• il y a 6 mois
Deuxième partie (suite et fin) : La pluralité des défis dans le contexte européen 16h15 : La pluralité des défis territoriaux, culturel, juridique… Réunir les conditions permettant le retour d'une forêt primaire sur un territoire suppose une reconfiguration des représentations et usages de la forêt. Cela implique de s’intéresser aux défis et questions socio-économiques que soulève un tel projet. Table ronde avec : * Daniel Béhar, géographe, professeur des universités. Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) * Marco Onida, team leader Forest, DG environnement de la commission européenne * Laurent Simon, professeur émérite de géographie. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Modération : Erwan Cherel, chargé de mission « Gestion des aires protégées » UICN France - Clôture de la journée par Francis Hallé

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Transcription
00:00:00 Je vous propose cette table ronde sur les défis que vont rencontrer ce projet de l'association
00:00:14 Francis Salé.
00:00:15 J'ai avec moi tout à ma droite Laurent Simon, professeur immédiat de géographie de l'université
00:00:23 parisien Panthéon-Sorbonne, qui a travaillé notamment sur la renaturation et sur la mobilisation
00:00:29 de l'écologie dans l'évolution des territoires.
00:00:31 Il me reprendra si jamais je suis un petit peu à côté.
00:00:35 A sa gauche, nous avons Daniel Béart, géographe, professeur des universités à l'université
00:00:43 Paris-Est, Créteil-Val-de-Marne, qui a notamment pour thématique de recherche l'aménagement
00:00:49 territorial et l'action publique à l'échelle locale.
00:00:52 Et puis Marco Onida, qui est team leader forest à la direction générale de l'environnement
00:01:00 de la commission européenne.
00:01:02 On a pas mal discuté ce matin et cet après-midi de ce projet de l'association Francis Salé.
00:01:11 On voit que pour le faire atterrir au niveau local, au niveau du territoire, il va rencontrer
00:01:19 plusieurs défis, que ce soit en termes de réglementation, que ce soit en termes de maîtrise
00:01:25 frontière, que ce soit en termes culturel, juridique et aussi d'acceptation au niveau
00:01:32 des populations.
00:01:33 Donc, ça va soulever plusieurs défis.
00:01:36 Et donc, la première question que je vais vous poser, en commençant par Marco, ce sera
00:01:41 la même question à tous les trois.
00:01:43 Pour vous, quel est un des principaux défis que va rencontrer ce projet de l'association
00:01:50 Francis Salé ?
00:01:51 Très brièvement pour moi, le défi principal, ce qui est à la fois le défi, mais à la
00:02:01 fois aussi un élément de force du projet, est l'aspect intergénérationnel et le temps.
00:02:07 Je vais juste vous raconter un petit anecdote.
00:02:09 La première fois que j'ai eu le plaisir de rencontrer Francis et Eric.
00:02:12 Je pense que c'était juste avant la Covid, c'était 2019.
00:02:16 Ils sont venus nous présenter l'idée.
00:02:20 À l'époque, c'était vraiment encore une idée.
00:02:21 Et nous, on est habitué que quand on fait des rencontres comme ça, il y a d'habitude
00:02:29 tout de suite une question de financement européen, parce qu'évidemment, l'Europe
00:02:33 est très importante au niveau du financement.
00:02:35 Et donc, on a un peu regardé et puis on s'est dit, bon, est-ce qu'on peut caler un projet
00:02:43 comme ça dans un règlement financier de l'Union européenne, considérant les 700 à
00:02:49 1 000 ans ?
00:02:50 Évidemment, tout le monde rigolait parce qu'on a un cadre juridique qui permet de financer
00:02:55 des projets de 5 à 6 à 10 ans, peut-être un peu plus.
00:02:59 Mais ça, je trouve que c'est évidemment l'élément aussi de force, parce que du moment
00:03:07 où ça rentre dans l'acceptation qu'il faut faire ça pour les futures générations,
00:03:13 c'est pas nécessaire qu'il y ait un financement qui dure 1 000 ans.
00:03:15 Évidemment, c'est clair qu'il y a des renouvellements à obtenir.
00:03:19 Mais évidemment, ça reste quand même un gros défi, le timing du projet.
00:03:26 Merci, Marco.
00:03:27 Donc du coup, la même question à Daniel.
00:03:32 Je t'invite à prendre un micro.
00:03:34 Oui, moi, j'ai tendance à considérer que l'un des principaux défis pour que le projet
00:03:42 atterrisse, ça va être comment concilier une initiative qui est une initiative de la
00:03:47 société civile, une initiative citoyenne, on l'a bien entendu, avec l'action publique
00:03:54 au sens large du terme.
00:03:55 Parce que je crois que c'est ça qui, quand même, est assez singulier dans ce projet,
00:04:00 c'est que c'est une initiative citoyenne qui relève, on l'a bien entendu cet après-midi,
00:04:06 d'une dynamique beaucoup plus large que toute la dynamique autour de la libre évolution.
00:04:09 Et en même temps, elle s'en distingue, parce que finalement, avec la libre évolution,
00:04:15 on l'a vu tout à l'heure, on insiste beaucoup sur le chemin qu'il faut prendre.
00:04:20 Et ce chemin, finalement, la manière de monter en puissance, c'est de multiplier les initiatives,
00:04:28 les acquisitions foncières, ce que disait Gilbert Cochet, etc.
00:04:31 Enfin, voilà, on est dans un processus où, d'une certaine manière, même si les différentes
00:04:36 associations sont confrontées à l'action publique, elles ont une capacité à faire
00:04:42 direct.
00:04:43 Là, ce qu'a lancé l'association Francis Allais, c'est qu'au chemin, on ajoute un
00:04:50 horizon, la forêt primaire.
00:04:52 Et je trouve qu'ajouter cet horizon, la forêt primaire, c'est à la fois une puissance,
00:04:57 une force extraordinaire, ce qu'a raconté Eric Pham ce matin, la dynamique qui est
00:05:01 derrière ça.
00:05:02 Pourquoi ? Parce que finalement, quand on dit forêt primaire, on incarne complètement
00:05:09 le processus de libre-évolution et on donne une perspective qui parle à notre imaginaire
00:05:13 collectif.
00:05:14 C'est-à-dire qu'on raconte qu'on va être capable de se projeter sur ce que vient de
00:05:21 dire Marc O'Henner, sur 500 ans, sur 700 ans, et de bâtir un projet collectif dans
00:05:27 cette durée intergénérationnelle.
00:05:29 C'est extrêmement puissant, c'est ce qui fait la force du projet.
00:05:31 C'est pour ça que je pense que, ce qu'a raconté Eric ce matin, c'est l'engouement
00:05:36 qu'il y a autour de ce projet.
00:05:38 Et en même temps, c'est une forme de, pas de fragilité, mais de difficulté.
00:05:42 La difficulté, c'est que du coup, pour atterrir, l'association, elle ne peut pas faire seule.
00:05:48 C'est-à-dire que ce projet de forêt primaire, pour qu'il se concrétise, ça passe par
00:05:53 l'action publique, mais à tous les niveaux, sur tous les plans, c'est-à-dire du plus
00:05:58 local à l'Europe.
00:06:00 Pourquoi ? Parce que ce n'est pas juste.
00:06:01 Il y a évidemment la question basique, je dirais, le foncier, le statut, les règles
00:06:09 qui vont permettre de "protéger" les 70 000 hectares.
00:06:14 Mais ce n'est pas que ça, Eric Fabre l'a dit ce matin.
00:06:16 C'est-à-dire que si on veut qu'un projet comme ça s'installe, il va y avoir toutes
00:06:20 les conditions autour.
00:06:21 C'est-à-dire les conditions de négociation entre les territoires plus concernés que
00:06:25 les autres, les compensations, les discussions entre les différentes filières, etc.
00:06:30 Ou la mise en place d'un programme de recherche autour de ça.
00:06:34 C'est-à-dire que toutes les sphères de la décision publique sont concernées, à
00:06:38 tous les niveaux.
00:06:39 Et je pense que c'est ça qui est vraiment, pour moi, la difficulté, c'est de concilier
00:06:43 les deux.
00:06:44 Parce que du coup, du côté de la décision publique, ce projet, moi je le ressens comme
00:06:48 ça, il est très paradoxal.
00:06:50 Il est très paradoxal parce que c'est à la fois un gigantesque problème politique,
00:06:55 et en même temps, c'est une fantastique opportunité de démonstration de tout ce
00:07:00 qu'on est en train de raconter, ce qu'il y a à l'agenda politique sur la transition
00:07:04 écologique.
00:07:05 Pourquoi c'est un démonstrateur de la transition écologique ? Parce que ça met en avant tout
00:07:11 ce qu'aujourd'hui on sent comme condition pour aller vers la transition écologique
00:07:15 et qu'on n'ose pas aborder.
00:07:16 Enfin, moi je pense à ce qui vient de l'actualité de cette semaine, ce que le gouvernement nous
00:07:21 a annoncé sur la transition écologique, etc.
00:07:24 On continue à tronçonner, c'est la transition énergétique, c'est la transition dans l'occupation
00:07:29 des sols, etc.
00:07:30 Et on continue à faire, je dirais, on n'est plus dans les trente glorieuses, dans la croissance,
00:07:35 etc.
00:07:36 Mais on continue à faire comme avant, c'est-à-dire on planifie en disant, bon, ben voilà, zéro
00:07:39 artificialisation des sols dans 50 ans, donc la moitié d'artificialisation des sols
00:07:44 dans 20 ans, etc.
00:07:45 On continue à faire comme avant, d'une certaine manière.
00:07:47 Alors qu'avec le projet de forêt primaire, on sent bien qu'il faut tout bousculer sur
00:07:53 la planification.
00:07:54 C'est ce qu'a dit Francis ce matin, c'est-à-dire on ne va pas dire ce que sera la forêt primaire
00:08:00 dans 700 ans.
00:08:01 Personne n'est capable de le dire.
00:08:02 Donc on est obligé de renverser complètement l'approche de la planification en disant,
00:08:07 qu'est-ce qu'on va faire dans les 10 ans qui viennent ? Qu'est-ce qui peut se passer ?
00:08:10 Et puis après, on verra.
00:08:12 Ce qui va se passer dans les 10 ans va nous permettre de voir ce qui pourrait se passer
00:08:15 dans 20 ans, dans deux générations, etc.
00:08:17 C'est un renversement total de la logique de planification.
00:08:20 Sur la question de la protection de la nature, c'est exactement la même chose.
00:08:24 Tout le monde sent bien qu'aujourd'hui, la question, ce n'est pas de cumuler des zonages
00:08:28 de protection.
00:08:29 Excusez-moi, mais je suis un peu polémique.
00:08:31 Mais enfin, le plan repérin, etc.
00:08:33 Alors dire, voilà, on va avoir 30% de protection et puis 10% de super protection, ça me rappelle
00:08:38 un peu ce qu'on a fabriqué il y a 50 ans à France avec les parcs nationaux, les parcs
00:08:42 naturels régionaux, etc.
00:08:43 Ça ne marche pas.
00:08:44 On voit bien que ce n'est plus une question de zonage.
00:08:46 C'est beaucoup plus complexe.
00:08:47 C'est comment on concilie protection de la nature et articulation avec le vivant.
00:08:51 Et donc, ça pose complètement autrement la logique même de protection.
00:08:57 On ne peut plus être dans le zonage, pour le dire comme ça, dans des périmètres.
00:09:00 Voilà.
00:09:01 Donc, c'est cette deuxième question qui est à l'agenda politique et que le projet de
00:09:09 forêt première questionne directement.
00:09:10 Dans le domaine qui est le mien, c'est toute la question du développement territorial.
00:09:14 On voit bien aujourd'hui qu'on ne peut plus penser le développement territorial complètement
00:09:19 indexé sur la question de la croissance.
00:09:21 Et là, ce que propose le projet de forêt primaire, c'est de dire qu'il peut y avoir
00:09:26 autour de la protection et de l'ensemble d'une forêt primaire, il peut y avoir un
00:09:31 ressort de développement local, mais qui ne sera pas nécessairement de la croissance
00:09:35 où on l'entend, c'est-à-dire de la création d'emplois, etc.
00:09:38 Ce sera autre chose.
00:09:40 Et donc, toutes ces questions-là font que, on le sent bien dans les discussions qu'on
00:09:45 a eues avec les acteurs des deux grands territoires qui sont en hypothèse pour travailler là-dessus,
00:09:52 on sent bien que ça intéresse tout le monde de se poser ces questions-là avec une capacité
00:09:59 de démonstration.
00:10:00 Mais en même temps, c'est un gigantesque problème politique que ça pose.
00:10:03 Ça met complètement sur la table la question des conflits d'intérêts.
00:10:08 On en a parlé, les chasseurs, les agriculteurs, la filière forestière, etc.
00:10:14 Et donc, comment on scotche ce problème politique que pose ce projet ?
00:10:19 Et on voit bien qu'aujourd'hui, tous les acteurs que rencontre l'association, ils
00:10:24 sont pris dans cette hésitation.
00:10:26 Effet de démonstration, vraiment, de la transformation vers la transition écologique et en même
00:10:31 temps problème politique.
00:10:32 Et du coup, je pense que le défi, je reviens à ça, le défi pour l'association aujourd'hui,
00:10:38 ça va être de trouver la bonne posture pour rester cette initiative de la société civile.
00:10:46 Parce qu'on voit bien que personne d'autre qu'une association, qu'une initiative de
00:10:51 la société civile aurait pu imaginer ça.
00:10:53 Il n'y a pas un cabinet ministériel qui peut imaginer "Ah tiens, et si on relançait
00:10:57 une forêt primaire ?"
00:10:58 Donc, on voit bien qu'il n'y a qu'une initiative de la société civile qui peut
00:11:03 porter ça.
00:11:04 Et en même temps, aujourd'hui, la condition d'atterrissage, c'est d'embarquer l'ensemble
00:11:09 du système de décision publique.
00:11:11 Et donc, comment l'association se met en situation pour être à la fois explorateur,
00:11:20 être un peu garant, enfin voilà, comment il y a toute une série de fonctions à imaginer
00:11:25 pour que l'action publique s'en saisisse et qu'en même temps, l'initiative associative
00:11:31 en soit toujours partie prenante.
00:11:32 Et je pense que c'est ça, ça va être extrêmement compliqué dans les mois et les années qui
00:11:35 viennent.
00:11:36 Merci Daniel, on voit que ça crée un engouement.
00:11:40 Il y a aussi beaucoup d'attente derrière ce projet parce qu'il va ouvrir de nouvelles
00:11:45 voies.
00:11:46 Laurent ?
00:11:47 Oui, merci.
00:11:48 On ne sera pas étonné que Deux Géographes ait une approche assez voisine.
00:11:54 Alors je vais le faire un petit peu différemment.
00:11:56 Moi, je vais partir des 70 000 hectares.
00:11:59 A première vue, 70 000 hectares, je me suis, c'est quand même pas beaucoup.
00:12:04 La forêt française, elle a vu sa superficie multipliée par deux depuis le milieu du 19e
00:12:11 siècle.
00:12:12 Et chaque année, elle gagne à peu près 60 à 80 000 hectares.
00:12:16 Alors, prendre un an de croissance pour un projet aussi superbe, c'est vraiment rien.
00:12:21 Bon, ça doit être jouable.
00:12:24 Puis après, j'ai regardé, on a parlé du Parc national des forêts.
00:12:30 Et puis, entre le moment où on a commencé à avoir l'idée et le moment où la décision
00:12:37 a été prise pour, ce que rappelait Béatrice Cochet, une réserve de 3 000 hectares, 20
00:12:43 ans.
00:12:44 Je me suis, merde, 70 000, ça nous fait 460 ans entre le moment où on l'aura pensé
00:12:51 et le moment où on prendra la décision.
00:12:53 C'est pas joué, cette affaire.
00:12:54 Et puis après, je me suis dit, mais en fait, c'est pas que 70 000 hectares.
00:12:59 C'est qu'une protection de ce type-là, elle a de l'influence sur les territoires autour.
00:13:08 Elle a de l'influence, alors bien sûr, aujourd'hui, là, on est tous à fond.
00:13:12 Elle a de l'influence positive.
00:13:14 Ça a une influence sur le climat, ça a une influence sur la biodiversité.
00:13:20 C'est, pour les forestiers, un champ d'expérimentation face au changement climatique tout à fait
00:13:25 exceptionnel parce que c'est aussi là ce qui va permettre de voir les espèces qui
00:13:28 s'adaptent et qui ne s'adaptent pas.
00:13:30 Ça peut être un grand centre scientifique.
00:13:34 Ça peut être aussi une expérience de tourisme ou d'éducation, etc.
00:13:38 Donc, il y a des retombées, mais il n'y a pas que des retombées positives.
00:13:42 Par exemple, les grands ongulés, on se dit, bah si, c'est bien parce qu'il va y avoir
00:13:47 des prédateurs et les prédateurs vont réguler les grands ongulés, ils ne vont plus aller
00:13:52 déranger les champs autour.
00:13:53 Oui, sauf qu'à un moment, les grands prédateurs, ils vont se reproduire et ils vont sortir.
00:13:57 Et quand ils vont sortir, on le sait suffisamment maintenant avec les problèmes que posent
00:14:02 le loup et l'ours, si ça n'a pas été anticipé, si ça n'a pas été discuté,
00:14:09 si les moyens de gérer cette grande faune n'ont pas été vus avec les populations
00:14:16 locales, alors on va au conflit.
00:14:18 Et le conflit, c'est là où, faire attention, la puissance publique, c'est bien, mais ça
00:14:24 change quand même à peu près tous les 5 ans avec les élections.
00:14:26 Donc, ce qu'une loi fait, une loi peut le défaire.
00:14:31 C'est beaucoup plus difficile à défaire quand les populations locales sont d'accord.
00:14:34 Donc, l'idée, c'est quand même de se dire, ces effets-là, il va falloir les discuter
00:14:40 avant avec les populations autour et faire que ce ne soit pas qu'un projet de 70 000
00:14:44 hectares, mais un projet beaucoup plus vaste.
00:14:46 Autre exemple qui a été évoqué tout à l'heure, on va avoir une superbe forêt,
00:14:53 très riche en diversité.
00:14:54 Mais si autour, allez, je vais être méchant, moi j'aime bien la forêt des Landes, mais
00:15:00 si autour on a que de la forêt des Landes, on a un îlot qui est complètement coupé
00:15:05 de ses sources de biodiversité, on sait qu'on a besoin de déplacements pour favoriser la
00:15:10 biodiversité, etc.
00:15:12 Donc, il faut penser les 70 000 hectares en lien avec les autres aires de biodiversité.
00:15:19 Donc, il faut des corridors, il faut des zones tampons.
00:15:21 Une zone tampon, oui, bien sûr, de l'agroforesterie, mais il faut une foresterie qui ne soit pas
00:15:27 une foresterie de plantation monospécifique.
00:15:29 Donc, ça veut dire qu'il faut, par exemple, une foresterie de type pro-sylva, une foresterie
00:15:35 fondée sur de la futé jardinée, etc.
00:15:37 Sauf qu'une foresterie fondée sur de la futé jardinée, aujourd'hui, elle ne peut pas être
00:15:46 exploitée par le système économique qui est en place.
00:15:49 Parce que c'est un système qui est fondé sur le résineux.
00:15:52 L'essentiel, une grande partie des forêts de l'Est de la France, elles fonctionnent
00:15:57 sur le résineux.
00:15:58 Une futé jardinée, il y aura des résineux, mais ça n'approvisionnera pas la filière.
00:16:04 Donc, ça suppose aussi de se dire comment est-ce qu'on va repenser dès maintenant
00:16:10 la filière forestière, qui est quand même une des grandes traditions de la région.
00:16:15 Ça ne se fera pas sans ces gens-là.
00:16:18 C'est pas possible.
00:16:19 Politiquement, ça ne se fera pas parce que ce sont des emplois, c'est la vie d'un territoire,
00:16:25 etc.
00:16:26 Et donc, je pense que le grand défi, et c'est tout l'intérêt finalement, la protection
00:16:33 forte historiquement, pas seulement en France, c'est de la puissance publique.
00:16:36 Les réserves nationales, c'est l'État, c'est la puissance publique.
00:16:40 Or là, il va falloir inventer une protection forte qui ne soit pas une protection forte
00:16:46 uniquement, bien sûr qu'il faudra de l'investissement de la puissance publique, on est d'accord,
00:16:51 mais qui ne soit pas uniquement fondée sur la puissance publique, mais fondée sur le
00:16:54 territoire.
00:16:55 Je rappelle par exemple que Bialowieża, c'est une ancienne forêt royale.
00:16:59 C'est une forêt de chasse des rois de Pologne.
00:17:01 C'est quand même une forêt publique, et ça a historiquement été une forêt publique.
00:17:06 Donc, toutes ces grandes réserves, tous ces grands systèmes de protection ont fonctionné
00:17:11 là-dessus.
00:17:12 Or, aujourd'hui, on sait que, tous les travaux le montrent, la durabilité des systèmes
00:17:21 de protection, elle dépend de, pas seulement de la participation, mais de l'investissement
00:17:28 des communautés locales.
00:17:29 C'est vrai en Afrique, c'est vrai partout, c'est vrai aussi en France.
00:17:32 C'est-à-dire qu'il faut arriver à transformer ce qu'on a dit depuis longtemps, le projet
00:17:38 forêt primaire, en un véritable projet de territoire.
00:17:42 Et ça, ça prend du temps, ça demande de l'écoute, ça demande de l'aide, ça demande
00:17:47 des financements, mais ça demande des processus multi-acteurs, et puis ça va demander du
00:17:52 temps, parce qu'un territoire, il se constitue avec du temps, il est déjà constitué, il
00:17:57 va falloir le modifier.
00:17:58 Donc il faut beaucoup d'écoute, et pour moi, l'enjeu essentiel, aujourd'hui, stratégiquement,
00:18:05 c'est d'arriver à emmener les acteurs locaux dans ce projet avec suffisamment de souplesse,
00:18:15 800 ans, ça permet un peu de souplesse, et d'y aller progressivement, de faire, c'est
00:18:22 Eric qui disait ce matin, notre pré-Nobel d'économie, qui disait qu'on était en retard
00:18:27 sur l'action climatique par rapport à la lutte contre la pauvreté.
00:18:30 Pourquoi ? Parce que dans la lutte contre la pauvreté, on a fait de l'expérimentation
00:18:34 et on a vu ce qui marchait et ce qui ne marche pas.
00:18:35 Eh bien, c'est la même chose qu'il faut faire.
00:18:38 C'est-à-dire qu'il faut partir, pas sur 70 000 hectares, c'est l'idée, mais sur
00:18:42 des expériences, voir ce qui marche, voir comment on peut embarquer les acteurs là-dedans,
00:18:46 voir ce qu'ils vont en tirer, et puis avancer comme ça, progressivement.
00:18:51 Pour moi, c'est ça la clé, la clé absolue du succès, même si, bien évidemment, je
00:18:57 joue à Daniel, ça doit être en lien avec des grandes politiques publiques et l'investissement
00:19:02 de l'État et de l'Europe.
00:19:04 Merci beaucoup, Laurent.
00:19:05 Je vais reprendre un peu ce que tu as dit avec Daniel pour poser une question à Marco.
00:19:11 Donc, on voit, Marco, que l'importance des politiques publiques, que ce soit à l'échelle
00:19:16 locale jusqu'à l'échelle européenne, pour encadrer ce projet, et aussi l'importance
00:19:24 d'embarquer toutes les parties prenantes au niveau local, au niveau du territoire.
00:19:29 Et en fait, il y a un peu une question sous-jacente, ça va être l'accès et la maîtrise au foncier
00:19:35 pour pouvoir mettre en place ce projet.
00:19:39 Donc, par rapport au niveau européen, à l'accès finalement et à la maîtrise foncière
00:19:46 au niveau européen, est-ce que ça peut être vu comme un levier ou comme un frein, finalement,
00:19:49 à un projet de cette envergure ?
00:19:51 C'est une question... c'est pas facile à répondre parce que l'accès au foncier, ce
00:19:56 n'est pas une compétence... ce sont les États membres qui règlent l'accès au foncier selon
00:20:00 leur système juridique.
00:20:02 Donc, il n'y a pas de législation européenne sur l'accès au foncier.
00:20:08 Mais la question est pertinente.
00:20:11 Et en effet, je pense que ce que vient de dire la dimension territoriale est décisive parce
00:20:20 que la politique n'aime pas éditer des choses.
00:20:25 La politique aime inventer de nouvelles choses.
00:20:27 Donc, les élus, quand ils arrivent, ils veulent lancer de nouveaux projets.
00:20:31 C'est très rare.
00:20:32 Moi, j'étais secrétaire général d'un traité international, la Convention alpine, et il
00:20:37 y avait un enthousiasme incroyable quand ça a été créé.
00:20:40 Puis les ministres qui arrivaient après, ils les géraient un peu comme ça parce que
00:20:44 c'est quelque chose qui a été édité du passé.
00:20:46 Et ça, c'est un peu le risque.
00:20:47 Donc, il faut constitutionnaliser l'idée, certainement dans un traité international
00:20:54 ou dans quelque chose de difficile à changer.
00:20:56 Mais même si tout peut être changé, évidemment, je pense un peu à ce qui s'est passé en
00:21:01 Italie, dans la région de Trentino.
00:21:03 Je ne sais pas si vous connaissez, on a réintroduit l'ours avec un projet Life.
00:21:07 Il n'y avait plus d'ours.
00:21:09 Il a été réintroduit dans la Slovénie.
00:21:11 Et sous ça, il y a eu une grosse campagne politique et il y avait un partage de la population
00:21:19 de presque, je ne dis pas 100%, mais très, très élevé sur l'introduction de l'ours.
00:21:24 Aujourd'hui, 30 ans après, 10 attaques, 1 mort, 1 jogger, les gens ne veulent plus.
00:21:33 Ils ne veulent plus entendre parler de l'ours.
00:21:35 Et la politique, maintenant, lance l'idée de changer complètement.
00:21:40 Donc, ça, c'est vraiment le grand défi, parce que même ancré dans le territoire,
00:21:48 les dynamiques changent.
00:21:49 Donc, je pense que ça, ça reste la plus grosse difficulté.
00:21:52 Pour revenir à votre question, l'accès aux fonciers, je pense qu'on peut trouver des
00:21:57 solutions partagées, même si ce n'est pas une compétence européenne.
00:22:02 Mais je pense que c'est un détail, finalement.
00:22:04 C'est un détail.
00:22:05 Ce qui va être, à mon avis, décisif, parce que c'est quelque chose qu'on peut...
00:22:10 Les systèmes juridiques européens ne sont pas très différents.
00:22:15 Donc, je pense que c'est pas quelque chose sous lequel l'Europe peut jouer un rôle très
00:22:22 actif, je dirais.
00:22:23 Merci.
00:22:24 Et donc, on parlait tout à l'heure d'importance des politiques publiques.
00:22:34 Mais justement, tu faisais remarquer qu'au début de semaine, on a eu la planification
00:22:40 écologique.
00:22:41 On a eu aussi des analyses sur le financement de cette fameuse stratégie nationale de la
00:22:47 biodiversité, où on voit que pour les subventions en faveur de la biodiversité, on se retrouve
00:22:54 à peu près à 5 milliards d'euros, dont la moitié sur des actions directes, l'autre
00:23:00 moitié sur des actions indirectes, alors que rien que pour la politique agricole commune,
00:23:05 on a déjà 6 milliards d'euros qui vont à l'encontre des actions de la SNB3.
00:23:11 Donc, c'est embarquer toutes ces politiques publiques, mais aussi, finalement, arriver
00:23:16 à mettre de la cohérence entre ces différentes politiques et du lien entre ces différentes
00:23:22 politiques, parce que sinon, quelque part, on nage à contre-courant.
00:23:24 Oui, enfin, c'est tout le défi qui attend l'association.
00:23:38 Mais du coup, peut-être, je suis incapable de répondre à cette question, mais peut-être
00:23:42 pour faire revenir en arrière, il y a peut-être une autre hypothèse.
00:23:46 Enfin, j'ai été un peu provocateur, mais j'ai été frappé par l'intervention de
00:23:51 Mme la réserve de la Marsanne sur le rapport au projet Francis Aley.
00:23:59 Aujourd'hui, quand vous tapez sur Internet Francis Aley, ce qui arrive le plus, c'est
00:24:05 rêve fou.
00:24:06 Et oui, tous les articles de presse qui sont sortis depuis que l'association existe disent
00:24:15 recréer une forêt primaire en Europe, le rêve fou de Francis Aley.
00:24:21 Et du coup, j'aurais pu commencer par ça tout à l'heure, mais moi, je me pose une
00:24:26 question, c'est-à-dire, quelle est la fonction de ce projet ? Est-ce que ce projet est effectivement
00:24:32 en capacité d'atterrir et de créer une forêt primaire ? Ce que j'ai dit tout à
00:24:37 l'heure, je pense qu'il faut essayer, évidemment.
00:24:40 Mais en même temps, est-ce qu'il n'y a pas une fonction performative du discours,
00:24:49 de l'intention de projet ? C'est ce que vous disiez, Mme, tout à l'heure.
00:24:53 Aujourd'hui, simplement le fait d'annoncer ce projet, de poser ça, est-ce que ça n'a
00:24:59 pas déjà une fonction performative, sans même qu'un jour on obtienne les fameux
00:25:05 70 000 hectares ? C'est un peu une provocation, mais voilà, moi, c'est une façon de répondre
00:25:10 parce que je me souviens d'une des premières conversations avec Francis, qui me disait
00:25:15 mais Daniel, c'est quand même notre projet, il est très simple, c'est ne rien faire,
00:25:22 c'est laisser faire la nature.
00:25:23 Je trouve que c'était, il m'a, vous m'avez beaucoup surpris en me disant ça, parce que
00:25:30 vous avez parfaitement raison, sauf que ne rien faire, c'est ce qu'il y a de plus compliqué
00:25:35 dans la société contemporaine.
00:25:36 Et c'est ça, la question que vous me posez.
00:25:40 Est-ce que ne rien faire, c'est possible ?
00:25:44 Merci Daniel.
00:25:47 Et Laurent, je vais te poser la question, est-ce que rien faire, c'est possible ? Non,
00:25:57 je parle au niveau de l'intégration au niveau du territoire et des territoires environnants.
00:26:05 Comment on arrive à faire diffuser cette idée, à embarquer avec nous les parties
00:26:12 prenantes ?
00:26:13 Il y a plusieurs éléments de réponse.
00:26:21 Depuis ce matin, on a cité au moins 20 fois la forêt de Bialowieża.
00:26:25 Cette forêt-là, elle est connue dans le monde entier.
00:26:28 Un peu comme Fontainebleau, parce que Fontainebleau, c'était l'UICN, etc.
00:26:34 Avoir un site comme ça, qui est connu un peu comme Peleti, Yellowstone, etc.
00:26:42 C'est quand même quelque chose de formidable pour un pays.
00:26:45 Donc, il y a quand même toute une part de fierté, pour un pays, mais certainement aussi
00:26:51 pour une région, de disposer d'un territoire qui soit mondialement connu.
00:26:55 Moi, je sais que j'ai commencé mes études à un petit bled avec un botaniste célèbre,
00:27:01 Bruno Burnerias, et c'était une petite tourbière dans un village qui s'appelait Cessière.
00:27:06 Et Cessière, comme c'était une tourbière exceptionnelle, il y avait les 4 Zériophores,
00:27:10 il y avait plein de choses.
00:27:11 Il y avait des botanistes qui venaient à l'époque de l'Europe entière.
00:27:15 Pas du monde entier, mais de l'Europe entière.
00:27:18 Le jour où le maire, qui était contre le fait de travailler dans la tourbière, parce
00:27:22 qu'il avait peur qu'on mette une réserve, il est venu et il a vu un quart avec des
00:27:26 Belges, des Hollandais.
00:27:27 Il a dit, mais Cessière, c'est internationalement connu.
00:27:31 Et hop, il est parti en disant, il faut vous soutenir.
00:27:35 Donc, l'aspect performatif, c'est ça aussi.
00:27:40 Et puis, la clé, c'est ce que je disais tout à l'heure, la souplesse et l'écoute.
00:27:48 C'est-à-dire que dans un projet comme ça, sur 800 ans, il y aura des avancées, il y
00:27:52 aura des échecs et peut-être des replis.
00:27:56 Parce que ça fait partie de la vie d'une société.
00:28:00 Et donc, il faut accepter que ce lien avec les sociétés locales, ce soit pas un lien
00:28:07 top-down, comme on dit, mais que ce soit un processus de co-construction qui prenne
00:28:12 du temps, qui avance, qui parfois, on ne fera rien, ni dans la forêt, ni autour, parce
00:28:19 que personne n'aura envie d'agir ou que la conflictualité sera là.
00:28:23 Il faut accepter ça.
00:28:24 Mais il n'y a pas d'autre solution, je pense.
00:28:27 Voilà.
00:28:28 Je ne sais pas si j'ai répondu.
00:28:31 Non, mais c'est très bien.
00:28:33 Je vais poser une dernière question à Marco, une idée avant de laisser la parole à la
00:28:40 salle.
00:28:41 On voit aussi qu'un vaste projet comme ça, ça présente des bénéfices.
00:28:45 On a parlé notamment, par exemple, dans le cadre de l'adaptation et l'atténuation
00:28:49 aux changements climatiques.
00:28:50 Et donc, comment on peut l'encourager dans le contexte européen ? Et comment on peut
00:28:57 s'appuyer sur ces bénéfices ?
00:28:58 Oui, merci.
00:28:59 Je pense que les bénéfices sont énormes.
00:29:03 Enormes.
00:29:04 Je suis sérieux.
00:29:05 Et je me rallie un peu à ce que Daniel disait tout à l'heure, de cet aspect performatif.
00:29:11 Là, je vais déranger Platon.
00:29:13 On dit Platon en français ou Platon ? Je ne sais pas.
00:29:17 Platon.
00:29:18 Même si cette forêt n'existe pas, elle existe dans notre tête.
00:29:21 Et c'est énormément puissant.
00:29:25 Juste un petit anecdote encore.
00:29:27 Je ne suis pas forestier, donc j'apprends tous les jours.
00:29:30 Je me baladais dans une forêt avec une jeune forestière, une amie.
00:29:35 Les forestiers ne m'aiment pas trop.
00:29:37 D'abord, je ne suis pas forestier.
00:29:39 Quand j'ai un petit peu de pouvoir à Bruxelles, sur les forêts, ils me disent « vous ne connaissez
00:29:43 rien dans les forêts ».
00:29:44 J'ai invité Peter Voley à une conférence.
00:29:46 J'ai été massacré par les forestiers allemands parce qu'ils disaient que Peter
00:29:50 Voley ne représente pas le monde des forêts.
00:29:52 Donc, une jeune forestière très dynamique et très intelligente.
00:29:56 C'était fantastique parce qu'elle me décrivait…
00:30:02 Regarde comment il est beau cet arbre-là.
00:30:05 Je pense que c'était un être qui n'avait pas de branches.
00:30:08 Il était placé exactement dans la parfaite position entouré d'autres arbres.
00:30:12 La lumière n'a pas fait sortir des branches.
00:30:15 Pour elle, c'était beau.
00:30:17 Pourquoi ? Parce qu'il était parfaitement prêt pour la scierie.
00:30:20 C'est comme ça qu'on est formé.
00:30:23 Au lycée, en France, en Italie, on fait les lycées forestiers après l'université.
00:30:31 On est formé pour ça, pour avoir des arbres qui soient pour l'économie forestière.
00:30:40 Ce n'est pas un crime.
00:30:41 C'est comme ça.
00:30:42 Alors, ça m'a fait penser parce qu'effectivement, on a un concept de beauté complètement différent.
00:30:46 C'est pour moi un arbre complètement… avec une forme pas du tout linéaire.
00:30:53 C'est plus beau, mais pour elle, non.
00:30:55 C'est un peu ce qu'on disait ce matin sur l'esthétisme.
00:30:58 Alors, ce projet-là, dans notre tête, c'est un projet qui fait parler,
00:31:02 qui met les gens devant une situation différente.
00:31:05 Et ça, c'est un pouvoir énorme.
00:31:07 Quand Francis est venu chez nous, à la commission,
00:31:11 il y avait plein de collègues qui voulaient le voir.
00:31:13 Il s'est fait dédicacer le livre parce que la forêt parle au cœur des gens.
00:31:19 Et je pense qu'on a besoin de ça parce qu'on est quand même confrontés tous les jours
00:31:23 vers cette situation que les lobbies sont super puissantes,
00:31:27 la politique nous demande de la croissance, parce que l'ordre est pacte vert, oui,
00:31:32 mais dans la croissance.
00:31:33 Donc, démontrer nous comment on peut continuer à avoir croissance économique.
00:31:37 Donc, un projet comme ça, même si nous, on ne le verra pas.
00:31:40 Parce que Francis dit, moi, je ne le verrai pas.
00:31:41 Non, Francis, tu le vois déjà parce qu'il est là.
00:31:45 Il est là, il est présent et il est super, super utile
00:31:49 parce que ça nous permet d'échanger.
00:31:51 Et dans ces échanges, on fait un pas supplémentaire pour la protection de la biodiversité,
00:31:56 pour l'aménagement forestier selon ProSilva et tout ça.
00:32:01 Et ça, c'est finalement, c'est de ça qu'on a besoin.
00:32:04 Évidemment, on a aussi besoin de la forêt primaire.
00:32:06 Mais aujourd'hui, on a cinq à six ans pour corriger les changements climatiques.
00:32:12 On doit s'adapter et tout ça.
00:32:13 Et ça, c'est hyper utile pour faire ça.
00:32:15 Donc, je pense que c'est bon.
00:32:17 Merci.
00:32:18 Merci pour ce que vous faites, parce que je trouve que c'est vraiment fantastique.
00:32:22 Merci.
00:32:23 Eh bien, sur ce, je propose qu'on laisse la parole à la salle.
00:32:32 Marco doit nous quitter dans une dizaine de minutes.
00:32:35 Donc, s'il y a des questions spécifiques pour Marco, n'hésitez pas à vous manifester en premier.
00:32:41 Bonjour.
00:32:50 Merci beaucoup pour la table ronde.
00:32:53 En fait, j'avais plus un commentaire qu'une question.
00:32:56 Après, vous pouvez réagir, évidemment.
00:32:58 Je réagis par rapport à Daniel Béart.
00:33:01 Vous avez dit quelque chose de très positif.
00:33:03 C'est dans ce projet, si j'ai bien compris, mais je crois que c'est ça, d'avoir une fin au projet, en fait, un objectif très précis, qui est cette forêt primaire magnifique, etc.
00:33:13 Et ça, c'est très vrai.
00:33:14 Vous disiez que c'était quelque chose de très puissant.
00:33:16 Je suis tout à fait d'accord, parce que pour moi, j'ai 23 ans.
00:33:19 Je réfléchis à mon avenir.
00:33:20 Je regarde pas mal l'actualité.
00:33:22 Et je me dis que ça change enfin des projets qui sont aujourd'hui pétroliers, de construction d'autoroutes, etc.
00:33:27 Extractivistes qui, en fait, ont beaucoup de moyens, mais n'ont pas de fin.
00:33:32 La fin n'est pas claire.
00:33:33 Et c'est tout le problème d'aujourd'hui.
00:33:36 Donc, voilà, c'était un commentaire.
00:33:38 Et au passage, je voudrais faire un petit hommage à Thomas Braille et à toute la lutte qu'ils ont en ce moment.
00:33:43 Thomas Braille, c'est ce...
00:33:45 [Applaudissements]
00:33:47 Je pensais qu'il fallait en parler quand même aujourd'hui.
00:33:49 C'est ce... Je sais plus le nom de son métier, mais c'est un gros...
00:33:53 Je sais plus... Arboriste.
00:33:55 Arboricole, arboriste, bref, qui s'est attaché...
00:33:59 Qui a vécu dans un arbre, on va dire, pendant 20 jours, bref, pas vécu.
00:34:02 Il s'est mis dans une tente.
00:34:03 Et il a fait une grève de la faim.
00:34:05 Et là, je sais pas, il hésite encore à faire une grève de la soif pour, voilà,
00:34:08 lutter contre ce projet de la 69 qui est totalement contraire à tout ce qu'on a dit aujourd'hui.
00:34:13 Du coup, voilà, c'était un petit commentaire.
00:34:15 [Applaudissements]
00:34:23 Est-ce qu'il y aura un commentaire sur cette émission d'horizon ?
00:34:27 On va prendre d'autres questions et puis...
00:34:30 Oui, je voudrais vous poser une question.
00:34:33 Vous ne pensez pas qu'il y a aussi un défi juridique ?
00:34:37 Vous avez tout à l'heure évacué en disant "on verra plus tard", mais...
00:34:41 Sauf à ma part, il n'y a pas de structure juridique existante
00:34:45 qui puisse permettre la réalisation d'une sorte d'immense entité européenne
00:34:50 à vocation naturelle.
00:34:52 Est-ce que là aussi, et qui pourrait servir pour d'autres projets,
00:34:57 est-ce que là aussi, il n'y a pas une réflexion à mener avec une invention juridique,
00:35:02 d'une structure juridique qui concilie le caractère transfrontalier
00:35:08 avec l'idée de protection et de transition écologique ?
00:35:14 [Silence]
00:35:19 Certainement, oui, mais je suis très optimiste,
00:35:22 parce que quand Robert Schumann a fait sa déclaration ici à Paris,
00:35:26 le 9 mai 1950, ça a été suivi par une énorme révolution juridique.
00:35:32 Donc je pense qu'on a la capacité de le faire.
00:35:35 C'est juste une question de volonté.
00:35:38 [Silence]
00:35:41 D'autres questions par rapport aux interventions de Daniel, Laurent et Marco ?
00:35:50 Oui, moi j'aurais quand même... c'est peut-être pas réellement une question,
00:35:55 mais je pensais que dans tout ce qui s'est dit là cet après-midi,
00:35:59 je pense que votre association, qui me paraît vraiment intéressante,
00:36:04 devrait peut-être aussi un peu inciter toute cette population qui est là,
00:36:09 que nous avons une force, une force énorme, c'est de ne pas consommer,
00:36:14 quand il se passe des choses comme l'agriculture industrielle,
00:36:19 comme les autoroutes qui se font.
00:36:21 Je pense que tous, même nous, société civile,
00:36:25 nous avons peut-être une force énorme, c'est de ne pas consommer
00:36:30 et de ne pas suivre... ne pas acheter, par exemple,
00:36:35 c'est arriver à la décroissance, voilà.
00:36:38 Et est-ce que dans votre... vous n'avez pas une possibilité d'inciter
00:36:43 justement les personnes qui adhèrent avec vous et leur parler de tout cela ?
00:36:49 Oui, Eric répondra.
00:36:56 Juste un petit mot sur cette question et la question du performatif évoqué par Daniel
00:37:01 avec une illustration et Marco extrêmement concrète.
00:37:05 Sur cette question, c'est sûr qu'une des solutions du problème,
00:37:08 c'est pour ça que ce projet est un projet fondamentalement politique,
00:37:12 c'est qu'effectivement la solution elle est dans les territoires
00:37:14 avec la population, modulo et bémol, évoquée par Marco,
00:37:19 c'est que les populations aussi changent, changent d'état d'esprit,
00:37:22 et qu'il faut articuler une verticalité, une horizontalité,
00:37:26 en fonction d'un projet global.
00:37:29 Autrement dit, on a besoin de puissance publique pour garantir un certain nombre de choses,
00:37:33 on a besoin des populations pour la créer.
00:37:35 Mais je dirais qu'on est confronté aussi à ce fait, nous dans le mouvement,
00:37:39 c'est que pour convaincre les populations et les amener,
00:37:42 on a aussi besoin de pouvoir dire que la puissance publique, elle est là aussi.
00:37:46 On est dans une dialectique, mais c'est complètement neuf
00:37:50 et on va inventer, travailler des modes nouveaux.
00:37:54 Je parlais ce matin des jeux vidéo, mais je peux parler aussi des jeux de stratégie,
00:37:57 des pratiques nouvelles de discussion publique.
00:38:00 On veut inventer des pratiques nouvelles de discussion et de construction territoriale
00:38:05 avec les gens qui ne soient pas les réunions de conseils de quartier d'autrefois
00:38:09 dans la rénovation urbaine, avec les pros du quartier qui viennent parler sans arrêt,
00:38:13 enfin, casser tout ça.
00:38:15 Bien sûr, la solution de fond, c'est l'adhésion et la mobilisation des populations.
00:38:21 Et en même temps, une volonté politique.
00:38:24 Et à un moment donné, il faut aussi que ceux qui représentent les populations
00:38:30 prennent leurs affaires en main, je veux dire, et prennent position.
00:38:34 Sur le côté performatif, ça nous est tombé dessus
00:38:38 un jour dans une discussion avec l'Adréal du Grand Est,
00:38:43 où un des responsables de l'Adréal nous dit
00:38:46 "Mais vous ne vous rendez pas compte que vous existez sans rien faire ?"
00:38:51 On nous dit, et alors nous on était là,
00:38:55 on nous dit "Mais quand même faites attention, il y a l'association Francis Allais,
00:39:00 il y a le projet, alors il faut vous nous challenger."
00:39:04 Je crois qu'effectivement, il faut qu'on entretienne à la fois le rêve fou,
00:39:09 l'utopie, mais je suis aussi dans une position, c'est un dialogue qu'on peut avoir,
00:39:14 aujourd'hui on a envie de renverser l'utopie, en disant "Les fous sont où ?
00:39:18 Les utopistes sont où ? Le rêve fou il est où ?
00:39:23 Il n'est pas chez nous. Le rêve fou c'est Musk.
00:39:27 L'utopie c'est la solution technique. L'utopie c'est la panne du Green Deal en Europe
00:39:34 comme solution potentielle. C'est eux les utopistes.
00:39:38 Le rêve fou il est là. Ce n'est pas une utopie,
00:39:42 c'est la réponse concrète, pied dans la glace, d'aujourd'hui à des problèmes qui se posent.
00:39:47 Aujourd'hui pour les enfants qui sont nés aujourd'hui,
00:39:51 et pour lesquels on a quelques années pour prendre, non pas des trucs sur un rêve,
00:39:56 mais voilà, je tenais à dire ça parce que, effectivement,
00:40:00 le rêve fou c'est vraiment, c'est un truc qu'on entend régulièrement,
00:40:05 mais on a envie de le renverser. Et c'est aussi pour ça que dans l'activité de l'assaut,
00:40:09 il y a tout le travail que vous pouvez voir sur le site, tout le travail fait par l'équipe
00:40:13 qui consiste à dire, on parle de l'histoire des forêts, on interview des personnalités,
00:40:18 des scientifiques, etc. des gens, pour faire un travail de soft power,
00:40:22 à notre échelle, quand on pourra plus, on pourra plus.
00:40:26 C'est pour ça qu'on interroge aussi les chemins comme ceux de les imaginaires forestiers
00:40:30 aujourd'hui, ils sont où, ils sont comment, etc. pour emmener, y compris,
00:40:34 des nouvelles générations qui ne sont pas inscrites dans les chaînes politiques
00:40:37 qui sont les nôtres aujourd'hui. Voilà, je voulais juste dire ça.
00:40:41 [Applaudissements]
00:40:48 - On a une question là-bas et après...
00:40:51 - Oui, bonjour, merci. Au revoir.
00:40:56 Bon, c'est pas très grave, ma question, elle est un petit peu pour monsieur,
00:41:01 alors que je me trompe, à monsieur Béard, parce que vous avez parlé de planification
00:41:06 qui rentrait un petit peu en contradiction avec ce projet à très long terme.
00:41:10 Alors c'est vrai que c'est un projet à très long terme qui va totalement à l'encontre
00:41:14 de la vitesse aujourd'hui économique qui est à un temps très court, extrêmement court,
00:41:19 on voit bien avec l'obsolescence programmée, avec les déplacements qui devaient
00:41:23 être toujours plus courts, les LGV, les autoroutes, enfin bref.
00:41:26 Donc ce modèle économique capitaliste, en gros, le capitalocène dans lequel on est,
00:41:31 va à l'encontre évidemment avec ce projet fabuleux auquel je suis membre.
00:41:38 Et donc justement, j'avais une question sur la planification qui peut s'appliquer
00:41:43 sur une planification écologique, mais planification étatique,
00:41:46 alors certes c'est sur 5 ans, sur les mandats présidentiels, certes on a des lois de finance
00:41:52 qui durent qu'un an, donc super chiant, et on a des lois de programmation de finance publique
00:41:57 qui sont pas votées, enfin voilà, c'est très compliqué, on voit bien en France
00:42:01 le problème du temps long, et justement vous avez parlé monsieur Béard,
00:42:05 excusez-moi, de la planification, et vous avez dit que ça n'allait pas avec ce projet-là,
00:42:12 et j'aimerais bien, soit j'ai pas mal compris, mais voir comment politiquement
00:42:16 ça peut être mis en place, et moi j'ai l'impression que la planification
00:42:19 même à très long terme peut être une des solutions.
00:42:22 Oui, je pense que là, encore une fois, la force de ce projet, justement,
00:42:30 en mettant en avant non seulement le chemin, mais l'horizon, c'est-à-dire
00:42:35 les 800 ans et la forêt primaire, c'est séducteur justement parce que
00:42:40 ça pose la question du temps long, quoi, c'est-à-dire que, justement,
00:42:44 face à une société qui vit dans l'instantanéité, quoi,
00:42:48 et donc c'est le présentisme, hein, donc c'est ça qui est important.
00:42:52 Pour autant, je dis pas que ça remet en cause, par essence, la planification,
00:42:59 mais ça remet en cause la façon de penser la planification.
00:43:02 C'est-à-dire que, je pense que, ce que je disais tout à l'heure,
00:43:04 c'est qu'on continue à penser la planification dans une forme
00:43:08 d'assurance absolue sur la linéarité du temps.
00:43:11 C'est-à-dire qu'on fait, on planifie aujourd'hui la transition écologique
00:43:14 comme on planifiait les Trente Glorieuses.
00:43:17 C'est-à-dire, comme si, plus c'est loin, plus on est sûr,
00:43:20 puisqu'on dit "en 2050, ça sera comme ça", et on fait du rétro-planning.
00:43:25 C'est ce qui est près qui est le plus flou, alors que dans la réalité,
00:43:29 c'est plus c'est loin, plus c'est flou.
00:43:32 Et donc, du coup, il me semble, ce qui est à l'agenda, aujourd'hui, politique,
00:43:37 c'est de renverser le mode de planification, en planifiant de manière
00:43:42 beaucoup plus progressive, d'une certaine manière.
00:43:45 Et je trouve que là, encore une fois, ce qu'a dit Francis
00:43:48 dans plusieurs interventions aujourd'hui était complètement en raccord
00:43:51 avec ce que je dis là, c'est-à-dire que la forêt primaire,
00:43:54 on se donne un horizon, mais en même temps, on ne sait pas.
00:43:57 C'est-à-dire, on intègre complètement l'incertitude à la pensée du projet.
00:44:01 Et donc, c'est ce qu'il va se passer dans les premières décennies qui importe.
00:44:06 Le reste, on verra.
00:44:08 Vous l'avez dit tout à l'heure, sous cette forme-là, je crois.
00:44:10 Après, on verra.
00:44:12 Et c'est ça, il me semble, qui est l'enjeu de la planification.
00:44:15 C'est penser, gérer le rapport au temps dans un processus
00:44:18 qui est plus incrémental que rétro-planning, si vous voyez ce que je veux dire.
00:44:22 Et c'est ça, il me semble, qui est extrêmement intéressant dans le projet.
00:44:27 C'est qu'il vient percuter complètement les modes de planification
00:44:30 qu'on a encore aujourd'hui dans les politiques publiques.
00:44:34 Oui.
00:44:36 Réponse de Francis.
00:44:40 J'ai oublié de dire un truc qui me paraît important.
00:44:46 C'est qu'il n'y aura pas besoin d'attendre des siècles
00:44:48 pour que ce soit intéressant, cette forêt.
00:44:51 Vous avez certainement le souvenir du confinement.
00:44:54 Les animaux étaient venus dans les villes.
00:44:57 Ils comprenaient très bien qu'ils craignaient plus rien.
00:45:00 Donc, on les voyait très facilement.
00:45:02 Ça va faire pareil.
00:45:04 Au bout de trois ans, peut-être, on verra les animaux très facilement.
00:45:09 Et donc, ça aura un intérêt touristique très grand pour le public.
00:45:13 Pas la peine d'attendre si longtemps. Voilà.
00:45:17 Merci beaucoup.
00:45:19 Je vais poser ma question.
00:45:22 Et puis, après, on ira au fond de la salle.
00:45:26 Notre homme politique est parti.
00:45:28 Mais peut-être qu'il y a quelqu'un qui peut relayer ma question.
00:45:33 Je voulais demander à M. Onida, c'est ça ?
00:45:37 Oui, Marc Onida.
00:45:38 D'injecter un petit peu du temps long dans les couloirs de la Commission européenne.
00:45:43 Parce qu'en fait, ce projet, il est vraiment comme ça.
00:45:46 Je pense à un des seuls projets dans le temps long.
00:45:50 Moi, je suis vraiment une simple humaine.
00:45:53 Je ne suis pas dans les arbres, je ne suis pas dans les forêts, je ne suis rien de tout ça.
00:45:57 Je ne suis pas scientifique.
00:45:59 Mais je suis une humaine qui, un jour, a entendu Francis Allais à la radio.
00:46:03 Et ce qui m'a frappée, je me suis dit, waouh, enfin,
00:46:07 un homme sur cette terre qui a le culot, avec du charisme en plus,
00:46:13 a fait un projet dans le temps long, un bâtisseur de cathédrales.
00:46:16 Où, en effet, des générations et des générations ont perdu des membres de leur famille,
00:46:20 ont donné leur vie pour bâtir quelque chose,
00:46:22 avec des millions et des millions de touristes qui viennent les voir encore aujourd'hui.
00:46:25 Alors, cette forêt, c'est ça.
00:46:27 Et je me dis, mais c'est le seul, que j'entends en fait dans les médias,
00:46:31 c'est le seul qui ose porter quelque chose comme ça.
00:46:34 Ce qu'on n'a pas chez les politiques.
00:46:36 Du tout, du tout, du tout.
00:46:37 Et on entend, on dit, il faut mobiliser la société civile,
00:46:41 et les politiques, et les ceci, et le cela.
00:46:44 Pour paraphraser quelqu'un d'autre, on est dans un devoir de civilisation.
00:46:48 C'est de ça dont on se rencontre.
00:46:50 Alors, ça c'est un commentaire que je faisais,
00:46:52 mais j'aurais voulu qu'il insuffle dans les couloirs du temps long,
00:46:56 qu'il ose, en fait, qu'il assaille son discours sur le danse, en fait, de M. Aley,
00:47:03 des personnes qui travaillent avec lui.
00:47:05 Ça, c'est une chose.
00:47:06 Et je venais lui demander, qu'est-ce qu'il veut que je fasse.
00:47:09 Alors, j'ai entendu, il n'y a rien à faire.
00:47:11 Mais j'ai entendu aussi qu'en fait, la forêt, il n'y a rien à faire.
00:47:14 Il faut la laisser.
00:47:15 Ce n'est pas en tirant dessus que ça ira plus vite.
00:47:17 Mais par contre, notre devoir, me semble-t-il, c'est de créer des conditions.
00:47:21 Ça, on n'a pas trop l'habitude, parce qu'on est tellement dans l'agir direct.
00:47:24 Donc, pour créer ces conditions, partons du principe qu'il faut faire quelque chose.
00:47:29 Ma question, c'est qu'est-ce que vous voulez que moi, je fasse.
00:47:32 Parce que quelqu'un, on le sait, ici dans la salle, on est tous ici,
00:47:34 parce qu'on a de l'intérêt, parce qu'on est inquiet,
00:47:36 parce qu'on est diplômés en je ne sais pas trop quoi, en argot, foresterie,
00:47:40 enfin, excusez, mais je ne connais pas tous ces termes-là.
00:47:42 Moi, je suis sensible avec mon cœur, je sens ce qui se passe.
00:47:47 Voilà, c'est un grand mot.
00:47:49 Donc, qu'est-ce que vous voulez que je fasse quand je vais retourner dans ma petite Belgique ?
00:47:54 Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
00:47:56 (Applaudissements)
00:48:03 Merci pour la question. Je ne me permettrai pas de répondre à la place de Marco, évidemment.
00:48:08 Mais non, ce que je trouve très intéressant, c'est justement cette question d'horizon.
00:48:13 Comment on va mettre des pierres les unes après les autres, génération après génération,
00:48:17 pour arriver à atteindre une forêt primaire ?
00:48:21 Et justement, c'est cette vision que vous regrettez chez les Poinettis,
00:48:25 qui n'existe plus, qui nous amène dans un...
00:48:28 Alors, je n'aime pas le terme projet quand on parle de société humaine
00:48:31 et d'évolution des sociétés, mais comment on emmène, on embarque la population avec nous
00:48:37 dans des visions à long terme.
00:48:41 Oui, juste là-dessus.
00:48:43 Je n'aime pas l'expression "comment on embarque les populations",
00:48:48 parce qu'on ne les embarque pas.
00:48:50 Il y a des tas d'expériences, des femmes en Inde,
00:48:54 qui, du fait de la révolution verte des pesticides,
00:48:58 avaient des conséquences sur la santé.
00:49:02 Et donc, elles se sont mobilisées à 10, au départ.
00:49:06 À 10, elles ont acheté un champ, elles ont fait un champ différent.
00:49:09 Et puis, à partir de ça, elles se sont dit "on en fait de l'artisanat".
00:49:13 Et puis, l'artisanat a fonctionné, elles ont acheté des champs, etc.
00:49:18 Elles sont aujourd'hui plusieurs milliers.
00:49:20 Il y a des systèmes de santé qui sont liés à ça.
00:49:23 C'est-à-dire qu'on est parti d'un projet, tout petit, petit, petit,
00:49:28 ce qui n'est pas le cas ici,
00:49:30 mais qui, petit à petit, parce qu'à chaque fois,
00:49:34 et là, je rejoins Francis,
00:49:36 quand on envoie les résultats à une forêt,
00:49:39 où on voit des animaux, une forêt qui attire,
00:49:42 on envoie les résultats rapidement.
00:49:44 C'est comme ça que, petit à petit,
00:49:48 ce n'est pas qu'on va embarquer des gens,
00:49:50 c'est que les gens vont s'embarquer eux-mêmes dans le projet.
00:49:53 Je ne me bats toujours contre l'idée d'acceptabilité sociale.
00:49:58 C'est comment on va faire passer la pilule.
00:50:01 Non, non, non.
00:50:02 C'est comment les gens vont créer, vont voir tout l'intérêt qu'il y a,
00:50:05 parce qu'il y en a, des intérêts, on les connaît,
00:50:08 mais c'est les gens qui vont, petit à petit, le faire.
00:50:11 Alors, bien sûr, et là, je rejoins ce qui vient d'être dit,
00:50:15 pas tout seul, il faut l'aide de l'État,
00:50:17 il faut que ce soit dans un projet,
00:50:19 il faut que ce soit dans...
00:50:20 Voilà, on est d'accord.
00:50:22 Mais cette dimension de la construction par les populations
00:50:27 est absolument fondamentale, à mon avis, pour un projet.
00:50:32 [Applaudissements]
00:50:36 Merci, Laurent.
00:50:37 Pour compléter ce que je voulais dire sur cet horizon,
00:50:42 c'est qu'on a tendance, beaucoup, dans les discours, je trouve,
00:50:45 à opposer écologie et futur.
00:50:49 On propose, on dit, on parle de contraintes écologiques,
00:50:53 on ne donne pas une vision positive lorsqu'on parle de l'écologie.
00:50:58 Enfin, quand je dis "on", je pense à plusieurs discours politiques.
00:51:02 C'est aussi lutter contre ces discours,
00:51:05 et justement, cet horizon de forêt primaire, c'est de dire,
00:51:09 ben voilà, on a un horizon futur enviable
00:51:12 vers lequel on a envie d'aller.
00:51:15 Donc voilà, c'était pour ce côté d'horizon que je voulais rajouter un mot.
00:51:18 Alors, il y avait des questions au fond.
00:51:20 Une ici, et je crois qu'il y en a plusieurs derrière.
00:51:24 Je vais être très bref, mais en gros,
00:51:26 c'est un peu dans la suite de ce qu'on va entendre dire actuellement.
00:51:29 En gros, c'est reconquérir notre imaginaire, le langage du possible.
00:51:34 Et en fait, on a plusieurs générations,
00:51:37 et bon, moi, je me situe dans la mienne,
00:51:40 qui, en tant qu'une chose, c'est d'agir pour changer nos réalités.
00:51:45 Et en fait, dans cette action de laisser la forêt ne rien faire,
00:51:49 la laisser se régénérer,
00:51:51 ben nous, à côté aussi, on a une envie d'engagement,
00:51:55 une envie de changer nos réalités.
00:51:57 Et quand j'ai commencé justement avec cet imaginaire,
00:51:59 c'est qu'on puisse aller plus loin que les dogmes qu'on connaît,
00:52:04 et tout ça, et refaire société pour préparer justement ce lendemain.
00:52:09 Et c'est là où on disait que les gens doivent rejoindre le projet,
00:52:12 mais en fait, c'est parce qu'il y a déjà des gens qui sont prêts à changer ça,
00:52:16 à avoir des modèles agricoles autour de...
00:52:18 à des kilomètres de la forêt qui va faire frontière.
00:52:22 Et c'est justement aussi par rapport à tous nos rapports au territoire,
00:52:25 nos rapports justement à la frontière,
00:52:27 le territoire avant, la forêt, elle était communale,
00:52:29 et toutes ces choses-là qui doivent, je pense, évoluer,
00:52:32 on doit se laisser la liberté de pouvoir conquérir l'imaginaire et rêver.
00:52:37 Et du coup, un merci pour le rêve fou qui en engendre d'autres.
00:52:41 - Oui, en vous écoutant cet après-midi, je me disais qu'en fait,
00:52:56 un des plus grands défis, il est philosophique.
00:52:59 En fait, quand vous disiez, il faut réfléchir sur quel rapport on a avec...
00:53:06 il faut ne rien faire.
00:53:08 D'ailleurs, je regrette qu'il n'y ait pas de philosophe qui soit venu intervenir.
00:53:11 Et en fait, je me posais la question aussi en parallèle de tout ce qui fait obstacle,
00:53:17 c'est-à-dire le consumérisme, la croissance, l'hyperproductivité, le court terme.
00:53:21 Je me disais que tout ça, ça sert à quoi ?
00:53:23 Et alors peut-être ma question est un peu trop philosophique,
00:53:25 mais est-ce qu'en fin de compte, notre société,
00:53:27 elle n'a pas banni de sa philosophie notre rapport à la mort ?
00:53:31 Et que de fait, cette forêt primaire qui est la vie,
00:53:37 en fin de compte, est-ce qu'elle...
00:53:39 Monsieur, vous disiez, en fait, le projet, il existe déjà dans notre tête.
00:53:42 Est-ce qu'elle ne réinterroge pas tout simplement notre rapport à notre finitude ?
00:53:46 Et le fait de construire une cathédrale en 800 ans,
00:53:49 est-ce que ce n'est pas devenu insupportable ?
00:53:51 Parce que ça nous ramène au fait que le court terme,
00:53:54 ce n'est pas possible si on veut penser la vie,
00:53:57 et qu'il faut s'inscrire dans des choses qu'on ne verra pas, tout simplement.
00:54:00 Alors ma question, c'est qu'est-ce que vous pensez de cette réflexion que j'ai,
00:54:03 à savoir que ce projet, en quoi il dérange aussi,
00:54:06 c'est qu'il nous interroge sur notre propre finitude,
00:54:09 et le rapport de notre société à la mort.
00:54:13 Ben, qu'est-ce...
00:54:19 Si je peux...
00:54:21 Ben, merci Laurent.
00:54:23 C'est une question qui est très vaste,
00:54:26 il faudrait presque y consacrer une nouvelle journée,
00:54:29 mais c'est vrai qu'on voit que cette question de la relation à la mort,
00:54:33 on cache la mort partout dans notre société.
00:54:36 Dans ce qu'on mange, évidemment, les animaux,
00:54:39 on a des abattoirs pour ne pas voir qu'on les tue,
00:54:43 nos anciens, on les met dans des Ehpad
00:54:46 pour ne pas voir que c'est la fin de leur vie,
00:54:49 et on n'est plus du tout habitués à ce contact de la mort,
00:54:54 et c'est ce contact de la mort qui nous permet aussi de comprendre ce qu'est la vie,
00:54:58 et de...
00:55:00 pas profiter de la vie, mais de donner toute cette plénitude à la vie.
00:55:05 Et peut-être aussi que ça...
00:55:08 On voit d'ailleurs qu'il y a de plus en plus de mouvements dans nos sociétés
00:55:11 qui interrogent cette relation à la mort.
00:55:14 Alors, on peut parler des végétariens, des végans,
00:55:18 on peut parler des antispécistes,
00:55:20 il y a beaucoup de courants qui, aujourd'hui, sont en lien avec ce questionnement,
00:55:24 et je pense qu'un projet comme celui-là,
00:55:28 ça permet aussi de comprendre que la mort fait partie de la vie et des cycles naturels,
00:55:33 et au contraire, ça permet de se réconcilier avec cette mort
00:55:37 qu'on n'arrête pas de cacher en permanence.
00:55:40 Je vois que Francis a pris le micro.
00:55:43 Ça m'intéresse de vous dire que je ne vais plus vous emmerder très longtemps.
00:55:47 J'ai 85 ans,
00:55:49 et je doute de pouvoir insister au pot d'envoi de la forêt primaire.
00:55:54 Mais je trouve ça superbe de lancer un truc dont on ne verra pas la fin.
00:55:58 Je ne vois pas ce qu'il y a d'inquiétant là-dedans.
00:56:01 C'est au contraire...
00:56:03 Je trouve un bénéfice, un avantage énorme.
00:56:06 Moi, je suis très content de cette situation-là.
00:56:09 Voilà, je tenais à dire ça.
00:56:11 Quant à la mort...
00:56:13 (Applaudissements)
00:56:16 - On va prendre une dernière question.
00:56:19 - Juste une remarque en stéréophonie avec ce que vient de dire Francis.
00:56:25 Moi, ça m'interroge sur ma vie.
00:56:28 Sur ma vie d'aujourd'hui.
00:56:30 Qu'est-ce que j'en fais ?
00:56:32 A quoi elle sert ?
00:56:34 Et sur la vie de demain de ceux qui vont me suivre aussi.
00:56:37 Parce qu'il y a des convictions philosophiques de chacun.
00:56:40 Mais ce projet-là, ce qui a fait que je me suis posé des questions,
00:56:44 c'était de me dire, est-ce que tu as compris quelque chose à quelque chose ?
00:56:48 Et donc, à partir de ce moment-là, qu'est-ce que tu fais de ta propre vie ?
00:56:52 Et pour répondre à la question de la dame, qu'est-ce que je peux faire ?
00:56:55 En Belgique, il y a de très belles associations qui s'occupent de naturalité.
00:56:58 Allez-y, ventre à terre, contactez-les, vous allez voir, vous allez avoir du travail, du travail.
00:57:03 - Merci beaucoup, Eric.
00:57:05 On va prendre une dernière intervention.
00:57:08 Et puis après, on va laisser la place à la dernière séquence de la journée.
00:57:13 - Oui, ici.
00:57:16 Je voulais juste revenir sur la question transfrontalière,
00:57:22 la dimension transfrontalière du projet,
00:57:25 que je trouve aussi chouette que le côté du long terme.
00:57:30 Ma question est concrète, en fait.
00:57:33 J'aimerais savoir si, par exemple, je crois que c'est du côté belge,
00:57:36 donc il y a une partie qui serait éventuellement en Belgique ou bien en Allemagne.
00:57:39 Est-ce que déjà, concrètement, il y a aussi des contacts avec la communauté locale, avec ces gens-là ?
00:57:46 Ou un petit peu vous en êtes quoi ?
00:57:49 Oui, il y a déjà eu des contacts à la suite d'un premier voyage de terrain qu'on avait fait au mois de mars 2022.
00:58:04 Oui, on a établi plusieurs types de contacts,
00:58:07 parce que les amis de Wallonie, au moment où notre projet arrivait sur le terrain,
00:58:13 étaient en pleine construction de parcs nationaux,
00:58:15 avec des démarches de cœur en libre évolution,
00:58:18 et donc des associations, et notamment nos amis de naturalité, de l'autre côté, Forêt et Naturalité.
00:58:26 On a eu des contacts très serrés, des correspondances, des échanges.
00:58:30 On a eu des contacts avec le gouvernement de Wallonie.
00:58:34 Francis a écrit à la ministre, qui lui a répondu pour lui dire tout l'intérêt qu'elle portait au projet,
00:58:40 que bien entendu, ce projet, comme on l'a dit ici, supposait la mise en mouvement des acteurs locaux, etc.
00:58:46 On a fait des voyages de terrain, on a rencontré des échevins,
00:58:50 on a rencontré des responsables de parcs qui étaient en pleine construction.
00:58:53 Donc on a développé de premiers contacts.
00:58:56 On va continuer ces contacts, bien entendu, dans le cadre du travail qu'on va faire spécifiquement dans les Ardennes.
00:59:01 Côté Vosges du Nord, on a eu de premiers contacts avec les Allemands,
00:59:05 et là c'est un travail qu'on va reprendre,
00:59:08 et probablement retravailler dans la préparation du Grand Colloque de février 2024 à Strasbourg.
00:59:15 Voilà la dimension internationale du projet, où il va prendre de plus en plus de force.
00:59:22 Mais on la fait aussi avec la croissance de l'association, des bénévoles, etc.
00:59:30 Puis on a un salarié, deux salariés, trois salariés, quatre salariés...
00:59:33 On marche au fur et à mesure des moyens dont on peut disposer.
00:59:39 Mais enfin, ça existe.
00:59:41 Oui, les premiers contacts sont établis, surtout côté Belge, où on a un enthousiasme de l'autre côté,
00:59:45 une disponibilité, une compréhension qui est vraiment passionnante.
00:59:49 Enfin, nos amis belges, là, ils bossent sérieusement.
00:59:53 Merci Eric, merci Laurent, merci Daniel pour cette table ronde.
01:00:00 Merci à Marco aussi, qui a dû nous quitter un peu précipitamment.
01:00:03 Et je vais laisser la parole à Rémi.
01:00:07 Merci Erwin, merci à tous.
01:00:10 Pour terminer cette journée, je vais inviter Francis à nous donner le mot de la fin,
01:00:16 pour clore cette belle journée d'échange et de partage.
01:00:20 Oui, il fait chaud.
01:00:34 Voilà Francis.
01:00:40 Ça ne m'arrive pas très souvent de prendre un ton solennel, mais là, je vais le faire.
01:00:50 Je voudrais dire tout d'abord que nous-mêmes, notre société d'Europe de l'Ouest,
01:00:58 nous avons une large part de responsabilités dans la déforestation mondiale, notamment dans les tropiques.
01:01:06 Et c'est notre mode de vie, mais ça a été dit à plusieurs reprises, c'est notre mode de vie qu'il faut incriminer.
01:01:14 Voilà, l'industrie, le commerce, la capitalisation, le consumérisme, le temps court de plus en plus rapide.
01:01:23 Voilà, il va falloir lutter contre ça.
01:01:27 Mais le changement climatique et la diminution de la biodiversité, c'est nous aussi dans une large mesure.
01:01:36 Désolé, mais on ne s'en rend pas forcément compte.
01:01:39 Mais notre mode de vie porte à l'un comme à l'autre. C'est aussi nous.
01:01:45 Alors bien sûr, on me dit que les océans fixent aussi le CO2, mais c'est vrai.
01:01:52 Mais mon avis, c'est que si nous comptons sur les océans et que nous continuons à déforester en demandant à l'océan de réparer nos erreurs, ça ne va pas se terminer bien.
01:02:03 Ça ne suffira pas.
01:02:05 Une condition essentielle, c'est d'avoir la volonté de respecter nos forêts et d'en augmenter la surface.
01:02:15 Il va falloir que cette position-là circule dans l'opinion publique et jusque chez nos dirigeants.
01:02:23 J'apprécie beaucoup que ce projet de forêt primaire, c'est enfin une action concrète dans ce sens-là.
01:02:31 On n'est pas encore parti, on est encore dans les discours, mais j'ai l'impression que ça ne va plus tarder.
01:02:40 Enfin, je crois qu'il faut que je lance un appel solennel à nos dirigeants.
01:02:47 La présidence de la République française, il faut favoriser les forêts plutôt que le lobby des chasseurs.
01:02:56 Je ne tolère pas cette présence des chasseurs jusque dans l'Elysée.
01:03:03 Ils ont quasiment une espèce d'invitation permanente.
01:03:08 C'est scandaleux, parce que les chasseurs, pour eux, la chasse, c'est une distraction.
01:03:14 C'est une distraction pour eux et pour nous, c'est un danger et une gêne.
01:03:20 Vous avez certainement suivi les problèmes d'avoir pas de chasse le dimanche pour pouvoir se promener en forêt.
01:03:28 Ça a été refusé, parce que le lobby des chasseurs a gagné une fois de plus. Non, ça ne va pas.
01:03:38 Je m'intéresse particulièrement à la Guyane, parce que c'est un pays que j'aime beaucoup et que j'aime beaucoup sa forêt.
01:03:44 Or, on nous parle maintenant de détruire une bonne partie de la forêt de Guyane pour faire du bois énergie.
01:03:52 Il faudrait que les fusées de Kourou démarrent avec une énergie locale prise dans la forêt.
01:04:01 Je trouve ça répugnant. Nous avons une forêt européenne.
01:04:05 Elle n'est pas seulement française, elle est européenne, la forêt guyanaise.
01:04:10 La réduire en petites boulettes, je trouve ça monstrueux.
01:04:15 J'ai rencontré, il n'y a pas très longtemps en Espagne, mais je pense qu'il y a l'équivalent ici, des gens qui travaillent au concept d'écocide.
01:04:26 Il y a des modes de destruction de l'environnement qui sont véritablement des crimes.
01:04:34 Toujours au président de la République, est-ce qu'il ne pourrait pas faire en sorte que les forêts ne dépendent plus de l'agriculture ?
01:04:48 Il n'y a pas d'organisme gouvernemental chargé des forêts.
01:04:55 Malheureusement, l'exemple vient de haut, parce que la FAO, c'est Food and Agriculture Organization.
01:05:06 Tant que la FAO fait ça, on se sent un peu légitime à en faire autant.
01:05:12 Le fait que les forêts dépendent de l'agriculture, ça les maintient dans l'état de ressources.
01:05:22 Et ça, c'est plus possible.
01:05:26 Et puis, il n'y a pas que le président de la République française.
01:05:31 Je voudrais m'adresser de façon très solennelle à Mme. van der Leyen, présidente de la Commission européenne,
01:05:39 et à M. Guthièrez, qui est secrétaire général de l'ONU.
01:05:45 Ça leur parviendra peut-être pas, mais peut-être que si.
01:05:49 Il faudrait qu'ils prennent la mesure de ce que représentent les forêts, de ce que sont les forêts,
01:05:56 et de tout ce qu'elles nous apportent, et de tout ce qu'on perdrait si on perdait les forêts.
01:06:03 Il faut favoriser les vieilles forêts et les étendre.
01:06:08 Il faut comprendre leur importance pour la pluviométrie.
01:06:13 Nous sommes dans une période où il pleut de moins en moins, pas seulement en Europe.
01:06:18 Cette diminution de la pluviométrie, pour moi, c'est directement lié à la déforestation mondiale.
01:06:26 Voilà l'importance de ces forêts pour la pluviométrie, pour les nappes d'eau souterraines, et pour la sauvegarde de la biodiversité.
01:06:37 Je voudrais vraiment que ces dirigeants-là comprennent qu'ils ont une responsabilité énorme dans le domaine de la forêt.
01:06:49 Ça dépend de nous.
01:06:52 Je crois que l'Europe devrait adopter une philosophie du respect de la forêt.
01:06:58 On a vraiment besoin de ça.
01:07:01 Merci beaucoup.
01:07:03 (Applaudissements)
01:07:14 Merci, Francis. Merci beaucoup.
01:07:18 Merci beaucoup pour ce message qu'il faut évidemment continuer à transmettre.
01:07:22 Pour terminer cette journée, merci à tous les intervenants, aux bénévoles aussi de l'association.
01:07:27 Merci à nos amis techniciens qui ont vraiment porté toute cette journée.
01:07:32 Merci beaucoup.
01:07:34 Merci beaucoup à la Cité des sciences aussi pour nous offrir la possibilité d'organiser cet événement ici même.
01:07:40 Et avec toute cette assemblée, il faut dire qu'on est plus de 350 aujourd'hui dans la salle, plus 120 ou 140 personnes en streaming.
01:07:47 Donc ça fait près de 500 personnes qui ont suivi les débats de la journée.
01:07:50 Donc c'est pas mal. C'est plutôt très, très bien.
01:07:53 M. Eric Favre, on est d'accord. C'est plutôt pas mal.
01:07:56 (Applaudissements)
01:08:04 Merci à tous. Et à l'association, on va dire merci à l'égard des techniciens de la Cité pour leur aide et leur collaboration.
01:08:14 Tout à fait.
01:08:16 Merci beaucoup.
01:08:20 Merci à tous. Rentrez bien chez vous.
01:08:22 N'oubliez pas d'adhérer à l'association et de porter aussi toutes ces informations le plus loin possible auprès des enfants, des jeunes.
01:08:28 Merci beaucoup et à bientôt à la Cité des sciences peut-être ou ailleurs.
01:08:31 (Applaudissements)
01:08:37 (...)

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