Les 4V - Pierre Larrouturou

  • il y a 5 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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00:00 La Felle à Politique et au 4V, David Timber vous recevez ce matin Pierre Larouturu, député européen Nouvelle Donne et tête de liste de "Changer l'Europe" pour les prochaines élections.
00:09 Messieurs, bonjour.
00:11 Effectivement, bonjour Pierre Larouturu.
00:15 Bonjour.
00:15 Vous êtes candidat donc à la tête d'une liste "Changer l'Europe" comme vient de le dire Maya.
00:19 Il y a au moins une chose, parce que j'ai lu la tribune que vous avez publiée dans Le Monde cette semaine,
00:24 il y a au moins une chose avec laquelle vous êtes d'accord avec le Président de la République.
00:28 Lors de son intervention sur l'Europe, c'est que l'Europe est en danger de mort.
00:32 Simplement, vous n'avez pas les mêmes solutions pour y remédier.
00:34 Oui, pour nous la priorité c'est de sortir de la crise sociale.
00:37 On en a beaucoup parlé avec les agriculteurs en colère, le revenu des agriculteurs a beaucoup baissé.
00:41 Mais ce n'est pas une exception.
00:43 Vous voyez ici, ce qui va aux salariés dans l'ensemble des pays européens, il y a une baisse considérable de ce qui va aux salariés.
00:49 Par rapport au PIB, c'était 67% du PIB, ça n'est plus que 57%.
00:54 Et donc c'est des sommes considérables qui vont au bénéfice.
00:57 Et Emmanuel Macron continue à baisser l'impôt sur les bénéfices.
01:00 Mais à ce titre, par exemple, le maintien de la note positive des agences de notation que l'on a appris hier soir,
01:05 est-ce que c'est quand même une bonne nouvelle pour la France,
01:07 qui va s'endetter, qui va emprunter de l'argent à un taux moindre que si la note avait été dégradée ?
01:12 Par contre, désolé, mais quand j'étais petit, l'impôt sur les bénéfices était à 50%.
01:16 On trouvait normal de prendre 50% des bénéfices pour les hôpitaux, pour l'éducation,
01:20 et maintenant on est tombé à 19%.
01:22 Donc moi je préférais qu'on arrête le dumping fiscal, le dumping social.
01:25 Donc augmenter les impôts ?
01:27 Donc avoir éventuellement une moins bonne note ?
01:29 Non, non, pardon, excusez-moi, mais quand vous et moi on était petits,
01:32 l'impôt sur les bénéfices était à 50%.
01:34 On trouvait normal de taxer à 50% les bénéfices.
01:36 Et il y avait de l'argent pour les hôpitaux, pour les retraites, pour la santé.
01:39 Aujourd'hui, nos hôpitaux sont en train de s'écrouler.
01:41 Il y a des preuves...
01:42 Il faudrait vérifier la source, évidemment.
01:44 Ah, c'est les chiffres d'Eurostat, pardon.
01:45 Je suis rapporteur du budget, je ne mens jamais, pardon.
01:47 Ce sont les chiffres d'Eurostat.
01:49 Donc au lieu de baisser l'impôt sur les bénéfices...
01:51 C'est les milliardaires qui profitent de cette politique en ce moment.
01:53 C'est en tout cas vous qui le dites.
01:55 Le référendum que vous proposez comme antidote un petit peu au marasme
01:59 que connaîtrait l'Europe selon vous, c'est un référendum européen,
02:03 pan-européen, vous dites.
02:05 Mais comment on fait pour organiser une chose pareille ?
02:07 Et surtout sur quelles questions ?
02:08 Alors l'objectif c'est de réorienter l'Europe.
02:10 Déjà il y a 20 ans, vous m'aviez invité, avec Michel Rocard, avec Stéphane Hessel,
02:13 on avait rédigé un traité de l'Europe sociale.
02:15 En disant, aujourd'hui l'Europe n'est guidée que par des critères financiers,
02:18 les 3% de déficit.
02:19 On veut des critères sociaux pour faire baisser les loyers,
02:22 pour une Europe qui s'intéresse à la vie quotidienne,
02:24 qui fait baisser les factures, comme on l'a fait en Espagne.
02:26 Donc on veut réorienter l'Europe et aujourd'hui tout est bloqué.
02:29 Mais il n'y a rien qui va dans cette Europe, rien n'est fait selon vous ?
02:31 Non, on va beaucoup trop vite.
02:32 Attendez, on vient de parler, il fait 50 degrés dans certaines zones du monde.
02:35 Par contre il y a des inondations.
02:36 Sur le dérèglement climatique, on fait du blabla, on fait du blabla.
02:39 Sur la question des politiques de logement,
02:41 il y a des millions de Français qui ont du mal à payer les loyers.
02:43 Il y a un million de gens qui ont eu des coupures d'électricité depuis un an,
02:46 alors que par contre les marchés financiers sont à des niveaux jamais vus.
02:49 Donc avec Michel Rocard et Stéphane Eyssel, on avait dit qu'il faut réorienter l'Europe.
02:52 Et le seul moyen, c'est un électrochocs, ce que propose Changer l'Europe.
02:55 Mais le Green Deal, par exemple, pour vous, c'est le bon Dieu ?
02:58 On a une bonne direction, mais je peux vous dire qu'il n'y a pas d'argent.
03:01 Excusez-moi, sur la rénovation thermique,
03:03 si vous devez rénover votre maison, vous n'aurez aucune aide.
03:05 Moi je me bats pour qu'il y ait une taxe sur la spéculation
03:07 qui vous donnera des aides à vous ou qui donnera des aides aux agriculteurs.
03:10 Je reviens à votre proposition principale, qui est ce référendum.
03:14 Encore une fois, comment vous l'organisez ?
03:16 Vous dites que tous les pays votent en même temps, mais est-ce que ce n'est pas un peu utopique ?
03:19 Non, c'est l'idée de Habermas, le plus grand philosophe allemand, qui dit que l'Europe va crever.
03:22 Mais au-delà de l'idée.
03:23 Pardon, l'Europe va crever si elle n'est pas plus démocratique,
03:25 l'Europe va crever si elle n'a pas un nouveau projet.
03:27 On a rédigé le traité, ce n'est pas du blabla qui permettrait de mettre 300 milliards sur le climat.
03:31 On l'a rédigé pour de vrai avec Jean-Joseph Zellet, le grand juriste.
03:34 Et même Angela Merkel avait dit que c'était une bonne idée.
03:36 Même Angela Merkel avait dit que si c'est le même jour dans tous les pays d'Europe,
03:41 est-ce que oui ou non vous voulez une Europe plus démocratique, c'est-à-dire qu'on arrête l'unanimité ?
03:44 Est-ce que oui ou non vous voulez une taxe sur la spéculation pour qu'il y ait des aides pour vous ?
03:47 Est-ce que oui ou non vous voulez un impôt sur les bénéfices des grandes entreprises ?
03:50 Il y a 20 ans déjà, Jacques Delors, ce n'est pas un gauchiste,
03:53 disait qu'il faut un impôt européen sur les grandes entreprises pour avoir de l'argent pour aider les PME.
03:57 Pardon, mais s'il y a des pays qui disent oui et d'autres qui disent non, comment on fait ?
04:01 Il y a deux catégories de pays après ?
04:03 Sur l'espace Schengen, on a commencé avec 5 pays, puis on a été 8 l'année suivante, on est 28.
04:07 Sur la monnaie unique, on n'a pas attendu l'unanimité.
04:10 On a commencé avec 12 pays à la monnaie unique et maintenant on est 20.
04:13 Donc l'idée de ce référendum, elle est tout à fait concrète
04:16 et c'est vraiment le seul moyen de débloquer l'Europe et de mettre une dimension sociale très forte.
04:20 Vous avez entendu Emmanuel Macron, lui, il dit que la priorité c'est de s'armer militairement
04:24 par rapport à ce qui se passe en Ukraine, économiquement face aux concurrences chinoises et américaines.
04:29 Ça, vous ne l'entendez pas, ce sentiment de puissance ?
04:31 Non, je me bats, et c'est la France qui bloque.
04:34 On se bat au Parlement européen pour qu'on réponde quand Joe Biden met 360 milliards de subventions pour attirer l'industrie.
04:40 Je me bats comme rapporteur du budget pour qu'on puisse garder notre industrie et stopper les délocalisations.
04:44 Et j'ai la preuve ici que c'est la France qui bloque.
04:46 Vous allez nous montrer beaucoup de documents.
04:48 Oui, mais j'ai la preuve que c'est la France qui bloque l'idée d'une taxe faite en action.
04:52 Les Allemands sont d'accord, les Italiens sont d'accord.
04:54 Et donc, évidemment, il faut une défense.
04:56 Oui, on est dans un monde dangereux.
04:58 Évidemment, il faut protéger notre industrie, mais il faut aussi agir pour faire baisser les loyers et agir pour le climat.
05:03 L'un des combats que vous menez depuis des années, Pierre Laroutirou, et le public vous connaît notamment pour cela,
05:08 c'est pour la semaine de 32 heures, la semaine de 4 jours.
05:12 Alors, vous venez même de publier à nouveau un livre à ce sujet.
05:16 C'est à mon tour de montrer quelque chose à l'antenne.
05:18 On va peut-être le voir d'ailleurs sur l'écran.
05:20 32 heures, la semaine de 4 jours, c'est possible.
05:23 C'est publié au Seuil il y a quelques jours.
05:25 Donc voilà, on voit l'image à présent.
05:28 Cette semaine de 4 jours, même Gabriel Attal dit "Ok, pourquoi pas ?"
05:31 Sauf que ce n'est pas du tout la même que la vôtre.
05:33 Gabriel Attal, c'est 36 heures par semaine, vous c'est 32 heures.
05:35 Mais comment on fait ?
05:36 Écoutez, si vous avez eu le temps de lire ce petit livre, il y a déjà eu 500 entreprises qui sont passées à 4 jours, 32 heures, sans baisser les salaires.
05:42 Si vous achetez un yaourt Mamminova, tous les salariés de Mamminova sont passés à 32 heures sans baisse de salaire.
05:48 L'entreprise a créé 125 emplois et arrête de payer les cotisations chômage.
05:51 L'idée c'est que si l'entreprise passe à 4 jours, 32 heures et qu'elle crée des emplois, elle arrête de payer les cotisations chômage.
05:57 Comme ça, c'est équilibré pour tout le monde.
05:59 Mais dans un monde de concurrence, on l'évoquait à l'instant, comment vous allez garantir aux consommateurs qu'ils vont payer moins cher ?
06:04 Je vous le dis.
06:05 Non mais pardon, sans pot de yaourt, par rapport à...
06:07 Oublions l'exemple de l'agroalimentaire, mais dans l'industrie, par exemple...
06:11 Mais c'est vrai, face à des pays où on travaille plus de 50 heures par semaine.
06:14 Mais pardon, excusez-moi, est-ce que vous savez qu'aux Pays-Bas, par exemple, on est à 29 heures par semaine ?
06:18 Est-ce que vous savez qu'en Allemagne, il y a 6 millions de petits boulots à 10 heures par semaine ?
06:21 Donc, est-ce qu'on est capable d'avoir un débat là-dessus ?
06:23 Souvent, on dit que c'est moi qui ai lancé le débat sur les 4 jours.
06:25 C'est faux, c'est Antoine Riboud, le patron de Danone, il y a 30 ans, qui disait
06:29 "Avec les robots, avec les ordinateurs, on a besoin de moins de travail alors qu'on est plus nombreux."
06:33 Donc, Antoine Riboud disait "Il faut passer à 32 heures, c'est la seule solution pour se retenir du chômage
06:37 et donner à tout le monde un meilleur équilibre de vie, un bien-être plus important et créer des emplois."
06:41 Mais le bilan des 35 heures est déjà controversé, vous pensez que 32 heures, c'est la panacée ?
06:46 Tout à fait, les 35 heures, j'avais critiqué aussi quand on dit les 35 heures à l'hôpital
06:49 mais qu'on ne veut pas créer des postes d'infirmières, c'était un vrai bazar.
06:52 Les 32 heures à l'hôpital, comment on fera ?
06:54 On n'était que deux, Michel Rocart et moi, mais s'il y a des aides pour créer des emplois, c'est tout à fait possible.
06:58 On n'était que deux, Rocart et moi, à avoir critiqué les 35 heures,
07:02 mais à dire "Il faut y aller vraiment avec des exonérations pour ceux et celles qui vont créer des emplois."
07:06 On parle maintenant de vous, en quelques instants quand même, puisque vous êtes député européen, sortant l'ADI,
07:12 mais là vous allez sous vos propres couleurs, pourquoi vous êtes député européen cette fois-ci ?
07:15 Parce que vous étiez sur la liste de Raphaël Glucksmann il y a cinq ans, en position éligible,
07:19 pourquoi ça ne s'est pas reproduit cette expérience cette année ?
07:21 Écoutez, je crois que les questions sociales n'intéressent pas beaucoup Raphaël Glucksmann,
07:24 il travaille bien sur les Ouïghours, mais on n'a pas beaucoup vu dans les manifs pour sauver les retraites,
07:28 alors que la question des retraites est très importante.
07:30 La semaine de quatre jours, il m'a clairement dit qu'il ne voulait pas parler de la semaine de quatre jours, 32 heures,
07:34 alors que je crois que c'est un combat important.
07:36 Donc il n'a pas voulu vous prendre sur sa liste.
07:38 J'ai fait voter trois textes sur les transactions taxées, les transactions financières,
07:41 on aurait quand même 57 milliards chaque année, j'ai fait voter tout le Parlement, sauf l'extrême droite,
07:45 trois rapports pour dire qu'il faut une taxe sur la spéculation, j'ai fait une grève de la faim,
07:49 les gens du PS m'ont dit "tu devrais démissionner", parce qu'on ne fait pas une...
07:52 Donc vous vous présentez sous vos propres couleurs.
07:54 Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui ne veulent voter ni pour Mélenchon ni pour Glucksmann,
07:57 qui prennent quelques minutes pour aller changerleurope.com.
08:00 Notre bulletin de vote, le 9 juin, dans les isoleurs.
08:03 Merci beaucoup Pierre Laroturu, tête de liste pour les Européennes du mois de juin, on l'a dit.
08:09 Tout à fait.
08:10 Et c'est la suite de Télémaque.