Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Rima Hassan.
00:02 Vous êtes, je le rappelle, numéro 7 sur la liste LFI aux européennes du 9 juin,
00:05 position potentiellement éligible.
00:07 Mais demain, vous serez aussi convoquée par la police,
00:09 comme Mathilde Panot, la chef du groupe LFI à l'Assemblée,
00:12 entendue librement pour des faits d'apologie publique d'un acte de terrorisme
00:16 commise au moyen d'un service de communication au public en ligne.
00:20 Est-ce que vous savez exactement ce qui vous vaut cette convocation ?
00:23 Non, on ne sait pas encore précisément ce qu'il en est.
00:26 On sait simplement que ça a fait sûrement référence à des posts
00:30 que j'ai pu avoir sur les réseaux sociaux qui sont publics.
00:32 Des tweets notamment ?
00:33 Oui, sûrement.
00:35 Donc on va répondre à cette convocation avec mon avocat
00:39 et puis on en saura un peu plus demain.
00:41 Est-ce que cette convocation vous paraît légitime ?
00:44 Non, très honnêtement, je pense que tout le monde est au fait
00:47 de ces recours assez abusifs de cette procédure.
00:52 Il faut bien l'inscrire dans ce qui se passe dans le climat français,
00:54 mais plus largement dans un climat international de criminalisation
00:57 des voix qui s'expriment sur la question palestinienne.
01:00 On a cité le cas de Guillaume Meurice,
01:02 on a cité le cas d'étudiants de personnalités qui viennent du milieu militant
01:07 ou de citoyens armés.
01:08 Est-ce que vous pensez que ce sont des propos qui ont été tenus
01:09 après les attentats du 7 octobre en Israël ?
01:11 C'est cette partie-là qui est visée ?
01:13 Oui, totalement.
01:13 Mais ce qui est le plus important en réalité,
01:15 c'est de comprendre qui est derrière ces procédures.
01:18 Ce ne sont pas des autosaisines du procureur en l'occurrence,
01:21 ce sont des organisations qui ont déposé plaintes.
01:23 Les enquêteurs font simplement leur travail,
01:25 à savoir convoquer les personnes contre qui ces plaintes ont été déposées.
01:29 Donc ça c'est l'état de droit qui fonctionne, finalement.
01:32 Il y a des plaintes.
01:33 Comme le disait Eric Dupond-Moretti hier,
01:35 on ne va pas mettre ces plaintes à la justice sans les instruire.
01:37 J'ai écouté attentivement les propos d'Eric Dupond-Moretti.
01:41 Le sujet c'est de savoir qui sont derrière ces plaintes, encore une fois.
01:45 Si on avait eu des organisations pro-régime russe,
01:48 proches du régime russe,
01:50 qui se prennent en photo avec Vladimir Poutine,
01:52 qui pointent ou qui pourchassent les voix,
01:55 qui dénoncent ce que fait le régime russe
01:57 et qui déposent plaintes contre des citoyens pour leur militantisme,
02:00 je pense que tout le monde serait indigné.
02:02 Donc là, la logique c'est aussi de dénoncer les soutiens inconditionnels d'Israël,
02:07 qui je pense très sincèrement pourchassent les voix
02:10 qui s'expriment sur la question palestinienne.
02:12 Et à l'inverse, ce qu'il nous faut c'est défendre nos libertés fondamentales
02:15 et notamment notre liberté d'expression.
02:16 En janvier, vous avez répondu vrai à l'affirmation suivante,
02:19 le Hamas mène une action légitime.
02:20 Est-ce que ces attaques du 7 octobre étaient légitimes selon vous ?
02:23 Non, alors vous faites bien de reformuler la question
02:25 puisque la question ne portait pas sur les attaques du 7 octobre.
02:29 Je me suis exprimée à plusieurs reprises sur ce sujet.
02:31 Il faut bien distinguer, la langue que je parle c'est celle du droit international.
02:34 Donc le droit international, il faut bien distinguer la légitimité
02:37 pour des groupes armés à opérer dans un contexte pour une lutte d'autodétermination,
02:41 donc ce que prévoient notamment les résolutions des Nations Unies.
02:44 Mais moi ma question Alexa, c'est est-ce que les attentats du 7 octobre étaient légitimes ?
02:47 Justement, je suis en train de finir mon déroulé.
02:49 Donc il faut bien distinguer la légitimité pour un groupe armé à opérer.
02:52 Si vous voulez, c'est la règle dans un contexte de lutte pour l'autodétermination,
02:55 du caractère légal ou illégal, de son mode opératoire et des attaques qu'il mène.
02:59 Et ce que j'ai très, juste titre précisé,
03:02 c'est que ces attaques, bien entendu, ne peuvent pas être ni justifiées, ni légitimées
03:07 et qu'elles relèvent au contraire de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité.
03:13 Ce sera le travail que devraient faire les juridictions internationales.
03:15 Vous faites partie, Rima Hassan, des élus et membres de l'IFI
03:18 qui sont venus soutenir vendredi la mobilisation pro-palestinienne
03:21 de certains étudiants de Sciences Po Paris.
03:23 Quelques minutes avant, vous aviez appelé à converger vers l'école pour un "soulevement".
03:27 Déjà, ce mot de "soulevement", est-ce que vous l'assumez ?
03:30 Oui, je l'assume totalement.
03:31 Moi, je fais référence à la définition du Larousse.
03:36 Donc je l'ai reprise ici pour cette interview.
03:38 C'est un mouvement collectif et massif.
03:40 J'invite effectivement les étudiants à se mobiliser.
03:42 Ah, moi, pardon, j'ai la définition du Larousse 2023.
03:44 Mouvement de révolte collective, virgule insurrection.
03:47 Et j'ai regardé insurrection.
03:49 Fait de s'insurger, de se soulever contre le pouvoir établi, virgule émeute.
03:52 Non, on ne fait pas référence à la même définition.
03:54 Mouvement collectif et massif.
03:55 Moi, c'est le de Larousse 2023.
03:56 Mais c'est exactement celle que j'ai reprise en réponse d'ailleurs
03:57 aux tweets de la ministre.
03:59 Donc je sais précisément à quoi je fais référence
04:03 quand j'appelle à ce soulèvement.
04:05 Et effectivement, dans un contexte que nous sommes en train de connaître,
04:09 qui est quand même un génocide sur lequel de nombreux étudiants se mobilisent.
04:12 Là, on était à Sciences Po, je peux d'ores et déjà l'annoncer,
04:15 je serais également aux côtés des étudiants de l'ENS.
04:18 Non, il ne fait pas débat.
04:19 Non, non, non, je suis...
04:20 Non, là, c'est extrêmement important pour les gens qui nous écoutent.
04:23 La Cour internationale de justice...
04:25 Elle parle de risque génocidaire.
04:26 Ça veut dire qu'il y a une enquête qui peut prendre des années.
04:28 Elle ne parle pas de génocide.
04:29 Justement, elle parlait d'un risque génocidaire dans son ordonnance.
04:32 Elle a demandé à Israël de produire des mesures conservatoires
04:35 qu'Israël n'a pas produites.
04:36 On est à près de 80% de toutes les infrastructures à Gaza
04:41 qui ont été détruites.
04:42 Et là, vous avez un expert, Gilles Devers,
04:44 qui est un avocat qui a mobilié 600 avocats
04:46 pour une procédure devant la Cour pénale internationale,
04:48 qui a précisé ce qui était en cours,
04:50 à savoir que c'est un génocide par destruction du groupe social.
04:53 Même votre allié du PS, Olivier Faure,
04:55 parle d'une "surenchère verbale".
04:57 Non, mais il a...
04:58 Je crois qu'il y a...
04:59 Non, mais attendez.
05:00 Oui, mais il y a un déni sur la réalité qui se joue devant nous.
05:06 On peut oublier, si vous voulez, les commentateurs politiques.
05:08 On va se référer aux droits internationaux
05:09 et on va se référer aux experts.
05:11 La rapporteure spéciale des Nations unies sur le sujet
05:13 a produit un rapport il y a quelques semaines,
05:15 "Anatomie d'un génocide",
05:16 où elle explique que c'est un cas avéré de génocide
05:20 et que très probablement la Cour internationale de justice
05:22 sera amenée à qualifier ce génocide sur le fond.
05:24 Je veux dire un mot sur ce sujet,
05:26 parce que c'est extrêmement grave ce qui est en train de se dérouler.
05:28 La convention sur les génocides,
05:29 ce n'est pas simplement une convention
05:31 qui vise à condamner les génocides
05:33 qui se déroulent sous nos yeux,
05:34 c'est une convention de prévention.
05:36 Nous avons tous, collectivement,
05:38 un rôle de prévention sur ce génocide
05:39 et la prévention passe par la dénonciation
05:42 de tous les actes génocidaires.
05:43 Si on revient à Sciences Po,
05:44 qu'est-ce que vous répondez à ceux qui,
05:45 comme la ministre de l'Enseignement supérieur,
05:47 Sylvie Retailleau, dénoncent un jeu dangereux
05:49 uniquement à des fins électorales
05:50 ou qu'on vous reproche d'instrumentaliser la violence ?
05:53 Je crois que cette ministre est plutôt frustrée
05:55 de ne pas avoir été invitée par les étudiants à ce rassemblement.
05:58 Je pense que si elle veut y aller, elle peut y aller.
06:00 Elle peut y aller, mais...
06:01 C'est un rassemblement libre, chacun peut y aller.
06:02 En l'occurrence, elle accuse le mouvement d'opposition
06:07 qu'on porte à ce gouvernement
06:11 d'instrumentaliser cette mobilisation étudiante.
06:15 La réalité, c'est qu'on a été nombreux à avoir été invités.
06:18 Moi, j'étais dans le train retour de Rouen à Paris.
06:20 Il se trouve que les étudiants m'ont écrit en me disant
06:22 « On a besoin de convenir... »
06:23 Et vous avez appelé à la mobilisation en disant
06:25 « L'heure est au soulèvement ».
06:26 Oui, on l'a commenté au début de l'interview, je crois.
06:28 Je sais, mais c'est pour remettre...
06:29 Vous voulez qu'on y revienne ?
06:30 On peut y revenir, mais je crois qu'on a très peu de temps
06:33 pour commenter tout un tas de sujets.
06:35 Donc, je veux redire que nous avons été invités par des étudiants,
06:39 que ces étudiants nous ont eux-mêmes donné la parole.
06:41 Donc, c'est important de le dire qu'ils nous ont donné la parole
06:44 pour aussi exprimer notre solidarité
06:46 à l'endroit de leur revendication, de leur mobilisation.
06:49 Et je crois que le sujet de fond,
06:50 parce que là, il y a sûrement des étudiants qui nous regardent,
06:52 je veux quand même dire ce qu'il en est.
06:54 Ils avaient trois revendications très claires
06:56 lors de cette mobilisation.
06:57 Ils ont quand même obtenu le gain de cause
06:59 sur deux de leurs revendications.
07:02 Est-ce que vous n'êtes pas...
07:03 Non, non, non, pardon.
07:04 Je vais quand même m'en aller à l'interview, si ça ne vous emmène pas.
07:06 Mais est-ce que vous n'êtes pas en train d'instrumentaliser
07:07 le drame vécu par les Palestiniens à des fins électoralistes en France ?
07:11 Et pas du tout.
07:11 Je suis en train d'insister pour vous parler du fond.
07:13 Vous ne voulez pas me laisser parler du fond ?
07:14 Si, je vais vous parler du fond.
07:15 Il y a des dizaines d'étudiants qui sont mobilisés.
07:17 On ne fait pas l'Assemblée générale de Sciences Po.
07:18 Là, je vous pose des questions de candidats de politique à l'élection européenne.
07:20 Il y a une mobilisation qui est spontanée de ces étudiants.
07:23 Ils font l'inscrire dans ce qui est en train de se dérouler,
07:25 pas seulement en France, mais dans un mouvement international.
07:27 Vous pouvez parler des cas des États-Unis,
07:29 des universités aux États-Unis
07:31 qui sont très mobilisées à juste titre sur ce sujet.
07:35 Je crois que les étudiants en France en réalité regardent aussi le monde.
07:38 Ils se situent dans le monde dans lequel ils s'inscrivent.
07:40 Vous appelez à une généralisation des occupations de fac ou d'IEP en France ?
07:43 J'appelle à une mobilisation, non pas que dans les facs,
07:47 mais dans toute la France.
07:49 J'alerte depuis des mois sur ce qui est en train de se dérouler à Gaza.
07:52 Je vais continuer à le faire.
07:53 C'est notre rôle, encore une fois, de citoyens et de politiques.
07:56 Nous serons aux côtés de toutes les personnes qui dénoncent ce qui est en cours
07:59 et qui appellent tout simplement au respect du droit international.
08:02 Il y en a un qui se réjouit de la situation
08:03 et qui soutient les actions de soulèvement.
08:04 C'est l'ayatollah Khamenei.
08:05 Vous l'avez vu, le guide suprême qui a tweeté.
08:07 Khamenei qui est un des pires acteurs,
08:10 le pire dictateur de la planète,
08:11 qui maltraite sa population en général,
08:13 qui lapide les femmes et les homosexuels.
08:14 Comment vous recevez ce soutien ?
08:16 Je n'ai pas vu ce tweet.
08:18 Je ne suis absolument pas, en l'occurrence, je ne le connais même pas.
08:24 C'est pour vous dire, je ne suis même pas sur les réseaux.
08:28 Vous ne connaissez pas Khamenei ?
08:29 Je ne le connais pas.
08:30 Je ne suis pas quotidiennement ce qu'il poste
08:33 ou ce qu'il commente en termes d'actualité.
08:34 Je situe quand même ma parole en tant que citoyenne française en France et en Europe.
08:38 Donc non, je ne suis pas ce qui peut être commenté en termes d'actualité.
08:43 Non, je n'ai pas de commentaire à faire.
08:44 Je ne vais pas commenter, si vous voulez...
08:47 Vous n'avez pas l'impression là pour le coup d'être vous instrumentalisée par Khamenei ?
08:51 Mais absolument pas.
08:52 Je viens de vous dire que les étudiants se sont mobilisés depuis des semaines.
08:55 Ils nous ont appelés à se joindre à eux.
08:59 Nous avons simplement, en l'occurrence, s'agissant de mon cas,
09:02 j'ai simplement répondu à cet appel des étudiants.
09:05 Je suis à leur côté et tout comme on est aux côtés de toutes les organisations
09:09 qui dénoncent ce qui est en cours à Gaza.
09:11 Il nous reste assez peu de temps.
09:12 Est-ce que vous remettez en cause l'existence même d'Israël ou pas ?
09:15 Parmi les slogans, on entend beaucoup le slogan "du fleuve à la mer".
09:20 Est-ce que vous remettez en cause l'existence d'Israël ?
09:21 Absolument pas.
09:22 Il y a une interview de moi pour l'Ibé sur ce sujet
09:25 où j'ai expliqué que ce slogan ne s'inscrivait absolument pas
09:28 dans une revendication anti-israélienne.
09:31 Maintenant, j'appartiens à une génération qui met, je crois,
09:34 certains politiques face à leurs responsabilités,
09:37 à savoir qu'aujourd'hui, l'échec de la solution à deux États,
09:41 elle est véritablement sous nos yeux,
09:43 c'est-à-dire que c'est une question de mois ou d'années.
09:45 Et les revendications qui sont les miennes,
09:47 comme celles de nombreuses personnalités qui sont également en Israël
09:51 et dans le monde qui sont engagées sur ce sujet,
09:54 c'est une égalité de revendications de droit,
09:56 de dégalité de droit, pardon,
09:57 l'égalité de droit du Jourdain à la mer pour les Israéliens
10:01 comme pour les Palestiniens.
10:02 Même cette formule du Jourdain à la mer, elle n'est pas neutre.
10:03 On sait qu'elle n'est pas neutre.
10:04 Mais absolument pas, absolument pas.
10:06 Vous pourriez me resituer l'historique de cette citation ?
10:10 On ne va pas faire un gros dessert parce qu'il nous reste 30 secondes.
10:11 Mais vous ne l'avez pas, je crois.
10:12 C'est malhonnête, c'est que je passe plus de temps
10:14 à commenter la paresse intellectuelle des uns et des autres
10:16 qu'à discuter des sujets de fond.
10:18 Et ça, c'est quelque chose que je regrette.
10:19 « Forme the river to the sea »,
10:20 c'est la revendication de tous ceux qui veulent que la Palestine s'étende.
10:22 Est-ce que vous avez la source et la référence historique de ce slogan ?
10:27 On ne va pas la faire maintenant.
10:28 Je ne vais pas vous la donner maintenant.
10:29 Bon, vous ne l'avez pas.
10:29 Si vous voulez, je ne l'ai pas.
10:30 Est-ce que le degré d'antisémitisme en France vous inquiète, Rima Hassan ?
10:33 Bien sûr que ça m'inquiète,
10:34 comme tous les sujets qui tend à diviser notre société,
10:38 à opposer des communautés, une communauté à d'autres.
10:41 Donc c'est un sujet sur lequel on se doit d'être extrêmement attentif
10:44 et d'être très mobilisé politiquement,
10:46 mais aussi en tant que citoyen.
10:47 Je veux dire un mot, j'appelle quand même,
10:49 je regrette que le service public ne fasse pas de campagne
10:51 pour les inscriptions sur les listes.
10:53 Alors, vous devriez nous regarder plus souvent
10:55 parce que quasiment à chaque interview,
10:57 je rappelle qu'on peut s'inscrire sur une sénatorale jusqu'au 1er mai,
11:00 si c'est par internet, et jusqu'au 3 mai si on va à la mairie.
11:03 Merci beaucoup.
11:04 Merci à vous, Rima Hassan, et bonne journée.
11:05 Merci à vous.
11:06 Merci à tous les deux.
11:07 Merci également à Annick Motin pour la traduction en langue des signes.