« La Minute parents », des capsules vidéo courtes et pratico-pratiques sur les questions qui touchent le quotidien d’une famille. Notre expert, Bruno Humbeeck (UMons), pédopsychologue, chercheur et auteur d’une quarantaine de livres sur l’éducation et la famille, donnera quelques clés simples et efficaces sur une problématique précise : comment gérer les devoirs, le harcèlement à l’école, les rivalités dans la fratrie, la charge mentale des parents, les transformations de l’adolescent, les colères d’un enfant ou les problèmes de sommeil chez son enfant…
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00:00 Dire à son enfant "tu n'as pas à être en colère", c'est une façon souvent de l'amener à être encore plus en colère.
00:05 Face à la colère de l'enfant, beaucoup, beaucoup, beaucoup de parents sont démunis.
00:13 La grosse difficulté, c'est que parfois la colère de notre enfant nous met en colère.
00:17 Alors on a une colère qui se met au carré, et là c'est la garantie d'avoir une crise de colère.
00:20 La réponse la plus contenante possible par rapport à la colère, c'est l'absence de colère,
00:26 qui suppose de la fermeté, parce qu'on peut accepter et on doit accepter la colère de l'enfant.
00:31 Toutes les émotions sont acceptables, elles ne peuvent être ni dites, ni contredites,
00:36 ni dans leur légitimité, ni dans leur intensité.
00:38 Donc dire à son enfant "tu n'as pas à être en colère", c'est une façon souvent de l'amener à être encore plus en colère.
00:43 Par contre, tu as le droit d'être en colère, mais tu n'as pas à l'exprimer de cette façon-là.
00:48 Ça c'est une façon de contenir la colère.
00:50 C'est important parce que quand on a, par exemple, un parent qui dit "tu n'as pas à être en colère",
00:54 puis qui lui-même se met en colère, il est en train d'expliquer exactement ce qu'il interdit en le mettant en mouvement,
01:00 et il crée un cercle vicieux qui fait que la colère rencontre une colère surajoutée,
01:05 qui refait rebondir la colère du parent, et là on est dans la crise partagée,
01:09 dont il est parfois très très difficile de sortir.
01:12 Et donc pouvoir dire "tu as le droit d'être en colère, tu ne l'exprimes pas comme ça,
01:15 et si tu l'exprimes comme ça, tu ne l'exprimes pas en gênant les autres".
01:18 Ce qu'on appelle le "time out", qui est une procédure éducative dont il ne faut pas abuser.
01:23 Il ne s'agit pas de systématiquement l'utiliser, mais la mise à l'écart de l'enfant quand il a une crise de colère,
01:28 pour qu'il puisse revenir dans la relation au moment où cette colère se sera apaisée,
01:32 c'est souvent très très efficace, parce que ça permet à l'enfant d'entendre "on accepte la colère".
01:37 "Tu as le droit de la voir, on n'accepte pas la crise de colère,
01:40 et cette crise de colère tu la manifeste dans un endroit où ça ne gêne personne".
01:44 Dès qu'elle est apaisée, on est là pour parler de cette colère, qui très souvent chez l'enfant,
01:48 parce qu'il faut savoir que c'est un mécanisme qu'on retrouve très souvent,
01:50 et une forme d'émotion par avant, en gros, quand l'enfant vit des émotions comme la tristesse,
01:54 comme la peur, qui se manifestent dans d'autres espaces de son cerveau,
01:58 s'il s'interdit de vivre ces émotions, le cortex va aller chercher l'émotion la plus disponible,
02:02 qui est la colère. Et donc un enfant qui a peur, un enfant qui est triste,
02:04 un enfant qui vit une expérience de dégoût, peut très bien faire une crise de colère,
02:08 et se mettre en colère, parce qu'il s'interdit, ou parce qu'on lui interdit, ces différentes émotions.
02:13 C'est ce qu'on appelle la crise de colère, comme l'enfant se rend très vite compte que,
02:16 cette colère n'est pas l'émotion qu'il était en train de ressentir,
02:20 il est en colère contre sa colère, et ça devient une crise de colère.
02:22 Et donc toujours avoir un endroit d'apaisement, où tu vas pouvoir identifier ton émotion,
02:26 être bien sûr qu'il s'agit de la colère, et si tu éprouves cette émotion,
02:30 tu nous l'expliques, mais dans un contexte d'apaisement, donc il faut d'abord retrouver ton calme,
02:34 et là, effectivement, le time-out peut-être, c'est-à-dire la mise à l'écart très temporaire de l'enfant,
02:38 peut-être une piste de solution, pour se donner les moyens de restaurer la communication dans un cadre serein.
02:45 Alors, les pistes, c'est toujours être ouvert à l'idée que la colère est effectivement une émotion comme les autres,
02:51 qu'elle ne doit pas être niée, qu'elle ne doit pas être pourchassée,
02:55 l'enfant a le droit de vivre ses moments de colère, il a aussi, c'est l'éducation qui va lui apprendre à le faire de mieux en mieux,
03:01 il doit pouvoir aussi apprendre à l'exprimer d'une façon socialement acceptable,
03:05 dans un contexte qui va donner un sens à cette colère.
03:08 [Musique]
03:13 [SILENCE]