Avenir en Commun.
24:15 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.

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