• il y a 8 mois
Une violente agression sexuelle choque une petite ville. L'enquête piétine durant 20 ans, jusqu'à ce qu'un autre meurtre dans la même ville dévoile un suspect avec le même ADN.

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Transcription
00:00 "Urgence, je vous écoute. Je suis Amy Harrison, la femme d'Andrew Harrison. Que s'est-il passé ? J'étais aux toilettes dans la salle des profs, d'accord ? Et quand j'ai ouvert la porte, il y avait un homme avec un pistolet."
00:17 "C'est l'histoire de l'un des criminels les plus méchants et dangereux que j'ai poursuivi en justice. Parce que, à première vue, il avait l'air tout à fait normal."
00:28 "Il était sous nos yeux et on n'en savait absolument rien."
00:31 "J'ai entendu quelque chose qui ressemblait à un coup de feu."
00:35 "Il nous a appris beaucoup de choses."
00:39 "Parfois j'essaie de me convaincre que ce n'est pas réel, qu'il ne s'est rien passé."
00:44 "Je n'oublierai jamais ce que j'ai eu."
00:47 "C'est insupportable qu'un homme ait assez de pouvoir pour agir de la sorte."
00:54 "Si ce n'est ni un psychopathe ni un sociopathe, il va falloir redéfinir ces termes."
00:58 "Je me suis mariée jeune. Quand on s'est rencontrés, on avait 21 ans et on s'est mariées à 23."
01:21 "On était encore étudiants à la fac et on a eu notre diplôme en 1995."
01:26 "Et on a emménagé à Rogers dans l'Arkansas."
01:29 "On a déménagé pour que mon mari puisse être policier."
01:33 "Je ne connaissais pas du tout la ville avant notre emménagement."
01:39 "Je ne savais pas à quoi m'attendre et le changement a été plutôt brutal, je dirais."
01:44 "Il y avait des églises à tous les coins de rue."
01:48 "Et le dimanche, tous les magasins étaient fermés."
01:51 "Je dirais que c'était une ville très conservatrice."
01:55 "Le genre d'endroit conventionnel et très calme."
02:00 "Et en 1997, j'étais une enseignante épanouie."
02:06 "J'adorais mes élèves."
02:09 "À l'époque, Andrew était agent de police et moi, j'étais enseignante."
02:13 "Tout semblait idyllique."
02:16 "Jusqu'à ce jour-là."
02:18 "Je suis allée à l'école un dimanche matin."
02:24 "Il devait être 9h30."
02:26 "Je portais un jogging et un tee-shirt à manches longues."
02:30 "La salle de classe où j'étais était en réalité composée de deux salles dont le mur du milieu avait été abattu."
02:37 "Donc c'était une grande pièce avec deux portes."
02:40 "Les deux étaient fermées à clé."
02:42 "Des gens assistaient à une messe dans la cafétéria et je ne voulais pas déranger."
02:47 "Tout comme je ne voulais pas qu'ils puissent me déranger."
02:50 "Je les laissais tranquilles et inversement."
02:52 "Je travaillais dans ma salle de classe fermée à clé."
02:55 "Je dirais qu'il était environ 10h30."
02:58 "Ça faisait un moment que j'étais là."
03:00 "J'ai entendu le bruit d'une poignée de portes au niveau de l'une des portes de ma salle."
03:06 "J'ai attendu quelques minutes et j'ai jeté un coup d'œil dans le couloir."
03:10 "Je n'ai vu personne alors j'ai fermé la porte."
03:12 "Quelques minutes plus tard, j'ai eu envie d'aller aux toilettes."
03:15 "Donc je suis sortie par l'une des portes de la classe."
03:18 "Et je dirais que j'étais à environ 5 ou 6 mètres du coin au bout du couloir."
03:24 "Quand j'ai tourné pour rentrer dans la salle des profs."
03:27 "Je suis allée aux toilettes et dans cette salle, les toilettes sont agencées en cabines individuelles."
03:32 "Il y a deux cabines de toilettes."
03:34 "Elles se ferment avec deux vraies portes."
03:37 "Donc, quand je suis sortie de la cabine, il était là son pistolet braqué sur moi."
03:45 "Il portait un bonnet de ski et des lunettes de soleil."
03:50 "Donc je ne pouvais rien voir d'autre que la partie inférieure de son visage."
03:54 "J'ai pu bien l'observer sur le moment."
03:57 "Mais vous imaginez bien le choc d'avoir une arme pointée sur soi."
04:01 "Ça m'a profondément secouée."
04:04 "C'était perturbant."
04:06 "Il avait un pistolet, je pensais que j'allais mourir."
04:09 "Je me suis dit que j'allais tout faire pour m'extirper de cette situation et rentrer chez moi."
04:14 "Il m'a dit de reculer et de rentrer dans la cabine."
04:17 "Ensuite, il m'a dit de retirer certains de mes vêtements."
04:22 "Et il m'a dit ce que je devais lui faire."
04:26 "Après ça, il a décidé de m'emmener dans un autre endroit."
04:29 "C'était une autre salle de classe qui était située à côté de la salle des profs."
04:35 "Et c'est dans cette autre salle qu'il a continué à me violer."
04:42 "Tout ce que je ressentais, c'était de la peur et de la colère envers cet homme."
04:49 "Mais je n'avais pas les idées claires."
04:51 "C'était mes tripes qui parlaient, comme un instinct animal."
04:54 "J'ai eu l'impression que ça durait depuis des heures."
04:57 "Mais en réalité, j'imagine que ça n'a duré que quelques minutes."
05:00 "Il s'est mis debout et il m'a dit 'Reste ici, ne bouge pas."
05:03 "Je ne sors pas d'ici avant qu'il soit parti."
05:05 "J'étais paniquée."
05:06 "Je devais trouver quelqu'un et me mettre à l'abri."
05:09 "Je suis tombée sur l'agent d'entretien."
05:11 "Et je lui ai dit que je devais appeler les secours."
05:13 "Et que j'avais été agressée."
05:15 "Urgence du comté de Benton, je vous écoute."
05:18 "C'est l'école Tillery à Rogers."
05:20 "Oui ?"
05:21 "Une enseignante a été agressée dans les toilettes."
05:23 "Une enseignante, c'est ça ?"
05:24 "Oui."
05:25 "Par qui ?"
05:26 "On ne sait pas. Elle est allée aux toilettes et quelqu'un l'a attaquée."
05:29 "La personne est encore sur les lieux ?"
05:31 "L'agresseur est ici, mais l'enseignante est là."
05:33 "D'accord, elle est avec vous ?"
05:35 "Est-ce que la police peut venir ?"
05:36 "Oui, vous pouvez me la passer ?"
05:38 "Un instant."
05:39 "Je suis Amy Harrison, la femme d'Andrew Harrison."
05:42 "Quelqu'un vient de m'agresser sexuellement à l'école."
05:45 "D'accord, il est parti ?"
05:47 "Je crois que oui."
05:48 "Il y a des gens qui assistent à une messe dans la cafétéria de l'école."
05:51 "C'était un dimanche matin, j'étais chez moi."
05:57 "J'entends la sonnerie de mon beeper."
05:59 "Et je vois que les urgences me disent de les appeler immédiatement."
06:02 "Le message venait de la ligne principale des urgences."
06:06 "J'ai appelé et je me rappelle encore qui m'a répondu."
06:08 "Elle m'a dit que Amy Harrison avait été violée alors qu'elle était à l'école."
06:12 "Et que je devais venir immédiatement."
06:15 "Je connaissais la victime."
06:17 "Parce qu'à l'époque, Amy était mariée à un collègue."
06:20 "J'ai pris ma voiture et je n'ai pas perdu une seconde."
06:25 "On a fait tout notre possible pour rassembler les preuves scientifiques."
06:28 "Il y avait un tapis sur les lieux de l'agression."
06:31 "Donc, on l'a emmenée pour l'examiner."
06:33 "Pareil pour la rampe qui se trouvait dans les escaliers qu'ils avaient empruntées quand ils la faisent sortir des toilettes."
06:39 "On l'a embarquée."
06:41 "La police a approché l'enquête de deux manières différentes."
06:44 "Parce que certains enquêteurs, dont je faisais moi-même partie, avaient pour consigne d'examiner la scène de crime."
06:55 "On m'a envoyée à l'hôpital."
06:58 "Je devais prendre tous les traitements que l'on pouvait me prescrire après ce genre d'événements."
07:02 "Pour éviter une grossesse non désirée, pour éviter d'attraper le VIH."
07:06 "Et pour éviter toute autre infection sexuellement transmissible contre lesquelles il y avait des médicaments."
07:12 "Le kit du viol."
07:14 "Les médecins devaient m'examiner."
07:16 "Voilà ce qui se passe."
07:18 "Les choses que je n'avais pas encore envisagées sont arrivées."
07:24 "À ce stade, la balle est dans votre camp, Amy."
07:27 "Racontez-moi ce qui s'est passé en détail."
07:30 "D'accord."
07:31 "À un moment, quand moi j'étais à genoux, il était..."
07:35 "Debout sur ma gauche."
07:37 "Il s'est penché jusqu'à ce que son visage soit près du mien."
07:40 "Et j'ai vu qu'il avait de la barbe."
07:42 "Comme s'il ne s'était pas rasé depuis quelques jours."
07:45 "Il avait des poils blonds vénitiens."
07:47 "J'ai prêté attention du mieux que je pouvais à tout ce que je voyais."
07:51 "De l'homme qui m'agressait."
07:53 "Ce qui m'a interpellé, c'est qu'il était en chaussettes."
07:55 "Il ne portait pas de chaussures."
07:57 "Le dessous de ses chaussettes était très sale."
07:59 "C'était vert comme s'il avait marché dans l'herbe ou plutôt à l'intérieur ?"
08:03 "C'était plutôt marron, comme de la terre."
08:06 "D'accord, comme s'il avait marché dans la terre."
08:08 "Il était en chaussettes dehors."
08:10 "Oui, c'est ça. Et j'avais l'impression qu'il y avait comme..."
08:13 "Des petits morceaux de feuilles raccrochés sous ses chaussettes."
08:16 "J'ignore pourquoi il n'avait pas de chaussures."
08:19 "C'était étrange."
08:20 "Je ne l'ai pas entendu arriver."
08:22 "Donc c'était peut-être une technique originale de sa part pour que..."
08:26 "Je ne sois pas au courant qu'il était dans les toilettes."
08:29 "Mais quand même..."
08:31 "Ça me semblait bizarre."
08:33 "Est-ce que vous vous souvenez d'autre chose ?"
08:35 "À un moment, il a dit que je le connaissais, que je l'avais déjà vu."
08:39 "Ou qu'il me connaissait et qu'il m'avait déjà vu."
08:42 "Qu'on avait déjà été en contact d'une manière ou d'une autre."
08:45 "Il m'a demandé si je reconnaissais sa voix."
08:48 "Évidemment, cette question m'a fait me demander si je connaissais cet homme."
08:52 "Mais je ne voyais pas qui ça pouvait être."
08:55 "Je n'en avais aucune idée."
08:57 "Et ça, c'était terrifiant."
08:59 "Ce qui nous a apparu évident en entendant le témoignage d'Amy..."
09:05 "C'est que l'agresseur s'est donné beaucoup de mal pour cacher son identité."
09:09 "Il n'a rien touché."
09:11 "Et..."
09:12 "Il a fait attention à ne laisser aucun fluide ni aucune autre preuve biologique."
09:17 "À un moment, pendant son agression, Amy a senti un liquide qui coulait le long de sa jambe."
09:22 "Et instinctivement, elle l'a essuyé avec sa main."
09:25 "Et elle a essuyé sa main sur son T-shirt."
09:28 "Ça n'était pas conscient de ma part d'essuyer son sperme."
09:32 "Ça me dégoûtait profondément."
09:34 "Je ne voulais pas de ça sur moi."
09:36 "Il lui a immédiatement demandé pourquoi elle avait fait ça."
09:39 "Si elle n'avait pas fait ce geste, nous n'aurions jamais eu son ADN."
09:46 "Quand on échangeait nos théories, on s'est bien entendu demander..."
09:50 "Comment cet agresseur en savait autant sur les méthodes que l'on utilisait pour récupérer des preuves."
09:56 "On a envoyé l'échantillon au laboratoire et comme pour tous les échantillons..."
10:02 "Ils ont entré celui de l'agresseur dans leur base de données pour voir s'il correspondait à un ADN déjà identifié."
10:08 "Sans succès."
10:10 "J'ai essayé de ne pas me faire trop d'espoir."
10:14 "Je me suis dit qu'il y avait peu de chances que mon agresseur soit déjà enregistré dans la base de données qui recense l'ADN des différents criminels."
10:21 "C'était peu probable."
10:23 "Quand on a commencé à récolter l'ADN des personnes que je fréquentais..."
10:28 "Que ce soit à l'école ou dans la vie de tous les jours..."
10:32 "J'avais bon espoir."
10:34 "Les autorités et la police ont rapidement travaillé sans relâche."
10:37 "Ils ont étendu leur recherche sur un large périmètre."
10:40 "Ils étaient prêts à recevoir tout type d'informations."
10:43 "Et à suivre n'importe quelle piste pour essayer de trouver qui était cet homme."
10:48 "Amy a réussi à nous fournir énormément de détails."
10:56 "Et on a pu élaborer un portrait robot grâce à un certain outil."
11:02 "On avait des feuilles transparentes avec différentes caractéristiques physiques."
11:07 "Son menton était comme ça."
11:09 "Non."
11:10 "On a procédé de la même façon pour déterminer le nez."
11:13 "Pareil pour les yeux, les oreilles, le front et la forme du visage."
11:17 "Amy nous a donné une bonne description de cet homme."
11:20 "Et ensuite, l'une des personnes présentes à la messe ce dimanche..."
11:23 "Nous a dit qu'elle avait vu un homme qui correspondait à cette description..."
11:27 "Partir de l'école en voiture."
11:29 "Dans un pick-up bleu."
11:32 "On a demandé de l'aide aux autorités de la capitale de l'État, Little Rock."
11:37 "Ils ont lancé une recherche de tous les véhicules immatriculés dans le comté de Benton..."
11:41 "Qui pourraient correspondre à la description de la voiture du suspect."
11:44 "Et tard dans la nuit, on a reçu l'information..."
11:49 "Que deux des détectives qui travaillaient en duo..."
11:52 "Avaient localisé le véhicule, le pick-up bleu."
12:05 "Le véhicule a été retrouvé au nord de la ville."
12:07 "Il était garé sur le parking d'une résidence et le propriétaire était chez lui."
12:11 "Les enquêteurs ont pu lui parler."
12:13 "Mais les policiers ont tout de suite pu constater de manière très claire..."
12:17 "Que le propriétaire du véhicule, qui était le seul conducteur de ce pick-up..."
12:21 "N'était pas notre suspect, il était assez vieux."
12:24 "Il était bien trop âgé pour correspondre à la description que l'on avait du suspect."
12:30 "On a donc écarté toute connexion entre cet homme et notre affaire."
12:35 "À ce moment-là, ça nous a un peu coupé dans notre élan parce que..."
12:38 "On pensait avoir une piste solide et quand on a creusé..."
12:41 "On s'est rendu compte que ce n'était pas le cas."
12:44 "On n'avait rien du tout."
12:46 "Et on n'a rien trouvé d'autre pendant encore plusieurs semaines."
12:52 "Je n'arrivais pas à utiliser le mot viol."
12:54 "J'ai mis du temps avant de réussir à le dire."
12:56 "Quand on entend parler d'une femme victime de viol..."
12:58 "On se dit quelle horreur, la pauvre, comment va-t-elle s'en remettre ?"
13:01 "Je ne voulais pas qu'on dise ça de moi."
13:05 "Le fait que ça m'était arrivé, c'était déjà suffisant."
13:08 "Et je ne voulais pas que ça me dérange."
13:10 "Je voulais juste que vous sachiez que..."
13:12 "C'est pas un sujet qui peut être discuté."
13:14 "C'est un sujet qui peut être discuté."
13:16 "Et je ne voulais pas que vous le sachiez."
13:18 "Je voulais juste que vous le sachiez."
13:20 "Le fait que ça m'était arrivé, c'était déjà suffisant."
13:22 "Alors le fait d'expliquer ce qui m'était arrivé..."
13:26 "En utilisant un seul mot pour le dire à quelqu'un..."
13:30 "Ça le rendait très réel."
13:32 "Et puis, ça faisait remonter énormément d'émotions différentes."
13:46 "Durant cette période, c'était comme si le temps était suspendu."
13:50 "Après le choc, tout le monde était complètement..."
13:54 "Bouleversé et inquiet."
13:56 "Quand mon mari a appris ce qu'il m'était arrivé, il était..."
14:04 "Furieux et blessé."
14:06 "Il était policier donc."
14:08 "Ça a dû être très frustrant."
14:10 "Normalement, c'est son rôle à lui de résoudre les enquêtes et d'arrêter les criminels."
14:14 "Mais sa propre femme a été agressée."
14:16 "Il est presque impossible que cet événement n'ait pas d'impact au niveau émotionnel."
14:23 "Et au niveau de notre sexualité, ça a été..."
14:27 "Un véritable coup de massue pour nous deux au sujet de notre mariage."
14:31 "Des fois, j'avais simplement besoin d'un câlin."
14:40 "Et à d'autres moments, je voulais être seule."
14:43 "Et des fois, j'avais besoin de crier dans un coussin et..."
14:46 "De casser quelque chose."
14:48 "Mais le fait est que..."
14:51 "Je ne pouvais pas arrêter de travailler indéfiniment."
14:55 "Je devais retourner enseigner."
14:57 "Je devais m'occuper de mes élèves."
14:59 "Et certains d'entre eux avaient..."
15:01 "Ils n'avaient peut-être pas l'histoire entière."
15:03 "Mais ils avaient au moins conscience qu'il m'était arrivé quelque chose et que c'était grave."
15:09 "Les gens qui ont été testés ont été des gens qui ont été testés."
15:13 "Et ils ont été testés."
15:15 "Ils ont testé des centaines de personnes."
15:18 "Mais aucun ADN ne correspondait à l'agresseur."
15:21 "Ça n'avançait pas."
15:23 "Au fur et à mesure que le temps passait..."
15:26 "J'ai dû accepter l'éventualité que mon affaire ferait partie de celles qui ne seront jamais élucidées."
15:31 [Musique]
15:41 "On ne recevait pas beaucoup de nouvelles pistes."
15:44 "On a eu le sentiment que l'on avait fait tout ce qui était en notre pouvoir à cette époque."
15:49 "Cette affaire date de 1997."
15:54 "Les lois n'étaient pas les mêmes à l'époque."
15:56 "Il existe quelque chose qui s'appelle le délai de prescription."
15:59 "Dans les grandes lignes, cela signifie qu'au bout d'un certain temps..."
16:02 "On ne peut plus saisir le tribunal judiciaire."
16:05 "Le décompte commence quand la police est mise au courant des faits."
16:08 "Le jour de l'agression, l'horloge a commencé à tourner pour nous."
16:11 "Dans l'Arkansas, les viols sont considérés comme des crimes de classe Y."
16:16 "Et en 1997, il y avait une loi qui disait que les crimes de classe Y ont un délai de prescription de 6 ans."
16:23 "Cela voulait dire que 6 ans plus tard, si nous n'avions pas résolu l'affaire..."
16:28 "Ou s'il n'y avait pas de mandat d'arrêt pour le suspect..."
16:31 "Eh bien, on ne pourrait pas le poursuivre en justice, même si l'on savait qui c'était."
16:34 "J'étais persuadée que le coupable était dans la nature."
16:39 "Et qu'il continuait ses crimes."
16:41 "Au fil des années, en voyant que la collecte d'ADN était en plein développement..."
16:46 "Qu'il y avait de grandes avancées technologiques dans ce domaine..."
16:49 "Et que les recherches pouvaient être beaucoup plus précises..."
16:52 "J'étais très surprise de voir que l'enquête n'avançait pas."
16:55 "Soit cet homme était très fort, et il passait entre les mailles..."
16:58 "Ou alors, il y avait une anomalie quelque part."
17:02 "Je manquais de chance, et je ne saurais jamais."
17:05 "On se retrouve en 2003."
17:15 "On commence à parler de ce fameux délai de prescription qui s'approche..."
17:18 "Et qui sera effectif en novembre cette année-là."
17:21 "On se demande ce qu'on peut faire, mais..."
17:24 "À la même période, le Wisconsin invente ce qu'on appelle..."
17:27 "Le mandat d'arrêt par ADN pour les suspects non identifiés."
17:31 "Le postulat de ce mandat, c'est que dans les affaires criminelles, comme celle d'Amy..."
17:35 "Il y a une preuve biologique de l'agression sexuelle."
17:38 "Cette preuve correspond à un seul être humain dans le monde."
17:41 "Et il peut être retrouvé grâce à un test ADN."
17:44 "Cet échantillon d'ADN est suffisant pour que la personne soit considérée comme le suspect."
17:48 "Donc, on peut délivrer un mandat d'arrêt contre la personne dont l'ADN correspondrait à celui recherché."
17:53 "Dans ce cas, il faut inscrire la séquence de l'ADN sur le mandat d'arrêt."
17:58 "En faisant ça, on peut contourner le délai de prescription."
18:02 "Même après de nombreuses années, ce premier échantillon d'ADN qu'ils avaient recueilli..."
18:07 "Pourrait toujours être pris en compte s'ils arrêtaient un potentiel suspect."
18:11 "J'ai rédigé le mandat."
18:14 "Le bureau du procureur l'a validé."
18:17 "Donc, on a pu l'envoyer au juge et il l'a signé."
18:21 "Dès qu'il a été signé, on avait un mandat d'arrêt à l'encontre de cette personne."
18:25 "Il fallait juste qu'on trouve qui avait cette séquence ADN."
18:29 "Gateway est au nord-est du comté de Benton."
18:42 "On est à moins d'un kilomètre du Missouri."
18:46 "On pourrait recevoir des balles depuis le Missouri."
18:49 "Mais... on y est bien."
18:51 "Voici le bureau du maire."
19:06 "C'est qui, le maire ?"
19:08 "C'est moi, le maire."
19:09 "À Gateway, il y a 15 ans, il n'y avait pas de criminels."
19:13 "Il n'y avait presque jamais de crimes violents ici."
19:16 "Sauf de la part de gens qui venaient de l'extérieur."
19:19 "Il n'y a qu'un policier pour toute la ville."
19:22 "C'est comme ça depuis sa création."
19:24 "Pour moi, être nommé chef de police, ça signifie que l'on s'engage à aider les autres au maximum à travers notre travail."
19:39 "Un jour, un chef de police d'une petite ville m'a appelé."
19:42 "Il m'a dit, tu savais que Gateway allait avoir son propre bureau de police ?"
19:47 "Je réponds que non, je n'en savais rien."
19:49 "Il m'a dit que c'était Grant Hardin qui avait eu ce poste."
19:53 "Et j'ai reconnu son nom."
19:55 "Je me souviens encore de notre première rencontre."
19:58 "Il avait son chapeau à la main."
20:00 "Il m'a dit qu'il montait un bureau à partir de rien, qu'il n'avait aucun matériel."
20:05 "Il m'a demandé si j'avais des équipements que je serais prêt à donner."
20:10 "Il m'a dit que ça l'aiderait."
20:12 "Derrière l'insigne, on est humain."
20:14 "Et pour tout vous dire..."
20:16 "J'arrive jamais à raconter cette histoire sans..."
20:21 "Sans être submergé par mes émotions."
20:25 "Peut-être que j'ai pris cette affaire trop à cœur."
20:27 "J'aurais peut-être dû prendre plus de recul."
20:31 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:33 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:35 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:37 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:39 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:41 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:43 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:45 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:47 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:49 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:51 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:53 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:55 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:57 "C'est un des plus grands moments de ma vie."
20:59 Il était très fier de son parcours et de ce qu'il avait accompli.
21:03 Ça, c'est nos photos prises à l'église, en famille.
21:08 Elles ont été prises il y a environ 6 ou 7 ans, je dirais.
21:13 J'étais persuadée que Grant était mon âme-sœur.
21:18 On allait à l'église tous les dimanches, sans exception.
21:21 À mes yeux, c'était un vrai gentleman.
21:25 Quand on s'est rencontrés, il occupait déjà un poste de policier.
21:29 Ensuite, il est devenu chef de police.
21:32 Il était aussi constable.
21:35 Il s'occupait toujours des autres et il leur venait en aide.
21:39 De toute ma vie, c'est le seul homme à qui j'ai accordé ma confiance.
21:45 Je me méfiais des hommes en général.
21:48 Il faisait toujours attention à moi.
21:51 Il était très protecteur.
21:53 J'ai accouché de Madison. Ma fille était un véritable miracle.
21:57 J'avais 46 ans quand je l'ai eue.
22:00 Quand mon père était chef de la police de Gateway,
22:09 il se tenait bien droit.
22:11 Il avait un air fier et on aurait vraiment dit qu'il était plus heureux à ce poste.
22:15 Beaucoup de gens le respectaient parce qu'il faisait du très bon boulot.
22:21 Les gens à la mairie ont remarqué que mon père avait un peu un rôle de leader pour les habitants de notre ville.
22:29 Petite, je croyais que quand mon père partait au travail tous les matins,
22:35 il allait combattre les méchants.
22:37 Je trouvais ça génial.
22:39 Même quand j'étais petite, j'avais déjà compris que le travail de mon père pouvait être dangereux.
22:47 Je m'inquiétais pour lui, mais en règle générale, je l'admirais beaucoup.
22:52 Je me disais "Waouh, mon père à moi est policier, c'est super cool. Les autres pères, ils font quoi ?"
22:58 Grant avait une carrière imposante.
23:04 A l'époque, c'était quelqu'un de très musclé.
23:07 Et il n'avait aucun mal à se défendre physiquement.
23:11 Il n'avait jamais de coéquipier quand il travaillait sur le terrain.
23:15 Parce qu'il travaillait souvent la nuit.
23:17 J'ai vécu à l'Ouest de l'Arkansas toute ma vie.
23:31 Je tiens une ferronnerie, mais j'ai aussi une ferme et j'élève du bétail.
23:40 Le jour où cet incident a eu lieu, tout semblait normal, rien n'aurait pu le prédire.
23:45 Je me suis rendu à Bella Vista, je devais y finir une clôture en fer.
23:53 J'ai pris la route pour rentrer chez moi, j'ai traversé Twelve Corners, puis je suis passé par Gann Ridge.
23:59 Et à moins de 800 mètres à l'Ouest du pont, je passe à côté d'une première voiture.
24:05 Et ensuite, je dirais qu'à un peu plus d'une centaine de mètres de la première voiture vers l'Est, j'ai vu l'autre voiture, le pick-up.
24:13 Et alors que j'avais à peine roulé 100 mètres de plus sur cette route,
24:20 après avoir dépassé le pick-up, j'ai entendu ce que j'ai pris pour un coup de feu.
24:32 James Appleton est notre frère.
24:35 On était cinq enfants, plus nos deux parents. On était tous...
24:44 On était les meilleurs amis du monde.
24:46 Et James nous rendait toujours visite.
24:50 Il aimait bien taquiner les autres, ça l'amusait, mais c'était un ami loyal.
25:00 James travaillait au service des eaux de la ville, à Gateway.
25:04 Il a été employé par la mairie pour s'occuper de l'obtien des jardins publics et des routes.
25:09 De mémoire, on a travaillé ensemble pendant trois ou quatre ans.
25:14 Avant son arrivée, je m'occupais de tout, tout seul.
25:17 Un soir, James est venu me voir au travail.
25:20 Il y avait une grosse fuite d'eau et il m'a aidé.
25:22 Alors je lui ai demandé s'il voulait un job.
25:24 Il m'a dit que oui, donc.
25:26 Le service des eaux l'a recruté et il a fait la formation.
25:30 Il travaillait bien.
25:32 Urgence du comté de Benton, j'écoute.
25:35 Quelqu'un a tiré. Il s'est pris une balle.
25:37 Pardon ?
25:38 Il s'est pris une balle.
25:40 À quel endroit ?
25:41 Dans la tête.
25:43 Une balle dans la tête ?
25:44 Oui.
25:45 C'était une journée particulière, je m'en souviens bien.
25:49 On avait bientôt fini le travail et je me rappelle parfaitement de cet appel.
25:53 Je me suis mis sur les lieux, je voyais la lumière qui éclairait le pick-up
25:57 et j'ai vu que quelqu'un était étendu à l'intérieur de la voiture.
26:00 Ses mains encore près du volant.
26:03 Son pied sur le frein.
26:05 C'était indéniable que M. Appleton était décédé sur le coup.
26:09 D'abord, on se demandait si la cause de la mort était une blessure par balle.
26:17 Il a tout de suite été évident que non seulement c'était une blessure par balle,
26:21 mais que la balle provenait d'un fusil de chasse et qu'elle avait été tirée à bout portant.
26:25 Très rapidement, on a découvert, en parlant aux enquêteurs sur l'affaire,
26:30 que plusieurs personnes avaient été témoins de la scène.
26:34 Nous sommes le 23 février 2017. Il est 18h39.
26:38 Votre nom, monsieur ?
26:39 John Bray.
26:40 Est-ce que vous pouvez me raconter le déroulé de votre journée ?
26:43 D'accord. Sur la route, en rentrant du travail ?
26:46 Je roulais derrière une autre voiture.
26:50 D'accord.
26:51 Il y avait une voiture blanche garée derrière ce pick-up, à une quarantaine de mètres.
26:57 Très bien.
26:58 Il a fait signe à la première voiture de passer, et il m'a fait signe de passer.
27:01 D'accord.
27:02 Donc, il m'a dit de passer, et ensuite, quand j'ai dépassé sa voiture,
27:07 j'ai vu James devant, dans son pick-up.
27:09 Il était assis, et il parlait au téléphone avec quelqu'un.
27:12 Il m'a fait un signe de la main quand je suis passé, parce qu'il était occupé.
27:17 Et ensuite, j'ai dépassé son pick-up, et j'ai continué vers l'est.
27:20 James m'a appelé et m'a dit que quelqu'un était stationné derrière lui, et qu'il ne bougeait pas.
27:30 Et ensuite, il m'a dit que la voiture se rapprochait, pour arriver à sa hauteur.
27:43 C'est là que j'ai entendu un bruit, comme si... sa portière avait claqué.
27:47 Il utilisait le Bluetooth de son pick-up, donc, de mon côté, j'ai cru que c'était une portière qui claquait.
27:52 Comme si une portière était fermée violemment. C'était le même bruit.
27:56 Au bout d'une centaine de mètres, voire moins, je dirais,
28:01 une fois que j'avais dépassé James...
28:12 Après avoir dépassé James, au bout d'à peine cent mètres,
28:15 j'ai entendu ce que j'ai cru être un coup de feu.
28:17 Le temps que j'arrive jusqu'au pont,
28:24 la voiture blanche, celle dont le conducteur m'avait fait signe, m'a rattrapé, et a tourné à gauche.
28:30 Quand je suis arrivé en haut de la colline pour tourner,
28:33 je me suis dit que je devrais faire demi-tour, et vérifier que tout allait bien.
28:37 Donc, j'y suis retourné, pour voir James.
28:40 [Musique]
28:45 J'ai fait demi-tour, et c'est là que j'ai cru voir que James s'était pris une balle dans la tête.
28:50 Ensuite, la police est arrivée, ils m'ont emmené dans leur voiture,
28:58 et c'est là que le policier m'a dit que, comme j'avais trouvé James,
29:01 ils aimeraient bien que je sois la personne qui...
29:04 qui porte plainte.
29:07 J'ai accepté. Ils m'ont demandé si je savais qui avait fait ça.
29:10 Donc, j'ai dit au policier que le coupable habitait plus haut.
29:15 Vous avez vu la voiture ?
29:17 Ouais, je sais où habite cet homme.
29:19 Vous avez son adresse ?
29:20 D'accord, donc vous aviez déjà vu sa voiture ?
29:22 Ouais, je vis ici depuis que je suis né, et l'homme dans cette voiture blanche, il a grandi dans le coin.
29:28 D'accord.
29:30 Vous avez vu cet homme à l'intérieur du véhicule ?
29:33 Ouais, qui était-ce ?
29:36 Il s'appelle Grant Tardin.
29:39 Le poste de Grant lui donnait l'impression d'être supérieur.
29:54 Il passait son temps à se pavaner quand il la décrochait.
29:57 Il se croyait invincible.
29:59 Il abusait de l'autorité qu'il avait avec son travail.
30:03 Il portait son arme au travail, mais aussi en civil.
30:06 Lorsqu'il était au volant, quand un autre conducteur l'énervait sur la route, il s'arrêtait à sa hauteur et lui montrait son arme.
30:14 Il passait son temps à poursuivre des voitures, sans raison apparente.
30:19 Il n'arrêtait pas de menacer les habitants de Gateway avec son arme.
30:22 Et puis au fur et à mesure que les semaines passaient et qu'il était le chef de la police, les choses ont très rapidement tourné au vinaigre.
30:31 Grant Tardin était dans la voiture de police sur l'autoroute 37.
30:35 Comme la route était assez accidentée à cet endroit-là, c'était dangereux.
30:39 La police avait vu quelqu'un de ce côté-là, alors ils y sont allés avec la voiture de fonction.
30:43 Mais ils ont cassé la radiateur et d'autres éléments.
30:46 Le dessous de la voiture a tapé et des pièces se sont détachées.
30:49 Grant nous a expliqué ce qu'il s'était passé. Il nous a dit que James devait la réparer.
30:53 Mais mon frère James a dit "Je ne suis pas un homme de la police".
30:58 Mon frère James a dit "Je refuse de réparer quelque chose que vous avez cassé à cause de votre bêtise".
31:04 Et en réponse Grant Tardin a eu une bouffée d'orgueil.
31:07 Il a gonflé la poitrine en disant "Tu ne me dis pas ce que je dois faire".
31:10 Il roulait des mécaniques.
31:12 Sur le parking, il a commencé à se rebiffer contre James.
31:15 "Me mets pas en colère, c'est moi l'autorité".
31:18 Tout ça, ce n'était qu'une histoire de pouvoir.
31:21 C'est à ce moment-là que tout a commencé.
31:23 De ce que j'ai compris, ils avaient déjà eu des différents.
31:27 Ils s'étaient pris le bec.
31:28 Et quand on a interrogé les habitants, tout le monde savait qu'ils ne s'aimaient pas.
31:32 Ils s'étaient déjà disputés violemment, et ce, plus d'une fois.
31:36 Et qui sait quel niveau de violence on est prêt à atteindre quand on est en colère.
31:41 Ils avaient déjà un passif.
31:44 Ma femme faisait partie du conseil municipal, donc je lui ai dit qu'il devait intervenir.
31:49 Pour moi, ça allait finir par déraper.
31:51 Le conseil municipal lui a laissé le choix.
31:54 Soit il démissionnait de lui-même, soit il allait être viré.
31:57 Il avait beaucoup de rancœur.
32:01 C'est le long de cette route de campagne qu'en 2017,
32:15 le petit village où habite Sharon a connu l'inimaginable.
32:19 Je l'ai entendu. À ce moment-là ?
32:22 Un coup de feu retentissant suivi par la découverte d'un homme mort dans sa voiture de fonction à Gateway.
32:28 C'était un frère incroyable.
32:30 La victime est James Appleton.
32:32 C'était le genre de frère qui aurait fait n'importe quoi pour nous aider.
32:35 Peu de temps après le coup de feu mortel, les autorités ont demandé de l'aide pour localiser le suspect.
32:41 Nous étions tous à la maison. Je ne travaillais pas.
32:51 Lui, à l'époque, n'avait pas de travail.
32:54 Il était dans le jardin devant la maison et il s'occupait du terrain.
32:58 Il est venu nous voir et il nous a dit de nous préparer parce qu'il voulait nous emmener dîner au restaurant.
33:04 Mais il nous a dit de prendre notre temps.
33:07 Donc, on était dans la maison et on se préparait.
33:11 Et lui, il était en train de jardiner dehors.
33:14 Et puis tout à coup, j'ai vu sa voiture partir sur la route.
33:18 Pour moi, la seule explication logique pour que Hardin ait vu James passer devant sa maison, c'est qu'il était dehors, dans son jardin.
33:24 Mais je ne pense pas que Hardin aurait eu le temps de rentrer dans sa maison pour prendre son arme.
33:30 Donc, je pense qu'elle était déjà dans sa voiture et que quand il a vu James, il l'a suivi.
33:35 On sait que M. Hardin était en train de jardiner devant sa maison.
33:39 Donc, cette théorie est probable.
33:41 On a compris que M. Hardin s'était mis à la même hauteur
33:44 et qu'il avait tiré sur M. Appleton à bout portant à moins de 3 mètres de distance.
33:50 Et qu'ensuite, il avait pris la fuite.
33:53 Il est revenu à la maison moins de 10 minutes plus tard.
34:00 Je n'avais aucune idée de ce qui se passait.
34:03 Quand il est revenu, il semblait très pressé.
34:06 Il nous a dit qu'on devait partir maintenant.
34:08 Grant est rentré chez lui. Il a dit à sa famille de monter dans une autre voiture et ils sont partis au restaurant.
34:13 Je me souviens qu'il n'arrêtait pas de nous répéter "Je vous aime, je vous aime" à ma mère et à moi.
34:18 Il a dit différentes choses à sa femme et à sa fille qui, avec le recul,
34:22 montrent qu'ils se doutaient de la suite des événements.
34:24 Il leur a dit "Si on ne se revoit pas, n'oubliez jamais que je vous aime", des choses comme ça.
34:28 A postériori, on se rend compte qu'il avait déjà compris qu'il n'allait pas pouvoir s'en tirer cette fois-ci.
34:34 Au même moment, les agents du bureau du shérif avaient déjà parlé à M. Bray
34:40 et ils savaient qu'ils étaient à la recherche de Grant Hardin.
34:43 Plus tard dans l'après-midi, alors qu'ils étaient encore en train de travailler sur la scène de crime,
34:47 M. Hardin est arrivé sur les lieux.
34:50 Il faisait nuit, ils avaient fait un barrage de police et ils contrôlaient tous les véhicules.
34:55 Quand la police a arrêté notre voiture et que Grant leur a décliné son identité,
35:00 ils lui ont demandé de sortir du véhicule.
35:02 Au moment où M. Hardin est revenu sur les lieux du crime, on lui a demandé de sortir de sa voiture.
35:08 On l'a menotté et on l'a emmené au bureau du shérif.
35:11 Je vais vous poser quelques questions.
35:18 Je suis James Chamberlain.
35:20 Vous avez déjà été policier quelque part ?
35:23 Je vous ai reconnu, mais je n'étais pas sûr de savoir d'où je vous connaissais.
35:27 Mais quelqu'un m'a dit que vous étiez policier à Gateway.
35:29 J'étais le constable, oui.
35:31 Pour le comté de Benton, c'est ça ?
35:33 Oui.
35:35 Aujourd'hui, je voudrais vous parler de ce que vous avez fait, d'accord ?
35:39 Est-ce que vous pouvez me raconter votre journée,
35:42 du moment où vous vous êtes levé jusqu'au moment où la police vous a arrêté à Gainridge ?
35:46 Je ne dirai rien tant que vous ne m'aurez pas dit mes droits.
35:49 D'accord. Pouvez-vous me raconter votre journée ?
35:52 Je préfère garder le silence.
35:54 D'accord.
35:55 À ce sujet.
35:56 Mais pour le moment, je ne peux pas vous relâcher, parce que...
36:01 parce que vous êtes toujours un suspect potentiel.
36:03 Il faut simplement que vous me lisiez mes droits et vous verrez que...
36:07 j'ai le droit de garder le silence.
36:09 C'est vrai.
36:10 Au poste de police, M. Hardin a fait le choix de garder le silence.
36:14 Il ne voulait pas témoigner.
36:16 Et il est en droit de faire ça.
36:18 Mais on avait déjà assez de preuves à son encontre.
36:20 Vous êtes arrêté pour un homicide volontaire.
36:24 Je pensais déjà qu'on avait un dossier solide contre lui à l'époque.
36:29 L'une des raisons pour lesquelles on était arrivé jusqu'à M. Hardin,
36:33 c'était la présence d'un témoin oculaire.
36:35 C'est pour cette raison que l'enquête a continué.
36:37 On voulait récolter le plus de preuves possible.
36:40 On voulait collecter du sang et des preuves ADN dans la voiture de M. Hardin.
36:44 En règle générale, on récolte l'ADN et on le rentre dans un système qui s'appelle CODIS.
36:50 L'échantillon est alors comparé à tous les autres échantillons ADN récoltés sur des scènes de crime à travers le pays.
36:56 [Musique]
37:05 J'étais dans ma voiture en route pour aller à Nashville.
37:08 J'étais au volant.
37:09 J'avais une réunion là-bas et c'est un officier de la police judiciaire de notre équipe d'enquêteurs qui...
37:16 qui m'a appelé sur mon téléphone et il m'a dit "On l'a."
37:21 Je lui ai répondu "C'est ce que je crois Dave."
37:25 "Pu****, on l'a chopé."
37:27 Il m'a dit "Devine le pu**** qui a fait ça."
37:30 Il a poursuivi en disant "C'est Grant Hardin."
37:33 Je lui ai dit "Attends, Grant Hardin, Grant Hardin, ce nom dit quelque chose."
37:40 Il m'a dit "C'était le chef de police de Gateway."
37:43 Tout ce que j'ai pu dire c'était "Tu te fous de m****."
37:46 Il faut se souvenir qu'à l'époque, il n'y avait absolument rien qui pouvait relier Grant Hardin à Amy Harrison, à son école ou à quoi que ce soit dans sa vie.
37:54 Il n'aurait jamais pu être suspecté dans cette affaire.
37:57 Mais quand on a découvert que son ADN correspondait, c'était un immense choc pour tout le monde.
38:02 Personne ne s'y attendait.
38:04 Un jour, j'ai reçu un appel de la part de l'un des enquêteurs du bureau de police de Rogers.
38:09 Il m'a dit qu'ils avaient un suspect.
38:11 Et... j'ai sauté de joie au milieu de mon salon, sur mon canapé.
38:16 C'était vraiment... incroyable, j'arrivais pas à y croire.
38:20 Quand j'ai dû comparer les photos de 1997, alors qu'on était en 2018, ça faisait 21 ans que j'avais été agressée.
38:29 Alors pour m'aider, j'ai mis mon pouce sur chacune des têtes, pour ne voir que le bas du visage, sur le nez.
38:37 Et parmi toutes les photos, il devait y en avoir une douzaine, j'ai retrouvé sa photo à lui.
38:43 Elle avait vu la moitié de sa tête il y a 21 ans et elle a retrouvé ce c**.
38:50 Elle a vraiment fait attention aux détails.
38:53 À l'époque, j'avais eu l'impression que mon agresseur faisait partie de la police, simplement par sa démarche et son attitude.
39:02 Et cet homme était en réalité chef de police dans une petite ville, donc j'avais raison.
39:08 Mais, je ne connaissais pas du tout Grenthardine.
39:13 À vrai dire, la première fois que je l'ai vu, c'était lors du jugement.
39:18 C'était la première fois que je me retrouvais en face de lui physiquement, depuis qu'il m'avait agressée.
39:25 Au moment des faits, plus de 20 ans auparavant, nous étions déjà mariés.
39:33 Il était policier, donc il savait comment procéder pour ne pas laisser de traces.
39:39 Il est allé dans l'école en chaussettes, pour que la police ne puisse pas relever d'empreintes de chaussures.
39:45 Il n'aurait jamais été condamné pour avoir violé cette femme, s'il n'avait pas tué cet homme.
39:51 J'ai fait des réunions avec ce fils de p***.
39:55 J'étais à la même table en face de lui.
39:59 Je ne me souviens pas lui avoir serré la main, heureusement.
40:02 J'y repense parfois et...
40:04 Il était sous nos yeux et on n'en savait absolument rien.
40:09 Je suis sûr qu'il savait qui j'étais et que j'enquêtais sur le viol qu'il avait commis 21 ans plus tôt.
40:15 C'est certain.
40:16 Si ce n'est ni un sociopathe ni un psychopathe, il va falloir redéfinir ces termes.
40:21 Parce que je ne vois pas comment c'est possible de savoir pertinemment que l'on a violé une femme
40:28 et que la police a retrouvé votre ADN sur les lieux, et de quand même participer à ces réunions et de faire ce qu'il a fait.
40:34 Pour moi, son attitude témoigne simplement de son caractère incroyablement narcissique.
40:40 Il avait le culot de parader et de faire le fier.
40:44 Il se montrait comme étant quelqu'un qui protège les autres, alors qu'en réalité, c'était un vrai danger public.
40:51 Hardin appelait des coupables pour le viol.
40:55 Cet homme, qui a travaillé comme officier de police, chef de police, constable du comté de Benton et gardien de prison,
41:02 est maintenant de l'autre côté des barreaux.
41:05 Je me souviens du moment où il a quitté le tribunal.
41:13 Il avait la tête baissée quand ils l'ont emmené.
41:16 Je me suis effondrée.
41:18 Je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer.
41:20 Je vous ai retrouvé une photo du chef de police, Ace Minor.
41:30 C'était à la conférence de presse après le jugement.
41:33 Cette affaire m'a fait comprendre de manière très personnelle
41:39 l'impact que ce genre de crime peut avoir sur une personne et sur une famille.
41:44 Il était très heureux.
41:49 Il y a une photo de moi qui embrasse le procureur.
41:54 Amy Harrison, enseignante en 1997, a parlé à la foule de journalistes
41:59 après l'audience durant laquelle Hardin appelait des coupables.
42:02 Je ne sais pas si...
42:04 Je ne suis pas sûre de pouvoir dire que je le pardonne, mais je pense être...
42:08 satisfaite.
42:11 J'ai beaucoup de peine pour Amy.
42:18 Sincèrement.
42:23 Je me sens coupable.
42:25 J'avais envie de lui parler, mais je n'en ai pas été capable.
42:29 Je n'ai pas pu le faire.
42:32 J'étais soulagée de savoir qu'ils avaient trouvé la personne qui l'avait agressée.
42:39 Mais, d'un autre côté, j'étais triste qu'il ait fallu que mon frère meure
42:45 pour enfin trouver l'homme qui avait commis ce crime.
42:48 C'est grâce à mon frère qu'ils ont eu son ADN.
42:53 J'ai le sentiment que mon père a pris quelque chose aux trois familles,
42:58 même si son plus grand crime reste envers la famille Appleton.
43:02 C'est insupportable qu'un homme ait assez de pouvoir pour agir de la sorte.
43:11 Pour moi, Grant Hardin a pris toutes les précautions possibles
43:17 pour commettre le crime parfait.
43:19 Mais il n'avait pas pris en compte Amy Harrison.
43:22 J'ai pu me tenir en face de lui, lire mon témoignage et dire ce que j'avais à dire.
43:29 Je ne suis pas une victime, je ne méritais pas ça.
43:32 Tu es responsable et tu mérites d'aller en prison.
43:36 [Générique]
43:47 [SILENCE]

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