• il y a 7 mois
11h00 - Naissance et avancée du projet Avec • Arnaud Hiltzer, producteur 11h20 – Naissance et avancée du projet Avec : • Francis Hallé, Botaniste, spécialiste des arbres et des forêts tropicales, président de l'association Francis Hallé pour la forêt primaire • Eric Fabre, secrétaire général de l’association Francis Hallé pour la forêt primaire Modération : Rémy Marion

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00:00 [SILENCE]
00:05 Alors voilà, on va attaquer cette présentation avec Eric Fabre, secrétaire général de l'association, et Francis.
00:14 Déjà, première question, ce projet un petit peu utopique, un petit peu fou, tu le dis, Francis,
00:20 il tient beaucoup à votre rencontre, à tous les deux. C'est très important, c'est quand même un duo de choc.
00:26 Donc j'aimerais bien connaître un petit peu comment vous vous êtes rencontrés, quand même. Eric, vas-y, à toi d'expliquer.
00:31 Alors, c'est le hasard absolu, je ne suis pas du tout scientifique, ni naturaliste, ni rien. C'est un festival.
00:39 Je ne fais pas de pub, mais enfin, c'est le festival du journal Le Monde, qui se tient dans un petit patelin du Lot-et-Garonne.
00:43 Et Francis participait à un débat. Moi, je suis en limousin. Avec mon épouse, on est toujours intéressés.
00:49 En plus, c'est la commune de toute ma belle famille. Il y a vraiment des hasards. Et Francis fait une dédicace à la fin du débat.
00:57 Et on se décide d'aller... Je dis à mon épouse, je t'offre un bouquin de Francis. On achète le bouquin de Francis, le plaidoyer pour l'arbre.
01:04 Et Francis, comme d'habitude, passe un très long temps à faire son dessin, voilà, et puis me parle de ce qu'il a dit tout à l'heure.
01:10 Je l'ai vu disparaître et tout. Et me dit tout à tract, il faudrait que des citoyens comme vous s'en occupent. Comme ça.
01:18 Et aussi connement, je lui dis, mais vous savez, il ne faut jamais me dire ça deux fois, monsieur.
01:23 Et lui me répond, mais moi non plus, monsieur. Et il me donne sa carte de visite. Voilà.
01:27 - C'était quand, Eric ? - C'était le 13 juillet 2018. Et donc, on est repartis... - Garonne.
01:33 - Ouais, couture sur Garonne. Et voilà, je suis reparti à la maison avec le bouquin, en me disant, j'ai bien autre chose à faire.
01:38 Enfin, j'avais pas mal d'associations dont je me suis occupé. Enfin, j'avais encore une activité pro sur entrée.
01:43 Et j'ai fait la connerie d'ouvrir le livre. Et là, c'est la énième révolution copernicienne de ma vie, en me disant,
01:50 t'as vraiment rien compris à ce qui t'entoure, décors, l'arbre et tout. Et j'envoie un mail à Francis en me disant,
01:55 écoutez, monsieur, je ne sais pas ce que je peux faire pour vous, mais... Il me répond par retour de mail.
02:01 Alors, j'indique quand même qu'un retour de mail de Francis Allais, c'est un truc exceptionnel.
02:07 Et il me dit, venez me voir. Donc je suis allé dans le bureau de Francis, 2 heures de discussion.
02:12 Puis je lui ai dit, écoutez, moi, j'étais journaliste, j'ai été élu, j'étais comme ça. Voilà.
02:15 Je passais ma vie à m'occuper de choses que je ne connaissais pas. Je principe, donnez-moi 6 mois, je pars en expédition,
02:21 rencontrer des gens, lire, me documenter. Je reviens vous voir, une seule condition, je viens en votre nom.
02:29 Et donc j'ai téléphoné au nom de Francis Allais. Et là, j'ai commencé à me dire, il se passe quelque chose.
02:34 J'ai vu tous les gens que je voulais. Partout. Enfin, vraiment. Bon, voilà. Et c'est parti comme ça.
02:39 Et on s'est retrouvés un jour dans un séminaire de la Drôme. Il m'a dit, est-ce que tu veux venir dans un...
02:44 Vous, venez venir, à l'époque. J'ai dit oui, oui. Il y avait 12 personnes. Emmanuel Torquevio, Yannick Cochet,
02:51 il y avait Béatrice, Gilbert Cochet, etc., dans le séminaire et tout. On a eu une journée merveilleuse.
02:56 Moi, j'étais au milieu de ces savants. J'ai appris des choses incroyables.
02:59 Et le matin, dans les brumes du monastère, vers 7 heures, on se balade. Je vois un fantôme, là,
03:03 dans la brume, qui faisait pareil que moi, découvrir le monastère. Francis me dit, qu'est-ce que vous en pensez d'hier ?
03:08 Je lui dis, vous savez, comme citoyen, je me suis cultivé. C'était merveilleux. Ce moment de ma vie, il me dit toujours,
03:14 OK, mais maintenant, on fait quoi ? Et il me dit, on fait quoi ? Je lui dis, on est 12, 13. On fait une association.
03:21 Moi, je sais faire. On va faire des statuts, des machins, des projets, et puis c'est parti.
03:26 Et donc, le 26 février 2019, on crée l'association. Quelques mois de démarche, etc., reconnaissant d'intérêt général.
03:32 On démarre. Un premier conseil d'administration à Emoutier, en Limousin, où on a le siège de l'association.
03:39 À l'automne 2019, nous y étions 13. Voilà. Et c'est parti comme ça.
03:46 — Francis, un petit mot sur cette rencontre qui était, j'imagine, indispensable, parce qu'on peut être passionné et tout ça,
03:52 mais il faut aussi des gens qui ont envie de relever les manches aussi et d'aller au charbon, quoi.
03:59 — C'est sûr que moi, j'aurais rien pu faire sans Éric, parce qu'on a des compétences complètement complémentaires. C'est vrai.
04:11 — Oui, j'ai été le premier personnage au monde à dire à Francis Salet ce projet-là est beaucoup plus compliqué que l'atterrissage sur une canopée tropicale.
04:20 Parce que là, c'est beaucoup plus dur.
04:23 — Oui, c'est vrai. Eh ben tu sais convaincre les gens et tu sais comment prendre des contacts et puis faire des réseaux.
04:30 Et moi, c'était pas mon truc du tout. Voilà. Et donc ça me semble marcher assez bien.
04:37 — Mais oui. Justement, Éric, tu peux nous faire un petit point actuellement de l'association, voir justement si votre rencontre porte ses fruits, quand même.
04:46 — Ben oui. Le défi, c'était de... Quand vous rencontrez un personnage comme Francis avec une idée pareille, la question, c'est comment ça devient une force matérielle.
04:55 Comment ça existe ? Comment on fait exister ça ?
04:59 Et donc aujourd'hui, on est bien au-delà d'un dialogue entre deux personnes. Ce qui se passe dans l'association aujourd'hui, c'est une équipe.
05:05 Vous avez entendu les noms ce matin. Il est impossible de faire ça sans des équipes, des adhérents.
05:10 Donc il fallait structurer une force. Une force qui, comme dit l'autre, qui va.
05:15 Et donc c'est quelques chiffres clés que vous avez. Vous verrez, on a aujourd'hui... On n'est plus 13, mais 4 750 adhérents.
05:22 Il y a un réseau de followers de 55 000 personnes. En termes de structure associative, on a pu développer des partenariats.
05:30 On est soutenu aujourd'hui par des fondations. J'aperçois Françoise Breitman-Diris. Il y a la Fondation Le Marchand, Botanique, Chlorane, Jinko, etc.
05:39 On a développé des moyens matériels qui sont...
05:42 — Si vous voulez qu'on passe les... — Si elles sont là, c'est... Mais enfin, c'est quelques chiffres...
05:47 Je vous donne l'idée de l'évolution. On avait en octobre 2019 un budget de 13 fois 20 € jusqu'à ce que Francis me dise...
05:59 Je lui dis... Parce que là, on va pas durer sur un projet comme ça. Et Francis me dit : « Tiens, mais je me souviens qu'il y a Jean-Baptiste Dumont. »
06:06 Il est par là. La fondation, tu devrais aller voir. Et donc voilà. Le principe de fonctionnement, c'est la gardère. Enfin, la gardère.
06:13 Le la gardère. Si tu ne vas pas à la gardère, c'est la gardère. Voilà. Le vrai. Et donc de rencontre en rencontre, on a construit une vraie structure
06:23 qui, aujourd'hui, a une capacité de porter toute une partie pour nous du PAN, qui est le soft power autour de la forêt, avec des contributions sur notre site.
06:33 On a une équipe assez géniale. On a 5 salariés, maintenant, des jeunes enthousiastes, des bénévoles qui travaillent autour de nous, des adhérents.
06:42 Voilà. Mais c'est pas encore suffisant. Il nous faudra, il nous faudra, il nous faudra beaucoup plus pour donner toute la force, toute sa richesse au projet
06:49 et porter des réflexions. Sur le plan de l'Asso, on a engagé des réflexions. Vous parliez de l'imaginaire, tout à l'heure.
06:55 Mais il y a un imaginaire très fort qui structure, aujourd'hui, la conscience de tout un public auquel on veut parler, celui des jeunes notamment,
07:02 mais pas seulement. On va travailler la question du jeu vidéo. La forêt occupe une place extrêmement forte dans l'imaginaire des jeux vidéo.
07:10 Et c'est des enjeux, aujourd'hui, de persuasion, de soft power, de discussion. Il y a 3 mots pour dire où est-ce qu'on en est, très concrètement.
07:19 Si je devais prendre 3 mots, je dirais 1er mot « reconnaissance », 2ème mot « enracinement territorial » et le 3ème mot « dialogue ».
07:28 La reconnaissance, bon, quand vous portez un projet avec Francis Salet, la reconnaissance scientifique, elle arrive tout de suite.
07:37 C'est-à-dire qu'il n'y a personne qui dit « ce projet est stupide » sur le fond. Personne. Au contraire même, y compris dans la transition, etc.
07:48 Tout le monde, Francis l'a rappelé tout à l'heure, a rappelé les multiples enjeux. Mais il y a beaucoup, beaucoup d'enjeux autour de ce projet.
07:55 En fait, ce projet, métaphoriquement, il est le nom du problème planétaire qu'on a aujourd'hui.
08:02 C'est-à-dire comment on organise de l'activité humaine, y compris productive, de manière articulée et raisonnée à côté d'espaces naturels qui doivent se développer de plus en plus.
08:13 Et de plus en plus en libre évolution.
08:15 Donc reconnaissance des institutions. J'ai aperçu Marco Onida qui nous a rejoints, qui est directeur des Forêts à l'Europe.
08:22 L'équipe de Marco Onida était une des premières à nous dire « ce projet, en soi, tient la route ».
08:27 Mais quand on venait le voir, c'était relativement vague. Il faut progresser, il faut travailler.
08:32 Mais tout de suite, on a senti un intérêt au niveau de toute une série d'organisations.
08:39 Mais évidemment, dans cette reconnaissance, il y a des aspérités.
08:43 Ben oui, il y a des lobbies. Ben oui, il y a des résistances.
08:47 Il y a la financiarisation de la forêt, il y a des pratiques agricoles telles qu'elles existent aujourd'hui.
08:53 Donc on est aussi dans une bataille.
08:56 Donc reconnaissance. Deuxièmement, l'enracinement territorial.
08:59 Nos réflexions, très vite, nous ont amenés avec l'équipe scientifique qui est celle de l'association
09:05 et des équipes qui nous accompagnent de l'extérieur, de cabinet-conseil, avec des géographes, des aménageurs, etc.
09:11 Nous ont dit « ce projet, c'est évidemment un projet de territoire.
09:14 S'il ne se fait pas sans les acteurs, ça sera perdu.
09:17 Donc comment on construit aujourd'hui un projet de cette sorte dans une zone du monde qui est une zone développée ?
09:24 Comment on pose cette question ? Qu'est-ce qu'elle remet en cause ? »
09:27 Donc on a des propositions, des réflexions.
09:30 Et on s'enracine aujourd'hui sur deux secteurs sur lesquels on travaille maintenant,
09:34 c'est-à-dire les Ardennes, la Wallonie, les Vosges du Nord et la Rhineland-Nippa-Latina,
09:41 tout simplement parce que 70 000 hectares, c'est de toute évidence un projet de politique publique.
09:47 Ça ne peut pas être un projet fondé simplement sur de l'acquisition, pas la fortune, et puis ce n'est pas l'enjeu.
09:53 Pour nous, c'est un projet public, transfrontalier, a dit Francis tout à l'heure.
09:59 Et si c'est un projet public, on va là où la propriété publique est évidemment la plus importante.
10:03 Donc le Grand Est qui est à l'exact inverse de la situation nationale,
10:07 puisque la propriété publique sous ses formes diverses, le mot public, d'un mot générique, est la plus forte.
10:13 Et donc on a commencé des visites de terrain. On est nés en plein Covid quand même.
10:18 Donc on a pu atterrir vraiment sur le terrain fin 2021, début 2022.
10:24 Et là, ça a commencé à se coïnciner le dur, c'est-à-dire, sans doute y compris au début, maladroitement,
10:31 même parce qu'on n'avait pas affiné, on affine, on s'enrichit de tous ces contacts.
10:35 Donc aujourd'hui, on travaille sur ces deux secteurs de manière différente.
10:39 On a rencontré les ministères, l'Elysée, on a même déjeuné à l'Elysée avec la planification écologique.
10:45 Ce projet est très installé dans les échelons de l'État, échelons locaux, échelons régionaux, dans le monde naturaliste, etc.
10:51 On ne demandait pas un accord en soi sur le projet.
10:54 Surtout, ce qu'on demande, c'est un accord sur la démarche de fond que le projet pose aujourd'hui.
11:03 Donc on s'enracine sur deux terrains.
11:06 On s'y est engagé, y compris au niveau du ministère de la Transition avec Béchut, qui nous a dit travailler sur les deux sites.
11:13 Dans les Ardennes, on va avoir une démarche liée au contexte local.
11:18 On va créer une antenne dans les Ardennes.
11:20 On va développer plusieurs programmes de recherche liés à des enjeux locaux,
11:25 y compris à des pratiques nouvelles de concertation sur lesquelles on veut travailler.
11:28 On va sortir des débats, des conventions habituelles, qui ont aussi des limites.
11:33 On travaille avec l'Institut polytechnique de Zurich sur des jeux stratégiques, sur des formes nouvelles de dialogue territorial.
11:41 On va développer une série de recherches là-dessus sur le terrain des Ardennes.
11:46 On y était hier à partir de Charleville, ville-porte du parc naturel régional, toute la pointe de Givet,
11:52 et les parties wallonnes de chaque côté, puisque cela a beaucoup bougé de ce côté-là avec la création de parcs nationaux.
12:00 Et puis, un chantier Vosges du Nord qui va être différent, qui va avancer, toujours des contacts de terrain,
12:08 mais qui va avancer sous la forme, dans les prochains mois, de la préparation d'un très grand colloque
12:13 avec nos partenaires d'Acadie, Daniel Béart interviendra cet après-midi.
12:17 Et là, on va travailler toutes les questions que pose le projet, si on le prend en tant que tel,
12:22 et je trouve que la formule est très bonne, comme un accélérateur de la transition écologique.
12:26 Comment la question posée d'un espace en libre-évolution de très grande dimension interpelle les dynamiques locales,
12:34 y compris les dynamiques de transition, y compris les dynamiques positives.
12:37 C'est-à-dire qu'on n'est pas là pour dire "stop, on met un truc autour, plus personne dedans et terminé".
12:42 C'est la caricature qu'on donne de notre projet aujourd'hui.
12:45 Nous, on dit au contraire, c'est un formidable levier d'exploration, d'expérimentation pour dire comment on va construire.
12:52 On a 700 ans, Francis.
12:54 Que ce projet, les parcs nationaux, se construisent sur 10 ans, que ce projet se construise sur 20 ans ou 30 ans,
12:59 ce n'est pas la question, on l'a, le temps long.
13:02 Il y a des décisions à prendre maintenant sur un projet dont les enjeux sont considérables,
13:05 mais on a le temps long devant nous.
13:07 Quelle politique on invente ?
13:09 Comment on capitalise les dynamiques existantes ?
13:11 Comment on les fait bifurquer ?
13:13 Comment on travaille toutes les questions qui sont posées aujourd'hui dans la crise ?
13:16 Réflexions sur les modes de protection.
13:18 Est-ce qu'ils ne sont pas au bout d'une certaine histoire ?
13:20 Les façons de conserver l'impact de l'enjeu transitionnel dans l'activité des entreprises.
13:27 Est-ce que ce n'est pas l'occasion, et nous le pensons, de penser la question de la recherche scientifique autour des forêts,
13:33 d'avoir un grand lieu de recherche ?
13:35 Les scientifiques nous disent qu'on a besoin d'espaces de recherche plus grands.
13:38 On travaille sur du trop petit.
13:40 On peut faire, dans le Grand Est, le cerne de la forêt.
13:45 Le lieu mondial où on a une réflexion avec des chercheurs qui, à la fois, travaillent les questions scientifiques de l'écosystème lui-même,
13:53 mais aussi des sociologues qui travaillent la représentation, des juristes qui travaillent le mode de gouvernance.
13:57 Comment on va gouverner cette ovnie sur le plan international ?
14:00 Ce sont des questions absolument passionnantes.
14:02 Comment on va travailler les nouvelles formes de tourisme ?
14:05 On parle de tourisme de contemplation.
14:07 Il ne s'agit pas de faire du sur-tourisme et de refaire les alignements de Carnac ou les Calanques avant qu'on prenne des mesures.
14:15 Il s'agit de pratiquer un autre type de...
14:17 Comment on urbanise ? Comment on réaménage ?
14:20 Comment on compense les communes qui vont perdre du revenu ?
14:22 Ce sont des questions de politique publique qui sont posées.
14:24 Et nous, on est, méthode DECA, le projet type pour essayer de travailler ces questions.
14:30 Donc, premièrement, on est reconnu.
14:32 Deuxièmement, on s'enracine territorialement.
14:34 On a la tête dure et on va aller au fond, au fond, au fond.
14:37 On va discuter avec les chasseurs.
14:39 On va discuter, négocier avec les communes et avec l'État.
14:44 Mettre tous ces gens en rapport avec l'Europe.
14:47 Parce que c'est évidemment un projet dont l'enjeu est européen.
14:50 Et on sait la disponibilité intellectuelle et théorique de l'Europe à notre égard.
14:56 Mais l'Europe, elle a besoin que les gens sur le terrain et la France disent "Ok, Banco, voilà comment on se développe".
15:02 On veut développer. Je dirais que le troisième mot-clé, c'est "dialogue".
15:06 Écoute et dialogue.
15:08 On a eu des affrontements, parfois très durs, avec des gens qui ne voulaient pas nous entendre.
15:15 Par exemple, les chasseurs nous disent, ou des gens nous disent "Libre-évolution, le cœur, c'est y'a rien, y'a plus personne et tout le monde dehors".
15:25 Oui, la libre-évolution, à un moment donné, ça suppose plutôt l'absence d'une activité humaine prédatrice, etc.
15:33 Évidemment. Mais à partir de là, on a tout dit, rien dit.
15:36 Et nous, on souhaite, et on leur a dit, discuter.
15:39 Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Qu'est-ce qu'on va faire ensemble ?
15:42 On ne dit pas "non".
15:45 On dit, enfin je prends les chasseurs, mais je peux prendre les questions d'affoages, ou les questions de politique publique, les mairies, les communes.
15:52 On dit, on va mettre toutes ces questions sur la table et voir ce qu'on va faire ensemble.
15:56 On se parle, on discute.
15:58 Bien sûr qu'il y aura des accords à trouver, mais on sait que dans certaines zones en Slovénie ou ailleurs,
16:04 il y a des zones où il y a évidemment des établissements d'hôtellerie, de développement, etc.
16:09 Des pratiques de chasse, etc.
16:11 On en discute, on s'en parle.
16:13 C'est vraiment l'esprit dans lequel on est.
16:16 On est aujourd'hui au travail sur le terrain.
16:20 On essaie de développer par nous-mêmes une activité de recherche.
16:23 On va sans doute développer une activité de recherche et de production scientifique, technique, juridique, de plus en plus importante,
16:30 à côté du travail de soft power, d'organisation, de mobilisation de gens par le biais du travail de l'équipe associative.
16:40 Et puis peut-être un jour, puisque là on est à la cité des sciences et de l'industrie,
16:43 je l'ai dit à Francis, j'ai un rêve.
16:46 Vas-y, vas-y.
16:48 Le rêve, c'est la grande fondation Francis Salé.
16:51 C'est-à-dire, au-delà du projet de forêt primaire, qui est déjà extrêmement important,
16:57 l'idée d'avoir un lieu et un endroit qui soit un lieu comme un institut, Jacques Delors,
17:04 un lieu qui travaille l'œuvre de Francis, qui va bien au-delà du projet de forêt primaire,
17:11 c'est-à-dire qu'il soit un lieu de production scientifique, de labo, de production d'opinion sur la forêt dans le monde,
17:16 un lieu d'expo, de remise de prix de thèse, à la hauteur du boulot de Francis.
17:20 Puis on se parle assez franchement, maintenant, je ne suis pas du genre flagorneur non plus.
17:24 Mais il y a un point de vue sur la forêt, une réflexion sur les tropiques,
17:31 enfin la condition tropicale, c'est un bouquin aussi qui pose des tas de questions sur notre regard sur la Terre, sur la vie de la Terre, etc.
17:38 Je rêve de ça. Mais à chaque jour, il suffit simplement...
17:41 Le deuxième rêve, et j'en termine, c'est un rêve que partagent les Cochet ou Ernst Zürcher en Suisse ou quelques autres,
17:47 ils nous disent "oui, c'est bien le projet de Francis dans les Vosges du Nord, les Ardennes, c'est sympa",
17:51 mais le truc, c'est le méta-projet, c'est celui qui part des Ardennes, qui va jusqu'au Rizou,
17:57 et le Luxembourg, et l'Allemagne, machin, formidable, mais pour l'instant, halte au feu, on a les pieds dans la glace.
18:04 - Au cours du travail, Eric. - Oui, oui. - Vous avez compris, il y a de l'enthousiasme, et Eric porte magnifiquement.
18:10 [Applaudissements]
18:17 Si vous n'êtes pas encore adhérent de l'association, vous voyez ce qu'il vous reste à faire.
18:22 Il y en a plus de 13, il y en a 4700, tu disais, 4750 au jour d'aujourd'hui,
18:28 donc il va falloir arriver aux 5000 assez rapidement, donc je pense que là, on ne devrait pas être loin.
18:33 Donc n'hésitez pas. Donc c'est magnifique tout ça, et Francis, j'imagine que pour toi, c'est quand même quelque chose,
18:40 je ne dirais pas un aboutissement, mais quelque chose de formidable, cette énergie, cet enthousiasme pour ce projet.
18:45 C'est la première fois que je vois un mouvement public qui s'intéresse aux forêts.
18:52 Ça a toujours été une affaire de spécialiste.
18:55 C'est typique, par exemple, quand on a annoncé 70 000 hectares, la plupart de mes collègues écologues m'ont dit
19:03 « Mais c'est gigantesque, c'est monstrueux ! » Non, c'est tout petit !
19:09 Ça prouve que jusqu'à présent, ce qu'on avait concédé à l'écologie, c'était totalement insuffisant.
19:14 D'ailleurs, ça explique pourquoi ça ne marchait pas.
19:17 Ce n'est pas énorme, c'est un minimum 70 000 hectares.
19:23 C'est un minimum pour quoi, Francis ? Pour des raisons écologiques ?
19:28 Non, parce que nous sommes devant un problème de changement climatique.
19:32 Ce ne sont pas les 70 000 hectares, si nous arrivons à les couvrir de forêts primaires, qui vont changer ça.
19:38 C'est une question d'échelle.
19:41 Donc, mon grand espoir, c'est que ça marche et que ça soit copié par d'autres pays.
19:46 Ils vont s'apercevoir que ce n'est pas compliqué, que ce n'est pas tellement coûteux.
19:52 Donc, si c'est copié, je crois que ça va déjà l'être en Espagne.
19:57 Ce qui est très compliqué, c'est que ça remet en question fondamentalement, dans nos pays tels qu'ils sont,
20:04 des pratiques, des institutions et des politiques.
20:07 C'est-à-dire que 70 000 hectares, en soi, ce n'est pas énorme.
20:12 Le problème, c'est que 70 000 hectares, en France, dans ces coins, c'est de la propriété communale,
20:18 c'est des pratiques de chasse, c'est des politiques publiques qui s'appliquent,
20:22 c'est du revenu de l'exploitation forestière, etc.
20:25 C'est penser la forêt en termes de mètres cubes, c'est penser la forêt en termes de contribution aux produits nationaux bruts,
20:33 à des critères d'administration et de gestion qui sont totalement remis en cause dans la période dans laquelle on est.
20:41 En plus, le projet, il est à la fois une réponse majeure,
20:46 quand Elon Musk, ou quand même on entend le président Macron, nous aligner tous les trucs techniques qui vont absorber le carbone,
20:54 Francis a écrit, il y a plusieurs fois, et puis lui n'est pas tout seul, on a la multiplicité des études,
21:00 la grande usine à absorption du carbone, elle est là, c'est la forêt, et il faut l'entretenir.
21:04 Sauf que dire ça, dire on a vitalement besoin, dans les dix ans qui sont devant nous,
21:11 où on peut prendre des décisions un peu stratégiques pour tenir les objectifs du climat,
21:16 à la fois d'étendre les régions, les zones, les espaces forestiers, et leur permettre de s'épanouir, de vieillir,
21:25 ça suppose des décisions qui vont vraiment à l'encontre de pratiques, d'habitude et de politiques qui existent aujourd'hui.
21:33 Et il faut inventer, et c'est pour ça qu'on dit, et c'est ça qui intéresse quand même aujourd'hui,
21:38 c'est qu'avec la mise en oeuvre du projet, notamment sous son aspect de dialogue, de colloque, de confrontation, de discussion, de réflexion partagée,
21:48 c'est, alors c'est un mot, je sais bien, qui ne te plaît pas trop, c'est de l'expérimentation.
21:53 On n'expérimente pas le fait qu'il y aura une forêt primaire, effectivement, au bout,
21:57 mais ce qu'on expérimente, c'est comment on fabrique ça, comment on met en place des mécanismes qui correspondent à ça.
22:03 Alors on va le faire dans les Vosges du Nord d'une certaine manière, on va le faire dans les Ardennes d'une autre manière,
22:07 parce que les territoires sont complètement différents, mais enfin, Daniel Béart peut te dire ça.
22:10 On pourrait supposer que l'un des écueils, évidemment, est que les politiques s'engagent sur 700 ans,
22:15 mais enfin ils nous engagent, par exemple, avec les déchets nucléaires sur 100 000 ans,
22:18 donc sur 700 ans, ça doit être possible quand même, non ?
22:22 Oui, de toute façon, si Saint-Louis avait commencé, ça serait fait.
22:26 Oui, mais il faut qu'on en sorte.
22:30 C'est très long, 700 ans, c'est très long à imaginer, mais c'est curieux,
22:35 comme on pose toujours la question du "700 ans, c'est vachement compliqué",
22:39 et de l'autre côté, on ne se rend pas compte qu'on a 7 ans, 10 ans, pour prendre des décisions draconiennes.
22:45 Ça ne pose pas de problème.
22:47 Nos petits-enfants, c'est eux qu'on regarde.
22:53 Moi, c'est eux que je regarde quand je fais ça.
22:56 D'ailleurs, Francis, je trouve cette idée géniale, tout ce projet génial,
22:59 mais je me dis que je ne veux pas passer dans mes 4 planches en sapin,
23:04 avant d'avoir fait le truc qui fait qu'au moins mes petits-enfants vont...
23:07 Ça va moins être dur, ça va être dur !
23:10 Je ne veux pas faire de catastrophisme, mais on a quelques années pour changer.
23:14 Et donc, l'intérêt de ce projet, c'était de se dire, non pas, est-ce que vous êtes d'accord ou pas ?
23:19 Nous, on ne vous demande pas, et on l'aura dit d'ailleurs,
23:22 mais des fois, dans d'autres lieux, que les affrontements frottons de quelques réunions,
23:27 des gens comme les chasseurs d'eau, on ne vous demande pas d'être d'accord avec nous ou pas.
23:31 C'est bien français, c'est notre incapacité de dialogue.
23:34 En France, par contre, d'expliquer au monde entier ce qu'il y a à faire, ça en est très fort.
23:37 Mais pour dialoguer, on dit, et si on fait ça chez nous ?
23:40 Là, il se passe quoi ?
23:42 Très honnêtement, jouons ensemble, parlons ensemble, travaillons, amenons des scientifiques.
23:46 Je suis sûr que si on fait ça, on trouvera les moyens et les voies, c'est sûr.
23:51 Magnifique. Francis ?
23:54 Non, je n'y connais rien en jeux vidéo, mais vraiment rien.
23:58 Mais ça m'intéresse beaucoup ce que tu dis, et je suis très impatient de voir comment ces trucs-là pourraient nous aider.
24:06 Alors, c'est une anecdote.
24:08 Non, ce n'est pas une anecdote, mais notre réflexion sur les jeux vidéo, au départ, c'était l'idée.
24:13 Notre projet est très abstrait, comment le rendre concret ?
24:16 Un jeu vidéo, ça peut rendre concret.
24:18 Et puis, de bons conseils avisés, de gens qui s'y connaissent vraiment, nous ont dit que ce n'est pas du tout comme ça qu'il faut prendre le problème.
24:23 On va aller d'abord travailler la question chez les concepteurs et chez les gamers.
24:27 Quelle conception ils ont des forêts ? Comment ils fabriquent de la forêt ? Quelle forêt ils fabriquent ? Comment on en discute ? Etc.
24:33 On s'est rendu compte, et on est en train de se rendre compte, que même ça va bien au-delà de ce qu'on imagine.
24:37 C'est qu'à travers la question des jeux vidéo, bien sûr, on touche à l'enjeu culturel majeur,
24:45 qui est plus que l'équivalent ajouté de la musique, du cinéma et du théâtre.
24:51 C'est quand même la pratique culturelle majeure.
24:53 C'est à la fois un objectif de conquête, certes de nouveaux publics, mais nous de compréhension d'un univers
25:00 qui va nous conduire à nous rendre compte que la forêt est aussi un enjeu de data.
25:04 Et qu'à travers des pratiques et des réflexions sur les jeux vidéo, on va toucher à des questions tout à fait nouvelles,
25:11 sur lesquelles je suis incapable de dire un mot de plus, c'est sans doute compliqué, mais on va nous l'expliquer.
25:18 Et c'est pour ça qu'on s'y intéresse. Ce n'est pas simplement une démarche opportuniste.
25:21 Je veux dire, les jeunes, tout le monde, en ce moment l'ONF, tout le monde fait son jeu vidéo.
25:26 Ça n'a aucun sens, aucun intérêt pour nous.
25:28 Nous, c'est les enjeux qu'il y a à travers une pratique culturelle aussi massive, à travers une pratique de construction d'imaginaire aussi massive,
25:36 à partir d'une pratique de construction de données aussi massive que celle-là,
25:40 comment nous on se l'approprie pour re-rentrer l'homme dans l'ensemble du vivant, pour nous réincruster, pour nous réinstaller.
25:50 Et c'est un des enjeux du projet.
25:53 On est le projet en ce moment, j'espère, qui concrètement contribue aussi à réinstaller les territoires,
25:59 très concrètement dans la transition écologique aujourd'hui.
26:03 Et c'est ça qu'on veut. Et c'est de ça dont le projet de Francis est le nom, sur le fond.
26:10 Merci Eric. On va prendre quelques questions avant la pause du déjeuner, après juste l'intervention de maintenant.
26:16 Là, il y aura une séance de signatures, de dédicaces, juste à l'extérieur.
26:21 Je ne suis pas certain que Francis ait le temps de vous faire toujours un petit dessin.
26:26 Mais il va faire pour le mieux. Il y aura une séance de dédicaces.
26:31 On a des micro-baladeurs maintenant dans la salle.
26:35 Si vous levez la main pour avoir le micro, et poser quelques questions, là-bas sur notre droite.
26:41 Bonjour, je m'appelle Manuel. J'avais une question à poser.
26:44 Parce qu'effectivement, il y a actuellement une idée fausse qui se crue aussi.
26:48 Il y a un problème de micro, ça crachouille là. Il faut bien parler devant le micro.
26:53 Non, il est coupé là.
26:55 Ça fonctionne. Il ne faut pas taper sur les têtes de micro, c'est des abus.
27:10 Il y a une fausse idée actuellement qui a tendance à circuler.
27:14 C'est de croire que ce n'est pas grave de d'abattre des arbres, on peut en remettre.
27:17 Sauf qu'on oublie une chose fondamentale, c'est que ce qui se passe sous le sol,
27:20 de ce qui se passe sous le sol, dépend de ce qui se passe au-dessus du sol.
27:23 Et notamment toutes les symbioses et tout ça.
27:26 Et ça, ça prend également énormément de temps.
27:28 Et que là, cette idée, je pense que, évidemment c'est un encombre de la forêt primaire,
27:33 il faudra aussi essayer de l'enlever.
27:36 Parce qu'effectivement, encore une fois, des vieux arbres,
27:39 enfin des vieux arbres, et encore vieux, je ne sais pas ce que ça veut dire,
27:42 n'ont rien à voir avec des jeunes arbres qu'on plante.
27:45 Et là, je pense qu'il faut travailler aussi sur ce sujet-là,
27:48 de manière à donner plus envie d'aller vers une forêt primaire,
27:53 sachant qu'en plus, je pense qu'une forêt primaire est un élément indicateur.
27:56 Si on a une forêt primaire à côté chez nous, et qu'elle fonctionne correctement,
28:00 ça veut dire qu'on n'est pas en train de faire trop de conneries à côté.
28:02 Parce que si on fait des conneries, elle en subira des conséquences.
28:05 Donc ça peut aussi être un élément important.
28:07 - On en parlera abondamment au début d'après-midi,
28:09 avec la présentation de Marc-André Sellos,
28:11 grand spécialiste des sols forestiers.
28:13 Donc effectivement, monsieur, vos remarques sont tout à fait pertinentes.
28:16 On va développer tout ça en tout début d'après-midi,
28:18 avec la première table ronde.
28:20 On va développer entre autres sur les sols,
28:23 et vraiment tout le substrat qui va permettre à cette forêt primaire de se réinstaller.
28:27 D'autres questions ?
28:29 - Oui, bonjour.
28:31 Du coup, en tant qu'ardonné, on a vu passer aussi pas mal de...
28:36 Comment dire ?
28:38 De réactions de la part du parc naturel régional des Ardennes,
28:42 assez virulentes.
28:44 Presque une réaction de lobbyistes, en fait.
28:47 Je voulais savoir où ça en est, les échanges avec le PNR des Ardennes,
28:52 parce que ça a vraiment l'air compliqué.
28:54 - Non, non, touche pas. C'est en régie que ça se règle.
29:06 - Vas-y.
29:08 - Non.
29:10 Quand on est allé sur le terrain...
29:13 Alors, dans les Ardennes, on est allé en mars 2022.
29:16 Sur le terrain, on avait fait des demandes de rendez-vous, aucune réponse.
29:20 Aucune réponse du parc, aucune réponse...
29:23 Un jour, est tombé, comme ça, très abruptement,
29:28 y compris pour les membres du comité syndical du parc,
29:32 à l'occasion d'une réunion du comité syndical,
29:34 une motion proposée par le président, extrêmement hostile,
29:37 reprenant à peu près tous les clichés possibles et imaginables.
29:41 On va vider, etc.
29:43 Donc, opposition brutale et tout.
29:45 Des élus se sont étonnés, mais il y a eu quelques oppositions.
29:49 On n'a pas discuté de ça.
29:51 Le conseil scientifique du parc n'a pas donné son avis.
29:54 Mais ça a été voté.
29:56 Les élus ont voté, parce que souvent, dans leur commune,
30:00 ils ont une subvention, ils ont une aide.
30:02 Ils ne comprenaient pas, ils ont voté.
30:04 Il se trouve que ce vote, cette décision rendue publique,
30:07 a provoqué, y compris sur la page Facebook du PNR,
30:10 un certain nombre de réactions, de gens disant
30:12 "Mais attendez, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
30:14 On n'a pas entendu le projet, on ne connaît pas, etc."
30:17 Le comité scientifique qui avait été saisi par le parc a dit
30:20 "Bah nous, on veut travailler avant d'émettre une opinion."
30:23 Finalement, après avoir fait voter ce texte par son comité syndical,
30:28 le président a dit "On va quand même faire une réunion de présentation."
30:31 Donc on y est allés, avec Francis et moi.
30:33 Ça a été un peu un festival,
30:36 surtout parce qu'il y a eu 3, 4, 5 personnes
30:40 représentant des communautés de communes
30:42 qui sont montées au créneau très fort,
30:44 et avec qui il était inaudible,
30:46 enfin on peut prendre tous les comptes rendus,
30:48 pour lesquels il était inaudible, dès que Francis ou moi répondions sur le thème.
30:51 Mais on ne va pas vous donner des réponses comme ça, tout de suite,
30:54 sur ce qu'on peut faire ensemble ou pas.
30:56 C'est des choses que, justement, on veut travailler avec vous.
30:59 Parce que, bien sûr, on discutera.
31:02 Bien sûr, qu'il y aura dans des zones telles ou telles,
31:07 il y aura de la chasse, il y aura des pratiques de chasse.
31:09 Ce n'est pas une idée qu'on exclut du tout.
31:11 On va la travailler, etc.
31:13 C'était totalement inaudible, vous ne nous donnez pas de réponse, etc.
31:15 Après la réunion, on a eu beaucoup de discussions,
31:17 avec des gens qui y ont participé,
31:19 des élus, des techniciens du parc,
31:21 le maire de la principale commune du département,
31:24 qui était sur des positions, tous les uns et les autres,
31:26 d'ailleurs lui s'est exprimé pendant la réunion,
31:28 beaucoup plus nuancé, beaucoup plus à l'écoute,
31:30 sans qu'il nous dise "Ah, on est d'accord".
31:33 Ce n'était pas ce qu'on leur demandait.
31:35 Il vient nous dire "Bien, continuons à dialoguer, continuons à discuter".
31:38 Donc, le parc, en plus, est dans une phase de révision de sa charte.
31:43 Et donc, on a tendu la main.
31:45 Francis a réécrit, d'ailleurs, au président du parc,
31:47 en disant "Mais il y a y compris dans votre charte actuelle des choses.
31:49 Travaillons ensemble".
31:51 Donc, ils ont commencé le processus de révision de charte.
31:54 On le sait parce que la presse dans les Ardennes en a parlé hier,
31:58 que dans des réunions, il n'y avait pas beaucoup, beaucoup de monde, d'ailleurs.
32:02 Des gens ont posé la question du projet.
32:05 Le projet, il est présent.
32:07 Donc, nous, on est complètement ouverts en permanence au dialogue.
32:11 On ne veut surtout pas s'installer dans un affrontement avec le PNR.
32:13 Pour nous, les PNR, d'ailleurs, au PNR des Vosges du Nord,
32:18 je vais y aller aussi, le climat est totalement différent.
32:22 On a un avis du conseil scientifique du PNR des Vosges du Nord
32:26 qui ne dit pas "Vive le projet Francis Lallet" etc.
32:29 Il dit "Nous, on travaille très bien avec le parc, on fait avancer les choses".
32:33 Les dernières phrases de l'avis du conseil scientifique,
32:38 c'est "Nous devons nous tenir informés en vue de possibles convergences futures".
32:43 C'est-à-dire que là, on est sur le chemin de la construction.
32:48 C'est des acteurs. Prenez l'ONF.
32:52 On a rencontré l'ONF à tous les niveaux.
32:54 Pour nous, une évidence, c'est typiquement une réflexion de recherche,
32:57 un programme de recherche de l'ONF, un projet comme celui de Francis.
33:01 Quand on les a rencontrés, c'était des discussions possibles avec eux.
33:06 Allez-y, prenez-le.
33:08 Ils ne sont pas dans cette logique.
33:10 Par contre, ils n'ont pas créé d'obstacles à nos rencontres sur le terrain.
33:14 Laurent et d'autres étaient ensemble à Montirandère.
33:19 Laurent Tillon s'est exprimé clairement la revue.
33:22 Après, il y a plein de gens dans l'ONF, à tous les niveaux, qui disent "Allez-y".
33:26 Les politiques, ce qu'on nous demande en ce moment, c'est de créer le consensus.
33:31 Mais voilà où on en est. On est complètement ouverts à tout.
33:35 D'ailleurs, on va développer le dialogue dans les Ardennes.
33:37 On s'installe dans les Ardennes.
33:39 On va ouvrir des locaux. On y était hier.
33:41 Il y a passé deux jours. On a participé à une réunion.
33:44 Il y a les Assises Régionales des Forêts et du Bois, organisées par la filière Bois.
33:49 L'OREN Nature Environnement, qui est une des structures constitutives de ces Assises,
33:54 organise des rencontres associatives.
33:56 L'association, qui est maintenant sur le terrain là-bas, a été invitée à participer.
34:02 On était même dépassé.
34:04 Il y avait 400 personnes qui nous demandaient.
34:06 Il y en avait 14. On avait plus de monde qu'à la réunion du PNR.
34:09 Des propriétaires forestiers, des forestiers, des naturalistes, des citoyens.
34:16 C'était sympa. C'était super sympa.
34:18 Donc voilà. On y va dans les Ardennes.
34:20 Vas-y Francis.
34:22 Juste un petit détail.
34:24 Je ne suis pas très familier avec les réunions politiques.
34:27 Tu as dû t'en rendre compte.
34:29 Mais cette réunion dans les Ardennes, ça m'a laissé un souvenir assez dur.
34:33 On m'a comparé à un dignitaire nazi et nonmément au Maréchal Göring.
34:41 Ça ne m'a pas vraiment fait plaisir.
34:44 Et je crois que je préfère mon labo.
34:47 Merci Francis.
34:49 [Applaudissements]
34:54 Juste peut-être pour compléter, si vous habitez dans un PNR,
34:57 il faut savoir que les PNR révisent leur charte.
34:59 Un peu partout en France.
35:01 Il y a des prises de position, comme dans les Pyrénées,
35:03 qui ne sont pas toujours favorables à la biodiversité.
35:05 Donc faites attention à la révision des chartes des PNR.
35:08 Actuellement, c'est en cours.
35:10 Madame Amikro.
35:13 Merci. Encore deux, trois questions.
35:15 Et puis on va faire la pause déjeuner.
35:17 Je voulais savoir s'il y avait un minimum d'hectares
35:23 pour créer une forêt primaire.
35:25 Je voulais savoir si vous encouragez tout particulier que nous sommes,
35:31 qui avons un jardin ou des terres ou des domaines,
35:35 à recréer des espaces complètement sauvages et primaires.
35:39 Il y a un collectif qui s'est créé il n'y a pas très longtemps,
35:45 qui s'appelle le Collectif pour la libre évolution.
35:48 Valérie Thomé.
35:50 Vous tapez ce nom-là sur Internet, vous allez voir.
35:52 Alors ça ne fera pas des forêts primaires parce que la surface n'est pas suffisante.
35:57 Mais c'est une très bonne idée de laisser intact, sans y toucher,
36:01 sans rien toucher, des zones qui ne servent à rien
36:06 et qui peuvent être changées en forêt.
36:08 Oui, oui, moi je suis tout à fait pour.
36:10 Il y a un exemple au Japon, c'est Miyawaki.
36:14 Bon, ce n'est pas assez grand pour être des forêts,
36:17 mais ça fait plaisir aux gens.
36:19 Tout d'un coup, ils ont un espace vert avec quelques animaux.
36:22 C'est super, mais allons-y, sans hésiter.
36:25 Tu veux compléter ? Vas-y.
36:27 Un petit complément.
36:29 Ce projet, et on l'a dit au niveau de l'Europe, au niveau de la France,
36:34 il s'inscrit complètement dans des stratégies publiques qui existent.
36:38 10% d'air en protection forte, ça a été encore rappelé
36:42 dans le dernier document de planification écologique.
36:45 C'est un objectif, en France, c'est un objectif au niveau de l'Europe.
36:48 Donc à un moment donné, où les politiques publiques s'appliquent,
36:52 et auquel cas, on se trouvera confronté aux questions que pose le projet de Francis,
36:57 où elles ne s'appliquent pas, mais alors là c'est un autre problème avec d'autres conséquences.
37:00 Donc on est complètement dans ça.
37:02 Après, il y a des formes très variées, il y a des associations.
37:05 Francis rappelle le collectif Libre Évolution.
37:08 Nous, on discute avec nos amis de canopée, nos amis de l'espace,
37:11 nos amis des sociétés naturalistes.
37:13 Chacun fait son bout, fait sa part.
37:16 La spécificité du projet de Francis, et c'est ce qui m'était apparu au départ,
37:20 c'est parce que moi j'avais rencontré Forêt Sauvage, j'avais rencontré Gilbert et Béatrice,
37:24 j'avais rencontré...
37:26 Et j'aurais dit "mais attendez, mais c'est à vous, c'est à vous de prendre un projet de cette nature".
37:31 Et très vite, je me suis rendu compte qu'on était à un autre bout du problème Libre Évolution.
37:37 C'est-à-dire que la dimension, quand même, assez considérable,
37:40 et en temps, et en surface du projet,
37:43 obligeait à se poser la question des politiques publiques.
37:46 C'est-à-dire à prendre le projet par en haut,
37:48 et pas par l'acquisition de parcelles chez le notaire, etc.
37:51 De le prendre obligatoirement par en haut.
37:54 Mais tout ça converge, tout ça converge vers la réinstallation progressive
37:59 de grands espaces naturels où les dynamiques naturelles s'expriment librement.
38:03 Et puis, comme me dit Sylvain, si ça commence à 3% d'un espace forestier,
38:07 ça commence à 3% d'un espace forestier,
38:09 et puis ça va jusqu'au projet.
38:12 Dernière question, peut-être ?
38:15 Une question au milieu de la salle, là, voilà.
38:17 Bonjour. Je voulais savoir si vous... Je suis là ?
38:22 Oui, oui, je vois.
38:24 Je voulais juste savoir si vous avez des...
38:27 Je pense que vous l'avez suivi, mais si vous avez des infos liées à Lula au Brésil,
38:33 qui a fait une assemblée, je crois, avec tous les pays d'Amérique du Sud,
38:37 pour protéger les forêts primaires.
38:39 Je sais pas, peut-être que vous ne le suivez pas,
38:41 mais je me suis dit que ça pouvait être intéressant d'avoir votre vision là-dessus.
38:44 Combien on peut y croire, en fait, à ce projet,
38:46 qui a l'air quand même énorme.
38:48 Je n'ai pas trop suivi, mais de ce que j'ai compris,
38:50 c'est tous les pays d'Amérique du Sud qui se sont réunis,
38:53 du moins une majorité, pour les protéger,
38:56 enfin, il y a une assemblée, avec une assemblée.
39:01 J'ai été, je dois dire, un petit peu déçu quand j'ai compris que,
39:05 lorsque Jair Bolsonaro a été remplacé par Lula,
39:09 la déforestation n'a pas baissé.
39:12 Et, alors, peut-être qu'elle le fait maintenant,
39:15 mais il y a des forêts superbes, celle de l'Acrée,
39:18 dont a parlé ce matin notre ami cinéaste.
39:23 La perte de l'Acrée, pour moi, c'est quelque chose de terrible.
39:26 C'était vraiment parmi les rares exemples de forêts vraiment primaires en Amazonie.
39:33 Écoutez, il faut attendre, je ne doute pas de la bonne volonté de Lula,
39:38 mais apparemment il a une marge de manœuvre qui est tout de même très réduite.
39:42 Même au Brésil, le lobby des planteurs de soja transgéniques
39:47 est quasiment tout puissant dans ce pays-là.
39:50 Évidemment, ils ne peuvent pas s'entendre.
39:53 Alors, peut-être la dernière, parce que je vois qu'il y a encore quelques questions,
39:56 mais toute l'après-midi, on aura des échanges, rassurez-vous.
39:59 Peut-être, oui, monsieur ?
40:01 Oui, bonjour. Une question que je me pose et une réflexion en même temps.
40:09 Il y a en même temps un projet de forêt, ça s'appelle le réseau FREN,
40:15 je ne sais plus à quoi correspond la chronique, des forêts en libre évolution,
40:20 qui correspond donc à un maillage au niveau national de petites forêts
40:25 qui seraient laissées en libre évolution.
40:27 Ils vivent déjà plus ou moins avec la réserve intégrale et les aînés de sa naissance.
40:31 Mais sans verser dans le complotisme, je me demande si derrière ça,
40:35 il n'y a quand même pas une stratégie qui vise à côté de ces aires
40:40 qui seraient en réserve intégrale,
40:43 de cacher un peu l'intensification de la gestion forestière qui se déroule par ailleurs,
40:48 qui est complètement réelle actuellement, les prélevements de bois, vous commentez.
40:53 Je ne sais pas ce que vous en pensez.
40:55 Est-ce que c'est un projet qui rentre en compétition avec le vôtre ?
40:59 On est ensemble, y compris FREN, ils sont dans le collectif qui évoquait Francis,
41:06 le collectif libre évolution.
41:09 Non, après, il y a toujours peut-être des arrières-pensées.
41:14 Nous, on pense que tout ce qui pousse, chacun porte son fruit.
41:19 Les conservatoires font ce qu'ils peuvent, les réserves naturelles de France font ce qu'elles peuvent,
41:23 les RBI font ce qu'ils peuvent.
41:27 Nous poussons chacun de notre côté face à une situation...
41:34 C'est quand même un des enjeux d'aujourd'hui.
41:36 On est complètement schizophrénique.
41:38 Effectivement, on rencontre aussi des forestiers, des propriétaires forestiers,
41:43 même parfois de très grands propriétaires forestiers,
41:45 qui très honnêtement nous disent, après tout, pourquoi pas.
41:50 On pourrait penser à une partie de nos forêts, on pourrait les mettre, etc.
41:53 Ils sont schizophrènes.
41:55 C'est-à-dire, entre une demande de bois, qu'on leur dit astronomique,
42:00 pour faire un peu, parfois, n'importe quoi,
42:03 une situation de marché qui est catastrophique,
42:05 d'un autre côté, des gens comme nous qui poussons,
42:08 disons, au contraire, halte au feu, justement, enfin, on se calme, il ne faut pas...
42:13 Ils sont dans une situation, pour un certain nombre, très compliquée,
42:16 avec un lobby du bois, mais vraiment, s'ils pensent mètre cube, ils pensent euro.
42:22 Mais au lieu de dire, de raisonner, ressources au niveau planétaire, y compris,
42:28 quel est notre rapport à l'arbre et à la forêt en général ?
42:32 On a d'une part besoin des forêts pour respirer, vivre, faire du sol, etc.
42:38 Il y a une quantité de forêts disponible,
42:41 et on a besoin de matériaux, de bois aussi.
42:45 Comment on prend ça, globalement ?
42:47 C'est-à-dire, comment on y réfléchit ensemble ?
42:50 Sachant que d'un côté, il y a une ressource vitale pour nous, pour la planète et le sol,
42:55 et de l'autre côté, ok, on a besoin, on nous dit,
42:58 ah oui, le bois, c'est un matériau formidable, ça stocke le carbone,
43:01 oui, après, on réfléchit, on dit, ben oui, mais quand on met du bois dans une maison,
43:04 une maison, ça a 75 ans de durée de vie,
43:06 tel ou tel produit, ça a une durée de vie ridicule,
43:08 donc, finalement, on stocke le carbone pendant un petit peu de temps,
43:10 puis on va le refoutre, ça ne sert strictement à rien.
43:13 Il faut réfléchir à tout ça de manière cohérente.
43:16 C'est un enjeu d'aujourd'hui.
43:18 Poser les choses clairement sur la table.
43:20 Et j'ajoute, pour reprendre la mote d'Esther Duflo récemment dans Le Monde,
43:25 elle a dit très clairement, par rapport aux réflexions mondiales sur la pauvreté,
43:31 sur les questions de santé, sur ce qui s'est fait en matière de combat pour la pauvreté,
43:35 l'action climatique est vraiment en retard.
43:38 Elle est en arrière au stade, c'était ses mots, des beaux discours.
43:41 Nous, on dit, on fait de l'Esther Duflo, enfin, je veux dire, en barre.
43:44 C'est-à-dire, allons-y, expérimentons, travaillons, lançons des choses et travaillons.
43:49 C'est ça, l'intérêt de fond de ce projet.
43:52 Merci Eric, je pense que ça va être le beau de la fin pour la matinée.
43:55 On vous retrouve ici à 13h45.
43:57 [Applaudissements]
44:04 On vous retrouve ici à 13h45, précis, s'il vous plaît,
44:07 pour attaquer une après-midi qui sera très, très riche, très chargée.
44:10 Donc, merci, bonne apertit, à tous et à tout à l'heure.
44:13 [Bourdonnement]
44:19 [Silence]

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