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00:00Gérard Depardieu, lui, sera jugé en octobre pour agression sexuelle, annonce du parquet de Paris à l'issue d'une garde à vue aujourd'hui du comédien,
00:06interrogé dans deux enquêtes pour des faits présumés. Il serait survenu sur des tournages en 2014 et 2021.
00:14Arrivé en début de matinée, l'acteur a quitté le commissariat en fin de journée. On en parle dans un instant avec Noémie Cochet,
00:19actrice et membre de la commission AFA soutien. Vous avez été l'une des premières victimes dans le monde du cinéma à porter plainte contre un réalisateur.
00:27À l'époque, c'était Jean-Claude Brissot. Mais on va d'abord voir en image, justement, cette journée aujourd'hui et les faits qui sont reprochés à Gérard Depardieu.
00:37Sa garde à vue est désormais levée. Convoquée au 3e district de la police judiciaire parisienne ce lundi, Gérard Depardieu devait répondre
00:46aux allégations de deux femmes avec qui il a travaillé. L'une est une ancienne assistante de tournage. L'autre était décoratrice pour le film
00:54« Les volets verts ». Toutes deux ont porté plainte contre l'acteur pour agression et harcèlement sexuel, ainsi qu'outrage sexiste.
01:02Le témoignage de l'actrice Anouk Grimbert, présente sur le tournage du film, corrobore les accusations.
01:08« Vraiment, je ne l'exagère pas, du matin au soir, on avait droit à ces salasseries. On l'a tous vues, on l'a tous entendues. »
01:17Le géant du cinéma français est déjà mis en examen depuis 2020 pour viol sur la comédienne Charlotte Arnoux.
01:23Des accusations qu'il réfute. D'autres actrices ou journalistes l'accusent d'agression.
01:29Au total, une vingtaine de femmes ont témoigné dans la presse ou devant la justice.
01:35En décembre dernier, un reportage de France Télévisions a causé une vive émotion dans l'opinion publique.
01:41Depardieu y tient des propos jugés obscènes envers les femmes et sexualise une fillette d'une dizaine d'années.
01:47En réaction, le président Macron a choisi de faire son éloge.
01:51Ses propos avaient immédiatement provoqué un tollé et la colère des associations féministes et de défense des victimes.
02:00« Je le disais à Noémie Cochère, à l'époque, vous aviez vous-même porté plainte contre Jean-Claude Brissot,
02:07qui a été condamné en 2005 pour des faits de harcèlement sexuel, des faits commis sur deux comédiennes, en 2001 à l'époque.
02:15Une partie du monde du cinéma, lorsque vous les aviez dénoncés, ces faits, avait soutenu Jean-Claude Brissot.
02:21Il y avait même eu une pétition à sa faveur, filmée par des grands noms du cinéma,
02:25Olivia Sayas, les Frères d'Ardennes, Claire Denis. Vous dites quoi ? Le vent a tourné depuis ? »
02:32– Alors je voulais juste corriger une chose, il a été condamné aussi en 2006, il y a eu, on a été quatre plaignants en 2005.
02:38– En 2005, oui.
02:39– Il y en a une, donc il a été condamné pour deux d'entre nous, pour harcèlement sexuel.
02:43Il y en a une qui a eu le courage de faire appel et qui a obtenu gain de cause une année plus tard, en 2006.
02:48Il a été condamné pour agression sexuelle. Et puis vous citiez les Frères d'Ardennes.
02:52Les Frères d'Ardennes se sont publiquement excusés d'avoir signé cette pétition, donc voilà.
02:57– Le vent tourne, oui, je l'espère. Il se passe quelque chose d'assez fort et d'assez puissant depuis décembre, je dirais.
03:06« Me too » en France, ça a été un peu 2017, un peu le 2019.
03:10On a l'impression qu'aujourd'hui, il se passe quelque chose de plus conséquent.
03:14– Autour de la personnalité de Gérard Depardieu, depuis la sortie de ce complément d'enquête, non ?
03:19– Non, je ne crois pas, parce qu'ensuite il y a eu la prise de parole de Judith Godrech, il y a eu plusieurs...
03:24– Alors pourquoi décembre ?
03:25– Parce que ça a signé, justement, ce moment de complément d'enquête, etc.
03:30– Ah voilà, oui, donc depuis complément d'enquête, oui.
03:32– Ça a été boule de neige.
03:34– Vous-même, vous avez tourné, peu de temps après, d'ailleurs,
03:37les faits que vous aviez dénoncés concernant Jean-Claude Brisson en 2001.
03:40En 2002, vous aviez tourné avec Gérard Depardieu le film « Aime ton père »,
03:45aux côtés d'ailleurs de Gérard Depardieu et son fils, qui au moins, aujourd'hui, malheureusement, disparu.
03:50Un talent parti trop tôt dans le cinéma français.
03:53Vous avez donc côtoyé Gérard Depardieu, vous avez été vous-même témoin de ce type d'agissement de sa part ?
03:59– Non, non, non, je n'ai pas été témoin de ce type d'agissement,
04:03mais je crois pleinement les jeunes femmes qui ont le courage de l'accuser aujourd'hui.
04:09– Le réalisateur, il faut le dire, du film à l'époque, était votre époux, Jacob Bergis.
04:14Vous étiez dans une situation un peu analogue à celle d'Anou Grimbert,
04:17que l'on vient de voir dans ce reportage, qui était, elle, la compagne de Bertrand Blier,
04:22donc qui a été témoin des agissements de Gérard Depardieu,
04:24mais qui a aujourd'hui dit qu'elle ne les avait pas subis personnellement.
04:26– Non, non, non, non, écoutez, ce film, c'est quelque chose de très particulier pour moi,
04:30encore une fois, puisque c'était avec Guillaume.
04:33Moi, je n'ai pas été témoin de ça, mais c'est des choses qui m'ont été rapportées,
04:37et des choses, encore une fois, que je crois malheureusement, je sais que c'est vrai.
04:42Et je salue le courage admirable de Charlotte Arnoux, voilà.
04:46– Qui a dénoncé ses faits. – Voilà, la première.
04:49– Il y a une responsabilité, pour vous, du monde du cinéma ?
04:51– Oui, oui, oui, absolument.
04:53Je pense que, j'espère que ça va s'interroger…
04:55Oui, moi, je questionne aujourd'hui, justement, le monde du cinéma
04:58et la validation de tous ces comportements.
05:02C'est facile aujourd'hui d'accuser des hommes nommément,
05:06mais j'espère que ça fera s'interroger le monde du cinéma,
05:11mais le monde plus loin aussi que ça,
05:13parce que je crois que c'est une vraie réflexion sociétale qu'il faut avoir aujourd'hui.
05:16– Ces voix qu'on entend, celles d'Anou Grimbert, de Charlotte Arnoux,
05:21il y a même eu Sophie Marceau, d'ailleurs, qui relatait
05:24des événements particulièrement déplaisants subis sur le tournage
05:27du film de Maurice Pialat, « Police ».
05:29Elle avait, à l'époque, pour partenaire à l'écran, Gérard Depardieu.
05:32Elle même dit ne pas avoir été victime directement d'agressions sexuelles,
05:38mais ce qu'elle montre sont clairement des faits déplacés,
05:41des gestes et des propos déplacés de la part de Gérard Depardieu.
05:45Elle le dit, je n'ai été protégé finalement que par, à la fois, mon statut d'actrice,
05:50disons de premier plan, et aussi sans doute par ma personnalité
05:54qui fait que je n'acceptais pas, même très jeune, ce type d'attitude.
05:59– Je trouve que c'est une phrase assez difficile à entendre.
06:01– Elle ne l'a peut-être pas prononcée avec ses mots,
06:02mais c'est ainsi en tout cas qu'elle l'a dit,
06:05ce qui ne justifie absolument pas dans son propos le fait que d'autres
06:08aient pu être victimes de ces faits pour ne pas avoir su forcément réagir
06:12en pareille circonstance.
06:12– Oui, mais ça, j'ai entendu plusieurs femmes avoir cette phrase
06:16et elle est assez terrible pour les survivantes,
06:19parce qu'elle sous-entend que nous n'avions pas la force de dire non.
06:23– Mais lorsqu'elle dit que c'est son statut, son aura, disons de star,
06:25elle aussi qui l'a protégée… – Ah non, mais sans doute, bien sûr, bien sûr.
06:29– Gérard Depardieu ou d'autres comédiens, d'ailleurs,
06:31ne se seraient pas permis ce type d'attitude avec des stars de premier plan.
06:38Harvey Weinstein, ça ne l'a pas arrêté, magnifiquement.
06:39– Non, non, c'est vrai que ça ne l'a pas arrêté.
06:42Je n'en sais rien, peut-être, oui, on peut dire ça, je ne sais pas.
06:46– Les faits aujourd'hui reprochés à Gérard Depardieu, ils sont assez récents,
06:50ils dateraient de 2014 et puis là, les volets verts 2021.
06:54Alors 2014, c'est une assistante de tournage, ce qui montre là encore
06:57qu'une personne qui n'est pas sous le feu des projecteurs
06:59peut être parfois plus facilement victime dans l'ombre.
07:03Mais comme c'était le cas de Charlotte Arnoux,
07:04une comédienne effectivement qui n'était pas sur le devant de la scène,
07:10pour vous, il y a eu une dérive, peut-être, de Gérard Depardieu
07:13sur ces dernières années, puisque là, encore une fois,
07:15on parle de faits qui sont quand même particulièrement récents,
07:17qui datent de la décennie écoulée.
07:19– Écoutez, moi, je ne l'ai pas côtoyé depuis la sortie du film
07:22donc, aime ton père, je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas.
07:29Je ne le connais pas personnellement assez pour le dire.
07:32Voilà, moi, très sincèrement, aujourd'hui, toute la journée,
07:35j'ai pensé sans cesse aux victimes,
07:39à la force qu'elles ont eue de faire ce qu'elles ont fait,
07:41et j'ai pensé à Guillaume, tout le temps, voilà.
07:44Cette affaire génère une profonde tristesse en moi,
07:46je ne sais pas pourquoi, mais voilà.
07:49– Pourquoi Guillaume ?
07:50On comprend bien, bien sûr, que vous avez tourné avec lui
07:52et que c'est un souvenir, bien sûr, d'un être,
07:54que tous ceux qui l'ont côtoyé ont été particulièrement touchés
07:58et témoins aussi de son talent et de la perte
08:01que sa disparition a été pour le cinéma français.
08:04En quoi, quel lien faites-vous, finalement,
08:06avec aujourd'hui, ce qu'il reprochait à son père ?
08:08– Ce n'est pas un lien direct, je pense à lui, ce qu'il était,
08:11à son immense sensibilité, et ça me touche profondément,
08:16ça me touche profondément, c'est tout.
08:18– Lorsqu'on voit la Standing Ovation, vous l'avez évoquée,
08:20offerte à Judith Gaudrech lors de la dernière cérémonie des Césars,
08:23vous dites qu'il y a eu un gros projet qui a été fait en quelques années,
08:25aujourd'hui, on n'accepte plus aux Césars, justement,
08:28de personnes soupçonnées de ce type d'agissement,
08:30et encore moins dans le palmarès.
08:32– Oui, vous voyez la différence entre 2019, Adèle Haenel qui s'est levée,
08:36et 2024, je crois qu'il y a quelque chose qui bouge.
08:41– Et en même temps, Harvey Weinstein, la condamnation à New York annulée,
08:44alors pour un vice de procédure, c'est un témoignage
08:46qui n'est, semble-t-il, pas recevable, pour vous, c'est un coup ?
08:51– Non, ce n'est pas un coup parce que c'est sur la forme,
08:53ce n'est pas sur le fond, ce n'est pas un coup parce qu'il continue
08:56à être condamné à Los Angeles, si je ne me trompe pas,
08:59ce n'est pas un coup parce qu'on le sait,
09:01les droits des femmes ne sont jamais acquis,
09:03il faut rester vigilant toute sa vie,
09:04je crois que c'est Simone de Beauvoir qui l'a dit,
09:07donc non, pour moi, ce n'est pas un coup du tout,
09:08je pense qu'on aura encore…
09:10– Il faut rester du droit.
09:10– Oui, c'est ça.
09:11– Merci Noémie Cocher d'avoir été avec nous pour revenir
09:14sur cet événement aujourd'hui, on l'a appris,
09:16donc à Gérard Depardieu qui sera jugé en octobre
09:20pour agression sexuelle après sa journée de garde à vue aujourd'hui.